Fiction: Un Secret

La vie d'un Uchiwa est aussi remplie de mystère que ses songes. Sasuke rêve, se souvient, et poursuit sa vie... Personnages OOC et Yaoi.
Classé: -12D | Romance | Mots: 41564 | Comments: 22 | Favs: 14
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kuroekai (Féminin), le 24/01/2011
Il semblerait que beaucoup se soit lassé des péripéties de mon Uchiwa romantique, mais pour ceux que trop d’épanchements larmoyants n'auront pas fait fuir, voilà quand même le sixième chapitre.



Chapitre 6: Zénith



Zénith.

J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant
Et de baiser sur cette bouche la naissance
De la voix qui m'est chère ?

J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués
En étreignant ton ombre
A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
Au contour de ton corps, peut-être.(1)


Je suis allongé sur ce parquet chaud, sentant sur moi posés, tes yeux contemplatifs. Si l’on m’avait dit il y a encore une semaine, que pareil moment pouvait m’être offert, j’aurais sûrement rit avec amertume et regret. Mais aujourd’hui rien n’est pareil. Cette douleur, ce poids, cette souffrance et cette envie de mourir m’ont quittés, ont fondu comme neige au soleil devant ton aura éclatante, me laissant léger et transi par un bonheur jusqu’alors inconnu.
Chaque soir de cette semaine passée ensemble fut un échange de plus de nos vœux éternels. Chaque journée passée loin des autres, loin de tout et loin même, de la réalité, fut une parenthèse enchantée. Shikamaru, est bien-sûr venu nous voir, me trouver, s’assurer que je n’étais pas parti ou que je n’étais pas mort peut-être. Il nous a trouvé, ici, tous les deux débordants d’une force inexplicable, tous les deux rayonnants d’une lumière nouvelle, tous les deux, et c’est maintenant ainsi que je résume notre vie. Deux. Un chiffre sans grande valeur et sans âme, le simple dénombrement de personnes côte à côte, une donnée, un élément de calcul, un mot, mais qui en nous identifiant, nous, si beaux, devient une exception, un miracle, une merveille. C’est cela que nous ignorions jusqu’alors, que le simple fait d’être ensemble pouvait donner aux choses une autre dimension, une autre valeur, une autre couleur et un autre goût. C’est cela aujourd’hui que nous avons compris.

Nos sentiments l’un pour l’autre n’ont pas changé, ils ont toujours été, sans doute, aussi forts et tenaces, mais c’est notre acceptation de les savoirs « être » qui nous les faits voir autrement. Une semaine, où ce « nous » est devenu chaque jour ce que nous avions de plus cher, une semaine pendant laquelle l’autre est devenu plus important que le soi, une semaine, où respirer n’est devenu qu’un effet de mime en nous observant tous deux. Une semaine.

Aujourd’hui, le temps est à la pluie, mais nous n’en avons que faire. Pas de mission, pas de visite, un moment privilégié de plus où nous sommes seuls au monde. Je me chauffe au feu ardant de notre cheminée, celle matérielle de cette maison, et celle plus brûlante encore que nos sentiments ont créé. Nous ne parlons pas, il n’y a pas besoin de mot pour ce que nous partageons, un instant de béatitude arraché à notre quotidien de guerre. Nous n’avons plus parlé d’ailleurs de ton départ et de mon chagrin, nous avons laissé ces peines s’effacer dans un passé proche que nous occultons, laissé à l’abandon ces sentiments si noirs qui ont contribué à forger des pensées aujourd’hui rayonnantes. Nous ne pensons pas à demain, nous vivons dans l’instant, nous vivons des instants. Nous nous laissons bercer par nos désirs mêlés, nous abreuvons des plaisirs que chaque moment nous offre, et oublions bien vite qu’elle est notre vie.
Nous n’y pensons pas, mais nous le savons, la parenthèse prendra fin avec le retour des beaux jours, nous redeviendrons shinobis, nous redeviendrons camarades, et nous cacherons à nouveau ce que nous sommes l’un pour l’autre à ces autres qui ne comprendraient pas. Pourtant, il faudrait être fou ou terriblement jaloux pour nous dire indigne de nous prétendre amoureux, pour ne pas voir ce que nous voyons l’un de l’autre.

