Fiction: Menteur ! (terminée)

Ayant gravement le flemme de créer plusieurs fictions, et trouvant que toutes les balancer en vrac serait bordélique, je mets les one-shots en rapport avec Gaara ici. Peace !
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Lumiya (Féminin), le 17/07/2011
Vous vous rendez compte que c'est le plus long OS que je n'ai encore jamais écrit ? Lol ? e_e



Chapitre 2: Ad vitam aeternam.



'' Tu vas voir, il fera si froid que tous tes membres vont s'engourdir. On aurait beau te frapper à nouveau que tu ne sentirais pas la moindre douleur...''

Il secoua la tête comme pour chasser ces paroles néfastes qui lui embrumaient l'esprit. La voix, qui ressemblait étrangement à la sienne, n'en resta pas moins en suspens, flottant autour de lui comme l'odeur de charogne qui régnait dans les bas quartiers de Suna. Elle semblait n'exister que pour lui, elle résonnait dans sa tête et un ton narquois l'habitait chaque fois qu'elle prononçait un mot. Elle le suivait depuis qu'il avait quitté ses appartements, d'abord n'étant qu'un simple murmure qui s'était finalement intensifié pour en devenir une voix claire et distincte. Agacé de cette compagnie qui lui paraissait si familière, il n'y prêta néanmoins pas garde longtemps, se rappelant que trop bien le temps où son corps servait de réceptacle à Ichibi. Par le passé, les fois où Shukaku lui adressait la parole n'étaient pas si rares...

'' Voyons, tu es vraiment en très mauvaise posture. Je suis même étonné de voir que tu as toute ta tête pour saisir le sens de mes mots et pour pouvoir cogiter de cette façon. ''

« Ferme-la un peu veux-tu ? »

Il s'était exprimé d'une voix pâteuse, comme celles qui semblent sortir d'un long sommeil. Mélange d'une grande fatigue à une exaspération sans borne. Devenait-il fou au point de se mettre à converser seul ? Ce n'était pas vraiment le lieu. Ni le moment.

'' Bien-sûr que c'est le lieu et le moment, idiot. Me parlerais-tu si nous étions dans tes appartements, confortablement installé dans ton lit ? M'entendrais-tu ? Il va de soit que non. Mais à présent que tu ne peux plus m'ignorer et que nous sommes bloqués ici ensemble... Parlons. ''

Il ignora les paroles de cette voix pathétique.
D'étranges lumières dansaient devant ses yeux. Il y voyait de moins en moins, sa vue le quittait. Il arrivait tout de même encore à deviner le contour de cette grande poubelle à laquelle il s'était accroché quelques minutes plus tôt. ''Quelques minutes plus tôt''... Un petit rire le prit, trouvant drôle le fait qu'il était peut-être là, agonisant au fond d'une ruelle depuis des heures, alors qu'il lui semblait que seulement quelques minutes s'étaient écoulées. Le petit rire aigrit se transforma rapidement en une toux désagréable. À chaque fois que sa poitrine se soulevait, une douleur lancinante remontait le long de sa cage thoracique. Il palpa d'une main tremblante et ensanglantée son côté gauche avant de grimacer, le souffle court.

'' Vu que ton corps semble te préoccuper tant que ça... Je peux t'informer que tu as trois côtes cassées, le tibia droit en miettes et tes deux pouces en très piteux état.
'' Tu as froid n'est-ce pas ? Alors qu'il fait plus de 30°C et que le soleil ne va pas tarder à inonder les ruelles de Suna... ! Tu y vois mal ? Ta respiration est difficile, et tu as comme des hallucinations ? Remercie chaleureusement le nouveau cuisinier qui a empoisonné ton repas. Il me semble que ce sont les seuls maux dont tu souffres physiquement. Mais... Oh ! Suis-je bête ? Aurais-je oublié de mentionner que tu ne survivras pas au poison et que, n'ayant averti personne de tes promenades nocturnes, les secours ne viendront pas avant quatre ou cinq bonnes heures ? ''

Gaara n'eut pas le courage de répondre. Ni même de réfléchir pour savoir d'où cette voix tirait tous ces renseignements. Il était transi de froid, et la douleur qui provenait de sa jambe et de ses côtes était telle qu'il nageait dans un sentiment d'euphorie totale. Tantôt rappelé à l'instant présent par ses fractures, tantôt totalement déconnecté de la réalité, il souffrait sans souffrir, cédait peu à peu à un sommeil qui lui semblait différent de tous les autres. Il ferma les yeux, se laissant bercer par le vent qui passait dans les ruelles, tendre mélodie qui lui rappelait ses balades nocturnes lorsqu'il était à peine plus jeune. Un petit sourire nostalgique se dessina sur ses lèvres. Ce bon vieux temps lui manquait presque.

