Attention, cette fanfiction de Naruto est catégoriée spoil, c'est à dire qu'elle peut évoquer des passages du manga qui ont été publié au Japon mais pas encore en France. Sa lecture est donc susceptible de vous gacher le plaisir proccuré par le manga. Pour enlever ce message et voir toutes sections Spoil du site, rendez vous dans vos options membres.
Alors que paix et prospérité semblent enfin régner sur le continent ninja. Alors que les frères de l’éclipse semblent promis au plus bel avenir, une terrible menace jusqu’alors oubliée émerge d’entre les ténèbres. Celle-ci ouvrira les portes à l’une des ères les plus sombres et sanguinaires de l’histoire.
Venez, amis, venez…
Je vous invite à découvrir cette génération de ninjas que vous adorez tous, dans le tournant d’une des pages les plus importantes des chroniques ninjas.
hitsu_akimoto (Masculin), le 14/01/2011 Alors, voilà une fic postée depuis bien longtemps sur fanfic.fr, que j'ai enfin décidée de poster sur WON. J'espère qu'elle vous plaira à tous. N'hésitez pas à me faire part de vos impressions, par le biais de mp, commentaires ou autres voies du genre.
Merci à vous tous. Spéciale dédicace à tous les membres du clan des Crazy Laziers, qui sont des personnes géniales, je dois dire.
Chapitre 2: Mémoires d'amertume
Aussi immobiles et insondables que deux statues, les deux amis restèrent là à se fixer plusieurs minutes. A quand remontait leur dernière rencontre ? Shikamaru n’en savait rien, mais la période d’absence du blond avait été plutôt longue cette fois-ci. L’héritier des Nara le considéra quelques minutes, puis, voyant le piteux état que présentait son ami, il se permit un sourire.
Même si à peine quelques mois s’étaient passés depuis son départ, il avait encore changé… Avant sa mission, l’Uzumaki était déjà connu pour posséder un physique déjà extrêmement affuté. Et pourtant, après ce long temps d’absence, Naruto s’était encore étoffé physiquement. Il avait grandi et même si la flamme jaune de Konoha se trouvait juste en face de lui, Shikamaru avait du mal à croire ce que lui montraient ses yeux. En revanche, en ce qui concernait son visage, les changements de Naruto étaient beaucoup moins visibles. Seuls ceux qui connaissaient intimement le shinobi pouvaient s’en rendre compte. La barbe naissante qui ornait ses joues n’était qu’un infime détail. Le changement le plus radical que l’on pouvait observer en lui était le regard qu’il affichait… Pourquoi ? Ce n’était pas spécialement dû à l’aura meurtrière et surpuissante que le jinchuuriki dégageait. Non, c’était autre chose… Malgré le profil de guerrier sans merci que Naruto arborait, un détail perturbait ses proches. L’éclat qui illuminait son regard des années auparavant avait de fait disparu. Pour avoir traversé la même guerre que lui, le brun comprenait cette métamorphose. Pourtant, à chaque fois qu’il croisait à nouveau le jinchuuriki et qu’il l’observait, il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter. Chaque jour… Un petit peu plus… les yeux du concerné semblaient s’enfoncer dans un vide sans fin.
Finalement, après un long moment de silence qui ne semblait pas vraiment déranger les deux hommes, Shikamaru s’approcha de Naruto et l’accola dans une étreinte amicale. Ils se séparèrent et le brun brisa le silence.
- Galère… Tu as encore grandi, dit-il un sourire aux lèvres. Dans quelques temps, tu seras plus grand que moi.
Jugeant les mots inutiles, la flamme jaune ne répondit pas. Celui-ci se contenta d’un simple sourire, qui aux yeux du stratège sonna incroyablement faux. Effectivement, chaque rire…. Chaque sourire qu’affichait Naruto depuis quelques temps sonnait aussi creux qu’une coquille vide. Seuls ses proches qui l’avaient connu sous un autre œil s’en rendaient compte. N’importe quel rire que pouvait présenter Naruto paraissait éteint… Dénué d’émotion et de toute vitalité…
- Alors, tu es enfin revenu de mission ? Demanda Shikamaru mal à l’aise.
- Oui… répondit simplement Naruto.
- Et… tu as déjà rendu ton rapport à l’Hokage ?
- Non… Toujours pas. Je n’étais pas encore prêt aux embrassades de bienvenue, répondit-il monotonement. Après avoir effectué une technique de genjutsu à l’entrée du village pour que l’on ne déclare pas mon arrivée, je suis venu ici.
Voyant l’attitude de son ami, le brun soupira puis le sermonna.
- ……. Tu n’es pas obligé de réagir comme ça, tu sais. Tu comptes beaucoup pour elle !
- Je sais, Shika’. Mais… Laisse tomber… Je me comprends.
- Tu culpabilises encore, hein ? Demanda l’homme au catogan sans vraiment attendre de réponse.
Sachant que son ami le comprenait mieux que personne, Naruto resta silencieux un moment. Il se contenta d’un simple soupir qui signifiait bien plus que des mots. Finalement, il brisa le silence.
- Je n’ai pas envie que l’on ait cette conversation à nouveau mais… C’est… de ma faute. Lâcha-t-il difficilement.
- De ta faute ? Répéta Shikamaru ironiquement. Et pourrais-tu m’expliquer ce qui est de ta faute, précisément ?
Naruto ne le regarda pas, ses yeux fixés sur la stèle qui se trouvait devant eux, mais il avait parfaitement entendu la question. Après un autre silence dont la lourdeur était palpable, il prit sa respiration et lui répondit.
- Tout ! Fit-il dans un ton empreint d’amertume. Toutes ces morts… Sasuke…Sakura… Jiraiya-sensei… Iruka-sensei… Hinata… Kiba… Shino… Asuma… et tous ceux qui sont tombés pour Konoha !
- Pourrais-tu m’expliquer en quoi toutes ces choses sont de ta faute ? Questionna Shikamaru attristé par le sentiment de culpabilité qu’éprouvait son ami à son propre égard.
