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Seul, il l'avait toujours été. Et sans doute le resterait-il toujours.
C'était son destin, c'était ainsi, et il ne pouvait rien y faire.
Peut-être que s'il n'avait pas porté ce nom, et ce passé, tout serait différent. Mais le fait était là. Il était ce qu'il était, et il ne pouvait réécrire l'histoire.
A présent, il le savait. Quoi qu'il fasse, il resterait seul. C'était inéluctable.
Sëlan (Masculin), le 07/10/2012 Il doit s'être écoulé une éternité depuis la dernière fois où l'on s'est vu. J'ai bien peur que ça ne s'améliore pas. Plus je vieillis, plus j'ai la nette impression de manquer de temps. Je suis très souvent au bord de la fatigue, et le temps que je consacre à mes loisirs se réduit de plus en plus. Mais cela prendra le temps qu'il faudra, et nous verrons ensemble le bout de cette histoire interminable. Ça, je peux vous l'assurer. Sur ce, bonne lecture.
Chapitre 10: Proposition à demi indécente
« …S’est stabilisé. Il devrait se réveiller dans quelques heures tout au plus.
- Personne n’est au courant de sa présence ici ?
- Seulement quelques-uns des plus hauts gradés de l’Anbu. Tu comprends bien qu’une telle situation exigeait que je m’en occupe moi-même. »
Naruto ouvrit difficilement les yeux. Ses paupières étaient terriblement pesantes, semblables aux lourdes portes qui protègent les forteresses, et qu’on ne peut ouvrir par la force seule de nos muscles. Les premières images qui lui vinrent n’étaient que des visions totalement floutées, où se baignaient les mélanges de coloris les plus disgracieux qui soient. Il distingua tout de même que le blanc, là où il se trouvait, prédominait largement sur les autres couleurs.
« Et pour la fille ? Où est-elle ?
- Dans les quartiers plus communs, avec les trois autres. A ce propos, je souhaiterais t’examiner avec plus de détail. Il s’agissait tout de même de Kyûbi, ce n’était pas n’importe quel adversaire !
- Très bien, Hokage-sama. Mais vous n’êtes pas sans ignorer mes facultés de récupération.
- Justement, mieux vaut tout faire pour les préserver. »
Après quelques battements de cils, les images qui filtraient jusqu’à sa boite crânienne s’étaient peu à peu affinées, lui faisant parvenir les détails qui l’entouraient avec de plus en plus de précision, jusqu’à devenir à peu près acceptables.
« Comment vont les autres ?
- Oh, aussi bien qu’on peut l’être après ce qu’ils ont subi.
- Et la fille ? Elle semblait étrange là-bas, elle a subi des dégâts importants.
- Je me suis assurée de la tirer d’affaire. Sinon, je ne me serais pas donnée la peine de sauver celui-là. »
Les bribes de conversation qui parvenaient jusqu’à ses oreilles échappaient pour l’instant totalement à ses perceptions cérébrales. A vrai dire, son cerveau était toujours bien trop embrumé pour saisir quoi que ce soit. Les informations, pourtant, se répercutaient dans son crâne, comme des vérités flottantes qu’il ne parvenait à saisir, malgré tous ses efforts. Ce fut approximativement à ce moment, alors qu’il tentait ardemment de se concentrer, qu’il se rendit compte qu’il reposait dans un lit. Toutes les douleurs qui tiraillaient son corps le frappèrent soudainement, avec une incroyable intensité : ses nerfs s’étaient finalement réveillés. Les connexions neuronales, à leur tour, reprirent leur service, et la conversation qu’il était contraint d’écouter le frappa avec presque autant de force que ses douleurs nouvelles. Réunissant ses dernières forces, Naruto tenta de s’exprimer.
« Je…Je veux… »
Aussitôt, les deux au dehors accoururent, et firent irruption au sein de l’espace qui lui était réservé, l’observant alors avec un intérêt non dissimulé, qui souffrait d’une terrible impolitesse.
« Naruto, s’exprima la femme qu’il avait déjà identifiée comme Tsunade, comment te sens-tu ?
