Fiction: La première fois j'avais six ans.

"De six à neuf ans, mon père a commis l'inceste avec moi dans le plus grand silence puisqu'il m'a demandé de me taire et de ne rien dire à ma mère." Ceci est la première phrase d'une interview d'Isabelle Aubry, violée par son père dès son plus jeune age. Une histoire inspirée de son livre mettant en scène Temari, Shikamaru, Gaara, Kankuro, Neji, Tenten et tous les autres.
Classé: -16I | Drame | Mots: 9293 | Comments: 16 | Favs: 18
Version imprimable
Aller au
Polgara (Féminin), le 04/08/2010




Chapitre 3: Chapitre 2



Jour. Temps pendant lequel le soleil éclaire l'horizon. Soleil. Lumière. Ce qui éclaire les objets et qui les rend visibles. Objet. Chose concrète perceptible par les sens. Tel un lit, le sol, des volets... A travers lesquels cette source lumineuse peu passer car on ne les aura pas fermés correctement. Un bruit. Son produit par des vibrations. Telle une sonnerie de portable, de four, de réveil. Tel le son produit par une main s'abattant sur ce même réveil. Comme tous les jours. Un étirement, une douche, un petit-déjeuner... Une routine commune à de nombreuses personnes. Routine que Shikamaru Nara vivait en ce moment même, devant sa tasse de thé brulante, dont le goût quelque peu piquant achève de le réveiller. Puis un autre passage à la salle de bain, un autre matin où il part avec la même musique que tous les jours. Lundi. Hier. Mardi. Aujourd'hui. Les même escaliers qu'il lui faut descendre pour arriver dans la rue, le même gardien de l'immeuble qu'il faut comme d'habitude saluer. Le même nombre de pas trainants qu'il lui faut faire pour atteindre la gare. La même activité que la veille... La vie est un éternel recommencement.

Il est de nouveau dans le TER si surchargé en ce jour de semaine. Voir plus que la veille. Mais ça, Shikamaru ne saurait le dire. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il est encore coincé contre la paroi opposée à l'ouverture de la rame dans laquelle il est. Et qu'il sort à la prochaine station. Une fois extrait de cette atmosphère qui l'étouffe, il marche lentement, calmement en direction du même établissement que la veille. Il arrive à la même heure, à quelques secondes près. Il entre dans le hall et croise les mêmes personnes que la veille, à quelques exceptions près. Il grimpe les escaliers, se faisant une nouvelle fois bousculer. Mais Shikamaru ne relève toujours pas, ne changeant rien en cette impression de déjà vu.

Et c'est du même geste nonchalant qu'il ouvre la porte de la 3-C, où les mêmes personnes que la veille sont présentes. Chôji et Ino le saluent, comme la veille. Naruto arrive, excité, comme toujours, et crie sa joie. Il se fait une nouvelle fois frapper par Sakura, qui va de nouveau vers Sasuke dès que ce dernier entre, et est rejointe comme de coutume par Ino avant qu'elles ne se mettent une nouvelle fois à se crier dessus. Mais aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres. Car aujourd'hui est un jour où une nouvelle arrive dans le lycée - et dans leur classe par la même occasion. Mais cela n'empêche pas Shikamaru de se dire que la journée sera comme toutes les autres mis à part ce léger détail. Car pour lui ce n'est qu'un léger détail. Oui. Il s'en fiche de cette nouvelle. Comme il se fiche de savoir s'il a bien révisé. De toute façon il n'en a pas besoin. Mais bon, pour ne pas faire l'ermite, il discute tout de même avec Chôji, Kiba et Shino. Ce dernier parle, étonnamment à ce que les gens ont tendance à dire sur lui. Certes il n'est toujours pas bavard mais au moins cet obsédé des insectes se comporte-t-il presque comme un adolescent normal. Mais ces conversations diverses et variées entre Tenten et Lee, Naruto, Neji et Hinata, Sakura et Ino et tous les autres dans la classe furent, comme la veille, coupées par la sonnerie. Aussitôt le silence se fit et Shizune, professeur de lettre, entra dans la classe :

"Bonjour.
-Bonjour, répondirent tous les élèves.
-Bien. Aujourd'hui, comme vous le savez puisque l'on vous l'a expliqué hier, une nouvelle élève est accueillie dans l'établissement. Elle sera donc votre camarade de classe.

Elle se tourna ensuite vers la porte, à qui elle fit un signe et une jeune fille blonde entra. A première vue, elle était assez ordinaire. Mais lorsqu'elle se tourna, Shikamaru remarqua ses yeux : un mélange de sauvage, d'indomptable, de blessée et de tristesse y régnait. Cela l'intrigua, mais il n'en montra rien : un Nara qui se respecte se doit d'être en toutes circonstances d'une neutralité sans borne. Shizune se tourna alors vers la fille et lui dit :

"Bien. Je crois que tu peux te présenter : ils brulent d'envie de savoir qui tu es et d'où tu viens.

La blonde se mit alors face à la classe et prononça, dans un japonais accentué d'une façon bien étrange aux yeux de Shikamaru :

"Enchantée. Je suis No Sabaku Temari. Je viens de Russie.

Russie. Le mot planait sur le silence qui régnait dans la classe. Personne n'osait rien dire jusqu'à ce qu'une voix s'élève du fond de la salle:

"Tu viens de vachement loin alors...

Celui qui avait fait cette remarque était bien entendu Naruto. Shikamaru soupira : pouvait-on être aussi stupide naturellement ou bien cela était-il une feinte? Il n'avait pas encore de réponse. Mais la question ne sembla pas gêner outre mesure la nouvelle et elle y répondit avec sympathie :

"Pas tant que ça : sur la carte du monde le Japon et la Russie sont assez proches tout de même.

