Fiction: Frère et sœur, ensemble jusqu'au bout

Un frère et une sœur, blonds aux yeux bleus tous les deux, sont inscrits au lycée Danzo, terrible bâtiment pour les élèves « à remettre sur le droit chemin ». En fuite, et devant affronter brutes, malfaiteurs et gangsters, ces deux adolescents vont-ils se sortir de leur vie de fugitifs et réussir à bâtir leur vie malgré tout ?
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Rahjenaimar (Féminin), le 20/02/2011
Depuis le temps que j'avais envie d'écrire de chapitre !
Je me suis bien éclatée sur celui-là. Enfin, je vous laisse juger.
Bonne lecture !




Chapitre 6: Réveillé chez un ange



Naruto souffrait atrocement. Tout son corps lui faisait mal. Son cerveau hors d'usage ne faisait que lui repasser en cauchemar tous les coups qu'il avait reçu. Rien n'avait été épargné : ils lui avait même écrasé les doigts les uns après les autres, méthodiquement, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus les bouger. Puis ils s'étaient attaqués à ses chevilles, ses jambes, ses bras, les tordant dans tous les sens comme du caoutchouc. Ils s'étaient arrangés pour ne pas faire couler de sang à l'extérieur afin de ne pas trop attirer les mouches avant de le laisser crever de froid et de douleur à l'arrière de trois bunkers.
Il aurait voulu ne pas leur donner la satisfaction de hurler de douleur, mais c'était plus fort que lui : il s'était arraché les poumons à force de gueuler sa souffrance. Ils avaient usé de tout ce qu'ils trouvaient afin de broyer tous les os de son corps.

Douleur.

Il venait de passer les heures les plus longues de sa vie, espérant un peu plus chaque seconde de sombrer dans l'inconscience, mais les autres semblaient décidés à lui en faire baver jusqu'à ce qu'il soit trop faible pour simplement respirer, et il avait senti, jusqu'à ce qu'ils se lassent, au petit matin, de lui infliger toutes les souffrances qu'une personne pouvait encaisser, le moindre coup qu'ils lui infligeaient.

Mal.

Il ne savait pas où il était, ni pourquoi il y était. Il avait même la plus grande difficulté à se souvenir de son simple nom. Ses blessures le faisaient délirer, se tordre et revivre sans arrêt sa nuit cauchemardesque. Il n'était plus une personne, juste un pauvre corps brisé dont la conscience s'échappait peu à peu.
Il était en train de mourir. D'ailleurs, la douleur s'atténuait déjà...

Pourtant, en général, ceux qui sont sur le point de rendre leur dernier souffle n'entendent pas des portes claquer et des bourrasques de vent faire se fermer brutalement des volets. Naruto s'attendait à des chants religieux, des créatures divines avec d'immenses ailes aux reflets d'or brillant de mille feux le guidant vers le ciel, mais au lieu de cela, il ouvrit péniblement les paupières sur un lit à baldaquins en tissu violet clair qui s'agitaient sous le courant d'air traversant la pièce où il se trouvait.
Sa matière grise fonctionnait au ralenti, sous l'emprise d'un gigantesque mal de crâne, une migraine monumentale qui lui empêchait toute autre faculté d'analyse que celle de la douleur qui irradiait de tout son corps. Il tenta de se recroqueviller, pris d'une violente douleur au ventre, mais abandonna immédiatement son geste qui réveilla malheureusement toutes ses blessures endormies. Il sentit que quelques-uns de ses membres étaient immobilisés et que tout son corps était maintenu par un tissu très serré. Même s'il le voulait, il aurait du mal à bouger.
Il referma les yeux et se laissa imprégner du chant des oiseaux qui lui parvenait, assourdi. Il avait eu le temps de remarquer qu'il faisait jour, et pendant qu'il reprenait peu à peu contrôle de ses pensées, il tira la conclusion qu'il était toujours en vie, et manifestement en sécurité. Il tenta de bouger les mains : rien à faire. De toutes ses articulations, la seule qui pouvait encore s'activer sans trop de mal était son poignet gauche, et encore.

Soudain il entendit un bruit. Il entendit la porte de la pièce où il se trouvait s'ouvrir et quelqu'un entrer en fredonnant un air triste. C'était une jolie voix féminine, délicate et mélodieuse, mais qui semblait terriblement fatiguée. Il comprit qu'on fermait la fenêtre par le claquement sec de la poignée et le silence soudain des oiseaux et du vent, puis il comprit qu'on venait de tirer les rideaux du lit. Enfin, il sentit une main se poser sur son front, affectueuse et rassurante, et qu'on lui caressait les cheveux. Naruto n'était pas habitué à de telles marques de tendresse. Il voulut lui parler, à cette inconnue, mais ses lèvres étaient soudées l'une à l'autre, et sa langue lourde et sèche.
La nouvelle venue chantait un air rassurant dans une langue qu'il ne connaissait pas. C'était doux et empreint de voyage, d'un passé à jamais révolu, que le temps qui passe a effacé de la vie moderne. Soudain, alors qu'elle défaisait un pansement sur sa joue avec le plus de lenteur possible, sa voix se mit à trembler, et Naruto sentit son visage s'humidifier.
Elle pleurait.
Ses larmes firent l'effet d'une bombe dans l'esprit du jeune homme, qui se sentit tout à coup responsable de la tristesse de cette magnifique créature - il se refusait à appeler cet ange par un nom qui reflétait son humanité - et se sentit obligé de lui parler, de s'excuser pour le chagrin qu'il lui causait.

« Je... suis... Na... ruto... murmura-t-il. »

Sa voix était éraillée, dure à entendre. Si celle de la jeune personne créait un agréable ensemble de notes changeantes, la sienne écorchait les oreilles, rendait alarmées toutes les personnes qui pourraient l'entendre et évoquait toute la souffrance qu'il avait enduré.

Il entendit une exclamation étouffée et les mains se retirèrent bien vite de ses cheveux et de son visage. Il entendit qu'on reniflait puis la voix lui demanda en tremblant :

« Vous... Vous êtes réveillé depuis longtemps ?
- Non... »

Naruto fut pris d'une quinte de toux affreuse qui lui érafla la gorge et lui fit mal, emplissant sa bouche d'un goût de sang. Il sentit qu'on lui mettait quelque chose sur le nez puis un gaz lui emplit les narines, le détendant soudainement et lui ôtant cette lourdeur des membres. Il se sentit à nouveau gagné par le sommeil, et entendit simplement une dernière phrase avant de se laisser aller :

« Je m'appelle Hinata. Je suis ravie de faire votre connaissance, Naruto. »

Il aurait juré sentir un léger contact sur son front juste au moment de sombrer dans le sommeil.

*****

Quand il refit surface un peu plus tard, la chambre - car il avait déduit qu'il s'agissait de la chambre de Hinata - n'était plus éclairée par la lumière du jour mais par la lampe de chevet du lit. Naruto se sentait plus reposé, plus calme, et son corps était moins douloureux que précédemment. Il sentit qu'il pouvait tourner la tête pour observer la pièce plus en détail. Il dénota une armoire en pin massif dont les portes ouvertes dévoilaient de nombreuses piles de vêtements parfaitement ordonnées. Un bureau moderne gris surmonté d'un ordinateur à écran plat faisait toute la largeur de la pièce. Les deux autres meubles étaient le lit où il se trouvait et une coiffeuse avec un grand miroir devant lequel il retrouva avec plaisir la présence de la jeune personne qui veillait sur lui.
Elle était de dos, et l'angle du miroir ne lui permettait pas de voir le reflet de son visage. Néanmoins, il la regardait se brosser inlassablement les cheveux, de longs cheveux aux couleurs de la nuit, qui tombaient jusque bas dans son dos. Elle portait un T-shirt, certainement quelque chose de confortable pour dormir. Ses jolis seins bombés contrastaient avec la minceur de sa taille, et la peau de ses bras était d'une blancheur maladive.
Elle pleurait encore. Ses épaules étaient secouées par ses sanglots.

« Pourquoi tu pleures ? demanda Naruto à voix basse. »

Sa voix avait retrouvé un timbre plus normal, même si elle restait marquée par ses blessures récentes. La jeune fille s'immobilisa et porta un mouchoir à son visage afin d'essuyer ses larmes. Puis elle se retourna et vint vers lui.
Le blond fut soufflé. Si les cheveux de Hinata étaient la nuit, ses yeux d'une pâleur nacrée étaient les astres qui l'éclairaient et chassaient l'obscurité. Lumineux, débordants de tendresse, ils enveloppaient tout ce qu'ils voyaient d'une douceur comparable à celle du velours. Elle lui sourit timidement, haussant les pommettes saillantes de son visage maigre, et vint s'assoir sur le bord du lit. Naruto resta un moment silencieux, subjugué par la beauté de la jeune fille.

