Fiction: Entre chat et souris... (terminée)

Entre Temari et Shikamaru rien n'est jamais facile... Entre une tueuse à gage et un inspecteur non plus... Et si à cela on ajoutait un jeu ? Un peu de rivalité et des passés douloureux ? Qui au nom de sa justice finira par justifier ses actes ? Qui au nom de sa fierté gagnera ce pari ?
Classé: -12D | Action/Aventure / Drame / Tragédie | Mots: 53958 | Comments: 59 | Favs: 48
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Ris@ (Féminin), le 14/06/2011
Voilà ! Enfin le dernier chapitre !
J'ai mis énormément de temps à l'écrire, à essayer de trouver une trame qui vous laisse "sur le cul", et j'espère avoir réussi, bien que j'en doute quand même.
En fait, je pense faire un épilogue (et cette fois ce sera vraiment la fin !) qui regroupera les personnages (encore vivants xD) de l'histoire. J'espère avoir le temps et le courage de m'y mettre pour vous offrir un dernier chapitre. Bon et puis si vous en voulez pas, dite-le moi tout de suite pour pas que je fasse quelque chose qui vous parait inutile. ^^"

Un grand et énorme merci à Naruto-sempai sans qui je n'aurais pas poster la majeure partie de mes chapitres ! Merci aussi à Hina04 pour m'écouter déblatérer mes idées aussi folles soient-elles. Des remerciements à tous ceux qui m'ont lu et qui continueront (peut-être ? ) de me lire ! =p

Musique: Yann Tiersen - 1976

Bonne lecture !




Chapitre 22: L'orage de ton regard...



La pluie continue de fracasser le sol d'un son perçant et aigu. Un rayon de lune perce les nuages éclairant faiblement le toit de l'immeuble. Temari pose un regard sévère sur Shikamaru qui l'attend quelques mètres plus loin. Ils se lancent chacun des éclairs, tentant de savoir qui sortiraient vainqueur de ce duel mental. Shikamaru avait joué toutes ses cartes. C'était le moment de voir si l'appât qu'il avait lancé avait ferré sa proie.
Derrière Temari, l'ombre d'un homme. Un homme que Shikamaru reconnaitrait entre mille. Il dégaine son révolver et le pointe sur l'homme, un masque de terreur et de haine sur son visage mouillé. Temari fait de même, pointant son canon sur le cœur de Shikamaru. Le flic se fige, plongeant son regard ébène dans celui de la jeune femme.
Temari perçoit la détresse de l'inspecteur, et entend au fond d'elle-même l'écho de la douleur de Shikamaru, la profondeur de sa haine. Elle fronce les sourcils en rejetant ce flot de sentiments indomptables.

- Je ne te laisserai pas faire ! crie-t-elle.
- Tu ne sais pas qui il est ! Sa mort est la meilleure chose qui peut arriver à cette ville ! réplique-t-il en ne cessant de regarder Temari.

Dans ses yeux, il y a toute la détresse, toute la rage, toute la détermination de ces treize dernières années. Dans ce regard, il y a un homme, il y a cet enfant brisé par les paroles d'un père. Il y a un inspecteur droit, juste et pourtant prêt à entraver la loi pour se faire justice.
Shikaku s'avance jusqu'à Temari. Doucement, il lui souffle:

- Laisse-moi lui parler.

Elle acquiesce, ne cessant de braquer son arme sur celui qu'elle devait tuer. En y repensant, elle aurait dû le faire il y a si longtemps déjà. Pourquoi avoir inventé un jeu ? Elle qui pensait juste à sortir de sa vie quelques instants, elle avait entraîné bien des gens avec elle…
Shikaku regarde son fils avec un regard plein de remords. Il regarde cet homme qu'il n'a jamais connu. Il contemple les traits de son visage. Il croit se voir dans un miroir. Shikamaru lui ressemble tellement. Il sourit tristement en prenant la parole:

- Tu as tellement grandi…
- Et je l'ai fait sans toi ! J'ai pris soin de maman seul, je me suis endurci seul ! Sans un père pour m'apprendre les difficultés de la vie !

