Fiction: Pile ou Face (terminée)

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Chapitre 6

A peine ai-je refermé la porte de ma demeure, que je sens une haine incommensurable s`emparer de moi. Une rage d`une telle ampleur qu’elle ne peut être contenue. Peu à peu, tout dans ma tête devient blanc. Je ne peux plus penser à rien. Je ne vois plus rien. Seule cette haine me contrôle, commandant mon corps, levant les inhibitions posées par mon esprit. Je dois me libérer. Sinon je vais exploser. Ma main se saisit d`une lampe, qu`elle abat ensuite violemment à terre. La jouissance que me procure cet acte primal me stimule, m`encourageant à aller plus loin. Et je continue encore et encore, me délectant de ce déchaînement violent. Tout ce qui est à portée de main se retrouve brisé, gisant lamentablement au sol. Et quand ce n`est plus assez, je recherche frénétiquement autour de moi quelque chose d`autre pour combler ma soif de destruction. Ce besoin destructeur devient comme une drogue, m`apportant un plaisir sans nom, un plaisir au-delà de toute limite. Je me crois indestructible, au dessus de toute loi. Je me sens bien, tout simplement.

Mais malheureusement, l`extase de ce moment s`évanouit aussi vite qu`il est apparu, et la dégringolade n`en est que plus dure encore. Quand enfin je reprends le contrôle de mon corps, quand mon esprit prend conscience de ma situation, ce sentiment de bonheur extrême disparaît subitement. Mon regard se pose tout autour de moi. Carnage. Le premier mot qui vient naître sur mes lèvres. Divers débris viennent joncher le sol, les meubles sont renversés, les murs lacérés. Des douleurs lancinantes aux pieds et aux mains attirent mon attention. Les morceaux de verre au sol ont marqué de profondes coupures sur mes plantes de pied, par lesquelles le sang s`écoule abondamment. Sur mes paumes, quelques coupures mineures, peut-être provoquées par un couteau ou un shuriken. Mais je m`en fous. Je me fous de tout ça. De ma maison sens dessus-dessous, des blessures de mon corps, de tout. Je fais quelques pas, meurtrissant d`autant plus mes membres déjà blessés, pour venir poser mes mains sur le mur le plus proche. Et je reste là, l`air hagard, regardant mes mains sans les voir. Mes genoux me lâchent, et je m`affale à terre, laissant sur le mur deux traînées rougeâtres. Je me fous de tout ça. Seule reste dans mon cœur cette profonde déchirure, cette douleur immense qui ne fait que me tuer à petit feu.

C`est seulement à ce moment, quand un semblant de calme semble enfin s`instaurer, que mes pensées vagabondent de nouveau vers la cause de mes tourments. Vers Saya. Encore maintenant, je ne parviens pas à accepter. C`est impossible, tout simplement. Et cette certitude que je pensais détenir s`effrite au fil des minutes, allégeant dans le même temps ce poids qui pèse sur mon cœur. J`ai forcément tort. Une telle chose... c`est complètement impossible ! Comment ai-je pu un instant songer à quelque chose d`aussi improbable ? Et sans que je ne parvienne à le contrôler, un rire s`échappe de ma gorge. D`abord timide et discret, il s`intensifie petit à petit, se transformant en un rire sonore, dénué de toute joie. Ce son qui s`échappe de mes lèvres me fait froid dans le dos, mais je n`arrive pas à l`arrêter. C`est comme si un barrage venait de céder. Je sens mes pensées se brouiller, et la folie me gagner peu à peu. Je dois me reprendre. Je dois me reprendre. Je répète cette phrase dans ma tête encore et encore, me raccrochant aux dernières onces de raison que je semble encore détenir. Et quand enfin je parviens à arrêter ce rire de dément, ce n`est que pour être submergé par une vague de désespoir, encore plus grande que tout ce que j`avais pu connaître auparavant. Des larmes se mettent à couler le long de mes joues. Je me sens fatigué, tellement fatigué... je voudrais que tout s`arrête. Définitivement. Est-il possible pour l`être humain de tout surmonter ? Ce n`est assurément pas mon cas. Je crois bien avoir atteint mes limites.

- Pitié, faites que tout ça s`arrête... murmure-je entre deux sanglots, tout en me recroquevillant au sol.

Oui, laissez-moi enfin me reposer, je vous en supplie. Laissez-moi dormir, pour l`éternité.

