Fiction: Un Secret

La vie d'un Uchiwa est aussi remplie de mystère que ses songes. Sasuke rêve, se souvient, et poursuit sa vie... Personnages OOC et Yaoi.
Classé: -12D | Romance | Mots: 41564 | Comments: 22 | Favs: 14
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kuroekai (Féminin), le 01/02/2011
La fin est proche....



Chapitre 8: Sacrifice



Sacrifice.

Maudit soit à jamais le rêveur inutile
Qui voulut le premier, dans sa stupidité,
S'éprenant d'un problème insoluble et stérile,
Aux choses de l'amour mêler l'honnêteté !*

Voilà trois semaines, maintenant, que la rumeur à notre propos se répand, encore fragile, mais non moins fourbe dans sa manière insidieuse de se développer. C’est devenu une blague, un « imagine » qu’on se jette à la figure pour frémir en riant sur le prochain Hokage que tu seras, une sorte de présage qui pourrait se produire, ou pour certain, quelque chose de méprisable et vrai qu’il faut tout de suite combattre. Sont-ils donc tous si versatiles ? Capables un jour de t’aimer et te respecter comme un dieu, et le lendemain te taxer de démon. Il est rassurant néanmoins, de constater que nos amis ne semblent pas en faire cas, qu’ils se comportent avec nous avec autant de chaleur qu’avant, et que leurs regards ne semblent pas dégoutés.

Mais tous ces autres qui nous entourent et alimentent notre paranoïa, ont-ils seulement conscience qu’ils détruisent lentement ce qui faisait notre joie depuis des mois ? Nous restons loin l’un de l’autre le plus possible, dans la rue, devant les autres et même chez nous, désormais pétris de peur en sachant que notre merveilleux Eden peut être à tout instant profané, pou nous mener à notre perte. Je suis bel et bien jaloux maintenant, de tous ces gens dont le bonheur est si facile car il est vécu au grand jour, alors que leurs yeux inquisiteurs forcent le notre à s’étouffer dans l’obscurité. Ils essayent, mais ne peuvent pas tout briser, ne peuvent mettre à terre nos moments particuliers, couchés l’un contre l’autre à ne faire que parler d’un monde qu’il leur est étranger et dont nous avons les clés. Notre temple se rétréci et nous force à nous rapprocher d’avantage. Derrière les murs lumineux de notre chambre, loin de ceux qui voudraient nous voir tomber, nous restons soudés et confiants, conscients de l’inflexibilité de nos sentiments l’un envers l’autre, frôlant presque la résignation consentante de nous en savoir prisonniers. Parler devient un moyen de nous toucher avec des mots, une évasion magnifique dans des pensées optimistes et radieuses où nous pourrions vivre nos deux vies sans nous soucier de l’avis étriqué de quelques fous.

Le ciel semble compatissant à notre cause perdue, et comme notre histoire que la jalousie d’une amie est en passe de faire basculer du bonheur aux tourments, il se teinte de gris, rugis plus souvent qu’auparavant, et nous renvoi un vent qui nous glacera dans quelques mois. Les arbres se déshabillent lentement de leur feuillage d’été, prennent des couleurs chaudes ou tapissent le sol de leurs habits colorés, comme pour nous offrir un rideau somptueux sous lequel nous cacher plus encore du regard des autres. Voilà encore une chose que l’on ne peut nous prendre, nos heures de contemplation de cette nature qui bouge, assis simplement tous les deux sur les berges du lac dont l’eau scintille sous les rayons du soleil, ou projette comme un miroir le jeu tumultueux de ses reflets lorsque le vent devient trop fort. Nous ne craignons rien dans pareil moment, car les autres ne peuvent comprendre ce qui nous attache tous deux à ce paysage qui doit leur sembler commun.

Pour nous, ce lac est un souvenir. La vision en sépia d’un garçon blond qui le contemple de haut, alors qu’en bas de lui, assis sur le ponton, un marmot tout de jais se perd lui aussi dans le spectacle qu’il offre. C’est un moyen que nous avons trouvé, pour rapprocher enfin ces deux enfants qui semblaient se fuir, mais finalement, que tout devait un jour amener à partager quelque chose de plus grand. C’est un havre de paix ou le murmure est celui du vent qui chante dans la végétation, et les solistes, les créatures qui l’habitent. Quand nous repartons souvent, la nostalgie nous étreint et nous marchons d’un pas lent vers notre demeure, pour qu’à notre retour, nous consommions dans une parfaite harmonie, le fruit de nos destins entrelacés.