- Plutôt bien, mais…
- Tu m’as fait une sacrée frayeur, là-bas…
- Je…je sais, mais maintenant…
- Ne te relève pas, Naruto, tu ne dois pas malmener ton corps, répliqua la blonde, en le maintenant dans son lit, alors qu’il avait esquissé un mouvement pour se redresser.
- D’accord, très bien, est-ce que…
- Je vais t’examiner, le coupa la blonde. Tu es revenu avec de profondes blessures.
- Hinata, je veux voir Hinata, lança-t-il d’une voix ferme, avant qu’on ait pu l’interrompre à nouveau. »
A ces mots, les deux se turent, et l’observèrent fixement. Il y avait dans leur regard une étrange compassion, qui se rapprochait bien trop de la pitié pour qu’elle puisse convenir au jeune homme. Et pour l’excéder davantage, la vieille femme soupira.
« Naruto… murmura-t-elle, avec une compassion apparente qui ne pouvait que l’exaspérer. Pour l’instant, ce n’est pas vraiment concevable.
- Je me fiche de savoir ce qui est concevable ou non.
- Oui bien sûr, mais vois-tu, je me fiche un peu de tes caprices d’adolescent. Le mieux que je puisse faire, c’est de la diriger ici lorsqu’elle sera rétablie. Pour le moment, contente-toi de prendre du repos. »
Les deux s’observèrent, entamant une nouvelle joute silencieuse, où seuls leurs regards s’affrontaient, sous l’œil observateur du membre des forces spéciales. Puis, avec un léger soupir, Tsunade se détourna, et, tandis qu’elle s’avançait vers la sortie, elle lança, le regard toujours fixé droit devant elle :
« Ne perds pas ta maturité, Naruto, c’est une des seules choses positives que tu aies récemment acquises. »
Naruto la regarda partir, suivie de près par l’étrange soldat à la crinière flamboyante, avant que la porte ne se referme sur eux, dans un claquement sinistre. Naruto garda encore les yeux fixés sur la porte quelques instants, le regard vide. Il y avait, pour le commun de l’humanité, des situations insupportables, exécrables et terriblement oppressantes pour l’esprit humain. C’était ces moments, ces courts débats intérieurs durant lesquels la fierté et la conscience s’affrontent perpétuellement. Il était absolument inconsidérable, intolérable pour lui d’accepter que cette vieille femme avait raison, et toutefois, il ne pouvait s’empêcher de penser que cela n’en était pas moins vrai. Et même si c’était le cas, n’avait-il pas le droit, n’était-il pas tout à fait naturel pour lui d’être égoïste ? Les adultes de ce village avaient bien trop tendance à prendre les jeunes shinobis pour des soldats plutôt que pour ce qu’ils étaient vraiment : des enfants, des adolescents qui, même si confrontés rapidement à des situations qui les poussaient à « grandir » et à gagner en maturité, n’en conservaient pas moins une part d’inconscience et de légèreté qui leur étaient propres. Mais cela ne l’empêchait pas d’avoir raison, et il ne pouvait s’empêcher d’enrager, tempêtant contre sa conscience et son bon sens commun, ligués contre lui.
***
La lumière tremblotante de la lampe, qui reposait dans un équilibre précaire sur le bureau à l’apparence ancienne de la vieille femme, diffusait sur les deux visages une lueur incertaine qui menaçait de tomber à tout moment. L’air se faisait pesant, et tous deux conservaient ce même sérieux qui, dans ces circonstances précises, pouvait être effroyablement révélateur.
« Il m’est assez incommodant d’exiger cela de toi, alors que tu ressors d’un combat plus qu’éprouvant, mais… la situation exige certaines mesures…
- Il est inutile de vous soucier de telles futilités, Hokage-sama. Je m’acquitterai de ma tâche, quel que soit mon état.
- Je pense t’attribuer un équipier, pour cette fois. Il serait inutile de risquer un élément tel que toi.
- Si c’est ce que vous souhaitez. Mais vous êtes bien consciente que j’ai toujours mieux agi seul.
- Nous tâcherons de t’attribuer quelqu’un qui pourra efficacement couvrir tes arrières, sans pour autant t’être une gêne.