Shikaku sourit tristement. Que son fils était devenu dur avec lui. Il se souvenait de leurs altercations d'antan. Ce n'était jamais bien méchant. Ils se disputaient souvent la dernière part de gâteau de Yoshino, sa tendre femme. C'était le bon vieux temps.
Shikamaru continua de hurler toute sa haine en agitant frénétiquement son arme sous le regard furieux de Temari.

- J'ai tenu la main de maman quand elle te pleurait ! Je me suis battu pour elle, j'ai trimé dur pour lui offrir un peu de nourriture ! On était à la rue Shikaku ! Pendant que toi tu tuais des milliers d'innocents, nous, on en bavait ! Quel salopard tu fais ! Regarde-toi ! Regarde-la ! fit-il en désignant Temari d'un geste sec de la main.

La jeune femme sursauta. Depuis quand devait-elle être mêlée à cette réunion familiale ?

- Regarde ce que tu fais ! Tu transformes de parfaits innocents en dangereux criminels !
- Je les forme pour lutter contre les vrais meurtriers Shikamaru. Répondit calmement le mentor de la jeune femme.

La pluie défigurait le visage décontenancé de l'inspecteur. Il fronça les sourcils, creusant de véritables fossés sur son front où s'engouffraient les gouttes d'eau, comme une longue rivière.

- Elle n'a rien demandé ! Tout ça c'est à cause de ses parents ! Regarde son visage ! Regarde-la bien en face et ose me dire qu'elle rêvait de cette vie quand…
- Tais-toi ! hurla Temari.

Elle tenait fermement son arme, tremblant de rage. Sa main luttait pour ne pas appuyer sur la gâchette. Comment osait-il dire de telles âneries sur son précieux mentor ?! Shikamaru était un sombre crétin. Comment blâmer celui qui avait tout sacrifié pour préserver sa famille ? Comment osait-il essayer de faire vaciller ses belles convictions ?! La jeune femme était persuadée d'avoir méritée et d'avoir choisi la voie dans laquelle elle s'était engagée.
Temari voulut lui cracher tout ce qu'elle avait sur le cœur, mais Shikaku la prit de vitesse:

- Tu n'as toujours pas compris ? Cette fille, c'est le meilleur élément que l'on a depuis que je suis arrivé avec les trois autres supérieurs. Elle est sans cœur, sans émotion. C'est le parfait prototype d'une génération de tueurs parfaits. Nous sauverons le monde par le meurtre, parce qu'il n'y a que ça pour sauver un monde de débauche.

Il eut un silence dans lequel aucun des personnages n'osa intervenir, Temari la première.
Sans émotions ? Sans cœur ?
Elle écarquilla les yeux. L'image de son petit frère refit surface dans son esprit tourmenté: "je n'ai vu qu'une coquille vide."
C'était vraiment ce qu'elle était devenue au fil des années ? Un vulgaire pion que l'on bougeait à sa guise ?
Shikamaru pesta, puis reprit avec rage:

- Qu'essaies-tu de faire ? La secouer ne te serviras à rien.

Shikaku soupira en jetant un œil à Temari qui le regardait d'un air abattu. Se posait-elle vraiment des questions ? Avait-elle encore un brin d'humanité après tout ce qu'elle avait vécu ? L'homme leva un sourcil en se détournant.
Elle était pitoyable. Shikaku fronça les sourcils en soufflant:

- Rentrons Shikamaru. Nous avons assez discuté comme ça.

