Fiction: Un Secret

La vie d'un Uchiwa est aussi remplie de mystère que ses songes. Sasuke rêve, se souvient, et poursuit sa vie... Personnages OOC et Yaoi.
Classé: -12D | Romance | Mots: 41564 | Comments: 22 | Favs: 14
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kuroekai (Féminin), le 17/01/2011
Ce chapitre va peut être vous sembler rébarbatif au vue des précédents, mais j'avais besoin d'installer une certaine confusion et une certaine atmosphère. Que les fan de Sasuke, ou que ceux que les déboires du jeune Uchiwa commenceraient à gaver se rassure, la fin des tourment est proche, je sais enfin où je vais (c'était pas vraiment le cas jusqu'à présent).

Encore une fois, donnez moi votre avis, ça m'aiderait.




Chapitre 4: Collision



Collision.

La pluie, la moiteur et la boue, ils sont désormais les maîtres mots de ce paysage qui renaît. Dans cette forêt de squelette de bois, de flaques et de nature en hibernation, surgissent, puissants et tenaces, les conifères majestueux que le froid n’aura su faire flancher. Ils sont aussi forts et indéfectibles que les sentiments de cette silhouette qui avance, le cœur écrasé par le doute et la culpabilité. Le vent qui le glace fait écho au froid qui l’habite alors qu’il aperçoit devant lui, le spectacle enchanteur des subtilités de ce paysage par mille fois contemplé, comme les variations discrètes d’une mélodie familière.
Lui, naguère si fort, ne transpire que faiblesse et abattement dans sa course lente mais néanmoins inexorable vers sa condamnation à l’exil. Il n’est rien de politique dans ce jugement qui l’attend, c’est une force bien plus grande qui le fera choir de son bonheur passé, elle est de toutes les catastrophes naturelles, le phénomène le plus dévastateur, mais surtout le plus beau. Elle est ce pur élan du cœur qui noie, consume et balaye tout autant qu’il abreuve, réchauffe et ramène à la vie les âmes solitaires. Elle est ce grand A qui, comme elle le fait frémir de peur, le transperce de joie, alors que dans ses yeux se dessinent déjà les traits de ce visage admiré et chéri qu’il pourra bientôt, ne serait-ce que pour un instant, admirer dans toute sa perfection
Le trouvera-t-il rayonnant, baigné de l’éclat magnifique du cœur trop généreux de son porteur, pourtant en apparence, si peu enclin à ne serait-ce que ressentir la caresse délicate des sens ? Le trouvera-t-il inchangé dans sa blancheur innocente et pur, masque impénétrable du désir qui le consume et que lui seul peut lire dans ses yeux ? Ou, au contraire, sera-t-il condamné à y lire la peine et le chagrin comme autant de preuves des stigmates de son abandon ?

Doute, peine, peur, joie et culpabilité, sentiments par trop de fois ressentis séparément et qui, ensemble, se muent en une lente torture. Mais il avance, tout aussi fébrile que résolu, et voit devant lui, s’effacer la distance qui le sépare encore des questions dont les réponses l’obsèdent.

……………

Soixante-dix-sept. Le décompte minutieux de ces jours passés sans toi m’est devenu une habitude, tenace et discrète, guère plus importante qu’une douleur fébrile et constante qui ronge le corps des shinobis que nous sommes. J’ai peu à peu appris à faire taire ces sentiments qui m’ont trop souvent submergé depuis ton départ, je les ai relégués au banc des souvenirs heureux, rangés et enfermés dans les boites, jusqu’alors ouvertes, de mes peines si nombreuses. Ils sont une partie de moi dont je refuse de me défaire, comme cette nouvelle résolution qui m’habite de ne pas me laisser mourir pour t’avoir aimé.
Ma vie, que je t’avais offerte, me revient lentement et je m’y consacre tout entier. J’incarne, et aujourd’hui bien mieux qu’alors, cette façade qui est la mienne. Comme j’en ai l’apparence, je deviens au fil des jours ce personnage égoïste qui ne vit que pour lui, je le façonne avec tendresse, m’éprenant peu à peu de cet être dont les sentiments ne dépendent que de lui, et qui se voue sa propre vie.
La raison me revient doucement, gardienne efficace de mon cœur brisé, mère, stricte mais aimante qui plus jamais ne flanchera car j’en fais la promesse. Je fais des critiques, à moi-même plus qu’aux autres, je m’impose des limites, je me fixe des défis, je me rends aveugle à ton visage qui revient, je m’insensibilise à ton parfum qui me hante, je ne laisse de ma vie que mon corps comme vestige et poursuit mon chemin comme une moitié d’homme.
Et puis j’attends, impatient et peureux le jour où le destin mettra une fois de plus ma raison au défi, ce jour qu’il y a encore peu j’appelais de mes vœux pour te serrer dans mes bras et que je veux vivre aujourd’hui pour me persuader d’être délivré des tiens.

