Fiction: Frère et sœur, ensemble jusqu'au bout

Un frère et une sœur, blonds aux yeux bleus tous les deux, sont inscrits au lycée Danzo, terrible bâtiment pour les élèves « à remettre sur le droit chemin ». En fuite, et devant affronter brutes, malfaiteurs et gangsters, ces deux adolescents vont-ils se sortir de leur vie de fugitifs et réussir à bâtir leur vie malgré tout ?
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Rahjenaimar (Féminin), le 20/03/2011
Et voilà un nouveau chapitre ! Bonne lecture !



Chapitre 7: Cruelle vérité



Naruto avait refusé de voir Ino. Il ne voulait pas l'inquiéter. Il voulait rentrer en bonne santé et lui expliquer qu'il s'était perdu, que c'était pour ça qu'il avait tardé, qu'il ne s'éloignerait plus de chez eux et que tout redeviendrait comme avant.
Tellement de mensonges stupides.
Jamais il ne pourrait faire croire à sa sœur qu'il s'était juste perdu et que ses marques de coups étaient dues à une chute, ou qu'il resterait bien sagement à la maison. C'était impossible.

Il le savait car il avait fait le point, lorsque Hinata s'était absentée. Marmonnant tout seul sur le lit de la douce jeune fille, il avait déduit que cette bande de malades qui l'avaient agressé n'en étaient pas à leur coup d'essai. Ils étaient méthodiques, discrets, précis. Ce ne devait pas être la première fois qu'on leur ordonnait de faire souffrir quelqu'un le plus possible.
Mais ce n'étaient pas tant les loubards qui obéissaient qui le faisaient frémir. C'était plutôt la lueur de malveillance sourde et d'ivresse de vengeance qui illuminait le regard de celui qui donnait les ordres. S'il recroisait sa route un jour, Naruto le regretterait sérieusement. Il allait falloir qu'ils changent de lycée, une fois de plus, car ils ne seraient plus en sécurité dans cette ville.

Hinata interrompit le fil de ses pensées en se glissant silencieusement dans la chambre. Elle referma, comme tous les matins, la fenêtre ouverte, et le vent cessa d'agiter les rideaux. Quand elle se tourna vers son hôte, elle lui fit un ravissant sourire et déclara d'une voix enjouée :

« Je pense que vous devriez être capable de vous lever. Voilà trois jours que vous êtes ici, je suis certaine que vous en avez assez de rester allongé ! »

Naruto fut enchanté par cette nouvelle. Enfin, il allait pouvoir quitter cette chambre et marcher un peu. Il avait déjà tenté plusieurs fois mais à chaque fois Hinata le forçait à se rallonger. Cette dernière tira la couverture des jambes encore bleuies par endroits de Naruto pour laisser le moins d'entraves possibles à ses mouvements, puis glissa petit à petit des oreillers entre son dos et le lit afin de l'aider à se relever en douceur.
Le jeune blond agita les orteils avec délice, trop heureux de pouvoir se lever, et ne se fit pas prier. Prenant appui sur ses mains qui avaient retrouvé presque toute leur mobilité, il pivota lentement et laissa ses jambes pendre le long du lit. Hinata le regardait faire avec un sourire d'encouragement, guettant un signe de faiblesse de sa part. Mais Naruto, poussant sur ses jambes, parvint à se mettre debout seul et fléchit les genoux, prêt à bondir en l'air de joie. La jeune fille s'éclaircit la gorge : ce n'était peut-être pas encore une bonne idée.