- Vous pensez à… lui ? »
Tsunade observa son subordonné quelques secondes, avant de finalement saisir la portée de ses propos. Elle ne put, dans sa réponse, empêcher un petit rire, qui n’enlevait cependant rien à la courtoisie de cette entrevue.
« Naruto ? Non…non, avait-elle repris, une fois sa contenance de nouveau acquise. Naruto est pour le moment bien trop inexpérimenté pour ne pas constituer une gêne.
- Mais vous pensez nous attribuer des missions, n’est-ce pas ?
- En effet, j’y compte bien. Je pense que toi seul pourra perpétuer la formation de Naruto en tant qu’anbu, pour qu’il puisse finalement t’accompagner et ne pas constituer une gêne pour ta personne. »
Les deux marquèrent un léger temps de pause, durant lequel ils s’observèrent avec un intérêt tout à fait poli. La vieille femme décela toutefois une légère lueur dans le regard du grand lion rouge.
« Mais rassure-toi, je connais ton caractère de vieux loup solitaire, tu ne souffriras d’un tandem que quelques fois. Comme tu le sais déjà, la situation de Naruto va très vite devenir assez particulière, et je ne pense pas qu’il serait très enchanté de constituer un duo officiel avec toi-même.
- Oui… C’est vrai qu’il va bientôt se voir attribuer une coéquipière, souffla-t-il. Quand les recevez-vous.
- Oh, je ne doute pas qu’ils arrivent bientôt. Enfin, j’espère qu’ils ne se sont pas croisés en route, je n’ai pas toute la journée. »
Son regard se tourna vers la fenêtre qui, heureusement pour les deux au sein du bureau, demeurait close. Dehors, un léger vent soufflait, et ils ne doutaient pas qu’il fût glacial. La vieille femme redirigea son regard vers l’homme à la chevelure flamboyante.
« Il serait plus juste de dire que je n’ai pas toute la nuit.
- Hokage-sama, si je puis me permettre, je ne suis pas certain que ce soit…
- Je connais ton opinion au sujet du peu d’orthodoxie que j’ai accordée à mes décisions les concernant tous les deux ; vois-tu, il m’arrive même de la partager. Cependant, et malgré tous mes doutes, je pense que cela vaut la peine. Tu excuseras une vieille femme telle que moi de céder à sa sénilité, et de fonder des espoirs lorsque toutes les évidences vont contre elle. »
Le lion rouge s’apprêtait à répondre, lorsqu’il fut interrompu dans son élan par un battement qui retentit subitement non loin d’eux. Tous deux dirigèrent alors leur regard vers la porte.
« Eh bien, je pense pouvoir espérer ne pas me coucher trop tard aujourd’hui sans paraître trop crédule. Tu peux disposer. Pourrais-tu… »
Après un bref acquiescement, le lion se dirigea lentement vers la fenêtre encore fermée du bureau, et l’ouvrit d’un coup sec. Aussitôt, le froid, insatiable, s’engouffra prestement au sein du bureau, faisant frissonner les deux personnes encore présentes, déjà prises dans ses crocs affamés. Le supérieur et le subordonné échangèrent un dernier regard. Tsunade observa ses deux pupilles qui étincelaient d’une étrange lueur. Elle ne put s’empêcher d’exprimer un de ses habituels soupirs.
« Très bien, tu peux exécuter cette mission seul, mais tu as intérêt à me revenir en un seul morceau, que je ne regrette pas toutes mes décisions impulsives.
- Très bien, Hokage-sama, je partirai durant la nuit, après avoir pris le repos que vous m’avez conseillé. »
Le soldat s’engouffra aussitôt par la fenêtre juste assez ouverte pour permettre son passage, laissant la vieille femme à nouveau seule. Elle n’eut néanmoins le loisir de prolonger cette solitude. Il se trouvait quelqu’un, à l’entrée, qui attendait patiemment qu’elle lui permette d’entrer dans son bureau. La courtoisie, cette fichue courtoisie, l’obligeait à l’inviter à y entrer dès que ce fut possible. Luttant encore contre le sommeil qui menaçait de la faire chuter à tout instant, elle prononça, presque à contrecœur :
« Entrez. »
Une fois encore, la réaction fut immédiate. Il lui sembla étrange, pendant une fraction de seconde, que chaque fois la même situation se répétait. Elle songea que chaque personne qui pouvait se trouver à attendre ne serait-ce que quelques secondes derrière cette porte s’accrochait désespérément à sa poignée, et réagissait aussitôt, comme si entrer dans le bureau fut pour elle une nouvelle inspiration salvatrice. Très rapidement, elle vit face à elle le jeune homme, qui l’observait de son regard taciturne.
