Fiction: Un Secret

La vie d'un Uchiwa est aussi remplie de mystère que ses songes. Sasuke rêve, se souvient, et poursuit sa vie... Personnages OOC et Yaoi.
Classé: -12D | Romance | Mots: 41564 | Comments: 22 | Favs: 14
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kuroekai (Féminin), le 18/01/2011
Et bien voilà, cinquième chapitre, qui saura vous conquérir je l'espère, et peut être ramener à la barque des lecteurs que les déboires du jeune Uchiwa aurait jeté à l'eau.

Bonne lecture !





Chapitre 5: Aurore



Aurore.


Moi,
Je t’offrirai des perles de pluie,
Venues de pays
Où il ne pleut pas

Je creuserai la terre
Jusqu’après ma mort,
Pour couvrir ton corps
D’or et de lumière (1)


Je ne sais combien d’heures je suis resté dans la boue, nauséeux et implorant pour que la mort me délivre de cette souffrance encore jamais ressentie avec tant de cruauté. Mes souvenirs sont flous, brouillés par le flot inépuisable de mes larmes dans lesquelles je faillis me noyer. Je ne sais d’où me vint cette force qui me fit me lever, marcher et vivre alors que le trépas pendant des heures, m’avait nargué de ses bras tendus et blafards vers une paix que je désirais tant. Je ne sais comment mon corps même, parvint à se mouvoir anéantit qu’il était par ma peine et ma souffrance dans cette fuite lâche qui m’avait emmené loin de ton sourire indifférent.
Lorsque j’arrivais à Konoha, la nuit s’était posée, me couvrant avec pitié de sa noirceur profonde, cachant mon ombre et mon visage aux rares curieux que je croisais. On aurait rit de moi si on m’avait vu ainsi, on aurait crié à l’ennemi en me voyant si faible, comme sortant d’un combat titanesque dans lequel j’aurais perdu mes forces et toute ma volonté. Tristesse, mélancolie, haine, colère et envie de mort, ces sentiments m’avaient tous effleuré à un moment ou à un autre de ma période d’abandon, mais, jamais encore ils ne m’avaient frappé ensemble, et avec autant de violence qu’une lame enfoncée en plein cœur. Cette sensation m’était tellement nouvelle que j’en restais terrassé.

Je ne sais comment et pourquoi, mon corps poussé par l’instinct de survis se dirigea de lui-même vers la demeure de mon ami fainéant. Et me rappeler ce moment où nous nous sommes fait face m’est totalement impossible, occulté, sans doute, par le soulagement que j’éprouvais à cet instant en me sachant proche de lui.

J’ouvre mes yeux sur les murs blancs de cette chambre que j’ai quitté la veille, aveuglé par la lumière du soleil qui la pénètre de ses rayons blanchâtres. Je suis allongé sur un lit si je me fie à la mollesse de cette matière qui m’étreint. Je me redresse avec peine, le corps aussi lourd qu’un millier de poids et découvre à mon chevet le fainéant qui dort, le dos posé au sommier du lit. Je suis torse nu, les jambes recouvertes d’un pantalon qui n’est pas le mien mais dans lequel je me sens étrangement bien. Mes mouvements ont réveillé l’autre qui dormait et il tourne la tête vers moi pour m’adresser un regard soulagé et un sourire chaleureux. Après un moment de silence qui me semble durer une éternité, il se racle la gorge et se lève avec peine.

-Ne t’inquiètes pas, je ne t’ai pas peloté… T’étais dégueulasse quand tu es arrivé, et pas vraiment capable de te déshabiller toi-même… Alors j’ai...

-Merci.

Ma voix s’est élevée sans que je lui en donne l’ordre et sans que mes yeux trouvent le courage de faire face aux siens. J’ai sans doute peur qu’il interprète mal toute la reconnaissance qu’il pourra y lire, et je ne veux pas perdre un ami comme je t’ai perdu. Il n’ajoute rien, reste là silencieux et songeur alors que je contemple avec effroi les stigmates de ma fuite sur ma peau blanche et lacérée. Puis, comme conscient l’un et l’autre qu’il ne faut plus se taire, nous parlons de la veille. Il me rassure en disant qu’il ma couvert en me faisant passer pour malade suite à notre soirée trop arrosée de saké, je l’en remercie et il poursuit son récit. Il me dit en faisant comme si ce n’était rien, que mon départ a précipité le tien et que tu semblais anéanti, mais je ne veux pas entendre et c’est par un nouveau silence qu’il me montre qu’il a compris, du moins c’est ce que je crois.

