Fiction: Collision

Ils sont tous différents, certains rêveurs, d'autres pragmatiques, riches et pauvres, hommes et femmes, une soirée, un appartement les ferons se rencontrer. Ils vont s'aimer, se haïr, se déchirer, se réconcilier... Personnages OOC, Yaoi (mais pas que), couples divers...
Classé: -16D | Drame / Romance | Mots: 15426 | Comments: 4 | Favs: 10
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kuroekai (Féminin), le 29/09/2011
Cette histoire me trotte dans la tête depuis trop longtemps pour être ignorée. Le style est bien différent de ce que j'ai fait jusqu'à présent, mais non moins personnel.
Laissez moi vos impressions, elles seront lues et appréciées, peu importe leur contenu.




Chapitre 5: Chapitre 3 : Aout



Chapitre 3 : Août

Un long couloir aux murs blancs, l’aspect grisâtre du sol en béton brut sur lequel le son indéfinissable d’une semelle de Doc Martens s’engloutit. Nulle musique cette fois, Naruto laisse ses oreilles jouir des nuances sonores de vie qui l’entourent avec amertume et colère. Il a mal au crâne à force de froncer les sourcils, depuis quand d’ailleurs n’a-t-il pas souris, quelques semaines sans doute, depuis que son cerveau a comprit que toute sa vie partait en couille, que rien ne serait pareil, depuis que cet état de fait lui est devenu une évidence : malgré ses efforts pour oublier le temps, celui-ci le rattrape aujourd’hui brutalement. La nuit est assez fraîche, du moins si on la compare à la journée torride et fatigante qu’il vient de passer. Sa chemise en jean colle à ses bras, son fin t-shirt est moite de son propre corps, son jean l’irrite et le gêne, et ses pas sont lourd, il est épuisé, physiquement, mentalement, il en a marre de tout.

Il sort les clés de sa poche, il est presque à la porte de son appartement lorsqu’il relève la tête. Il le voit, assis, adossé au mur, son casque sur les oreilles, et la vague d’agacement qui le prend soudain s’éteint devant la fatigue qu’il ressent rien qu’à l’éprouver. Sans vraiment prêter attention à Sasuke qui déjà se redresse et retire son casque, il tourne la clé et ouvre la porte.

-Je peux te parler ? demande Sasuke alors qu’il vient à peine de franchir le seuil.

-De quoi ? demande-t-il froidement, plus par épuisement que par réelle colère.

Sasuke ne répond pas, il reste planté, le regarde avec insistance, la bouche pincée. Après quelques secondes de réflexion, Naruto s’écarte, l’autre entre et pose son sac sur le sol. Il ferme la porte, et se tourne vers sa cuisine, et prépare sans un mot du thé. Le silence s’éternise et semble vouloir définitivement s’installer, il se tourne légèrement, saisit la télécommande et allume la chaîne hifi. Le requiem…. C’est bien le moment. Mais il est las pour changer, à peine a-t-il assez de force pour verser le thé dans les tasses, s’avancer vers Sasuke et lui tendre la sienne. L’autre le regarde un moment, saisit la tasse et s’assoit sur le lit, alors que Naruto lui-même s’installe sur un tabouret. Sasuke a le visage cerné, le teint blême, comme quelqu’un que le sommeil fuit depuis pas mal de temps, comme le sien sans doute. Il remarque ses yeux rougis, la posture qu’il prend et qui témoigne de l’engourdissement de ses membres, de la douleur dans son dos. Combien de temps est-il resté assis devant chez lui ? Le silence devient persistant entre eux, la musique n’arrange rien, le temps passe comme ça, 5, 10, 15 minutes peut être.

-Alors ? demande enfin Naruto, sans savoir s’il est vraiment prêt à discuter. De quoi tu voulais me parler ?

Devant la question, toute détermination semble fuir le corps du jeune homme en face de lui. C’est vrai, Sasuke est si jeune, 18 ans peut-être, et même si lui-même est loin d’être un ancêtre, les quelques années qui le séparent de cette période de sa vie, lui semblent à présent un fossé insurmontable.