« Vous étiez occupée ? Demanda-t-il, courtois.
- Assez, oui, répondit-elle en refermant la fenêtre, afin d’évacuer le froid terrifiant. Mais c’est une affaire réglée, alors tu n’as pas à t’en soucier.
- Si vous le dites. »
Tsunade se tourna à nouveau vers Naruto. Quelques bandages ornaient encore son corps çà et là qui, pourtant cachés derrière ses vêtements, ne lui étaient pas invisibles ; malgré tout, le jeune homme s’en était admirablement tiré. Sa convalescence avait été incroyablement rapide. Enfin, pour lui, c’était plutôt commun…
« Comment te sens-tu ? Tu vas bien ?
- Oui, plutôt. Vous n’êtes pas sans savoir que je possède certaines facultés de récupération.
- Bien sûr. Bizarrement, on dirait que c’est mutuel à tous mes anbus. Ils me rabâchent cela à tout bout de champ. On en viendrait presque à croire que vous êtes plus effrayés par les aiguilles que les grades inférieurs.
- Je reconnais que je n’ai jamais été très friand des piqures, répliqua-t-il avec un sourire.
- Trêve de plaisanterie. J’aimerais m’entretenir de certains sujets avant qu’elle n’arrive, Naruto. »
Son air était soudain devenu gravement sérieux. Naruto l’observa quelques instants, attendant poliment qu’elle poursuive. Quelques rides filtraient à travers son masque habituellement impénétrable, et le blond de sa chevelure avait une apparence étrange, légèrement sombre. De toute évidence, la vieille femme était exténuée. Elle avait, au cours des derniers jours, dû dépenser de grandes quantités de chakra. Le jeune homme en éprouva aussitôt une certaine gêne. Il n’était pas sans savoir que c’était presque entièrement de sa faute.
« Je vous écoute, reprit-il, avec tout son sérieux.
- Je ne pense pas me tromper si j’affirme que dernièrement, je t’ai accordé beaucoup de libertés. Toutefois, jusqu’à présent, celles-ci ne concernaient et n’avaient de répercussions que sur ta seule et unique personne. A présent, je m’apprête à faire de toi un formateur. C’est une grande première, et j’espère sincèrement que ce sera une réussite. Tu dois bien comprendre, Naruto, qu’à partir de maintenant, tu vas avoir une vie entre tes mains.
- Malgré toutes les apparences, Tsunade, je sais ce que je fais. Je vous ai promis que je finirai par revenir au village, je crois qu’il est temps à présent de vous éclairer un peu plus à ce sujet.
- Oh vraiment ? Combien de membres de l’Akatsuki comptes-tu tenter d’abattre avant de revenir ?
- Aucun, j’ai appris dernièrement que ma couverture est complètement tombée, je pense ne pas me tromper quand j’affirme qu’ils nous observent. Je souhaiterais simplement accomplir une dernière chose avant de revenir, Tsunade. »
Le regard de la vieille femme se révulsa légèrement, l’espace de quelques secondes. Malgré tout ce qu’elle laissait présager, son sang-froid demanda intact. Naruto se demanda quelques instants ce sur quoi elle attacherait le plus d’importance. La réponse à ses questionnements arriva sans trop tarder.
« Qui est… ?
- Que pouvez-vous me dire sur… »
A nouveau, on toqua à la porte, et une conversation fut encore une fois stoppée en pleine marche. Les deux se turent et, comme Tsunde l’avait fait avec son précédent interlocuteur, se tournèrent vers la porte. Naruto parut subitement inquiet.