Je le devine aujourd’hui dans les regards que tu m’adresses, que je suis pour toi le même trésor que tu es à mes yeux. Dans tes iris scintillants dans lesquels je me reflète, je me sens puissant, indestructible, beau, précieux et en un mot, vivant comme je n’eus jamais l’impression de l’être. Je vois mon âme comme elle t’apparaît, fragile, gracieuse, parfois dure mais non moins importante. A travers tes yeux bleus, dans le son de ta voix, par la caresse de tes mains, je deviens un être que je ne soupçonnais pas, et je laisse derrière moi tout ce que je fus jusqu’alors. Je m’abandonne, et bien plus que lorsque tu es partis, te laisse revendiquer chaque parcelle de mon être, faire tiens tout ce qui est moi, et ne conserve de ma vie que ce qui t’est dédié car le reste n’est que chimère.

Mais voilà que tu te lèves et que tu avances vers moi. Tu me parles d’un message que tu as reçu, d’une mission pour laquelle on te demande, d’un motif tant craint qui nous fera nous quitter et que je ne voulais pas voir arriver. Suis-je donc si transparent ? Tu as vu sans doute cette lueur dans mes yeux, et c’est pour cela que tu lances ta main chaude à la conquête de mon visage qui s’est déjà rendu. Cette caresse m’est infinie et je ferme les yeux à son contact, je t’entends sourire et vois ton souffle s’approcher, alors que deux lèvres magnifiques s’apprêtent à épouser mon front pour mieux affoler ma bouche. Enfin elles se posent, trompeuses maîtresses de mes sens qui s’agitent, alors qu’elles me font languir un baiser que j’attends, et qu’elles tardent à me donner. Tendre bourreau que tu es quand je ne suis pas le tiens, insolent distillateur de ce plaisir qui m’étreint et dans lequel je ne tarderai pas à me perdre si tu continue ton manège incessant. Tu ignores donc que l’esclave se rebelle quand le maître est trop prompt à le torturer. Je me redresse et je saisi enfin ce visage porteur des lèvres douces qui m’obsèdent, laissant ensuite au hasard qui nous guide, la chorégraphie raffinée de nos langues qui se gouttent.

