Fiction: Un Secret

La vie d'un Uchiwa est aussi remplie de mystère que ses songes. Sasuke rêve, se souvient, et poursuit sa vie... Personnages OOC et Yaoi.
Classé: -12D | Romance | Mots: 41564 | Comments: 22 | Favs: 14
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kuroekai (Féminin), le 29/01/2011
Le style est surement bien moins poétique que celui que vous me prêtez d'ordinaire, mais l'intrigue a parfois besoin d'un pas en avant.

En espérant tout de même ne pas vous décevoir, je vous souhaite une bonne lecture.




Chapitre 7: Réalité



Réalité.

Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.
Il brûle tout, hommes et choses,
Dans sa placide cruauté.

Il met le désir effronté
Sur les jeunes lèvres décloses ;
Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.*


C’est transis tous deux par cette nouvelle magnifique, et conscients de l’importance que notre quotidien tranquille nous offrait que nous avons passé le printemps. Nous nous sommes séparés car je partais en mission, toi, on te formait à ta tâche et tu me quittais quelques fois. Lorsque je revenais, bercé par la mélodie des moments qui m’attendait je n’étais que rarement déçu, je te trouvais souvent, au jardin à t’émerveiller devant les fleurs et les bourgeons que tu me montrais du doigt, en me parlant de tout ce que tu avais appris, de tout ce qui te faisait peur dans ta futur tâche et en écoutant avec avidité mes compliments ou mes tentatives pour te rassurer. Je crois que jamais encore nous n’avions parlé aussi ouvertement l’un et l’autre, et cette confiance mutuelle qui naissait entre nous était un mastique solide à la construction de quelque chose de plus vrai.

Notre parenthèse enchantée se prolongea tout l’été, réchauffé par sa chaleur et sa lumière incandescente, sublimé par cet élan de vie magnifique qui assaille la vie paisible d’un village sous les cris des enfants qui jouent ensemble dans les rues. Je t’ai vu d’ailleurs, contempler ces marmots joyeux avec des yeux d’abord pétillants et ensuite teintés de regret. C’est là quelque chose que je ne pourrai jamais t’offrir, le bonheur de donner à un enfant tout l’amour qu’un parent peut transmettre, et dont tu as cruellement manqué. Mais sitôt cette pensée parvenue à mon esprit, tu te retournais vers moi en me disant : « j’aurais vraiment aimé qu’on joue ensemble quand on était petit », et je te souriais à mon tour. Tes regrets portaient une fois de plus mon nom, et je me fustigeais de n’y avoir même jamais songé. Cet après-midi-là, nous jouions toi et moi comme les enfants que nous étions il y a maintenant longtemps, et je te regardais ému par la joie que tu éprouvais en partageant ce moment avec moi. Pour quelques heures, nous profitions de l’enfance que nous n’avions pas eue, et revivions un peu tard ce qui aurait du être nos plus belles années.

Aurions-nous autant ri si nous avions su qu’un orage viendrait foudroyer notre plein bonheur ? J’aime à penser que oui, alors que devant moi, Kakashi et Shikamaru sont assis sans oser parler, et que tu restes sans réaction, les mains jointes devant ton visage impassible. Ils viennent de nous dire que Sakura nous avais vu, qu’elle avait tout compris et qu’elle était folle de rage, mais toi et moi savons que ce n’est pas la rancune de notre partenaire qui a poussé ces deux sages à venir nous voir, il y a bien plus, nous le sentons.