« Aurais-tu peur de ce qui se cache derrière cette porte ? lui demanda-t-elle, narquoise.
- Oui. »
Les paroles du blond avaient été prononcées dans un murmure, tandis que son regard se relevait lentement sur les prunelles de la vieille femme. Cela devait bien faire une éternité qu’il ne lui avait plus paru aussi jeune, mais lorsqu’elle le fixa, Tsunade se remémora aussitôt le garçon qu’il était encore. Il était incroyablement jeune, restait imberbe, et devait à présent agir aussi bien qu’elle dans toute sa vieillesse. Tsunade se demanda si tous les jinchurikis grandissaient si vite.
« La suite se passera bien, tout ira comme tu l’as prévu, j’en suis certaine. Entrez, prononça-t-elle, avec suffisamment d’intonation pour être entendue de l’autre côté. »
Fait étrange, la porte, cette fois-ci, mit un peu de temps à réagir, et, contrairement à d’habitude, pivota sur ses gonds avec une étrange et tranquille lenteur. Tsunade l’observa, avec autant d’intérêt que si elle était en train d’observer un phénomène incroyablement rare, et dirigea aussitôt son regard sur la personne qui prenait ses aises dans la pièce.
« Bonsoir, Hinata.
- Hokage-sama, je… j’espère ne pas trop vous déranger. »
La vieille femme éclata aussitôt de rire.
« C’est moi qui te fait venir si tard, et tu te sens mal vis-à-vis du dérangement que tu pourrais me causer ! S’exclama-t-elle, après s’être reprise.
- Eh bien, vous semblez fatiguée, Hokage-sama.
- Je te remercie de t’en soucier, mais ne t’inquiètes pas pour moi, je survivrai, répliqua-t-elle, avec une expression rieuse.
- Pourquoi… Pourquoi m’avez-vous fait venir, Hokage-sama ?
- Moi, mais à priori, je n’ai rien fait du tout.
- C’est moi, lança une voix à quelques pas. »
Pour la toute première fois, Hinata se rendit compte de la présence de son comparse, immobile face au bureau. Leurs regards se croisèrent, l’espace de quelques instants. Hinata observait Naruto avec toute la courtoisie dont elle pouvait faire preuve, mais elle ne pouvait s’empêcher de le détailler autant qu’elle pouvait. Les cicatrices, sur ses joues, semblaient être revenues à leur état normal. Mais il semblait étrangement différent. C’était comme si… comme si quelque chose avait subitement changé chez lui, ou en lui.
« Oui, ce cher Naruto que voilà m’a gentiment proposé de faire de toi une anbu, lança joyeusement Tsunade. »
Hinata quitta aussitôt le blond du regard et se tourna subitement vers l’Hokage. Celle-ci, en la voyant de face, ne put que constater l’incroyable incrédulité qui avait si soudainement pris place sur son visage.
« Une… Quoi ?
- C’est à peu près la même réaction que j’ai eue quand on m’en a fait part, remarqua Tsunade, légère. Oh, loin de moi de douter de tes capacités, bien sûr, je ne voudrais pas t’offusquer.
- Je… Non, ce n’est pas…
- Malgré tout, j’en suis moi-même venue à la conclusion qu’il était peut-être temps de t’accorder plus de crédit. Ce ne sera toutefois sans doute pas partagé, et bon nombre de vieillards arrogants vont se ruer jusqu’à moi pour me faire part de leur désaccord. »
Il régnait à présent dans la pièce un silence de plomb. Le regard de la vieille pétillait d’une légère malice étrangement inquiétante. Elle observait les deux avec un intérêt presque discourtois. Hinata l’observait avec un regard confus, perdu quelque part entre la gêne, la joie et l’incompréhension la plus totale. Naruto, quant à lui, demeurait parfaitement immobile, une telle qu’il devenait à ses yeux tout à fait plausible que la jeune femme ait mis un tel temps à se rendre compte de sa présence, sans doute dissimulée par l’ombre dans laquelle elle le discernait. Un léger sourire parcourait ses lèvres, à peine une esquisse. Il semblait s’amuser. Après lui avoir elle-même dirigé un très léger sourire, elle poursuivit.