« Je pleure parce que je suis triste, répondit-elle finalement avec un ton lourd de chagrin. »

Elle paraissait en cet instant être l'adolescente la plus jolie et la plus désespérée du monde. Le jeune homme lui donnait quatorze ans, peut-être un peu plus, encore une enfant et déjà marquée par des épreuves bien plus dures que toutes les siennes. Elle soupira, puis s'attela à défaire le bandage qui compressait au maximum le buste du garçon, avant de retenir un cri d'épouvante. En baissant les yeux, Naruto découvrit sur son torse une prolifération de vilaines tâches violettes cerclées de rouge, étendues sur toute la longueur de sa poitrine jusqu'à son bas-ventre. Cette image chassa un instant la tendresse apaisante de Hinata et lui rapporta devant les yeux les souvenirs de son passage à tabac.
La jeune fille vit qu'il s'était crispé, et elle caressa sa joue du bout des doigts pour le calmer. Elle sortit un tube de pommade froide, qu'elle passa sur la peau de Naruto. Ce-dernier sentit les picotements qui le parcouraient se stabiliser et il pensa pouvoir se redresser. Mais quand il tenta de le faire, son dos lui apprit qu'il n'en était pas encore en mesure. Il laissa s'échapper un grognement étouffé.

« Restez tranquille, enfin, le sermonna la délicate demoiselle. »

Naruto leva les yeux vers elle et observa ses lèvres pincées, tant elle était concentrée sur sa tâche, ses sourcils fins, son nez rougi par le chagrin. Elle était vraiment splendide. Fragile et fraîche, comme une fleur dont les larmes symboliseraient la rosée du matin. Il aurait voulu rester près d'elle pour toujours pour chasser inlassablement ce qui lui causait du tord. Pourtant un autre visage se superposa à celui de Hinata. Des joues rose vif, des yeux bleus et pétillants, une longue chevelure blonde... Sa petite sœur lui manquait terriblement. Était-elle sauve, au moins ? Une question se mit à trotter dans l'esprit de Naruto, qui attendit impatiemment que Hinata achève de passer la crème sur son torse. Quand celle-ci reposa le tube sur la table de chevet et le regarda tristement, il demanda :

« Depuis combien de temps est-ce que je suis là ? »

Il nota avec effroi l'hésitation passagère de son interlocutrice.

« Depuis... à peu près deux jours et demi, répondit-elle finalement à voix basse. Vous étiez dans un état affreux quand les hommes de main de mon père sont tombés sur vous. Mon père aurait voulu vous laisser là où vous étiez, mais s'il vous avait laissé mourir sur sa propriété il aurait eu des ennuis. C'est pourquoi il a pris sur lui de vous ramener. Je pense que si je n'avais pas accepté de vous prendre avec moi, il se serait débarrassé de vous. »

Naruto ne sut ce dont il fallait s'inquiéter le plus. Les agissements aussi ignobles qu'effrayants dont était capable le père de Hinata ou bien le ton glacial sur lequel elle prononçait ces mots, comme si ce n'était pas la première fois. Il ne parvint pas à s'empêcher de la faire poursuivre :

« Pourquoi est-ce que tu... m'a gardé avec toi ?
- Vous êtes si jeune... je ne pouvais pas vous laisser... pas encore une fois ne rien dire alors que... mon père... »

Hinata éclata en sanglots, et Naruto, désemparé, et pour le moment pas plus habile qu'un concombre, ne savait comment calmer cette crise de désespoir. Soudain elle se leva, se précipita hors de la pièce par une porte que le blond n'avait pas remarqué entre la coiffeuse et l'armoire et disparut de son champ de vision.
Naruto l'entendit avec horreur vomir bien plus que ce qu'elle n'aurait pu avaler et eut un affreux haut-le-cœur. Il prit alors conscience que les flacons sur la coiffeuse ne contenaient pas des lotions de maquillage mais certainement des produits médicaux, et que la taille et la blancheur de peau de la jeune fille étaient dues à autre chose qu'à un manque de soleil.

Lorsque Hinata revint, il ne put que l'observer avec une tendresse renouvelée mêlée d'effroi. Celle-ci lui dit faiblement :

« Je suis malade. Personne ne sait ce dont il s'agit, ni comment j'ai pu l'attraper. Depuis dix ans j'en souffre. Et il me reste à peu près autant de temps à vivre. Je vais bientôt commencer à perdre petit à petit l'usage de mon corps, je vais me raidir, et je mourais à vingt-cinq ans, alors que j'aurais pu... j'aurais dû... me marier... »

Elle détourna les yeux et se remit à pleurer. Une fois de trop pour Naruto qui devait à présent porter toute la souffrance de cette jeune personne sur ses épaules. Ses propres blessures lui parurent bien faibles à côté de celles de sa bienfaitrice. Dans un effort qu'il n'aurait normalement jamais pu fournir, il se redressa sur son lit en serrant les dents. Il l'appela alors très doucement, et elle vint s'assoir contre lui, sanglotante et brisée. Naruto referma maladroitement les bras sur elle et posa son menton sur ses cheveux. Si au moins son réconfort pouvait retirer un peu du poids qui pesait sur le dos de Hinata, il le dispenserait volontiers.

