Attention, cette fanfiction de Naruto est catégoriée spoil, c'est à dire qu'elle peut évoquer des passages du manga qui ont été publié au Japon mais pas encore en France. Sa lecture est donc susceptible de vous gacher le plaisir proccuré par le manga. Pour enlever ce message et voir toutes sections Spoil du site, rendez vous dans vos options membres.


Fiction: Foutue (terminée)

Pour être foutue, ça Temari l'était et pas qu'un peu. Dans la panade jusqu'au cou, même ! Elle n'avait jamais cru au coup de foudre, n'y croirait jamais et était bien décidée à faire sa fête au premier qui oserait lui dire le contraire. Seulement, Destinée semblait bien décidée à lui fourrer des bâtons dans les roues. Mieux encore, tout semblait porter à croire que la blonde ne s'en relèverait jamais. La voilà vaincue par K-O dès le premier round et sans possibilité de prendre sa rev
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tontontobi (Féminin), le 06/06/2010
Pour être foutue, ça Temari l'était et pas qu'un peu. Dans la panade jusqu'au cou, même !
Elle n'avait jamais cru au coup de foudre, n'y croirait jamais et était bien décidée à faire sa fête au premier qui oserait lui dire le contraire. Seulement, Destinée semblait bien décidée à lui fourrer des bâtons dans les roues.
Mieux encore, tout semblait porter à croire que la blonde ne s'en relèverait jamais.
La voilà vaincue par K-O dès le premier round et sans possibilité de prendre sa revanche.

[Fanfiction UA School-fic en deux... non trois parties, donc, sur la nana la plus barge du manga et le misogyne préféré de ces dames.]

[Deuxième partie séparée en deux pour une meilleure digestion. Bon appétit !]

[Fanfiction en correction : mise en forme du texte, fautes restantes]




Chapitre 3: Faut voir



Faut voir
Un coup de foudre c'est un gros « clash ! »
C'est violent, affolant
Brutal
Incontrôlable
C'est la rencontre de deux êtres
Puissant
Effrayant
C'est un regard qui se pose
Sur un visage... Un corps... Une bouche...
Un sourire...
Des yeux...
C'est toute la folie d'un cœur qui s'emballe et s'anime
Inconscient
Furieux
C'est l'embrasement des sens
Chaleur
Désir
Un frisson contre l'échine
C'est le temps d'un souffle coupé.
Inspire.
Expire.
Le cœur au bord des lèvres et la tête à l'envers.
C'est à n'y rien comprendre...

Trois semaines plus tard... Quand Shikamaru se retrouve finalement et pour son grand malheur face à « celle-là »...
Ino tapait furieusement du pied, ses mains fines posées sur ses hanches.
– Je peux savoir ce que t'as fait à Temari, espèce de dégénéré ?
Shikamaru fronça les sourcils.
– Hein ? C'est quoi cette histoire ?
– Tu m'as très bien comprise. Pourquoi elle est dans cet état ?
– Quel état ?
Ne – Réponds pas à mes questions avec des questions ! S'enflamma Ino d'une voix qui contenait mal sa colère.
D'aussi loin qu'il s'en souvienne, Shikamaru avait toujours connu la jeune fille. Quand il était petit, elle avait été la seule à pouvoir rester à ses côtés sans qu'il ne soit pris du besoin viscéral de l'envoyer balader et, désormais, il la connaissait comme si elle était sa propre sœur. Ce qui était à la fois une bénédiction et une malédiction. Une bénédiction car il pouvait désormais prédire ses réactions sans trop de mal, une malédiction car, justement, il savait pertinemment de quoi cette fille était capable.

C'était une fille assez ambiguë, manipulatrice à souhait, tantôt froide, reine de glace régnant sur un peuple de prétendants, tantôt chaude, jeune fille enjôleuse, tout en sourires et en battements de cils.
Dans un cas comme dans l'autre, quand il s'agissait de garçons, elle ne faisait que jouer la comédie.
N'ayant pas une haute opinion de la gent masculine ; attirer ces messieurs pour ensuite les rejeter aussi sec était devenu l'un de ses sports favoris.

Elle les trouvait stupides, superficiels et seulement attirés par les attraits dont étaient dotées certaines jeunes filles.
Ino les possédait ces attraits et parce qu'elle le savait, elle avait décidé d'en user pour s'amuser un peu.
Résultat, les garçons mouraient d'amour pour elle et la plupart des filles la détestaient cordialement.
– J'ne sais pas ce qu'elle a, répondit finalement Shikamaru.
Ino parut réfléchir à ce qu'il venait de lui dire, se tapotant le menton du bout de ses doigts fins et lisses.
– Mouais... Tu n'as peut-être rien à voir là-dedans. C'est juste que je trouvais que vous passiez de plus en plus de temps ensemble ces derniers temps.
Shikamaru ouvrit de grands yeux ébahis qui firent pouffer son interlocutrice.
– J'te demande pardon ? C'est quoi cette histoire ?
– Vous étiez bien tous les deux quand vous avez manqué les cours, non ? Temari n'a pas voulu m'en dire un seul mot mais je ne suis pas stupide, quoi qu'on en dise.
– Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
– De quoi ? Que je ne suis pas stupide ?
– Non, répliqua Shikamaru d'un ton impatient, que j'étais avec elle quand j'ai séché ?
Ino eut un lent sourire qui ne lui annonça rien de bon. Il y avait dans ses yeux une lueur qu'il n'avait vue que trop souvent.
– L'intuition féminine, Shikamour.

Temari se trouvait stupide. Et vulnérable. Diablement vulnérable.
Elle qui, avant, se fichait de tout, était devenue plus que sensible aux humeurs de Shikamaru Nara.
Cette histoire durait depuis bien trop longtemps jugeait-elle. D'accord, contre toute attente, elle était amoureuse de lui et elle aurait voulu que cela fût le cadet de ses soucis mais ce n'était pas le cas.
Mieux encore, elle avait découvert que le fait de se sentir plus qu'attirée par quelqu'un signifiait lui accorder une attention particulière dont elle aurait aimé se passer.
Elle n'aimait pas guetter ses allées et venues. Elle détestait le fait de se sentir obligée de lui jeter des coups d'œil en cours sans raison apparente, comme si le simple fait de le voir la réconfortait.
Et elle abhorrait carrément le fait de soupirer et sentir son cœur se déchirer proprement quand il passait devant elle en regardant droit devant lui sans lui jeter ne serait-ce qu'un vague coup d'œil.
Elle en venait carrément à regretter ses remarques sarcastiques et ses insupportables sourires narquois.
Assise seule au fond de la classe, elle contemplait d'un œil absent son cahier de cours à moitié vide, ouvert sur une double page vierge.

Un bout de papier plié atterrit sous son nez et elle leva les yeux pour rencontrer le regard vert, plein de sévérité, de Sakura.
« Ouvre » lui intima-t-elle d'une œillade. « Maintenant »
Avec un nouveau soupir – elle ne les comptait même plus, songeant, amère, qu'elle devait détenir le records de soupirs passés en une journée – elle déplia le papier et se retrouva avec une caricature maladroite d'une fille en égorgeant une autre.
T'as intérêt à tout me dire sinon je te fais ta fête, disait la légende en bas du dessin.
Temari étouffa un ricanement dubitatif. Sakura faisait une tête de moins qu'elle et était inscrite aux poids crevettes depuis leur plus tendre enfance.
Néanmoins, ce fut plus le fait qu'elle avait juré de ne rien dire sur ses sentiments que la perspective de se faire refaire le portrait par Sakura qui lui fit secouer la tête avec un air un peu malheureux.
Shikamaru l'évitait pour ne pas dire qu'il la fuyait carrément, son cœur était au supplice, sa tête affichait un silence radio tandis qu'elle se désespérait et, dans tout ça, il restait ses quatre copines auxquelles elle devait des explications.
La bonne blague que ça ferait si elle le leur annonçait de but en blanc au réfectoire : « J'ai complètement craqué sur Shikamaru Nara. Tu me passes l'eau ? »
Ino, de son côté, entrait en contact avec Sasuke Uchiwa.
Par le passé, elle l'avait beaucoup, mais alors beaucoup, dragué. Mieux encore, elle avait été jusqu'à lui faire des avances douteuses.

