Fiction: Our Farewell

"Je ne me demande plus où est Kakashi maintenant. [...] Ce ne sont pas des adieux. Ce ne sera jamais des adieux..." OS/SongFic/KakaSasu
Général | Mots: 2627 | Comments: 2 | Favs: 4
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Angel Of Hell (Féminin), le 03/05/2010
Une autre SongFic : Our Farewell de Within Temptation.
Bonne lecture ^^ =)




Chapitre 1: Our Farewell



Our Farewell



Il y a peu de temps que j'ai compris. Que j'ai compris qu'un ciel tout bleu, bleu jusqu'à l'horizon, bleu jusqu'à perte de vue, n'avait aucun défaut. Pas de nuage sombre, pas de pluie, pas d'éclaire, pas de déchirure. Rien. La perfection à l'état pure. Je ne sais plus trop si c'est pour cette raison que je le regarde des heures et des heures sans jamais m'en lasser. Je ne sais plus pourquoi je le regarde. Je ne sais plus si, jadis, je me suis demandé ce qu'il y avait derrière cet éternel étendu azuréen. Ce que je sais, c'est que c'est bleu. Jusqu'à l'infini. C'est bleu, c'est beau, et j'aime regarder le ciel. Ça me permet de me souvenir qu'un jour j'ai connu ce qu'on appelle « se sentir vivant ».

In my hands, a legacy of memories
I can hear you say my name
I can almost see your smile

Un ange passe. Et je suis sa course dans l'océan au dessus de ma tête. Je me perds, encore, comme si je n'étais pas assez perdu comme ça. Je ferme les yeux. L'air sur mon visage, sur ma peau, j'avais oublié à quel point c'était bon. Un sentiment de sécurité, un sentiment qui me disait que j'appartenais encore au monde entier.

Le ciel, il me ressemble un peu. Il est pâle, il est fort. Mais ce n'est qu'une apparence. Parce qu'au fond, il est fragile. Il se déchire facilement. Qu'un coup de tonnerre et il pleure, et la pluie ne s'arrête plus. J'ai été frappé. Je ne sais pas si on peut dire que je suis debout, que je tiens sur mes deux pieds, que je me suis relevé. Mais comme le ciel, mon semblable, j'ai pleuré, et j'ai crié – des coups de tonnerres qui avaient résonnés partout à l'intérieur de moi, et je m'en souvenais encore. La suite naturelle des choses était la tempête qui avait finalement pris fin.

Quand je ferme les yeux, je vois encore le ciel bleu de ce jour-là. Je crois qu'il y avait un nuage. Qu'un seul. Un cumulus. Il était si beau, si blanc. Je m'en souviens toujours. L'air était si frais, ni trop chaud ni trop froid. C'était un 14 mai, et le soleil brillait. De faibles rayons d'un début d'été. Je sens encore le vent sur mes paupières fermées. Et sa main qui descend lentement sur ma joue, ses doigts frôlant ma peau. Un frisson m'avait parcouru.

Feel the warmth of your embrace
But there is nothing but silence now
Around the one I loved
Is this our farewell ?

- Là où je vais, ce n'est pas loin, chuchota-t-il.

Mais malgré les mots réconfortants, je sais qu'une larme s'était échappée de mes yeux vitreux. Elle avait coulée librement, sans ma permission, pour montrer à la terre entière que je n'étais pas si fort qu'on le disait. Cette carapace se brisait, elle fondait en sa présence, et j'étais vulnérable face à cette réalité : il allait disparaître. Et même si j'avais la force de me relever après chaque blessure en mission, même si j'étais un ninja de renommé, je ne pouvais pas carrier ça. C'était presqu'aussi lourd que de porter le monde sur mes épaules.

Ce jour-là, je me sentais faible. Comme un nuage en suspension dans l'air. J'allais tomber, je flottais, j'étais certain de tomber, mais il y avait ses bras qui se sont doucement refermés autour de moi. Pour me soutenir. Pour me faire du bien.

Ses lèvres s'étaient perdues dans mes cheveux.

- Ce n'est pas loin, murmura-t-il, doucement, si doucement que mes yeux restaient fermés. Ce ne sera jamais loin.
- Je ne te verrai plus, soufflai-je à mon tour.
- Tu n'auras qu'à regarder là-haut.