Je dois rejoindre Shikamaru dans quelques heures. Nous sommes devenus presque inséparables lui et moi, fait qui n’a pas échappé à la cinquième qui nous confit des missions à passer à deux de plus en plus souvent. Nous parlons peu de cette histoire, de toi, et avec tant de distance qu’on nous croirait parler d’une rumeur lointaine. Je n’avais jamais réalisé la sagesse de cet illustre fainéant, sa générosité qui n’a même pas besoin de mot pour s’exprimer, et encore moins l’apaisement que sa seule présence pouvait procurer. Il était ton ami avant d’être le mien et je reste persuadé que malgré l’affection qu’il a pour moi je ne saurai jamais remplacer ce lien que vous partagez. Tu en as tissé avec tellement de gens que j’en suis plein de rage. Tous partagent avec toi une histoire unique, tous, tu les as, d’une façon ou d’une autre, changés comme tu l’as involontairement fait pour moi, et ils te doivent tous aujourd’hui une part de leur évolution. Aussi quand je les approches, ces ennemis insignifiants d’autrefois devenus aujourd’hui pour beaucoup des amis chers au cœur, j’ai le sentiment de n’être qu’un imposteur venu s’approprier ce que tu avais construit.

Mais bien loin de me faire ressentir ces craintes qui me rongent, Shikamaru les balaient de son calme apaisant, de sa présence bienveillante et chaleureuse et de son sourire sincère.
Ces rêveries et pensées ont ponctué mon chemin vers le terrain d’entraînement. Je vois au loin le Nara qui en faisait l’objet couché dans l’herbe dans son éternelle position de flémard en médiation, les bras derrière la tête, une jambe posée sur le genou de la seconde, les yeux rivés vers le ciel qui semble lui murmurer quelques secrets que lui seul peut entendre. Il m’aperçoit et se lève, le regard encore noyé dans ses divagations intellectuelles dans lesquels je me perds quand il tente de me les faire partager.

Il semble soucieux en me voyant arriver, je suis en retard et peut-être mon sage ami me le reproche-t-il ? Nous nous saluons par quelques paroles futiles, quelques blagues et quelques remarques faussement acerbes que nous nous renvoyons comme une balle. C’est notre manière à nous de nous prouver notre importance réciproque, en partageant ce petit jeu auquel les autres ne sont pas conviés et pour lequel nous avons nos propres règles.

Je vois pourtant à sa mine qu’il est tourmenté, comme ceux d’un amant, les yeux d’un véritable ami ne savent pas mentir et les siens me hurlent quelque chose que je ne comprends pas. Je lui demande ce qui cloche, son sourire est gêné, son rire est faux et comme toujours dans ce genre cas, il se frotte l’arrière du crâne en des gestes saccadés.

-Kakashi, Neji et…. Et Naruto sont rentrés. Ils sont au bureau de Godaime en train de faire leur rapport, ils devraient sortir bientôt…

Voilà donc ce que lui murmurait le ciel quand je l’ai trouvé, l’annonce tant attendu de ton retour parmi nous. La vie d’un shinobi est ponctuée de pertes et de retours, certains plus chers que d’autres, certains, plus douloureux, comme l’est le tiens. Je fais mine d’une réaction étrangement calme, j’en suis sûr, alors qu’au fond de moi, une lourde crainte s’insinue dans ma chair et me tétanise tout entier. Cependant la dure réciprocité de l’amitié me frappe en plein visage quand la voix chaude de Shikamaru me demande, les traits emplis d’inquiétude, si je vais bien.

-Ca va… Il fallait bien qu’il rentre un jour ou l’autre. J’ai testé la vie de Nukenin, et ce n’est pas la joie…

Il n’ajoute rien, me lance de temps en temps quelques regards de biais et puis m’invite à le suivre en passant devant moi. Sur le chemin il m’annonce qu’il a besoin de boire un verre, que Naruto n’est pas venu seul, qu’il a en sa compagnie, une certaine demoiselle de Suna à la chevelure d’or dont le souvenir lui est cher et amer. Nous marchons en silence, tentant chacun de notre côté de dissimuler à l’autre les craintes qui nous rongent et mimant l’indifférence face à une hypothétique rencontre avec nos deux bourreaux.
Nous croisons Sakura sur le chemin, aussi ravie que nous désespérée par cette nouvelle. Nous restons polis pour lui faire comprendre que nous voulons rester seuls. Elle fait la moue, me regarde avec tendresse et s’en va derrière nous en m’adressant un sourire rayonnant qui la rend à la fois atrocement niaise et tout à fait ravissante. Notre quête vers le réconfort alcoolisé se poursuit, longue et silencieuse, assombrie par l’appréhension de nos futurs divagations de cœurs solitaires qui s’épanchent pathétiquement et se répandent en lamentations laborieuses sur les déboires de la vie. Nous aurons l’air pathétique, mais à quoi bon faire semblant que ce n’est pas le cas, car c’est la vérité ?