-Euh…je… je sais pour Anko et Kakashi, je suis désolé, bredouille le jeune garçon avec difficulté.

Naruto ne répond pas, se contente de souffler sur son thé en le regardant dans les yeux, les sourcils froncés. Ce n’est pas sa soirée.

-Et ? demande-t-il impitoyable. C’est tout ce tu avais à dire ?

Une expression de surprise et à la fois de profonde tristesse passe sur le visage de l’Uchiwa.

-Non, répond-il avec hâte. Je voulais savoir pourquoi tu ne m’avais jamais rappelé. Pourquoi tu ne m’as pas donné de nouvelles.

-Et pourquoi je l’aurais fait ? » Même à ses propres oreilles, la question semble cruelle, et il comprend de lui-même qu’il fait simplement payer à l’autre sa journée difficile.

-Je croyais qu’on s’amusait bien, répond Sasuke dans un souffle.

-On s’est amusé, je me suis amusé, et j’ai cru comprendre que ton frère aussi s’est bien amusé.

-Je ne suis pas responsable de ce qu’Itachi a fait ! lance Sasuke.

-La pomme ne tombe jamais loin du pommier….

-Je ne suis pas mon frère !! hurle le brun en se levant d’un bond.

-Non mais tu le couvres bien ! répond Naruto sur le même ton, en se levant à son tour.

Un long silence s’installe alors qu’ils se dévisagent. Naruto n’a qu’une envie, que l’autre s’en aille, qu’il le laisse ruminer seul, et au vu des tremblements qui secouent les mains du jeune homme en face de lui, il va sans doute partir en courant pour pleurer. Il a un peu honte d’en arriver là, mais il…

-Alors c’est pour ça que tu m’évites ? demande Sasuke en le coupant de ses réflexions, le ton étrangement ferme. Je ne savais pas pour Itachi, je l’ai appris, il y a seulement deux semaines, je l’ai vu avec elle, mais il ne m’avait rien dit. Je ne suis pas Itachi, et je ne suis pas responsable de ce qu’il fait » reprend-il en détachant bien chaque syllabes ; « Tu crois peut être que c’est un sport familial ? Que moi aussi je suis venu foutre la merde dans ta vie ? C’est toi qui a foutu le bordel dans la mienne je te signale ! J’étais parfaitement heureux avant que tu débarques, et puis tu arrives avec tes trips de camé, tes délires philosophiques bidons en me faisant allègrement comprendre que je suis une merde inculte, et tu me jettes sans prévenir, comme ça, comme une vieille croûte sans valeur, et je…

Naruto s’est assis, la tête courbée, les mains tenant son visage devenu trop lourd, et devant ce tableau, toute colère a soudain quitté le corps de Sasuke. Il se retrouve comme un con, planté debout au milieu de la pièce, se sentant stupide et humilié, avant de comprendre que Naruto ne l’ignore pas, mais qu’il pleure silencieusement. « Tout part en couille » l’entend-il murmurer pour lui-même sans doute, la voix étranglée.
Encore une fois, le silence s’installe, plus de musique, plus un mot, et pas une geste. Et puis Sasuke s’approche d’un pas, laisse sa main droite se reposer sur l’épaule agitée de tremblements de Naruto, passe à nouveau sa main dans ses cheveux, et tout en l’agrippant fermement de ses bras fort, le blond se serre contre lui, la tête appuyée contre son ventre, et laisse s’épancher toute la tension accumulée jusqu’alors en de longs pleurs sonores. Deux hommes qui se serrent avec force, et le temps qui se suspend.

« Tu sais, ce n’est pas vrai ce que je disais tout à l’heure, t’es pas un camé avec des trips bidons…. Et je n’étais pas plus heureux avant de te connaître » déclare Sasuke d’une voix monocorde.