Chaque fois qu'il l'avait repoussée, souvent sans ménagement et elle, elle avait éclaté de rire avec une mine faussement peinée, comme si elle ne doutait jamais de la réponse qu'il lui ferait toujours : NON !
Quand elle avait fini par cesser son petit manège, elle avait avoué à Tenten qu'elle aurait été bien embêtée si un jour il avait fini par la prendre au mot et changé sa réponse.
Sasuke était attirant certes. Une véritable statue de dieu grec en mouvement, un port altier, des traits ciselés et un regard à couper le souffle. Tout pour plaire en somme mais s'il avait beau être le portrait craché de l'homme parfait qu'elle avait dressé à ses copines quand elle était entrée au lycée, plus de deux ans auparavant, elle ne l'avait pas abordé pour « se le faire ».
– Sachou ! Mon chéri ! S'exclama-t-elle en se jetant sur lui pour passer ses bras autour de son cou et se serrer contre lui avec insistance.
Sasuke recula la tête tout en cherchant vainement un moyen de se dégager. Cette fille avait des serres pires que celles d'un vautour.
Ino, en son for intérieur, nota trois – non, quatre – regard noirs posés sur elle. Son sourire suave s'élargit.
Le garçon grogna quand elle posa un baiser sonore sur sa joue. Il tenta de la repousser mais elle ne semblait pas prête à le lâcher.
– Dis moi, mon cœur, fit-elle d'une voix de miel en passant un doigt caressant sur la ligne de sa mâchoire, que dirais-tu si toi et moi nous allions nous éclipser dans un endroit tranquille ? J'ai envie d'avoir une petite discussion avec toi...

Seul Sasuke perçut le sérieux qui notait sa dernière phrase mais il jugea inopportun de partir avec elle au vu et au su de tous. Et puis, ça ne l'enchantait pas vraiment pour tout avouer.
Il lui jeta un œil perçant et manqua de froncer carrément les sourcils en voyant sa mine soucieuse. Lui, ne s'était jamais inquiété de ce que les autres pouvaient bien dire ou faire mais il lui sembla que cette fois, la situation revêtait d'une certaine importance. Restait à savoir de quoi il s'agissait bien qu'il eût la vague idée que cela n'allait rien lui rapporter d'autre qu'un paquet d'ennuis.
Alors, il se pencha et murmura quelques mots au creux de son oreille tandis que le sourire de la demoiselle s'élargissait indubitablement.
– Sachou, tu sais combien j'aime nos discussions surtout quand elles prennent ce tour, répondit-elle d'une voix chaude, et je meurs d'impatience que nous entamions celle-ci, si tu savais...
« Derrière le lycée, dans dix minutes »
Voilà ce que lui avait dit Sasuke.

Ino se sentait étrangement coupable de l'attirer dans un endroit désert comme s'ils allaient flirter. Oh, elle ne s'en faisait pas pour lui mais pour Sakura. Elle n'aimait pas marcher sur les plates bandes de ses amies.
– Qu'est-ce que tu me veux ? Fit soudain une voix grave dans son dos.
Elle se retourna, son visage ayant revêtu un masque enjôleur.
– Qu'elle est cette mine renfrognée ? S'exclama-t-elle en portant une main à ses lèvres quand elle vit son visage sombre et sérieux. N'es-tu pas heureux de te retrouver en ma compagnie ? Ajouta-t-elle avec un sourire de séductrice.
Il resta impassible.
Le sourire d'Ino se fit plus franc et elle croisa les bras.
– Tu es impossible, Sasuke, tu le sais ça ? Déclara-t-elle en riant carrément. Détends-toi, tu sais pertinemment que je ne vais pas te sauter dessus.

Cette fois encore, il garda le silence mais elle remarqua que sa position était déjà un peu moins raide. Dieu que ce garçon pouvait être guindé en présence d'une femme, songea Ino avant de sourire pour elle-même.
– Je voudrais que tu fasses quelque chose pour moi, déclara-t-elle enfin. C'est à propos de Shikamaru et...
Elle ne put achever sa phrase, il se détournait déjà, les mains dans les poches.
– Eh ! Cria-t-elle d'une voix autoritaire. La politesse, tu connais ?
Il ne s'arrêta ni ne se détourna aussi lui courut-elle après pour lui attraper le bras et le forcer à s'immobiliser.
– Je t'ai déjà collé un coup de poing dans la figure pour ton manque de délicatesse il y a quelques années, lui rappela-t-elle d'une voix sifflante, ne m'oblige pas à te rendre eunuque aujourd'hui.
– T'as pas fini de te mêler des affaires de tes copines ? Répliqua-t-il froideur en daignant se tourner vers elle pour lui jeter un coup d'œil glacial. C'est une grande fille doublée d'une folle furieuse, elle saura très bien se débrouiller avec lui. Mais si tu veux savoir ce que Nara pense de toute cette histoire, tu t'adresses à la mauvaise personne.
– Ta discrétion t'honore, Sasuke, fit la blonde avec un nouveau sourire en lâchant son bras, c'est pour ça que j'ai fait appel à toi.
– C'n’est pas de la discrétion. Juste un total désintérêt.
– Appelle ça comme tu veux. Mais j'ai besoin que tu me rendes un service.
– Tu l'as déjà dit. Et il n'en est pas question.
– Au moins, cette fois tu l'énonces clairement plutôt que de tourner les talons comme un malpropre. Mais je m'en fous, tu me rendras ce service.
Il arqua un sourcil. Le sourcil de la jeune fille s'élargit.
– Oui, monsieur, renchérit-elle.
– Tu m'en diras tant.
S'avisant qu'il allait de nouveau mettre les voiles sans demander son reste, l'expression d'Ino se durcit.
– T'as beau avoir une belle gueule, Sasuke. Ce n’est pas ça qui va te sauver si tu refuses de me filer un coup de main.
– Cette histoire ne m'intéresse pas.
– Tu as rendu service à Sakura récemment, non ?
Sasuke cilla.
– Qu'est-ce que je t'avais dit à propos d'elle ? Poursuivit la blonde d'un ton beaucoup plus agressif, son sourire ayant disparu de ses lèvres. Ne l'approche pas, ne lui parle pas, ne pense même pas à poser les yeux sur elle.
Cette fois encore, il se contenta de la fixer de son regard profondément noir.
La jeune fille souffla et, un battement de cil plus tard, elle lui souriait avec innocence.
– Je veux que tu frappes Shikamaru. De toutes tes forces, précisa-t-elle, son sourire allant en s'élargissant.

A cet instant précis, Sasuke Uchiwa déclara pour lui-même qu'Ino Yamanaka avait complètement pété les plombs.
Temari marchait dans les couloirs, l'âme en peine. Avant, cette sensation lui était complètement étrangère, c'était désormais une vieille amie qui partageait ses grands moments de solitude.
– Temari !
La dernière fois que Temari avait vu Sakura s'élancer vers elle de cette manière, c'était pour lui jouer un sale tour mais la blonde broyait trop du noir pour seulement songer à afficher une mine soupçonneuse.
Sakura ralentit pour marcher à son allure et rangea ses mains dans son dos tout en la regardant avec insistance.
– Sakura... supplia Temari, laisse-moi tranquille.
– C'est un ordre ? Demanda la rose avec un pauvre sourire.
– Une supplique, répondit l'autre en toute franchise.
Elle tourna à son tour la tête vers elle et Sakura demeura pantoise quand elle vit son expression. Jamais elle n'avait vu Temari dans un tel état de peine.
– Temari, qu'est-ce que...