Penché sur ma bouteille à moitié vide, les yeux perdus dans les cheveux de Shikamaru, la tête abattue sur la table, je repense à mes résolutions de ces derniers jours. Contrairement à lui aujourd’hui, je n’ai pas pleuré, j’ai simplement agis comme mon personnage le ferait, avec distance et peu de considération pour ce flot de nostalgie qui semble vouloir me briser. Egoïstement je me sens fort d’être parvenu à tant de distance avec mes propres sentiments, mais en bon ami, je mime la tristesse pour aider Shikamaru à évacuer la sienne.

Le voir, ainsi, si peiné et si désœuvré me déchire le cœur, et je n’ai pas à feindre beaucoup pour qu’il voit mon empathie. Si je dois pleurer, je pleurerais pour lui, avec lui, que mes larmes soient un soutient aux siennes, et qu’elles se tarissent ensembles dans un dernier soupir. Il a bu, bien plus que moi et reste là, faible et indolent, perdu dans sa propre douleur sans même sûrement, sentir ma main blafarde qui lui caresse le dos en des gestes qui se veulent rassurant mais que je ne peux m’empêcher de trouver illusoires. Ce n’est sûrement pas ma main qu’il voudrait sentir contre lui, mais celle de cette nymphe qui le hante et pour qui il semble prêt à se damner.

Mais qu’avons-nous donc, à tous pâtir de ces pauvres peines du cœur alors que nous somme des guerriers qui jour après jour font face à la mort et la regarde sans baisser les yeux ? Peut-être, l’issue inévitable de notre vie, sa promesse de finitude, sa dévotion à une cause qui nous dépasse nous paraît plus acceptable que les promesses déchues d’avenir paisible que nous laisse entrevoir l’affection ?

Comme j’étais bien, mon frère, lorsque l’unique but de ma vie était de mettre un terme à la tienne, lorsque je m’imaginais enfin mourir en paix une fois mon geste accomplis. Comme j’aimerais retrouver ces jours sombres qui ont été les miens et dans lesquels je ne me baignais pas d’illusion. Tout était clair pour moi alors, te tuer était mon but et les liens que je tissais avec les autres ne devaient que permettre d’accomplir ce dessein. Pourquoi m’avoir, au seuil de la mort fait cadeau de ton amour qu’un autre m’a révélé ? Comme tu as du souffrir de me chérir autant, d’avoir en mon nom commis tant de sacrifices et versé tant de sang, sans jamais pouvoir à nouveau me serrer dans tes bras. J’espère et je supplie le ciel, pour que mourir de ma main ait été ton dernier réconfort, pour que contempler la force que tu m’avais donné par la haine que tu m’inspirais t’ai rendu fier et pour que de là ou tu es tu me regardes tel l’ange gardien que tu fus toujours pour moi. J’ai voulu revivre cette vie que j’avais quitté pour ne pas offenser ta mémoire, mais mon dieu que cette vie est dure et plus noire encore que celle que je vivais pour me venger. Elle est mon sacrifice en ton nom et mon dernier cadeau, le seul peut-être que tu ais jamais voulu recevoir de moi, et même si j’en connais à présent les tourments, je continuerais à la vivre pour que tu ne sois pas mort en vain, je la vivrais pour moi, et lorsque nous serons à nouveau face à face, je pourrais t’en parler en souriant.

