Fiction: Collision

Ils sont tous différents, certains rêveurs, d'autres pragmatiques, riches et pauvres, hommes et femmes, une soirée, un appartement les ferons se rencontrer. Ils vont s'aimer, se haïr, se déchirer, se réconcilier... Personnages OOC, Yaoi (mais pas que), couples divers...
Classé: -16D | Drame / Romance | Mots: 15426 | Comments: 4 | Favs: 10
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kuroekai (Féminin), le 12/04/2011
Cette histoire me trotte dans la tête depuis trop longtemps pour être ignorée. Le style est bien différent de ce que j'ai fait jusqu'à présent, mais non moins personnel.
Laissez moi vos impressions, elles seront lues et appréciées, peu importe leur contenu.




Chapitre 2: Carambolage



Carambolage.

Une rue à l’abandon quelque part dans un faubourg peu recommandable de Tokyo. Trois silhouettes qui sortent d’un taxi, quatre fenêtres allumées, cris et rires lointains qui s’élèvent, et sono assourdissante d’une boîte toute proche dans laquelle se perdent les âmes solitaires de cette cité en ruine. Voilà donc ces trois ignorants, pour deux bientôt sortis du lycée, pour le dernier, jeune entrepreneur bien aidé par fortune familiale, qui rentrent dans un bâtiment guère plus accueillant que le ghetto de Varsovie. Ce n’est pas le genre d’endroit où ils viennent habituellement, mais il faudra faire avec.
Les voici maintenant qui croisent, descendant comme un futur évadé les escaliers, un prototype de junkie de première main, soit, poisseux, regard hagard et visiblement en manque, venu sûrement trouver dans un tel temple de quoi combler son envie pressante, et nous ne parlons pas ici de soulagement de la vessie. Qu’à cela ne tienne, ils continuent, l’air de rien, tous faisant mine d’une parfaite maîtrise de la situation, et d’un faux engouement pour une soirée qui promet déjà.
Bref, montée dans une cage d’escalier dégelasse, arrivée dans un couloir exigu qui l’est tout autant, avec en prime un témoignage sonore, pas toujours agréable de tout ce qu’il se passe dans les autres logements. Dernier étage, appartement 45 disait le message. Porte rouge à triple serrure, paillasson à motif poisson piétiné de nombreuses fois et présence à l’entrée d’une bonne demi-douzaine de cadavres de bouteilles en tout genre. Une, deux puis trois secondes d’hésitation, regard qui se croisent et doigt qui s’approche timidement de la sonnette. Diing Dong.

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Sonnette qui hurle pendant absorption de bière entre amis autour d’une partie de carte, et patatra, perte du compte des atouts sortis, cafouillage dans technique à adopter au prochain tour et le traditionnel « Meeerde » de circonstance.

-Pain, va ouvrir, ça doit être Naru et Shika, ordonne rivée au sol, une magnifique brune que nous avions rencontré précédemment lors d’une douche.

Un jeune homme blond se lève, manifestement porteur du nom de Pain, habillé comme un DJ américain et visiblement aussi gai qu’une pierre tombale.

-Non, ajoute, soudain, convaincu que sa remarque aura de l’intérêt, l’heureux concubin de la jouvencelle. Si c’étaient Naruto et Shika, ils n’auraient pas sonné. Au mieux ils seraient entrés, au pire ils auraient tambouriné à la porte en chantant.

Comme tu l’auras compris lecteur, la remarque passe tel un ange dans la conversation et n’arrête pas le surnommé Pain dans son élan mystique vers la porte d’entrée. Il ouvre, découvre devant lui trois BCBG visiblement perdus, ou des témoins de Jéhovah peut-être, mais alors bien habillés, mais dans tous les cas, sûrement pas des habitués du quartier, ni de l’immeuble, et encore moins de cet appartement. Bref, le voilà planté, incapable en tant qu’invité de savoir si oui ou non il doit les laisser entrer, dire un mot, se taire, les frapper, leur donner de l’argent… Non il ne leur donnera pas d’argent, ils ont l’air d’en avoir bien plus que lui et cette fille aux cheveux roses pourrait utiliser la monnaie pour tenter une couleur encore plus ingrate. Alors que fait-il ?

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Ruelle grouillante de monde, démarche hésitante par absorption massive d’alcool et drogue douce pour deux originaux à la limite des marginaux mais très loin des bishôs. Traversée donc, de ce chemin pour les Edens en pilule, en poudre en seringue ou simplement à fumer. Traversée encore, de cette place du marché sous terrain où se retrouvent connaissances réelles et imaginaires, camarades de départ vers les rives inconnues de l’amer, ou fruit de l’imagination hallucinatoire. On troque, on partage, on vend, on achète, on vomit dans les coins, on délire dans les autres, on rigole quelque fois mais on est tous, loin très loin, au combien loin des soucis du quotidien.
Nos deux romantiques sont ici chez eux, ont, comme la grand-mère son poissonnier favoris, et le pépé sont libraire préféré, leurs petites habitudes tenaces, leurs fournisseurs de toujours, et leurs amis de quelques soirs par semaine où l’évasion devient trop vitale à atteindre. Ils prendront chez l’un quelques grammes de ceci, chez l’autre deux, trois articles d’une nouvelle arrivée et repartiront gais comme des pinçons vers leur soirée entre amis dans laquelle ils ne seront que des rescapés en dérive.

Ah ! La douce spirale de l’auto destruction. Quelle est tendre quand on conserve son équilibre en son milieu. Mais attention, que nos deux romantiques ne s’y trompent guère, un jour ils chuteront, et se feront balayer par son rythme effréné. Pour l’heure par contre, les voilà forts heureux de leurs achats, proches de leur destination où ils arriveront, avec, et c’est de bon usage dans ce genre de milieu, plus d’une heure de retard sur l’horaire convenu.


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Grizzly Bear pour l’ambiance, une bière dans les mains, conscients de déranger dans le paysage métaphysique de cet appartement mais en faisant l’air de rien. D’un côté comme de l’autre, on se sent un peu mal à l’aise. Sauf, et c’est là chose étrange, entre l’ainé des BCBG, et la propriétaire de ce recoin de débauche passagère. Eux, ils parlent naturellement, alors que les autres s’observent et se jaugent. Une blonde est venue remplir le tableau de cette société hétéroclite. La blonde est avec son frère, elle parle argent, elle parle dette fraternelle et l’autre n’écoute que d’une oreille en se rinçant l’œil sur la pimbêche aux cheveux roses.

Enfin, on commence à parler, mais Sasuke Uchiwa reste silencieux, sans doute par ce qu’il observe toujours les gens avant de parler avec eux. Tout le monde ne mérite pas son intérêt, et soit que le blond en face de lui soit trop mou pour être digne de faire partie de son cercle, soit que l’autre aux cheveux gris commence à être trop bourré, il est pour l’instant très bien dans son silence.

On fait un jeu, un jeu d’alcool, un jeu idiot, on rit, on commence à s’oublier un peu. Pain se lève alors que les autres se chamaillent pour des règles passées sous silence et change de musique. Pour réveiller tout le monde, pourquoi pas The Clash… Oui, The clash sera parfait, et si les autres n’aiment pas, peu importe, lui ça lui plaît.

La porte rouge, elle s’ouvre. Bank Robber vient de commencer et entraîne déjà dans sa danse, deux humanoïdes en dérive qui voguent comme transcendés par le remous d’une mer qu’ils sont les seuls à voir. Shikamaru chante, tourne, se perd lui-même dans ses pieds. Le mélange fait son effet, il rit, embrasse tout le monde, et puis s’arrête, scrute un point imaginaire qui devant ses yeux s’acharne à le faire tanguer. Il regarde les visages inconnus et se recule, il y voit des spectres, des fantômes, demande si les autres les voient aussi, et devant l’assurance de leur réalité, se pose dans le canapé pour parler à Pain. Parler ? Il ne sait plus de quoi il voulait parler, alors il laisse le flot incessant des paroles qui l’assaillent s’échapper en nausée devant l’autre que cette image fait rire.

-Bon bah… Commence Anko, à la fois gênée et amusée. Ça c’est Shikamaru… Et l’autre, derrière moi, qui….

Elle regarde mieux, laisse son regard s’attarder sur le spectacle.

-Celui qui danse torse nu, c’est Naruto…. Les gars, c’est Sakura, Itachi et Sasuke.

Un bref « salut » des deux âmes errantes, un « bonsoir » distant de l’ainé des frères Uchiwa, un « coucou » niais de la niaise, et le silence du dernier. Enfin, quelque chose de plus intéressant que ces demi-cadavres. Un corps qui s’allonge, des muscles qui avec grâce déploient une force agile, des cheveux blonds en bataille, l’odeur enivrante d’un parfum musqué et d’une sueur amère, le regard bleu perdu et lointain, le sourire du délire et les mains qui voguent comme perdues dans un espace meuble. Sasuke Uchiwa a trouvé matière à passer une bonne soirée. Une victime, une proie, quelque chose de consistant à se mettre sous la dent. Une proie facile en plus, car le délire encourage le contact, la recherche perpétuelle d’un corps à toucher, d’une âme à rencontrer. Le besoin de caresse, de contact et de souffle se fait plus présent dans ce corps qui se meut dans la pièce, lui aussi dérive à la recherche d’un épiderme auquel s’accrocher. Encore un épiderme, un de plus, un visage qui demain lui sera étranger.

Voilà comment profiter de la vie, se perdre soit même et finalement trouver dans son errance un compagnon d’infortune qui le temps d’une nuit, deviendra un excès. Elle est douce la débauche, trop de trop de chose, elle favorise l’éloignement de l’idée de n’être rien, alors profitons se dit le blond dont l’agitation se calme. Enfin il voit et comprend le visage des autres, ceux qu’il ne connait pas ne l’intéresse pas, seuls comptent ceux qui le regardent en connaissant son délire. Un bisou volé à la bouche d’Anko, le même prit des lèvres de Kakashi, une caresse sur la joue de Pain, un baiser ardent arraché sans effort à Temari, et une étreinte ridicule avec Kankurô. Il aime tout le monde, les trois intrus aussi, mais eux, qu’importe, il aimerait un assassin en ce moment. Il s’assoit, et au son de la musique, s’oublie.

La soirée continue, les gestes deviennent plus sûrs, les paroles plus sincères, les rires plus profond et à mesure que les litres de boissons passent, que les pilules s’acceptent ou se refusent, et que ce qui se fume se consume, on danse, on se déshabille. On oublie la pudeur, on oublie l’inconnu, ceux qui, jusqu'à alors n’étaient que des étrangers, deviennent, les acteurs d’une pièce langoureuse. La musique devient une vague qui emporte les sens et laisse se libérer les corps qui peu à peu se livrent.

On s’approche, on se recule, on se méfie, on plonge vers l’inconnu. Sasuke sent sur lui le corps de Naruto qui s’effondre et se relève, laisse le souffle profond caresser son cou, et rêve un instant à plus, mais déjà l’autre se recule et partage avec les autres ce qu’il vient d’offrir.
Anko et Kakashi se laissent aller à des caresses, ils se cherchent, se séparent, se rattrapent, se volent avec une complicité désinvolte, des baisers entre deux paroles de chansons qu’ils se susurrent à l’oreille.
Shikamaru divague et entraîne avec lui, sur le canapé, les pensées de Pain qui le suivent en courant dans les méandres d’une idée qu’il formule à voix haute. Itachi se joint à eux, il n’aime pas danser, et il ne sait pas laisser aller son corps dans le souffle puissant du rythme qui s’éternise, frappe et frappe encore pour ralentir sans prévenir. Alors il écoute, il écoute l’autre parler, se laisse plus aller au son de cette voix à demi éteinte qu’aux paroles qu’il prononce. Bientôt, le sommeil le prend et assis dans un fauteuil, la tête en arrière, il abandonne son corps pour faire voguer son esprit dans le noir.

Sakura appelle à elle le corps de Kankurô, le laisse l’entreprendre, et dessine avec lui les motifs de leur nuit qui s’annonce. Elle fait de chaque geste, la promesse de quelque chose de plus, laisse se cacher sous chaque regard les prémisses de la jouissance qu’elle promet. Et l’autre s’y perd, il vient et se terre dans ses courbes accueillantes qui lui ouvrent des bras langoureux. Il oublie derrière sa sœur et Naruto qui eux aussi se cherchent comme à leur habitude.

Ils font à nouveau semblant de ne pas tout connaître de la silhouette qu’il caresse. Elle, retrace encore d’un doigt ingénu les fins reliefs du torse de l’autre qui fait semblant de s’en émouvoir comme si ce fut la première fois. Combien de fois pourtant, a-t-il senti sur lui se perdre cette main gracile, combien de fois ont-ils fait de leur chevelure blonde une étendue de blé, nimbé d’une rosée moite dans le matin qui se lève. Paysage charnel balayé par le souffle puissant de leurs corps épuisés d’une étreinte fiévreuse. Nul sentiment, l’amitié seulement, et le désir de trouver chez l’autre un moyen de contenter son propre plaisir.

La musique qui continue, son rythme qui s’épuise d’avoir trop duré, les souffles qui pour certains, deviennent longs et apaisés au fur et à mesure que le sommeil vient cueillir les naufragés. Les souffles qui s’animent à d’autres endroits. Deux silhouettes qui quittent l’appartement devenu silencieux et sombre. Des corps qui dans la fraîcheur de la nuit se rapprochent pour se tenir chaud.
La fin d’une soirée qui annonce le début de quelque chose, chaos, illusion ou espoir, qui peut encore le dire.





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