'' GAARA ! ''

Il sursauta, ce qui lui valu par ailleurs une douleur lancinante au niveau de ses côtes. Il semblait à présent totalement perdu, et il avait été tiré d'une douce léthargie par cette voix grave et puissante qui avait hurlé son prénom. Hébété, il rouvrit les yeux, risqua un coup d'œil à gauche puis tenta de tourner la tête sur la droite. Mais rien ; personne. Il était décidément bel et bien seul... Qui cela pouvait-il bien être ? À qui cette voix appartenait-elle ?

'' Tu crois vraiment que c'est le moment de t'en aller ? Je n'en ai pas fini avec toi, nous avons besoin de parler sérieusement tous les deux. C'est la première fois que tu m'entends, la première fois que tu ne renies pas l'existence de cette voix qui ressemble à la tienne et qui résonne, dans ta tête... Uniquement pour toi. Alors tu penses sincèrement que je vais laisser la mort t'emporter sans que nous ayons eu le temps de causer ? ''

« Va-t-en, souffla-t-il. Laisse-moi crever en paix. »

'' Seul ? Encore ? ''

« Ta gueule... »

Un rire se fit entendre, qui résonna longuement dans sa tête. C'était son rire à lui, le sien. Pourtant il n'avait pas ouvert la bouche. Qu'était-ce donc ? Pourquoi cette voix ressemblait-elle autant à la sienne ?
Les secondes s'écoulaient mais le rire persistait, tel un écho qui semblait ne jamais vouloir s'éteindre. Il se mit à le haïr, ce rire qui lui était propre. Ce rire, sadique et mauvais, qui l'avait souvent animé lorsqu'il était plus jeune. Lorsqu'il n'était encore qu'un...

'' Monstre. ''

« Laisse-moi ! Oui je veux mourir, seul ! Alors va-t-en ! S'il te plaît... »

Sa propre voix devenait de plus en plus suppliante. Quel manque de fierté, pensa t-il amèrement.
Il se sentait fiévreux. Son corps, d'un point de vue extérieur au sien, était brûlant. Mais pour lui, il avait la très désagréable sensation que tous ses membres avaient gelé sur place. Il ne ressentait plus rien au niveau de ses côtes, de son tibia ou même de ses pouces. Il avait si froid qu'il n'éprouvait plus la moindre douleur physique, et se contentait d'être agité de spasmes de plus en plus impressionnants en silence.

'' Pourquoi veux-tu que je te laisse ? N'est-ce pas ce dont tu as toujours rêvé, avoir un ami à qui parler, ne plus être aussi seul ? Ou alors chéris-tu encore ce temps révolu où tu haïssais le monde entier ? ''

« Non je ne regrette pas ce temps-là ! Tout ça, tout ce cauchemar dans lequel j'avais sombré... C'est terminé ! Alors va-t-en, laisse-moi ! »

'' Arrête de nier Gaara ! Regarde la vérité en face, tu la connais bien mieux que moi. Tu as haï les gens, tu les hais encore pour le bonheur futile dans lequel ils s'enferment. Ces familles heureuses, cet amour familial que tu n'as jamais connu et que tu ne connaîtras jamais... Tu les hais ces jeunes femmes enceintes, et tu hais leur progéniture qui auront une enfance toujours plus heureuse que la tienne. Tu sais bien que jamais tu ne pourras y goûter, et que même maintenant, ce n'est pas en ayant repris le poste de ton père que tu pourras découvrir un bonheur quelconque. Kazekage... Ha ! Quel beau titre. Te sens-tu plus heureux à présent ? N'envies-tu plus ces enfants et leurs pères qui se promènent main dans la main dans les rues animées de Suna ? Avec quel regard regardes-tu ton frère et ta sœur, qui pendant des années n'ont fait que te craindre et te rendre en retour la haine que tu vouais au monde ? Tu es bien stupide de penser que tu as guéri. Bien aveugle de penser que les paroles d'un idiot comme Naruto aient pu changer quoi que ce soit à la haine qui brûlait dans ton cœur. ''

« Tais-toi... J'ai changé, je le sais. Et eux aussi ont changé le regard qu'ils me portaient auparavant. Tout ce dont tu me parles n'est qu'un ramassis de conneries. Alors fermes-la veux-tu ? Agoniser en paix c'est trop demandé ? Je n'ai pas assez souffert comme ça ? »

'' Ils l'ont tellement bien changé, leur regard, que le seul soir où tu te balades sans ta jarre et à moitié comateux à cause de ce poison, tu te fais agresser et passer à tabac par les premiers jeunes qui te tombent dessus ? Regarde l'état dans lequel tu es mon pauvre. Aussi bien blessé physiquement que moralement... Mais ça, tu refuses encore de l'admettre. Quel sot tu fais. Tu es bien pathétique Gaara. Si pathétique... »

Il ne trouva rien à répondre, ne chercha pas plus loin des arguments pour sa défense et celle des autres.