- C’est de ma faute, répéta Naruto ses cheveux virevoltant au vent glacé qui venait soudainement de faire irruption. De ma faute…
- Mais pourquoi tiens-tu autant à en faire une affaire personnelle ? S’emporta Shikamaru irrité par l’insistance du blond.
- Tu ne comprends pas… cria Naruto à son tour. C’est de ma faute… Tout simplement parce que je suis un jinchuuriki ! Dois-je te l’expliquer à nouveau ?
- Et as-tu demandé à ce que l’on scelle Kyuubi en toi ? Demanda Shikamaru sarcastiquement.
N’ayant aucun argument valide, le blond se tut. Il n’était en aucun cas responsable de ce qu’il s’était passé vingt-ans auparavant, et il le savait. Saisissant le regard de son ami, Shikamaru se rassura. Naruto semblait lui accorder raison. Alors qu’il s’apprêtait à reprendre la parole, la flamme jaune le devança.
- C’est de ma faute, Shika’, et tu le sais.
- Mais bon sang… Pourquoi est-ce que tu…
- Parce qu’ils sont venus pour moi, l’interrompit Naruto le regard empli de remords. Ils sont venus pour moi, Shikamaru.
- Ils sont peut-être venus pour toi mais Konoha….
- Konoha n’a rien à voir là dedans et tu le sais, l’interrompit-il à nouveau. L’organisation de l’Akatsuki ne visait que les démons à queue. Il ne restait que moi et Bee… continua-t-il se replongeant dans ces souvenirs. S’ils m’avaient eu dès le début, personne ne serait mort… S’ils m’avaient eu dès le début, ça aurait…
- Ça aurait été quoi ? Demanda Shikamaru l’interrompant à son tour d’une voix plus forte que d’habitude. Ça aurait été plus facile, c’est ça ? Arrête, je ne veux pas entendre cela venant de toi. Tu es celui qui ne revient jamais sur son nindô, bon sang. L’aurais-tu oublié ?
A ces mots, le blond esquissa un sourire. Shikamaru restait bel et bien le même. Derrière les apparences du jônin d’élite craint à travers les camps ennemis se cachait encore ce même garçon au cœur si idéaliste.
- Ces temps-là sont révolus, Shika’, objecta Naruto. Autrefois, il est vrai que je pensais vivre dans un monde de guerre où nous nous devions de protéger les êtres que nous chérissons. Je pensais que c’était notre rôle, tout comme celui de protéger les prochaines générations et leurs rêves. Mais nous savons, toi comme moi, que les rêves n’existent pas en ce bas-monde. La seule réalité que je connais depuis toutes ces années est la guerre. La guerre et la tuerie. Ce ne sont pas les rêves qui m’accompagnent au quotidien. La seule semblable que je connaisse, c’est la mort.
- Je n’arrive pas à croire que je puisse entendre ça venant de ta part, allégua le manipulateur des ombres. Tu voulais être Hokage… Te rends-tu compte de ce que tu es en train de dire ? S’écria-t-il voyant la grimace qu’avait faite Naruto à l’énonciation du titre de l’ombre du feu.
- Les choses sont ainsi et l’on ne peut pas les changer… répliqua Naruto du même ton sombre. Ce sont mes fautes et je les assume. J’aurais beau me dévouer à la voie du ninja jusqu’à la fin de mes jours, ce ne sera jamais assez suffisant pour expier mes torts.
- Crois-tu vraiment que les autres seraient heureux de t’entendre dire cela s’ils étaient encore de ce monde ? Tous ceux qui ne sont plus parmi nous sont morts pour le village. Ils se sont battus pour le village, se battant contre le mal. Ils ont donné leur vie pour venir à bout d’un tyran qui voulait gouverner le monde.
- Ils ont….
- Tais-toi, l’arrêta à nouveau le brun. Ils sont morts, certes, mais pas spécialement pour toi. Ne viens pas salir leurs mémoires, fit-il d’un ton réprobateur. Tu te rappelles, tout comme moi, du dernier combat de l’équipe 08. Ils ont rendu l’âme en se battant pendant des heures face à Zetsu. Ils savaient que c’était l’un des shinobis les plus dangereux de ce monde et pourtant, ils n’ont pas fait marche-arrière. Souviens-toi, Naruto…. Souviens-toi de la voie qu’ils ont choisie avant la fin… Souviens-toi des dernières paroles d’Hinata quand nous sommes arrivés.
A ces mots, Naruto se replongea dans des souvenirs qu’il aurait préféré oublier. Il savait que son ami avait raison. Il savait…
- « N’abandonne pas, Naruto ! N’abandonne pas… Pour le village… et…le monde ninja… tu dois les vaincre ! Tu dois détruire l’Akatsuki…. Ne change pas et n’abandonne jamais. »
Surpris que son ami ait proféré ces paroles qui avaient gravé son esprit à jamais, Naruto toisa son ami du regard. Le fait d’entendre ces quelques mots l’atteignait plus que tout.
- Ne me regarde pas comme ça, s’exclama Shikamaru. Je m’en souviens aussi… Je m’en souviens car j’étais à côté de toi. C’était ses dernières paroles, non ?
- C’était ses dernières paroles, en effet. Mais je…
Une fois de plus, le shinobi aux longs cheveux l’interrompit. Il ne voulait pas entendre ce qu’allait dire Naruto. Il ne voulait pas connaître cette peine. En tant qu’ami, il voulait l’aider à refermer ses plaies et à partir vers un nouveau destin.
- Naruto, fit-il. Je sais que nous ne sommes pas pareils, toi et moi. Mais nous vivons dans le même monde…. Tu sais, à chaque jour qui passe, j’essaie de faire honneur à Asuma-sensei. Et… je pense que tu devrais en faire autant. Que dirait Jiraiya s’il te voyait ?
- Je ne sais pas, Shika’, répondit Naruto. Je ne peux pas le savoir… Il est mort !