Mais la blonde ne l'écoutait plus, elle regardait droit devant elle, faisant un visible effort pour afficher une grimace neutre qui ne trahissait nullement son angoisse.
Sakura se détourna pour voir ce qui accaparait tant l'attention de son amie de toujours.
Devant elles, arrivait Shikamaru, les mains fourrées dans ses poches comme à son habitude, l'air aussi impassible que Temari à laquelle il n'accorda pas un regard, comme si elle n'existait pas. Au moment où il les dépassa, le temps sembla se suspendre un instant puis reprit son cours brutalement et Temari baissa imperceptiblement la tête, son expression de glace se fendant légèrement.
Et elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi c'était encore plus horrible que de se prendre une gifle.
Quand elle tourna la tête, Sakura avait disparu.
La rose, qui n'était pas une « petite veinarde ayant le droit de côtoyer Sasuke Uchiwa » pour rien, n'avait pas manqué de remarqué ce qui s'était passé. Ou plutôt, ce qui ne s'était pas passé.
Elle avait vu Temari devenir vulnérable et les yeux de Shikamaru s'enflammer quand il était passé près d'elles. Il s'était tendu sensiblement sans qu'elle comprît pourquoi et elle avait vu un bref instant, ses poings se serrer dans les poches de son pantalon.
Il n'y avait eu, pourtant, ni disputes ni réparties mordantes. Rien de tout ça.
Le petit rat de bibliothèque était de nature curieuse et elle était intelligente de surcroît. C'était doublement une bonne chose.
Partie à la recherche du brun, elle finit par le coincer en grande conversation avec Chôji devant l'entrée du lycée. Ce dernier, l'avisant, prétexta une envie pressante et prit la poudre d'escampette avant que Shikamaru ait pu rien dire.
Passant près de son amie, le garçon lui souffla un encouragement. Sakura lui répondit d'un sourire, sourire qui s'évanouit quand elle vit Shikamaru qui s'était retourné et qui l'avisait d'un air sombre.
– Salut ! Tenta-t-elle, avenante.
– Tu me veux quoi ? Répliqua-t-il, coupant court à toute possibilité de tourner autour du pot.
– Pourquoi tu es en colère contre Temari ?
Shikamaru soupira et leva les yeux au ciel, clairement épuisé.
– Mais vous vous donnez le mot pour venir me soûler, ou quoi ? D'abord Ino, maintenant toi ? Faut encore que j'attende Tenten et Hinata, c'est ça ?
– Tu fais peur à Hinata, coupa la rose, blasée.
– Rien à foutre ! Toutes, vous me pompez l'air ! D'abord l'autre chieuse avec ses conneries...
– Nous y voilà ! S'exclama Sakura en frappant son poing dans la paume de sa main. C'est de ça que je veux te parler !

Shikamaru se frappa le front. Ça commençait en semant des petits indices et ça finissait avec le terme « pauvre cloche » marqué en gros sur son front.
– Alors, continua Sakura en lissant machinalement sa jupe, qu'a-t-elle faite notre chère Temari ?
Shikamaru soupira. Il y avait toujours eu en Sakura quelque chose qui poussait à la confidence. Ce devait être quand elle vous regardait avec ses grands yeux verts ingénus et innocents. On avait l'impression qu'on pourrait tout lui dire, jamais il ne lui prendrait l'envie de juger nos paroles ou nos actes.
C'était d'ailleurs pour cette raison que Temari la fuyait. Elle ne résistait jamais longtemps.
– Pas preuve de bon sens, en tout cas, ne répondit finalement Shikamaru en soupirant une nouvelle fois.
Sakura fronça légèrement les sourcils.
– Qu'est-ce que tu veux dire ?
– C'est de sa faute, dit finalement Shikamaru. C'est tout. Je n’ai pas envie de parler de ça, ajouta-t-il en sortant une cigarette de son paquet.
Sakura acquiesça.
– Très bien. Je vais aller demander à Chôji.
Sur ces mots, elle se détourna et, contre toute attente, Shikamaru partit à sa suite, une expression qui ressemblait fortement à de l'angoisse sur son visage.
– Mais tu ne vas pas aller lui parler de ça, quand même ? Ça ne te concerne pas ! Et lui non plus !
– Je vais me gêner, espèce de pauvre con, répliqua Sakura, furieuse.
– Toutes, vous n’êtes pas normales ! Toi, ajouta-t-il en pointant un doigt sur la jeune fille tandis qu'elle traversait les couloirs du lycée d'un pas rapide, presque en courant, t'es supposée être aussi innocente que l'agneau qui vient de naître et là tu m'insultes ! Ino devrait être une bêcheuse superficielle et egocentrique pourtant elle m'a collé au train pour me tirer les vers du nez ! Et Temari...
Sakura n'accorda même pas d'attention au fait que c'était sûrement la première fois que Shikamaru appelait la blonde par son prénom et le fusilla du regard.
– T'as fait du mal à ma copine, déclara-t-elle sans ambages, je veux savoir pourquoi. Essaie de m'en empêcher et je t'en colle une.
– Nom d'un chien ! Temari est une fille ! Déclara-t-il tout à trac.
Sakura s'arrêta net et éclata subitement de rire. Un instant, Shikamaru crut qu'elle était devenue complètement folle.
– Bien vu, Einstein, déclara-t-elle après quelques minutes de fou rire. Comme si t'avais jamais réalisé ça av...
Elle lui jeta un coup d'œil machinal et tout aussi subitement qu'elle avait commencé à rire, en un instant son visage perdit toute couleur. Shikamaru détourna les yeux mais c'était trop tard.
– Oh seigneur... T'avais jamais réalisé ça avant...
Il garda le silence.
– T'as réalisé que c'était une fille, poursuivit Sakura qui, sous le choc, essayait tant bien que mal de reprendre contenance. Tu l'as réalisé et ça t'a complètement retourné. Tu ne t’en étais jamais douté, pas un seul instant. Pour toi c'était Temari et pas une fille.
L'air sombre, il maugréa entre ses dents quelque chose que Sakura ne comprit pas.
– Pardon ? Fit-elle avec une voix plus douce.
– C'n’était pas à ce moment-là, répéta-t-il plus fort, ses paroles lui coûtant plus qu'il ne l'aurait cru.
– De quoi ? Que t'as été complètement retourné ? Shikamaru, qu'est-ce que tu lui as fait ?
Juste quand il prononçait ces mots, Naruto lui donnait une grande tape dans le dos, un immense sourire aux lèvres.
– J'ai entendu votre conversation, informa-t-il d'un ton jovial. Dis, Sakura, je connais toute l'histoire, Je peux te raconter ?
– Qu'est-ce que je t'ai dit à ce sujet ? Accusa Shikamaru. Pas un mot à quiconque.
Naruto soupira bruyamment.
– J'en ai marre de tout garder pour moi.
– Et Temari, ça lui fait quand même un peu de peine ton comportement, ajouta Sakura en songeant qu'elle employait là un gros euphémisme.
– Il n’était pas supposé écouter ma conversation avec Chôji, l'informa Shikamaru avec un signe de la tête vers
Naruto. Ce type a une oreille qui traîne partout. Et arrêtez vos salades avec Temari, ce n’est pas comme si on était les meilleurs amis du monde. Ce n’est pas parce qu'on n’est pas copains comme cochons qu'il faut que tout le monde monte sur ses grands chevaux.
Sakura considéra le brun avec une expression mauvaise qu'il ne comprit pas.
– Quoi ? Ne put-il s'empêcher de demander.
– Décidément, t'es pas une lumière, soupira Sakura avant de poser une main sur l'épaule du blond, viens Naruto, raconte-moi son chagrin d'amour.

