Fiction: Négligence ? (terminée)

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Les yeux toujours clos, Temari jubilait : elle avait ferré la bête, il ne lui échapperait plus désormais. Le « pof » sonore, caractéristique d'un derrière atterrissant sur le sol, accompagné d'un magnifique « Fille galèèèère » l'en avait convaincue : il attendrait, là, jusqu'à ce qu'elle desserre les dents.
Et elle aurait aimé le faire poireauter pendant un long, long, long, très long moment avant de le questionner, mais elle savait qu'au jeu de la patience et de l'immobilisme, il était bien mieux muni qu'elle... Aussi, elle n'attendit pas qu'il se soit rendormi pour lui souffler :
« Pourquoi t'as attendu aussi longtemps ?
- J'attendais que ça soit sûr.
- Faux, répliqua Temari. Tu es fixé depuis hier. Pourquoi ? Insista Temari, les paupières toujours fermées.
- Pas envie d'essuyer tes larmes, fille galère.
- Hé ! Dis plutôt que tu avais peur des tiennes, pleurnichard ! S'exclama vivement la jeune fille, en ouvrant soudain les yeux pour découvrir ceux de Shikamaru braqués sur elle.
- Pff ! C'était il y a trois ans et ça n'avait absolument rien à voir », grogna le shinobi de Konoha en détournant les yeux, visiblement agacé par cette vieille histoire.
Temari sourit devant son manque de répartie et faillit lui répliquer qu'elle avait entendu qu'il avait pleuré il n'y avait pas si longtemps que ça, à la mort de son Sensei Asuma, mais elle se retint. Non seulement ça aurait été révéler qu'elle parlait avec Ino, mais ça aurait surtout eu le mauvais effet de casser l'ambiance : elle savait que le décès de son Sensei le faisait encore souffrir. Et puis, quand même, comment lui reprocher d'avoir versé quelques larmes sur le corps de son Sensei ? Bien qu'il fût en mission et qu'il soit encore aujourd'hui un ninja qui ne doit pas se laisser aller à ses émotions, elle savait que toutes ces règles étaient totalement superflues quand il s'agissait de perdre un être cher. N'avait-elle pas elle même longuement hésité à désobéir aux ordres quand son frère cadet avait été enlevé par l'Akatsuki et menacé de mort ?
« On a perdu sa langue, fille galère ? Demanda soudain son voisin moqueur ce qui eut pour effet salvateur de la sortir de ses idées noires.
- Heu... Fit-elle en sursautant, surprise.
- À quoi tu pensais ? Tu semblais bien triste...
- Tiens, tu t'inquiètes pour moi, toi, maintenant ? Lui répliqua-t-elle vivement, un sourire à nouveau fiché sur les lèvres. J'avais pourtant cru comprendre que tu comptais partir sans même me dire « au revoir »...
- Je me suis endormi !
- Pff ! Elle a bon dos ta fainéantise : c'est tellement facile de se cacher derrière une sieste un peu trop longue !
- ... Pas faux, admit Shikamaru, amusé, alors que Temari remontait dans les tours...
- Alors pourquoi faire exprès de me faire attendre, Baka ?! Explosa la jeune fille. Juste pour le plaisir de me voir CRIER ?!
- Je croyais que tu m'en voulais uniquement parce que je t'avais fait perdre une heure de ton précieux temps de repos... Glissa tout doucement Shikamaru, content de la voir perdre son sang-froid, et sa façade, à nouveau.
- C'est pas une heure que tu m'as fait perdre, maintenant, Baka, c'est deux, avec ta manie de monter des stratagèmes pour rien ! Réserve-les donc à l'Akatsuki et à la protection de Konoha !
- ...
- Ça aurait été bien plus court de me dire que vous partiez hier soir... Et bien moins lâche que de laisser tes amis faire le sale travail à ta place pendant que tu faisais semblant de dormir ici en attendant que je vienne te supplier de rester ou je ne sais quoi d'autre ! »
Tout en hurlant ces dernières paroles, elle se redressa vivement et commença à marcher vers Suna.
Si là, il ne réagissait pas, alors c'était peine perdue, il ne se bougerait jamais pour elle. La colère était l'une de ses dernières cartes. C'était quitte ou double. Et quand elle se sentit retenue par une force qui l'immobilisait toute entière, elle sut qu'elle ne l'avait pas abattue en vain.

« Tu ne pouvais pas t'attendre à grand-chose côté courage de la part du plus grand trouillard de Konoha... » Lâcha finalement Shikamaru tout en conservant la jeune kunoïchi dans l'emprise de son Kagemane no Jutsu. Comme blasé d'avoir à s'employer, il se redressa et la fit tourner sur elle-même, pour qu'elle puisse le regarder alors qu'il était prêt à s'excuser, gêné de l'avoir réellement fait souffrir avec son plan diabolique.
Pourtant, il s'arrêta tout net quand il remarqua le sourire qui barrait son visage.
Elle l'avait eu.
Fille galèèèèèèèèère !
…
N'empêche qu'à bien y réfléchir, celui qui avait l'avantage pour presque cinq minutes, maintenant, c'était lui. Et il comptait bien en profiter, même si c'était très mal d'utiliser ses techniques et son chakra pour ce genre de choses alors même qu'il allait voyager le soir même. Mais bon : le shinobi le plus intelligent de Konoha venait de se faire humilier et il comptait bien se venger.

Au sourire carnassier que Shikamaru venait de lui jeter, Temari devina qu'il voulait lui faire payer à sa manière d'avoir failli craquer. Un peu plus et il allait s'excuser de sa conduite, et pourquoi pas lui avouer ce qu'elle désirait entendre depuis si longtemps... Mais elle restait ce qu'elle était et même si ça voulait dire retarder ce moment, elle n'avait pas pu s'empêcher de sourire devant la mine confuse de Shikamaru... Après tout, elle attendait ça depuis leur premier combat, alors.
Ouais. C'était quand il l'avait battue lors de leur premier combat, lorsqu'il avait fait preuve d'une anticipation et d'une intelligence hors du commun pour un gosse de son âge et pour un shinobi tout court, qu'elle avait su qu'un jour, il serait à elle. Et ce, même si elle devait déjouer ses pièges de toutes sortes : un jour, elle forcerait ce fainéant de shinobi génial à sortir de sa carapace... Même si ce n'était que pour quelques minutes, le temps de la séduire un peu. Oui, un jour, il devrait se mettre debout pour elle (l'équivalence Shikamaruesque de se mettre à genoux...). Et apparemment, ce jour était arrivé.
Même si elle était maintenant à sa totale disposition. Enfin, presque...
« Je peux savoir ce que tu comptes me faire ? Marmonna-t-elle. Je te rappelle que je suis d'un village allié au tien. Et que mon frère est le Kazekage actuel... »
La seconde menace parut la plus efficace. À vue de nez, Shikamaru craignait plus la colère de Gaara qu'un incident diplomatique entre les deux pays. Et à bien y réfléchir, Temari se dit qu'elle était assez d'accord avec cette analyse.
« T'inquiète pas, je te rendrai à ton frère et à ton village en un seul morceau, répliqua le shinobi. Je préfère juste te garder immobile le temps de te dire que si j'ai attendu aussi longtemps pour te dire que l'on partait, c'est parce que j'avais envie de voir à quel point tu en serais affectée et si j'avais la moindre chance avec toi. Et, au vu des hurlements que tu as poussés, j'ai des raisons de croire que je ne te suis pas indifférent... » Ajouta-t-il tranquillement, un sourire satisfait aux lèvres.
…
Hein ?!

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