Je sais quand c’est arrivé. Je me souviens de cette soirée limpide, de cette chaleur lourde et étouffante qui m’avait épuisé toute la journée. Nous étions couchés nus, l’un contre l’autre sur le parquet frais, nous parlions sans détour de nos rêves et de nos envies. Nous refaisions ensemble le monde, le modelant à notre image, pour qu’il nous appartienne et devienne notre royaume. Un monde dans lequel il n’y aurait que nous, où nous ferions gloire à notre histoire, un monde doux, beau, et rempli de promesses. Du moins, c’est le monde que j’avais en tête sans te le dire,car je préférais me laisser par ta voix rêveuse et lointaine, dans laquelle se dessinait ton sourire que je ne pouvais voir. C’était une soirée merveilleuse, comme toutes celles que nous avons partagé depuis ton retour, une soirée ordinaire mais splendide car nous étions deux. Ce soir-là, tu t’étais endormi sur moi, alors que gêné par la chaleur, je me contentais de fixer le plafond en caressant tes cheveux humides, jusqu’à ce qu’enfin le sommeil daigne me terrasser. Ta peau me semblait presque fraîche, et je réalisais soudain qu’elle serait toujours ce dont j’avais besoin, chaude lorsque j’ai froid, fraîche lorsque l’étouffante température de ces mois d’été me torture, tantôt fruitée quand je te veux sensible, tantôt musquée quand je te désire fougueux. Magnifique caméléon que tu es, et moi décor mouvant sur lequel tu te calles. Son odeur, et sa fraicheur, me berçait lentement, me faisant oublier la moiteur insupportable de notre salon étouffé, et plus qu’à ceux de Morphée, c’est à tes bras que je m’abandonnais. Et puis, insidieuse et fourbe, une présence m’était apparue. Je suis peut-être trop sensible lorsqu’il s’agit de toi, mais je reste un Uchiwa malgré tout, descendant d’une des plus grandes familles de ninjas, et donc dur à tromper. Je me redressais lentement, en prenant bien garde de ne pas te réveiller, sans réaliser que tu l’étais déjà. Après tout, c’est toi le futur Hokage, que dirait les villageois s’ils savaient qu’on peut te surprendre à tout moment dans ton sommeil. Je te faisais signe de rester couché, et allais vérifier par moi-même qui était l’intrus, mais il n’y avait personne. L’intrus était donc une intruse, une demoiselle trop curieuse, venue nous rendre visite.

-Ca pourrait vraiment être un problème Naruto !

La voix grave de Kakashi me sort de mes pensées, et je fixe à nouveau mon attention sur la conversation.

-Pourquoi un problème ? Réponds-tu d’une voix lointaine et détachée. Elle va s’en remettre, je ne l’ai jamais menacée d’un scandale parce qu’elle était amoureuse de Sasuke.

-Elle ne t’en a jamais donné les moyens Naruto, intervient le Nara jusqu’ici silencieux.

Shikamaru, derrière son inquiétude sincère et sa préoccupation, irradie d’un bonheur que je ne lui avais pas vu depuis bien longtemps, et même si je suis sensible au présent débat, je ne peux m’empêcher d’essayer d’en déterminer l’origine.

-Les moyens ?

-Oh Naruto je t’en prie ! s’exclame notre sensei que l’inquiétude rend impatient. Tu es le futur Hokage de Konoha, que dirait le conseil s’il apprenait que tu entretiens une liaison avec l’un de tes camarades ?

-Qui plus est, un ancien Nukenin réhabilité dans tous ses droits depuis seulement deux ans, sans vouloir te vexer Sasuke, rajoute Shikamaru.

Je hoche la tête pour lui montrer mon indifférence quant à sa remarque.

-Tu pourrais perdre toute crédibilité auprès du conseil, des shinobis, et même du village entier… Je n’avais jamais vu Sakura comme ça Naruto. Elle est venue me voir en pleurant et m’a tout raconté, sans se préoccuper de savoir si j’étais au courant ou non. Elle risque de le faire avec des personnes bien moins compréhensibles que moi. La rumeur se répand déjà, mais pour l’instant, on pense simplement qu’elle a inventé cette histoire par jalousie.

Kakashi s’arrête, et je te vois serrer la mâchoire derrière tes doigts entremêlés devant ton visage en apparence calme, mais qui s’embrase devant la rage qui étincelle dans tes yeux bleus.

-Ecoute Naruto, reprend le brun posément. Ce que vous partagez toi et Sasuke

-C’est contre nature, dégueulasse, honteux, t’égosilles-tu en te levant d’un bond. C’est ça que tu veux dire Shika ?

-Pas à moi Naruto, réplique-t-il sur le même ton. Ca fait des années que je le sais, et je n’ai jamais pensé ça, alors ne te venge pas sur moi pour la connerie des autres.