Shikamaru ne répliqua pas mais il plissa les yeux et serra les dents si fortes que cela lui permit presque d'oublier que Sakura le provoquait ouvertement.
– Maies ! Sasuke ! Tu avais promis !
Parce qu'il s'en était retourné dans les couloirs du lycée et qu'elle avait dû le suivre, Ino s'était senti obligée de reprendre son rôle d'imbécile heureuse. Enfin, actuellement, l'imbécile était plutôt malheureuse.
Des filles levèrent les yeux au ciel sur son passage comme pour dire « Toujours aussi conne celle-là, et ça s'arrange pas avec l'âge ».
– J'ai rien promis du tout, répliqua Sasuke dans un murmure froid. Lâche-moi.
Ino le rattrapa et ce fut sur le même ton que lui qu'elle poursuivit :
– Crois-moi, Sasuke, j'ai pas envie d'annoncer à ton frère pourquoi les différents morceaux de ton anatomie ont été éparpillés un peu partout dans la ville bien que ça ferait un super jeu de chasse au trésor puis un formidable puzzle.
Elle le força à s'arrêter et planta son regard incroyablement bleu dans celui intensément noir de Sasuke.
– De nous deux, c'est probablement Temari qui profère le plus de menaces, déclara-t-elle entre ses dents, mais je peux t'assurer que je ne suis pas tendre non plus. Sakura a peut-être le pardon facile mais pas moi. Si je te dis que tu frapperas Shikamaru, tu le feras.
Il garda le silence mais lui lança un regard hargneux, si différent de son habituel masque de glace.
– Pourquoi moi ? Demanda-t-il finalement.
Il fallait avouer que c'était une chose qu'il ne comprenait pas.
Ino sourit d'un air ingénu.
– Parce que tu es le seul qui ne peut pas se permettre de me demander un service en retour, dit-elle simplement, comme si cela tombait sous le sens.
– Je ne frapperais personne mais... ajouta-t-il comme elle allaire protester, Naruto me doit un service.

Quand elle lui sourit, contente, il se dit que cette fille devait être le diable en personne.
Ino avait toujours des idées très précises et très nettes en tête. Enfin, parfois. Pas tout le temps.
De son côté, Temari avait décidé de réagir. C'était une chose que d'être ignoré par un garçon – qui plus est, et elle ne se le répéterait jamais assez, ce lui dont elle était amoureuse – mais il y avait une limite à se faire traiter comme une moins que rien.
D'accord, il faisait comme si elle n'existait pas. D'accord, elle se demandait encore et toujours le pourquoi d'un tel comportement. D'accord, elle en venait à se remettre en question.
Mais il y avait des limites. Et Shikamaru venait de les franchir.
Quant à Sakura et Naruto, ils s'étaient retirés dans un endroit à l'écart pour discuter tranquillement, loin des oreilles indésirables, comme l'avaient été, avant, celles de Naruto.
Le soir où Shikamaru avait parlé à Chôji, le si discret et honorable Chôji, Naruto avait écouté sans le vouloir. Et sans vergogne.
Quelques jours auparavant... Entre les confidents et les pies bavardes...Parce qu'il n'y a que ça de vrai...
Naruto poussa la porte de la salle de bain de Shikamaru et ébouriffa un instant ses cheveux blonds humides de la douche qu'il venait de prendre.
Nara mère et père s'en étaient allés rendre visite à Nara grand-père et grand-mère aussi Nara fils avait-il invité en catimini tous ses petits camarades.

Parce qu'il avait traîné sous la pluie avec Kiba, le blond avait décidé de prendre une bonne douche brûlante avant de retourner regarder la télévision en compagnie de l'Inuzuka, Sasuke et un pack de bières mises au frais.
Seulement, quand il passa devant la porte de la chambre de Shikamaru, Naruto entendit des murmures étouffés puis, brutalement un « Mais t'entends ce que je te dis ! C'est une nana ! »
Naruto haussa un sourcil et posa son oreille indiscrète contre le battant de la porte.
Il discerna des voix. Celle de Shikamaru qui avait poussé cette exclamation étrange puis celle de Chôji, plus calme et plus raisonnée, jugea Naruto.
– Oui, oui, j'ai entendu. Je ne sais plus trop qui est une fille. Pourquoi ? C'était un garçon avant ?
– Je ne te parle pas de ça.
Naruto entendit Shikamaru soupirer, épuisé. Vu comme il devait en avoir sa claque, ça devait faire un bout de temps que les deux amis étaient en train de parler.
– Pourquoi pas ? On fait des merveilles en médecine aujourd'hui.
– On s'en fout de la médecine d'aujourd'hui, Chôji, répliqua Shikamaru d'une voix vibrante d'impatience. Je suis en train de te parler d'un problème d'une toute autre importance.
– Oui, oui, ce garçon qui est devenu une fille où je ne sais plus trop quoi. Tu ne m’as pas parlé d'yeux aussi ? Il ou elle a fait une intervention chirurgicale pour changer la couleur de ses yeux ? Mais qui peut être assez fou pour faire quelque chose comme ça ? On peut le faire d'ailleurs ? J'aimerais bien avoir des yeux verts moi... Ou violets... Ou les deux... Et toi ? Tu les voudrais comment tes yeux ?
– J'n’en sais rien. Ce n’est pas le sujet. J'm'en fous.
– On parle bien d'un garçon qui a voulu devenir une fille, non ?
– Non. Pas du tout, poursuivit Shikamaru d'une voix hachée. Mais je t'ai bien parlé d'yeux.
– J'ai connu un albinos une fois.
– Chôji... J'ai la vague impression que tu le fais exprès.
– Mais un albinos ! Ce n’est pas rien ! Il...
– J'ai aussi la vague impression que tu ne m’écoutes pas.
– Mais si je t'écoute. J'écoute toujours ce qu'on me dit. Tu as kidnappé une fille en plus, je me trompe pas ? Il paraît qu'elle était bizarre elle aussi, non ? Une copine du garçon qui a voulu devenir une fille, peut-être ?
– Non.
– De l'albinos alors ?
– Je le connais pas ce type, Chôji. Je te parle de...
– C'est pas la peine de répéter trente-six fois les mêmes choses, coupa Chôji d'une voix vaguement impatiente. Je comprends très bien ce que tu essaies de me dire.

Derrière la porte, Naruto se retenait visiblement pour ne pas hurler de rire et s'écrouler par terre. Shikamaru qui perdait patience parce que Chôji jouait au con, c'était à pleurer.
– Ah ouais ? Lui rétorqua Shikamaru avec une colère non dissimulée. Et je te parlais de quoi alors ?
– Je comprends parfaitement même, ajouta Chôji qui poursuivait sur sa lancée.
– Mais qu'est-ce que tu comprends, bon sang ?
– Tu t'es mis la police à dos.
Subitement, Naruto n'entendit plus rien. Il se demanda vaguement si Shikamaru n'avait pas eu une crise cardiaque.
– Bon sang ! Mais pourquoi j'aurais la police après moi, tu peux m'expliquer ?
– Parce que tu as kidnappé cette fille, fit Chôji comme si c'était une évidence. Tu n'as pas tué son ami albinos, j'espère ? Ce n'est pas parce qu'il se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment...
– Mais j'ai tué personne, bordel !
Le blond derrière la porte s'étranglait silencieusement de rire. Chôji était trop, surtout quand il faisait péter les plombs à Shikamaru.
– Pourquoi tu me parles de la police alors ?
– Mais je ne t’ai jamais parlé des flics ! C'est toi !
– Moi ? Je n’ai jamais dit un truc pareil ! Tu me prends pour un débile ou quoi ?
– Tu commences à me taper sur les nerfs, Chôji...
– Mais c'es toi qu'a tué un mec !
– J'te jure, Chôji, j'ai suffisamment de problèmes qui me tombent sur le dos pour que ne t’en rajoutes pas une couche...
Ne – Fallait pas kidnapper une fille.
– Mais je ne te parle pas de ça ! Depuis tout à l'heure je te dis que...
– Oui, oui... Bon, il est où ?
– De quoi ? Fit Shikamaru dont la voix devint brutalement à la fois perplexe et pleine de fatigue.
– Le corps.
– Quel corps ?

Naruto retint un couinement hilare en sentant le ton horrifié de Shikamaru.
– Bah, de l'albinos. Ce n’est pas parce que t'as tué quelqu'un qu'on va cesser d'être amis, ce ne serait pas correct.
– Chôji. Y'a pas de corps. J'ai kidnappé, enfin presque, personne. Y'a pas de mec qui se transforme en fille. Je ne sais pas si on peut changer la couleur de ses yeux avec la chirurgie, d'ailleurs je m'en balance. Quant à l'albinos...
A chaque nouvelle énonciation, Naruto sentait le ton de Shikamaru se faire de plus en plus las. La fin était proche.
– L'albinos existe. Je l'ai rencontré en camp de vacances.
Coup de grâce.
– Merde, Chôji ! Explosa finalement Shikamaru d'une voix impatiente et furieuse qui résonna dans le couloir et Naruto entendit vaguement quelque chose se fracasser – sûrement le cendrier qu'il y avait dans la chambre. Je n’en ai rien à claquer de ton albinos à la con ! Je m'en fous de toutes ces conneries, d'accord ?! Depuis tout à l'heure je te parle d'un foutu problème qui m'est tombé dessus et tu me parles de meurtre ! Temari est une fille, bon sang ! Et plutôt jolie, même ! C'est ça mon problème ! Et elle à des yeux verts ou bleus ou qu'est-ce que j'en ai à foutre, je ne sais même pas pourquoi je me prends la tête ! Tout ce que je sais c'est que si je ne l’avais pas embarquée sur un coup de tête, je ne serais pas en train de te gueuler dessus parce que t'es infoutu d'écouter un traître mot de ce qu'on te raconte !