Je me réveille, une larme séchée au coin de mes yeux alors que dans ma tête, les yeux d’Itachi me toisent encore de reproches. Le nuage brumeux de l’alcool tourbillonne dans ma tête, frappe comme tempête sur mes tempes et me laisse aussi pantelant que ce rêve dont je m’extirpe à peine, et qui laisse en moi une étrange impression de malaise. Jamais encore je n’avais songé à mon frère de cette manière, jamais de façon si cristalline, jamais avec tant de réalité et avec tant de regrets.
Mes yeux se promènent dans cette pièce que je ne connais pas et j’aperçois sur le lit, couché en position fœtal, Shikamaru qui dort aussi paisible qu’un enfant. Des images me reviennent alors que je me surprends à le contempler ravi de le trouver si apaisé. Je me revois le porter maladroitement à son lit, l’y veiller quelques minutes et puis aller m’allonger par terre pour y réfléchir un peu au pourquoi de mon existence. J’ai sûrement dormi à même le sol, et la douleur dans mes muscles et mes os me confirme mon hypothèse. Je me lève, fourbu et maladroit, m’étire avec difficulté puis ramasse mes affaires en silence. Je griffonne sur un bout de papier un mot pour mon ami, le recouvre de son drap avant de sortir en le laissant seul dans sa béatitude ensommeillée.

………....

Une étouffante sensation de vide le réveille subitement. Il jette autour de lui un regard paniqué et s’extrait d’un bond de l’inconfort du canapé pour courir essoufflé jusqu'à la chambre de cet autre si cher à son cœur qu’il espérait tant voir mais qui n’est pas venu. Peut-être est-il passé près de lui cette nuit, en silence et sans un geste ? Il ouvre la porte dans un mouvement lent, comme pour ne pas réveiller l’autre qui peut être dort encore, laisse ses yeux s’acclimater à l’obscurité et reste là inerte, spectateur impuissant de ce lit inoccupé. La force inexplicable qui l’avait poussé dans sa course le quitte d’un seul coup, le laisse groggy et las, perdu dans ses interrogations.

…………

Lorsque je reviens chez Shikamaru, il est déjà réveillé, assis sur son lit, la mine plus blafarde encore que celle d’un mort extrait de la tombe. Il me regarde en souriant, de son sourire habituel et plein de reconnaissance alors que j’apporte avec moi de quoi déjeuner. Nous mangeons en parlant de choses qui n’ont rien à voir avec nos divagations de la veille et je crois qu’il m’en est reconnaissant. Ce sont des moments qui ne vivent que dans l’instant et dont le souvenir est inutile, des aveux indispensables mais non moins honteux, que les yeux de notre confesseur nous renvois plus virulents que lorsqu’ils sommeillaient en nous. Ces silences familiers, c’est la définition même de l’amitié, cette acceptation de tout ce qui fait l’autre, et cette capacité à écouter sans rien dire. La présence, seule, est tout ce qui caractérise une amitié sincère.

Ce petit repas ne nous a pas suffit, et nous sortons comme un seul homme pour nous rendre chez l’ichiraku, ton restaurant préféré. Les râmens y sont bons et les souvenirs vivaces, mais que me reste-t-il dans cette ville si je fuis tout ce qui me ramène à toi, pas grand chose sans doute. Des rires et des éclats de voix s’échappent du petit baraquement duquel nous approchons, je reconnais tout de suite ceux à qui ils appartiennent, Sakura, Lee, Neji, Ten Ten, Kiba, et toi.

Elle est suave et mélodieuse, incarnation parfaite de la symphonie de sentiments qu’elle fait naître en moi lorsqu’elle me parvient dans toute sa clarté. Mes jambes malgré moi, se bloquent, refusant, faible qu’elles sont comme je le suis, de se trouver face à toi. Mes résolutions frappent aux portes de ma raison qui se niche dans un coin, les mains plaquées sur les oreilles, elles tambourinent et hurlent « Avance ! » à mon cerveau qui n’entend plus rien si ce n’est cette musique enchanteresse et traître que tu laisses échapper de ta bouche. Shikamaru me regarde sans comprendre, les nuances mélodiques de ta voix lui échappent, rebondissent sur lui pour mieux me heurter. Alors je pousse ma raison à ouvrir la porte du cachot dans lequel elle se terre et la laisse embrasser mes résolutions pour mieux battre ma folie qui s’éveille à nouveau.

J’ai marché sans m’en rendre compte, en me postant instinctivement derrière Shikamaru, terrifié à l’idée de te revoir. Je suis ridicule, pathétique et risible, moi, l’un des meilleurs ninjas de ce village, réduit à la paralysie par le simple fait de revoir un amant.
J’entends la voix du Nara s’élever comme un rempart, celles des autres qui répondent, et la tienne comme une flèche qui vole au-dessus du mur de pierre pour se nicher dans ma poitrine. Je te réponds avec autant de calme et de froideur que je le fais pour les autres. La chose me paraît à moi-même impensable et je bénis intérieurement mon masque indestructible d’impassibilité. Mes yeux cependant n’ont pu te faire face, pas encore, pas alors qu’une goutte d’eau pourrait faire vaciller ma raison à jamais, tu me parles me pose des questions, ton ton est neutre calme, habituel et ne fait que creuser cet abîme dans lequel je me noie. Cet abîme c’est mon cœur.