- Il est mort, certes… Mais il vit en toi, répliqua Shikamaru. Il vit à travers ton âme et le chemin que tu arpentes, alors…
- Alors, quoi, Shika’ ? Le coupa Naruto. Jiraiya-sensei ne peut pas avoir honte de moi. Je suis Naruto Uzumaki, la flamme jaune de Konoha. Je me bats tous les jours pour mon village. Pour mon pays. Je grandis chaque jour à travers de nombreuses missions périlleuses.
- Je sais, mais…
- J’ai changé, Shika’, répondit cette fois-ci Naruto d’un ton dur et froid. J’ai arrêté mes gamineries…. Je suis devenu jônin tout comme toi. Je te rappelle que je n’étais qu’un cancre auprès de vous. Je n’avais pas 200 de QI ni d’incroyables aptitudes dans ce genre. Je n’étais pas promis à un tel destin. On ne me l’avait pas permis, à cause de ma condition d’hôte. Alors, arrête, s’il-te-plait. Je comprends ce que tu essayes de faire et je sais que tu ne le fais pas en mal, mais arrête ! Je te considère comme un frère et je ne voudrais pas que cela se finisse mal entre nous. Ce n’est pas la première fois que nous avons cette discussion. Cela suffit, changeons de sujet, tu veux ?
Shikamaru l’avait écouté parler. Aussi, comprenant que cette conversation pouvait dégénérer, il lui répondit d’un hochement de tête affirmatif.
- Si Jiraiya-sensei a quelque chose à me reprocher, il n’a qu’à en revenir de sa tombe pour me le faire savoir, déclara Naruto comme pour mettre un terme à la conversation.
- Je te comprends, Naruto… La seule chose que je tenais à te dire c’est de ne pas vivre par le passé. Il est certain que Jiraiya ou toute autre personne serait fière de ce que tu as fait jusqu’à aujourd’hui. Mais il voudrait certainement que toi aussi, tu sois heureux. Alors… ne vis pas parmi les morts et reste avec nous. La vie n’est pas faite que de missions et de batailles. Alors, je t’en prie, moi aussi… N’abandonne pas et sois heureux. Repense à tous ceux qui t’ont confié leurs rêves, et n’oublie-pas. Un homme ne revient jamais sur sa parole.
Naruto l’écouta et se tut. Il savait que son vieil ami ne lui voulait que du bonheur. Il savait que son vieil ami n’avait pas changé. Aussi, un faible sourire se dessina sur son visage. Chose qui n’arrivait plus depuis longtemps, il s’agissait là d’un vrai sourire. Un sourire que l’on ne voyait plus depuis la grande guerre. Finalement, le blond brisa le silence.
- Je vois que Temari t’a métamorphosé. Alors, c’est ça, l’effet que les femmes ont sur les hommes ? rit-il.
- Galère… Tu n’as pas idée ! Répondit l’héritier des Nara accompagné d’un autre sourire.
(…)
Après ces retrouvailles d’un ton plutôt trempé, Shikamaru avait décidé d’accompagner Naruto jusqu’au bureau de l’Hokage. La cinquième du nom était réputée à travers les contrées pour sa force hors du commun mais aussi pour son tempérament plus explosif que jamais. Aussi, même étant réputé lui-aussi pour ses faits d’arme, Shikamaru savait que son ami pouvait avoir besoin de renforts.
Ils marchèrent parmi les rues du village, tandis que quelques rayons de soleil se permettaient d’éclairer et de baigner le village de leur agréable chaleur. C’était encore le matin. Le silence qui régnait sur Konoha ne s’interrompait que lorsque certains commerçants pointaient le bout de leur nez sur la rue et ouvraient leurs boutiques respectives.
- Alors ? Et comment ça se passe avec Temari ces temps-ci ? Demanda Naruto. Ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu…
- Et bien… C’est toujours la même fille galère, mais ça va.
- Arrête ton numéro, Shika’. Je te connais, tu sais. Tu te donnes cet air détaché, mais je sais que tu en es raide dingue…
- Raide dingue ? Répéta Shikamaru surpris. Il ne faut peut-être pas exagérer, tout de même.
- Et voilà qu’il recommence… fit Naruto comme s’il se parlait à lui-même. Ecoute ! Je ne vois pas pourquoi tu m’accompagnes si c’est pour me raconter de tels bobards…
- Ça va, ça va… grogna Shikamaru. J’arrête ! Effectivement, je suis raide dingue de cette fille. Mais je ne vois pas pourquoi tu tiens absolument à en parler.
- Je ne sais pas, admit le blond. Pour prendre des nouvelles… Ça fait quand même plus de six mois que je suis parti.
- Six mois, répéta le brun songeur. C’est vrai ! Cela fait déjà six mois que tu es parti…. Mais bon sang, quel genre de mission Tsunade te donne-t-elle ? J’ai déjà eu des missions d’un niveau élevé mais jamais elles n’ont duré plus d’un mois…
- Disons qu’elles sont plutôt spéciales, commença Naruto avant de marquer une pause de silence. ………….. Mais tu sais bien que nous ne pouvons pas parler de nos missions.
- Tu as raison, approuva Shikamaru. Excuse-moi, ça m’a échappé.
- Ce n’est pas grave, le rassura Naruto d’une voix calme. Après tout, je ne t’ai rien dit de confidentiel.
Finalement, après un quart d’heure de marche et de discussions en tous genres, les deux shinobis parvinrent à l’édifice. Ils pénétrèrent dans la haute tour rouge du village. Ils gravirent les marches saluant à leur passage les ninjas surpris que les frères de l’éclipse soient à nouveau réunis. Et oui…. C’était ainsi qu’ils avaient été appelés. Ce duo légendaire de shinobis avait crée sa renommée lorsque les ninjas avaient constaté la puissance de leurs combinaisons et avaient vu de leurs propres yeux le lien qui unissait le seigneur des ombres et la flamme jaune de Konoha. Ils arrivèrent à destination. Naruto s’avança, mais Shikamaru l’interrompit. Jugeant plus adéquat d’entrer respectueusement, il toqua à la porte.
- Entrez, répondit une voix autoritaire de femme.