Sur ces mots, Naruto entendit des pas étouffés par la moquette se rapprocher de la porte mais il n'eut pas la présence d'esprit d'aller se cacher ou du moins d'essayer.
L'instant d'après, Shikamaru tira le battant et se retrouva nez à nez avec Naruto, rouge de rires retenus.
– C'n’est pas parce que t'es tombé amoureux de Temari que ça te donne le droit d'être insultant, déclara Chôji juste à ce moment avec une dignité offensée.
Quand Naruto croisa le regard amusé et légèrement moqueur de Chôji, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase, il éclata de rire au nez de Shikamaru et s'écroula sur le parquet, hilare.
Shikamaru, lui resta interdit, le sang avait déserté son visage, il était pâle comme un linge.
- Je ne suis pas amoureux de cette furie, argua-t-il finalement.
Il donna un coup de pied bien senti dans les côtes de Naruto et descendit quatre à quatre les marches de l'escalier qui menaient au rez-de-chaussée, le pas lourd et l'air sombre.
– Chôji... articula Naruto entre deux fous rires tandis que l'Akimichi sortait à son tour de la chambre, satisfait. T'es trop... Trop... Fort.
Après tout, quoi de mieux pour faire parler un mec que de le pousser à bout. Chôji le dirait franchement : Rien !
Quelques jours plus tard, yeux verts ou bleus, sourire ravageur et tous ces petits riens...
– ... Enfin, le lendemain Shikamaru m'a pris à part... Quoique, il m'a plutôt embarqué pour me dire ce qu'il avait à me dire... Bref, il m'a assuré que si je répétais à qui que ce soit ce que j'avais entendu, j'allais avoir des emmerdes.
Naruto eut un sourire entendu tandis que Sakura était tout ouïe, son petit cœur battant rapidement dans sa poitrine.
– J'n’ai pas pu m'émécher de lui poser une question quand il s'est barré, j'lui ai demandé si c'était vrai qu'il était amoureux de Temari...
– Et ? Et ? L'encouragea la rose d'un ton pressant. Qu'est-ce qu'il a dit ?
– Rien, répondit Naruto en faisant une moue déçue, il s'est contenté de me jeter un regard noir et de se tirer.
Sakura ouvrit de grands yeux ronds.
– Même pas une remarque acerbe genre : « Même si c'était le dernier espoir de la survie de l'humanité, ce serait totalement hors de question. » ou « T'as pas les yeux en face des trous, macaque. Ce n’est même pas une fille cette furie » ?
– Bah... Non. Mais y'a tout de même un truc qui me dérange dans son attitude en ce moment...
Cette fois, son expression passa à la franche inquiétude et Sakura fronça les sourcils. Naruto avait toujours été un joyeux luron et il était rare de le voir comme ça.

Il jeta un œil autour de lui pour vérifier que le couloir était désert avant de murmurer tout bas, comme si c'était le plus grand secret de l'humanité :
– Sakura, il fume cigarette sur cigarette et il doit toujours faire des efforts énormes pour ne pas montrer de signes d'impatience. Il est complètement stressé. Je crois qu'il est vraiment amoureux si tu veux mon avis.
La jeune fille ne répondit rien et ils gardèrent le silence durant un très long moment.
– Temari... Je crois que... Je crois que Temari est amoureuse de lui... Dévoila-t-elle finalement au prix d'un immense effort.
Pas une insulte, pas une remarque. Pas même un sourire ironique de démenti. Ni regard hautain ni soupir épuisé.
Il n'avait rien dit. Rien fait.
Naruto lui avait demandé s'il était amoureux de Temari et il n'avait rien répondu alors qu'il ne s'agissait que d'une bête plaisanterie.
Il aurait pu dire quelque chose. Faire n'importe quoi.
Nier.

Chaque excuse avait eu dans sa gorge le goût d'un mensonge éhonté.
Il avait gardé le silence, s'était renfermé dans son mutisme.
Shikamaru savait qu'un silence valait parfois le plus enflammé des discours.
D'un geste rageur, il souffla la fumée entre ses lèvres et jeta sa cigarette à peine entamée pour l'écraser du pied avec impatience.
– 'Tends ! T'es en train de me dire qu'il ignore et traite en moins que rien une fille qui lui plaît parce qu'il n'a pas envie que les choses changent et qu'elle, elle est amoureuse de lui ? C'est ça que t'es en train de me dire ?
Sakura hocha la tête d'un mouvement fébrile. Elle s'était attendue à de la compassion de la part de Naruto, un sourire désolé ou même un rire qui aurait trahi son ébahissement.
Après tout, il avait toujours pensé que Temari n'éprouvait qu'un certain agacement envers Shikamaru. Cèle aurait expliqué que ce dernier, qui avait sa fierté, veuille à tout prix ramener les choses à leur état premier.
Mais là...
– Il se fout de ma gueule ! Rugit le blond. Il est en train de tout foutre en l'air !
Il se mit à traverser le couloir d'un pas rapide sans prêter attention aux classes qui travaillaient, Sakura sur ses talons.
Ne – Te mets pas dans des états pareils ! Tenta la rose qui essayait vainement de l'arrêter. Ce n’est pas la peine de...
– Tu crois que personne n'a remarqué que Temari va mal ? Ça se voit comme le nez au milieu de la figure ! Et tout ça, c'est de la faute de Shikamaru ! Elle irait parfaitement bien s'il acceptait ce qui se passe !
– Je sais mais...
– Une fille est amoureuse de lui ! Il est amoureux d'elle ! Parce qu'il est amoureux d'elle, hein ? Même si c'est un boulet comme lui, t'es arrivée à la même conclusion que moi je parie !
– Oui, c'est...
– Et lui ! Tout ce qu'il trouve à faire c'est les mettre tous les deux dans un état lamentable juste parce qu'il n’a pas envie que les choses changent !

Il avait prononcé ces mots d'une voix colérique teintée d'une ironique moqueuse, comme s'il revoyait tous les instants où Shikamaru était passé devant Temari sans la voir, où il voyait son ami s'impatienter, réfréner sa colère.
Shikamaru, comprenait enfin Sakura, était en colère parce qu'il était amoureux.
Elle voulut lui attraper le bras mais il se dégagea avec force et descendit les escaliers qui menaient à l'étage inférieur.
Ne – Fallait pas tomber amoureux d'elle alors ! Ne fallait pas l'embarquer ! Ne fallait pas s'inquiéter pour elle ! Ne fallait pas tomber sur des ivrognes ! Ne fallait pas avoir le coup de foudre ! Il ne sait pas combien c'est rare de tomber amoureux ? Je veux dire : vraiment amoureux !
– Naruto... Arrête, tu vas...
Mais Le jeune homme ne s'arrêtait pas et Sakura ne comprenait pas la raison de sa colère.
Ce qu'elle ne savait pas, c'était que Naruto avait toujours considéré Shikamaru comme un type très intelligent qui ne se trompait jamais, qui pensait, réfléchissait toujours avant d'agir et qui agissait toujours au mieux des intérêts des autres. Parce que Shikamaru, quoi que ce dernier en dise, pensait avant tout à son entourage.
Or, il n'avait pas pensé à Temari.
– Quel putain d'égoïste ! On ne rigole pas avec un truc pareil !
Il poussa les portes du lycée d'un geste ample et brusque, à la recherche du « putain d'égoïste ».
Temari, elle avait enfin trouvé Shikamaru. Il était un peu à l'écart du bâtiment, une cigarette grillant entre ses doigts. D'où elle était, elle voyait parfaitement la cendre tomber dans l'herbe sans qu'il y prêtât une quelconque attention. Il regardait droit devant lui et au premier abord on aurait pu le croire parfaitement calme. Seulement, Temari le voyait clairement serrer et desserrer son poing tout comme elle avait remarqué que son corps tout entier semblait tendu.

