Fiction: Frère et sœur, ensemble jusqu'au bout

Un frère et une sœur, blonds aux yeux bleus tous les deux, sont inscrits au lycée Danzo, terrible bâtiment pour les élèves « à remettre sur le droit chemin ». En fuite, et devant affronter brutes, malfaiteurs et gangsters, ces deux adolescents vont-ils se sortir de leur vie de fugitifs et réussir à bâtir leur vie malgré tout ?
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Rahjenaimar (Féminin), le 30/12/2010
Un chapitre peut-être un peu ennuyeux, mais il y a toujours des hauts et des bas dans une fiction. Personnellement, j'estime qu'il fallait bien passer par là. Vous aimez, vous aimez pas, après c'est vous qui voyez.



Chapitre 3: Le rendez-vous du psy



A l'image du reste de tout l'établissement, les salles de classe étaient plus proches de l'univers carcéral que scolaire, et nombreux étaient ceux qui essayaient par tous les moyens d'échapper aux cours qui avaient lieu dans ces pièces étouffantes et stressantes. Comme les dernières modifications au règlement interdisaient tout objet pointu, les stylos et autres crayons étaient proscris du matériel de classe et les élèves devaient prendre des notes dans leur tête. Ceux qui n'y arrivaient pas devaient se griffer la peau afin d'y laisser des marques assez profondes pour tenir jusqu'à ce qu'ils rentrent chez eux et qu'ils puissent les réécrire sur des feuilles de papier.

Beaucoup d'entre eux ne se donneraient pas tout ce mal s'ils n'avaient pas une peur aussi profonde des mauvais résultats. Certes ce lycée recevait les pires brutes épaisses qui puissent exister, mais personne n'était sans ignorer que c'était cette école de redressement scolaire ou la prison brute. Et la prison... qui peut se vanter d'avoir déjà voulu y aller ? Et donc, si on s'apercevait que les résultats étaient trop mauvais, on en déduirait que l'endroit n'était pas adapté et on était dirigé dans une école encore plus dure que celle-ci.
Il fallait aussi préciser que chaque bulletin était passé à la loupe par une bande de vautours sans plumes et sans plus aucun poil sur le caillou qui riaient de cette discipline si peu rude à leurs yeux. Cet espèce de conseil était considéré comme le Cerbère de l'école. Si par quelque malheur on passait devant ses crocs avides de chair fraîche, on pouvait être sur qu'on ne reviendrait pas du voyage...

Naruto franchit la porte et sentit une espèce d'aspiration à l'intérieur de la classe, comme si son air glacé happait tous ceux qui osaient venir braver son étreinte oppressante. Avec un immense sourire carnassier, l'enseignant de l'heure qui allait suivre les invita à s'assoir à la place qui leur était destinée. Naruto se retrouva assis à côté du Nara, comme d'habitude. Celui ronflait déjà. D'ailleurs, c'était bizarre. S'il passait son temps à dormir, comment faisait-il pour avoir de si bons résultats ? Il demandait les notes de quelqu'un ? Non, ce type était si fainéant que rien n'aurait pu le forcer à produire le moindre effort. Étrange...
Avec un soupir, et malgré la présence de trente autres personnes, le garçon se sentit très seul et s'apprêta à suivre le cours qui s'annonçait aussi barbant que d'habitude dans un silence morose. Il était bien loin de se douter que le Nara se réveillerait et lui poserait des questions aussi pénibles qu'indiscrètes :

« Dis, Uzumaki...
- Mmh ? marmonna celui-ci le plus bas possible.
- Elle est comment ta sœur en dehors du lycée ?
- Purée t'es lourd ! C'est pas le moment et en plus je t'ai dit pas touche, répondit Naruto à mi-voix.
- Mais... Je veux dire, comment elle est d'habitude quoi, c'est pas bien méchant.
- Non, c'est non, répliqua le blond, catégorique.
- Elle est sportive ? Calme ? Studieuse ? Artiste ? Je sais pas, moi...
- Je sais pas non plus. Boucle-la.
- Fais gaffe, tu parles trop fort, l'avertit le Nara. Le prof va t'entendre.
- Arrête de me gonfler, alors...
- Bon... Si tu veux pas partager... »

La dernière phrase de son camarade fit voir rouge à Naruto qui se leva de sa chaise d'un bond et le saisit par le col de sa chemise entrouverte sur le premier bouton. Le nœud de la cravate noire que le brun mettait tous les jours se défit et elle tomba par terre. Surpris, le Nara avait perdu toute trace de sa petite sieste et regardait Naruto les yeux grands ouverts.

« Uzumaki, qu'est-ce que tu...
- Ma sœur n'est PAS un objet, OK ? Que ça rentre bien dans ta tête, Nara !
- Uzumaki, tout le monde te regarde... »

Se rappelant tout à coup de l'endroit où il était, il jeta un regard circulaire et vit qu'en effet la quasi-totalité des regards était tournée vers lui. Il y en avait juste quelques-uns qui murmuraient entre eux et l'Inuzuka qui se tordait de rire plus loin. Il relâcha lentement le col du jeune homme qu'il venait de menacer alors que c'était à peu près le seul de l'établissement à avoir des rapports amicaux avec lui. Le professeur se racla la gorge et déclara posément :

« Bien. Uzumaki et Nara, vous sortez. Bonne chance pour récupérer les cours. Au fait, le prochain examen sur ce sujet est dans deux jours. Au revoir. »

Et les deux jeunes hommes durent sortir de la salle sous les regards passablement moqueurs et méchants des autres élèves. Le Nara ponctuait quasiment chaque pas d'un « Galère... » bien à lui. Une fois la porte refermée derrière eux, il se laissa glisser le long du mur et regarda les nuages défiler par la fenêtre située juste sous le plafond à deux mètres de hauteur. Honteux, Naruto s'était juste adossé à la cloison, de l'autre côté de la porte. Il ne savait pas trop comment s'excuser auprès de son compagnon. Finalement, il opta pour la méthode la plus simple et dit :

« Nara, je suis désolé, tu sais.
- Tu peux, répondit le jeune brun.
- Mais aussi, tu dois savoir que pour moi, ma sœur, c'est...
- Sacré, acheva le Nara. Je passe peut-être mon temps à dormir, mais je suis pas idiot.
- Ouais, pardon. C'est vrai qu'à cause de moi on est dehors maintenant.
- Oui. Entièrement d'accord avec toi. De ta faute.
- Hé ! Fallait pas me chercher, aussi ! C'est de ta faute à toi si je me suis énervé !
- Mouais, c'est vrai... Ben disons qu'on est désolés tous les deux et on en parle plus.
- D'accord, ça me va.
- Cool. Oh, Uzumaki.
- Ouais, quoi ?
- Appelle-moi Shikamaru.
- Et appelle-moi Naruto, conclut ce dernier en tendant la main à son ami que celui-ci serra avec bonne humeur. »

Le blond s'assit à côté de son ami et regarda passer les nuages avec lui. Ils attendirent comme ça que la cloche sonne, mais ils n'en eurent pas le temps car une silhouette se dessina à l'autre bout du couloir et s'approcha d'eux à grands pas. Shikamaru murmura un « Galère. » et se releva en se serrant contre le mur, espérant que la personne qui venait vers eux serait trop concentrée pour les remarquer. Manque de chance, le nouveau venu ralentit en les voyant et s'arrêta en les dévisageant. Et ils durent retenir un frisson parce que cette personne était le vieillard le plus craint de tout le lycée. Plus encore que les membres du conseil ou les anciens vice-proviseurs. Le proviseur principal en personne était là devant eux, et ils frémissaient d'avance de ce qu'il allait dire. Déjà qu'il n'était pas bien beau, avec un bandage sur tout un côté de sa tête, une touffe de cheveux gras et noirs sur son crâne dégarni de toutes parts, un menton tailladé et un petit œil porcin et franchement à faire froid dans le dos.
Immobile, tout comme eux deux, il les détaillait et paraissait réfléchir à ce qu'il convenait de faire. Soudain un éclair passa derrière ses paupières tombantes et ridées et il eut un mouvement spasmodique du bras gauche. Les coins de sa bouche s'agitèrent et il parla d'une voix grave et éraillée :

« Qu'est-ce que vous faites dans le couloir ?
- On... On a été... expulsés de cours, monsieur, expliqua Naruto avec la frayeur de ce qui allait suivre.
- Mmh... Je vois... Hé bien, vous deux, vous allez pouvoir m'aider, dans ce cas... »

Les deux adolescents auraient été profondément soulagés si le ton employé n'avait pas été aussi coupant et flamboyant de pure cruauté. Une sueur froide se mit à couler dans le cou de Naruto tandis que Shikamaru se mordait l'intérieur des joues. En face, le proviseur, Danzô lui-même, les contemplait d'un regard mauvais avec un petit sourire de satisfaction. Il reprit d'une voix encore plus menaçante :

« Vous allez venir à l'entrée de la salle juste à côté de mon bureau trente minutes avant la fin de vos cours. Et vous allez pouvoir tester quelque chose pour moi. Par contre, je vous conseille de bien profiter de votre journée... On ne sait jamais. »

Et sur cette menace suggérée, le proviseur s'éloigna, faisant bouger autour de lui son long manteau noir et certainement coûteux. A peine avait-il disparu à l'angle du couloir que les deux jeunes gerçons se laissèrent tomber par terre et relâchèrent leur souffle contenu sans doute quelques secondes de trop. Haletants, ils entendirent à peine la sonnerie déclencher un bran-le-bas-de-combat dans les salles de classe. Toujours hilare, l'Inuzuka se laissa tomber de tout son poids sur eux à la sortir du cours qu'il avait fini sans eux. Il riait aux éclats et battait des mains telle une otarie hors de l'eau. Lassé de devoir supporter un tel énergumène, Shikamaru se leva et menaça Naruto de le planter là si « l'autre abruti » n'arrêtait pas d'attirer l'attention sur lui. Effectivement, une majeure partie de ceux qui avaient reçu un coup de Kiba un peu plus tôt les pointaient du menton en faisant craquer leurs jointures. Et le blond jugea préférable de déserter les lieux pour l'instant. D'ailleurs, à présent ils avaient sport et il valait mieux se rendre du côté des terrains de ping-pong que de football. Les ballons pouvaient devenir redoutables entre les pieds d'un bon buteur...

Les deux heures de cours de sport passèrent rapidement, et il n'y eut qu'une légère entorse à la cheville et un poignet foulé parmi les élèves de ping-pong. Côté joueurs de foot, en revanche, les blessés étaient plus nombreux et plus importants. Naruto se félicita d'avoir évité les embrouilles inutiles...

Après un déjeuner aussi rationné que celui de naufragés dans le désert dans une salle de cantine austère et sombre et une après-midi froide et morne, fidèle à toutes les autres qui ont vu arriver leur heure entre ces murs gris, Shikamaru et lui durent se rendre à l'évidence : c'était l'heure du rendez-vous avec le proviseur auquel ni l'un ni l'autre n'avait songé un seul instant à se soustraire, par crainte pour sa personne.
Ils avaient l'impression que plus leurs pas les rapprochaient du lieu du rendez-vous, plus l'air s'épaississait et le temps ralentissait. Ils avaient de plus en plus chaud et Shikamaru avait l'air pour une fois totalement réveillé. C'était même le plus inquiétant d'après Naruto. Enfin la porte qu'ils redoutaient tant apparut devant leurs yeux. Quelques mètres plus loin il y avait celle du bureau du proviseur. Celui-ci eut d'ailleurs la bonne idée de s'annoncer à eux en surgissant dans leur dos et en déclarant :

« Bien. Vous êtes à l'heure... »

La première frayeur passée, Naruto se surprit à s'imaginer quelles terribles tortures ils auraient endurées s'ils n'avaient pas été à l'heure. Danzô poursuivit sur le même ton guttural :

« Vous allez être les premiers à rencontrer le psychologue que j'ai engagé... »

Le jeune blond haussa les sourcils. S'il s'attendait à ça ! Il imaginait nettement pire comme service...

« Dois-je comprendre à votre expression que vous vous réjouissez ? demanda le proviseur, ce qui eut pour effet immédiat de gommer le sourire gai de Shikamaru et l'expression de soulagement de Naruto. Ce psychologue, ce n'est pas pour rien que je désire le tester. Je veux m'assurer que les élèves ne soient pas en trop mauvais état en ressortant... Il est trente. Quinze minutes d'entretien chacun. C'est déjà la limite de ce que peut endurer quelqu'un de votre âge... »

Et il repartit en claudiquant sur une canne en ivoire hors de prix.

« C'était quoi, ça ? murmura Shikamaru. Qu'est-ce qu'il voulait dire par « pas en trop mauvais état » ?
- Peut-être qu'on se fait taper dessus quand on dort sur le bureau ? plaisanta Naruto. »