-Naruto t’aime encore, j’en suis persuadé, reprend t-il la voix plus douce, comme pour m’avouer un secret.

-Naruto ne m’aime plus et je m’en contre fout…

-Essaies toujours de t’en convaincre mais n’espère pas que je vais te croire.

Un nouveau flottement accueille sa réplique avant que de nouveau il ne me force à écouter ce que je ne veux pas entendre.

-Je t’ai ramassé couvert de boue et de blessures, les yeux rouges… Tu arrivais à peine à respirer et j’ai cru que tu t’étais battu, alors ne viens pas me faire croire que tu te contre fout de lui ou de ce que vous avez partagé…. Ce n’est pas comme ça que tu te sortiras de la merde dans laquelle tu as à l’air d’avoir si envie de t’enterrer !

-Shikamaru !

Ma voix est une plainte qui le fait cesser son flot de paroles blessantes de véracité.

-Est-ce que je peux rester ici quelques temps ? Dis-je comme une mauviette suppliante. Je… Je ne peux pas rentrer… Je n’ai pas la force de rentrer…

-Bien-sûr, me répond t-il après quelques instants.

Cette conversation est la seule que nous aurons à ton sujet durant les trois semaines où je reste chez lui. Il me contemple impuissant, m’anéantir dans l’alcool que je consomme avec trop de leste, et abandonne toute tentative de me faire sortir de ce cercle vicieux dans lequel je m’enterre. Je le vois au fil des jours, poser sur moi des regards de pitié et de désolation qui me font parfois le haïr, mais il reste là jours et nuit, comme une béquille indéfectible sur laquelle je peux à ma guise me reposer ou me laisser tomber.

Je te vois souvent, bien trop souvent, sourire avec les autres et parler avec eux, me lançant quelques fois des regards que je fuis et qui semble peinés. Est-ce donc de me voir si ridicule et pathétique qui force ta pitié ? Je ne veux pas le savoir et m’oblige malgré mes envies, malgré mes espoirs, à te fuir comme une maladie dont je n’ai pas encore le remède. S’il est en ce monde créature plus pitoyable que je le fus ces dernières semaines, alors je la plains de tout mon pauvre cœur en miette.

Trois semaine donc, que j’empoisonne par mon mal être le bonheur pourtant si illusoire et fragile de mon ami Nara. Ce soir, j’ai accosté Sakura pour qu’elle soit ma compagne dans mon bateau d’ivresse. Elle est si heureuse, si pétillante et reconnaissante, ignorante de l’objet d’exutoire qu’elle est pour moi. Je la laisse volontiers me lancer des regards remplis d’affection, m’abreuver de ses sourires insipides comparés aux tiens, et me toucher de ses mains souillées de son amour dégoulinant. Elle est bientôt aussi ivre que moi et nous marchons côté à côte dans les rues obscures qui doivent nous mener chez elle, où je la laisserai faire de moi ce que bon lui semble. Je ne me dégoutte même pas de l’utiliser ainsi, trop convaincu que je suis que l’affection et l’amour ne sont que des illusions qu’on nous jette au visage comme une carotte censée nous faire accepter notre triste destin. Je ne me défends pas lorsqu’elle approche son visage du mien, et reste sans réaction quand ses lèvres chaudes viennent épouser les miennes dans un baiser qu’elle veut passionné mais qui ne m’inspire que la nausée. Je réponds sans conviction à sa langue venue caresser la mienne et laisse mes yeux se perdre dans l’immensité noir de ce village endormi, lorsque je t’aperçois. Tu marches avec Kiba dans notre direction et lorsque lui nous hurle un « Waouw » de surprise, tu te plantes léthargique comme un bateau sans voile.