*****

Sans même s'en rendre compte, Naruto s'était endormi. Il avait passé une assez mauvaise nuit, mêlant frissons de terreur, douleur due à ses os très abimés et cauchemars où Hinata et Ino se mélangeaient pour devenir un cadavre informe qui vomissait et se faisait torturer par une espèce de monstre aux longs cheveux noirs et au sourire carnassier.
Il s'éveilla en sueur très tôt le lendemain matin, et il faisait encore nuit dehors. Il constata avec satisfaction que ses côtes et ses reins l'élançaient beaucoup moins et il eut la conviction qu'il pouvait se mettre assis sans douleur, ou presque. Il s'exécuta. Rien, pas de gémissement ou de craquement sourd. Juste son cœur qui battait et une respiration douce à côté de lui.

Son cœur se serra lorsqu'il reconnut Hinata, assoupie d'un sommeil léger qui devait beaucoup lui faire défaut. Il se remémora ses rêves et une irrépressible envie de la toucher le prit, afin de s'assurer qu'elle était bien réelle. Il effleura son poignet glacé et soupira. De soulagement d'abord, parce qu'elle était bien en vie à côté de lui, et de tristesse après, parce qu'elle souffrait beaucoup et qu'il ne pouvait rien faire pour remédier à sa maladie.

Cet ange lui avait sauvé la vie, l'avait soigné, s'était ouvert à lui sur ce qui l'accablait et n'avait jamais prononcé la moindre parole qui aurait pu le blesser. Elle était tellement loin de l'univers qu'il connaissait. C'était sans doute pour ça qu'il n'arrivait pas à admettre qu'il était vraiment sur Terre. Il lui semblait être au Paradis. Mais il savait qu'au Paradis, les anges n'en bavaient pas autant.
Il regarda le jeune fille durant tout le reste de la nuit, jusqu'à ce qu'elle s'éveille au matin. Elle était belle, elle était gentille, douce, attentionnée, féminine...

Naruto voulait se lever, il voulait l'aider. Il voulait aussi retrouver Ino. Lui dire qu'il allait bien. Remercier Kiba, prendre des nouvelles de l'autre drogué.
Il voulait redevenir autonome, comme il l'avait toujours été.

Il songeait à cela tout en tentant tant bien que mal d'ignorer Hinata qui s'habillait devant lui. Elle paraissait ne pas avoir le moindre problème à exposer sa nudité devant un garçon plus âgé qu'elle, et qu'elle ne connaissait qu'à peine. Naruto pensait qu'elle ne devait plus être très gênée par le regard d'une personne de sexe opposé sur son corps parce qu'elle devait se déshabiller souvent pour supporter toutes sortes d'examens contre sa maladie.
Il demanda, lorsqu'elle eût fini d'enfiler son chemisier bleu ciel :

« Dis, quand est-ce que je pourrais sortir ?
- Selon mon médecin, vous devriez être sur pied d'ici une semaine, répondit Hinata après quelques secondes de silence. Vous aurez du mal à vous mouvoir mais au moins vous serez libre de vous en aller. »

Le ton était sec, comme blessé. Le blond comprit qu'elle pensait qu'il voulait partir au plus vite, quitter cet endroit oppressant, cette chambre où Hinata se noyait dans ses idées noires. Il chercha ses mots un instant et déclara :

« Mince, j'aurais bien voulu avoir un argument pour rester un peu plus longtemps. Malheureusement ma petite sœur risque de ne pas apprécier mon absence.
- Vous avez une petite sœur ? s'étonna Hinata en le regardant de ses yeux blancs grands ouverts. Moi aussi ! Elle est très rarement à la maison, mais je l'aime beaucoup. Je suis désolée que vous ne puissiez rester, mais si c'est pour elle... Je peux demander qu'on la prévienne si vous le désirez. Je... »

Elle continua comme ça pendant deux bonnes minutes. Quand elle s'aperçut que Naruto l'observait avec des yeux ronds, elle vira au rouge, et le garçon ne put s'en empêcher : il éclata de rire.



Et voilà ! Ça démarre dur, ça finit léger :)
Alors, vous la trouvez comment Hinata ?
Surtout n'hésitez pas sur les commentaires : si vous voulez pas vous commentez pas, si vous voulez vous commentez !
Et voilà ;)




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