Voilà trois semaines aussi, que notre accusatrice ne s’est pas montrée. Elle se terre quelque pars, tapie dans la noirceur de son cœur que je croyais transparent de pureté, mais que l’orgueil, la jalousie et la haine d’un amour qu’on refuse ont souillé de cruauté. Elle se cache en nous maudissant sûrement de nous aimer l’un l’autre sans qu’elle ait sa place dans une histoire qui lui échappe. Elle ne peut que voir et qu’effleurer, quelques chose qu’elle aimerait vivre et qu’elle voudrait comprendre, mais que sa quête incessante de mon cœur que je lui refuse l’empêche d’entreprendre avec un autre que moi. J’ai pitié d’elle, je la hais, je l’excuse ou la condamne, je la vois chaque fois différente au fil de mon état mais plus encore du tiens et ne peux me résoudre cependant à la blâmer complètement ou à tout lui excuser. Elle est à la fois la victime d’un sentiment d’ordinaire sincère et honorable, et coupable d’avoir failli mettre à terre le rêve de ta vie. Ce rêve que depuis, je m’obstine à te faire épouser à nouveau pour que tu retrouves l’intégralité de ta personne. Il est le seul être immatériel à qui je consens céder ma place à tes yeux, il est le seul avec qui je cohabite depuis des années sans avoir jamais voulu lui être supérieur. Ce rêve est à la fois une partie de toi, et un ami qui marche à tes côté et t’a toujours soutenu, et je ne peux te voir sans qu’il m’apparaisse lui aussi, te nimbant un peu plus d’une beauté presque insolente de perfection.

Je te pousse chaque jour à t’éloigner de moi et de notre paradis pour aller le rejoindre, ce mirage d’un futur tout à fait réel qui sera bientôt le tiens. Chaque jour, tu en sais d’avantage et tes mots m’éblouissent comme ne le faisait autrefois que ton visage solaire que j’aime encore trop aujourd’hui. Tu deviens sage, tu deviens grand, tu deviens enfin ce que le destin avait prédis de toi il y a bien des années, le bel enfant de la prophétie, l’enfant par qui le monde a changé et grâce à qui il continuera d’évoluer. C’est un cadeau partagé entre toi et le monde, un merveilleux conte où tu lui dédit ta vie car il t’en donne la force. Tu entreras bientôt dans ta 25ème année, et te voilà au sommet d’un monde qui te contemple et t’admire, te voilà plus beau que tu ne pourrais l’être, porté par cette sagesse qui grandit en toi, et adoucis par l’affection que tu me portes et qui donne à tes yeux une teinte d’un bleu si profond que le ciel en est jaloux.


Nous avons cru et espérer depuis tout ce temps de façon silencieuse, que nous irions au bout de nos vies en vivant le roman que nos cœurs écrivaient à l’unisson, mais nous n’avions pas envisagé contre nous la folie de ceux qui voulaient nous blesser. Nous avons attendu fébrile que la rumeur cesse, qu’elle meurt comme elle été née, dans une voix étouffée à l’abri des regards, et que pour nous il ne reste d’elle qu’un spectre nostalgique dont le souvenir nous rapprocherais dans les moments où nous nous sentirions nous-mêmes dériver l’un de l’autre. La voilà pourtant trop tenace, comme un virus mortel capable d’évoluer pour persister, elle prend d’autres formes pour nous atteindre avec violence et jeter à terre nos projets d’avenir. Nous les voyons s’égarer, s’éloigner peu à peu en nous suppliant de les reprendre, ces pauvres rêves qui finiront par faner sans nous avoir près d’eux pour les arroser de notre amour débordant. Il y a encore tant de chose pourtant, que nous aurions pu faire, tant de sentiments que nous partageons et que nous savons immuables, trop de preuves d’un amour éblouissant qui coule dans nos veines et permet à nos corps de poursuivre leur vie. Il y a encore tellement de beauté que nous pourrions offrir au regard discret et protecteur de cette lune devenue au fil des années, notre complice la plus proche.