Le mentor de la jeune femme fit demi-tour, persuadé que son fils le suivrait, mais l'inspecteur ne semblait pas de cet avis. Son père avait négligé sa haine. Shikaku ne se doutait pas que son désir de vengeance était réel. Il avait beau avoir été prévenu par son élève, il n'y avait pas cru. Pas assez en tout cas.
Un éclair perça les ténèbres l'espace d'un instant. Shikaku ne se retourna pas, avançant vers les escaliers.
Shikamaru bouillonnait. Il regardait frénétiquement son père. Cet homme qui avait changé des centaines de personnes comme Temari, en de froids tueurs. Cet homme qui au nom d'une justice minable avait commis les pires péchés.
Dans ses mains, son arme tremblait. Il n'avait jamais eu à l'utiliser dans sa jeune carrière. Comment justifier son acte auprès de ses supérieurs ? Il sourit narquoisement. Quitte à se faire virer, il préférait faire ça bien. Une fois que Shikaku serait mort, il partirait loin de cette ville, tâchant de se faire oublier. Il renoncerait à sa vocation pour accomplir sa vengeance. Cette vengeance à laquelle il aspirait tant.
Il chargea l'arme au moment où Shikaku se retourna pour voir si son fils le suivait.
Temari se crispa en passant devant Shikaku:

- Ne fais pas ça ! Ne me force pas à te tuer maintenant !

La jeune femme pointait son canon sur le cœur de l'inspecteur, tremblant de colère. Shikamaru et elle se regardèrent un long moment, sans prononcer un mot. Ils savaient ce qui se jouait à ce moment. La mort ou la vie de Shikaku.
Entre deux idéaux, il n'y avait que ces deux issues possibles.
L'inspecteur inspira à fond avant de prendre la parole, sous les oreilles attentives de son père et de la jeune tueuse. Il fallait qu'il lui raconte son enfance pour qu'enfin elle le comprenne peut-être.

- Il y a treize ans, Shikamaru Nara avait encore un père. À l'époque, le garçon était assez jeune et vouait une admiration sans borne à Shikaku Nara: son géniteur et sa plus grande fierté sur Terre. Toute sa famille vivait heureuse. Sa mère aimait tendrement son père et ils vivaient dans la joie.

Lorsqu'il prononça sa dernière phrase, Shikamaru posa un regard sévère sur Shikaku qui s'était avancé plus près de Temari.

- Un jour, un homme vêtu de noir est apparu. La mère du petit garçon pleurait de panique, tandis que son père sortait un petit coffre de son bureau. L'homme sombre semblait sourire. Il était grand et il fit peur au garçon. C'est peut-être ce qui a fait agir l'homme à tes côtés. Fini par achever Shikamaru en s'adressant à Temari.

La concernée tourna un regard innocent sur le visage contrarié de son mentor. Jusque là, l'histoire de sa famille et de la sienne semblaient être similaire. Une heureuse famille dans laquelle Shikamaru se sentait épanoui. Pour Temari, ça avait été exactement pareil. Elle se sentait souvent seule, mais à l'époque elle croyait dur comme fer qu'on l'aimait beaucoup et que sa mère se réjouissait de la revoir. Que son père avait hâte de la serrer dans ses bras. Elle réalisait maintenait que tout n'était que mascarades. C'était à en vomir de dégoût.

- Oui, l'homme à côté de toi a fait la pire chose qu'un enfant de l'âge du petit garçon aurait pu voir. Son précieux papa a sorti une arme de la petite boîte en bois et il a tiré sur l'homme sombre. Il a trahi l'amour de son fils pour une "justice" inexistante dans ce monde. Il a trahi sa famille, brisé ce bonheur, cette joie d'être ensemble pour un "métier", pour un idéal.

Temari n'osa pas tourner son visage vers son mentor. Elle se concentra alors sur le regard de Shikamaru. Elle se concentrait sur son arme, sur le son de la pluie.
Elle frissonnait en essayant de ne pas faire resurgir la nuit qui avait fait basculer sa propre vie. Si Shikamaru s'était senti trahi en assistant au meurtre de quelqu'un, Temari, elle, avait été trompée, humiliée par une famille déchirée par le mensonge. D'un côté, elle comprenait l'inspecteur. C'était tellement dur d'oublier et de pardonner. La preuve: Temari était toujours consumée par cette envie irrépressible d'anéantir sa mère et son père. Si elle ne le faisait pas, c'était uniquement pour Shikaku. Il n'aimait guère les meurtres injustifiés, bien que pour la jeune femme, sa haine l'était parfaitement.
Soudain, à travers le clapotis des gouttes de pluie, entre deux orages et à la lumière d'une lune maussade, on entendit un rire. Un rire discret, résonnant pourtant aux oreilles de l'inspecteur et de la jeune tueuse.
C'était Shikaku. Il regardait son fils avec une lueur indescriptible dans ses yeux noirs.