Tu tournes comme un lion en cage dans notre salon, blessé, furieux. Je ne sais pas ce qui t’énerve le plus, Sakura, l’incompréhension des autres, ou peut-être même la vérité insupportable dans les propos de nos amis.

-Mais attends Shikamaru, si vous, vous vous en êtes aperçus, tu ne crois pas qu’elle aussi ?

-Sasuke, me répond le Nara. Elle t’aime depuis des années, elle voit ce qu’elle veut voir, et je pense que ça ne lui viendrai même pas à l’esprit.

-Naruto… Calme-toi, dis-je calmement alors que tu passes devant moi.

Je te force à t’asseoir à nouveau, et attends comme les autres que tu retrouves ton calme. Je n’aime pas te voir ainsi, pétri de haine envers les autres, toi habituellement si enclin à ne donner que de l’amour. Tu es si beau quand tu souris, quand tes yeux pétillent, quand des fossettes viennent imprimer tes joues délicates, alors ne laisse pas ton visage se déformer sous la colère. Tes traits sont trop durs et trop plissés pour que leur beauté apparaisse. Tu prends ton visage dans tes mains, souffle quelques instants, puis relèves la tête et restes quelques minutes à regarder le mur sur ta droite en frottant ton menton de tes doigts fins et en haussant les yeux pour les froncer à nouveaux.

-Je me suis battu toute ma vie pour qu’on m’accepte, pour que les gens voient autre chose en moi qu’un démon destructeur assoiffé de sang. Ca ne m’a jamais dérangé, je comprenais ce que les autres pouvaient ressentir, je ne leur en voulais pas d’avoir peur de moi.

Ta voix est calme, posée, à l’opposé de ton visage torturé.

-Mais… Mais aujourd’hui… Malgré tous mes efforts, et après tout ce que j’ai sacrifié pour ce village, je devrais en plus avoir honte, me cacher, et m’excuser pour ce que je ressens ? Putain, Kakashi, expliquez-moi quel mal on fait aux autres? Demandes-tu les larmes aux yeux.

Nous restons tous muets de te voir si ému, et si indifférent au fait de nous le laisser constater. Ta voix, brisée, s’élève à nouveau.

-Je n’ai jamais connu mes parents, je n’ai jamais su ce qu’était une famille, mais je l’acceptais. Aujourd’hui j’ai quelqu’un que je veux protéger plus que les autres, quelqu’un à qui je tiens réellement, pour la première fois de ma vie, j’ai une famille, et je devrais encore la sacrifier pour un village qui ne m’accepte pas ? J’ai toujours pensé qu’être Hokage, c’était aimer tous ses villageois, les chérir et les protéger comme ses propres enfants, ou les membres de sa famille, sans se préoccuper de leur différence. A priori j’avais tort… C’était le rêve de ma vie, mais je préfère y renoncer si c’est pour encourager de mettre à l’écart ceux que l’on juge différents…

Le silence accueille avec lourdeur ta dernière déclaration, et puis tu te lèves pour aller t’isoler dans une autre pièce de la maison, seul avec ta déception et ta tristesse, me laissant sous le choc de cette déclaration sans faux semblant que tu viens de faire devant témoin alors que tu ne me l’avais même jamais murmuré. Mes entrailles sont nouées, quand je repense à tes mots, quand je réalise que j’incarne la famille dont tu parles, quand je comprends que celui que tu veux protéger, c’est moi. Elles se nouent encore plus, lorsque je comprends qu’entre moi et ton rêve, c’est moi que tu choisis en te sacrifiant. Je ne peux supporter ta résignation, je ne peux me faire à l’idée que je suis cause de ton absence de combativité devant ce rêve que tu foules au pied, alors qu’il fait parti de ta vie depuis plus longtemps que moi. Ne fais pas cela mon Amour, ne me rends pas responsable d’un regret qui ternira à jamais nos deux vies. Tu ne pourras plus vivre si tu te sacrifies ainsi, et je ne pourrais supporter de te voir sombrer dans une mélancolie dont je ne pourrais te faire sortir. Nous finirions par nous haïr, et détruirions ce pour quoi tu auras tout abandonné, il ne te resterait pour moi, qu’une amer rancune, qui nous briserait petit à petit.