Nos pensées ne sont pas noires, nous ne sommes pas pessimistes, seulement tristement conscient de ce que sera notre fin. Nous devrons bientôt nous séparer. Tu trouveras un autre endroit où vivre, je partirais en mission selon tes ordres et tu devras agir comme un véritable chef devant moi, sans te soucier du danger auquel me mèneront tes décisions car ce sera pour le bien du village. Au bout du compte, nous aurons parfois la chance de nous apercevoir, d’échanger lors de nuit qui deviendront les plus belles de nos tristes vies solitaires, des moments et des caresses qui feront revivre pour un temps la passion qui nous habite et qui se nourrit de nous. Nous nous quitteront le matin, tristement heureux d’avoir fait renaître ses souvenirs que l’envie de paix s’efforcerait à balayer, mais que nos âmes soudées l’une à l’autre ne pourraient voir disparaître.

Déjà, nous ne sommes plus les mêmes, nous nous cachons ensemble dans un bosquet fleuri dont notre esprit fait l’esquisse, et seront dans nos bras cette idylle que les autres souhaitent nous arracher. Chaque geste nous deviens précieux dans sa promesse de n’être plus jamais partagé, et chaque moment de notre quotidien est une cérémonie d’adieu dont nous ne parlons pas. Cette ronde silencieuse vers notre fin qui arrive s’accompagne de paroles légères sur des sujets insignifiants, car nous nous enchaînons nous même à un accord tacite de ne rien dire sur cette vie à deux qui s’achève. C’est lorsqu’on est sur le point de perdre une chose que toute son importance nous apparaît comme une ultime torture. Je revois tout nos moments de joies et nos instants de peine, je nous vois rire ensemble à gorge déployée, laissant perler aux coins de nos iris si différentes, des larmes pourtant jumelles. Je revois nos étreintes comme des témoignages magnifiques de notre liberté et de notre attachement, je revois nos larmes l’un pour l’autre, je revois nos silence, et je revois enfin tout ce que nous avons construit sur nos cœurs que nous pensions en miette.

Je te regarde pour voir si tu comprends tout ce que moi j’entrevois dans cette rumeur qui nous accuse. Toi aussi tu as conscience de quelques chose, mais je crois plutôt que c’est la conviction de me savoir perturbé qui force ton comportement à évoluer, un rattrape maladroit pour me montrer que peu importe les bruits qui courent, et courent encore, tu ne me laisseras pas derrière toi. Toutes ces convictions qui sont les miennes, ces doutes, ces peurs face à une issue que je sais inévitable, tu les occultes sûrement de tes belles pensées. Tu n’es pas de nature à envisager un problème avant qu’il te regarde dans les yeux, tu préfères l’attendre et t’y préparer patiemment. Et je crois que lorsque c’est de ce « nous » dont il s’agit, tu te forces encore plus à ignorer les signaux d’alarmes que le destin nous lance, trop utopiste que tu es dans ta manière de nous aimer, moi et ce monde. Je préfère te laisser ainsi, comme un enfant à qui on cache ce qui déchire les plus grands que lui, je préfère puiser dans tes sourires incandescents de quoi réchauffer mon être, et je préfère sûrement te laisser croire que tout sera encore merveilleux pour nous dans ton avenir grandiose. Tu es un si merveilleux naïf, beau soleil de ma vie. Si merveilleux.

Je suis à la porte de l’appartement du Nara, le ciel est voilé, comme si de sa couleur il voulait me montrer les perspectives de ma vie où ce « nous » n’existerait plus. Je frappe sur le lourd panneau de bois à trois reprise et attends dans le froid que le penseur vienne m’ouvrir. Il se fait attendre mais ouvre finalement pour me laisser aller me réchauffer près de l’âtre. Comme le temps est étrange cette année. Il nous a plongé d’un coup dans un automne sombre et pluvieux, au sortir d’un été ardant et ensoleillé. Shikamaru s’approche de moi avec un thé fumant qui respire le jasmin, et prend place en face de moi en me posant divers question sur notre quotidien et sur ta préparation. Nous n’avons que peu parlé lui et moi depuis l’entretien que nous avons partagé avec toi et Kakashi.

- Alors raconte-moi depuis le début cette histoire de mariage avec Temari… La dernière fois que nous en avons parlé, vous n’étiez pas en très bon termes tous les deux.

Il sourit devant ma remarque, se remémorant sûrement le triste état dans lequel il était le fameux soir où il s’était épanché sur moi de toute sa peine.

-Disons simplement, que lorsqu’elle est arrivée avec Naruto, on a parlé de nous, de ce qui nous avait poussé à rompre la première fois, et puis… Enfin voilà, aujourd’hui tout va bien, et j’ai décidé de me passer moi-même la corde au cou…

-Comment vous allez faire avec la distance ? Elle va s’installer ici ?