Peu à peu, le flot de larmes s’épuise, ils restent tous les deux cons quelques minutes, orgueilleux solitaires qui se sont sûrement trop révélés l’un à l’autre par un concours de circonstances foireuses. Naruto se lève, aucun mot ne lui vient, et il attrape sa tasse de thé, sort une cigarette et l’allume. Puis il se lève, pose sa clope dans un cendrier, sa tasse non loin de lui, et se déshabille, sans que son invité ne sache quoi faire.

-On peut baiser si ça te fais du bien, déclare Sasuke sans détours, les yeux fixés au sol.

Naruto le regarde, amusé et attendri. C’est ça qui l’amuse chez lui, ce mélange maladroit entre langage cru et sans détour, et rêve fleur bleue de jeune fille.

-J’ai pas la tête à ça ce soir, je suis crevé, répond-il d’un ton qui ne se veut pas blessant.

-Bon bah je vais rentrer, répond l’autre après un moment, en reprenant son sac.

-Tu peux rester dormir si tu veux.

-T’as sûrement envie d’être seul, et je t’ai assez pris la tête pour ce soir.

Sasuke se dirige vers la porte après un sourire fébrile, les yeux baissés.

-Tu peux rester s’il te plait ?

La voix n’est pas bien haute, elle ne fait montrer que de peu de volonté, et aucun plaisir ne s’en dégage. Mais c’est une supplique qu’il lui adresse, et Sasuke se retourne. L’autre est déjà allongé dos à lui. Il lâche son sac, retire en marchant, ses vêtement, et vient s’allonger à côté de lui. Un moment à regarder le plafond après avoir appuyé sur l’interrupteur, quelques hésitations, et puis il se tourne et vient se coller tout contre le dos chaud du blond, et enfouit sa tête à la naissance de sa nuque.

……………………………………………….

Il est épuisant, interminable, et trop chaud. Voilà comment se définie le mois d’Août pour Naruto, sorte de monde parallèle sur lequel il n’a aucun contrôle, peut-être l’ersatz de ce qui l’attend après. Il est assis dans le couloir de son appartement, sur le sol ; il enlève ses chaussures trempées. Orages d’été, moites et violents, c’est ça le mois d’Août aussi. La porte d’entrée est entrebâillée et de drôles d’ombres viennent s’étaler sur le mur. Sasuke est dehors, il s’amuse à faire tourner son parapluie, et parfois, passe sa tête dans l’ouverture, fait une étrange grimace et recommence à faire tourner son jouet. La scène s’étale dans le temps, Naruto toujours assis regarde, mais savoir ce qu’il ressent à cet instant est trop compliqué pour que lui-même puisse le définir. Ce n’est que lorsqu’il se relève après avoir émis un petit rictus à peine audible, que Sasuke daigne arrêter son manège pour rentrer, l’air satisfait de lui. Ce genre de jeux stupides et puérils, font partis de sa mission, du moins celle qu’il s’est imposée lui-même : faire rire Naruto. Ce soir, les amis de Naruto doivent venir chez lui, tous sauf deux. Le premier est cloué dans un lit qui n’est pas le sien, la deuxième, sûrement assoupie dans les bras d’un autre que celui qui viendra ce soir. Le plus jeune sait qu’il ne pourra pas rester pour cette sauterie improvisée plus tôt dans l’après-midi. Il sait qu’il va aller voir Sakura, qu’elle va encore lui parler de ses doutes, ses sentiments bizarre qu’il ne comprend pas pour deux types complètement différents qu’elle ne connaissait pas il y a quelque temps, et qui la prennent tous les deux pour rien de plus qu’un vulgaire plan cul devenu régulier.

Naruto est devant son chevalet quand l’autre arrive dans la pièce. Il regarde la toile qu’il a commencé quelques jours plus tôt avec un regard qui en dit long sur son manque de satisfaction devant le peu de résultat qu’il en a déjà tiré. Comme d’habitude, il fume, une tasse à la main, sûrement du café agrémenté d’une touche de whisky, et comme toujours, la chaine balance des sons que Sasuke ne connait pas. C’est flippant la capacité qu’a son amant à toujours le surprendre dans ses goûts, et plus surprenant encore que lui-même finisse toujours par s’y accorder. Cette fois, c’est dans l’ambiance posée, à moitié bercée de langueur de l’album de Jaar, qu’il en vient à en conclure que oui, space is the only noise comme le dit la pochette du disque.