Il avait prit mon menton, et avait relevé doucement mon visage de sorte que nos yeux se rencontrent. Des ailes poussaient dans mon dos, j'avais l'impression de pouvoir voler, quand j'étais dans ses bras. Le vent continuait de souffler sur nous, emmenant avec lui l'odeur des fleurs, l'odeur de cette clairière, l'odeur de la vie.

- Pas vrai ? Parmi les nuages, je serai là. Je te sourirai. Et tu te sentiras bien.
- Et je n'aurai qu'une seule envie, murmurai-je en sachant pertinemment qu'il fermerait les yeux, qu'il froncerait les sourcils et qu'il prennerait cet air sérieux et inquiet.

Sweet darling, you worry too much, my child
See sadness in your eyes
You are not alone in life
I know you might think that you are

J'avais sentis son emprise se resserrer. J'aurais voulu paniquer. Mais l'instant était trop beau, trop calme pour être gâché. Alors j'avais refoulé toutes ses larmes. Je ne les avais pas vraiment refoulées, en fait. Rien n'allait sortir, de toute façon. Je n'avais pas assez de force, à ce moment-là, pour pleurer. Je n'avais à peine de force pour sentir mon cœur battre, c'était à savoir s'il battait encore.

Finalement, il avait rouvert les yeux et les avait directement plongés dans les miens.

- Tu vivras, Sasuke, susurra-t-il et mon prénom dans sa bouche sonnait douloureux.

Pourquoi sa voix devait être si douce ? Elle me déchirait les entrailles. À cet instant, je me souviens, je n'avais qu'une seule envie : m'enfuir en courant et laisser derrière moi les images floues d'une vie que j'aurais eue avec lui. D'un bonheur que je m'apprêtais à connaître.

- Pas sans toi, continuai-je. J'agoniserai… sans toi.
- Tu te relèveras, s'entêta-t-il.

J'ouvre les yeux, et ce songe s'envole. Les vois s'estompent lentement, elles disparaissent au loin. Je continue de regarder le ciel. C'est comme si rien n'existe autour. Tout perd son sens. Je ne sens plus mon corps, je n'entends plus mon sang couler dans mes veines, pomper dans mes tempes, je n'entends plus la vie qui, pourtant, habite encore mon corps.

Never thought this day would come so soon
We had no time to say goodbye
How can the world just carry on?

Je plisse les yeux. Il a dit qu'il serait là, quelque part, à travers les nuages. Mais il n'y en a pas, là. Je n'en vois aucun. Je cherche, je marche un peu à travers cette clairière qui hante mes nuits depuis très longtemps, et je continue à guetter la moindre tâche blanche sur le bleu infini qui se répand partout. J'attends de voir apparaître le visage que j'aime tant. J'attends quelque chose qui ne viendra pas.

Où es-tu, Kakashi ?

- Laisse-moi tranquille, Sakura, grognai-je un soir, dans mon lit, enseveli sous mes couvertures et couché en chien de fusil, mes genoux repliés sur ma poitrine et mes bras également blotti contre mon cœur.

- Il fait beau, dehors, insista-t-elle. C'est la fête de Noël ! Je t'en pris. Tout le monde sera là, et Naruto nous attend dehors.

- Je n'ai pas envie de sortir.
- Tu dis ça depuis trois foutus mois !

Je m'étais caché quand elle s'était approchée. Elle s'était agenouillée juste devant moi, et son visage était à la même égalité que le mien. Elle avait attendue je ne sais quoi. Puis, doucement, elle avait continué.

- Tu sais, me dit-elle gentiment. J'ai conscience que ce qui est arrivé est extrêmement pénible. C'est une tragédie.

J'avais senti sa main se poser sur moi, à travers le tissu de mon doudou. Je ne bougeais pas. J'attendais. Et sa voix avait résonné de nouveau dans ma chambre.

- Mais quelqu'un de fort comme toi… se morfondre ainsi ? S'apitoyer sur son sort comme ça ? Je ne crois pas. Sasuke, ton comportement est enfantin. Cesses de bouder. Relèves-toi. La vie n'attend plus que toi, à présent.