Cette voix, Naruto ne la connaissait que trop bien. Même si le temps avait passé depuis sa dernière visite, la dirigeante du village ne semblait en aucun cas avoir perdu de sa puissance. Preuve en était de la prestance qu’émanait cette voix. A cette pensée, il sourit et se glissa dans le bureau par l’encadrement de la porte que Shikamaru venait d’ouvrir. Trois personnes se trouvaient dans le bureau. La première était l’ancienne sannin, assise derrière son bureau en bois massif. La deuxième qui se trouvait en retrait à sa gauche était son assistante, Shizune. Et la dernière était un ANBU que Naruto reconnut malgré son masque.
- Cela faisait bien longtemps, Tsunade-sama ! S’exclama-t-il avant de s’agenouiller dans un salut respectueux.
La cinquième du nom qui n’avait toujours pas relevé la tête de son bureau sursauta. Même si cette salutation ne correspondait pas à l’enfant agité qu’elle avait connu autrefois, la princesse des limaces avait parfaitement reconnu la voix. Même si elle avait changé, elle pouvait la reconnaitre. Bien que différente, cette voix appartenait indéniablement à celui que la pulpeuse Hokage considérait comme son jeune frère. Mais comment cela était possible ? Aucun message prévenant l’arrivée de l’ancien disciple du sennin n’était parvenu jusqu’à elle. Aussi, la Godaime Hokage releva la tête pour confirmer ses pensées. Elle le vit, à genoux devant elle, fait auquel la quinquagénaire n’arrivait toujours pas à se faire. Naruto avait beau avoir gagné cette habitude depuis son intégration dans les forces spéciales de Konoha, la simple idée que cet enfant indomptable ait pu changer de comportement à un tel point lui semblait toujours aussi irréelle.
- Na… Naruto ? Fit-elle d’un ton ému, comme si celle-ci n’osait croire ce que ses yeux lui montraient.
- Et oui, c’est bien moi… répondit Naruto après s’être relevé. Je viens vous faire mon rapport de mission.
- Comment cela se fait-il que je n’aie pas été avertie de ta présence ? Questionna Tsunade fronçant les sourcils d’un air inquisiteur.
- Et bien… hésita Naruto tout en se grattant la tête.
- C’est de ma faute Hokage-sama, s’exclama Shikamaru prenant la parole pour la première fois.
Alors qu’il se préparait à inventer une excuse pour disculper Naruto de ce qui avait été fait ce matin, il s’interrompit. Le regard sévère de la blonde à la poitrine volumineuse lui indiquait clairement qu’elle se doutait qu’il n’avait rien à voir là dedans. Aussi, jugeant qu’il valait mieux faire profil bas, il se ravisa donc, laissant Tsunade reporter son attention sur le blondin.
- Je t’ai posé une question, Naruto. Prononça l’Hokage calmement, le toisant de ses prunelles d’amande.
Naruto la fixa à son tour, et comprit que l’Hokage n’était pas d’humeur joueuse. Aussi, il défit le minimum de jovialité et de douceur qu’il avait tenu à afficher pour les retrouvailles, reprenant l’aspect froid et dur qu’il arborait la plupart du temps.
- J’allais y répondre, dit-il. Quand je suis arrivé aujourd’hui, je n’ai vu qu’un garde posté en sentinelle à l’entrée. J’ai voulu vérifier si c’était un leurre pour tromper les mercenaires. Après tout, Konoha étant reconnue à ce jour comme l’une des plus fortes puissances militaires, cette défaillance dans le périmètre de sécurité aurait pu avoir une raison d’être. Mais que nenni… Je me suis trompé ! J’ai donc essayé de m’infiltrer dans le village, en effectuant un sort de genjutsu et personne n’a semblé avoir détecté ma présence. Je pense que nous ne devrions pas prendre à la légère les mesures de sécurité du village sous prétexte que nous vivons un temps de paix, poursuivit Naruto d’un ton détaché bien que la remarque fût cinglante. Il serait de bien mauvais augures que les autres villages découvrent des faiblesses qui démentiraient la grandeur du village caché des feuilles, vous ne pensez pas, maître Hokage ?
- Epargne-moi tes sarcasmes, tu veux ! Lui répliqua Tsunade. Quelqu’un dans cette salle pourrait-il m’expliquer la raison pour laquelle il n’y avait qu’une seule sentinelle aujourd’hui ? Demanda-t-elle cette fois-ci à l’adresse de tous les autres shinobis présents.
Sachant la raison qui avait probablement amené cette modification, Shikamaru ouvrit la bouche pour répondre mais il fut devancé par l’Anbu. Celui-ci avait commencé à parler sans même accorder un seul regard aux frères de l’éclipse, chose qui était devenue plutôt rare depuis la notoriété qu’avaient gagnée les deux concernés.
- Kotetsu était le seul à assumer le rôle de garde aujourd’hui car Izumo est parti en mission. Comme vous l’avez ordonné, il fait partie des membres de l’escorte de l’ambassadrice du village caché du sable.
- Je vois… fit Tsunade la mine songeuse. Merci, Jin ! Tu peux disposer…
- Haï, Hokage-sama ! Répondit l’Anbu s’inclinant face à la dirigeante.
Le membre des forces spéciales se releva et se retourna fin prêt à partir. Mais Naruto qui l’avait reconnu, l’interpella.
- Jin ? Ne trouves-tu pas que ce nom correspond plus à un roturier qu’à un ninja issu d’un rang tel que le tien, Neji ?
Surpris, le shinobi masqué s’arrêta. Il se retourna et même s’il était masqué, il fut possible de comprendre que celui-ci fixait le blond. De son côté, le concerné n’éprouvait aucun doute, il semblait plus que sûr de lui-même. D’où tenait-il une telle assurance ? Le ninja n’en savait rien. Voyant que le blond ne fléchissait pas, il se retourna, puis avant de disparaitre dans un nuage de fumée, il lui répondit d’une voix neutre.
- Bien le bonjour à vous aussi, Uzumaki Naruto !
Puis, sans un mot de plus, le ninja joignit les deux mains et disparut dans un nuage de fumée, un sourire caché derrière son masque de chat, ce qui n’échappa pas au regard observateur de la flamme jaune.