Ton visage s’écarte, tu t’apprêtes à parler, mais reste là sans rien dire. Je sais à quoi tu penses, je sais ce qui t’agite. Tu ne veux pas partir sans être certain que je ne te soupçonne pas de m’abandonner à nouveau, tu ne veux pas retrouver notre histoire piétinée encore une fois, tout cela je le vois dans tes yeux. Ces yeux justement, qui avant notre nuit d’allégresse m’étaient un monde étranger, me parlent aujourd’hui plus que tes lèvres rosées dont le contact me tue. Ne frémis pas devant mon visage blanc, comprends donc par mon regard, comme je le fais avec le tien, tout ce que je ne te dis pas. Sois rassuré par leur lueur d’affection dont tu es l’objet, et n’ai pas peur de partir car je sais que tu me reviendras. Je recevrai bientôt moi-même un ordre de mission. Notre parenthèse était belle, et j’aurais voulu oublier ce que nous étions, mais la réalité ne peut pas rester éternellement au seuil de notre porte, et je trouve important que nous nous y confrontions ensemble.
Laisse-nous la chance de nous prouver à nous même que ces deux vies si dissociables que nous menons peuvent coexister, qu’elles peuvent toutes deux fleurir avec autant de beauté, et qu’être amants ne nous condamne pas à être piètres shinobis. Laisse-nous nous quitter pour mieux nous retrouver. Ce torrent de désir dans lequel nous naviguons ne se tarira pas aussi vite, trop alimenté qu’il est par le flot violent de nos sentiments, alors n’ais crainte, pars et retrouve-moi bientôt.
Le sort est devenu un bien étrange complice à notre union cachée, et à la fois, un farouche détracteur. Je n’aurais pas cru pouvoir partager cette mission avec toi, mais nous voilà l’un l’autre côté à côte, marchant vers notre foyer après ce dur labeur.
Le billet de l’Hokage m’est parvenu peu de temps après le tiens, et nous l’avons lu ensemble pour en comprendre les implications pour nous. Le lendemain, nous étions partis. Nous n’étions pas seul, hélas, comme si souvent depuis notre nuit enchantée, et nous n’étions pas non plus entourés d’inconnus. Nos camarades de missions étaient ceux qui avait un jour formé l’équipe 7, notre Sensei, Sakura, et ce Sai, que tout le monde s’accorde à considérer comme mon sosie. Il m’eut été habituellement plus difficile de lui faire face à lui plutôt qu’aux autre, mais les regards interrogateurs et incompréhensifs de Sakura ne m’étaient pas supportables. Je me sentais honteux, coupable et lâche, en la voyant ainsi, n’osais pas me retrouver seul avec elle sous peine de devoir entamer une conversation dont je savais à l’avance qu’elle me serait pénible, et ne pouvais cependant me résoudre à tout lui avouer en espérant sa compréhension.
Nous avons donc passé cette mission ensemble, toi et moi, sans trop de suspicion de la part de nos camarades car nous formons depuis longtemps un duo que rien n’égal et qui fonctionne par des codes que les autres ne comprennent pas. Ont-ils vu cependant, nos regards inquiets l’un envers l’autre quand le danger était trop proche ? Ont-ils soupçonné plus que la simple amitié fraternel entre deux ninjas pourtant si différents? Ont-ils tout compris de nous et du lien qui nous attache ?

J’aimerais que ces pensées ne me soient pas une torture. J’aimerais pouvoir un jour baiser ta bouche dans une rue passante sans craindre voir fondre sur moi des regards dégoutés, j’aimerais que ton avenir ne puisse être gâté par notre histoire, mais je suis réaliste. J’aime nos moments de solitude commune, j’aime ne t’avoir que pour moi et j’aime que les autres ignorent tout de notre belle idylle, mais je mentirais en disant ne pas souffrir de devoir me cacher comme une bête. Nous sommes amants et c’est merveilleux, mais aucun de nous ne pourrait survivre à une mise à l’écart de ce village pour lequel nous nous battons, toi, plus que moi sans doute, car tu lui as consacré ta vie. Alors, ne pas trop faire paraître d’un lien si fort est une véritable épreuve de force. Etre obligé sans cesse de contempler ton dos sans jamais l’étreindre, admirer tes cheveux en sueur que la course a souillée et admettre que pour une fois je n’en suis pas la cause, sentir ton souffle proche en tentant de retenir les frissons qui me prennent, et rester fixé sur ta bouche qui doit me donner mes directives sans que mes yeux ne trahissent l’appétit qu’elle fait naitre. Nous souffrons, bien plus qu’un couple ordinaire, mais que sont ces peines face à la joie qui nous submerge lorsqu’enfin nous trouvons des moments rien qu’à nous. Je me console en me disant que les autres n’ont pas cette chance, que leur bonheur de pouvoir se toucher n’importe quand fait leur malheur, qu’il les rassasie trop vite d’une faim qu’il faut laisser grandir pour que la combler devienne plus qu’un moment de chair.