« Après avoir convenu de ce choix, il me fallait également trouver quelqu’un pour faire de toi une anbu compétente.
- Est-ce que…
- Oui, répliqua la vieille femme, comprenant immédiatement les propos de la question, sans qu’Hinata n’ait besoin de poursuivre. Cela ne correspondait pas exactement à mes souhaits te concernant, mais j’imagine aisément que ce sont les tiens. Naruto s’est bien gentiment proposé. »
Tsunade contempla à nouveau les deux soldats. Naruto, depuis qu’il était rentré par cette fenêtre, quelques mois auparavant, avait toujours semblé parfaitement savoir ce qu’il faisait. Tout semblait issu d’un plan venu d’outre-tombe, d’un calcul complexe et minutieux établi par un génie éteint dont le manque se faisait à présent terriblement ressentir. Jiraya pensait-il vraiment qu’il le pourrait ? Croyait-t-il sincèrement Naruto capable d’éliminer un à un chaque membre de l’organisation au nuage rouge ? Elle ne pouvait cesser de songer qu’il était encore un enfant, qu’il demeurait, malgré tous les exploits qu’il avait pu accomplir, un gamin insouciant et frivole. Devait-elle lui faire confiance ? Devait-elle se faire confiance à elle-même ? Il ne faut jamais aux vieux sages oublier ce que fut la jeunesse, mais lorsque l’on a atteint le nombre d’années qu’elle avait. Jiraya ne pouvait avoir songé à tout, il y avait des erreurs que Naruto avait encore à faire. Il fallait qu’elle reprenne là où le vieux crapaud s’était arrêté, mais encore lui restait-il justement à savoir où se trouvait son flambeau.
« Bon, voilà qui est fait, reprit la vieille femme. Nous pouvons dès à présent régler les détails. »
Le sérieux dont la vieille femme venait de faire preuve semblait particulièrement étrange, après le ton qui avait été le sien durant tout le début de cet étrange entretien. Le calme, la tension, l’appréhension, le silence palpable, tout ce qui faisait ces moments intenses était soudainement revenu, comme si ce qui venait de se produire n’avait jamais eu lieu.
« Tout d’abord, ceci n’est qu’une simple proposition. Tu es tout à fait en droit de refuser, poursuivit-elle en se tournant vers la jeune femme.
- J’accepte ! »
Sa réaction avait été bien trop rapide pour être quoi que ce soit qui ne fut pas directement tiré de son inconscient, d’un rapide instinct qui devançait les mécaniques de la pensée humaine. L’évidence voulait donc qu’elle ait depuis longtemps fait son choix. Mais après tout, il était très rare de voir un soldat refuser une promotion, de surcroît une promotion de cette envergure. Tsunade prit donc l’initiative de poursuivre.
« Comme je l’ai dit, ce sera Naruto qui s’occupera de faire de toi une anbu digne de ce nom. Toutefois, il se trouve que sa situation est… légèrement particulière.
- Excusez-moi mais… Je pensais qu’il était, que tu étais… un déserteur. »
Le jeune homme et la vieille femme échangèrent un regard, qui n’échappa pas à la brune. Celle-ci gardait encore présentes sur son visage les quelques traces de désarroi qui révélait une incompréhension quasi-totale de la situation. Elle avait vécu, en l’espace de quelques jours, plus de choses que son pauvre cœur ne pouvait en supporter. Elle se souvenait encore, cette nuit-là, il y avait seulement quelques jours. La chance, le hasard, peut-être, plus poétiquement, le destin, avaient voulu qu’elle ne fut pas endormie. Et, avec la fugacité d’une brise de vent infiltrée par sa fenêtre entrouverte, cette aura, étrange, inquiétante mais qui pourtant ne lui semblait pas inconnue, avait achevé de l’arracher à quelque somnolence qui lui serait restante. Sans réfléchir, elle s’était élancée, projetée en avant sans une quelconque pensée pour toute conséquence que porterait cet acte, et avait filé au dehors, à travers son balcon. A vrai dire, il n’y avait pas eu à penser. Ressentir la moindre menace émanant du village la contraignait à aller s’enquérir de son origine. Mais sans doute au plus profond d’elle-même avait-elle déjà deviné, pressenti ce vers quoi elle allait.
