Fiction: SOS (Save Our Souls)

Shikamaru, Kiba et Ino sont trois jeunes gens entre 21 et 25 ans. Ils ne se connaissent pas, vivent des vies très différentes mais ils possèdent ce point en commun : ils sont blessés au plus profond d'eux-mêmes et leur âme, le navire d'un être humain, menace de couler. "Save Our Souls" : Sauvez nos âmes. Un message d'au secours, un espoir qui va renaître lorsqu'ils vont se rencontrer...
Classé: -12D | Général | Mots: 10798 | Comments: 8 | Favs: 8
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shikacool (Féminin), le 12/07/2010
Hey vous tous !

2ème chapitre de cette fiction, au titre que je pense plutôt bien choisi : ce second chapitre pose bien des intrigues, que ce soit dans les vies de Kiba d'Ino ou de Shikamaru.
Je sais enfin comment cette fiction va se terminer ; ne reste plus qu'à écrire la suite et la fin ! :)

Je vous souhaite une bonne lecture !




Chapitre 2: Que de mystères !



Il avait mal partout. Tout semblait tanguer autour de lui ; le monde était noir et silencieux, mais il bougeait comme un bateau sur une mer déchaînée. Il avait si mal ! Un bourdonnement titillait ses tympans, à présent. Et puis une voix résonna, tranchante comme la lame d’un rasoir :

- Il s’est réveillé ?

Une autre voix, plus douce :

- Non, mais les appareils détectent une activité cérébrale.
- Bon. Il ne va pas nous faire languir plus longtemps, ce miraculé. Mr. Nara ? Mr. Nara !

Qui donc appelait-elle ainsi ?

- Docteur Tsunade, je ne pense pas qu’il vous entende…
- Au contraire, Shizune, il m’entend très bien. Mr. Nara, ouvrez les yeux !

Qu’il se dépêche de se réveiller, celui qu’elle appelait si fort. Comme ça lui il pourrait se rendormir en paix ! Seigneur, ce raffut ne cesserait donc pas ?
Il sentit un souffle tiède sur sa joue ; un parfum enivrant, aussi.

- Regardez, Shizune, il a bougé un sourcil. Il se fout de nous ! Mr. Nara, je ne me répèterai pas ! Réveillez vous !
- Docteur, je ne suis pas sûre que…
- S’il ne fait pas un effort je lui fais avaler ma bouteille de saké !

Houla, le concerné se trouvait en mauvaise posture. Cette voix semblait prête à faire ce qu’elle disait ! Il ouvrit lentement les yeux, poussé par un élan de curiosité morbide.

- Ben vous voyez, quand vous voulez ! Je vous l’ai toujours dit, Shizune, les menaces sont le remède le plus efficace contre le coma prolongé. Sitôt blessés, les gens deviennent de vrais bébés !

Du blanc, du blanc, du blanc. Ebloui, il sentit poindre le mal de tête caractéristique aux réveils difficiles. Heureusement une femme bien en chair vint se planter devant lui, les poings sur les hanches. Bien en chair ? Pas tant que ça ; elle possédait simplement une poitrine qui la faisait ressembler à une vache à lait. Ses yeux noisette le dévisageaient et elle pinçait les lèvres.

- Comment vous sentez-vous, Mr. Nara ? intervint la voix plus posée, appartenant à une deuxième femme aux courts cheveux de jais.

Mais qui était ce gus ? Pourquoi le fixaient-elles ainsi ? Il grogna et faillit refermer les yeux. Mais la blonde aux deux couettes ne lui en laissa pas le temps : d’un mouvement vif, elle se baissa et lui pinça méchamment le bras.

- Aïe ! s’exclama-t-il tandis que la brune poussait un gémissement effaré.
- Pour vous remettre les idées en place, assura la vache laitière. Pouvez-vous me donner votre prénom, Mr. Nara ?
- C’est de moi dont vous parlez ? s’étonna-t-il. Désolé, mais je ne connais pas de monsieur Nara.