Je la repousse violemment, plus que je ne le devrais, la laissant parader et sourire face à l’homme chien qui ne cesse de se répandre en félicitations. Nous nous faisons face, les yeux fixés les uns dans les autres, tous les deux contemplant le triste résultat de notre histoire secrète.

-Et bien, on dirait que vous avez enfin franchi le pas, s’exclame un Kiba excité. Pas vrai Naruto ?!

Sakura rigole, et je ne dis rien.

-Ouais… Enfin, bafouilles-tu comme privé d’oxygène.

Je vois dans tes yeux se dresser une vague de douleur et de désespoir qui me fait reculer d’un pas, toujours incapable de fixer autre chose que ton visage devenu blême, ou de me défendre de ce crime que j’ai commis. Tu te retournes et fuis, ta marche me semble si douloureuse que mon cœur se retourne, alors que les deux autres derrière moi cherchent une explication à une fuite si soudaine. Kiba affirme que c’est parce que tu aimes encore Sakura et elle s’en défend, alors que moi je sais ce qui est cause de tout cela. Je reste là encore un peu, sauve malgré moi les apparences de tes actes et tente jusqu’à ce que je n’en puisse plus de me maîtriser. Mais tes yeux me reviennent, ils me pénètrent de leur couleur nuancée de peine et je m’engloutis dans cet océan.

Alors je pars, je cesse de sauver les faux semblants et me mets presque à courir à ta poursuite. Le souvenir si proche de ce regard que tu m’as jeté me fait réaliser ma stupidité. Les réponses à mes questions ne sont pas toutes très clair, mais la plus importante vient de me percuter en pleine tête : tu m’aimes encore et m’as toujours aimé.
Je me jetterai à tes pieds pour que tu puisses me battre. Fais de moi ce que tu veux, enferme-moi, où toi seul pourra me trouver, tue-moi, frappe-moi, déteste-moi, ou torture-moi, mais ne t’enfuies pas ainsi, convaincu de mon mépris pour ce que nous partageons. Laisse-moi t’expliquer tout ce que j’ai traversé, laisse-moi te raconter combien j’ai souffert d’avoir cru te perdre, laisse-moi réparer cette idylle que nous avons gâché, laisse-moi encore rien qu’un seul jour pour t’admirer et te chérir et m’abreuver de la vie que tu m’as si longtemps offert et qui fut le trésor de mon existence empoisonnée.
Je cours, insensible à la douleur dans mes jambes flageolantes, ignorant de ce tourbillon d’alcool qui embrume mon esprit et ma vue. Je cours, ne fixant que pour but ton visage attristé à qui je veux redonner vie pour que la mienne me revienne. Je cours, le souffle laborieux et le cœur étouffé à l’idée de te perdre à nouveau. Je cours, obnubilé par ta voix que j’ai senti se briser devant ma trahison. Je cours, et cours encore, je ne fais que ça sans savoir où tu fuis, mes pas guidés malgré moi vers notre temple d’amour dans lequel seul ce «nous » existait. Je cours.

Je suis si fébrile lorsque j’ouvre les portes du quartier Uchiwa, que le souvenir de mon drame d’enfant me semble ressurgir de son faussé funèbre. Je continue pourtant à courir, laissant derrière moi ce passé nauséabond pour me précipiter vers cet avenir que tu incarnes et que je ne veux pas voir disparaître. Ce n’est que devant notre dojo que ma course se termine, me laissant tétanisé par ce que je redoute depuis que je t’ai vu fuir, ce que je redoute depuis que tu es parti : te faire face sans personne autour de nous et entendre ta voix ne s’adresser qu’à moi seul.

J’entre, hésitant, impuissant, fébrile, paralysé par cette peur sourde de t’avoir à jamais perdu qui me fait réaliser que j’espérais encore depuis tout ce temps. La pièce est plongée dans le noir, imprégnée de ton odeur enivrante pour laquelle mon odorat existe. La nostalgie m’étreint alors que mes yeux habitués à l’obscurité se promènent dans ce lieu qui renferme à nouveau les trésors que tu laisses derrière toi. J’avance, encore d’un pas hésitant quand je sens soudain deux bras forts m’étreindre à la taille.