- Bien, s’exclama l’Hokage après avoir délaissé l’attention de ses papiers et joignant ses mains sur son bureau. Nous sommes enfin seuls. Alors, ce rapport ?
- Comme vous me l’avez demandé, Tsunade-sama, je me suis infiltré dans le camp des ennemis que vous soupçonniez. Et… vous aviez bel et bien raison ! Cette nouvelle puissance ninjas émerge d’entre les ténèbres et s’accroit de jour en jour…
Voyant qu’il était en trop et qu’il avait encore certaines choses à faire, Shikamaru interrompit le récit de son ami, jugeant préférable de se retirer maintenant qu’au beau milieu du rapport.
- Avec votre permission, je vais vous laisser seuls, Hokage-sama.
- D’accord ! Répondit simplement la blonde. Va, Shikamaru…
Aussitôt dit, aussitôt fait. A peine la cinquième Hokage lui en avait donné l’autorisation que le ninja s’éclipsait. Il ressortit silencieusement du bureau, tandis que Naruto continuait son discours. Quand il ferma la porte derrière lui, il put encore percevoir quelques mots que son ami avait prononcés et qui l’inquiétèrent.
- Il est sur le point de passer à l’action.
(…)
L’après-midi évolua à une vitesse hallucinante. Ayant été interrompu dans la matinée par Naruto, Shikamaru alla au cimetière, se recueillir auprès de la tombe de son défunt maître. Il y passa un court moment puis, après réflexion, il décida d’aller rendre visite à Ino et Chouji qu’il n’avait plus vu depuis quelques jours.
Après la guerre, ceux-ci avaient toujours continué à se voir aussi régulièrement. Mais pourtant, depuis que ses deux anciens coéquipiers s’étaient mis en couple, Shikamaru avait réduit son nombre de visites afin de ne pas perturber leur vie amoureuse. Selon lui, ils lui rendaient visite bien assez souvent. Après tout, un couple avait besoin d’intimité. Un couple… A cette pensée, Shikamaru ne put s’empêcher de sourire face à l’ironie du destin. Qui aurait pu croire qu’un jour, la belle Yamanaka Ino, considérée par beaucoup comme la kunoichi la plus séduisante de tout le village de Konoha, finirait par épouser l’héritier des Akimichi et avoir un enfant de ce dernier, alors qu’elle le critiquait si souvent dans sa jeunesse pour sa gourmandise et son excès de poids ? Personne… Même le Nara n’avait rien vu venir malgré son quotient intellectuel largement au dessus de la moyenne. Et pourtant, quiconque croisait ce couple aujourd’hui ne pouvait se douter qu’il y ait eu ambigüité dans leur relation, par le passé.
La kunoichi avait vécu quelques escapades amoureuses, mais aucunes de ses relations ne pouvaient faire de l’ombre à l’amour qui les conjuguait. Aucune… Pas même celle qu’elle avait eu avec Saï trois ans auparavant. Le maître peintre de la racine avait pourtant subjugué la kunoichi pendant longtemps, mais la relation passagère qu’elle avait développée avec l’artiste eut l’effet contraire à celui escompté. Il n’avait fait que renforcer et accroitre l’amour de la blonde envers le jeune Akimichi. Celle-ci s’était enfin rendu compte des sentiments qu’elle éprouvait à l’égard de son ancien coéquipier. Quelle était la cause de ce déclic ? Shikamaru n’en savait rien. Il n’avait fait qu’assister au changement de la relation de ses deux amis, comme simple spectateur. Pour ce qui concernait l’héritier des Akimichi, son attitude n’avait pas réellement changé. En effet, celui-ci était resté toujours le même, car comme Shikamaru le savait déjà, le shinobi aux cheveux châtains nourrissait déjà depuis fort longtemps une affection particulière à l’égard de la kunoichi. Et pourtant, malgré l’insistance de Shikamaru pour le lui faire avouer, pas une seule fois Chouji n’avait osé s’approcher d’Ino dans cet objectif. Il avait toujours été là pour elle, dans les bons comme dans les mauvais moments. Et pas une seule fois…. Non pas une seule fois, il n’avait cherché à profiter de la belle Ino dans ses moments de faiblesse. Ecoutant et accompagnant les ébats amoureux de la blonde d’une oreille attentive, Chouji ne lui avait jamais confessé ses sentiments. Il ne se contentait que de l’aider, la protéger et la consoler quand cela était nécessaire comme un ami se devait de faire. En réalité, si leur relation avait réellement changée, cela avait été principalement dû á la métamorphose radicale des attitudes d’Ino à l’égard du timide Akimichi. Petit à petit, ils s’étaient rapprochés jusqu’à ce que la Yamanaka ose enfin faire le grand pas…
Qui l’aurait cru ? Qui aurait pu seulement prévoir un tel revirement de situation ? Aujourd’hui, Chouji et Ino filaient le parfait amour. Ceux-ci étaient mariés depuis un peu plus de deux ans et comme un signe du ciel pour combler leur bonheur, ils avaient hérité d’un petit garçon qu’ils nommèrent Toshiro. La relation avait beau durer depuis un certain temps, Shikamaru ne pouvait s’empêcher de la trouver cocasse.
- A quoi penses-tu, Shika’ ? Demanda Ino l’arrachant de ses pensées.
- Moi ? Euh… A… A rien, balbutia le brun.
Régi par son esprit songeur et ses neurones en ébullition, Shikamaru avait failli oublier qu’il se trouvait déjà chez ses anciens coéquipiers. En effet, celui-ci avait atteint la demeure du couple et Ino, qui se trouvait sur le pas de la porte, l’avait invité à entrer, l’informant que Chouji était parti aider son père dans une affaire de clan.
La kunoichi aux yeux océan l’observa quelques instants. Celle-ci avait l’habitude du côté pensif du jeune Nara, et même si des années avaient passé, elle était toujours aussi douée pour déceler un changement dans les prunelles du brun.
- Temari est partie aujourd’hui, n’est-ce pas ? Demanda-t-elle dans un sourire.
