Fiction: Féminité masculine

Elle, on pourrait la prendre pour un homme. Elle, elle se comporte comme un homme. Elle ? C'est une femme élevée à la dure dans la chaleur. One-shot mettant en scène Shikamaru et Temari
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Polgara (Féminin), le 03/09/2010
Hum... Bien, voilà le premier one-shot où je met en scène la feignasse et la brutasse ^^
En espérant que ça vous plaira !




Chapitre 1: Féminité masculine



"Le misogyne ne méprise pas les femmes. Le misogyne n'aime pas la féminité. Chez la femme, l'adorateur vénère la féminité, alors que le misogyne donne toujours la préférence à la femme sur la féminité."

Milan Kundera, Extrait de Le livre du rire et de l'oubli.



"Ta gueule pour voir ?"

La phrase avait fusé sans qu'elle ne puisse la retenir. A bien y penser, c'était toujours comme ça : dès qu'elle le voyait, elle ne pouvait s'en empêcher. On ne lui avait jamais demandé de rester polie : son père s'en moquait totalement. Pour lui, tout ce qui importait était la force. S'entraîner, s'entraîner, s'entraîner. C'est la seule chose qu'il lui demandait de faire. A par cela, aucune attention. Ses frères non plus ne lui disaient pas grand chose. Pas de communication, pas de modèle et pas de politesse. Du coup elle jurait comme un homme, buvait comme un homme, mangeait comme un homme, marchait comme un homme, vivait comme un homme. En fait, à bien y réfléchir, il était plus femme qu'elle : il était peu courageux, pleurnichard sur les bords et aimait écouter les histoires. Et il râlait comme une femmelette :

"Galère... Je t'ai pourtant rien dit non ?
- Tu parlais et je ne supporte pas ta voix, répliqua-t-elle sèchement.
- Ah ? Tant pis pour toi."

Ce qu'il pouvait l'agacer ! Quoi qu'elle lui dise, il trouvait quoi lui répondre. Une pique, une réplique. Toujours la même routine : ils se voyaient, ils s'engueulaient. Enfin, elle l'engueulait, il soupirait.

Exactement ce qu'il faisait en ce moment. Du coup elle se sentit obligée de répondre à cet affront :

"Être content ça t'arrive parfois ?
- Jamais quand t'es dans le coin.
- Ah oui, j'oubliais que je t'impressionnais, fit-elle, hautaine.
- Bof, répondit-il, nullement impressionné, C'est juste histoire d'être tranquille vu que t'es assez chiante...
- Je suis une femme.
- Ah ? Ça ne se voit pas spécialement pourtant.
- T'es aveugle.
- Impossible, fit-il du tac au tac.
- Ah ouais ?
- Et ouais."

Puis la conversation mourut comme elle était née. De toute façon ils ne s'entendaient pas. Et elle doutait qu'ils s'entendent jamais. Non pas qu'il la répugnait, oh non ! Loin de là ! Elle ne pouvait pas nier le fait qu'il était plus que bien fait : son air nonchalant lui allait à la perfection, ses yeux vifs malgré sa fainéantise aiguë. Son torse, qu'elle avait pu voir une fois, était finement musclé. Et il se déplaçait avec une certaine grâce. De plus, il était extrêmement intelligent. En réalité, c'était cela que Temari ne supportait pas : le fait que Shikamaru soit si diaboliquement attirant - malgré son machisme - l'énervait. La jeune femme avait pourtant juré de ne jamais être attirée par un individu de sexe masculin. Mais elle n'avait jamais réussi. Néanmoins, aucun de ceux que Temari avait pu croiser ne l'avait autant attirée que Shikamaru. Et pour cela elle voulait être la plus désagréable possible. Mais il lui parlait toujours de sa voix grave et nasillarde sur les bords, une voix d'homme mûr, qui a déjà connu des femmes, et qui pourtant ne les respectait pas totalement sans qu'il ne puisse non plus imaginer le monde sans elles.

Il marchait derrière elle. Elle ne le voyait pas mais savait exactement tous les gestes qu'il faisait : fouiller dans ses poches, sortir son paquet de cigarettes, souffler parce qu'il n'en avait presque plus, en porter une à sa bouche, l'allumer, inspirer les toxines et les recracher. L'odeur du tabac, de la nicotine et autres produits chimiques flotta dans l'air, chatouillant les narines de la jeune femme. Elle inspira également, tentant de s'imprégner de cette sensation olfactive qui lui piquait ses voies nasales. Elle s'arrêta. Lui non. Il la dépassa, fit encore quelques mètres et se retourna :

"Alors fille galère ? Tu viens ?"

Temari plongea son regard émeraude dans ses ébènes, s'y noyant. Il ne dit rien, ne détourna pas les yeux. Il la fixait lui aussi. Et une lueur brilla soudain dans ses pupilles.

Shikamaru sourit, un vrai sourire, qui laissait de côté toute sa raillerie pour que la place soit occupée par la tendresse, l'affection, l'amour. Le jeune homme tendit la main. Temari le regardait toujours. Et elle la saisit, doucement, un peu tremblotante mais chaleureusement, timidement.

Une main de femme qui saisit celle tendue d'un homme.


"Pour bâtir un couple, il faut être quatre : un homme plus sa part de féminité, une femme plus sa part de virilité."

Bernard Werber, Extrait de L'empire des anges.



Voilà, voilà. Sans vouloir me lancer des fleurs... Il me plait je crois ^^'
Merci de m'avoir lue !




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