Je reste là planté, tétanisé, les yeux aussi béants que ma bouche qui libère avec peine mon souffle laborieux. Je sens contre ma nuque ta bouche chaude et ta respiration chevrotante, et, coulant de ta peau à la mienne, de fines gouttes qui témoignent du mal que je t’ai fait. Je me reprends, et m’apprête à parler, tout te dire, m’excuser et te supplier, mais ta voix s’élève avant la mienne, une voix qui se meurt, dans laquelle transpire plus de douleur que tu n’en a jamais montré.

-Je suis désolé…. Tellement désolé.

Un sanglot vient rompre tes suppliques et de nouvelles larmes viennent s’étendre dans ma nuque alors que tes bras se serre plus encore autour de moi, jusqu’à m’en étouffer.

-Pardonne-moi, reprends-tu, plus anéanti encore, me lâchant soudainement pour tomber à genoux derrière moi.

Je reste un court instant sans comprendre, ni tes excuses, ni ce qui te rend si agonisant. Et puis, comme cet élan merveilleux qui fait se rencontrer deux âmes étroitement liées l’une à l’autre, je me tourne et m’effondre pour te serrer contre moi, t’emprisonner dans mes bras alors que tu m’expliques avec peines pourquoi tu es parti. Tu ne voulais pas me laisser voir ta douleur, me condamner à être spectateur de l’abîme dans laquelle t’avais plongé ce refus. Tu ne voulais pas voir sur toi mon regard de pitié, tu avais honte de ton échec face à cette promesse que tu m’avais faite il y a longtemps. Tu avais peur que je t’abandonne pour avoir échoué, tu avais peur de me laisser voir que tu pouvais être faible connaissant mon mépris pour les êtres impuissants, et d’être mon fardeau en plus de mon tabou. Tu avais peur et je t’ai haï pour cela. Tes explications pleines de douleurs et de regrets me font réaliser comme j’ai été stupide, injuste et égoïste, moi qui m’étais persuadé de ne plus l’être.

Ainsi, nous n’avons fais que fuir ce que nous étions, moi l’égoïste qui croyais t’offrir ma vie alors que je ne voulais que la tienne en otage, toi, le faible qui te prétendait fort pour que je ne t’abandonne pas. Nous n’avons fait que fuir ce qu’à jamais nous serons, deux moitiés blessées d’un tout splendide qui est notre plus merveilleux tabou. Nous n’avons fait que fuir, nous fuir nous-mêmes et nous fuir l’un l’autre, tous deux persuadés de ne pouvoir montrer à l’autre l’étendu de notre âme et ses pires aspects.

Je te garde dans mes bras pendant de longues minutes encore, égoïstement heureux d’être celui vers lequel tu viens t’abriter et te laisser tomber. Je te raconte à mon tour ce que j’ai vécu, t’explique ce que tu n’as pas vu et me défends maladroitement pour ce que je t’ai laissé voir. Tes yeux pleins de larmes s’illuminent à nouveau, tes lèvres s’étirent comme autrefois dans un sourire radieux et quelque chose en moi me quitte, me laissant léger et heureux.