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Je sors de ma léthargie au moment où j`entends des pas discrets sur le parquet. Combien de temps suis-je resté ainsi ? Je n`en ai pas la moindre idée. Je n`ai même pas le temps de me concentrer pour connaître l`identité de cet étranger qui a pénétré dans ma maison sans y être invité que je sens des bras venir m`enlacer. Surpris et paniqué, je me dégage d`un geste brusque de l`étreinte de cet inconnu. En un bond, je m`éloigne pour faire face à l`intrus. Mes yeux s`écarquillent de stupeur lorsque je la reconnais. Saya.

- Qu... qu`est-ce que tu fais ici ? Lui demande-je, peinant à trouver mes mots.

Elle ne dit rien, me fixant avec une lueur inhabituelle dans le regard. Pas moqueuse, pas cruelle. Seulement agacée.

- Tu dois le savoir, non ? Dit-elle finalement, tout en poussant un léger soupir.

Je me fige à ces quelques mots, et me détourne d`elle.

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

- Oh ? Alors c`est comme ça ?

- ...

- Tu ne veux toujours pas reconnaître la vérité, n`est-ce pas ?

- Quelle vérité ?! C`est des conneries tout ça ! Dis-je tout en me tournant vers elle.

- Arrête de te voiler la face comme ça ! Ça ne t`avancera à rien ! Réplique-t-elle en haussant le ton.

- Je ne me voile rien du tout ! Maintenant dégage de là ! Dégage ! Crie-je à son encontre.

- Aucune chance ! Je ne partirai pas tant que tu ne l`auras pas dit !

- Y a rien à dire, bordel ! Maintenant, dégage ! T`as rien à faire là !

J`évite son regard, refusant de la regarder dans les yeux. Mais qu`elle s`en aille, merde ! Pourquoi persiste-elle à venir ici alors qu`il n`y a rien à dire ?!

- Regarde-moi, Sasuke, demande-t-elle d`une voix plus calme.

- Non.

- Regarde-moi.

- Non, je ne veux pas ! M`exclame-je, tout en m`affaissant au sol.

Je ramène mes genoux vers moi, cachant mon visage de mes bras. Je ne veux pas la voir. Je ne veux pas. Mais va-t-en putain...

Je sens une pression sur mon poignet et mon bras se faire tirer vers l`avant. Mon regard se retrouve ainsi partiellement dévoilé, et la lumière m`agressant me fait aussitôt fermer les yeux. Un hoquet de stupeur m`échappe lorsque je sens une main se poser sur ma joue. Je baisse ma tête, et tente alors de la repousser de mon seul bras libre. Aussitôt, elle l`attrape et d`un geste brusque, elle bloque mes poignets au-dessus de ma tête d`une seule main. J`essaye de me dégager. Impossible. Merde, comment elle arrive à faire ça ? Je devrais avoir plus de force qu’elle, putain !

- Sasuke, regarde-moi, répète-t-elle tout en m`empoignant le menton.

Là encore, je refuse d`accéder à sa requête, m`obstinant à garder les yeux fermés. Soudain, je sens une vive douleur sur ma joue doublée d`un bruit retentissant. Surpris, mes réflexes prennent le dessus pendant un court instant. Court, mais trop long pour empêcher l`inévitable. J`ouvre mes yeux, pour tomber directement dans les siens. Et pour y voir ce que je n`aurais jamais voulu y voir.

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Un moment passe sans que nos regards ne se quittent. Moi figé par ce que je vois, et elle, dans l`attente de ma réaction. Car c`est ça. Depuis le début, tout ce qu`elle voulait, c`était que je la voie. Que je découvre sa véritable nature. Elle desserre son emprise, libérant mes poignets, et s`éloigne légèrement. Je baisse la tête, massant un instant ma chair endolorie. Je peux sentir le regard de Saya sur moi, dans l`expectative. Mais par où commencer ? Maintenant que mes soupçons sont confirmés, il semble y avoir tellement de choses à dire... Je laisse échapper un long soupir, passant distraitement ma main dans les cheveux.

- Par le début.

Je lève la tête, lui lançant un regard interrogateur.

- Commence par le début.

Bien-sûr, pas de quoi être étonné après tout. Je prends une longue inspiration avant de commencer.

- Depuis le début, j`aurais dû m`en douter. Une kunoichi de ce niveau qui arrive de nulle part et qui comme par hasard, veut se mettre au service de Konoha. Ce serait trop beau pour être vrai, non ?

- Effectivement, confirme-t-elle avec un sourire en coin.

- Mais personne ne s`est trop posé de questions à ce sujet, je suppose que ça arrangeait un peu trop tout le monde pour qu’on vienne te faire chier là-dessus.

- Oui, c`est vrai, on ne m`a même pas soupçonnée d`être une espionne en plus. Tout est allé comme sur des roulettes.