Le jeune homme sentit un léger vertige lui faire perdre momentanément l'équilibre et il se retint de justesse à la table de chevet. Hinata réagit aussitôt, et, soutenant de ses épaules menues le torse de Naruto, lui dit d'un air conciliant :

« Avant de sortir d'ici, je vous conseille de vous habiller ! Vous êtes plus nu qu'un bébé en couche ! »

En rougissant, le blond dut admettre qu'elle avait raison : il ne portait que son caleçon. Ce n'était pas spécialement la dernière tenue à la mode et il préféra suivre l'injonction de la brune. Il se rassit sur le lit et attendit que Hinata lui rapporte ses vêtements. Elle les avait fait laver et recoudre, abimés comme ils l'étaient après son passage à tabac. Il la remercia du regard en songeant qu'elle faisait preuve de beaucoup d'attention à son égard et cela le touchait beaucoup. Après avoir enfilé son jean et son T-shirt noir, il se releva, et vacilla un instant debout.
Hinata avait prévu qu'il ne serait pas capable de se déplacer sur ses deux jambes pour le moment et déposa silencieusement une paire de béquilles qu'elle était allée chercher préalablement contre le lit. Naruto s'en saisit puis, pris d'une inspiration soudaine, avança cahin-caha vers la jeune fille et la serra dans ses bras.

Quand il la lâcha, il sourit de voir l'expression de surprise sur le visage de la brune. Faisant mine de ne pas sans rendre compte, il lui demanda avec un immense sourire :

« Alors ? Où allons-nous ? »

Dès cet instant, et pendant toute la journée durant la visite de son immense demeure par Hinata, Naruto sentit une complicité entre eux. Que ce soit pendant qu'elle lui montrait la salle où elle mangeait qui devait mesurer la moitié d'un stade de foot ou en lui désignant la salle de bains dans laquelle il pourrait désormais prendre ses douches jusqu'à son rétablissement total, il lui sembla que Hinata avait un moment oublié ses soucis et souriait comme elle aurait dû le faire depuis toujours. Il avait le sentiment qu'ils étaient entre amis, tout simplement.

L'après-midi, après un déjeuner copieux, se déroula très rapidement dans le gigantesque domaine de la famille de Hinata. Il couvrait plusieurs hectares de champs, de bosquets, de prairies d'herbe et de fleurs multicolores. Il y avait une grande zone sous serre où poussaient des fruits et des plantes exotiques importés d'il-ne-savait-trop-où. Naruto ne se lassait pas de poser ses pieds au sol l'un après l'autre et de sentir le parfum de la végétation ainsi que le vent sur son visage. Il savourait le plaisir d'être en vie.

Hinata le tira doucement par la manche pour lui indiquer le chemin, respectant son silence. Ce terrain étant tellement grand qu'il se serait perdu sans elle. Elle l'emmenait au milieu d'une étendue de fleurs jaunes et blanches, un champ de pissenlits et de pâquerettes.
Elle s'arrêta au beau milieu et se laissa tomber au sol, l'épaisseur des herbes amortissant le choc. Naruto la suivit dans son mouvement et s'assit auprès d'elle. Ils eurent tôt fait de s'allonger et de regarder le ciel bleu azur et ses nuages blancs.

« Naruto ? demanda Hinata après un moment.
- Oui ? répondit le jeune homme d'une voix pâteuse, ensommeillée.
- Il faut que je vous prévienne de quelque chose.
- Tu peux me tutoyer, tu sais, lui dit Naruto. On commence à bien se connaître, maintenant !
- D'accord, alors... Il faut que je te prévienne de quelque chose.
- Quoi donc ? »

La réponse ne vint pas tout de suite. Intrigué, le blond tourna la tête vers le jeune fille. Elle avait perdu son sourire et son menton tremblait. Elle pâlissait à vue d'œil.