- La justice…sais-tu de quoi tu parles mon fils ?

Il avait prononcé ces paroles avec calme, pourtant, l'atmosphère avait vibré comme une lourde menace qui planait sur le monde entier. Shikamaru ne cessait de pointer son arme. Il eut un léger mouvement de tête dans la direction de son géniteur avant de répondre:

- Où veux-tu en venir ?

Un nouveau sourire. Quelque chose de détaché, de déconnecté. Temari regardait son mentor, oubliant presque Shikamaru.

- Il n'y a pas de justice en ce bas monde. Il n'y en a plus. Tu devrais le savoir plus que quiconque non ? Tu es devenu un flic. Ils savent tous qu'ils ne peuvent rien changer dans le métier. Ils sont là pour emmerder le monde, pour rassurer deux ou trois idiots. Ils ne servent à rien. Les villes sont en conflits permanents. Les guerres ne sont jamais bien loin. Les dirigeants deviennent avides de pouvoir. Le monde va mal, trop mal pour être sauvé. L'organisation sait tout ça. Les nouveaux élèves que l'on reçoit pensent qu'ils sont là pour changer quelque chose, mais plus ils tuent, plus ils réalisent à quel point c'est inutile. À quoi bon de toute manière ? Nous n'aurons jamais aucun signe de reconnaissance pour avoir sauvé des vies ! La justice peut être interprétée différemment selon les personnes. Si tu vois ça comme une prison, moi je la considère comme une arme qui peut punir. Qui peut tuer ou sauver des vies. La justice est partout, bien qu'au fond, elle ne soit nulle part.

Les paroles de Shikaku résonnèrent un moment dans le froid infernal d'une nuit pluvieuse. Temari baissa son arme. Que venait-il de dire ? Lui-même ne croyait plus en les convictions de l'organisation ?
Ai-je été la seule idiote à vouloir m'y raccrocher pour continuer de tuer ? pensa-t-elle en regardant froidement son mentor. Il lui rendit son regard, puis se tourna vers son fils.
Le ciel continuait inlassablement son caprice, trempant le sol, mouillant les corps des trois personnages.
L'inspecteur jeta un œil à Temari, jaugeant son état psychique. Son regard se confronta alors naturellement aux yeux vides de la jeune femme. Il aurait pu tomber à l'intérieur de ses orbes clairs et ne jamais en revenir. Il contempla ses traits fin, ses lèvres qui tremblaient, et ses quatre couettes qui tombaient mollement sur ses épaules. Shikamaru savait ce qu'il avait à faire. C'était le seul moment où il pourrait agir, sans mettre en danger la jeune femme. Il savait que tant qu'elle serait plongée dans ses pensées, elle ne penserait pas à protéger son cher mentor. Au fond de lui, l'inspecteur pleurait, criait. Au fond de lui, tout foutait le camp.
Il lança un dernier regard à son père, s'excusant déjà auprès de la jeune tueuse. Ce n'était pas le fait d'en finir avec Shikaku qui lui faisait mal. Après tout, il n'avait pas connu son père. Il l'avait juste haï.
Ce qui lui bouffait le cœur, c'était le regard que lui lancerait Temari une fois que Shikaku ne serait plus.

- Tu ne comprendras jamais rien. Au revoir papa. Fit-il en versant une larme pour ce père.

Le coup partit, faisant réagir Temari. Elle leva la tête, observant avec effroi le sang qui coulait du torse de Shikaku. Celui-ci recula d'un pas avant de tomber à genoux. La balle s'était logée dans son cœur. Il bégayait des mots incompréhensibles, tandis que Temari s'était jeté sur lui pour appuyer sur sa plaie le plus fort possible. Entre ses doigts, le sang bouillonnait et continuait de s'échapper du corps de Shikaku.