Alors qu'elle s'apprêtait à aller le rejoindre pour lui dire clairement ce qu'elle pensait de sa manière de se comporter, il tourna la tête vers elle, comme s'il avait senti sa présence.
Pour la première fois depuis des jours, Temari le vit planter ses yeux dans les siens, la remarquer enfin et ses joues, jusqu'alors rouges de colère ou de froid, s'embrasèrent pour une toute autre raison.
Son cœur, serré de tristesse, d'anxiété depuis une éternité, fit une brusque embardée avant de s'emballer, battant à une vitesse qu'elle ne pouvait pas suivre.
Une foule d'émotions passait dans le regard sombre du garçon, elle les voyait, les ressentait. Elle reconnaissait la colère, ce sentiment qui semblait le prendre à bras le corps et dont elle semblait être la cause.
Elle n'avait jamais compris pourquoi. Cette fois, elle ne chercha même pas à en deviner la raison.
Car parmi tout ce flot d'émotions, parmi la fureur, l'appréhension, le faible désintérêt qu'il affectait de lui porter, elle devina petite mais grandissante, prête à enfler, à s'imposer parmi ces intruses, celle qui se reflétait dans ses propres yeux.

Son cœur fit une looping brutale quand elle vit le jeune homme faire un pas vers elle. Puis un deuxième, lent et peu sûr comme s'il hésitait encore. Comme si dans sa tête, se livrait le combat de sa raison et de son cœur.
Aller la voir, prendre le risque de tout lui avouer, de la voir se moquer, l'exposer à la vue de tous.
Ou bien tourner les talons et l'ignorer, une fois de plus, en espérant que le désir et l'amour qui l'étouffaient, inassouvis, viennent un jour à disparaître.
Les pensées de Shikamaru tourbillonnaient dans sa tête à lui donner la migraine. Il aurait voulu, du moins le croyait-il, arrêter de réduire l'écart entre eux. La distance ne serait jamais assez grande. Et jamais assez courte.
Revoir de nouveau sa vie fade et vide.
Trop de risques se présentaient. Trop de fierté à laisser de côté.
Pourtant, quand il plongea les yeux dans les siens, il ne trouva aucun obstacle qui ne fut insurmontable. Aucune fierté qu'il faille abandonner.
Temari entrouvrit les lèvres et ce fut quand elle sentit une goulée d'air s'engouffrer qu'elle comprit qu'elle avait retenu son souffle.
Où étaient passés sa détermination, son orgueil, ses beaux principes sur l'amour et ses dangers, son courage et ses résolutions ?

Il devait s'être évanoui en même temps que sa raison.
Tout ce qu'elle voyait, c'était Shikamaru. Shikamaru qui s'avançait vers elle. Shikamaru qui la voyait enfin.
Une bourrasque lui fit faire un pas en avant, puissante et infernale.
Sa conscience lui murmurait : « prends la fuite, pauvre idiote, il va se moquer de toi »
Mais il y avait son cœur, pressant, qui ne cessait de lui répéter : « Encore un pas. Encore un pas. »
Encore un pas. Et décide de ton destin.
Alors qu'elle allait le rejoindre, tremblante d'appréhension, elle devina une forme blonde suivie d'une autre, rose, qui se dirigeait vers le garçon à vive allure.
Toujours un pas.
– Tiens, voilà Shikamaru et Temari, fit Ino à Sasuke en tendant le bras la direction qu'elle regardait. Et... Oh merde...
Elle venait d'apercevoir Naruto qui se précipitait vers Shikamaru, la mine clairement belliqueuse. Sakura avait ralenti, quelque chose semblait lui dire qu'elle ferait mieux de les laisser conclure leurs affaires entre eux.
– Dis-moi, je ne savais pas que Naruto était si rapide à la comprenette, ajouta la blonde qui avait les yeux rivés sur la scène qui se jouait devant elle. T'es allé le trouver tout à l'heure ?
Si elle avait tourné la tête, elle aurait vu pour la première fois de sa vie la tête de Sasuke Uchiwa quand il était franchement éberlué.
– Bah... Non.
Ino se dévissa pratiquement le cou quand elle tourna la tête vers lui, l'air à la fois affolé et furieux.
– Hein ?! T'es en train de me dire qu'il lui fonce dessus parce qu'il est réellement en colère ?!
– On dirait.
– Mais il est malade ! Il va vraiment le frapper !
– A l'origine t'avais pas envie que ce soit une simulation, il me semble. Il est plutôt en train de te rendre service.
Sans plus l'écouter, Ino se précipita vers le quatuor. Temari aussi avait compris ce qu'il était en train de se préparer et courait dans la même direction.
Mais déjà, Naruto se ruait sur Shikamaru, bras raccourcis.
– Connard de Nara ! Rugit-il les dents serrées. Même pas fichu de faire un seul truc correctement, putain !

Il lui abattit son poing en plein sur la mâchoire, de toutes ses forces, de toute sa rage.
Shikamaru tomba en arrière, sonné.
Il avait vu Naruto. Il avait vu le poing. Il avait vu la colère dans ses yeux bleus.
Il avait tout vu. Mais rien regardé.
Alors il n'avait pas bougé.
Temari avait été si près qu'en quelques pas misérables, il aurait pu la rejoindre. Sentir sa peau douce sous ses doigts rugueux. Contempler ces yeux maudits qui avaient hantés ses nuits sans sommeil. Voir ses lèvres s'étirer d'un sourire.
Alors, rien n'avait plus eu d'importance.
Alors, il avait vu Naruto, vu son poing, vu sa fureur. Mais il n'avait pas cherché à esquiver.
Parce qu'il avait vu dans le regard de Temari l'origine de son trouble. Et rêvé la fin de son tourment.
– ... Mais t'es complètement ravagé ! Hurla Temari sur un ton strident en frappant le torse de Naruto avec ses poings. Ça va pas de frapper les gens comme ça ?
Mais le blond ne l'écoutait pas. Il dégagea la jeune fille en la poussant sur le côté et se posta de toute sa hauteur devant Shikamaru qui se redressait sur son séant en portant un doigt à ses lèvres. Il se teinta d'un rouge carmin.
– Putain... Mais il est con ce mec, marmonna-t-il en retenant une grimace de douleur. Il m'a fait mal, merde...
Il se sentit soudain soulevé de terre et se retrouva nez à nez avec le visage rageur de Naruto. Ce dernier l'avait empoigné par les pans de sa veste à deux mains.
– Je me suis inquiété pour toi ! Hurla Naruto. Je me disais que c'était forcé qu'elle n’était pas amoureuse de toi pour que ça te mette dans un état pareil ! T'avais l'air complètement à côté de la plaque ! Je me disais « le pauvre, il ne mérite pas ça. » Mais c'est toi qui as tout déclenché ! Connard ! Elle, elle a rien fait ! Elle n’a pas bronché quand tu l'as traitée pire qu'un chien ! Elle ne s’est même pas énervée ! Même pas mise en colère ! Comme si elle avait l'impression que c'était sa faute ! Tu ne te sens pas trop comme un parfait connard maintenant ?!
– Si...
– Crétin ! Glapit Temari qui, essayant vainement de lui faire lâcher prise, ne prêtait aucune attention à ses vociférations. Fous-lui la paix ! Tu ne vois pas que tu lui as éclaté la lèvre !
– Il doit réparer ses erreurs !
– Naruto, relâche-le, tenta doucement Sakura.
– Tout est de sa faute ! Ça se fait pas de se foutre de la gueule des autres comme ça !
– Naruto...
– Lâche-le ! Je te donne trente secondes après je m'énerve !
– Arrêtez, intima soudain Shikamaru en empoignant les poings de Naruto qui lui enserrait toujours sa veste. Temari, arrête – Il essuya une nouvelle fois sa lèvre inférieure. Tu veux te battre avec moi ? Ajouta-il à l'intention du blond avec une douleur dans la voix que personne ne lui connaissait. Tu veux m'accorder la leçon que je mérite ? Vas-y j'attends que ça. Mais ce n’est pas à toi de me la donner...

