Fiction: Un Secret

La vie d'un Uchiwa est aussi remplie de mystère que ses songes. Sasuke rêve, se souvient, et poursuit sa vie... Personnages OOC et Yaoi.
Classé: -12D | Romance | Mots: 41564 | Comments: 22 | Favs: 14
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kuroekai (Féminin), le 07/01/2011
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Chapitre 1: Un Secret



Un secret.

Nous venons de nous unir pour la première fois. Je ne sais plus comment c’est arrivé, pourquoi, pourquoi tu ne m’as pas repoussé et à y bien réfléchir je ne veux pas le savoir. Je suis allongé sur le flanc, noyé dans la moiteur étouffante de cette maison en ruines que nous avons prise pour abri pour cette mission. Ce n’est plus qu’un squelette de bois, moisi, suintant avec la chaleur torride qui règne dans cette région dévastée, mais pour moi, ce soir, alors que le feu crépite doucement à mes côtés, cette ruine austère est un temple, un sanctuaire, sacré et protégé.

Sais-tu seulement depuis combien de temps je rêve de cet instant ? Sous mon apparente froideur, la fragilité de mon âme porte ton visage, le chérit, le contemple et le veille jalousement.
Des dizaines de fois, en voyant les autres t’aimer j’ai voulu t’enfermer, j’ai voulu les détruire en te voyant leur répondre en sourires, ce sourire que tu as, si beau. Je cale mes pas sur les tiens, je te suis comme une ombre, je me nourris de tes mots, je ne respire que pour imiter le mouvement lent de ton torse qui se soulève. Ton aura m’aveugle, m’éblouit et je ne peux m’en approcher sans craindre de m’y consumer. Mais tu ne sais pas tout cela, je ne le dis pas. Un mot pourrait briser à jamais le lien particulier qui nous unit. Alors je reste l’ami fidèle, qui fut pour un temps un ennemi traqué, traqué par toi, je souris à tes blagues, je te regarde grandir, ou plutôt je t’admire grandir, devenir, si cela est possible, plus beau encore que lorsque je t’ai retrouvé il y a quelques années. Nous avions alors 16 ans, nous étions jeunes, trop jeunes pour la destinée qui était la nôtre, mais toi tu lui faisais face avec courage.

Ton corps chaud collé au mien s’écarte un peu. Tu te relèves, je t’entends marcher, t’allumer une cigarette et t’asseoir dans un mouvement que je devine lent et gracieux. Es-tu seulement conscient de ta grâce, de ta beauté, de cette aura de mystère qui flotte autour de toi ? Je devine ta pose, lascive, alors que tes yeux se perdent dans la contemplation de l’horizon. Je vois presque la fumer s’échapper de tes lèvres fines, à peine entrouvertes, ta main élégante porter à nouveau le tube à ta bouche, lentement. A quoi penses-tu ? J’aimerais tant le savoir, j’ai toujours voulu le savoir. Mais d’aussi loin que je me rappelle, je n’ai jamais réussi à voir au-delà de tes grands yeux bleus.
Je me lève à mon tour, fébrile à l’idée de te faire face alors que ma nudité est le témoin de nos actes de cette nuit. As-tu honte ? Me détestes-tu ? Ton regard sur moi sera-t-il toujours le même ? Sera-t-il plus dur, plus passionné ou inchangé ? Ces questions me hantent alors que je m’approche de toi.

Tu es assis, le dos posé contre une poutre à l’équilibre précaire, une jambe étendue sur le sol, alors que l’autre est relevée et que ton bras repose dessus dans un nuage de fumé provenant du tube à l’extrémité de tes doigts fins. Ton autre bras pend contre ton corps, et descend entre tes cuisses en cachant ton sexe. Ton visage lui, est tourné vers le dehors, caché par endroit par des mèches blondes, en bataille, et souillées par la sueur de nos ébats passés. La lune, dans le ciel te teinte de reflets bleutés, fait ressortir les courbes fines de ton corps parfait. Je suis ému par cette vision de pure beauté, par cet instantané de grâce que tu offres à la discrétion de la nuit noire. J’en viens même à penser que le monde serait bouleversé si il était témoin d’une telle vue.