Cette fois ce n’est pas par égoïsme que je pense ainsi. Je ne peux simplement pas supporter de t’imaginer perdre les deux choses qui te tiennent le plus à cœur, pour arriver aigri à la fin de ta vie, vide de toute joie et de tout souvenir heureux, trop taris par des années de rancœur et de regrets acides.

-Peut-être que tu devrais parler à Sakura, me lance Shikamaru, dont la voix me refait prendre pied dans l’instant. Peut-être qu’elle comprendrait si elle savait ce que vous ressentez…

Je hoche la tête silencieusement à cette sage suggestion. Ils se lèvent tous les deux, sur le départ, Kakashi, le visage assombri par la crainte, et le Nara, inquiet, mais toujours lumineux pour une raison qui m’est étrangère. Je les accompagne à la porte en silence, nous nous serrons la main et je demande à Shikamaru de rester, car sa joie réchauffera peut-être ma journée tragique. Mon cher maître s’éloigne la mine sombre, le dos presque vouté par le poids de la peine qu’il a vue dans les yeux de son plus brillant et intrépide élève qu’il en vient à considérer comme un fils.

-Je ne le laisserai pas se sacrifier, Kakashi-sensei… Dis-je simplement, d’une voix haute et claire, pour qu’elle lui parvienne comme une promesse.

Il stoppe sa marche et se tourne vers moi pour m’observer quelques instants, avant de me lancer un sourire débordant de confiance et de reconnaissance mêlées. Il sait sûrement, que tu passes avant ma propre vie, et que ce ne sont pas là des paroles en l’air que je formule pour le plaisir de la forme. Il sait aussi et surtout, que je suis face aux autres un étranger par rapport à celui qui veille jalousement ton visage merveilleux, et que par conséquent, je suis prêt à me donner entier lorsque cela te concerne. Il repart, et j’espère qu’il est moins soucieux lorsqu’il disparaît à l’angle du dojo, me laissant seul avec le Nara cachotier.

-Alors, qu’est-ce qui te rend si heureux Shika ?

-Comme si je pouvais être heureux dans un moment pareil…

-S’il te plaît, ne me prends pas pour un con.

-C’est peut-être pas le meilleur moment pour le dire, ce serait indécent.

-Ne te fais pas prier… Je ne vois pas en quoi m’annoncer une bonne nouvelle serait indécent.

Il me lance des regards hésitants, et je vois qu’il se questionne encore sur ce qu’il doit dire ou non.

-Temari et moi… On va se marier…

Je reste stupéfait quelques instants, lui, semble gêné et regretter déjà son merveilleux aveu. Et puis, j’éclate d’un rire sincère en me jetant dans ses bras, moi-même choqué par mon comportement. Mais pourrais-je réagir autrement devant l’annonce du bonheur futur d’un tel ami ? Je ne crois pas, et je me fiche totalement de briser devant lui mon impassibilité affichée, que mes déboires d’autrefois ont de toute façon déjà bien émaillé. Nous rions ensemble, je le félicite à voix haute, et j’ai l’impression d’avoir dans mes bras, un frère complice avec qui je peux tout partager. Nous avons traversé lui et moi, les joies et les peines de nos vies respectives, et son bonheur aujourd’hui m’émeut autant que le mien. Voila ce qu’est l’amitié, cette impression de félicité que l’on ressent en soit lorsqu’un ami nous faire part de sa fortune alors qu’elle nous est étrangère. Nous nous séparons sur un sourire entendu et une poignée de main franche et sincère, galvanisés tout les deux par ce moment de pure amitié.

Je rentre dans le dojo à ta recherche et te retrouve assis sur notre lit avec le regard dans le vide. Cette image de toi que tu me laisses souvent contempler, cette pose lascive de rêveur insouciant, me laisse là une curieuse sensation de malaise que je ne peux contenir, alors que d’ordinaire, elle ravie tout mon être par sa silencieuse poésie. Je m’assieds à tes côtés, lentement, déformant de mon poids le matelas sur lequel tu es toi-même assis. Cette secousse te force à te tourner vers moi, et tu me regardes avec un sourire triste et plein de déception.