Sasuke s’assoit, par terre. Il regarde comme le ferait un gamin devant un ainé, les yeux critiques de son amant passer d’un point imaginaire qu’il fixe sur un mur à la toile zébrée de couleurs posées sur le chevalet. Bientôt l’heure de partir, il le sait, et pourtant il ne bouge pas, alors que l’autre a commencé à repasser sur les touches sèches de couleur qu’il a appliqué avant, pour tenter de rendre son travail plus convenable à ses propres yeux. Il n’attendra sûrement pas très longtemps. 19h54 : à poil dans le lit, Sasuke se relève, cette fois il doit vraiment partir. Il n’a pas eut à attendre longtemps pour que cela arrive. Il est resté assis à regarder Naruto peindre, et puis, quand lassé par ses tentatives celui-ci s’est retourné, il s’est relevé, a enlevé son t-shirt, et l’autre, après un bref regard à la toile et une mine insatisfaite et même frustrée, s’est approché et la prit comme exutoire à son agacement. Il ne sait peut être pas faire l’amour autrement ?

-Tu viens à l’hosto demain ? demande le blond toujours allongé.

-Si tu veux…. À quelle heure ?

-Je passe te prendre après les cours…

-C’est une classe de vacances, répond Sasuke amusé.

-Ouai…. C’est pareil.

Sasuke hésite, cela fait pas mal de temps qu’il veut lui parler de quelque chose, mais il ne sait pas comment aborder le sujet. Quand il est comme cela, Naruto n’est pas vraiment avec lui, il est autre part, comme si la phase post-sexe lui permettait de voir au-delà de lui, des autres, de l’instant. Le plus jeune se lève, s’habille en silence, soudain étouffé par cette ambiance et par la relation qui le lie à l’autre. Est-ce qu’on ne dit pas que l’amour c’est de tout partager, et d’être bien avec la personne qu’on aime ? Alors pourquoi ne se sent-il pas vraiment bien avec Naruto, comme si quelque chose chez son amant l’empêchait de pouvoir être lui. Il se tourne vers le corps encore allongé, lui adresse un léger sourire et puis lui dit « bon, à demain » sans qu’aucune fluctuation vocale ne vienne ponctuer sa phrase d’un quelconque engouement pour ce rendez-vous. Dehors il fait chaud, trop chaud. « Putain de mois d’Août » se dit Sasuke en entamant sa marche dans le couloir.

…………………………………………………

Les hôpitaux ne sont pas gais. Mouroir pour certains, dernière chance pour d’autres, et bref passage pour la plupart. Ce méli-mélo de blouses blanches qui parfois se parlent est un peu déroutant au sortir d’une journée joyeuse que Sasuke a passé à discuter avec un type sympa de sa classe. Naruto n’est pas venu le chercher finalement, il lui a simplement envoyé un message, « En fait on se retrouve à 16h à l’hosto. Bye. ». Sasuke s’est sentit con, une fois plus, et Masamune, le type de sa classe lui a même proposé d’aller prendre un café en attendant son rendez-vous. Il a accepté. Stupide idée, le genre qui vous fait réaliser la précarité de votre situation affective, quand soumis au bon vouloir d’un excentrique nombriliste comme Naruto, on rencontre un jeune homme amusant, cultivé et attentionné. Sasuke sait qu’il pourrait se le faire à la moindre occasion, mais jusqu’ici ça ne l’avait pas vraiment perturbé. Mais étrangement aujourd’hui, l’alternative lui semble appréciable, l’envie de retrouver l’innocence de son âge et la futilité de sa condition l’attire loin de celui qu’il doit retrouver. « Putain de Naruto… » se disait-il à table avec Masamune, et maintenant sur sa chaise dans une salle d’attente bondée, la phrase est devenu le light motif de son après midi.