- Comment le sais-tu ? Demanda Shikamaru, étonné une fois de plus de la vivacité d’esprit de la sulfureuse blonde.
- Disons… Intuition féminine, lui répondit-elle dans un sourire espiègle.
- Mais comment…
- Toshiro ! L’interrompit Ino, avant de soulever son fils vers le plafond, fatiguée que le bambin s’amuse à tirer ses longs cheveux tandis que les deux amis parlaient.
Amusé, Shikamaru se tut et observa le petit rejeton de ses deux amis. Sa dernière visite ne remontait pas à très longtemps, et pourtant il semblait que le petit Toshiro avait encore grandi.
- Toshiro... Quel âge a-t-il ? Demanda Shikamaru, sans détourner le regard du petit qui riait aux éclats dans les bras de sa mère.
- Dix-huit mois, lui répondit la blonde retenant le petit garçon qui venait d’apercevoir la théière et cherchait désespérément à atteindre l’objet sur la table.
- Bientôt deux ans, observa Shikamaru. Le temps passe vite….
- Le temps passe vite, c’est vrai. concéda Ino toujours sans lâcher prise. Pourtant, ce petit monstre ne change pas… Dès que son père n’est pas là, c’est comme ça. J’ai beau lui donner tous les jouets du monde, il est indomptable. Un vrai petit diable…
- Ah oui, c’est vrai ! S’exclama le brun au catogan. J’allais oublier. Comme j’avais décidé de te rendre visite, je lui ai ramené quelque chose, fit-il avant de sortir un objet de sa poche.
- Oh ! Tu n’aurais pas dû, fit Ino mal à l’aise. Il est déjà bien assez gâté, tu sais…
- Ce n’est rien, lui répondit-il avant de tendre l’objet vers Toshiro.
Selon lui, l’objet n’avait rien d’extraordinaire. Il ne s’agissait que d’une simple statuette qu’il avait taillée de ses propres mains. Celle-ci était en bois massif et représentait un cerf, symbole faisant la fierté de son clan. Pourtant, chose surprenante, dès qu’il eut sorti l’objet de sa poche, l’enfant se calma aussitôt intrigué par ce que lui présentait le membre du conseil militaire. Heureux que le bambin se soit calmé et que l’objet ait un tel impact, Shikamaru glissa sa main dans sa poche.
- Je ne savais pas qu’il allait vraiment aimer, mais comme j’ai l’impression que c’est tombé dans les bonnes grâces du petit, j’ai aussi amené ça, fit l’hériter des Nara avant de ressortir un fil noir de sa poche.
Puis, dévoilant une incroyable habileté et minutie de ses mains, il glissa rapidement le fil dans un petit trou de la statuette avant de la lier par les extrémités.
- Et voilà, son premier collier, fit Shikamaru exhibant fièrement l’objet sous les yeux ébahis de Toshiro, avant de le glisser autour du petit cou de l’enfant.
- Vraiment, tu n’aurais pas dû, répéta Ino gênée d’un tel geste.
- Ce n’est rien, je t’assure, lui répondit Shikamaru.
- Ah, là, là… Toi et Chouji, vous êtes pareils, fit la kunoichi dans un ton mêlant moquerie et bonheur. Quand viendra ton tour, je n’ose imaginer comme tu couveras tes enfants.
- Qu’est-ce que tu veux dire par là ? Demanda Shikamaru.
La blonde ne répondit pas. Elle se contenta de l’observer une minute et un sourire joueur se dessina sur son visage fin aux traits délicats.
(…)
Les évènements qui s’ensuivirent semblèrent s’enrouler dans une spirale où le temps s’écoula à une vitesse démesurée. Shikamaru ne se rendit même pas compte du nombre d’heures qu’il avait passé avec son ancienne coéquipière. Ino, elle en était bien consciente, mais rien ne mit la puce à l’oreille du jeune Nara. Celui-ci était plongé dans une telle distraction causée par le départ de celle qu’il aimait qu’il ne vit même pas Ino préparer le repas de son fils et le faire dîner. Ce fut seulement quand il vit que son filleul allait se coucher qu’il se délesta de son imperméabilité au monde extérieur et qu’il s’aperçut que la nuit était déjà tombée.
- Tu vas le coucher ? Demanda le manipulateur des ombres, confus de son absentéisme.
- Oui, répondit Ino du bas des escaliers qui menaient à l’étage des chambres, il commence à être tard pour lui. Et… Si je ne le fais pas maintenant, ce sera impossible de le coucher quand son père arrivera ! Môssieu Toshiro ne pense qu’à jouer quand il voit son père…
- Je vois… fit Shikamaru souriant à cette remarque. Je vais peut-être y aller, alors. Je ne veux pas te déranger plus longtemps.
- Oh ! Tu n’es pas obligé. Baka, tu ne me déranges pas, le rassura la blonde d’une petite voix, pour ne pas réveiller son fils qui s’était assoupi dans ses bras.
- Non, non… Chouji va bientôt rentrer. Je vais vous laisser seuls. Et puis…. Tu n’as pas encore arrêté à cause du petit, tu devrais te reposer.
Ainsi, après avoir pris congé de sa sœur de cœur, le manipulateur des ombres sortit sans faire de bruit. L’atmosphère extérieure était paisible. C’était une chaude nuit d’été, dont la splendeur n’avait pas d’égal. Les rues du village caché des feuilles étaient éclairées sous une voie lactée dont la variété des lueurs variait au même nombre que celui des milliers d’étoiles scintillantes parsemant la voie lactée. Shikamaru s’arrêta quelques instants sur le pas de la porte de la demeure de ses deux amis pour contempler ce spectacle. Il respira un grand coup, puis tira un objet brillant de sa poche. C’était un briquet métallique qui reflétait la lueur spectrale. Le seigneur des ombres l’examina quelques instants, se remémorant des moments qu’il avait passés en compagnie de l’ancien propriétaire de l’objet, son défunt maître Sarutobi Asuma.