Le soleil commençait à poindre et la température à augmenter. Mais alors que la chaleur se faisait de plus en plus sentir, Gaara lui, tremblait de froid au milieu des déchets de cette vieille ruelle. Une odeur insupportable régnait aussi sur les lieux, mélange d'urine à une nourriture passée depuis bien longtemps. Ses membres étaient si engourdis par le froid qu'il ne ressentait même plus la douleur de ses blessures. Il grelottait, n'arrivait pas à lever l'une de ses mains. Tout semblait comme anesthésié par une morphine aussi puissante que celle que les médecins de son Village utilisaient pour opérer un patient.

'' Gaara... ''

Mais c'est qu'il continue le con.


Il ferma les yeux, ignora la voix dans sa tête.

'' Tu le hais Naruto, n'est-ce pas ? Parce que même sans famille, il s'est trouvé un but et mène une vie heureuse entouré de ses amis... Il en a de belles paroles lui aussi. Mais au fond, tu sais très bien que tout cela respire l'hypocrisie et qu... ''

« TAIS-TOI ! Je t'interdis de parler de lui comme ça ! »

'' Oh, arrêtes de nier s'il te plaît. Un peu ça va, c'est mignon la façon dont tu essayes de fermer les yeux sur la vérité et de protéger tes fameux "amis". Mais trop, ça en devient exaspérant. Je sais que j'ai raison. Je le sais. Et toi aussi d'ailleurs... Il te suffit juste de l'admettre. ''

« Non tu ne sais rien justement ! Tu n'es personne, tu n'es qu'une voix dans ma tête parce que je délire totalement à cause de cette connerie que j'ai ingurgité, mais après ça... Tu n'es rien. Rien qu'un vieux délire qui prend forme dans mon esprit parce que je vais mal. Tu es ignare, tu es ce Gaara qu'ils ont réussi à détruire. Tu n'es rien, répéta-t-il. Rien. »

'' Non Gaara. J'existe encore. ''

« … »

'' Et tu le sais. Mais tu refuses de l'admettre, comme d'habitude. Ce que tu sais aussi, c'est que tout ce que je viens d'énoncer est la triste vérité dans laquelle tu t'engouffres et qui fini par t'étouffer. Tu es si effrayé que tu la renies, tu refuses de l'accepter et tu tentes tant bien que mal de l'oublier. Mais je suis là, moi, pour te la rappeler. Je suis là, pour que jamais tu n'oublies que tu étais, est, et restera le petit garçon seul et sans amis, le monstre de Suna. Je suis cette pensée sur laquelle tu as décidé de fermer les yeux, je suis toi, mais ce toi que tu refuses d'affronter. Gaara... »



•_•


« Ga... ?

Aaara ?

Gaara... !

Gaara bordel de dieu, tu te réveilles oui ou non ?! »

Il se réveilla dans son lit, le front moite, la respiration haletante. Sa peau n'avait jamais été aussi pâle. Ses yeux vert d'eau, affolés, contemplèrent en silence ceux de sa sœur Temari, qui l'observait un sourcil relevé. Elle affichait une moue désapprobatrice. Ses cheveux n'avaient pas été noués comme à son habitude, et un bref coup d'œil en direction de la fenêtre lui apprit qu'il faisait encore nuit, même si le soleil ne tarderait pas à montrer ses premiers rayons.

« Eh ben dis-donc, souffla-t-elle. Quand tu cauchemardes toi c'est pas à moitié. On t’a entendu hurler depuis le bout du couloir, toute la nuit. Kankurô a si mal dormi qu'il est d'une humeur de chien et n'a pas préféré venir te réveiller. Est-ce que tout va bien ? »

Il resta interdit. Tout n'avait donc été qu'un rêve ? Cette promenade nocturne, ce fameux poison et surtout... Cette voix ?

« Gaara ? Répéta Temari inquiète.
- Humpf. Oui...
- Tu fais vraiment peur à voir. Plus que d'habitude, ajouta-t-elle pour le taquiner. »

Il esquissa un bref sourire.

« Ne t'inquiète pas, je vais bien. Retourne te coucher si tu arrives encore à te rendormir...
- Je ne pense pas. Je vais aller préparer le petit-déjeuner, si tu as besoin de moi je suis dans les cuisines.
- Merci Temari. »

Elle le gratifia d'un clin d'œil puis sortit de sa chambre d'un pas léger. De loin il entendit Kankurô grommeler et il ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire. Il se recoucha sur son lit, le cœur léger. Apaisé, enfin. Il ferma les yeux et tenta de retrouver le sommeil. Aujourd'hui promettait d'être une journée chargée et ce n'était pas avec une nuit comme il venait d'en avoir une que cela suffirait à le mettre suffisamment d'aplomb. Alors qu'il sombrait à nouveau dans les bras de Morphée, il en fut brutalement tiré.

'' Je suis toujours là, tu sais. ''




Ah oui, je ne suis pas vraiment douée pour les dialogues. Mais je veux faire un effort en ce qui les concerne, donc voilà... Je m'entraîne. è_è



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