« Hinata ? Ça va ? s'inquiéta-t-il.
- Oui... Mais... C'est que mon... mon père n'apprécie pas ta présence.
- Mais je ne l'ai jamais rencontré...
- Je le sais bien, mais... il... il dit que tu interviens dans ses affaires par ta seule présence. Je pense qu'il va bientôt tenter de s'en prendre à toi. Pas devant moi, bien sûr, je lui ai fait promettre de ne rien te faire, mais je sens... je sais qu'il... »

Sa voix se perdit et elle tourna un regard désespéré vers lui, le seul ami qu'elle ait eu depuis longtemps. Elle plongea ses yeux glacés par la solitude et la maladie dans ceux qui rappelaient les mers des tropiques de Naruto. Sa voix avait mué au très aigu, elle se maîtrisait pour ne pas pleurer tout en lui confiant une lourde vérité :

« Mon père est un homme d'affaires qui a réussi. Il est devenu riche. Il aurait pu s'arrêter là, mais l'argent lui est monté à la tête et depuis il fait des activités illégales. Je crois qu'il organise des parties de poker truquées et qu'il fait de la contrebande. »

Elle s'interrompit un instant, le temps de renifler et de trouver la force de continuer.

« Si ce n'était que ça, encore, ça irait, mais depuis peu je vois de plus en plus d'hommes armés entrer dans le bureau de mon père. Je crois qu'il... qu'il...
- Il paye des tueurs à gage... devina Naruto. »

Hinata acquiesça et le blond sentit comme un oursin lui traverser la gorge quand il déglutit. Si, comme elle le disait, un homme qui payait des assassins voulait s'en prendre à lui, il était plus que sacrément dans la mouise.

« Je suis désolée... reprit l'adolescente. Et te confiant ceci je te mets encore plus en danger...
- Non, au contraire, tu as bien fait de me prévenir, répliqua Naruto avec plus de vigueur qu'il ne l'aurait voulu. Ne t'inquiète pas, s'il essaye de s'en prendre à moi, je saurai le recevoir.
- Oui, j'en suis sure, souffla Hinata. »

Il ne sut pas si elle disait ça sincèrement ou si elle faisait allusion au matraquage qu'il avait subi. Mais elle ne lui laissa pas le temps de s'interroger car elle se releva, frotta ses vêtements et l'aida à se relever.

« Le soleil se couche, expliqua-t-elle, il est temps de rentrer. »

*****

Les deux jours suivants, Hinata évita de faire sortir Naruto de la chambre et celui-ci avait sans arrêt l'impression d'être épié. Désormais il restait hors de vue de la fenêtre et se dégourdissait les jambes en faisant quelques pas dans le couloir. Retrouver son autonomie ne lui faisait pas de mal mais il regrettait les moments où Hinata restait à côté de lui pour l'aider à se redresser ou pour passer de la crème sur son buste. À présent, quand elle n'était pas là, il ressentait comme un vide juste à côté du cœur.

Ce fut le lendemain midi que se passa ce que redoutait Hinata. Elle avait dit à Naruto qu'elle allait suivre des cours et était partie depuis une demie-heure quand il eut envie d'aller aux toilettes. Conscient qu'entrer dans la salle de bains de Hinata n'était pas correct, il sortit de la chambre et se dirigea vers la salle d'eau située au bout du couloir.
Il sentit alors le bout d'une lame aiguisée lui caresser les vertèbres et il s'immobilisa. Une voix sombre lui glissa à l'oreille :

« Mon couteau n'est pas un jouet, gamin. Mais j'ai pas le droit de l'utiliser. Tiens-toi juste tranquille. J'ai un message pour toi : tire-toi d'ici en vitesse... »

Une goutte de sueur roula le long de la joue de Naruto qui attendait, les mains levées à hauteur des épaules, que le couteau se retire de son dos. Il reçut alors un formidable coup de genou dans son mollet et s'écroula, permettant à l'homme de s'enfuir. Il se releva rapidement, jeta un regard circulaire. Il était de nouveau seul.
Avait-il rêvé ? Non, la douleur qui émanait du muscle arrière de sa jambe droite lui prouvait le contraire. Et cet homme ne rigolait pas, il l'aurait vraiment laissé baignant dans son sang s'il en avait reçu l'ordre. Le blond commençait à en avoir assez d'être une bête traquée. Surtout qu'il était dans l'incapacité de se défendre.
Il battit en retraite et retourna s'enfermer dans la chambre de Hinata. Il choisit de ne rien lui dire sur cet incident, il ne voulait pas qu'elle s'en sente responsable.