Il fit un signe de tête en direction de Temari qui agrippait le col de Naruto et qui avait le regard rivé sur Shikamaru.
– C'est à elle.
Le vent souffla dans les feuilles. Des conversations s'étaient interrompues quand Naruto avait frappé Shikamaru et ils avaient désormais des dizaines de regards braqués sur eux.
– Qu'est-ce que vous regardez ? Leur jeta Ino d'une voix forte de reine méprisante avant de rejoindre le petit groupe.
– Que... Qu'est-ce que t'es en train d'essayer de dire ? Fit Sakura à Shikamaru d'une voix hésitante.
– Je ne crois pas que cette conversation te concerne, lui répliqua le brun. Ni toi, même si tu me colles un pain, ajouta-t-il en direction Naruto. Lâche-moi, je n’ai pas envie de me battre avec toi. La seule qui a le droit de me coller une raclée, c'est l'espèce de furie là, j'te l'ai dit. Maintenant, cassez-vous, je n’ai pas envie de vous entendre. Toi aussi Ino, conclut-il alors que celle-ci s'apprêtait à ouvrir la bouche.
– Mais je...
– Dégage.
– C'n’est pas la peine d'être désagréable, Shikamour, fit la blonde en se détournant avec un air offensé.
Seuls Sakura et Sasuke virent son petit sourire.

Quand Ino avait demandé à Sasuke de frapper Shikamaru, c'était d'abord pour une expérience – voir ce que ça donnerait si on faisait ça sous les yeux de Temari – mais aussi pour réparer son orgueil blessé. Il avait refusé de lui dire ce qui le turlupinait, alors elle s'était débrouillée pour qu'il paie à un moment ou un à un autre.
Ino Yamanaka n'était pas un ange de Sainteté. C'était une grosse égoïste avant tout.
Shikamaru se laissa tomber sur le sol, en tailleur, un coude sur ses genoux, son menton dans la paume de sa main. Il fit semblant de se plonger dans sa réflexion.
A dire vrai, il se demandait sincèrement ce qu'il allait faire maintenant. A cet instant précis. Devait-il parler ? S'en aller ? Fuir comme un lâche qui a peur de se manger un satané râteau ? Ou attendre que le temps passe et qu'elle s'en aille d'elle-même ?
Temari, toujours debout, le fixait. Elle attendit une, puis deux, puis trois, puis quatre et enfin cinq secondes. Avant de lui donner un coup de pied dans la tête.
– Mais ne t’es pas bien comme fille, ma parole ! Tu te venges ou quoi ?
Tombé sur le côté, Shikamaru se remit sur son séant et toisa la blonde d'un regard noir.
– Oui.
– Oui, quoi ?
– Oui, je ne suis pas bien, expliqua-t-elle en s'asseyant à genoux près de lui. Et oui, je me venge, sale con.

Elle tira un mouchoir propre de la poche de sa veste et le déplia consciencieusement.
– Approche.
– Pour quoi faire ?
– Nettoyer ta lèvre. Le sang a coulé, ça commencé à sécher, c'est dégoûtant.
– Non.
– Quoi, non ?
– Non, c'est tout.
Il regarda ailleurs, les joues en feu.
– Tu ne vas pas commencer...
– J't'ai dit non.
Elle lui donna une claque à l'arrière de la tête.
– Qu'est-ce que je viens de te dire ? Marmonna-t-elle en le fixant méchamment.
– Non, c'est tout.

Temari souffla profondément. On aurait pu voir mieux comme... Elle chercha le mot... Réconciliation ?
– C'est dégoûtant je t'ai dit. Tu veux rentrer en cours avec...
– Qu'est-ce qu'on s'en fout, franchement, coupa-t-il en tournant vivement la tête vers elle. Ce n’est pas comme si qui que ce soit en avait quelque chose à cirer que je ne sois pas frais et rose comme un nourrisson.
Temari souffla bruyamment, mécontente. Il venait de l'ignorer pendant des jours comme si elle ne valait pas plus d'attention qu'une pauvre chaussette sale et maintenant il la considérait comme si rien ne s'était passé. C'était trop facile. Elle avait eu le cœur en lambeaux et lui, il s'en fichait. Qu'à cela ne tienne, elle en avait soupé du Nara et de ses humeurs.
– Tu sais quoi ? T'as raison. Laisse ça s'infecter, après tout ça me fait une belle jambe.
Une dernière fois, après s'être relevée, elle lui donna un coup de pied, cette fois dans les côtes et Shikamaru tomba, encore, sur le côté.
Temari s'apprêtait à tourner les talons, furieuse et se sentant insultée quand une main ferme la retint par la cheville à travers la toile de son jean.
– Pourquoi tu m'as frappé cette fois ?
Shikamaru n'avait pas complètement tourné la tête vers elle. Il se contentait de la zieuter du coin de l'œil, une moue se dessinant sur son visage.
– Parce que.
– Mais encore ? Soupira-t-il.
– T'es un gros con.
– C'n’est pas nouveau.
– Et j'ai le droit de te mettre une correction, tu l'as dit toi-même.
– Pourquoi tu veux me mettre une correction ?
Temari ne prit même pas deux secondes pour y réfléchir.
– Parce que t'as lèvre va s'infecter, que t'es qu'un abruti et que j'en ai marre de ton petit manège.
Shikamaru haussa les sourcils si hauts qu'ils semblèrent s'échapper de son visage.
Il remarqua le regard de Temari fixé sur sa main tenant sa jambe et il la lâcha brutalement, comme s'il s'était brûlé la paume.
La jeune fille l'entendit marmonner quelque chose pour lui qu'elle ne comprit pas.
Elle se pencha à sa hauteur, sourcils froncés et les mains sur les hanches.
– Qu'est-ce que tu baragouines encore ?
Shikamaru releva la tête et ils rougirent tous deux de concert quand ils remarquèrent le peu de distance qui subsistait entre leurs deux visages.
– J'ai rien dit, répliqua-t-il en détournant la tête tandis qu'elle se redressait légèrement en toussotant d'un air mal à l'aise.

Encore ce jeu du chat et de la souris.
Temari haussa les épaules.
– Très bien. Quand tu seras prêt à me parler, fais-moi signe.
Sur ce, elle tourna les talons, le cœur oscillant entre la colère et le chagrin. Mais ce n'était pas comme si elle n'était pas habituée ces derniers temps.
– « J'en ai marre, rendez-moi Temari » déclara-t-il brusquement tandis qu'elle tournait les talons.
Temari se figea et tourna la tête. Ce n'était pas la première fois qu'elle l'entendait prononcer son prénom et il le faisait de plus en plus souvent. Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas ça mais ça la mettait dans un tel état qu'elle se donnait l'impression d'être encore plus gourde que d'habitude.
Les genoux flageolants, le cœur qui joue aux montagnes russes, le rouge lui montant aux joues, la joie extraordinaire et l'indicible tristesse.
Elle connaissait ces choses pour les vivre quotidiennement.
Tout en n'arrivant pas à contrôler cette machine infernale.
– Hein ?
Ne – Me demande pas de répéter, grogna-t-il en se frottant la lèvre et en regardant ailleurs. J'ai ma fierté.
– Répète, souffla-t-elle entre ses lèvres à demi-entrouvertes.
Il lui lança un regard abasourdi et si Temari n'avait pas eu dans la tête les paroles qu'il venait de prononcer, elle aurait éclaté de rire.
Rendez-moi Temari.
– Moi aussi j'ai ma fierté, répliqua-t-elle en essayant néanmoins de sourire.
Plus dans ses yeux que dans ses mots, il vit dans ses yeux comme une invitation. Une réponse tant espérée, jamais attendue.
Shikamaru se trouvait pitoyable.
Lui qui détestait les filles se retrouvait prisonnier des seuls dires d'une d'entre elles. La plus intenable en plus.
Qu'on ne s'avise plus de lui dire qu'il n'existait pas de vengeance dans le destin.
Pour une fois, d'ailleurs, il y croyait à ce foutu destin.
Ça voulait au moins dire qu'il n'était pas tombé amoureux de Sabaku No Temari de son plein gré.
Pas complètement.
Peut-être un peu quand même.
En fait, si.
Il se leva, ses yeux rivés aux siens.
Qu'est-ce qu'il ait pu être bête, n'empêche. Ça ne lui avait rien apporté de la laisser tomber. Il n'avait été qu'un petit connard égoïste. Mais jamais il n'admettrait ouvertement que Sakura et Naruto avaient eu raison. C'était comme renoncer définitivement à son orgueil de mâle.
Il posa la main sur son poignet et la tira doucement à lui, le cœur en attente et noyé dans son regard vert. Ou bleu. Il n'avait jamais vraiment su.
Peut-être un peu des deux.
Probablement.
Sûrement.
Son cœur tournait dans sa tête.
Où était-ce le contraire ?
Il perdait la raison.
C'était idiot, songea Temari. Tout était idiot. Voilà un mois, elle aurait ri aux éclats si on lui avait fait part d'un tel retournement de situation.
Aujourd'hui, elle fondait d'amour pour ce type-là.