La carcasse, car le corps du blond n’est plus qu’une carcasse arrive enfin dans le couloir. Il traîne sa masse comme un impotent. Il est sûrement encore défoncé à quelque chose. Cette partie de lui qui amusait Sasuke le fait allègrement chier aujourd’hui, et depuis quelques temps déjà. Naruto arrive à sa hauteur, lui dit « salut », mollement et s’assoit. Ils attendent quelques minutes, longtemps en fait, mais le silence qu’ils partagent en regardant les gens défiler n’aide pas à se faire une idée précise du nombre de minutes écoulées. Enfin une infirmière arrive.

-Je suis désolée, vous ne pouvez pas voir votre ami aujourd’hui, leur dit-elle comme si cela n’avait pas d’importance.

Naruto demande pourquoi, elle répond d’un air agacé et puis part simplement pour courir après un patient, un docteur ou peu importe, mais elle les laisse là. Ils sont frustrés, agacés, Naruto est en rage même et Sasuke le suit, le supporte et sent contre sa cuisse son téléphone vibrer. Un message de Masamune, un message léger, poli, agréable en somme. En lisant, le fossé qui sépare le furibond défoncé qui rumine devant lui se creuse encore plus quand il compare son attitude à la douceur des mots de l’autre. Ils errent deux bonnes heures le temps que Naruto se calme, passant d’un banc, d’un café, d’un trottoir à un autre pour finalement arriver encore et toujours à ce putain d’appartement. Toujours le même bordel, toujours la même odeur de rance et de transpiration, de clope, d’alcool, de café, de peinture, cette putain d’alchimie olfactive que Sasuke goûte aujourd’hui avec effroi avec réticence et avec des relents de frustration et de raz le bol. Mais comme d’habitude, ou plutôt comme toujours depuis quelques temps, depuis Naruto, il reste là, s’assoit, ferme sa gueule, supporte, et regarde l’autre se servir déjà de l’alcool alors qu’il est à peine 20 heures. Naruto parle, il vomit des mots de colère, et il est sec, il est agaçant, et Sasuke le déteste et le supplie de se taire intérieurement. Alors lui aussi boit, pour ne plus entendre Naruto, il lit et envoie des messages à son camarade de classe. Un ciné ? d’accord, demain il ira au cinéma avec Masamune. Un bar après ? Sans problème. Ses doigts tapent avec de plus en plus d’hésitation des réponses correctes alors que son cerveau lui hurle d’écrire « Tout ce que tu veux mais éloigne moi de ça, de lui, de cet appartement de merde, de cette odeur horrible, de ce putain de mois d’Août ! ».

Il est toujours en train de crier à part lui quand la sonnette retentit. Dans ses oreilles noyées par l’alcool qui commence à monter, les pas d’une marée humaine semble vouloir lui foncer dessus. Témari et Pain, qui le regardent comme une anomalie dans le décor, comme un insecte, un étranger. Ils lui disent seulement salut, puis se tournent vers Naruto, s’assoient, prennent des verres, causent avec lui et le laisse comme un con assis sur le lit, dos à lui. Il ne sait pas de quoi il parle, il ne les entend plus, ne les voit, tout ce qui vient se coller à ses yeux floutés c’est cet appartement et cette putain de situation. La vague qui l’engloutit n’a pas de nom, pas de définition, c’est simplement le déferlement d’une surdose de tout ce qui l’entoure et qui lui donne maintenant de vomir, de se lever de fuir loin, et la vague monte, petit à petit il se sent prêt à hurler mais ne fait rien.

Son portable vibre, plus que pour un simple message. Masamune l’appelle. Il veut lui parler, entendre autre chose que le vrombissement de voix qu’il ne veut pas entendre parce qu’il ne les supporte plus. Il décroche :

-Allo.

« Désolé de t’appeler mais je ne comprends pas ce que tu écris. »

-Ah ouai, bredouille-t-il avec un sourire, j’ai un peu bu.

« Ah Ok, t’es avec des amis ? »

-Pas vraiment des amis, disons des connaissances.

« On va toujours au ciné demain soir ? »

-Ou..ouai , ouai on va ciné.