Je te réponds, sèchement, plus que je ne voudrais, mes phrases sont acérées comme des couteaux, ma voix, étrangement sarcastique et pleine de reproches. J’aimerais pouvoir te parler normalement, admirer moi-même combien ta présence m’est indifférente, mais je me heurte à l’insupportable évidence, je t’aime encore, je suis toujours aussi fou, et plus encore que lorsque tu es partis car te voir ici si souriant, si normal est en train de m’achever. Ce sourire il est si beau, si généreux, si pourtant plein de rêves déchus qui plus jamais ne se réaliseront. Je le fixe, m’empêchant coûte que coûte de plonger mon regard dans tes yeux par crainte de m’y noyer.

Nous nous asseyons Shikamaru et moi, avec toi et les autres, incapables de trouver un motif qui pourraient justifier notre isolement ou notre fuite. Le Nara se place entre toi et moi, me protège de ta présence et de la caresse involontaire de ta peau sur la mienne, mais ne peut rien faire contre cette voix qui me lacère les tympans. Je te regarde sourire, je te regarde rire, je tente sans succès de me rendre à la fois sourd et aveugle mais mes sens sont tenaces et visiblement décidés à me faire endurer le martyre.

J’ai envie de tuer tous ces autres à qui tu réponds, j’ai envie de te faire mal, de te faire crier, de te forcer à tout me dire et à tout me révéler.
Ressens ce que j’ai ressenti, que l’impression de mort te submerge et qu’elle te fasse succomber, que ton cœur se déchiquette sous mes yeux pour que je m’en nourrisse. Pleure, et que tes larmes t’étouffent comme les miennes l’ont fait, meurs devant moi où vas-t-en à jamais mais arrête de sourire et cesse de rigoler, je ne veux plus entendre ta joie si je n’en suis pas la cause ! Frappe-moi, insulte-moi que je comprenne où a été ma faute mais ne reste pas dans cette indifférence joyeuse qui est train de me terrasser.

Je me lève subitement, sentant monter à mes yeux des larmes de haine et de chagrin que je serais incapable de retenir. Je me lève et marche, d’une démarche en apparence assurée, dans laquelle je jette mes dernières forces, je ne veux pas te laisser contempler mon agonie, te laisser te repaître de la contemplation de ton chef d’œuvre. Le silence que mon départ impose devient la ronde d’honneur de mon cœur abattu. Mes pas deviennent rapides, ma fuite est laborieuse, mes larmes montent à mes yeux et les retenir me brûlent plus qu’un acide. Cette boule qui naît dans ma gorge et dans mon ventre ne tardera pas à me mettre à terre, mais comme un animal sentant sa fin venir, je veux me laisser aller en silence et en paix, loin des autres et plus encore de toi, m’envelopper de ma solitude et m’y laisser mourir.

Sans que je sache comment, je me retrouve dans la forêt, titubant comme un soulard, ivre de mon chagrin qui m’empêche de respirer. Mes sanglots deviennent des spasmes, soulèvent ma poitrine alors que le flot, jusqu’alors maitrisé, de mes pleurs fond sur mon visage dans un déferlement de perles salées. Je ne peux plus les retenir, elles coulent et me brûlent, brouillent mon regard et font de chaque pas une Odyssée dans laquelle j’échoue misérablement. Une dernière chute me laisse à terre, la main posée sur le tronc d’un arbre en face de moi, l’autre, serré sur ma poitrine, les genoux misérablement écorchés et le visage plus pathétique encore que celui d’un clown défiguré.

Je reste là à pleurer, geindre et hurler mon chagrin, je le jette en pâture à qui veut bien le prendre, m’époumone pour le lancer le plus loin possible et pour que jamais il ne revienne. Je reste là, à vivre et à mourir en même temps, incapable de me laisser aller totalement dans l’une ou l’autre de ces directions. Je reste là, loin, très loin de toi, mais pas encore assez.

Je reste là.




Bon alors, chapitre volontairement moins fardé de fioritures poétiques que les précédent (pas de poème au début, pas de citations), j'ai voulu par ma façon d'écrire, retranscrire cette presque perte de sentiment de Sasuke, se retour (en bien moins extrémiste) à l'ancien lui.

J'ai surtout tenté, et je reconnaîtrai volontiers mon échec, une sorte de crescendo, un rythme que j'ai voulu aller de plus en plus vite, et de manière fluide.

Merci encore à HyeSun, bienveillante correctrice !





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