- Shikaku ! Non, non reste-là ! Je…vais appeler de l'aide ! L'organisation va te soigner…!

Temari avait les mains souillé par le sang d'un homme. Ce n'était pas la première fois, pourtant, ça lui faisait peur. Ça lui faisait mal.
Ses larmes montèrent, puis tout en sanglotant silencieusement, elle allongea son mentor sur le dos.
Shikaku crachait du sang, sa respiration se faisant bruyante et difficile. Il ferma les yeux en arborant un air calme. Finalement, Shikamaru l'avait bel et bien tué. Il avait tiré sur son propre père. Comme son fils avait grandi… Il était devenu un homme avant que Shikaku puisse s'en apercevoir. C'était regrettable.
Pouvait-il en vouloir à son fils ? Pouvait-il comprendre son geste ? Bien sûr qu'il le pouvait. Après tout, c'était encore son père. Un père comprenait tout, même si parfois sa stupide fierté faisait qu'il refusait de le reconnaître. Il avait compris pourquoi son petit garçon se battait. Il avait saisi le sens du mot "justice". Du moins, le sens que Shikamaru lui associait.
Au loin, comme un murmure obscur, il entendait la voix de son élève. Cette fille était idiote. Elle avait cru en une justice de sang, de meurtre. Elle avait espéré que ses parents l'aiment un jour et que ses péchés lui soient pardonnés. Elle l'avait suivi partout, le vénérant comme un Dieu, l'aimant comme un père. La jeune femme s'était-elle mise à espérer de l'amour en retour de ses loyaux services ? C'était impossible. Shikaku n'était plus du genre à aimer qui que ce soit. Pas après la perte de sa famille. Pas après le regard de son petit garçon. Pas après les pleurs de Yoshino.
Temari était naïve. Elle tuait lorsqu'on lui disait le mot "coupable". Elle s'acharnait sur le sort du monde, sans jamais se douter un seul instant que rien ni personne ne pouvait changer la société. Les supérieurs s'étaient tous joués d'elle. Ils l'avaient incitée à commettre des meurtres injustifiés, se demandant quand elle s'en rendrait compte. Tuer le Président n'avait d'ailleurs aucun enjeu, c'était juste une provocation auquel la jeune femme avait répondu présente. Finalement, cela avait juste servi à précipiter sa fin. Shikaku eut envie de rire, mais sa gorge était remplie de sang. Il s'étouffait.

- Shikaku… Shikaku!

Le vieux Nara s'éteignit dans un dernier soupir. Un souffle agité, parsemé de regrets, de joie et de tristesse. La voix de sa fidèle élève s'effaça, l'image de son fils se brisa, et seule la pluie s'abattant sur sa peau continua d'être réelle. La vie de Shikaku prit fin. Son corps resta là, tandis que sa folie s'en alla bien loin sous terre, comme s'il avait toujours su qu'il rejoindrait les enfers.

- Shi…kaku…?

Temari continua d'appuyer sur la plaie de son mentor, ne sentant ni son cœur ni son souffle sous ses paumes. Elle se figea en écarquillant les yeux.
Que la mort était laide. C'était maintenant qu'elle s'en rendait compte.
Ses larmes chaudes se confondaient avec les froides gouttes de pluies. Elle enleva doucement ses mains, les regardant avec horreur. Elle tremblait, elle pleurait.
Je l'ai tué ? C'est…moi qui… ?
Le ciel continuait de pleurer et de déchirer les nuages gris avec de forts éclairs. La ville prenait son allure la plus laide autour de la jeune tueuse. Le monde était si laid, si plein de débauche. Elle haïssait sa vie, elle haïssait ses parents, cette ville, son destin, l'organisation. Elle s'écœurait elle-même.
Doucement, elle tourna la tête en direction de Shikamaru.
L'inspecteur se figea dans le regard furieux de la jeune tueuse. Ce regard qu'il redoutait tant. Dans les yeux clairs de la jeune femme, il voyait le vide d'un cœur blessé, la tristesse des jours passés, et la folie d'une femme perdue. Un regard intense, des yeux de saphirs, avec des touches de verts, comme un monde nouveau qui s'ouvrait à Shikamaru. Il se perdait dans les yeux remplis de larmes de la jeune femme. Il s'y noyait, s'y engouffrait sans aucune autre envie que d'y rester à jamais. Il y avait tellement de trésors dans ses yeux, tellement de mystères et d'orages à l'intérieur. Il avait peur, et pourtant, sous cette peur, il y avait aussi l'excitation d'en voir toujours plus.
Elle se leva, tournant son corps vers lui. Il recula d'un pas lorsqu'elle commença à s'avancer. Il était sorti de sa contemplation, reprenant ses esprits.

- Toi ! C'est toi ! Tu l'as tué ! Tu as osé lui tirer une balle dans le cœur ! hurla-t-elle en essuyant prestement ses larmes.

Temari se lança sur Shikamaru, le prenant fermement par le col de son vêtement. Elle approcha son visage du sien, collant son front à celui de l'inspecteur. Shikamaru sentait le souffle agité de la jeune femme sur son menton. Il frissonna.
Leurs regards se croisèrent encore une fois, mais cette fois, Shikamaru se concentra pour ne pas tomber dans un désir profond de s'enfouir à jamais dans ses yeux. Il savait que la jeune tueuse était assez remontée contre lui pour le tuer. Elle le jaugea un moment, puis au bout de quelques minutes, alors que le ciel continuait de déverser sa tristesse, elle se calma. Ses épaules s'affaissèrent doucement. Elle souffla alors:

- Tu es un type bien Shikamaru Nara. Je le sais. Tu es inoffensif. Tu te souviens ?

L'inspecteur ne répondit rien. Il laissa la jeune femme parler, tentant de se dégager. Pourtant rien à faire, elle avait une poigne de fer.

- Cependant, tu as tué celui en qui j'avais une totale confiance. Regarde, son corps est encore là-bas… fit-elle en lançant un rapide regard à la dépouille de son mentor.

Shikamaru regarda les mains pleines de sang de Temari. Il déglutit en pensant que peut-être, ce serait bientôt son sang à lui qui se trouverait sur ses mains.
Une goutte de sueur coula le long de sa tempe, rejoignant le mouvement de la pluie.

- Qu'est-ce que je devrais faire de toi ?

En prononçant ses mots, Temari avait regardé l'inspecteur avec toute la détresse du monde. Ce n'était pas une menace, ce n'était même pas une réelle question. Juste un appel à l'aide auquel Shikamaru avait envie de répondre présent. Le pouvait-il seulement ?
Temari lâcha le flic en s'éloignant de quelques pas, posant ses mains ensanglantées sur son visage paniqué. Elle répétait sans cesse sa dernière phrase, comme si elle cherchait activement une réponse.
Elle savait qu'elle ne pourrait jamais tuer Shikamaru. Ce n'était pas moral de faire ça. Il avait certes tué son père mais pour elle, c'était malheureusement justifié. Et si un meurtre était justifié, elle ne pouvait pas se venger. Elle était enfermée dans une sphère de souffrances perpétuelles entre une conscience détruite et une folie grandissante.
Elle se tourna vers le corps inconscient de son maître en lui demandant:

- Qu'est-ce que je dois faire de lui ? Dis-moi Shikaku…j'ai besoin de toi…

Les larmes étaient aux bords de ses yeux, pourtant, elle ne pleura pas. Elle erra encore un petit moment sur le toit, tournant autour de Shikamaru, posant inlassablement la même question, sans attendre une quelconque réponse. Elle ne donnait à personne la possibilité de répondre. Que cherchait-elle en réalité?
Shikamaru voulait le savoir:

- Qu'est-ce que je dois faire de toi ? fit-elle encore une fois.
- Commence par te calmer. Trancha-t-il.

Temari se figea en tournant la tête vers l'inspecteur. Il s'étonna de l'incroyable docilité de la jeune femme. Il fronça les sourcils en demandant:

- Qu'est-ce que tu cherches maintenant ?

La jeune femme haussa les épaules en penchant légèrement la tête. Elle murmura:

- Quelqu'un pour me guider…pour m'aimer comme Shikaku. Je voudrais le rejoindre, lui dire qu'il est comme un père. Comme un Dieu pour moi.

Temari avait mal, tellement mal. Peut-être assez pour ne plus réaliser qu'elle avait perdu toute humanité, tout espoir de voir sa vie changer. Elle avait envie de vomir, envie de fuir et de courir. Elle n'arrivait pas à se faire à l'idée que son précieux mentor ait pu la quitter. Sans un sourire, sans un regard.
Soudain, elle se pencha en avant pour vomir. Son estomac se tordait dans tout les sens.
Elle avait mal, tellement mal.
Doucement, ses larmes coulèrent. Avait-elle le droit de se laisser aller au désespoir maintenant que tout était fini ? Elle s'essuya la bouche lorsque ses vomissements cessèrent.
Elle se rapprocha de Shikamaru, puis doucement, elle posa sa tête sur l'épaule de ce dernier. Elle murmura:

- J'ai perdu. Tout perdu.

Temari tendit ses poignets tremblants à l'inspecteur, tout en continuant de sangloter silencieusement sur son épaule.
Shikamaru comprit, et d'un geste lent, il sortit ses menottes.
Après tout, n'était-ce pas son but depuis le début ? Gagner un jeu sans valeur ? Arrêter une femme qu'il aimait ? C'était bel et bien idiot ce qu'il faisait, mais pour rien au monde il ne manquerait une victoire amer comme celle-là.
Il referma les bracelets métalliques sur les deux poignets de la jeune femme. Doucement, son cœur se serra au fond de sa poitrine. Son geste était impardonnable, irrévocable entre lui et elle.

- Quel est ton nom ? demanda t-il pour la énième fois.

La voix de l'inspecteur était douce, tremblante. Il était au bord des larmes. Ça lui faisait mal de faire ça. Il aurait voulu la laisser fuir pour toujours.
Tous les jeux ont une fin n'est-ce pas ? pensa-t-il en fermant les yeux.
Temari sourit doucement. Un sourire triste et amer. Il avait gagné. Elle pouvait bien répondre à sa question maintenant:

- Je m'appelle Temari. Souviens-toi de ce nom s'il te plaît.



Alors...?=S

J'espère sincèrement que je ne déçois personne....
Laissez-moi vous expliquez pourquoi le changement de Shikaku est un peu...soudain. En fait, le principe s'était d'arriver à une situation où le fils et le père ne pouvaient plus se comprendre (comme s'ils s'étaient déjà compris de toute manière...)
Le truc, c'est que j'ai crée Shikaku comme quelqu'un de plus doux que ce qu'il aurait peut-être du être. Il est profondément attaché à son fils même s'il n'a pas toujours su le montrer. Il était donc très difficile de provoquer un changement de comportement à Shikaku en si peu de ligne. J'ai bien essayer, mais bon...
Pardonnez-moi si ça ne colle pas, j'ai vraiment tenté de réfléchir pour trouver une autre alternative, mais voilà, je ne peux pas trouver à tout les coups... =S

J'espère cependant que ça vous a plu et que j'aurais l'honneur de vous revoir dans d'autres fictions !
J'espère aussi vous revoir pour l'épilogue (mais si personne n'est intéressé, tant pis !) xD

Ah oui, la phrase de Temari reflète une fin supposé, et elle reflète aussi le moment où Kankuro se fait tuer par celle-ci. Comme c'est là qu'elle devient une tueuse on peut supposer que c'est à cause de ce moment qu'elle a tout perdu. C'est pour ça qu'elle dit ça à la fin. Vous aviez fait le lien ?




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