(…)
Après avoir fait son rapport à l’Hokage, Naruto fut dispensé de mission pendant quelques jours. Pourtant ce congé ne lui plaisait point. Le dernier Uzumaki de ce monde ne savait que faire. Il était perdu. Autrefois, il aurait usé de son temps libre pour aller chez Teu’chi prendre un bol de ramens ou encore pour rendre visite à ses amis. Mais aujourd’hui, une visite à la prestigieuse échoppe ne lui disait plus rien. Quant à ces amis, une grande partie d’entre eux avait été décimée. Et les autres… Il n’osait plus leur faire face, se sentant bien trop coupable de la mort de ses anciens amis. Aussi, il décida de se rendre à nouveau à la stèle des morts, n’ayant encore pas pu prier en honneur de leur mémoire.
Il marcha quelques minutes arborant un regard toujours aussi neutre qu’à son habitude. Il se rendit vite compte que de nombreux regards se posaient sur lui, à son passage. Mais parmi la foule, aucun visage ne lui était familier. Naruto avait beau essayer de reconnaitre quelqu’un, il en était incapable. Depuis cette guerre, ce village ne lui semblait plus le même.
Alors qu’il était presque arrivé, quand il parvint au cimetière, une personne retint son attention. C’était une femme agenouillée près d’une tombe. Naruto ne la connaissait pas vraiment, mais il savait de qui il s’agissait. La familiarité de sa chevelure lui avait fait comprendre tout de suite qui elle était. Il l’avait déjà aperçue à un enterrement, mais il n’avait pas osé lui parler. Malgré tout, il ne put poursuivre son chemin cette fois-ci. Il devait aller lui parler et il le savait. Après tout, la femme qui avait donné la vie et léguée cette incroyable chevelure rose à Sakura méritait de connaitre le coéquipier indigne qui n’avait pu protéger sa fille comme il le devait.
- Bonjour, madame Haruno, fit Naruto peinant à prononcer les mots.
L’interpellée se redressa aussitôt, surprise d’être interrompue dans un site sacré comme celui-ci. Elle se retourna et des yeux de la même couleur émeraude que ceux de la défunte fleur de cerisier croisèrent ceux azur du blond, ce qui insinua un terrible sentiment de malaise dans l’âme du jeune Uzumaki.
- Bon… Bonjour ! Répondit la femme, après avoir essuyé ses yeux du coin de sa manche de kimono.
- Je suis désolé de me présenter devant vous paré d’une tenue dans un tel état. Vous…. Vous ne me reconnaissez probablement pas, mais je suis Naruto, l’ancien coéquipier de votre fille.
- Naruto… répéta-t-elle d’une voix basse, comme si le nom lui était inconnu et qu’il pouvait perturber la quiétude de la pierre tombale.
Le jônin avait beau être réputé comme l’un des shinobis les plus craints de son époque, ce chuchotement l’atteint plus que toute chose. Il frémit, et même ses poils se hérissèrent à une telle appellation. Pourtant, il s’efforça de maintenir le regard perçant de la mère de son amie. Il devait lui parler…. Il devait lui dire… De par sa faiblesse, il avait déjà fui une fois, se drapant derrière de périlleuses missions sous son pseudo devoir de shinobi, Et cela, il ne le voulait plus. Il devait agir comme un ninja, agir comme un homme. Son âme n’allait jamais être en paix s’il ne reconnaissait pas ses faiblesses et ses pêchés. Il était temps…
- Je…. Je ne l’ai jamais fait le jour des funérailles de Sakura, fit-il. Je… Je n’étais qu’un misérable faible et je m’en excuse. Je tenais à vous souhaiter toutes mes condoléances, finit-il tentant vainement d’étouffer un sanglot.
A ces mots, la femme aux cheveux roses fixa davantage Naruto, comme si celle-ci cherchait à déchiffrer ce que la flamme jaune de Konoha tentait de dire à travers ses mots. Comme si, malgré la peine qui la rongeait, elle cherchait à comprendre les démons qui hantaient Naruto depuis tant d’années. Aussi, Naruto ne put soutenir ce combat intérieur. Il baissa la tête, puis s’agenouilla devant elle, comme si ce regard émeraude l’avait brûlé au troisième degré.
- Je…. Je…. Je ne suis qu’un misérable… Excusez-moi…
- T’excuser ? Répéta la Haruno d’un ton interrogatif. Et de quoi devrais-je t’excuser ? Fit-elle surprise.
- Je… C’est de ma faute, bégaya-t-il.
- De ta faute ? Répéta-t-elle. Et en quoi est-ce de ta faute ? D’après les rumeurs qui circulent sur toi, tu n’as rien à te reprocher. A ce que j’ai pu comprendre, tu as défendu vaillamment notre village et il y aurait plutôt de quoi être fier. Je ne vois pas pourquoi tu culpabilises de ce qui s’est passé. C’était la guerre.
- Vous… Vous ne comprenez pas… C’est de ma faute… De ma faute… Nous étions en guerre contre l’Akatsuki et Kabuto ! C’était une guerre et les ennemis encore vivants étaient extrêmement puissants. J’aurais dû intervenir… J’aurais dû les affronter dès le début… Mais j’ai été trop naïf…. Une fois de plus, j’ai tenté de raisonner Sasuke, notre ancien coéquipier, pour qu’il cesse cette folie. Mais c’était déjà trop tard. J’ai eu beau vouloir lui faire entendre raison, il n’a pas voulu écouter. Et quand… Quand je lui ai dit que Sakura et moi, étions les seuls avec qui il avait encore de véritables liens… Il m’a rejeté et s’est énervé. Sakura a essayé de le calmer mais il était hors de contrôle…. Ils se tenaient devant moi. J’aurais pu faire quelque chose… J’aurais pu l’arrêter mais je n’ai pas voulu croire ce que mes yeux me montraient. Et alors… il l’a tuée.
- Tu ne peux pas te reprocher quelque chose que tu n’as pas provoqué, fit la Haruno, dans une tentative de l’apaiser.
- Non… C’est… de ma faute… J’avais juré de la protéger… Je l’avais juré… fit-il d’une voix chevrotante, les larmes perlant de ses yeux.