Nous voilà chez nous, simplement toi et moi et rien d’autre de réel dont nous ayons besoin. Nos mots l’un envers l’autre sont brusques, moqueurs, cyniques parfois, guère différents de ce qu’ils étaient autrefois, et sans doute semblables à ceux que nous nous lançons lorsque nous sommes en public. Nos gestes eux, sont si différents et dissemblables des paroles que nous nous jetons au visage, que l’on croirait une sorte de parodie de relation amoureuse, mais c’est ainsi que nous exprimons nos plus beaux « je t’aime », de ceux qui ne peuvent tromper. Les élans du corps sont toujours plus sincères que de belles phrases et que des paroles prononcées sans émotion.
Peu à peu, au fil des semaines qui passent et qui ramènent avec elles un temps doux de printemps, nous voyons s’épanouir un peu plus quelque chose de plus vrai entre nous. Notre histoire est semblable à la vie d’un homme, nous l’avons vu enfante de mes déboires de cœur et de tes élans de vengeance, marcher petit à petit, traverser les remous d’une adolescence perturbée, et devenir adulte tout d’un coup, pour aujourd’hui s’assagir et être plus sincère avec elle-même.

Nous avons grandis Naruto, toi et moi, et malgré nos mois de séparation, nous avons grandis ensemble. Comme notre lien si fort, nous sommes passés par des stades différents, nous avons connus une palette large de sentiments dévastateurs qui n’avaient pourtant qu’un objet. Je crois qu’aujourd’hui nous nous laissons enfin aller totalement à ce que nous sommes, sans avoir encore la liberté de le montrer aux yeux de tous, mais à quoi bon tenter l’impossible ? Alors, nous les oublions une fois chez nous, chaque geste devient une démonstration de nos sentiments et il serait impossible de ne pas comprendre la force de nos sentiments l’un pour l’autre en nous voyant agir ainsi, alors qu’entre nous s’est installé une alchimie parfaite.

Kakashi frappe à la porte de notre Dojo, alors que nous avons cessé depuis longtemps notre chorégraphie parfaite d’un couple au quotidien. Il reste un instant à la porte, et puis sur ton invitation joyeuse, entre finalement pour s’asseoir à mes côtés sur le canapé. Tu lui sers un thé, il semble soucieux et je ne dis rien. Je le laisse ruminer en boucle ses pensées dans sa tête car elles finiront par sortir c’est une certitude. Toi bien-sûr, tu n’as rien remarqué, ce genre de chose te dépasses. Qui croirait que de nous deux, je suis le plus au fait des émotions humaines ? Peu de gens sans doute. Cette naïveté en toi m’émeut.

-Naruto, lance enfin notre Sensei en te regardant avec un large sourire que son masque ne peut cacher. Je sors d’un conseil avec les anciens et Godaime-sama, nous avons revu ta candidature au titre d’Hokage…

Pourquoi laisse-t-il là ses explications, je suis sûrement aussi excité que toi à l’idée de ce qu’il pourrait nous annoncer. Kakashi est décidément un maître bien cruel.

-Et ? Demandes-tu avec des yeux qui trépignent d’impatience.

-Et bien tu sais, Godaime Hokage-sama, tenait beaucoup à cette révision de ton cas, d’ailleurs elle ne jure que par toi à ce poste, elle n’arrête pas de dire, que c’est ton nindô, ton rêve de

-Kakashi ! L’implores-tu comme un enfant capricieux et je ne peux retenir un sourire en te voyant ainsi.

Notre sensei ne dit rien, te regarde dans les yeux, dans tes magnifiques yeux bleus, du moins le sont-ils pour moi, et reste là quelques instants. Et puis, l’unique œil qu’il laisse voir se plisse dans ce qui doit être un sourire radieux teinté d’émotion et de fierté et il te dit d’une voix posée et affectueuse :

-Félicitations… Naruto.