Je m’avance, tremblant de te voir si beau et craintif à l’idée de voir tes orbes bleus se poser sur moi. Mais tu ne bouges pas, alors que je m’assoie près de toi dans une pose d’enfant apeuré. Je serre mes jambes contre mon torse, et tourne la tête pour contempler ce que tu contemples, ressentir ce que tu ressens, et peut-être comprendre tes silences. Nous restons là, de longues minutes à fixer l’horizon sans un mot, sans geste, alors que ta cigarette se consume sans que tu y prêtes attention. Le temps est comme suspendu, suspendu à tes lèvres, comme je le suis, attendant fébrilement qu’un son en sorte pour décider de mon avenir. Si aujourd’hui tu me rejettes, j’en mourrais, lentement, je deviendrais un corps sans âme, errant de-ci de-là, alors que te regarder vivre ta vie achèvera de mettre fin à la mienne. Si tu me dis que tu m’aimes, je me laisserais tomber dans l’ivresse du bonheur, je graverais nos noms entrelacés sur mon cœur et chaque jour me sera plus beau et plus précieux qu’une existence entière sans t’avoir jamais connu. Et si tu ne dis rien ?
Tu ne diras rien, je commence à le comprendre, alors que je tourne la tête pour regarder tes yeux lointains. Dans tes yeux je vois le Monde, infinis, précieux, riches de beautés et de joies comme un trésor inestimable, mais en même temps je ne vois rien. Je me heurte à ce bleu azur et profond sans en comprendre les nuances, les subtilités des couleurs de tes sentiments m’échappent, me laissent sur la rive alors que tu sembles comme parti au loin.

Et puis, tu te tournes enfin vers moi, dans ton regard rien n’a changé, ou si peu. Tu me parles, tu te lèves, tu agis comme si rien ne s’était passé. Je souffre de ton apparente indifférence, alors que je t’ai laissé me posséder entièrement, alors qu’il y a peu, nous n’étions qu’un, alors qu’au moment de nous unir tu n’étais que douceur et passion. Je te vois te rhabiller, j’en fais autant de peur de te laisser voir ma faiblesse. Tu t’éloignes, tu dis que tu va faire une ronde et tu me laisses, seul, terriblement seul.
Je me rapproche du feu, qui éclaire mon visage meurtri de reflets oranges, faisant scintiller l’unique larme qui coule sur ma joue.

J’ouvre les yeux, tout est flou, un rêve, un songe douloureux et depuis longtemps oublié. Enfin c’est ce que je croyais. Je m’étire longuement, sortant peu à peu du brouillard nostalgique des mes souvenirs perdus, ravivés par la fièvre de ce mal que je traîne depuis le début de cet hiver glacial et interminable.
J’ai froid, seul dans ce grand lit, dans ce dojo, dans ce quartier de mon enfance que j’ai reconstruit avec toi il y a de nombreuses années. Je me lève, torse nu, cerné par le froid qui fait se dresser les poils de mon corps alors que ma peau prend une texture granuleuse. Je marche dans les couloirs baignés de la lumière d’un après-midi hivernal, blanc, gris et bleu, dans cette ambiance tranquille qui répond au calme paysage d’un village enneigé. Une lueur au salon m’interpelle, et je suis son faisceau d’une démarche lente et apaisée par une seule pensée : tu es là.

Je te vois assis devant la cheminé, une cigarette à la bouche, les yeux plongés dans la contemplation du petit jardin qui borde notre salon. Je souris, mon rêve semble prendre pied dans le monde réel, alors que tu ne daignes pas tourner la tête en m’entendant arriver.
Je m’agenouille derrière toi, colle mon torse glacé à ton dos chaud et rassurant, je t’encercle de mes bras et plonge ma tête dans ton cou. Ta peau est douce, chaude, fruitée, musquée.

-Tu es rentré… dis-je, la voix étouffée par le contact de ma bouche sur ton cou que j’embrasse comme un enfant.

Au contact de mes lèvres, la chair de poule te prend, tu te raidis. Nous restons ainsi quelques instants, je laisse la chaleur de ton corps réchauffer le mien. Et puis ta voix suave s’élève alors que ta main vient fouiller mes cheveux en batailles.

-Ta fièvre est retombée ? Me demandes-tu alors que ta main descends jusqu'à ma nuque qu’elle caresse tendrement.

-Pas vraiment… J’ai fais un drôle de rêve… La fièvre me fait sûrement un peu délirer…

Ta main quittes ma nuque, ton corps s’écarte du mien et tu te retournes, poses ton regard azur sur moi et écrase ta cigarette dans le cendrier posé à côté de toi. Tu poses ta main sur mon front dans une caresse brûlante dont je m’enivre en fermant les yeux.

-Tu devrais te couvrir, tu ne risques pas de guérir en restant à moitié nu par un froid pareil.

Je souris en t’entendant dire cela, alors que déjà tu attrapes ta veste posée par terre, et la place sur mes épaules. Je me laisse lentement tomber dans tes bras, tu ne dis rien, tu me laisses faire, comme toujours. Et puis tu me serres un peu plus.
C’est comme ça depuis cette fameuse nuit que j’avais presque oublié, il y a quatre ans. Depuis ce jour, tu n’as jamais rien dit. Au début tu me laissais faire, tu me laissais me donner, sans rien dire, sans le chercher. Nos unions n’étaient que des moments volés au cours de missions passées à deux, mes gestes étaient doux, tendres, les tiens étaient plus rudes. Tu abandonnais peu à peu l’espoir de recevoir de cette fille que tu aimais, un retour à tes sentiments. Je t’aidais à l’oublier alors que j’étais celui pour qui elle te délaissait, c’était sûrement ta vengeance sur nous deux. Tu punissais l’une en lui prenant celui qu’elle désirait, et tu me punissais moi qui te chérissais tant, pour avoir été aimé d’elle. Mais je crois que tu t’es perdu toi-même dans ta vengeance malhabile.