Il faillit se reprendre ; depuis quand disait-il à une femme qu’il était « désolé » ? Surtout pas à une emmerdeuse de ce genre ! La brune fronça les sourcils d’un air soucieux mais la blonde se contenta de lever les yeux au ciel.

- Bon. Amnésie temporaire, décréta-t-elle. J’aurais dû m’y attendre, c’est courant lorsqu’on tombe de plus de quinze mètres de hauteur. Vous souvenez-vous de votre accident, Mr. Nara ? D’une image, d’un détail, même infime ?

Il fouilla dans sa mémoire mais abandonna très vite ; consterné, il se rendit compte qu’il ne possédait aucun souvenir.

- Je… Je ne me rappelle de rien.
- Ne vous inquiétez pas, ça va sûrement vous revenir. Pour vous résumer la situation, vous…

Mais la brune fluette interrompit sa collègue :

- Docteur Tsunade, vous ne pouvez pas lui annoncer cela si brusquement !
- Bien sûr que si, je peux. J’en ai marre des psys qui ménagent leurs patients jusqu’à ce que leur cerveau ressemble à une éponge. Un choc fera réagir sa mémoire, c’est prouvé !

Il se sentait de plus en plus mal : la pièce tournait autour de lui et une remontée acide lui brûla la gorge. Mais la blonde ne sembla pas s’en apercevoir et continua du même ton implacable :

- Vous êtes tombé d’un immeuble de quinze étages mardi dernier, à midi cinquante-cinq. C’était à Lilian-Nord. L’équipe de secours n’a rien trouvé sur vous, à part votre carte d’identité : vous vous appelez Shikamaru Nara, né le 25 février 1984. Vous êtes dans le coma depuis deux jours, nous sommes jeudi 8 avril 2010. Vous vous trouvez au centre hospitalier de Lilian-Sud. Avez-vous le souvenir d’un membre de votre famille, d’un ami que nous puissions prévenir ?

C’était trop. La tête lourde et l’estomac plus remuant que jamais, il se pencha et vomit aux pieds de la vache blonde.

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Une Porsche gris métallisé freina devant un immeuble haut de 7 étages, tourna à gauche et s’arrêta devant un garage spacieux. Une vitre s’abaissa, une main fine tenant une télécommande en apparut et la porte du garage coulissa lentement. La voiture disparut dans la pièce ; Ino en sortit et, d’un nouveau coup de télécommande, ferma la porte du dépôt. La brise fraîche de la nuit vint décoiffer son chignon trop parfait et la jeune femme esquissa un sourire. Elle traversa la roseraie soigneusement entretenue par le jardinier de la résidence, entra dans le hall et vérifia le contenu de sa boîte aux lettres ; elle salua un voisin qui eut un sourire appréciateur devant sa démarche gracieuse, prit l’ascenseur jusqu’au 6ème étage. Enfin, se débattant avec son trousseau de clefs, elle entra dans l’appartement qui jouxtait avec les escaliers de secours. Là, elle put abandonner toute bonne apparence et soupira de lassitude.

Elle jeta veste et sac à main sur la table basse en verre, prit le temps de se concocter un kir à la pêche dans le coin cuisine et s’affala littéralement sur son canapé impeccable, sirotant sa boisson tout en jetant ses chaussures dans un coin du salon. Elle ôta une à une les épingles à nourrice qui retenaient son chignon puis rejeta la tête en arrière, libérant une cascade de cheveux dorés. « Qu’il est bon d’être chez soi », pensa-t-elle en baillant sans retenue.
L’affaire Kiba Inuzuka, depuis mardi après-midi, retenait toute son attention et l’obligeait à rester au cabinet d’avocats jusque tard dans la nuit. Cela faisait deux jours qu’elle n’avait pas rejoint son appartement : ce dossier l’angoissait, elle savait que si elle ne se donnait pas entièrement, la justice risquait fort d’envoyer un innocent en prison. Ino finit son kir d’une seule et longue gorgée, puis opta pour un bain dans son coûteux jacuzzi. Elle se leva en souriant, n’attendant même pas d’être dans la salle de bain pour se débarrasser de ses vêtements : parmi les avantages d’exercer le métier d’avocate existait celui du salaire plus qu’honorable. Ino pouvait en conséquent vivre dans cette coquette résidence, dans un appartement confortable et luxueux que nombre de ses amis enviaient.
Elle était sur le point de s’assoupir dans son bain à remous lorsque la sonnette de la porte d’entrée retentit avec force. Ino eut la tentation de rester là et d’attendre que le perturbateur s’en aille. Mais un deuxième coup de sonnette, plus fort, l’en dissuada ; il n’y avait que sa meilleure amie pour s’impatienter aussi vite, et celle-ci avait coutume de ne jamais faire de visite à l’improviste chez Ino avant vingt-trois heures. La blonde quitta son bain, s’emmitoufla d’un peignoir rose, essora vaguement ses cheveux ; un troisième « driiing ! » sonore se fit entendre alors qu’elle traversait le couloir meublé de meubles chics.

Elle ne s’était pas trompée, comme d’accoutumer ; la porte s’effaça et laissa place à une jeune femme habillée en baba-cool de la tête aux pieds. Tout comme ses vêtements, ses cheveux étaient très colorés, d’un rose pétard atypique. Ses yeux ressemblaient à deux émeraudes scintillantes mangeant un petit visage au teint de lys, abritant toutefois un front d’une taille disgracieuse. La femme salua son amie d’un sourire malicieux et lança, sitôt entrée :

- Même enveloppée dans un vulgaire peignoir tu gardes la classe, Ino, donne-moi ta recette !
- Si tu trouves que rester quarante-huit heures non-stop à bosser comme une malade représente une bonne potion magique… répliqua la blonde en s’étirant.

La rose secoua la tête d’un air désabusé :

- Tu travailles trop, la truie.
- C’est le métier qui veut ça, grand front, rétorqua Ino, se prenant à leur éternel jeu de gamines.

« Et c’est elle qui dit ça » ajouta la blonde dans sa tête. Car Sakura –c’est ainsi qu’elle s’appelait– se démenait au travail, elle aussi. Interne à l’hôpital de Lilian-Sud depuis bientôt deux ans, elle jonglait entre études et nuit blanches passées à soigner, assister, accueillir, sauver parfois. La maigreur de la jeune femme et sa tenue négligée dénonçaient le peu de considération qu’elle donnait à son propre bien-être.

- Tu veux du thé ? proposa Ino.
- Un thé à une heure du matin, il n’y a que toi qui puisses me faire une pareille proposition. Mais ce n’est pas de refus.

Toutes deux se rendirent dans le coin cuisine du salon et préparèrent le saint thé tout en bavardant. Ino apprit d’une Sakura radieuse que son histoire avec Lee, un maître nageur niais et hyperactif aux yeux d’Ino, se passait pour le mieux. La blonde fut sincèrement heureuse pour son amie : Lee et elle avaient traversé une période difficile il y a quelques mois et Sakura doutait que leur couple ne s’en remette ; mais les évènements des derniers jours avaient de toute évidence prouvés le contraire.
Sakura posa alors l’inévitable question que toute bonne amie, si pénible la question soit-elle, se doit de poser :

- Et toi, les amours ?

Il y eut alors un grand bruit : Ino venait de lâcher sa tasse de thé qui se brisa sur le carrelage. La rose se leva d’un bond et balbutia, voyant son amie pâlir à vue d’œil :

- Excuse-moi Ino, je ne voulais pas te faire de la peine… Je voulais savoir si tu t’étais remise de ta rupture avec Gaara, mais…

Ino se mit à trembler. Sakura remarqua que sa main se crispait sur le coude de son bras droit et que la blonde serrait les dents. Elle s’approcha, inquiète :

- Ino, ça va ?
- Mal, murmura la Yamanaka sans lâcher son coude.