Cette fois, je ne peux me retenir, et te regarde avec un sourire qui trahit sans doute trop l’émotion qui me submerge alors que toi tu restes là sans réagir. Des larmes te montent aux yeux, et comme l’éclair jaune qu’était ton père, tu te jettes sur ta cible, ici ce pauvre Kakashi, que tu étreins comme un démens avant de sauter partout. Nous rions lui et moi de te voir si heureux, de retrouver un peu de l’enfant agité que tu étais dans l’adulte superbe que tu es aujourd’hui. Tu ne sembles plus pouvoir t’arrêter, trop envahi sans doute par ce rêve devenu réalité que tu convoites depuis ta prime jeunesse. Ma joie n’égale pas la tienne mais la touche du doigt, gonflée par la certitude que la tienne te transporte sans que tu ne m’oublis, sans que tu ne m’occultes de cette future vie qui t’attends.
Kakashi reste encore jusqu’au soir, et nous arrosons ensemble cette nouvelle encore secrète, par une multitude de bouteilles de Saké que nous descendons rapidement en évoquant les vieux souvenir de ce jeune écervelé impulsif et toujours vêtu d’orange. Nous nous remémorons aussi, le terne et sinistre adolescent que j’étais, le piètre menteur que fut notre maître, et évoquons sans gène ma fuite et ta poursuite, comme partie intégrante de notre vie passée ensemble à toujours se suivre, se chamailler, se jalouser, pour finalement aujourd’hui s’aimer. Mais cela nous ne lui disons pas.

Cet instant est merveilleux et me fait réaliser seulement maintenant combien j’ai été stupide de tous les abandonner. Lorsque je regarde le visage découvert de mon sensei, celui-là même qui nous a obsédé pendant tant d’années par son aura de mystère, je ne peux contenir la nostalgie qui me prend. Pour nous deux orphelins, cet irresponsable pervers incapable d’être à l’heure fut la plus belle image de père que nous aurions pu avoir. Il nous a tout appris, car nous l’avions mérité. Ces clochettes sont sans doute le trésor que je suis le plus fier d’avoir un jour obtenue, toi mis à part, et je nous revois encore tous les trois, près de ces poteaux, toi accroché et gémissant et Sakura et moi, assis pour notre repas, que nous avions finalement partagé contre les instructions du sensei. Ma vie a recommencé ce jour, et je n’en prends conscience que maintenant en le voyant ivre devant moi, ce maître généreux, fort et protecteur qui a toujours jeté en nous toute sa confiance et que j’ai trahi. Toi, tu lui es dévoué, comme un fils à son père, tu te nourris de la fierté que tu lis dans ces yeux et vous voir ainsi tout les deux me rempli de joie.

Nous sommes complètement ivre quand il décide de rentrer chez lui, malgré mon insistance pour qu’il demeure cette nuit chez nous. Il me dit que tout va bien, que nous devons fêter ça entre nous désormais, et je comprends dans ses yeux qu’il a toujours su. Étranges personnes que sont ces shinobis, si prompts à ne laisser paraître que fierté et puissance, et pourtant si compréhensifs et sensibles lorsqu’il s’agit du cœur. Le sien à n’en pas douter a trop souvent connu le revers des sentiments et le voilà pourtant encore si généreux que j’éprouve une certaine honte à avoir un jour douté de lui.

-‘kashi sensei, tentes-tu misérablement d’articuler. Z’étes sur que vous ne voulez pas que j’vous ramène ?

-Nar’to, je suis ton zensei. Je peux … le faire.

-Zensei… Vous êtes ivre, dis-tu en éclatant d’un rire magnifique et clair.

Il te suit dans ton fou rire alcoolique et je vous regarde amusé et bien moins saoul que vous, vous serrer dans les bras. Il recule, d’un pas chancelant et prends ton visage dans ses mains, vous faites la même taille aujourd’hui, et le voir agir encore avec toi comme si tu étais un enfant me le rend plus attendrissant encore.

-Je suis, vraiment fier de toi… Naruto, dit-il en reprenant un sérieux dont je ne le croyais pas capable dans son état.

Il me semble presque voir briller une larme aux coins de ses yeux lorsqu’il reprend :

-Et, ton père…. Et ta mère, sont fiers de toi aussi, j’en suis sûr. Et Jiraiya doit sans doute rire comme un malade tellement il est heureux.

Tu ne bouges pas, et te contente de le regarder sans pouvoir contrôler les larmes qui coulent sur tes joues rosies par l’alcool.