-Ne les déteste pas pour ça… Dis-je devant l’éclat de tes yeux qui me fait frissonner.

-Je t’ai perdu pendant trois ans, j’ai encore failli te perdre il n’y a pas longtemps… Je ne te perdrais plus, pas pour ce village en tout cas.

-Arrête ça, dis-je d’une voix forte en me relevant d’un bond. Je ne t’ai pas demandé de choisir entre moi et le village. Je refuse que tu le fasses.

-C’est ma décision, tu n’as pas à t’en mêler, me réponds tu catégorique.

-Si justement ! Moi aussi j’aime ce village malgré les apparences, et je sais tout le bien que tu pourrais lui faire. Mais bordel Naruto, tu as réussi à faire en sorte que tout le monde reconnaisse ton existence, tu leur a prouvé ta force, ton courage, tu es devenu le meilleur shinobi que Konoha ait connu, alors arrête de faire comme si ça n’avait pas d’importance. Tu dois devenir Hokage ! C’est toi qui feras évoluer ce village ! Il a besoin de ta jeunesse, de ta vitalité, de tes idées, de ton optimisme, mais aussi de ta conscience des choses… Laisse… Laisse les autres voir ce que moi je vois… Laisse leur cette chance.

Tu me regardes les yeux ébahis, choqués semble-t-il par ma réaction. C’est vrai, avec toi je suis toujours doux, tendre, effacé presque, trop esclave de tes attentions et trop craintif de te perdre en te montrant mon caractère explosif. Mais ne nous sommes nous pas promis silencieusement de tout nous montrer à présent ? Et puis-je décemment te laisser tout quitter pour moi, alors que je ne l’ai jamais fait pour toi ? Tu as déjà trop souffert en mon nom, cette perte de trois années dont tu viens de parler, était en fait un abandon injuste. J’ai jugé plus important que toi mon désir de vengeance sans me soucier de savoir ce que tu allais ressentir, sans même me préoccuper de mes actes sur ta vie.
Mon retour fut identique. Tu m’obsédais, et sans même faire cas de tes sentiments, je suis revenu, je t’ai poussé à m’accepter dans ton lit, en plus d’incarner ta responsabilité. Je n’ai pas songé à ta position délicate, lorsqu’on t’a confié ma surveillance et que je te harcelais en tentant de faire de mon corps ton addiction, je ne pensais pas non plus à ta souffrance devant les sentiments de Sakura à mon égard, je ne pensais qu’à moi. Alors, cesse de te sacrifier encore pour moi. Ma main vient caresser ta joue d’une douceur que je ne trouve que chez toi. Je laisse mes doigts parcourir encore une fois tes fines cicatrices et vient poser mes lèvres avides sur ton front envoûtant. Je te souris, un sourire que je veux tendre, et rassurant, et finalement, me recule d’un pas.

-On en reparlera ce soir… Je dois aller parler à Sakura. Qui sait, ça la fera peut-être changer d’avis…

Tu hoches la tête en signe de compréhension mais n’ajoute rien et je sors déjà nauséeux devant l’entretien qui m’attend. Ma marche lente et silencieuse dans les rues baignées de la lumière caractéristique des soirs d’été s’accompagne malgré moi, de réflexions sur notre avenir incertain. J’observe avec une pointe de jalousie les villageois que je croise, si insouciants dans la normalité de leurs relations, et qui n’ont pas comme nous, à craindre de voir révéler quelque chose qui leur est si cher. Comment le bonheur qui est le notre peut-il paraître si honteux aux yeux de certains ? Tu l’as dit, quel mal faisons-nous ? Je ne pense pas que nous soyons coupables de nous aimer, je ne pense pas devoir me considérer comme une personne méprisable pour avoir fait de toi le partenaire de mon existence, et plus que tout, je ne pense pas que notre relation soit une histoire que l’on doit répandre en murmures indignés. Me voilà devant l’appartement de celle qui semble vouloir faire notre malheur par sa tristesse que je ne comprends pourtant que trop bien. Comment lui en vouloir, d’éprouver pour nous de l’aversion et du mépris ? Pour moi surtout, celui qu’elle aime depuis bien trop d’années, et qui ne lui a jamais donné motif d’espérer, sauf un baiser sur lequel je l’ai abandonné pour te poursuivre.