Elle vacilla et ne dut qu’à la poigne de Sakura de ne pas s’écrouler. De grosses perles de sueur inondaient son visage et son cou. La douleur était terrible, bien plus forte que les autres fois. La rose fit asseoir sa meilleure amie sur le canapé et, doucement, releva la manche droite du peignoir pelucheux. Ce qu’elle découvrit lui arracha une exclamation : le coude d’Ino était enflé, violacé.

- Ino, où t’es tu faite ça ?!

Au prix d’un effort de taille, l’intéressée réussit à grommeler :

- Me suis cognée… contre une voiture.
- Tu n’es pas allée voir un médecin ? De quand date cette blessure ?
La douleur empêchait Ino de réfléchir normalement ; la voix de Sakura lui parut assourdie, lointaine. Elle se concentra pour ne pas s’évanouir mais de petites taches noires dansèrent devant ses yeux. Un nouvel élancement violent lui donna la nausée. Devant l’absence de réponse, la rose prit les choses en main :

- Je t’emmène à l’hôpital, décida-t-elle en se levant. Ton coude n’est vraiment pas beau, tu as besoin d’être soignée.
- Non… protesta faiblement la blonde. Ca va passer, je… je dois aller travailler demain…
- Ne sois pas idiote, tu ne pourras jamais travailler dans cet état. J’ai garé ma voiture en bas de l’immeuble, on y va.

Elle passa un manteau par-dessus le peignoir d’Ino, s’empara de son sac-à-main et l’aida à se lever. En la soutenant tandis qu’elles marchaient, Sakura ferma l’appartement à clef, appela l’ascenseur ; une fois dehors, elle aida Ino à monter dans sa vieille camionnette à la peinture écaillée. Le cœur battant la chamade, Sakura démarra en trombe et prit le chemin de l’hôpital de Lilian-Sud, la camionnette lancée à pleine vitesse.

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Confiné dans sa cellule où régnait la pénombre, Kiba réfléchissait en faisant les cent pas. En fait il se remémorait son dernier entretien avec son avocate, la veille.

*Flash-back*

- Bien. Mr. Inuzuka, étiez-vous mardi matin à midi trente chez Mr. Et Mme. Uchiwa ?
- Oui, j’y étais.
- Y avait-il quelqu’un d’autre en dehors de ces deux personnes ?
- Oui, un drôle de type qui portait un masque. Ils l’appelaient Tobi, je crois.
- Connaissiez-vous cet homme ?
- Non, et je ne connais pas ces Uchiwa non plus. Mademoiselle Yamanaka, je vous ai déjà dit que j’étais entré chez eux par effraction.
- Par la fenêtre du salon, c’est exact. Quel était le motif de votre violation de domicile ?
- Je sais de source sûre que ce Sasuke Uchiwa est un escroc. Il… il a volé mon chien. Je l’avais acheté à la SPA et il l’a repris, en disant que je le maltraitais. C’est faux, et je venais le récupérer.
- Que s’est-il passé après que vous ayez pénétré l’appartement ?
- Je me suis glissé dans une autre pièce. J’avais tellement peur qu’ils me repèrent que je n’ai même pas fait attention à leurs visages. J’ai commencé à chercher mon chien discrètement. Dans le salon je crois qu’ils se disputaient ; le ton a monté, quelqu’un a crié et il y a eu deux coups de feu.
- Deux, vous dites ? En êtes-vous bien certain ? La police a déclaré qu’il y en avait eu trois.
- Laissez-moi finir. Après ces deux coups de feu, la femme a crié et j’ai voulu déguerpir. J’ai regagné le salon sans qu’ils me voient… La femme et ce Sasuke étaient à terre, et l’homme au masque pointait son arme sur eux. Je me suis caché vers la porte d’entrée… J’allais m’enfuir lorsque j’ai entendu un troisième coup de feu. Je me suis caché de nouveau, je ne voulais pas qu’on m’aperçoive. J’ai attendu quelques secondes et puis j’ai ouvert la porte. Un homme a hurlé. Alors je me suis fait bousculer violemment par quelqu’un qui s’est enfui par la porte d’entrée. Il m’a amoché la hanche… Je suis descendu peu après, mais les policiers m’ont attrapé.
- Cet homme qui vous a heurté, pouvez-vous me le décrire ?
- Je ne l’ai pas vraiment vu… Je sais qu’il avait les cheveux noirs ; et il empestait la clope.
- Vous ne pouvez pas être plus précis ? Ecoutez, Mr. Inuzuka, les preuves accusent Mr. Madara, l’homme au masque, pour avoir tiré sur Sasuke et Karin Uchiwa. Mais Mr. Madara ne s’est pas suicidé, le coup n’a pas été tiré à bout portant. Autrement dit, quelqu’un d’autre l’a tué, et ça ne peut être ni Mr. ni Mme Uchiwa : leurs blessures ne le leur permettaient pas et on n’a retrouvé aucune autre arme mis à part celle de Madara, ce qui implique que celui qui l’a tué a dû la lui prendre. S’il y a un seul espoir de vous déclarer innocent, il est dans l’homme qui vous a bousculé.

