Fiction: Entre chat et souris... (terminée)

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Le temps s'arrête un instant. Le monde cesse de tourner juste une seconde. Un moment dans l'espace où plus rien n'a d'importance que ce coup de feu qui part violemment. Plus rien ne compte que leur deux regards qui se croisent l'espace d'un bref moment. Temari semble être redevenue celle qu'elle aurait toujours dû continuer d'être. Gaara, lui, sourit presque, sans pour autant le pouvoir. Il avait cru en un nouveau départ, mais il semblait bien que sa sœur en ait décidé autrement. Le savait-il ? Temari était devenue incapable d'aimer ou de comprendre des sentiments heureux depuis quatre ans. Depuis quatre ans… ou peut-être vingt.
La balle touche l'abdomen du jeune adolescent. Il crache du sang en encaissant une deuxième, puis une troisième balle. L'une d'elles touche son cœur et sa vie s'éteint sous le soleil couchant. Le corps s'affale sur le pont fragile, puis tombe pour s'écraser en bas de l'impressionnante falaise.
Le temps se remit alors en marche. Le monde tourna à nouveau comme il l'avait toujours fait et Temari resta un moment sur place comme pour essayer de réaliser ce qu'elle venait de faire. Doucement, elle baissa son bras qui tenait l'arme, puis elle avança dans un silence presque religieux vers l'endroit où quelques gouttes de sang s'étaient déposées.

- Ne te méprends pas sale mioche… ce n'est pas comme si j'avais voulu m'encombrer d'un déchet comme toi.

Oui, Temari était redevenue la même. Si ses souvenirs étaient resurgis depuis quelques temps, elle avait compris que même les pires trahisons ne devaient plus l'affecter si elle voulait continuer d'exister. Elle remit doucement son révolver dans sa poche et s'avança vers une vieille cabane en bois où une femme d'une cinquantaine d'années attendait là : ligotée et apeurée comme toutes les victimes de Temari.
Elle avait été salement torturée. La jeune femme ne savait pas pourquoi ont devait faire souffrir tant de gens pour sans doute trois fois rien… elle haussa les épaules. Temari vit tout le sang qu'elle avait déjà perdu et elle se demandait si sa venue était vraiment utile :

- Je vais vous achever. Ce sera peut-être moins douloureux pour vous… en fait je m'en fiche un peu. Bon voyage pour l'au-delà Madame.

Un seul coup de feu suffit pour faire partir une âme de plus au ciel. Temari n'était pas croyante, mais elle se disait que ça apportait un certain réconfort à tous ceux qu'elle exécutait.
Ce qui les soulagerait c'est que je les épargne… pensa-t-elle soudain en sortant de la cabane.
Elle n'avait pas passé beaucoup de temps à l'intérieur pourtant le paysage s'était déjà beaucoup modifié. La nuit était tombée, laissant planer un soupçon de calme sur le décor. Les arbres ondulaient avec leurs feuilles au gré du vent, et les ombres menaçantes du soir semblaient danser dans un rythme inconnu. Temari traversa le pont en écrasant durement le sang de son frère. Elle traversa le long chemin de terre et y trouva sa moto. Elle s'y hissa en démarrant. La jeune femme lança un dernier regard vers cet étrange endroit où vérité et révélation s'étaient retrouvées. Elle pensa à Gaara et son regard s'assombrit. Elle préféra néanmoins partir d'ici avant qu'une mélancolie inutile ne s'installe.
La route était noire et calme en ce soir d'été. Ses pensées défilaient au fur et à mesure que les traits blancs et réguliers de la route circulaient sous les roues de son bolide. Elle arriva rapidement chez elle et y déposa toute ses armes avant de partir dans un bar mal fréquenté. De toute façon, elle n'avait pas l'argent nécessaire pour se payer autre chose que des bières. Elle se saoula jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus se souvenir de son nom. Ainsi, entre les illusions dérisoires et la réalité pesante de sa vie, elle voyageait du désespoir à la sérénité. Bercée entre ses démons et le poids de sa conscience, elle arrivait parfois à oublier tous ces visages qu'elle avait vus défiler devant ses yeux clairs.
La nuit emportait les bruits de la ville en les avalant dans ses sombres bras froids. C'est ce que pensait Temari en marchant dans des rues vides. Ses yeux étaient embrumés d'un léger voile de fatigue. Elle chercha longtemps où aller, mais finalement, elle finit par s'endormir dans un coin de rue où le soleil ne l'atteignit qu'après de longues heures.
Il était environ huit heures lorsqu'elle ouvrit les yeux en grognant. La ville avait repris ses apparences affreuses, et elle se leva en reprenant le chemin de sa maison. Là-bas, elle s'équiperait pour se rendre au QG. Elle devait absolument reprendre le travail et enfin rembourser la dette de ses parents. Elle ne savait même pas pourquoi ils avaient accumulé une telle dette… Peut-être avaient-ils échoué lors d'un important attentat ?
Elle bailla en rentrant dans son appartement sale. Elle fut surprise d'y trouver Shikaku en train de dormir sur son canapé. Temari resta un moment figé sur le palier de chez elle avant de se reprendre. Doucement elle s'avança vers son mentor avec l'intention de le réveiller. Elle y renonça en s'asseyant sur la table basse de ce qui lui servait de salon. Elle contempla le visage de Shikaku. Un visage qu'elle n'avait jamais pu graver dans sa mémoire. Pas sous cet aspect-là en tout cas.
Il avait les yeux clos. Quelques rides avaient fait leur apparition sur le visage serein de son mentor. Il paraissait bien plus vieux comme ça. Malgré les apparences, Shikaku avait de longs cils et des sourcils bien marqués. Ses cicatrices retraçaient son passé mouvementé et la jeune femme ne put s'empêcher de les effleurer. Son doigt fin longea la joue pâle de son maître ainsi que le côté droit de son front.