« Cool. Tu veux faire quoi après ? »

-J’sais pas. On verra sur le moment, chez toi, chez moi c’est pareil.

« Euh… T’es du genre direct quand tu es bourré… »

Masamune a dit ça au moment ou le regard de Sasuke a croisé celui de Naruto assit en face de lui, alors qu’il n’avait pas remarqué que sa conversation téléphonique était venue pendant un silence. Il se lève, bafouille quelque chose d’inaudible à son camarade de classe et traverse la pièce en fuyant le regard des autres pour aller se terrer dans la salle de bain. Il ferme la porte, il a chaud, le sol tourne, il se sent mal, confus, et con d’avoir un dit un truc aussi stupide à Masamune. Il se fait penser à Naruto, direct, distant et vulgaire, et ce n’est pas lui.

« Toujours là ? Je ne voulais pas te vexer ! »

-T’inquiètes, c’est moi qui suis désolé. J’aurais pas dû dire ça. J’ai eu une vieille journée et l’alcool c’est pas conseillé dans ces cas-là.

« Ton rendez-vous s’est mal passé ? »

-…

« Ah désolé, je ne voulais pas être indiscret. Bref, donc on se voit demain. Envoies-moi un message pour me dire à quelle tu veux qu’on se retrouve. »

-Ok… À demain.

« Bye »

-Bye

Sasuke raccroche. Son reflet dans le miroir plein de traces de doigts lui fait peur. Dans l’appartement, les conversations lui parviennent en écho, et la voix reconnaissable de Kakashi s’est mêlée aux autres. Soirée de merde… Sasuke se passe un coup d’eau sur le visage, alors même que son crâne tourne dans tous les sens et le supplie d’arrêter là les excès pour ce soir. Qu’importe, il sort, son téléphone dans la main, il rentre dans le salon-chambre-cuisine et Naruto se tourne vers lui alors que les autres discutent entre eux, Kakashi debout dos à lui, une veste toujours posée sur ses épaules.

-C’était qui au téléphone ? demande le blond.

-Un type de mon cours de soutient, répond Sasuke avec dédain.

Kakashi se tourne vers lui, le regarde de haut en bas, puis dans un jet de venin, il crache, « Ah, il est là lui », en se tournant vers Naruto qui ne réagit pas.

-Ouais il est là lui, répond Sasuke avec une verve qu’il avait perdu jusqu’à maintenant. Mais vous inquiétez pas, « lui » va pas vous faire chier plus longtemps, parc’que « lui » se casse, dit-il en se dirigeant vers ses affaires qu’il regroupe.

-Mais arrêtes tes conneries, tu vas pas partir comme ça, t’es complètement bourré ! rétorque Naruto, agacé.

-Mais oui, écoutons les remarques de père la vertu, défoncé du soir au matin, envoie Sasuke, avec toute l’amertume qu’il retient depuis des jours. Et je dois faire quoi sinon ? Rester là à écouter Kakashi me descendre comme une merde parce que mon frère lui a piqué sa meuf ?

-Bon, fais pas chier, j’ai eu une journée de merde, et eux aussi, répond Naruto sur les nerfs.

-Oh pardon ! Monsieur a eu une journée de merde ! Parce que tu crois que la mienne c’était le comble des réjouissances. En fait ouais, je passais une bonne journée, jusqu’à ce que t’arrives. J’étais avec des gens sympas, je me marais bien, et puis tu t’es ramené avec ta putain de gueule de défoncé, et tu m’as flingué la journée.

-Bon tu veux pas le calmer ton cocker, demande Kakashi à un Naruto sur le cul.