Mais son sourire était dénué de bonne humeur. Avec crainte, il s'approcha de la porte et inspecta la poignée comme s'il craignait qu'elle ne recèle quelque piège qui pourrait les rôtir vifs. Il jeta un regard à son ami qui ne paraissait que trop heureux que Naruto veuille passer avant lui. Finalement le jeune Uzumaki prit son courage à deux mains, attrapa la poignée et la tourna. Le porte s'entrouvrit de deux centimètres. Il y avait de la lumière à l'intérieur. Il se demanda soudain s'il aurait dû s'annoncer avant. De toute façon c'était trop tard. Alors il entra et referma la porte derrière lui.
Tout d'abord il ne vit qu'une faible lampe blanche qui éclairait un coin de la pièce faisant environ trois mètres sur quatre. Il n'y avait pas de fenêtre, pas de meuble non plus, à l'exception de la lampe blafarde. Puis, sortant de la pénombre, un homme de la carrure d'une armoire à glace, dans un immense manteau noir - et Naruto commença à se demander si ce n'était pas une manie des gens de ce lycée -, avec un visage rude et d'immenses cicatrices. Et s'il avait fallu parier sur son activité passée, Naruto aurait certainement dit boxeur catégorie poids lourd ou garde du corps d'un mafieux poursuivi par la police internationale. Il était littéralement terrifiant.

« Voyons, voyons... commença le géant d'une voix calme. Naruto Uzumaki...
- O... Oui, monsieur, répondit le jeune homme en usant de tout son self-contrôle.
- Seize ans, un mètre soixante-six, cinquante-cinq kilos huit cent grammes...
- C'est bien ça...
- Parents portés disparus, une sœur, responsable légal à l'étranger...
- Oui, monsieur.
- Impulsif, agité, deux connaissances dans l'établissement : Nara Shikamaru et Inuzuka Kiba... »

Et il continua d'énumérer toutes les informations qu'il connaissait sur Naruto pendant cinq bonnes minutes, en passant par la couleur du caleçon qu'il portait et son habitude de sauter par au-dessus les plots d'entrée de parking dans la rue. Puis il s'interrompit, regarda son interlocuteur debout à le fixer avec horreur.

« Hé bien, dit-il, tu as l'air surpris de tout ce que je sais sur toi.
- Euh...
- Dis-moi, tu vis tout seul avec ta sœur ?
- Oui.
- Est-ce que tu t'occupes bien d'elle ?
- Je crois.
- Tu crois ? Moi je ne le pense pas.
- Comment ça ?
- C'est moi qui pose les questions. Dis-moi... Tu me prends pour un imbécile ?
- Non !
- Vraiment ? Pourtant je sais que toi et ta sœur vous mentez sur votre origine. Je sais que votre responsable légal est bidon et je sais aussi que vous êtes en fuite. Pourtant... »

Il ne put finir sa phrase car déjà Naruto fonçait vers la porte dans l'espoir de filer d'ici. Cet homme savait tout. Il pouvait tout comprendre. C'était un spécialiste de la torture mentale. Et pas moyen de s'échapper, car à peine avait-il posé la main sur la poignée qu'il se retrouva éjecté de l'autre côté de la pièce par un revers du titan dans l'estomac. Il avait sûrement été boxeur...
Le blond s'affala comme une masse en se tenant le ventre, puis il voulut se redresser mais le géant le toisait de toute sa hauteur et il lut dans ses yeux qu'il valait mieux pour lui qu'il reste tranquille.

« Pourtant... continua le « psychologue », je pense que je ne vais rien dire à personne, et te donner un bon conseil : ne dévoile jamais à personne quel est ton point faible. Tes ennemis pourraient s'en servir pour t'atteindre.
- Mon point faible ? Je n'en ai pas.
- Ah oui ? Pourquoi es-tu là alors ?
- Parce que monsieur le proviseur nous a demandé à Shikamaru Nara et moi de passer en premier notre rendez-vous avec vous après nous avoir vus dans le couloir.
- Et pourquoi étiez-vous dans le couloir ?
- Nous étions expulsés de cours. Je l'avais un peu bousculé parce qu'il avait voulu approcher ma sœur de trop près. Et personne ne touche à ma sœur. Personne.
- Tiens, tiens... Tu m'en as déjà trop dit. Je pourrais désormais te casser comme une brindille... Parce que ton point faible, il faudrait être abruti pour ne pas avoir compris que c'est ta sœur... Le rendez-vous est terminé. »

Le blond se releva, réjoui que ce soit fini, salua l'homme et se dirigea vers la porte. Mais son allégresse fut de courte durée. Ne dévoile jamais à personne quel est ton point faible car tes ennemis pourraient s'en servir contre toi. Et après : Ton point faible, c'est ta sœur.
Il se retourna vers l'armoire à glaces qui le regardait avec gravité. Puis quand il vit son petit mouvement de tête positif, Naruto comprit et souffla entre ses dents :

« Ino ! »



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