Toujours agenouillé devant la femme et laissant enfin libre court à sa peine, Naruto ne vit pas la femme esquisser un geste et n’eut même pas le temps d’esquiver la baffe.
BAM
Le shinobi n’esquissa aucun geste. Cette sentence lui était amplement méritée. Rien n’allait être jamais assez pour punir ses erreurs. Aussi, Naruto se massa la joue endolorie et fixa la femme qui se trouvait au dessus de lui, prêt à subir la seconde sentence. Pourtant, rien ne vint. La mère de Sakura se contenta de l’observer d’un regard profond. Un regard profond qui compressait une infinie tristesse. Elle daigna avancer son bras à nouveau, mais cette fois-ci, son geste ne traduisait aucune dureté. Délicatement, elle posa sa main sur la chevelure de blé de l’Uzumaki, à la manière d’une mère caressant son fils.
- Naruto… susurra-t-elle. Je ne t’en veux pas…
- Mais… C’est de…
- Ce n’est pas de ta faute, l’interrompit la femme adoptant cette fois-ci un ton plus sévère. N’insulte pas la mémoire de ma fille.
- Mais je….
- Naruto… Tu sais…. fit-elle accrochant une expression songeuse. Je n’étais pas toujours d’accord avec les choix de Sakura, mais une chose est sûre, elle avait décidé de devenir kunoichi de son propre chef. C’était son choix, et en aucun cas le tien…. Tu ne dois pas culpabiliser. De plus, bien que je ne connaisse pas toute votre histoire, je sais que Sakura vous aimait tous les deux... Toi, comme Sasuke... Si elle était encore là pour te voir, jamais elle ne t’accablerait de ce qui s’est passé.
- Je…. Je… bégaya Naruto.
Mais il était incapable de parler. Le blondin avait beau vouloir exprimer de toute son âme sa gratitude envers la mère de Sakura, les mots restaient coincés dans la gorge. Aussi, il se releva fièrement face à la mère de celle qui avait animée son cœur depuis sa plus tendre enfance. Pour la première fois, malgré le fait qu’il surplombait la femme de toute sa hauteur, il la regarda dans les yeux sans honte et sans
peur. Voyant cela, un sourire s’étira sur les joues fatiguées de la mère de la défunte kunoichi.
- Je suppose qu’à la base, tu étais venu rendre visite à ma fille, non ?
- Et bien, je…. Bafouilla Naruto embarrassé. Oui… Mais je ne veux pas vous interrompre.
Guettant la réaction du blondin, le sourire de la Haruno s’élargit d’avantage.
- C’est bien… Je suis heureuse que ma fille ait pu créer des liens avec des personnes telles que toi. Elle devait probablement être très heureuse de t’avoir proche d’elle.
- A vrai dire, il m’est arrivé d’avoir quelques fois des doutes quant aux liens que j’essayais de tisser avec Sakura. Mais une chose est sûre, j’aimais énormément votre fille…
- C’est bien…. C’est bien…. J’imagine donc que tu as beaucoup de choses à lui dire. Je vais vous laisser, dans ce cas, fit-elle avant de poser tapoter l’épaule du shinobi.
- Vous êtes sûre ? Je ne veux pas vous importuner…. précisa le shinobi.
- Ne t’inquiète pas, le rassura la Haruno. J’allais partir, de toute façon… Par contre, je tenais juste à te dire une chose, Naruto…. Comme tu dois t’en douter, j’aimais énormément ma fille et j’apprécie le fait que tu viennes lui rendre visite comme tu le fais… En revanche, je pense que tu dois vivre ta vie et non la gâcher avec ce sentiment de culpabilité qui te tourmente auprès des morts. Vis ta vie, Naruto…. Vis ta vie… Fais-le pour Sakura…
Et elle partit, le laissant là pantois, devant la tombe de la fille qu’il avait aimée depuis son enfance. Celle qu’on nommait la fleur de cerisier…
Le départ de la miséricordieuse femme laissa le cimetière dans un triste silence. Un silence funèbre… Seul le bruit provoqué par le froissement des feuilles virevoltant au vent venait troubler cette atmosphère d’une lourdeur sombre. Après avoir suivi l’éloignement de la Haruno des yeux, Naruto reporta son regard sur la tombe de son ancienne amie et ne fit plus un geste. Il ferma les yeux puis se figea littéralement. Encore et encore… Bien qu’il fût difficile de discerner la notion du temps, la nuit étant tombée, il était clair qu’il était resté un long moment debout, immuable. Sa passivité était telle que l’on aurait pu croire qu’il avait quitté le monde des vivants pour rejoindre ceux déjà enfouis sous terre. Finalement, la flamme jaune ouvrit les yeux. Lentement, il se rapprocha et posa sa main sur la pierre tombale frémissant au contact de sa froideur. Quelques gouttes d’eau tombèrent sur sa main au même moment. Sidéré, le blond releva sa tête vers le ciel. Une autre goutte lui tomba alors sur le front…. Puis deux… Puis cinq…. Le spectacle se prolongea encore jusqu’à ce que le shinobi se tienne seul sous une pluie torrentielle. C’était une sensation bien étrange car la pluie n’était pas incommodante. Non, bien au contraire. Le contraste entre la chaleur ambiante de cette nuit d’été et les fraiches perles qui s’égouttaient du ciel était une agréable sensation.
- Sakura…. exhala le shinobi. Sakura… Pardonne-moi…
Aucune parole ne vint, pourtant, comme s’il s’agissait d’une réponse divine, la pluie s’intensifia. Naruto, lui, ne s’abrita pas. Il écarta les bras dans le but d’accroitre son contact avec les trombes d’eau.
- Pardonne-moi… proféra-t-il à nouveau gré au vent. J’ai toujours été faible et je le suis encore… Tu m’as quitté et je n’arrive pas à être heureux… Je suis seul, plus misérable que jamais… Pourquoi m’as-tu quitté ? Pourquoi ?
Des larmes coulèrent alors des ses yeux et se joignirent dans toute leur superbe de pureté au liquide qui s’écoulait sur sa face.