-Mais regardes-toi bordel, lance Sasuke sans relever la remarque du gris. T’es bourré comme hier, comme avant-hier, comme tous les putains de jours de cette foutue semaine. Et demain tu feras pareil, et t’es là à te plaindre et à vociférer que ton pote est à l’hosto. Mais jamais ça te viens à l’idée qu’il a fait une overdose ? Tu veux finir pareil ? Agis au lieu de te cacher la tête sous un oreiller. T’étais le premier à te foutre de ma gueule parce que je choisissais la facilité. Mais vous faites tous comme ça de toute façon. Temari tu restes là, à picoler, à te plaindre, parce que t’as juste les jetons d’aller le voir à l’hosto, et du coup tu déprimes mais jamais ça te viens à l’idée que c’est pas en te mettant minable en soirée que ça ira mieux ? Kakashi, regardes-toi putain, tu veux que je la boucle, parce que toi c’est tout ce que tu sais faire. Alors au lieu de te venger sur moi, ais un peu les couilles d’aller gueuler comme ça devant mon frère et ta nana, parce que pour info il faut être deux pour tromper un type, et si Itachi est un beau fumier je te l’accorde, bah Anko vaut peut-être pas mieux. Alors passe à autre chose, ou essaye de comprendre au moins pourquoi elle s’est barrée, parce que si elle avait été vraiment heureuse avec toi, elle aurait pas tout laissé derrière elle comme ça pour suivre un trou du cul pété de tune et qui ne t’arrive pas à la cheville.

Il marque une pose, les mots qu’il balance lui viennent sans aucune logique, sans qu’il sache vraiment s’il exprime simplement à haute voix tout ce qu’il a observé tout ce temps.

-Et c’est là que tu veux que je reste ? À te regarder te transformer en zombie ? Toi t’en as rien à foutre. Tout ce que tu vois c’est que quand t’as besoin de tirer ton coup le gentil petit Sasuke est là, tu peux le prendre le jeter et puis rien à foutre de toute façon il ouvre jamais sa gueule. Bah non justement, j’en ai marre de fermer ma gueule OK ? Je ne suis pas comme ça moi. Alors ouais d’accord, j’ai pas ta culture, j’ai pas ton talent, j’ai même rien d’intéressant, mais même si ma vie est pourrie et que la seule chose un peu extraordinaire qui me soit arrivée c’est toi, je mérite mieux que d’être simplement un plan cul qu’on balance quand on en a plus l’utilité.

Le silence qui s’abat est sans appel, les visages tournés vers Sasuke aussi. Peur, reproche, colère, incompréhension, ils portent tous un sentiment qui les déforment. Sasuke, se retourne mollement. Il vient de jeter dans sa diatribe les forces qui auraient du lui servir à quitter cet endroit, mais il se sent soulagé, comme la fatigue qui prend après un effort physique trop important et dans laquelle on se laisse aller avec plaisir et reconnaissance. Peu importe ce qu’on va lui dire, lui faire, maintenant, il a dit ce qu’il devait dire, l’a fait, comme il aurait du le faire depuis longtemps, alors advienne que pourra. Enfin il se retourne, pour faire face aux regards médusés ou mauvais des gens qui l’entourent. Naruto est debout derrière le comptoir de sa cuisine. Les muscles de son dos son tendus, et il fume sa cigarette avec rage.

-Dehors… Dit alors le blond en se tournant en se servant une tasse de café, les sourcils froncés dans un air mauvais.

Le ton est tellement détaché que Sasuke est blessé. Mais qu’importe, il fait trois pas vers la porte quand à nouveau le ton impérial de Naruto se fait entendre.

-Pas toi. Vous, dit-il en regardant les trois autres. Toi et moi on a des choses à se dire, et pas devant tout le monde cette fois.

Les autres se lèvent déjà. L’attitude du blond est tellement à des années lumières de sa placidité habituelle qu’on n’ose pas le contredire. Mais Sasuke est fatigué, et il a dit tout ce qu’il voulait dire, autant partir maintenant.

-Non merci, j’ai dit ce que j’avais à dire, répond-il en suivant les autres.

-Pas moi, alors tu poses ton cul sur ce putain de lit, parce que c’est trop facile de tout balancer et de se barrer après.

Les autres jettent un regard en arrière, et puis, ils sortent. Sasuke est seul désormais, seul face à Naruto, comme si souvent depuis qu’ils se sont rencontrés. Mais pourtant ce soir, ce sont deux étrangers qui se jaugent face à face.







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