« Certaines missions exigent que l’on se fasse passer pour ce que l’on n’est pas, argua Naruto, la tirant de sa rêverie momentanée. En l’occurrence, je dois être un déserteur.
- Exactement, reprit la blonde. Tu comprendras donc que certaines dispositions particulières ont dû être prises. Mais il se fait tard, poursuivit-elle, son regard dirigé vers l’horloge, et Naruto pourra t’en faire part aussi bien que moi-même. Sur ce, j’aimerais m’entretenir encore quelques minutes avec lui. Tu veux bien… ?
- Oh, bien sûr Hokage-sama. »
La jeune femme se retira, aussi prestement qu’elle le pouvait, laissant les deux autres seuls dans la pièce. A nouveau, ils se retrouvèrent seuls dans la vaste pièce, le jeune garçon debout, immobile dans une stature militaire, la vieille femme assise, les yeux intensément marrons posés sur son interlocuteur.
« Tu as prétendu, avant qu’on ne soit malencontreusement interrompus, que ton retour ne saurait tarder.
- Ils savent, se contenta-t-il de souffler. J’imagine que vous comprenez aisément ce que cela signifie ?
- Ils… ? Non…c’est impossible…
- Je tiens cette information d’une source sûre, répliqua Naruto. J’achèverai la formation d’Hinata en dehors du village, comme on le fait généralement, ensuite, je pense qu’il sera finalement temps pour moi de revenir.
- C’est…assez soudain… »
Naruto la contempla quelques instants. Tsunade avait l’air assez désemparée. Mais il ne s’en étonnait guère, lui-même avait eu des réactions plutôt proches quand on le lui avait appris. Il savait, il avait su, dès l’instant où il avait fait ce choix, que cela ne durerait pas, qu’à un moment ou à un autre, ils finiraient par découvrir la vérité. Il ne s’était cependant pas douté que ce moment arriverait si tôt. Il avait la tragique impression que, quoi qu’il fasse, il était toujours ramené sur le même chemin. C’était un obstacle à franchir, une étape qu’il devait impérativement passer s’il souhaitait continuer à avancer. L’un ne pouvait vivre tant que l’autre survivrait. L’Akatsuki aurait sa peau, ou il aurait la leur. Il devait se l’avouer, il avait de grandes préférences pour la deuxième option.
« Konoha est à ce jour l’unique village à avoir éliminé un membre de l’Akatsuki. Sasori, si je ne me trompe pas. Il en reste sept, à ma connaissance. Je ne connais le nom que de cinq d’entre eux, Itachi, Kisame, Deidara, Pain et Konan, la seule femme du groupe. C’est à peu près tout, vous devriez être capable de prendre connaissance du reste.
- Je pense être capable de me débrouiller, en effet, rétorqua Tsunade.
- Il y aura dans votre bureau un crapaud. S’il fait correctement son travail, vous ne devriez pas le remarquer. Il pourra m’invoquer sur votre ordre.
- Cela me semble convenable.
- Parfait. Il y a encore quelque chose que je voudrais vous demander. »
Les deux s’observèrent quelques instants. Tsunade fixait le jeune homme patiemment, attendant poliment qu’il poursuive, lui faisant ainsi bénéficier d’un accord tacite. Naruto poursuivit le silence quelques secondes de plus avant de finalement décider qu’il pouvait parler sans risque.
« Quelles sont vos informations au sujet d’Uchiwa Sasuke ? »
Eh bien voila, on atteint ici la barre des dix chapitres, et je ne sais toujours pas si il y en aura dix, vingt ou trente de plus. J'espère de tout cœur que ce chapitre plutôt sobre vous aura plu, suffisamment au moins pour que vous vouliez voir le suivant. Je ne saurai jamais assez vous demander de me laisser vos impressions, car c'est vous et vous seuls qui pouvez un tant soit peu me faire progresser. Je souhaite autant que vous que notre prochaine rencontre ne tarde pas trop. A bientôt.