Et puis, comme un volcan depuis trop longtemps endormi, vient brûler en nous un brasier de passion. Tu m’embrasses comme jamais tu ne le fis autrefois, serrant dans tes mains mon visage que je t’abandonne volontiers, et faisant s’unir nos lèvres et nos langues dans une danse sublime dans laquelle peut se résumer la vie. Mes bras t’étreignent avec tant d’amour que la haine s’y mêle, me forçant à serrer et serrer encore, je te griffe de mes mains qui se perdent dans ton dos, te montre par ma violence que je te veux tellement que je suis prêt à te déchirer. Nous nous levons ensemble, incapable l’un l’autre de laisser fuir ce trésor que l’on tient dans nos bras, marchant avec hésitation alors que nos pieds s’entrechoquent, se percutent et se piétinent pour nous mener lentement vers ce lit qui sera pour ce soir notre autel.
Nous voilà bientôt nus, éclatants de bonheur et de joie à l’idée de s’unir à nouveau, bercés, enivrés par nos odeurs, nos peaux et nos souffles mêlés. Offrons ce soir à l’œil éclatant de Zéphyr notre union passionnée, qu’il rougisse comme un soleil flamboyant devant nos vices qui s’épousent, qu’il jalouse ce tabou qui n’en est plus un, et qu’il reste plein et éblouissant pour illuminer notre étreinte. Montrons donc à cette nuit, masque de tous les pêchés que notre amour n’en est pas un, qu’il est de la Terre l’œuvre la plus éclatante, et le phénomène le plus pur et le plus sincère. N’ayons plus jamais honte d’être tout l’un pour l’autre et montrons nous enfin l’étendue de nos âmes.
Il y a quelque chose de vital dans les caresses et les baisés que nos partageons, quelque chose d’animal et si tendre à la fois, quelque chose d’aussi ambivalent que nous le sommes et si représentatif de nous que s’en est bouleversant.

Viens et fais courir sur ma chair tes mains graciles, étrangle-moi de tes bras qui m’entourent et étouffe-moi de ta bouche pleine et délicieuse collée à la mienne. Lacère mon corps de tes baisés, de tes caresses et abandonne ma carcasse stigmatisée et repue aux limbes du plaisir dans lesquels je me noie. Je tremble, pleure et gémis, pour tant d’amour que tu me donnes et pour lequel je te réponds par des gestes aussi durs que délicats qui te font te tordre. J’aimerais m’alimenter pour toujours dans ce brasier que nos corps ont créé, me laisser bercer par l’écho lointain de nos soupirs entrelacés et gravés sur une stèle cet instantané de pure grâce que nous partageons. Nos amis seraient jaloux s’ils nous voyaient ainsi, allongés l’un sur l’autre et prisonniers volontaires d’un monde à mille et une merveilles qu’ils ne pourront jamais entrevoir ou ne serait-ce qu’effleurer. Ce moment est fragile et c’est ce qui fait toute sa beauté, savoir qu’à tout instant il peut se briser, s’envoler comme une plume vers des cieux lointains et nous laisser en bas, en peine et plein de regret. Alors, faisons le vivre encore Mon Amour, offrons lui une vie aussi éphémère et poétique que celle d’un papillon.


Tu m’embrasses et m’embrasses encore, alors que se mêlent en moi la douleur et le plaisir, instant de flottement qui bientôt s’envolera pour que je ne fasse qu’un avec ce deuxième sentiment. Je jouis de t’avoir prisonnier de ma chair, de te voir rougir, souffler, gémir, maître et tout à la fois esclave de cette étreinte à nulle autre pareille dans laquelle nous nous consumons. Je m’illumine de te voir si beau sur moi, les yeux pleins de béatitude, me contempler comme un diamant dont tu serais le porteur, me choyer comme un trésor cristallin que chaque geste peut briser, m’adorer, me chérir et réchauffer mon cœur par de trop de fois laisser au gré du vent depuis ton départ. Fais rejaillir de mon être ces soubresauts d’amour qui ont quittés ma vie quand tu en es sortis, imprime sur la carcasse de mon âme la marque flamboyante de notre idylle qui renaît. Va et viens, au rythme trépidant de mon cœur qui bat et du tiens qui me répond, que nos poitrines se soulèvent entrainées par le même tempo qu’est celui de nos corps se livrant l’un à l’autre. Fais pleuvoir sur mon corps implorant ces gouttes salées de toi, enfantes de la moiteur de nos ébats qui flottent dans cette chambre devenue temple sacré.

Je prie, implore, supplie, pour que jamais ce moment ne s’achève, qu’il soit mon aurore, mon crépuscule, mon tombeau, que jamais ne se séparent nos deux épidermes, et que la mort nous prenne, épuisés et heureux, réunis l’un dans l’autre, dans ce lit pour linceul.