Je toque à la porte et attends quelques instant. Elle ouvre, les yeux furibonds et accusateurs en me reconnaissant, mais feint un sourire hypocrite qui fait voler en éclat toute la compassion que j’éprouvais à l’instant. Elle m’invite à entrer, son regard maintenant taché de dégoût, et me propose naturellement un thé en me désignant un fauteuil pour m’assoir. Je m’exécute, elle me parle de banalités, me fait des sourires, des œillades, sans jamais rien réveler de ce qu’elle a aperçu cette nuit-là. Nous parlons ainsi encore quelques minutes, tous les deux emmurés et tenaces dans notre résolution à attendre que l’autre craque. Je sens pourtant qu’elle n’avouera rien si je ne lui pose pas directement la question.

-… et donc je pars en mission avec cette truie d’Ino et Lee dans une semaine, pour

-Pourquoi tu as dit à tout le monde que tu nous avais vu faire l’amour Naruto et moi ? Dis-je de bute en blanc, en la coupant net.

Elle reste interdite devant ma question si soudaine et je vois à ses pupilles qui trottent de droite à gauche rapidement, qu’elle ne s’était pas préparée à un choc frontal comme celui-ci. Le silence dure, et dure encore, et puis je la vois s’affermir, puiser au fond d’elle sûrement, un discours qu’elle avait préparé à l’avance, alors qu’elle boit une gorgée de thé pour s’éclaircir la voix.

-Tu vas me dire que ce n’est pas vrai ? Me demande-t-elle d’une voix sèche, sûre, et pleine de reproches.

-Ce n’est pas ce que je t’ai demandé, et ce n’est pas exactement la vérité non plus.

-Et c’est quoi la vérité alors Sasuke ? Oui, je l’ai dit, parce que j’étais déçue et dégoutée de vous. Vous baisiez comme des animaux, vous faites comme si de rien n’était devant tout le monde, et le pire c’est que les autres vous acclament, parce que vous êtes « les deux grands shinobis de Konoha », les prodiges… Vous êtes… ignobles, et je vo

-J’aime Naruto…

Encore une fois, mon intervention produit un choc pour elle, presque autant que son discours l’a été pour moi. Elle que je croyais notre amie, elle qui parait si douce et gentille, elle que je connais depuis tant d’années, et qui me déçois pour la première fois vient de me jeter au visage des mots que je ne pensais jamais entendre.

-Quoi ? me demande-t-elle, dans un rire acerbe qui me donne envie de la gifler.

-Ca fera bientôt cinq ans que nous avons une relation, je l’aime, lui aussi. Tu dis qu’on baise comme des animaux, je te dirais que nous faisons l’amour. On vit sous le même toit, on dort dans la même chambre, on a nos moments de joies, nos moments durs, comme dans toutes les relations. Et comme toute relation, elle n’appartient qu’à nous… Alors arrête de faire courir toutes ces rumeurs, tu ne sais pas ce que tu pourrais briser avec ça.

Je me lève pour partir, fier, d’être resté calme et résolu malgré la déception qui m’étreint. Il est toujours dur de s’être trompé sur un proche.

-NON ! me hurle-t-elle soudain pleine de rage. Moi je t’aime depuis plus longtemps, je suis seule, je t’attends depuis des années, lui il n’a jamais rien fait pour tout ça. Il a tout, il va devenir Hokage, tout le monde l’aime, l’admire, le respecte, et toi tu l’aimes alors que moi tu ne m’as jamais aimée. Je veux qu’il souffre autant que j’ai souffert, et toi aussi je veux que tu souffres !

Je me retourne, vers elle, la laissant se heurter à mes yeux devenus méprisants et glacials face à tant d’égoïsme, alors qu’au fond de moi, je ne peux m’empêcher d’éprouver encore de la compassion et du chagrin pour elle.