Elle était une belle idiote. Voulut se dire qu'elle était en train de faire une grosse bêtise. N'en crut pas un mot.
Il leva la main vers sa joue satinée et elle sentit, tandis qu'il passait un doigt rugueux sur sa peau lisse, un frisson lui parcourir l'échine.
– ...Impossible.
Il émit un grognement d'interrogation, à peine arraché à sa contemplation.
– Je disais...
Dieu, elle n'arriverait jamais à s'exprimer correctement si ces frissons continuaient de la traverser sans discontinuer.
Le regard brouillé et le cœur tremblant, elle avala sa salive.
– Qu'on allait...
Sa caresse se fit plus ferme et il lui prit le visage à deux mains. Ce fut seulement à ce moment-là qu'elle réalisa qu'il était réellement plus grand qu'elle.
– Se rendre la vie impossible, lâcha-t-elle enfin dans un murmure étouffé.
L'ombre d'un sourire passa sur son visage légèrement sévère. Elle avait l'air tellement confuse, elle qui paraissait toujours si sûre d'elle. Lui-même ne savait plus trop sur quel pied danser.
– Ouais... Murmura-t-il avant d'amener le visage de la jeune fille à sa hauteur.
Elle se hissa sur la pointe de pieds et il posa ses lèvres sur les siennes, impatient d'y goûter. Enfin.
C'est ainsi qu'il l'embrassa, sous les yeux ébahis ou horrifiés de jeunes gens qui ne comprenaient pas un tel dénouement.
Il l'embrassa comme dans les films et aussi un peu comme dans les livres, avec passion et possession.
Sans se demander une seule seconde où était passée son hésitation.
Trois heures, cinq minutes, deux secondes et on ne sait combien de bécots plus tard, dans un petit café en face du lycée...
– C'est dégoutant, déclara Ino en sirotant un jus de fruits sans sucre. Autant mettre un poisson avec un chacal si tu veux mon avis.
– C'est assez bizarre, j'en conviens, déclara prudemment Temari. Mais il n'empêche que...
– Toi... Et lui ! C'est pour ça que tu faisais la tête ? Parce que t'étais tombée amoureuse ?
Sakura lança un regard d'avertissement à son amie.
– Ne commence pas Ino... Après tout, le cœur à ses raisons...
– Que la raison ignore, compléta Tenten, on sait...
– Temari ! Et Shikamaru !
Ino leva les bras, paumes vers le ciel dans un signe d'incompréhension la plus totale.
– Le couple le plus glam' et le plus romantique du lycée, marmonna Temari en reprenant un beignet.
Alors qu'elle allait porter ce dernier à sa bouche, une main ferme se posa sur son poignet pour l'empêcher d'achever son geste. Avec une expression peu avenante qui se traduisait littéralement par « Qui es-tu, macaque pour oser commettre un tel parjure ? » elle se tourna vers l'importun. Son regard, qu'on ne savait toujours pas s'il était bleu ou vert, rencontra celui de Shikamaru qui la fixait avec une expression toute sérieuse.
– Franchement, tu ne crois pas que t'as assez pris comme ça ? Un de plus et tu vas ressembler à un ballon...

Aussitôt, les yeux de Temari ne furent plus bleus ni verts mais ils rougeoyèrent de colère.
-Répète un peu pour voir ? Rugit-elle en se levant de sa chaise comme si elle était dressée sur un ressort.
– Tu veux vraiment ?
– Je ne suis pas grosse !
Ne – Déforme pas mes propos. J'ai seulement dis que si tu continuais à t'empiffrer comme ça, ça allait pas tarder... J'te dis ça pour ton propre bien...
– Reviens me dire ça quand t'auras fini de te ruiner la santé avec ta cigarette !
Shikamaru laissa retomber la main qu'il portait à la poche intérieure de sa veste.
Sakura les regardait d'un air blasé. Shikamaru, les bras croisés, fixait Temari avec son éternelle moue tandis que la blonde pointait sur sa poitrine un doigt accusateur.
– Si tu veux mon avis, fit la rose alors qu'à côté d'elle Hinata cherchait un moyen de calmer les deux tourtereaux, j'ai l'impression qu'on n’est pas au bout de nos peines.
– Je suis sûre qu'à un moment ou à un autre, on a fait une bourde, renchérit Tenten qui ne savait pas trop où.
– Bah, vous n’inquiétez pas, conclut Ino en pointant lesdits tourtereaux du pouce, ça c'est un peu leur manière à eux de se dire « Je t'aime, mon cœur et je m'inquiète pour ta santé ».
La porte du café tinta et quatre énergumènes entrèrent dans l'établissement.
– Holà les mecs ! Prévint Naruto en écartant les bras pour empêcher ses amis d'avancer plus loin. Je crois qu'il vaut mieux opérer un repli stratégique.
Temari darda sur lui un regard menaçant.
– Toi, l'imbécile heureux, tu me lâches ou je t'explose.
– Franchement, Naruto, renchérit Ino, tu cherches vraiment les ennuis.
N‘– Essaie pas de me faire passer pour l'abruti de service en te rangeant du côté de cette furie, répliqua le blondinet qui s'était planqué derrière Kiba. Et toi, Temari, vas plutôt t'occuper de ton amoureux.
– C'n’est pas mon amoureux !
– Ah bon ? Je suis quoi alors ?
– Hein, Temari ? Il est quoi ?
– Oui, dis-nous ! C'est quoi pour toi le p'tit Shikamour ?
Ne – L’appelle pas comme ça ! Ne t’as pas le droit !
– Quoi ? T'es jalouse ?
– Wouuuuh ! Temari est jalouuuuse !
– C'n’est pas vrai ! Je ne suis pas jalouse.
– Tu me vexes.
– Toi, n'en rajoutes pas !
– Temari est jalouuuuse ! Temari est amoureuse !
– La ferme, Naruto !
– Quoi ? Il ment ?
– J'n’ai pas dit ça !
– Bah alors c'est quoi le problème ?
– Hein, Temari, c'est quoi le problème ?
Ne – Répète pas tout ce qu'il dit !
– C'est qu'on aimerait bien savoir le fin mot de cette histoire.
– Vous me soûlez tous !
– C'n’est pas nouveau.
– On aimerait bien entendre un nouvel air, même.
– Change de disque.
– Moi aussi, j'te soûle ?
– Je me tire !

Bruits de pas sur le carrelage. Porte qui claque dans un tintement sonore. Silence. Éclats de rire.
Nouveaux bruits de pas. Porte qui claque de nouveaux. Nouveau silence. Encore des éclats de rire.
– Ils sont mordus ! Acheva Naruto en piquant son verre à Ino tandis que les autres s'étaient rués à la fenêtre pour voir les deux... Amoureux ? Compagnons d'infortune ? Ahuris ?
Restait seulement à dire que les prochains mois n'allaient pas être tristes.

FIN



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