*Fin du Flash-back*

- Merde, dit Kiba. Merde !!

De frustration, il lança son pied de toutes ses forces dans la porte de la cellule. Si seulement il se rappelait, un détail, n’importe quoi ! Il n’avait pas remarqué ce troisième homme en entrant ; il ne devait pas être dans le salon. Mais alors où ? Qui était-ce ? Il se concentra une fois de plus : mais excepté une masse de cheveux sombre et une odeur âcre de tabac, il ne se souvenait de rien. Sans en avoir conscience il massa sa hanche douloureuse ; le meurtrier présumé de l’homme au masque avait laissé un cuisant souvenir à Kiba…

- Je vais finir par croire qu’Hana a raison : j’ai un don pour m’attirer des ennuis…

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Il n’arrivait pas à dormir ; non, pas « il » : « Shikamaru ». C’était son prénom apparemment.
Il se retourna sur le dos et grogna en se sentant trop à l’étroit dans les draps rêches, trop bien bordés et qui sentaient le désinfectant. Il n’y avait plus de bruit depuis longtemps à l’hôpital ; il devait être une heure du matin. Il étouffait sous son gros bandage à la tête, sous les plâtres qui emprisonnaient son bras droit et sa jambe gauche. Shikamaru se gronda mentalement : il n’avait aucunement le droit de se plaindre. L’infirmière brune le lui avait dit : il avait une chance inouïe ; il avait fait une chute mortelle, et il s’en tirait avec une commotion et quelques os cassés. Il essaya de se remémorer son passé. Le fait qu’il soit tombé du toit d’un immeuble le remplissait de peur : l’avait-on poussé ? Avait-il sauté de son plein gré ? Et pourquoi ?

Un poids lui oppressa la poitrine ; il devait bouger. Lentement, ménageant ses blessures, Shikamaru repoussa les draps, se redressa et tira près de lui le fauteuil roulant qu’on avait mis à sa disposition. Avec maintes précautions, il se glissa sur le siège. Il poussa une plainte rauque quand sa jambe cassée heurta le sol ; néanmoins il réussit à quitter son lit et, d’une main, fit pivoter les roues du fauteuil et quitta sa chambre.
D’après ce que Shizune lui avait dit, sa chambre se situait au premier étage de l’hôpital ; oh, bien sûr, il avait l’interdiction formelle de sortir de son couloir, mais le corridor était plongé dans une telle obscurité et un tel silence que Shikamaru frissonna. Tout plutôt que de retourner dans sa geôle, seul face à ses peurs et ses questions sans réponses. Il décida donc de prendre l’ascenseur puis de descendre au rez-de-chaussée ; il y aurait forcément plus d’animation.

Il ne s’y trompa pas et, arrivé à l’accueil des urgences, il se calfeutra comme il pouvait dans un coin pour observer les gens affluer, attendre leur tour sur des sièges inconfortables, au milieu des cris de la secrétaire et des pleurs des bébés malades. Malgré leurs maux Shikamaru les enviait, ces gens : tous avaient un passé auquel se raccrocher, un entourage prêt à les soutenir. Son passé effrayait le jeune homme ; quels facteurs l’avaient poussé à se rendre sur un toit, puis à sauter ? Il ne comprenait pas.
Deux femmes franchirent les portes des urgences ; l’une, aux cheveux rose chewing-gum et à l’accoutrement pour le moins étrange, soutenait l’autre, une ravissante blonde qui n’avait pas l’air d’en mener large. Elles dénichèrent deux chaises et s’y installèrent. La blonde fermait les yeux, comme terrassée par une douleur quelconque. La rose l’observait, impuissante, quoique d’un œil exercé. Shikamaru s’approcha un peu sans toutefois se faire voir ; ces femmes l’intriguaient. Après quelques minutes, la hippie sembla perdre patience et se dirigea d’un pas décidé vers le guichet, sans doute pour demander à ce que l’on fasse passer son amie avant les autres. Shikamaru eut un sourire moqueur : la secrétaire, une excitée brune avec des yeux perçants, ne paraissait pas du genre à s’attendrir et avait déjà renvoyé sans ambages plusieurs parents impatients. Pourtant, Shikamaru constata avec surprise que la secrétaire sourit en voyant débouler la rose. Il tendit l’oreille :

- Salut Anko, fit la hippie. Pas trop crevée ?
- On verra quand j’aurai fini mon service, ricana la brune. Qu’est ce que tu fais là ?
- J’accompagne une amie dont le coude est dans un état inquiétant. Ca va de mal en pis, il a encore gonflé depuis qu’on est là. Tu ne pourrais pas lui faire une petite faveur ?
- Tu sais bien que je n’ai pas le droit, Saku.

La rose fronça les sourcils et gronda presque :

- Croies-en mon expérience d’interne en médecine, mon amie ne va vraiment pas bien. J’ignore comment elle s’est blessée, mais ça ne date pas d’aujourd’hui et si on laisse son coude dans cet état plus longtemps, il y aura des complications.

Anko parut impressionnée, mais les négociations se poursuivirent. Shikamaru tourna la tête vers la blonde : elle avait saisi son sac à main et en sortit un drôle de briquet en acier, de forme rectangulaire. Elle se mit à le triturer pensivement, sans doute pour soulager la douleur. Le cœur du Nara s’emballa : il connaissait ce briquet. Il le connaissait.

- Hep hep ! Où croyez-vous aller ?

Une main s’abattit sur la poignée de son fauteuil et le tira fermement en arrière. Shikamaru étouffa un juron lorsqu’il reconnut le médecin ; c’était le docteur Tsunade, la vache laitière qui l’avait sorti du coma.

- Galère… murmura-t-il sans vraiment s’en rendre compte. Pourriez pas me laisser en paix, femme ?

Un éclair de mauvais augure passa dans les yeux du médecin. Elle eut un sourire carnassier :

- Eh bien, ce caractère sexiste serait-il une preuve du retour de votre mémoire ? Pour recouvrer votre passé il faut reposer votre carcasse toute maigre, mon mignon ! Dites au revoir à l’accueil, on s’en va !

Sourde aux protestations de Shikamaru, Tsunade prit le contrôle du fauteuil et le poussa sans ménagement jusqu’à sa chambre. Elle le porta étonnamment facilement et le jeta littéralement sur son lit, le borda et le laissa seul, cette fois en embarquant le fauteuil roulant avec elle :

- Privé de sortie, et ne vous avisez pas de faire le malin, sinon je vous attache.