-Sakura… Je suis désolé, de ne pas t’avoir aimé comme tu l’as fait, tu le méritais. Mais, on ne choisit pas de qui on tombe amoureux, on le sait, voilà tout. Naruto mérite tout ce qui lui arrive, il s’est trop battu pour cela, il y a passé sa vie entière, et même si je suis coupable de ton état, je ne te laisserais pas lui faire du mal, et je suis sûr qu’au fond de toi, tu sais que c’est la personne qui a le plus droit au bonheur. Alors ne fais pas ça…

-Mais c’est moi qui t’aime le plus ! Me crie-t-elle les yeux embrumés par des larmes enragées. Et si tu n’es pas à moi, alors je ne veux pas que tu sois à lui non plus, c’est trop injuste que vous soyez heureux tous les deux !

J’attends qu’elle se calme, et qu’elle ravale ses sanglots, pour me fusiller d’un regard pathétique qui me force à la prendre en pitié. C’est peut-être ce qu’elle veut, mais mon amour pour toi est plus fort, et savoir qu’elle pourrait te faire du mal, me force à la haïr de tout mon être.

-Ce n’est pas de l’amour Sakura… Dis-je calmement, avec une espèce de sourire affectueux que je ne peux réprimer malgré mes efforts. C’est de la jalousie.

Elle me regarde surprise, par ma déclaration ou mon expression en cet instant je ne saurais le dire.

-L’amour véritable, c’est pouvoir se sacrifier pour l’autre, et accepter qu’il puisse être plus heureux sans toi… Je te souhaite de trouver quelqu’un avec qui partager ça un jour, moi, c’est ce que je vis depuis presque cinq ans avec Naruto, et peu importe ce que tu feras, je ne cesserai jamais de le faire passer avant les autres, et avant moi.

Je la laisse sur cette phrase, après un dernier regard à son visage défiguré à jamais pour moi, par tant de haine qu’elle peut éprouver pour deux personnes qu’elle disait aimer. Je ne peux supporter l’entendre dire que tu ne mérites pas ton bonheur. Combien de fois l’as-tu sauvé de la mort ? Tu as voué une partie de ta vie à me rechercher pour tenir une promesse que tu lui avais faite, alors comment peut-elle être si égoïste ? Elle aurait sûrement préféré apprendre que ce qu’elle avait vu n’était qu’une ponctuelle union bestiale de chair, mais la confronter à la réalité de nos sentiments l’un pour l’autre m’a semblé essentiel. Comme me l’a dit mon cher sage fainéant, peut être aurait-elle compris, peut être est-elle en train de comprendre, car je ne la pense pas insensible devant la perspective de détruire la vie des deux êtres qui ont partagé la sienne depuis tant d’années.

Me voilà bientôt rendu à noter sanctuaire sacré, à notre nid, notre foyer. Lorsque je pénètre dans notre salon, il est encore illuminé ça et là des derniers vestiges que le soleil nous donnera aujourd’hui. Je vais à notre chambre, tu dors déjà, allongé presque nu dans notre lit, recouvert d’un drap qui caresse ton corps et duquel je suis presque jaloux. Plus encore que n’importe quelle nuit, j’ai envie ce soir de t’avoir contre moi, simplement sentir ta peau contre la mienne, et me chauffer sur l’âtre de ton corps lumineux. Je me déshabille et m’allonge lentement, ne voulant pas te réveiller, et te sortir de tes rêves que je veux grandioses. Je me glisse sous ce drap, et vient me coller à toi. Et puis, tu t’agites, te retournes, et finalement, m’enserres de tes bras d’une douce puissance dans lesquels j’aimerais mourir lorsque mon heure sera venu. Tu n’étais donc pas vraiment endormi, tu étais simplement assoupi en attendant mon retour. Comment peut-on, peut-elle, plutôt, te juger indigne de mon amour ?

Nous nous endormons ainsi, serrés l’un contre l’autre, conscient, peut être, que bientôt ces moments seront de lointains souvenirs.


*Extrait de « L’Eté » de Théodore de Banville.




Dites moi tout....

PS: Ma pauvre HyeSun, je te sors des chapitres de plus en plus long, espérons sans trop de fautes, j'ai relu plusieurs fois, mais je ne promets rien.




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