- Espèce de bonne à rien… c'est à cette heure que tu rentres ? reprocha soudain l'homme en rouvrant les yeux.

Temari sursauta en se levant brusquement. Elle reprit néanmoins son aplomb en balançant :

- Je suis adulte non ? Je fais bien ce que je veux.
- Tu empestes l'alcool… c'est comme ça que tu tentes de t'oublier ? reprocha Shikaku en se levant à son tour.

Elle ne répondit pas. Elle savait que son mentor était plus fort qu'elle à ce jeu. Elle ne gagnerait pas en répliquant.
Il s'étira en poussant un soupir en reprenant :

- Le boss m'a envoyé pour te dire que tu es de nouveau régulière pour le remboursement. Donc prends un peu de repos.
- Je n'en ai pas besoin. Je suis une professionnelle.
- Tu es une gamine dans le milieu. Ne pense pas que tu as les missions les plus compliquées… celles-ci me sont réservées.

Elle fronça les sourcils et Shikaku sourit. Elle était devenue rayonnante avec le temps, mais il savait que la fréquenter trop souvent était dangereux. Il avait beau avoir gagné le respect de sa jeune protégée, Shikaku se doutait que le jour où tout se briserait à l'intérieur d'elle-même, rien n'y personne ne pourrait la résonner.
Elle s'alluma patiemment une clope en le regardant d'un air méfiant :

- Je serais passée au QG tôt ou tard tu sais ?
- Je sais… mais tu te doutes déjà de la véritable raison de ma venue, non ?

Son visage s'assombrit. Oui, elle s'en doutait. Si ce n'était pas une simple visite de courtoisie, alors c'était sans doute pour la punir qu'il était là. Shikaku soupira. Il avait l'expression tout aussi grave que son élève. Il n'avait pas envie de la punir. Pas pour avoir tué Gaara. Il pensait qu'elle souffrait déjà assez comme ça, mais les règles étaient les règles. Il le devait. Doucement, il prit le bras de sa protégée pour la forcer à quitter l'appartement:

- Tu dois assumer les conséquences de tes actes maintenant…

Elle ne répondait pas et Shikaku comprit qu'elle ne répondrait plus à rien dorénavant. Elle était sans doute déjà trop terrifiée à l'idée d'être punie. Ça faisait déjà tellement longtemps que ça n'était pas arrivé. Trois ans de sans faute, et il fallait que ça lui retombe dessus. Ils sortirent dans la rue et ils aperçurent une voiture noire les attendre un peu plus loin. L'homme sentit son élève trembler. Il soupira en la faisant avancer.
Chaque pas la ramenait à son passé et chaque souvenir la faisait souffrir. Elle ferma les yeux le plus fort possible lorsqu'un des subordonnés de Shikaku la prit pour l'embarquer dans la voiture. Elle se souvenait de tout. De chaque détail. Il y a trois ans, elle avait vécu la même expérience. Tout ça parce qu'elle s'était retrouvée sans munitions au cours d'une mission. Ce qu'elle avait vécu était censé l'aider à apprendre. On disait dans le milieu que plus on était puni, plus on apprenait. On devenait plus obéissant et on se pliait à la moindre requête de l'organisation pour ne pas retourner en enfer.
La voiture démarra. Elle lança un dernier regard vers son maître avant de le voir disparaitre. Elle frissonna en se recroquevillant doucement sur elle-même. Elle avait peur, elle avait froid… et tout ça n'était que le début d'une longue, très longue série de désagréables sensations…




Ah...je le sens bien le prochain chap moi ! =P
Je vais vous faire quelques chose de triste et de dur...(si j'y arrive hein...) en tout cas ça fait longtemps que je rêve d'en écrire un si sombre ^^"

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