Le soir, cependant, la jeune brune sentit que quelque chose n'allait pas, et décida de lui demander ce qui n'allait pas. Incapable de résister à ses yeux envoûtants, Naruto lui raconta sa mésaventure.

« Mon Dieu... souffla Hinata. Je pensais que tu serais en sécurité si tu ne sortais pas dehors, mais voilà que tu es en danger dans le couloir de ma chambre... Je suis tellement désolée de te mettre dans cette situation...
- Ne raconte pas n'importe quoi, répondit Naruto. Tu m'as déjà sauvé la vie en me soignant, jamais je n'aurais survécu, sinon... »

Il attrapa le menton de son amie qui pleurait une fois de plus et releva son visage vers le sien.

« Merci, dit-il simplement en souriant.
- De rien, murmura Hinata dans un sourire mouillé.
- Allez, arrête de pleurer ! Je suis toujours là, tu le vois bien.
- Ce n'est pas cela qui me rend triste, Naruto.
- Mais alors quoi ?
- Cela fait six jours que tu es là, Naruto. Six jours. Je t'avais dit une semaine, tu te souviens ? Tu vas devoir partir, demain.
- Si ce n'est que ça, je peux rester encore un peu...
- Non ! »

La ton de la voix de la jeune fille était sévère, ses sourcils froncés. Elle s'éloigna de Naruto et se planta devant lui, les poings sur les hanches.

« Tu ne dois pas rester juste pour moi, Naruto. Il y a des gens qui ont besoin de toi, quelque part. Tes amis, et ta sœur. Ta petite sœur, Naruto. Je préfèrerai mourir plutôt que de te retenir plus longtemps. Même si elle ne te le montre que dans de rares occasions, elle a tout le temps, tout le temps besoin de toi. En plus, mon père va bientôt perdre patience et te jeter dehors. Je ne veux pas que tu sois plus blessé. J'ai pris ma résolution, tu dois partir. »

Naruto la regarda, la bouche ouverte comme pour protester, mais il se ravisa et hocha la tête. Malgré tout, une question le turlupinait :

« Mais alors, pourquoi pleures-tu, si tu as pris ta résolution ?
- Parce qu'on ne pourra pas se revoir, alors que je me suis attaché à toi.
- Quoi ? Bien sûr que si, on...
- Non, Naruto, l'interrompit-elle. Non. On ne se reverra pas. Parce que mon père ne sera pas d'accord, parce que tu ne sauras pas où me trouver, parce que ma maladie va, dans trois ans tout au plus, me réduire à rester couchée en permanence. Je ne veux pas que tu ruines ta vie et ta joie pour moi. C'est tout. La seule chose que j'aurais voulu, c'est te présenter ma petite sœur...
- Mais enfin...
- Je suis désolée, Naruto. S'il te plait, ne me fais pas me répéter. Une voiture passera te prendre demain et te déposera où tu voudras. Maintenant, dors. »

Elle éteignit la lumière et sortit de la chambre, le laissant plongé dans le noir, une énorme boule dans la gorge et une tristesse immense dans les poumons.
Il se tourna dans son lit en évitant de s'appuyer à certains endroits de son torse qui le faisait encore souffrir et rabattit la couverture sur lui. Au départ il eut du mal à réaliser, puis la vérité martela son esprit comme un marteau une enclume : il allait devoir la quitter, elle qui s'était occupée de lui, qui l'avait accompagné durant ses moments de douleur et qui lui avait confié ses plus lourds secrets.
Il resserra la couverture autour de lui. Il s'était mis à pleurer et une onde glacée lui hérissa les poils : il avait fait une erreur qui allait lui coûter cher.

Il était tombé amoureux d'elle.



Désolée, Naruto ! Cruel dilemme, je sais, mais qu'y puis-je ? Tu es le héros, j'étais obligée...

Et vous, chers lecteurs, qu'en pensez-vous ?




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