-Tu es… un grand Shinobi, Naruto Uzumaki, continue-t-il sans pouvoir cette fois masquée l’émotion qui déforme sa voix. Et tu seras un grand Hokage… Tout le monde le sait maintenant, alors… vis pour toi, maintenant…

Il te serre dans ses bras et tu lui réponds de la même manière, alors qu’arrive à mes oreilles lointaines, l’écho délicat d’un « merci » qu’il chuchote à ton oreille, et qui te fais le serrer un peu plus. J’ignorais jusqu'à ce jour à quel point nous pouvions, nous élèves, faire par nos actes, le bonheur et la fierté de nos maîtres, et je reste là à vous contempler. Enfin, vous vous séparez, et croyant voir en moi de la jalousie, voilà notre sensei qui s’approche de moi les bras écartés en me certifiant qu’il est aussi fier de moi, et que me revoir me battre pour Konoha fait sa joie. Notre étreinte cependant n’a rien de commune à celle que vous partagiez mais elle n’en est pas moins sincère. Et puis, il nous salut avant de s’éclipser d’un pas un peu titubant, vers les profondeurs de la nuit, aussi heureux que nous pour cette soirée passée ensemble.

Je range le désordre que notre fête improvisée a provoqué dans notre salon, alors que tu regardes dehors les étoiles statiques dans ce ciel clair que la lune, ronde cette nuit, ne rend que plus beau encore. Je te rejoins sur la terrasse qui entoure notre Dojo et m’assoit à côté de toi, rompant du bruit de mes pas, le silence tranquille de cette nuit hors du commun. Nous restons là sans rien dire pendant de longues minutes, observant tous deux les étoiles pour y voir peut être apparaître le visage de ceux qui nous sont chers et que nous avons perdus trop tôt. Rien n’apparaît cependant, rien pour les autres en tout cas, mais les yeux des orphelins que nous sommes, s’attachent à trouver dans certains alignements d’étoiles, l’esquisse du visage bienveillant d’une mère ou d’un père, et fixent ébahis cette toile tendue comme un portrait de famille.

-Tu crois qu’ils sont fiers de moi ? Me demandes-tu soudain, avec une voix d’une douce musicalité, qui me caresse comme une main tendre. Comme l’a dit Kakashi, ma mère, mon père, Ero-senin…. Tu penses qu’ils sont fiers de moi là où ils sont ?

Tes yeux n’ont pas quitté les cieux pour me dire cela, toujours pétillants comme ceux d’un enfant épris d’astronomie devant un ciel clair et limpide. Moi je te regarde, émue par tant de fragilité que tu ne cherches même pas à me cacher, et laisse l’instant durer encore quelques secondes avant que ma réponse ne devienne indispensable.

-Oui, te réponds-je dans un souffle toujours en te contemplant. Oui, Naruto, je suis sûr qu’ils sont fier de toi…

Je laisse ma phrase flotter dans cette ambiance lente et gracieuse qui nous entoure. Tu as fermé les yeux pour laisser échapper une dernière larme qui est venu fondre sur ton sourire radieux lorsque mes mots t’ont effleuré.

-Moi, je suis fier de toi, Naruto Uzumaki… dis-je cette fois-ci avec plus d’éclat, en replongeant mes yeux dans ce ciel étoilé.

J’entends ton visage se tourner vers moi, et la caresse délicate de ta paume sur ma joue force mes yeux à faire face aux tiens. Nous restons un moment ainsi, à nous sourire maladroitement comme le ferait deux amoureux romantiques, alors que nous oublions même le cliché que nous formons dans un endroit comme celui-ci.
Nos bouche viennent à la rencontre l’une de l’autre, et dans leur contact, se prononce tous les mots que nous n’avons pas dit. Ce soir, il n’y aura que ce baiser, pur, sincère, merveilleux et indélébile. Nous resterons là encore longtemps, assis épaule contre épaule, ne laissant que nos doigt s’effleurer tendrement jusqu’à ce que tu t’endormes, la tête posée sur ma cuisse, et que je te porte à notre lit où nous dormirons l’un contre l’autre.




(1)Robert Desnos « Jai tant rêvé de toi »




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