- Je suppose que tu as montré des arguments convaincants à l`Hokage, et qu`une fois celle-ci dans la poche, les autres n`avaient qu’à suivre bien gentiment. C`est comme ça que tu t`es mis tous les ninjas de notre promotion dans la poche, n`est-ce-pas ?

- Tu supposes ? Demande-t-elle d`un ton moqueur.

- Et ensuite, tu t’es immédiatement rapprochée de Naruto, reprends-je en ignorant sa remarque sarcastique. Ça aussi, ça aurait dû me mettre la puce à l`oreille. Car une personne ignorante qui vient tout juste d`arriver dans le village n’aurait pas approché Naruto aussi rapidement. Elle se serait laissée impressionner par les rumeurs circulant à son égard, et même en refusant de croire à de telles conneries, n’importe qui aurait d`abord eu un instant de recul face à lui. Mais pas toi. Toi, tu l`as approché directement, comme si tu le connaissais déjà.

- Mais je le connais déjà, non ?

- Et ce pressentiment lors de notre première rencontre, continue-je en l’ignorant de nouveau. Tu as souri ce jour-là en me voyant. Pourquoi aurais-tu agi de la sorte avec un parfait inconnu. Ça n`avait aucun sens. Moi aussi, c`est comme si tu me connaissais déjà.

- Et même après tout ça, tu n`as pas deviné ?

- Non, je ne me suis rendu compte de rien. Ou plutôt, je ne voulais pas le reconnaître. Et même maintenant, je ne parviens pas à vraiment prendre conscience de cette réalité.

- C`est pour ça que je t`ai poursuivi.

- Oui, cet acharnement à me poursuivre, à me faire mal. A chaque fois, tu savais exactement où appuyer pour déclencher en moi les peines les plus atroces. Et moi, je ne suis pas parvenu une seule fois à te battre. C`est comme si tout était décidé à l`avance.

- Comme si à l`avance, il était décidé que tu devais en ressortir perdant, dit-elle, confirmant mes propos.

- Oui. Et ce corps, ce visage, cette personnalité. Tu es vraiment...

- La personne que tu rêverais d`être, n`est-ce pas ? Me coupe-t-elle.

Un silence s`instaure entre nous. Inconsciemment, mes yeux se plantent dans les siens, regardant encore et encore ces trois virgules qui tourbillonnent dans son regard.

- Alors Sasuke, vas-tu enfin le reconnaître ? Demande-elle finalement, brisant ce silence.

- Est-ce que... tu pourrais me faire une faveur ? Questionne-je, d`une voix à peine plus élevée qu`un chuchotement.

- Quoi ?

Je peux sentir dans sa voix tout son agacement, mais je l`ignore. Avec ça, je pourrai enfin en être totalement sûr.

- Je suppose que tu l`as, alors... peux-tu me le montrer ?

- Encore ? Est-ce que tout ça ne t`a pas suffit ? Qu`est-ce qu`il te faut encore de plus pour enfin reconnaître la vérité ?

Je ne dis mot, ancrant mon regard déterminé dans le sien. Elle m`observe un instant, avant de soupirer.

- Très bien, voilà.

Hébété, je regarde ce changement si particulier s`effectuer. Et lorsqu`enfin tout s`arrête, je reste sans voix. Si je n`étais pas déjà à terre, je pense que mes jambes m`auraient lâché sous le choc.

- Alors ? Demande-t-elle, légèrement triomphante.

- Avec ça, il n`y a plus aucun doute possible, réponds-je d`une voix tremblante.

Je cache mon visage au creux de mes mains, cette question passant encore et encore dans ma tête.

- Mais comment est-ce possible ? Murmure-je.

- Dis-le, Sasuke, ordonne-t-elle.

Je lève mes yeux vers elle, et plonge mon regard dans le sien. Dans son mangekyou sharingan.

- Chaque mangekyou sharingan est unique. Il n`existe pas au monde deux personnes possédant le même.

Je m`arrête un instant, rassemblant mon courage pour dire ces quelques mots, si simples et pourtant si difficiles à dire :

- Tu es moi.




Je me demande si c'est pas encore plus sadique comme fin de chapitre ! XD Explications dans le prochain chapitre, je pense qu'elles seront les bienvenues !
En tout cas, chapeau à ceux qui avaient deviné la véritable identité de Saya ! Moi qui voulais que personne ne trouve avant la fin de ce chapitre, c'est raté ! Et j'avoue, Fight Club m'a bien inspirée quand j'ai écrit cette fic ! ><
A la prochaine et n'hésitez pas à laisser un commentaire !

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