Un éclair puis la nuit (2). Une dernière secousse qui nous jette tous d’eux à terre et nous délivre enfin de tout ce qui ne fut pas dit et n’a plus besoin de l’être. Nous restons là, moi prisonnier de tes bras qui enserrent mon visage éblouit, toi, la tête posée dans mon cou, que tu imprimes encore de quelques fuguasses baisers de velours qui me font trembler. La vie est donc si généreuse ? Peut-elle réellement nous offrir tel instant sans nous le faire payer par le trépas ? Peut-être le sommes-nous ? Non, nous sommes bien vivant, la vision que tu m’offres est trop semblable au paradis pour que j’y vois ma mort, moi qui suis condamné à l’enfer pour mes crimes.

Je m’extirpe serein d’une nuit sans songe, galvanisé par cette présence chaude à mes côtés. J’ouvre sur ce monde devenu merveilleux mes yeux noirs et brillants, illuminés par l’humidité de mon sommeil et la vision que je contemple. Tu offres à mon regard ébahis les contours vallonnés de ton corps dans lesquels j’aimerais me perdre et m’abandonner à nouveau. Y a-t-il au monde plus belle vision de pure beauté ? Tu es couché sur le ventre, les bras perdus sous l’oreiller sur lequel repose ta joue indolente. Ce draps que nous avions banni hier de notre union mystique ne te couvre qu’à moitié, me laissant me ravir de ce corps scintillant, de cette peau chaude et mâte, et des muscles fins que tu laisses au repos, mais qui ne peuvent cacher leur perfection au rayon du soleil.
L’astre de jour, justement, comme ravivé par notre étreinte que lui aurait contait la lune, nous renvoi des faisceaux d’une lumière magnifique. Ils teintent tes cheveux blonds de quelques reflets d’or et d’orangé, rendent ton corps semblable à une toile tout en clair obscur, et te font si divin que j’éprouve presque de la honte à t’avoir pour moi seul.

Je reste allongé sur le dos, la tête tournée vers toi, te regardant dormir comme si ce fut là le plus beau spectacle de la nature, osant à peine respirer pour ne pas te réveiller. J’ai l’impression de te voir pour la première fois, chaque détail de ta silhouette me revient comme une onde de choc faisant vibrer mon être, et j’ai presque les larmes aux yeux devant ce cadeau que tu me fais.
Tu es mon cadeau, celui que la vie m’a offert de plus cher et que je n’ai pas su garder. Je t’ai quitté une première fois, mais sait-on vraiment ce qu’est l’amour à 13 ans ? Aurais-je du déjà savoir que tu serais à jamais la seule lumière de mon existence, mon brasier d’hivers et mon rêve insolent ? Notre vit aurait-elle était la même si je n’étais pas partis, si j’étais resté prêt de toi sans jamais réaliser combien notre éloignement me vidait de toute énergie ?
Il est des choses que nous ne saurons jamais, des mystères trop grands pour nous dont les réponses nous échappent, mais à cet instant précis, la seule réponse que je vois et celle que tu m’offres, une promesse silencieuse que je te fais, celle de toujours t’aimer, et sacrifier de mille et une façon ma vie à la tienne pour faire ton bonheur.

J’ai été égoïste et je le serais encore surement. Tu as été faible et tu le seras probablement de nouveau. Nos défauts et nos vices ne doivent plus être tus, notre histoire ne dois plus nous faire honte. Gardons la entre nous et faisons la grandir, qu’elle s’épanouisse loin des autres et entre nous, car nous en sommes et en serons toujours les deux héros et les deux gardiens.

(1) Jacques Brel, Ne me quittes pas
(2) « Un éclair… Puis la nuit ! » Charles Baudelaire, A une passante.

Pour le chapitre précédent, j’ai oublié une source : « Cet abîme est mon cœur », Charles Baudelaire, Femmes Damnées.




Bon, je n'aime pas les lémons, je trouve illusoire de décrire un acte aussi intime et particulier mais, il me semblait plus illusoire encore de décrire l'amour véritable pendant tant de chapitres sans même jamais montrer à quel point il se forge et se nourrit dans ces moments.

Ce chapitre qui sonne comme une heureuse conclusion n'en est pas une, et j'attends vos avis avec impatience.




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