Elle éteignit la lumière et Shikamaru fut plongé dans le noir complet. Il soupira et passa une main sur son visage. Ce briquet lui paraissait familier ; d’où le connaissait-t-il ? « Trop galère… » grogna-t-il une seconde fois.
Il s’endormit tout de suite après.

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Après une conversation houleuse et bien défendue, Sakura obtint d’Anko qu’Ino rencontre un médecin sans attendre. Elle accompagna Ino jusqu’au docteur Hyûga et attendit dans le couloir. Ino était entre de bonnes mains, le docteur Hyûga était réputé pour son talent et son savoir-faire. La rose ébouriffa ses cheveux d’une main, façon pour elle de traduire son anxiété. Ino traversait une mauvaise passe en ce moment : Sakura avait bien vu que sa séparation avec Gaara la chagrinait plus que la blonde ne voulait l’admettre, alors elle se réfugiait dans le travail pour oublier sa peine. Ino s’en voulait terriblement et son amie avait peur que la culpabilité ne la ronge. Sacrebleu, elle était jeune, elle était belle, intelligente et les plus belles années de sa vie étaient devant elle ! Elle avait commis une erreur, mais qui pouvait se vanter de ne pas avoir fait de même au cours de sa jeunesse ?

Quand elle était entrée avec le docteur, la blonde avait donné un briquet à Sakura en lui demandant de le remettre dans son sac. La rose observa l’objet avec suspicion : Ino ne fumait pas et elle avait dû le banquer, ce briquet. Un cadeau pour un ami, peut-être ? Sakura se promit de lui poser la question.

Ino ne tarda pas à sortir, accompagnée du médecin aux yeux blancs. Elle ne semblait pas rassurée, mais le docteur Hyûga y était peut-être pour quelque chose : son talent rivalisait avec sa froideur.

- Vous n’auriez pas dû attendre, fit le médecin, sévère. Bougez votre coude le moins possible et prenez scrupuleusement le traitement que je vous ai donné. Si la douleur ne diminue pas d’ici une semaine, on opérera.
- Merci docteur, répondit Ino en frissonnant.

Sakura salua Mr. Hyûga d’un signe de tête ; il ne le lui rendit pas. La rose tiqua mais se rappela qu’elle avait quelque chose à demander à son amie.

- Au fait la truie, il sort d’où, ce briquet Dupont ? fit-elle en agitant l’objet de collection sous son nez.
- Oh, une histoire de dingue, répondit Ino en riant. Je marchais près d’un immeuble, et là…

Sakura sourit en entendant sa meilleure amie babiller comme d’habitude ; elle allait réellement mieux. Soudain elle s’interrompit et fixa un point tout droit ; elle eut d’abord l’air abasourdi, puis terrorisé. Sakura chercha l’objet de tant d’attention. Lorsqu’elle le trouva, elle ne put réprimer un hoquet et comprit pourquoi son amie était devenue blanche comme un linge.
A l’autre bout du couloir, un solide jeune homme marchait dans leur direction : il avait des cheveux roux flamboyants et de nombreux tatouages peignaient ses muscles ainsi que son visage. Mais le plus impressionnant, c’était ses yeux, d’un vert plus clair que ceux de Sakura mais bien plus glacé. Du khôl accentuait leur éclat presque meurtrier ; sa démarche avait quelque chose de sauvage. Sakura se tourna vers Ino, à court de mots. La blonde balbutia :

- Oh non, pas lui…

« Gaara… »




Et voilà !

Je n'ai pas encore reçu de commentaires pour cette fiction ; j'aimerais pourtant avoir des avis, le point de vue des lecteurs est important pour moi, afin de revoir mon style et de voir de quelle manière faire se dérouler cette histoire. Alors je vous en prie, prenez une minute ou deux pour écrire quelques lignes, je ne vous demande pas un roman, simplement un avis :)

Merci d'avance ! Zibouilles !




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