-Oui. En fait lorsqu’elle est venue la dernière dois c’était pour proposer de mettre en place des Ambassadeurs à Suna et Konoha, pour montrer la fraternité qui existe entre nos deux nations. Le conseil a accepté.

-Et Temari sera l’Ambassadrice de Suna ici…

Il hoche la tête par l’affirmative, et je m’allume une cigarette avant de continuer.

-Et qui sera l’Ambassadeur de Konoha ?

-Rien n’est encore décidé, ils ont quelques propositions et étudient les candidatures. Ils devraient statuer d’ici la fin du mois.

On frappe à la porte, et Shikamaru arrête là son explication pour aller accueillir son nouvel invité. A ma grande surprise, je vois entrer dans la pièce à la suite de mon ami, mon cher sensei qui se gratte la tête visiblement tourmenté par quelques soucis. En me voyant il vient me serrer la main vivement et puis, s’assied lourdement sur le canapé.

-Je devais justement passer chez toi après Sasuke. Tu m’évites cette peine, me dit –il en acceptant le thé que le Nara lui tend. Merci.

-De quoi s’agit-il ?

-La situation devient de plus en plus délicate.

-Sakura ? demande le Nara en se rasseyant.

-Elle continue de dire des choses, des choses affreuses. J’ai essayé de lui parler, de lui dire que c’est tout un village que sa jalousie pouvait ébranler, mais elle ne semble rien entendre.

-Quel genre de choses ? Dis-je les mâchoires serrées.

-Que Naruto va t’imposer comme une sorte d’Hokage bis, que vous comptez déclencher une guerre avec Oto, ou encore que tu as pervertis Naruto aux vices d’Orochimaru.

Je souffle de rage en entendant cela, furibond devant tant d’inepties honteuse sorties de la bouche d’une prétendue amie.

-La situation est grave Sasuke, reprend Kakashi. Certains jounins ont de plus en plus de doutes sur la prise de fonction de Naruto, ils doutent de ses engagements, les autres le défendent et cela crée des conflits au sein des shinobis du village. Mais c’est la Racine qui m’inquiète le plus. Cela fait des années qu’ils tentent de prendre la tête du pays du feu, et j’ai peur qu’ils profitent de ce scandale pour placer l’un de leur prétendant au poste qui doit revenir à Naruto. Si ils y parviennent, la guerre éclatera, tu peux en être sûr, nous pourrions perdre certaines alliances à cause de la rancune que cette section inspire à certains villages cachés, et même Suna pourrait abandonner son projet d’Ambassade. Votre petite guerre avec Sakura est en train de nous conduire à une crise que Konoha n’a pas vécu depuis des années. La paix est fragile mais elle existe, alors fais quelques chose pour qu’elle arrête de répandre toutes ces histoires s’il te plait.

Je me lève, cette fois-ci, hors de mes gongs et arpente la pièce de long en large, attendant de me calmer si je ne veux pas conspuer mon maître qui lui est innocent de la rancune qui m’assaille.

-J’ai essayé Kakashi. Je lui ai parlé, et j’ai cru qu’elle avait compris, mais non ! Qu’est-ce que je peux faire d’autre ? Me marier avec elle ? C’est hors de question ! La tuer ? L’envie ne m’en manque pas mais je ne pense pas que ce soit la meilleure solution…

-Tu pourrais lui faire un résumé de la situation qu’elle est en train de créer, propose Shikamaru toujours calme. Jalouse ou pas, cruelle ou pas, elle ne risquera pas la sécurité de son village pour cette histoire.

Nous tombons d’accord sur cette proposition et puis continuons à évoquer ensemble comment nous devrions tous trois agir dans les prochains jours. Une idée me traverse, mais je n’en fais pas part aux autres et les quittent finalement un peu tard dans la soirée, après avoir trinqué au bonheur futur du manipulateur d’ombre qui semble enfin un peu perturbé. Je rentre chez nous, pour retrouver notre harmonie que nous dissimulons plus qu’avant, la rendant presque fausse, mais qui en pénétrant dans notre chambre, devient sincère et ravissante comme une chorégraphie poétique. Ce soir encore, nous allons jeter aux yeux de l’obscurité l’union de nos corps que personne ne verra jamais, mais qui semble malgré tout régir désormais l’avenir de tout un village.

Il est tard lorsque j’ouvre les yeux le lendemain, tu es déjà parti à la tour pour une journée de plus aux côtés de Tsunade dans cette période interminable de passation des pouvoirs que j’aimerais voir s’arrêter aujourd’hui. On peut contester un prétendant, mais renverser un Hokage sur un motif tel que celui qui nous bouleverse aujourd’hui est une chose impossible. Je passe cette journée à réfléchir au meilleur moyen d’entreprendre une conversation avec la demoiselle rose, source de nos malheurs, mais rien ne vient. Il me semble que plus jamais, je ne pourrais lui parler comme la presque sœur qu’elle fût à mes yeux depuis mon retour. Elle, si douce, patiente, compréhensive et attentive envers les autres ne pense aujourd’hui qu’à sa propre infortune et s’épanche avec cruauté en répandant sur nous des rumeurs infondées qui bascule le village dans des abîmes qu’il n’avait pas connu depuis longtemps. L’amour peut-il vraiment créer en nous de tels monstres d’égoïsme ? Je l’ignore, mais me confronter au sien me fait bien plus frémir que de faire face à un ennemi inconnu, car j’ignore encore comment le mettre à terre, et je ne sais même si je le dois. Devrais-je décider, comme le ferais un dieu, si je dois lui prendre son sentiment moteur parce qu’il fait mal aux autres et que ces autres sont nous ? Je réfléchis, je ne fais que ça sans oser l’approcher, me convaincant maladroitement qu’y penser est déjà une forme de solution à entrevoir.

Un fracas assourdissement vient me tirer de ma rêverie clandestine et je marche vers sa source en me demandant qui en est à l’origine. Tu as presque sortis la porte de son axe en l’ouvrant, et je te retrouve debout, jetant ta veste avec rage contre le mur sur lequel elle s’écrase lamentablement avant de retomber au sol dans un fin bruissement de tissus. Tu te laisses tomber sur le canapé et sors une cigarette du paquet que tu as posé sur la table. Tu tire dessus comme si c’était là ton oxygène et je vois des yeux orangé, reprendre un peu de leur couleur naturelle tout en restant encore trop à mon goût baignés d’une rage folle que je ne t’avais pas vu depuis notre discussion avec Kakashi et Shikamaru. Je n’ose te poser de question, et je reste là, quelques mètres derrière toi, debout, craintif comme un enfant voyant son parent en colère, épris de l’envie folle de te serrer contre moi sans avoir le courage de t’approcher pour être témoin de ton état. Je finis par m’avancer lentement, comme un chat, comme si le moindre bruit de pas pouvait faire surgir le monstre qui sommeil en ton sein depuis que tu es né et qui aujourd’hui doit se gorger de ta haine pour prendre ton contrôle. Qui a donc osé transformer ton visage à ce point ? Qui t’a rendu aujourd’hui aussi pétri d’un sentiment que tu fuis habituellement ? Qui est ce monstre ?

Je m’assois sur le fauteuil en face du canapé sur lequel tu reposes, et attends sans rien dire que tu partages avec moi ce qui te tourmente à ce point. Nous avons juré de tout nous dire, alors ne reste pas silencieux, que mon épaule soit le roc sur lequel tu te laisseras choir aujourd’hui, et que mes bras te sois un recoin sombre où laisser s’épancher ta rancœur.

-Qu’est-ce qui s’est passé ? Dis-je enfin fébrilement pour ne pas te faire enrager contre moi.

Tu ne dis rien, ne me regardes pas, et continues de tirer de la fumée sur ta cigarette qui se consume plus vite qu’à l’ordinaire. Enfin je te voix inspirer un grand trait d’air pur avant de commencer un récit que je devine déjà déplaisant à mes oreilles.

-Ces enfoirés de la Racine m’ont convoqué pour me dire qu’il serait plus raisonnable que j’abandonne le titre de Rokudaime, pour le conseil, pour Tsunade, pour tout le monde quoi. Ils m’ont dit que si je voulais conserver mon poste, je devais quitter l’enceinte du clan Uchiwa, et cesser le plus possible d’avoir des contacts avec toi pour ne pas alimenter les bruits qui courent.

Je reste pantois devant ta réponse, définitivement, et irrémédiablement abîmé par la noirceur des autres, que la retranscription de cet entretien vient de mettre au jour. Jamais, je pense, je n’aurais cru capable autant de vice dans un village si merveilleux qui a nourrit mon enfance et dans lequel j’ai grandi. Je connaissais déjà les fourberies de la Racine pour en avoir été victime comme le fut ma famille, mais la traitrise des miens avait presque justifié leurs infamies, et je tentais depuis des années d’oublier ma rancune envers cette infime partie de ma ville natale. Il semblerait qu’ils n’aient pas changé, hélas, toujours aussi prompt à distiller leur méfaits sans se préoccuper de leurs impacts sur ceux qui les entourent.

-Qu’as-tu répondu ?

Tu relèves la tête et me regarde étonné et presque surpris par ma question.

-A ton avis ? Je leur ai dit d’aller se faire foutre, c’est tout !

-Et leur réponse ?

Ma voix est calme, presque froide et lointaine, la tienne est dure, pleine de colère que tu ne cherches même pas à réprimer et devant laquelle même moi je tremble d’effroi.

-Ils m’ont dit que c’est une affaire qui se règlerait devant le conseil du village, et qu’ils me feraient entendre raison.

Une boule douloureuse se forge au creux de mon estomac noué et enserre ma gorge à m’en étouffer. Je te regarde te lever sans rien ajouter, te laisse tourner dans la pièce sans dire mot et réfléchi dans mon coin alors qu’une décision que je savais irrémédiable prend soudain pleinement vie dans mon esprit, sans que cette fois ma lâcheté ne puisse la rejeter. Je me lève, précipitamment, et part chercher dans la chambre ma veste avant de te quitter sans une explication pour m’enfoncer dans cette nuit noir et fraîche qui commence à tomber. Mes membres avancent tous seuls et font de moi un automate résigné qui se dirige enfin vers quelques solutions extrêmes qu’il refusait jusqu’ici d’admettre complètement. Deux entretiens m’attendent ce soir, deux entretiens de quelques minutes sans doute, qui décideront de ma vie et de la tienne.

Je me dirige d’abord vers la tour de la cinquième chez qui je suis reçu rapidement et avec chaleur. La discussion est courte, claire, précise, ses objections sont abattues par ma ferme résolution et bientôt elle plie devant mon exposé qu’il lui fait comprendre la gravité de mon choix. Je la quitte après seulement dix minutes d’entretiens, la laissant à des réflexions que je ne lui envie pas, pour me diriger de suite, vers mon prochain rendez-vous.
Je me retrouve vite, trop peut être, et sans avoir vraiment réfléchi au bien fondé de mes convictions, devant la demeure d’une « amie » que je ne pensais plus revoir. Elle ouvre la porte et s’apprête déjà à la refermer en m’apercevant mais je ne lui en laisse guère le loisir, et pousse de tout mon poids le panneau de bois pour atterrir dans son petit salon. Je ne lui laisse pas non plus le temps de parler, et commence un exposer des faits qu’elle n’interrompt pas, se contentant de pleurer devant la réalité de ses actes et leurs répercutions. Je luis fais part de ma décision, et la quitte ainsi, plonger dans la culpabilité et le chagrin qu’elle mérite pour nous avoir brisé tout les deux.

Je repars chez nous, anéanti par ma propre détermination, convaincu que c’est peut être la dernière fois que « chez nous » veut dire ici, ensemble, pour toi et moi. Me détesteras-tu quand tu sauras ce que j’ai accepté pour toi ? Que diras-tu devant mes choix ? Seront-ils pour toi des marques évidentes de mon égoïste générosité, ou comprendras-tu là le sacrifice magnifique d’un cœur pour celui qui le fait battre ? Je ne veux pas savoir je crois ce que tu en penseras, je le fais pour toi et cela me suffit. Je t’ai trop de fois regardé tout abandonner en mon nom sans jamais t’avoir rendu un peu de ses années que tu as perdu. Prends ceci pour un cadeau d’adieu que je te fais, disons nous au revoir sans regret, et vit enfin ce rêve que tu revendiques depuis toujours.

Je continuerais à te regarder avec la même tendresse et autant de joie que si je vivais ces instants à tes côtés, illuminé par la certitude que tu vis comme tu l’entends et que tu es pleinement heureux. Voilà ce qu’est l’amour Naruto : être capable de donner sa vie pour l’autre, et savoir reconnaître qu’il faut parfois le quitter pour qu’il atteigne le bonheur.

*Extrait de « Femmes Damnées », Charles Baudelaire.






Et bien, à votre avis, que compte faire notre brun ?



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