Au fil du temps, des mois, des années, tu as cherché mon contact, tu m’as donné des sourires que tu n’adressais à personne, ma présence que tu tolérais t’es devenue aussi indispensable que la tienne à mes côtés. Mais jamais tu n’as prononcé ces trois mots que je te répète en boucle dans ma tête, tu ne le dis pas mais le montre tellement, dans tes regards, tes gestes, tes paroles, ils sont autant de « je t’aime » qui jamais ne franchiront tes lèvres. Autour de nous, personne ne sait, ou personne ne le montre. Voila bientôt 1 an que nous vivons sous le même toit, solution à la base temporaire après l’incendie de ton appartement, alors que tu avais oublié une cigarette allumée dans un cendrier. Mais depuis, tu as eu mille opportunités de partir, de vivre autre part. Tu dis que tu ne veux pas partir car tu vis chez moi gratuitement et que le dojo est plus grand que n’importe quel appartement que tu pourrais louer. Je ne dis rien non plus lorsqu’on me pose la question.
Jamais tu ne diras que tu restes pour moi. Tu as ta chambre, j’ai la mienne, pourtant elles ne sont jamais occupées en même temps, je te rejoins souvent, tu viens à moi quelque fois, souvent en rentrant de mission, mais nous dormons toujours ensemble.

Dans quelques jours, tu fêteras tes 24 ans, et dans quelques jours tu seras officiellement le successeur de l’hokage, le rêve de ta vie deviendra réalité, et je me demande si le mien prendra fin ce même jour. Tu seras un personnage public, le plus important qui soit, et ma présence à tes côtés serait mal vue car notre histoire est un tabou. Ton choix entre ce rêve qui est le tien, et moi qui rêve de toi me semble un choix facile, et douloureux. Mais si je dois partir je le ferais. Ta vie m’importe plus que la mienne et ton bonheur fait le mien, ce « nous » qui n’aura duré qu’un instant restera à jamais mon plus beau souvenir. Tu retrouveras vite une personne qui t’aime, elles sont si nombreuses à ne jurer que par toi alors que moi je reste impassible devant tout le monde, supportant leur approches faussement dissimulées. Tu es devenu beau, trop peut-être, pour que je te garde pour moi seul, tu es devenu fort, et on te respecte pour cela.
Quand nous marchons ensemble dans la rue, sans rien faire paraître de notre histoire, les regards se tournent sur nous. Les filles de notre génération nous répètent que nous sommes les deux plus beaux jounins de Konoha. Leurs compliments me fatiguent, je ne dis rien, toi tu leur rappelle avec ironie qu’elles n’étaient pas de cette avis il y a peu. Ils ne savent pas, et s’ils l’apprennent, ils jugeront sûrement sans comprendre.

Mais pour l’heure je me serre un peu plus contre toi, je profite de tes bras qui m’entourent de leurs chaleurs et de leurs forces bienveillantes. Ces moments sont des perles de joies que j’accroche au fil de la vie que tu me donnes. Comme un écho à mes inquiétudes, ton souffle devient plus profond et tu caresses le haut de mon crâne avec ton menton, puis m’embrasse sur le front avant de te lever, les sourcils froncés, dans une expression pleine de soucis. Je te connais par cœur.

Tu disparais dans le couloir, me laisse seul, encore, me dis-je alors que des bribes de mon rêve me reviennent et que je revois ton dos s’éloigner dans cette maison en ruine.
Maintenant comme alors, une larme perle au coin de mes yeux et je me serre un peu plus dans ta veste, respirant ton odeur que je sens disparaitre peu à peu. J’entends tes pas qui reviennent vers moi et je sens un tissu doux et chaud recouvrir mon corps. Tu t’agenouilles devant moi, m’enlève ta veste des mains et me couvre entièrement avec la couverture chaude. Je regarde ta veste que tu as jeté sur le côté, la larme à mon œil coule sur ma joue alors que je m’imagine à sa place, bientôt mis de côté.

Mais alors, ta main vient caresser ma joue, ton pouce récupère cette goutte de moi et dans un sourire rayonnant, tu me dis d’une voix suave :

-Je serai bientôt Hokage… Et j’espère bien t’avoir dans mes parages pour un long moment… Alors guéris vite.

Voilà, tu me les as dis ces trois mots, à ta manière, et ils résonnent dans ma tête comme une promesse silencieuse à rester ton secret.





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