Elle ponctua cette phrase d'un sourire. Mais il parut à Shikamaru que ce sourire n'était pas véritable, comme une mimique que l'on s'est entrainé à faire devant la glace de sa salle de bain. Il se dit que cette Temari No Sabaku allait être un peu plus mystérieuse que les autres spécimens femelles du genre humain.

Mais, malgré la curiosité exponentielle des adolescents, Shizune dut mettre fin à ce début de prise de connaissance, indiquant par là le fait qu'ils allaient devoir travailler. Ce seul mot fit une nouvelle fois soupirer Shikamaru qui ne s'intéressa plus d'aucune sorte à ce qu'il se passait autours de lui, ne rêvant que d'une seule chose : la tranquillité.

C'est ainsi que quatre heures s'écoulèrent, en silence et dans la concentration. Mais midi arriva et la cloche sonna pour la deuxième fois de la journée, indiquant la fin de la matinée. Aussitôt une nuée d'élèves se massa vers Temari. Le jeune Nara regarda ce troupeau d'un œil morne et détaché puis, accompagné de Chôji, Neji, Sasuke et Shino sortit de la salle. Ils allaient vers la cafétéria mais aussitôt entré en ce lieu, Shikamaru se dit qu'il avait été bien fou pour vouloir y aller : pas moins de deux cent personnes étaient là, discutant de tout et de rien. Cette foule d'adolescents boutonneux, maquillés, coiffés, habillés, masqués dans leur innocence fit reculer notre prompt héros qui ne put qu'abandonner face à eux et qui décida donc de se replier stratégiquement sur le toit du lycée, qui, en ces temps de chaleur, n'accueillait que peu de gens. Il salua donc ses amis et se dirigea vers les escaliers. Il les grimpa pour la deuxième fois de la journée ce qui le fit soupirer de fatigue. Il escalada donc les vingt marches - à peu près - et déboucha sur le lieu désert en cette chaude journée. Alors son soupir, d'ordinaire blasé, devint un soupir de plénitude. Il se dirigea vers le coin le plus éloigné de la porte et se cala, adossé au grillage, afin de ripailler convenablement. Une fois cela effectué, il s'allongea sur le sol, ferma les yeux et brancha Bob Marley. Un petit quart d'heure plus tard, Shikamaru rouvrit les yeux. Il les laissa alors observer les masses cotonneuses qui se mouvait en cette infinité bleutée et ne put s'empêcher de les envier : elles n'avaient pas à se lever le matin pour aller faire des choses galères en cours, apprendre... Non. Elles étaient libres elles. Pas comme lui, enchainé à sa famille tel un boulet au pied d'un prisonnier. Et cela le fit envier les nuages.

Mais un mouvement, capté dans le coin de son œil gauche, arrêta ses élucubrations cérébrales. Il se redressa et vit alors que se trouvait, à environs deux mètres de ses pieds, la nouvelle. Temari No Sabaku. Il la regarda : elle le fixait elle aussi, une lueur curieuse dans ses pupilles. Mais la lueur fut ensuite remplacée par de l'incertitude. Cela fit que le Nara enleva son casque, laissant la musique comme mélodie en bruit de fond. Celle-ci remplit le silence qui régnait sur ce toit, étouffée de temps à autre par la brise estivale. Les deux seuls êtres animés par la vie en ce lieu ne disaient toujours rien et aucun d'eux ne bougeait. Puis la fille recula, doucement puis de plus en plus vite avant de s'arrêter. La Nara la regarda se retourner et croisa à nouveau son regard. Alors Temari s'approcha de lui et d'une voix faible demanda :

"Je... Je peux rester ici ?
-Ouais.

La réponse avait fusé de sa bouche, sans qu'il n'ait put la retenir. Il se demanda aussitôt pourquoi avait-il réagit si vite et un air perplexe s'afficha sur son visage. Cela fut perçu par la Sabaku. Mais elle ne dit rien, ne demanda rien. Elle ne fit que s'asseoir à environ cinq mètres du jeune homme. Celui-ci la regarda, lui fit un signe de tête puis se rallongea. Néanmoins il ne remit pas son casque.

Ils restèrent ainsi, sans parler ni bouger pendant une demi-heure avant que le cloche ne retentisse pout la troisième fois de la journée. Ils se levèrent alors en un même mouvement et, elle devant et lui derrière, se dirigèrent vers leur salle de classe.

Une fois arrivé en ce lieu de réflexion, Shikamaru se fit accoster par un Chôji intrigué :

"Tu étais avec la nouvelle ?
-Oui. Non.
-Hein ?
-Bah elle est juste venue mais on a pas parlé alors j'étais pas avec elle.
-Ah bon ? C'est marrant...
-Ah ?
-Oui.

Mais le professeur entra et ils se turent.

Deux heures plus tard, le jeune Nara se rendit au club de shogi. Il y resta une heure et demie avant de partir en direction de la gare. Là-bas, il attendit son train. Mais une instance supérieure avait dû en décider autrement car son téléphone sonna. Il regarda qui l'appelait et un long, très long soupir s'échappa de sa bouche. Il décrocha. Et à peine trente secondes plus tard appuya sur le combiné rouge pour mettre fin à ce gaspillage de crédit et donc de sous. Et d'un pas résigné se dirigea vers la sortie de la gare afin de faire face à son présent de pantin.




Chapitres: 1 2 [ 3 ] 4 5 6 Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: