Attention, cette fanfiction de Naruto est catégoriée spoil, c'est à dire qu'elle peut évoquer des passages du manga qui ont été publié au Japon mais pas encore en France. Sa lecture est donc susceptible de vous gacher le plaisir proccuré par le manga. Pour enlever ce message et voir toutes sections Spoil du site, rendez vous dans vos options membres.


Fiction: Foutue (terminée)

Pour être foutue, ça Temari l'était et pas qu'un peu. Dans la panade jusqu'au cou, même ! Elle n'avait jamais cru au coup de foudre, n'y croirait jamais et était bien décidée à faire sa fête au premier qui oserait lui dire le contraire. Seulement, Destinée semblait bien décidée à lui fourrer des bâtons dans les roues. Mieux encore, tout semblait porter à croire que la blonde ne s'en relèverait jamais. La voilà vaincue par K-O dès le premier round et sans possibilité de prendre sa rev
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tontontobi (Féminin), le 06/06/2010
Pour être foutue, ça Temari l'était et pas qu'un peu. Dans la panade jusqu'au cou, même !
Elle n'avait jamais cru au coup de foudre, n'y croirait jamais et était bien décidée à faire sa fête au premier qui oserait lui dire le contraire. Seulement, Destinée semblait bien décidée à lui fourrer des bâtons dans les roues.
Mieux encore, tout semblait porter à croire que la blonde ne s'en relèverait jamais.
La voilà vaincue par K-O dès le premier round et sans possibilité de prendre sa revanche.

[Fanfiction UA School-fic en deux... non trois parties, donc, sur la nana la plus barge du manga et le misogyne préféré de ces dames.]

[Deuxième partie séparée en deux pour une meilleure digestion. Bon appétit !]

[Fanfiction en correction : mise en forme du texte, fautes restantes]




Chapitre 2: Ou pas



Ou pas ?
Trois semaines auparavant…
« … Yamanaka avec Uzumaki, donc et Hyûga… Avec… Uchiwa. Quant au dernier groupe… Mm, fit Hatake Kakashi en parcourant la liste d’élèves qui composaient sa classe.
Il jeta un œil à l’ensemble de la salle. Les élèves changeaient déjà de place pour se mettre à côté de leur binôme et seuls restaient Nara Shikamaru qui bayait aux corneilles et Sabaku No Temari qui griffonnait sur une feuille déjà noire d’encre.
– Sabaku No et Nara.

Les deux intéressés levèrent les yeux vers leur professeur dans un mouvement parfaitement synchronisé.
– Hein ? Fit Shikamaru avec une grimace. Qu’est-ce qui se passe ?
Mais leur professeur ne lui accordait aucune attention et continuait d’écrire sur sa feuille de groupes.
– Donc… Nara et Sabaku No pour le dernier groupe d’exposés. Vous me ferez un dossier sur l’histoire de la fondation de Konoha, ajouta-t-il à l’attention des deux élèves. Ce n’est pas le truc le plus dur qu’on ait jamais fait alors essayez de faire quelque chose de correct plutôt que de flemmarder. Il n’y a pas que les contrôles qui comptent dans la moyenne, conclut le professeur en haussant les épaules.
Temari jeta un regard à Shikamaru avant de hausser les épaules à son tour. Après tout, lui ou un autre.
Elle attendait qu’il se bouge pour s’asseoir à côté d’elle mais deux minutes s’écoulèrent sans que rien ne change. La jeune fille lui jeta à nouveau regard et vit qu’il s’était contenté d’enlever son sac de la chaise voisine de la sienne avec force soupirs et avec l’intention évidente de ne pas se lever.
Temari arqua un sourcil. Il n’avait tout de même pas l’intention de lui faire croire que c’était elle qui allait se bouger ?

Il lui manquait réellement une case à ce crétin.
A fierté mal placée, griefs mal placés…
– Bon, tu viens ? Marmonna-t-il en tournant une nouvelle page de son cahier à peine entamé. On n’a pas toute la journée. Je n’ai pas envie de me faire emmerder avec ce truc plus longtemps que nécessaire.
Temari finit par prendre ses affaires qu’elle jeta sur le pupitre à côté de Shikamaru. Elle s’affala sur la chaise et croisa les bras dans un signe de défi.
– Alors ? Fit-elle en regardant son propre cahier.
– Quoi ?
– Qu’est-ce qu’on fait ?
– A toi de me le dire.
– C’est toi qui m’as fait bouger de ma place.
– Rien ne t’y obligeait.
– Si. Ma conscience professionnelle. Macaque.
– Eh bien puisque tu es celle de nous deux qui éprouve un besoin visible de bosser, je ne retiens pas ta créativité. Ponds-nous donc un truc potable pendant que je fais cogiter mes neurones sur l'importance de la sieste.
– Les deux larves qui font turbiner ton cerveau ne sont pas des neurones, Nara.
– Je ne tiens pas à aborder ce sujet avec une personne diminuée mentalement. Les forces ne seraient pas égales. La victoire trop facile.

Elle tourna la tête vers lui avec un air rageur et ils s’affrontèrent en silence sans même ciller.
Ce fut la main de Kiba frappant sur le bureau de Shikamaru qui les fit revenir à la réalité.
– Plutôt que de vous comporter comme deux gamins, essayez d’agir comme des personnes civilisées. Ça vous changera.
– C’est toi qui parle ? Répliqua Shikamaru avec un haussement de sourcils dubitatif.
Kiba voulut répliquer mais Temari le coupa brutalement :
– Plutôt que de commencer à débiter des conneries à la pelle, retourne-toi ça nous fera des vacances.
Le brun prit une expression de femme outragée qui réussit à faire rire la blonde puis se retourna non sans lui lancer un clin d’œil coquin.
On ne pouvait pas empêcher un Dom Juan d’être ce qu’il était.
– Quand t’auras fini de draguer, blondasse, on pourra peut-être commencer à bosser, dit finalement Shikamaru qui avait observé la scène d’un air complètement désintéressé.
Temari lui tira la langue, démontrant par-là qu’elle n’avait absolument rien à faire de ce qu’il pouvait lui dire.
Bon gré mal gré ils finirent tout de même par se mettre au travail.
Trois semaines plus tard, après que Temari se soit découvert un béguin malencontreux pour un type qui se fiche des filles comme de sa première chaussette. Dieu que cette nana-là peut être malchanceuse, nom d’un chien…
Temari ne savait pas vraiment sur quoi se concentrer pour éviter de songer à des choses qui auraient tôt fait de lui faire perdre ses moyens.

Comment le fait que Nara Shikamaru venait de l’enlever pour l’emmener elle ne savait où.
Cela aurait pu avoir quelque chose de passablement excitant si elle n’avait pas été aussi désorientée et pour être désorientée, ça elle l’était, on ne pourrait pas dire le contraire.
Elle n’avait opposé qu’une faible résistance qu’il avait très vite déjouée pour l’embarquer en plein centre-ville et pour l’heure, ils déambulaient l’un à côté sans qu’aucun des deux n’ait dans l’idée de décrocher la mâchoire pour prononcer un mot.

Finalement, au milieu de la cacophonie des klaxons, des voitures, des gens qui s’insultaient depuis leurs véhicules et des passants parlant dans leurs portables, Temari brisa le silence qui s’était installé entre eux d’une voix incertaine.
– Qu’est-ce que tu me veux, Nara ? Fit-elle avec un ton qu’elle aurait voulu hargneux.
Il tourna son regard noir vers elle, un regard un peu hébété. Lui qui n’agissait jamais sous le coup d’une impulsion…
D’ailleurs, elle lui posait une excellente question. Qu’est-ce qu’il lui voulait au juste ? Seigneur, il n’en avait pas la moindre idée et c’était bien ça qui l’effrayait.
La jeune fille osa finalement lever les yeux vers lui sans ciller, le cœur un peu tremblotant, les joues rouges, peut-être à cause du froid qui persistait malgré le retour des beaux jours, peut-être pas, à cause d’autre chose sûrement. Qui sait ?

Elle remarqua qu’elle aimait bien ses yeux ; profonds et brillants d’intelligence sous son air blasé avec en ce moment, une lueur incertaine comme s’il ne comprenait pas ce qu’il était en train de faire ou qu’il ne le comprenait que trop bien et qu’il n’avait pas envie d’en entendre parler.
Il y avait d’abord eu son sourire. Et maintenant ses yeux. Serait-elle toujours agacée ou finirait-elle aussi par succomber à sa nonchalance et son insupportable misogynie, pourtant ses pires défauts ?
Après tout, c’était bien connu : ce type détestait les filles plus que ses propres ennemis.
Pourtant, il n’y avait aucune animosité, aucun sarcasme dans ces yeux qu’elle fixait avec une pointe de bravade qu’elle se sentait forcée d’éprouver pour se donner contenance, il y avait des choses qu’elle ne comprenait pas, d’autres qu’elle refusait de voir comme un espoir à ses propres problèmes mais surtout, elle y vit des choses qu’elle n’avait jamais vu dans les yeux de Nara Shikamaru.

Et, tout doucement, comme une chute au ralenti, elle bascula dans son regard sombre sans même s’en rendre compte, sans même réaliser que lui non plus ne la quittait pas des yeux.
Shikamaru ne savait pas trop ce qu’il était en train de faire. En fait, s’il prenait le temps d’analyser ses gestes, il aurait compris que son intention première avait été de découvrir une bonne fois pour tout ce qui pouvait bien troubler sa compagne d’infortune.

Puis, il l’avait attrapé par le poignet, avait senti une peau étonnamment douce sous ses doigts rugueux.
A quoi s’état-il attendu au juste ? Des écailles de dragon ?
Puis, il l’avait entraînée dans une ville qu’il ne reconnaissait plus. Une ville qu’il avait pensé connaître.
Et enfin, elle avait levé les yeux vers lui et il avait cru oublier son propre nom.
Il avait réalisé que Temari avait les yeux verts.
De beaux yeux verts avec une touche de bleu à la fois sombre et troublant qui lui faisait songer à une mer sans fond lors d’un orage.

Mais nulle trace d’éclair dans ce regard, pas même le murmure du tonnerre.
Dire qu’il ne se serait pas cru si poète.
Il aurait pu l’affirmer à peine quelques minutes auparavant, quelques heures tout au plus : Temari n’était pas son genre, après tout il n’était pas fana des hystériques au poing aussi dur que l’acier.
A présent, il en venait à se demander s’il n’avait jamais eu un genre quelconque en matière de fille.
Tout ce qu’il savait en ce moment même c’était qu’il avait fait une grave erreur en voulant lui changer les idées.
Il en avait oublié les siennes.

Trois semaines auparavant, avant que cette histoire de dingues ne vienne bouleverser le quotidien de ces deux spécimens particulièrement éreintants.
La bibliothèque de Konoha n’était pas franchement le repaire préféré de la jeunesse de la ville. Le vieux bâtiment en grosses pierres taillées trônait dans le centre-ville au bout d’une avenue au trafic constant.
L’édifice était imposant et ressemblait à un mausolée tant il semblait y avoir autour de lui comme une aura de silence et de sagesse qui forçait l’humilité.
Temari, qui s’y rendait très peu souvent, écarquillait des yeux ébahis en pénétrant dans l’immense salle qui rassemblait le plus grand nombre de livres qu’il lui ait jamais été donné de contempler.
D’interminables rayons se déroulaient devant elle, surchargés de livres serrés les uns contre les autres, des étagères étaient incrustées dans les murs, toutes aussi alourdies par le poids de gros ouvrages aux reliures dorées.
Entre les rayons se trouvaient de vieilles tables au verni un peu usé ainsi que de petites lampes qui diffusaient une lumière rendue verdâtre par des abat-jour bouteilles.
Temari leva les yeux vers les étages supérieurs que l’on pouvait voir depuis le rez-de-chaussée avec toujours cette vision époustouflante de livres par centaines.

Et partout, tout autour d’elle, ces esprits en ébullition dont les yeux couraient sur les pages des ouvrages, déchiffrant les petits caractères et lisant entre les lignes pour mieux satisfaire la soif de savoir qui les emportait, dans laquelle ils se noyaient presque.
– Bah alors, tu prends racine ? Murmura une voix à côté d’elle.
Temari tourna brusquement la tête, arrachée à sa contemplation et toisa Shikamaru d’un œil mauvais.
– Lâche-moi, Nara, je n’ai pas envie que tu me prennes la tête aujourd’hui.
– Comme ça on est deux. Viens, on va aller dans la section Histoire pour faire nos recherches.
Elle le regarda alors qu’il la dépassait pour rejoindre les rayons de livres qui les intéressaient, l’air franchement admiratif et il en éprouva une certaine gêne.
– Quoi, encore ? Marmonna-t-il en se passant une main dans les cheveux. T’as un problème ?
– Tu t’y retrouves là-dedans ? Franchement je suis sans voix.
– Si seulement ça pouvait être vrai. Bon, tu t’amènes ou tu campes ici ?
Temari eut une moue désagréable mais le suivit, non sans jeter des regards autour d’elle comme un petit animal curieux.
Elle ne vit pas Shikamaru qui, marchant devant elle à grandes enjambées, souriait d’un air narquois devant son air ébahi.

Étrangement, quand deux personnes d’une certaine intelligence, décidaient d’oublier leurs querelles afin de se mettre au travail ensemble, cela ne donnait pas forcément un ramassis de bêtises sans queue ni tête.
Temari étant celle qui avait une écriture plus identifiable que celle de Shikamaru, laquelle s’apparentait plus à un gribouillis informe, était chargée de noter les pages et les lignes des passages jugés intéressants pour leur devoir pendant que le jeune homme restait le nez collé à un écran d’ordinateur, faisant défiler devant ses yeux des paragraphes entiers sur le sujet qui les concernait.
Deux heures sans se disputer. C’était un nouveau record.

Mais, les meilleures choses ayant une fin, ils décidèrent finalement de mettre leur travail en commun. Or leur vision de ce devoir était tellement différente qu’ils se disputèrent violemment.
Temari avait voulu prendre la direction des opérations et Shikamaru avait rétorqué que c’était « normal, de la part d’un despote comme elle » en croisant les bras d’un air blasé.
Ce fut sûrement la chose que Temari apprécia le moins.
– Qui tu traites de despote ?! Questionna-t-elle d’une voix stridente.
– Toi, sale dictateur. Tu ne peux pas t’en empêcher, hein ? Faire ta petite reine, ton petit tyran et décréter par ta sacro-sainte loi que les choses seront comme ça et pas autrement.
– C’n’est pas vrai ! Répliqua-t-elle encore plus fort, les joues rouges de colère.
– Oh non, bien sûr que ce n’est pas vrai si tu le dis… Répéta-t-il d’un ton sarcastique.
– Tu m’énerves ! Espèce d’emmerdeur !
– J’en ai autant à ton service !
C’est sur ces paroles bien senties qu’ils se firent virer de la bibliothèque sans autre forme de procès.
Trois semaines plus tard, en plein moment gênant…
Le cerveau de Temari semblait parfaitement déconnecté. Ou du moins noyé dans une immensité profonde dans laquelle elle ne discernait absolument rien.

Le vide intersidéral. Elle n’aurait jamais cru que perdre complètement ses moyens aurait pu être aussi envoûtant, que la profonde chaleur qui s’emparait de ses sens aurait été si électrisante.
Il n’y avait plus que ces deux pupilles noires, nuits d’encre brillant d’une lueur indéchiffrable.
Le temps aussi rapide fut-il semblait avoir suspendu son vol, juste le temps que la fierté de Temari s’effritât progressivement comme une fleur qu’on effeuille pour savoir s’il nous aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie…
– Bah alors, petit ! Tu l’emballes ta copine ? Les jeunes d’aujourd’hui ! Faut toujours tout faire à leur place.
Ou pas du tout.
Shikamaru revint brutalement à la réalité. Il avait la vague impression qu’on lui avait foutu un coup sur le crâne et ce n’était pas une impression très agréable. La rue était redevenue trop bruyante, trop dure et il entendait de nouveau les klaxons, les insultes et les gens qui parlaient dans leur portable, comme si on venait de lui sortir la tête de l’eau.

La bande de salariés qui sortaient d’un bar dans lequel ils s’étaient payés une bonne cuite et qui devaient être ceux qui les avaient ramenés sur terre les regardait en souriant d’un air lubrique qui aurait fait frissonner de peur de nombreuses jeunes filles.
Mais pas Temari.
Non, pas elle. Elle qui semblait aussi abandonnée et incertaine que lui auparavant avait repris du poil de la bête en un rien de temps et toisait les ivrognes d’un air furieux. Dans son regard, dans ses gestes, il n’y avait plus trace aucune de celle qu’il avait cru voir quelques instants auparavant.
– Bah quoi, ma jolie ? On n’apprécie pas d’avoir été dérangée dans son rendez-vous galant ?
– Allez voir ailleurs si j’y suis, bande de poivrots ! Vous devriez avoir honte !
Il la contemplait d’un air absent, presque interdit tandis qu’elle répliquait vertement aux types qui les avaient interrompus.

Mais dans quoi les avaient-ils interrompus, d’ailleurs ?
Dans un moment d’intimité ? De gêne ? Avait-il eu l’intention de l’embrasser ou de lui faire quoi que ce soit ?
A cette simple idée, les joues du garçon s’enflammèrent d’embarras et il eut une moue renfrognée tandis qu’il tentait de chasser cette idée de son esprit.
Pour sûr qu’il n’avait eu aucune intention à son égard. Il n’avait pas pensé à beaucoup de chose pendant qu’il s’était presque noyé dans ses yeux.
Elle avait les yeux verts. Avec une nuance de bleu.
Comment s’expliquer que cette simple pensée lui retournait le cœur ? Lui qui n’avait jamais eu le moindre regard pour une fille, se retrouvait perdu par deux simples pupilles… Semblables aux profondeurs abyssales de l’océan.
Pour être perdu, ça il l’était.

Et il n’avait aucune réponse aux questions qui passaient dans sa tête par centaines.
Quand on pense que d'habitude c'était toujours lui qui avait réponse à tout.
La voix stridente de Temari le ramena à lui.
La jeune femme s’enflammait de plus en plus face à leurs interlocuteurs. Des mèches blondes voletaient devant ses yeux chargés de colère.
– Vous êtes plutôt mal placés pour parler des femmes ! Cracha-t-elle d’un air méprisant. Ce n’est pas avec votre dégaine que vous allez pouvoir approcher même la pétasse la plus facile de la ville ! Plus pitoyable tu meurs !
– Décompresse, sérieux, fit Shikamaru en lui prenant le poignet pour la forcer à se calmer tandis que les autres poussaient sifflets et se regardaient les uns les autres avec une expression qu’il n’aimait pas du tout.
Il n’aimait pas non plus la manière qu’ils avaient de la regarder, s’arrêtant avec un air bien trop gourmand sur les courbes de sa poitrine et la ligne bien tracée de ses hanches.
– Toi tu me lâches cinq secondes ! S’emporta-t-elle en tournant la tête vers lui, rouge de ce qu’il pensait être de la colère. Je m’en fous complètement de ce que tu peux me dire ! Tu me laisses régler mes problèmes comme je l’entends !
– Si ça te plaît tant que ça de te faire reluquer par des vieux porcs, c'est ton problème après tout, répliqua Shikamaru en mesurant difficilement le ton de sa voix.
– Parfaitement, c'est mon problème ! T'as rien à voir là-dedans.
– Très bien !
– Merveilleux !
– Tu m'en diras tant !

Les yeux dans les yeux, ce n'était plus le moment un peu tendre, un peu gênant et surtout un peu hors du temps où ils avaient découvert comme une chose rare et étrange dans le regard de l'autre, mais plutôt deux hargneux qui se fixaient en chien de faïence.
Sourcils froncés et le visage plein d'une colère mal rentrée, le jeune homme ne quittait plus les yeux furieux de la jeune fille.
Subitement, il tourna les talons, les mains enfoncées dans ses poches et la laissa plantée là avec les ivrognes du bar
– Et puis débrouille-toi toute seule, ce n’est pas mon problème.
Trois semaines auparavant, quand Shikamaru n’avait pas encore réalisé que Temari pouvait lui faire éprouver autre chose que du sarcasme…
– C’est de ta faute !
– Bien sûr. Comme toujours.
– Tout est de ta faute !
– Tu viens de le dire et je t’ai répondu que j’étais d’accord avec toi, répliqua Shikamaru qui, tirant sur sa cigarette, regardait la jeune fille s’exciter sur les marches de pierre qui menaient à la bibliothèque avec un air blasé tout en restant assis sur la surface irrégulière et froide des vieux pavés.
– Comme si tu croyais un seul mot de ce que tu viens de dire !
Là, elle n’avait pas tord. C'était peu dire que rien de ce qu'il venait de dire n'était la vérité.
– C’n’est pas dramatique. C’est qu’une biblio’.
La jeune femme se tourna vivement vers lui avec un air furibard.
– Qu’une bibliothèque ? Tu te fous de moi, Nara ?! Et nos recherches on les fait comment ?
– C’est une bonne question. J’en ai aucune idée, acheva-t-il en haussant les épaules.
– Me dis pas que tu t’en fous, quand même ?

Shikamaru prit le temps de souffler sa cigarette et la regarda du coin de l’œil avec un sourire sarcastique.
– Si. Un peu.
Temari ne sut pas trop ce qui la fit voir rouge. Son petit air de connard satisfait, cette saleté de cigarette qui brûlait entre ses doigts ou bien cette manie insupportable de se foutre de tout n'importe où et n'importe quand.
Mais elle vit rouge.
Ses yeux lançaient des éclairs menaçants et impitoyables tandis qu'elle serrait un manuel entre ses doigts.
– Toi. Tout-est-de-ta-FAUTE ! Hurla-t-elle en lui jetant son livre à la figure dans un geste de rage désespérée.
Shikamaru se protégea de ses bras et le manuel retomba sur le sol, ouvert vers le ciel, dans un choc sourd. Ses pages blanches imprimées voletèrent sous le souffle du vent.
– Gaffe aux bouquins, espèce de furie, marmonna le garçon en ramassant l'ouvrage.
Il le referma précautionneusement et le posa à côté de lui pendant que Temari s'égosillait contre lui sans qu'il daignât seulement lui accorder une oreille à peine attentive.
Son visage était complètement rouge de fureur, remarqua-t-il en tirant une nouvelle fois sur sa cigarette. Et elle était complètement décoiffée.
Dieu, il n'aimerait pas être à la place du pauvre type qui allait se marier avec elle et se la coltiner jusqu'à la fin de ses jours pour le meilleur et vraisemblablement pour le pire.
Quoique, encore faudrait-elle qu'elle trouve un mec suffisamment à côté de ses pompes... Pour ce que ça pouvait l'intéresser de toute façon.
Il expira la fumée tandis que Temari hurlait toujours à l'injustice. Il chopa le terme « petit con » au passage. Tiens, son vocabulaire était toujours aussi fleuri.
C'est qu'elle ne s’améliorait pas cette barge.

Un courant d'air frais s'engouffra dans sa veste ouverte et il frissonna légèrement.
La vache, il faisait encore froid. Il serait temps de songer à rentrer se mettre au chaud, songea-t-il en regardant autour de lui. Sa mère était en train de faire des gaufres quand il était parti. Enfin, pas sûr. Mais une bonne gaufre, qu'est-ce que ça lui ferait du bien. Avec du sucre glace. Ou du chocolat. Fallait choisir.
Nom d'un chien, on allait le prendre pour Naruto.
Mais la bouffe restait de la bouffe quoi qu'on en dise et il ne crachait pas dessus.
Un bus passa sur l'avenue.
C'était lequel déjà qu'il devait prendre pour rentrer ? A tous les coups, soit il allait le manquer de peu, soit il allait devoir attendre trois plombes.
Mais rentrer à pied, quelle galère... En plus, ça impliquait le fait de devoir se coltiner l'autre furie une certaine partie du chemin.

D'ailleurs, elle était toujours en train de hurler celle-là. Il commençait à avoir mal aux tympans, tiens. Au moins, elle ne risquait pas de se les cailler si elle continuait sur cette voie. A la voir aussi rouge, on aurait dit qu'elle s'était frottée à un radiateur brûlant.
– ... Quoi ça sert qu'on essaie de bosser puisque de toutes façons t'es qu'un sale petit emmerdeur tout juste bon à me pomper l'air ! Tu m'écoutes quand je te parle, au moins ?!
– Non, marmonna Shikamaru en écrasant son mégot sur le bitume.
Il rentra ses mains dans les poches de sa veste, le menton caché par son écharpe tricotée par. Dieu, il faisait frisquet aujourd'hui.
– Bah je m'en vais si c'est comme ça, déclara tout net la blonde en tournant les talons d'un air orgueilleux.
Shikamaru ricana. Elle ne croyait quand même pas qu'il allait la retenir.
Non, Temari ne croyait pas qu'il allait la retenir. D'abord, elle n'espèrerait pas tant d'un mec pareil mais surtout ce n'était pas du tout son genre. Quand Temari disait quelque chose, elle le faisait. Point barre.
Elle n'était pas le type de nana à faire tourner un mec en bourrique juste pour le voir ramper à ses pieds dans un signe de complète soumission.
Trois semaines plus tard... Vous connaissez la chanson
– Oh ! Pauvre garçon ! Fit l'un des hommes en desserrant un peu plus sa cravate. Le voilà vexé.
Les autres ricanèrent bruyamment et Temari leur lança un regard assassin.
– Vous, la ferme ! Ou je vous jure que vous allez le regretter !
Sur ces mots, elle se détourna, toujours plus furieuse à chaque instant.
Qu'est-ce qui lui prenait à cet abruti de la laisser en plan avec des pervers ? Il n'avait vraiment pas de conscience ?
Marchant à pas rapides, les mains dans les poches de sa veste elle gardait la tête baissée, des éclairs dans les yeux.

D'accord, elle aurait pu se débrouiller toute seule, coller une gifle à l'un d'entre eux pour les calmer tous mais ce n’était pas une raison. Et si elle avait eu des problèmes, hein ? Ça aurait été complètement de sa faute à lui ! Et tant mieux ! Comme ça il aurait ressenti un tant soit peu de culpabilité !
« Mais quel crétin, mais quel crétin » Pensait-elle toujours, alimentant sa colère d'un feu brûlant qui la réchauffait.
En plus, maintenant qu'il l'avait laissée tomber, elle ne savait plus du tout où le trouver ! Fallait pas être fou pour se tirer sans un regard en arrière, sans se soucier d'où elle pouvait être ?
Elle aussi elle avait des raisons d'être en colère ! C'était lui qui l'avait embarquée dans cette histoire sans lui demander son avis ! Elle aurait dû être en cours à cette heure-ci et non pas se retrouver à traîner dans les rues à la recherche de cette espèce d'abruti fini !
Et ce n’était pas eux qui étaient allés chercher les pauvres types qui sortaient du bar, qu'elle sache ! Ils étaient venus tous seuls eux aussi !

Ses mains frissonnèrent légèrement dans ses poches bien qu'elles fussent au chaud tandis que ses joues s'embrasaient d'une chaleur due à une tout autre émotion que la colère.
C'était elle qui avait alimenté cette dispute, certes, mais elle en avait eu besoin. Elle l'avait regardé droit dans les yeux avec une telle intensité qu'elle avait eue peur qu'il ne découvre toute la vérité. Qu'il ne voie dans son regard ce qu'elle cachait à tous depuis plusieurs semaines. Or, elle était décidée à emporter le secret dans la tombe.
Tout, plutôt qu'il n'apprenne la nature de ses sentiments et qu'il se moque d'elle ouvertement.
Elle sentait déjà sur elle la brûlure cuisante de son rire sarcastique et de ses piques mesquines si ce qu'elle ressentait pour lui était dévoilé aux yeux du monde.
Qu'on dise d'elle n'était qu'une froussarde, très bien mais elle refusait clairement qu'on se paie sa tête. Surtout pour ça.
Elle faisait tout pour protéger son cœur, elle qui n'avait jamais voulu entendre parler d'amour.
C'était futile, débile.
L'amour avait mis le cœur de Sakura en compote.
Ino jouait avec celui que les garçons lui portaient.
Hinata en devenait encore plus maladroite.
Et Tenten, elle-même, était toute tourneboulée quand on lui parlait de l'objet de ses pensées.
C'était quoi l'amour, d'abord ? Des jambes en coton, un cœur qui fait des loopings, des phrases incohérentes, des joues tellement cramoisies qu'on n’aurait pas fait mieux avec un coup de soleil et surtout, surtout la tête pleine de lui ? Merci, mais si elle avait pu, elle aurait dit non merci.
Fallait croire qu'on son avis n'était requis. Fallait croire qu'on la prenait pour une cloche.
Elle avait essayé tant bien que mal de reprendre sa vie en main, d'outrepasser ses sentiments, faire comme si de rien n'était et même de se dire que tout ceci n'était que sornettes sans importantes. Conneries qui ne mériteraient même pas un coup d'œil.

Mais fallait croire que ce n'était pas possible. Désormais, elle ne voyait plus que lui, ses yeux noirs plus souvent ennuyés qu'autre chose, son sourire sarcastique et sa moue qui démontrait clairement qu'il n'en avait rien à foutre de ce qu'on pouvait lui dire.
Et, désormais, elle n'entendait plus que sa voix rendue un peu rauque par les années à fumer, ses piques médisantes, mesquines et aussi cette manière si particulière qu'il avait de prononcer son nom. Pour sûr, il ne se rendait même pas compte de l'état dans lequel ça la mettait.
Le cœur en compote comme Sakura, voilà ce qu'elle avait.
La jeune fille regarda autour d'elle dans l'espoir de l'apercevoir.
Sa fierté lui disait de ne pas partir à sa recherche et elle ne le ferait pas de toute façon. Il avait décidé tout seul de se tirer, qu'il s'en morde les doigts maintenant.
Temari se demanda un instant si Shikamaru était le genre de mec à se mordre les doigts pour avoir laissé une fille en plan.
Pas sûr.
D'accord, elle avait cherché les ennuis et l'avait engueulé quand il lui avait conseillé de se calmer. Mais ce n’était vraiment pas la peine de se barrer. Il aurait attendu cinq minutes de plus et il aurait bien vu qu'elle se serait calmée toute seule.
Mais Shikamaru n'était pas le genre à attendre qu'une fille se calme, à la regarder déverser sa rage sur le premier venu. Il n'était pas vraiment l'exemple même de la patience ; quand quelque chose le lui ennuyait il s'en allait sans chercher à en supporter davantage.
Et Dieu que ça l'agaçait ! Jurait Temari en pensée. Ce mec ne méritait vraiment pas qu'on s'intéresse seulement à lui.

Pourtant, alors qu'elle marchait un peu plus vite dans les rues fréquentées du centre-ville, elle regardait autour d'elle avec une anxiété qui voilait son regard vert.
Où était-il passé ?
Elle avait vu de la colère dans ses yeux noirs avant qu'il ne se détourne et ne disparaisse au détour d'une rue.
Car c'était bien de la colère, n'est-ce pas ?
Et maintenant, elle n'arrivait plus à le retrouver.
Même quand il était venu réclamer des excuses à l'intention de Chôji il n'avait pas semblé furieux. Agacé, sûrement, peut-être même très légèrement mécontent. Après tout, Chôji était son meilleur ami.
Une seule fois, elle l'avait vu à deux doigts de sortir ses gonds bien que ce ne fût pas à cause d'elle. Mais furieux, jamais.
Cette idée la dérangeait. Qu'est-ce qui avait bien pu le mettre en colère ? Après tout, ses colères à elle étaient communes et il n'était pas rare de la voir s'égosiller contre n'importe qui.
Alors quoi ?
Inconsciente, elle était complètement inconsciente, maugréait Shikamaru, les poings toujours enfoncés dans ses poches.

Ces types avaient bu un coup de trop et elle n'avait fait que leur échauffer un peu plus le sang. Elle n'avait pas vu comme ils la regardaient ? Le fait qu'elle leur accorde de l'attention et s'énerve contre eux les avait juste excités un peu plus.
Oh, bien sûr qu'elle était capable de se débrouiller seul, il le savait pertinemment mais elle restait une fille.
Shikamaru s'arrêta net au milieu du trottoir.
...Une fille...
Cette idée lui porta un étrange coup au cœur et il le sentit faire une embardée sévère dans sa poitrine.
Une fille.
Il se morigéna intérieurement.
Bien sûr que Temari était une fille.
Non pas une furie échappée d'une dimension parallèle.
Pourtant, cette idée le rendait bizarre.
...Une fille... Temari était une fille...
Il secoua brutalement la tête alors qu'il revoyait en pensée la ligne de sa poitrine qu'on devinait à travers sa veste et les courbes nettes de ses fesses.
Dehors les idées ! Dehors !
Il grommela entre ses dents. Maudite soit cette nana, même quand elle n'était pas là, elle le faisait tourner en bourrique.
Et dire qu'il l'avait laissée seule. En compagnie d'un groupe de pervers à l'esprit embrouillé par l'alcool.
« Ça lui apprendra » Tenta-t-il de se persuader. Elle n'aurait pas dû l'engueuler.
Mais un malheur était si vite arrivé.

Il s'arrêta de nouveau au beau milieu du trottoir, les dents serrés. Son amour-propre lui dictait de poursuivre son chemin parce que, après tout, il n'accepterait pas qu'une fille l'engueule comme si de rien n'était.
Mais c'était dur de ne pas regarder en arrière.
Car son cœur lui jouait un tout autre air.
– Nara !
En l'apercevant enfin, Temari avait soupiré de soulagement. Elle courut à sa rencontre alors que lui reprenait son chemin sans l'attendre.
– Où est-ce que t'étais passé ? Accusa-t-elle en calquant son pas sur le sien. Je t'ai cherché partout !
Shikamaru n'ouvrit même pas la bouche, les mains toujours enfoncées dans ses poches, son regard impassible fixant le trottoir loin devant lui.
Temari fronça les sourcils.
– Nara ? Fit-elle en lui touchant le bras.
Il tressaillit imperceptiblement mais ne modifia pas son allure.
– Tu me fais quoi là ? Poursuivit la jeune fille en serrant son bras plus fort. Tu ne serais tout de même pas en colère ? Ce serait un comble !
Pourtant, il ne desserrait toujours pas les dents.
– Eh ! Tu me réponds quand je te parle ? C'est toi qui m'as embarquée dans cette galère que je sache !
Elle voulut le forcer à s'arrêter mais il ne parut même pas prendre conscience de son geste et poursuivit son chemin comme si elle n'existait pas.
Temari en resta interdite. Il lui faisait quoi là ? Une crise ? Lui ? Shikamaru Nara ? Le plus grand je m'en foutiste que le monde ait jamais porté était en train de lui faire la gueule ?
Elle ne savait pas trop si elle devait s'en sentir blessée ou lui casser la figure sous le coup du mécontentement. Ou éclater de rire.

Elle aurait pu ressentir de la fierté, songea-t-elle, si elle n'avait autant bouilli et si elle ne s'était pas sentie, et c'était un sentiment désagréable, abandonnée. Après tout, ce n'était pas donné à toutes les filles de mettre Shikamaru en colère.
Elle détestait son mutisme. Et elle détestait encore plus le fait d'en être peinée.
Et elle détestait encore plus qu'il fasse comme si elle n'existait pas.
– Nara, fit-elle d'une voix vibrante, tu as cinq secondes pour tourner la tête et réaliser ma présence ou je te jure que tu vas regretter le jour de ta maudite naissance.
Entre la tristesse et la colère, Temari préférait la colère. Et elle ne savait pas la matérialiser de meilleure manière qu'en cognant sur l'objet de sa fureur.
C'était une promesse, Shikamaru allait en prendre pour son grade.
Un.
Deux.
Temari prépara sa main.
Trois.
Quatre.
Shikamaru ne ralentit pas son pas.
Cinq.

Une claque retentissante s'abattit à l'arrière de la tête du jeune homme. Il fit mine de ne pas l'avoir sentie et poursuivit sa route, ses poings serrés dans ses poches.
On lui avait appris à ne pas brutaliser une femme, quand bien même elle serait une vraie peau de vache avec lui.
Usant de ses dernières traces de patience, il continua son chemin sans trop savoir où il allait.
Tout ce qu'il savait c'était que sa colère augmentait à chaque instant quand Temari se trouvait près de lui et qu'il fallait qu'il y mette un terme.
Inconsciente, complètement inconsciente.
C'était tout ce qu'il parvenait à se répéter.
Trois semaines auparavant quand deux yeux verts n'avaient pas encore rencontré deux yeux noirs...
Ils étaient dans la panade. Voilà trois jours qu'ils ne se parlaient plus et la date butoir pour rendre le devoir avançait à grands pas.

Sauf que Temari refusait d'adresser la parole à Shikamaru et que Shikamaru avait décidé qu'il n'était pas question qu'il se prenne une claque de plus. La première n'était pas sans savoir qu'un jour prochain – et mille fois maudit – elle allait devoir mettre sa fierté mal placée de côté histoire de ne pas être recalée dans la classe du prof Hatake ce trimestre tandis que le deuxième aurait dû se douter que, quoiqu'il fasse, il allait encore se prendre quelques coups d'ici la fin de l'année, alors un de plus un de moins...
Tenten songeait à l'un et l'autre en soupirant. Elle secoua la tête, faisant voleter des mèches de cheveux châtains de ses deux macarons qu'elle avait fait à la va-vite dans la matinée et tourna la tête vers Ino qui ne prêtait même pas un regard à l'intention de Temari qui se trouvait un peu plus loin, adossée contre une rangée de casiers, l'air visiblement sombre.
– Bon, que fait-on ? Fit la brune à l'intention de sa blonde amie. Hatake n'est qu'un sadique et il n’hésitera pas à leur faire mordre la poussière.
Ino contempla ses ongles manucurés en se mordillant la lèvre inférieure. Elle avait tellement envie de les ronger... Comme une de ces envies soudaines qui la prenaient parfois...
Dans un geste impatient elle fourra sa main dans la poche de sa veste et tourna finalement les yeux vers Tenten.
– Ça leur apprendra à ces deux foutues têtes de mule. C'est leur problème, laisse-les tranquille.
Tenten voulut rétorquer quelque chose mais une main s'abattit brusquement sur son épaule, la forçant à se retourner.
Le sourire jovial de Naruto lui fit face.
– Quoi ? Demanda-t-elle d'un air épuisé. Qu'est-ce qu'il y a ?
Le jeune homme retint un ricanement devant sa mine et se pencha à sa hauteur.
– Pourquoi t'es en train de tirer la tête de quelqu'un qui vient de passer une nuit blanche ? Fit-il en haussant un sourcil.

Elle lui répondit d'un signe de la tête en direction de Temari.
– Ah ce n'est que ça ! S'exclama Naruto en haussant les épaules. Laisse couler, ça leur passera !
– C'est ce que je me tue à lui dire depuis tout à l'heure, renchérit Ino qui persistait à se mordiller la lèvre inférieure, signe d'un vague stress.
Tenten lui adressa un regard désabusé. S'était-elle déjà tuée à quelque chose ?
– Ils doivent faire un travail en commun et ils n'ont réussi qu'à se faire virer de la bibliothèque. D'après ce que j'ai compris, tout serait la faute de Shikamaru.
– D'après Temari, tout est toujours la faute de Shikamaru, grogna Naruto.
– Ou des autres, ajouta la blonde.
– Temari a un sale caractère, c'est vrai, accorda Tenten, mais on en parlera plus tard. Pour l'instant il s'agit juste de les rabibocher un court moment afin qu'ils ne se récoltent pas un beau zéro.
Ino soupira tandis que Naruto levait les yeux au ciel, fatigué d'avance.
– Tu parles d'une galère... J'ai la tête de quelqu'un fait pour mourir dans la force de l'âge peut-être ?
C'est ainsi qu'ils décidèrent de monter un plan pour que Shikamaru et Temari ne deviennent pas les nouveaux « cancres de la classe ». Naruto déclarerait plus tard qu'il avait mis tellement de cœur à obtenir cette place qu'il n'allait pas laisser ces deux espèces d'imbécile la lui piquer sans rien tenter.
Sakura, Chôji et Hinata se joignirent à eux, pleins de bons sentiments et Kiba, qui aimait bien taquiner Hinata parce qu'elle rougissait pour un rien et qu'il trouvait ça trop mignon, fit de même sans se faire trop prier. « Chassez le naturel et il revient au galop »

Certes, mais Kiba ne s'était jamais empêché d'être ce qu'il était.
Et puis Ino aussi était marrante à toujours l'ignorer proprement et à réduire en charpie son pauvre cœur, à l'agonie depuis qu'il s'était déclaré fou d'amour pour elle. Et de son caractère impossible.
Quant à Sasuke, Naruto eut beau se mettre à genoux, lui proposer une somme d'argent faramineuse, Sakura dans un papier cadeau ou encore un week-end au bord de la mer, rien n'y fit.
Ce sale gamin aurait beau se traîner à ses pieds en l'implorant, ça ne le ferait pas changer d'avis, de l'argent il en avait à ne plus savoir qu'en faire et sa peau ne supportait pas le soleil.
... Quoi Sakura ?
Il ne leur fallut pas trop longtemps pour trouver un plan et ils se mirent au travail dès le début de l'après-midi. En fait de plan, il s'agissait juste de trouver un bonne excuse pour que les deux meilleurs ennemis se retrouvent au même endroit sans qu'ils ne se doutent de quelque chose.
Et sans qu'il n'y ait de morts, cela allait sans dire.
Quand Ino émit l'idée que Temari allait se jeter sur Shikamaru s'il entrait dans son champ de vision, Kiba ne put s'empêcher de lui répondre que personnellement, ça ne le dérangerait pas qu'une femme se jette sur lui.
De toutes évidence, soit il le faisait exprès, soit il n'avait pas compris que si Temari se jetait sur Shikamaru ce serait très certainement pour le tuer et non pour faire ce qu'il pensait qu'ils feraient.
Ino ne chercha même pas à le deviner. Ce jour-là, elle décida que Kiba Nuuk n'était pas une lumière. Et qu'il était inutile de lui accorder un semblant d'importance.
L'on décida que ce qu'on pensait être le dernier acte de cette pièce se jouerait dans un local jamais fréquenté où les deux êtres les plus insupportables pourraient travailler en paix.
Ino ajouta une nouvelle remarque : Si on les mettait ici, on n'entendrait jamais les cris d'agonie de Shikamaru quand Temari déciderait de le tuer.
Eh bien soit.
– Temari ! Temari ! Cria Sakura d'une voix aiguë en courant vers son amie d'un air affolé.

Quelques têtes se tournèrent vers elle dans le couloir mais elle ne leur prêta aucune attention et s'arrêta juste devant son amie, essoufflée au possible.
– Il faut... que tu viennes... Hinata...
La blonde fronça les sourcils.
– Quoi Hinata ?
Penchée en avant, les mains sur ses genoux et ses longs cheveux roses tombant devant son visage, Sakura tentait de reprendre son souffle.
On pourrait dire qu'elle jouait très bien la comédie mais le souffle lui manquait réellement et le point de côté qui la faisait grimacer n'avait rien d'une chimère.
– Crise... d'asthme...
C’aurait pu paraître comique quand on voyait l'état dans lequel elle-même était.
Elle n'eut pas le temps de songer plus avant à ce qu'elle disait, Temari l'empoignait déjà par les épaules.
– Où ça ? Fit-elle d'une voix stridente réellement paniquée.
– Bibliothèque... Salle des archives...
Sans chercher à en savoir plus, Temari se rua vers l'endroit indiqué.
Elle aurait peut-être dû se poser les questions élémentaires comme : « N'aurait-il pas fallu prévenir l'infirmière d'abord ? » ou encore « Hinata n'était-elle pas diabétique en réalité ? ».

Sakura la regarda partir avec un petit sourire aux lèvres. Ça servait parfois de regarder des séries débiles à la télé. Et ça servait aussi d'avoir une amie aussi emportée qui n'écoutait jamais qu'à moitié ce qu'on lui racontait.
Elle avisa Sasuke qui faisait mine de ne pas s'intéresser à ce qu'il venait de se produire et jouait machinalement avec ses clés. La demoiselle s'avança vers lui avec un petit sourire candide.
Son cœur battait toujours un plus fort que d'habitude mais il était désormais loin le temps où Sasuke Uchiwa faisait fondre son cœur et la transformait en guimauve.
Cela faisait désormais trois ans...
– Salut Sasuke ! Lança-t-elle, arrêtant le cours de ses pensées.
Il lui adressa un signe de la tête, plongeant mains et clés dans ses poches.
– Hyûga a un problème ? Demanda-t-il.
Sakura éclata d'un petit rire qui chanta aux oreilles de Sasuke.
– Non, non... Il s'agit juste d'une petite plaisanterie à l'attention de Temari et Shikamaru... Répondit-elle avec un air faussement mystérieux et surtout jovial.
Elle lui adressa de nouveau un sourire et prit congé le plus naturellement du monde avec un petit signe de la main, ajoutant qu'elle avait quelque chose d'autre à faire maintenant.
Sasuke supputa qu'elle allait sûrement se plonger dans un nouveau livre, comme le faisait toujours depuis qu'il la connaissait.
Sans s'en rendre compte, il la regarda partir tandis qu'elle disparaissait au bout du couloir, avec dans son cœur de glace comme une lame de chaleur qui s'infiltrait doucement
Sakura, elle, poursuivait son chemin, toujours un léger sourire aux lèvres.
Sasuke, lui, finit par détourner les yeux.

Cela faisait désormais trois ans que Sasuke Uchiwa avait rejeté Sakura Haruno.
Quand Temari arriva devant la salle des archives, elle la trouva complètement vide avec seulement une table tirée au milieu des rangées de dossiers, des feuilles, des stylos et des livres d'Histoire sur Konoha posés dessus.
Elle resta un instant interdite avant de réaliser qu'on était en train de lui jouer un mauvais tour et décida qu'il était plus que temps de mettre les voiles sans demander son reste.
Jurant et grognant, elle se retourna mais rencontra le torse d'une personne diablement grande et imposante.
La jeune fille leva les yeux et ceux-ci furent traversés d'un éclair de colère.
– Chôji, je te donne trois secondes pour t'ôter de mon chemin ! Je ne sais pas trop à quoi vous jouez avec Sakura mais je n’ai pas l'intention de me faire avoir !
Le jeune homme se contenta de lui adresser un sourire innocent.
– C'est pour ton propre bien ! Affirma-t-il en l'écartant sans effort tandis qu'elle tentait de sortir.
Sans comprendre ce qu'il lui arrivait, elle vit la porte se claquer sur son nez.
Chôji se boucha les oreilles dès que les cris stridents de Temari résonnèrent à travers la porte. Une grimace crispée sur son visage rond, il songea que dans deux secondes, la situation serait pire.
Parlez-moi d'euphémisme... Songea-t-il avec raison.
Deux secondes plus tard, la situation était en effet pire puisque que Naruto et Kiba arrivaient en tenant fermement un Shikamaru qui faisait son possible pour se débattre.
– Lâchez-moi ! 'Faîtes chié !

Il ne savait pas trop ce qui l'emmerdait le plus : qu'on l'embarque sans lui demander son avis ou le fait que ses deux amis ricanaient bêtement, persuadés de faire la blague du siècle.
Ni une ni deux, il entendit une porte s'ouvrir et se vit jeté dans une pièce. Il se retournait à peine que la porte en question se claquait brusquement.
Une seconde plus tard, une main s'abattait sur son crâne.
Finalement, il l'avait eu sa claque.
L'instant d'après des cris suraigus résonnaient de nouveau, plus hystériques encore que les précédents.
Trois semaines plus tard... Shikamaru... Temari...
Comme si l'histoire se répétait, Shikamaru et Temari refusèrent une nouvelle fois de s'adresser la parole.
Seulement, aujourd'hui, c'était Shikamaru qui restait enfermé dans sa colère.
Les jours s'étaient écoulés, égrenés comme des grains de sables dans un poing entrouvert, et il aurait dû se sentir vidé de toute cette colère qu'il n'avait jamais ressentie auparavant.
Pourtant, elle ne s'en allait pas. Au contraire, au fur et à mesure que le temps passait, il se sentait de plus en plus furieux.

Mais pas contre elle.
Oh, bien sûr, il la jugeait toujours aussi imprudente et inconsciente. Toujours aussi stupide, énervante, exaspérante, colérique et absolument épuisante.
Mais il n'était plus aussi en colère contre elle. L'avait-il jamais été d'ailleurs ?
Parce que, désormais, il le devinait, quand bien même il avait tout fait pour ne pas s'en rendre compte.
Il était furieux contre lui-même.
Furieux parce que Temari avait réussi à le mettre en colère.
Furieux parce qu'il agissait impulsivement.
Furieux parce que cette fille lui prenait la tête.
Furieux parce qu'il avait réalisé que c'était une fille.
Ça n'aurait pas dû le frapper autant. Il aurait dû s'en foutre complètement. Après tout, les T-Rex femelles, ça existait aussi. Il le savait, il avait vu ça dans un bouquin.
Des visions d'elle en sport, seulement vêtue d'un short moulant et d'un tee-shirt qu'elle avait dû piquer à son plus petit frère lui revinrent en tête, rapidement suivies d'autres, cette fois tout droit sorties de son imagination.
Il s'y voyait, sans trop savoir comment, embrasser ses lèvres, caresser audacieusement son corps tout en formes alliant la fermeté douce de sa peau à la rondeur de ses hanches et de ses seins, prendre ce qu'il voulait des trésors qu'elle lui offrait.

Shikamaru se frappa la tête de la main en se morigénant sans se soucier des personnes qui le regardaient avec un air perplexe.
Et il y avait ces yeux... Ces maudits yeux... Où est-ce qu'ils étaient passés pendant tout ce temps, ceux-là ? Il aurait dû les voir avant, non ?
– Dehors, grogna-t-il pour lui-même. Dégage de là. Sors de ma tête, sale peste.
Pourquoi le fait de penser à elle et à son. Ahé. Corps était-il venu en même temps qu'il avait réalisé qu'elle était une fille ?
– On peut savoir à qui tu parles ? Fit une voix féminine dans son dos, visiblement agacée.
Shikamaru grogna.
Pas maintenant. Pas celle-là.
Trois semaines auparavant... Quand Shikamaru n'était pas encore étrangement torturé par sa libido... Et deux yeux verts... Ou bleus...

Shikamaru et Temari se regardaient en chien de faïence. Encore.
Une fois qu'elle avait eu fini de beugler, elle s'était posé dans un coin de la pièce, entre l'étagère métallique qui contenait les dossiers des élèves de 1965 et le mur.
Shikamaru la regardait d'un air blasé, une cigarette éteinte entre ses doigts.
Il avait à peine jeté un coup d'œil à la salle et à ce qui se trouvait sur la table, haussant à peine les sourcils. Ne fallait pas être Einstein pour comprendre pourquoi ces tordus les avaient enfermés ici... Il se demandait quand même comment ils avaient fait pour monter un coup pareil sans se faire pincer par un prof. Quelle bande de tordus, vraiment...

Se doutant que lesdits ne reviendraient pas avant un bout de temps et qu'ils n'avaient pas prévu que rester ici leur ferait manquer les cours à tous les deux, il fut tenté de rester planté au beau milieu de la pièce, mains dans les poches, en attendant que le temps passe.
Mais il décida, finalement, qu'il ferait comme d'habitude, c'est à dire ne pas s'abaisser au niveau de Temari.
Il tira une chaise de sous la table et s'y installa sans autre forme de procès. Rangeant sa cigarette dans un paquet malmené et déjà bien entamé, il s'empara négligemment d'un stylo et d'une feuille avant de prendre un livre parmi la pile d'ouvrages qu'on leur avait galamment laissé.
Ses yeux en parcouraient les pages tout en écrivant d'une écriture brouillonne et complètement décalée. Temari le regardait d'un œil soupçonneux qu'il faisait mine de ne pas avoir remarqué.
Il poursuivit son travail, notant des citations, s'arrêtant sur les passages qui méritaient de l'attention.
Car, après tout, si Shikamaru Nara était un surdoué qui ne sortait jamais les mains de ses poches, cela ne voulait pas dire qu'il ne savait pas s'atteler à la tâche quand le besoin s'en faisait sentir. Si ensuite on lui foutait la paix, il était même capable de le faire sans se plaindre.
Un moment passa. Temari ne le quittait pas des yeux, sourcils froncés et lui, il continuait de faire le travail demandé.

Ce qu'il ignorait c'était que, si elle restait dans cette position de défense, prostrée dans un coin de la pièce, c'était parce qu'elle se livrait un véritable combat intérieur.
Qu'est-ce qui lui prenait à ce type au juste ? Il savait vraiment travailler ou c'était une grosse blague ?
Après le coup qu'on venait de lui faire, elle était prête à croire n'importe quoi. Quand elle tiendrait Sakura et les autres, ils allaient passer un sale quart d'heure...
Pleine d'envies morbides, elle se força à reporter son attention sur Shikamaru qui travaillait avec, était c'était assez étrange de le penser comme ça, un certain sérieux.
Le dos légèrement courbé, ses yeux noirs suivaient les lignes imprimées d'un gros livre fatigué. Pas de moue renfrognée, pas de sourire sarcastique, seulement une mine sérieuse qui lui montrait un Shikamaru qu'elle n'avait jusqu'alors jamais soupçonné.
Quand ils avaient travaillé à la bibliothèque, il s'était montré brillant mais aussi moqueur, sarcastique et machiste alors qu'en ce moment-même, il avait juste l'air concentré sans qu'une seule remarque acerbe ne vienne perturber ses traits détendus.
Temari pencha la tête sur le côté, un air interrogateur sur le visage.
C'était... amusant de le voir comme ça. Mais surtout étrange. Bizarre. Pas normal.
– Pourquoi tu fais ça ? Demanda-t-elle avant d'avoir pu se retenir.
Shikamaru sursauta et leva les yeux de son livre pour les porter sur elle, vierges de toute trace de sarcasme.
– Hein ?

Elle fit un signe du menton vers les feuilles barbouillées d'une écriture en pattes de mouches et les livres ouverts sur lesquels il avait griffonné sans remords.
– Ça... Pourquoi tu bosses maintenant ?
Il fronça les sourcils et garda le silence.
– Faudra bien le faire un jour, soupira-t-il finalement en haussant les épaules. Et je n’ai pas envie de prendre racine ici.
Temari se retint d'acquiescer à ses paroles, se contentant de hausser les épaules à son tour.
– Et puis le prof Hatake nous passerait un savon si on ne faisait pas le boulot, murmura-t-elle en fixant la main de Shikamaru qui tenait le stylo.
Il l'avait levée de sa feuille, en plein milieu d'une phrase, comme s'il s'était arrêté pour réellement écouter ce qu'elle avait à dire. Et ça aussi c'était assez étrange, bizarre et pas net ; jamais encore il n'avait prêté attention à ce qu'elle pouvait bien raconter.
– Je m'en fous du prof, répliqua Shikamaru dans un grommellement qu'elle perçut à peine.
– Bah alors...
– J'te l'ai dit, non ? J'ai envie de sortir. Y'a des détecteurs de fumée, ajouta-t-il en lui montrant le plafond, alors je ne peux pas m'accorder une seule cigarette.
Temari opina cette fois. Elle avait déjà vu Shikamaru sans clope au bec et il était encore plus agaçant. Il devenait plutôt impatient et ses paroles étaient encore plus acerbes et sarcastiques sans un seul sourire suffisant pour les faire passer pour des plaisanteries insupportables.
– Très bien. Je vais t'aider à alléger ta peine alors.

Les mots la surprirent elle-même mais elle s'était déjà levée pour le rejoindre à la table. La jeune femme s'assit à côté de lui sans rechigner et s'empara à son tour d'une feuille, d'un stylo et d'un livre qui n'était pas encore passé sous le nez de son compagnon de binôme.
Elle retint un sourire moqueur devant sa mine étonnée et se mit au travail.
Ils parlaient peu, se contentant d'échanger leurs informations en se faisant passer leurs notes et pas une seule fois Temari ne critiqua l'écriture illisible du Nara, faisant juste semblant de rajuster des lunettes imaginaires sur l'arrête de son nez, ce qui eut pour effet de faire soupirer un Shikamaru désabusé.
A mesure que les heures avançaient, une pile de feuilles prenait forme entre eux, parfois pleines d'une écriture nette et ronde, parfois gribouillées par une écriture vive et arrachée qui se faisait de moins en moins énergique.
En l'entendant soupirer une nouvelle fois, Temari leva les yeux vers Shikamaru. Il tapotait sa feuille à moitié écrite, du bout de son stylo dans un mouvement saccadé qu'elle trouvait agaçant.
Elle jeta un œil furtif sous la table et remarqua qu'il tapait du pied sous la table dans un mouvement tout aussi frénétique.
– Qu'est-ce que tu regardes ? Grogna-t-il en lui jetant un œil tandis qu'il tournait de plus en plus rapidement les pages de son livre.

Elle fut tentée de lui répondre vertement mais elle se contenta de secouer la tête.
– Rien... Rien du tout.
Elle savait que Shikamaru fumait depuis ses onze ans, précisément à l'âge où sa mère avait décidé de lui faire passer une batterie de tests pour savoir s'il était ou non un enfant attardé puisqu'il ne faisait jamais rien en classe et refusait de répondre aux questions qu'on lui posait.
Le jour où on lui avait appris avec fierté qu'il était un enfant surdoué, il s'était senti énervé et agacé et, devant la mine ravie de sa mère, il avait eu envie de faire un truc qui la mettrait vraiment en pétards.
Carrément en rogne.
Alors il avait piqué une cigarette dans le paquet de son père et était parti la fumer dans sa chambre avec des allumettes piquées dans la cuisine. Il avait suffisamment observé son paternel pour savoir comment faire.
La première fois il toussa si fort qu'il crut qu'il allait cracher ses poumons et resta longtemps avec la cigarette brûlant entre ses doigts tandis qu'il reprenait son souffle, le visage rouge et la respiration sifflante.
Mais Shikamaru était un obstiné et il avait décidé que qu'il rendrait sa mère folle de rage. Alors il avait porté une nouvelle fois la cigarette à ses lèvres, avait aspiré la fumée et l'avait avalée tout simplement.
Il avait toussé une nouvelle fois. Mais il avait recommencé jusqu'à tant qu'il s'arrête.
Temari tenait l'histoire en partie de Naruto. En partie de Kiba. Et aussi un peu d'Ino qui frissonnait encore de la rage dans laquelle était entrée Yoshino Nara quand elle avait découvert que son fils si intelligent faisait une chose aussi « stupide que de se ruiner la santé ! »

A dix-huit ans, Shikamaru fumait une moitié de paquet par jour, parfois plus.
Il avait réussi à rendre sa mère folle de fureur et la gifle qu'il avait reçue, alors qu'il était âgé de treize ans, avait été la confirmation qu'il avait attendue. Maman était en pétards, parfait !
Mais maintenant, il ne pouvait plus s'en passer de cette foutue clope.
Temari ne pipa donc mot mais elle en savait suffisamment pour comprendre que son anxiété, son irascibilité, étaient le résultat d'un manque pernicieux qui lui bouffait peu à peu la patience.
Tandis qu'elle continuait d'écrire d'une manière vive et emportée, la jeune fille lui jetait des brefs coups d'œil tout en prenant soin à ce qu'il ne la remarquât pas.
Mais Shikamaru avait de bons yeux.
– Qu'est-ce t'as encore ? Fit-il d'une voix où perçait une certaine impatience. Ça ne te suffit pas de nous avoir fait enfermer là-dedans ? Faut qu'en plus tu me surveilles ?
– Lâche-moi Nara, la dernière chose que j'ai envie de faire en ce moment c'est te coller une gifle, répliqua-t-elle.
– Mais j't'en prie, sale brute. C'est la seule chose tu sais faire.
Ne – Commence pas à m'énerver.
Elle savait qu'elle ne devrait pas lui répondre, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher, elle n'aimait le fait d'être enfermée dans cette petite pièce, d'avoir été si facilement piégée. Il fallait qu'elle se calme les nerfs. Mais pas sur lui.
Shikamaru tapait la table de son stylo de plus en plus rapidement, à un rythme presque frénétique.
Il lui jeta un regard noir qu'elle soutint sans ciller, le visage enflammé de fureur.
– Vas-y, énerve-toi. De toutes façons, pour ce que tu ressembles à une nana, tu peux bien piquer une foutue gueulante.
– Mais c'est que t'as vraiment envie de te prendre une tarte, ma parole !
– Si tu me touches, je te jure que tu vas le regretter...
– Tu crois que tu me fais peur, Nara ?
– C'est vrai qu'avec ta force de catcheur tu ne risques pas grand chose, asséna-t-il. Championne du monde de poids lourds.
– Toi...
– Qu'est-ce que ça fait d'être aussi féminine qu'un cheval ? Hein, dis-moi !
Temari frappa rageusement sur la table et le bruit se répercuta sur les murs de la pièce avec force. Alors qu'elle avait continué d'écrire tout en supportant les piques, il commençait à dépasser les bornes.
– Ça suffit ! J'ai dit que je refusais de me disputer avec toi !
– Tsss, t'es incapable de te contrôler ! Toujours à foutre des claques et des gifles, à dégommer les tympans des autres.
– Tu m'énerves, Nara !
– J'en ai autant à ton service ! Ça t'est jamais arrivé de penser que tu pouvais soûler ton monde ? Espèce de sale petite reine.
Temari lui jeta un regard brillant de fureur mais elle ne lui répondit pas, prenant sur elle, elle se concentra à nouveau sur sa copie, la respiration saccadée et la gorge serrée.
Elle accéléra la cadence de ses propres recherches, écrivant à en avoir mal au poignet, parcourant des pages et des pages d'encyclopédies si vite qu'elle crut s'en user les yeux.
Il fallait à tout prix qu'ils sortent d'ici ou ils allaient s'entretuer.
Shikamaru n'arrivait plus à écrire une phrase sans avoir des gestes d'impatience. Il jetait des coups d'œil autour de lui, lâchait brutalement son stylo pour le reprendre avec la même brusquerie, grognait des insultes et des obscénités marmonnées et tournait les pages avec une telle frénésie que, plusieurs fois, elles manquèrent de se déchirer.

Ils n'avaient pas fumé depuis la pause du matin et, à en juger par l'heure qu'affichait sa montre, Temari songea qu'il n'avait pas touché à une cigarette depuis au moins sept heures d'affilée.
Le cœur battant et la respiration saccadée, elle finit par poser le dernier point de la dernière phrase du dernier paragraphe de la dernière page de leur exposé. Le point ressemblait à un trait et son écriture était devenue aussi illisible que celle de Shikamaru.
– J'ai fini ! S'exclama-t-elle d'une voix vibrante de colère et de soulagement confondus.
Elle se rua vers la porte et tambourina sur le battant avec frénésie.
– Ouvrez, bon sang ! On a fini !
– Glisse le dossier sous la porte, fit la voix de Kiba qu'elle sentait ricaner. Je vous ai entendus gueuler.
– Saleté, si ne t’ouvres pas maintenant, je te jure que tu vas regretter le jour de ta putain de naissance !
– Les papiers, répéta Kiba qui faisait un effort incommensurable pour ne pas rire.
Hors d'elle, elle se précipita sur les feuilles et les rassembla en un tas qu'elle fit passer sous le battant de bois.
A peine la porte s'ouvrit qu'elle se précipita au-dehors pour rouer le grand brun de coups tandis que Shikamaru sortait à son tour, beaucoup plus calme, la main pourtant serrée sur son paquet.
Il détestait être en manque et rien que pour ça, il n'était pas près d'arrêter de fumer.
– T'es complètement malade ! Explosa la blonde d'une voix stridente à l'attention de Kiba. Il est insupportable quand il est dans cet état ! T'aurais pas pu choisir une salle sans détecteurs de fumée ?
Kiba afficha un air penaud.
– On avait oublié ce facteur...
– Bande de timbrés !
– Fille galère... fit la voix de Shikamaru derrière elle.

Elle se retourna pour lui faire face. Il tenait une cigarette allumée entre ses doigts et, sous ses yeux, la porta à ses lèvres pour inhaler lentement la fumée dans une inspiration profonde.
Le soupir qu'il exhala l'instant d'après ne lui échappa pas.
Sa clope coincée entre ses doigts, il porta sur un elle un regard amusé qui n'avait plus rien à voir avec la tension qui l'habitait quelques instants plus tôt.
– J'ne savais pas que tu t'inquiétais pour moi à ce point, lança-t-il d'une voix goguenarde.
Le visage de la demoiselle devint flamboyant, cette fois d'embarras.
– Toi, j'te tue si tu me refais un truc pareil, ajouta-t-il pour Kiba en lui donnant une claque sur l'épaule.
Kiba haussa les épaules et ils se détournèrent tous les deux pour quitter le lycée.
Temari hésita à les suivre et son regard se troubla quand Shikamaru se tourna vers elle sans s'arrêter de marcher.
– Fille galère !

Elle plissa les yeux prêts à lui adresser une répartie acerbe mais c'est alors qu'il lui adressa le plus beau sourire qu'elle lui eût jamais vu. Un sourire sincère, sans trace de sarcasme qui, sans qu'elle comprît pourquoi, la réchauffa toute entière.
– Merci.
Et les joues rouges, le cœur un peu tremblant, un peu pantelant, elle ne put s'empêcher de lui répondre d'un même sourire éblouissant. Ses remarques et ses réparties fumeuses se consumèrent dans les fourmillements qui la chatouillaient jusqu'au bout de ses orteils.
Quelques jours plus tard, elle se retrouverait dans sa chambre à maudire ciel et terre. Elle avait réalisé que rougir considérablement et sentir son cœur battre à la chamade quand Shikamaru passait dans le coin, sans oublier le temps qu'elle passait à le chercher des yeux, à guetter ses humeurs, les moindres paroles prononcées de sa voix grave, signifiait forcément quelque chose.
Elle avait eu le coup de foudre – avec beaucoup de retard. Elle était tout simplement tombée amoureuse de lui.
Si elle avait pu, elle le lui aurait fait bouffer, son sourire.
Fin de la deuxième partie





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