Il y avait eut un silence.

- C'est ce que Kakashi aurait voulu.

Ça me faisait mal qu'elle parle de cette façon. Comme si notre senseï n'avait jamais existé. Comme s'il n'avait jamais fait partie de nos vies. De la mienne. Comme si je ne l'avais jamais aimé de toutes mes forces. Comme si je ne souffrais pas.

- Va-t-en, Sakura, grognai-je et elle finit par partir en soupirant.

I feel so lost when you are not at my side
But there is nothing but silence now
Around the one I loved
Is this our farewell?

Je sais que je l'ai déçue, ce jour-là, mais n'avais-je pas le droit, moi aussi, d'être faible, de me sentir détruit ? N'avais-je pas le droit de me cacher sous mes couvertures, de me recroqueviller sur moi-même, de me mettre en petite boule et de pleurer, de me morfondre sur ma pauvre existence ?

J'en ai longuement voulu à Sakura. J'en ai voulu à Naruto, d'être si heureux avec la petite Hyûga. J'en ai voulu à la terre entière. À tous ces crétins qui souriaient sans cesse parce qu'ils étaient « heureux ». J'en ai même voulu à Kakashi. Des mois durant, je hurlais devant la photo de l'équipe 7. Je lui criais que je le détestais pour être parti si vite. Je criais à pleins poumons, à m'en briser les cordes vocales. Puis je vomissais tout ce que j'avais dans le corps. Après, sont venues mes larmes. La colère est passée, et la tristesse s'est installée dans toutes les parcelles de mon être. Je me souviens être resté longuement sur une chaise berçante, blotti contre moi-même, à pleurer, à sangloter, à trembler, à appeler Kakashi. Je ne voulais parler à personne, je ne voulais même plus voir la lumière du jour. J'avais mis des draps devant les fenêtres, je m'étais isolé, et j'étais tombé malade par manque de sommeil.

So sorry your world is tumbling down
I'll watch you through these nights

Un an s'est écoulé. La mort de Kakashi s'éloignait. Ce jour fatidique disparaissait lentement derrière moi, et j'avais appris tranquillement à ne plus me retourner pour regarder ma tristesse et ma souffrance. On m'a dit de ne pas l'ignorer. Ce n'était pas ce qu'il fallait faire. Pourtant, j'ai essayé. J'ai essayé d'être heureux. J'ai noyé ma peine dans l'alcool. Je n'ai jamais compté les fois où Naruto m'avait ramené chez moi, complètement bourré. Il s'occupait de moi du mieux qu'il pouvait. Et le lendemain de ces soirées de folies, je pleurais. Je m'étais non seulement couvert de ridicule, je m'étais aussi rendu malade, mais la douleur ne s'en allait pas. Alors l'ignorer n'était pas la solution. Il fallait que je me batte contre cette agonie. Que je me batte et que je la brise en morceaux. Que je la regarde dans les yeux et que je lui dise qu'elle n'avait pas sa place ici.

Un an et cinq mois. À partir de là, j'ai commencé à compter les jours. J'ai repris les missions. Avec Naruto, Sakura, Yamato et Saï. Ma vie commençait à reprendre de la couleur, et un sens. Un sens que j'avais cherché désespérément pendant des nuits entières. J'ai vaincu des ennemis, et j'ai retrouvé un peu de confiance. Je me sentais fort, je remplissais ce vide en moi. Manier l'épée m'avait manqué. L'envie de sang et l'adrénaline me maintenait en vie.

Un an et six mois. L'équipe 7 s'était séparée. De toute façon, sans Kakashi, ça n'était plus pareil. Tsunade nous avait mis, Naruto et moi, en duo pour l'AMBU. J'étais heureux parce que mon ami s'approchait de plus en plus de son rêve. Être heureux pour lui – avec lui – me rendait heureux aussi. Je n'étais pas encore complètement guéri, mais il m'arrivait de sourire parfois, aux singeries et aux blagues du blondinet. En mission, il n'arrivait jamais à monter la tente tout seul et je devais lui donner un coup de main pour qu'on puisse dormir avant que le soleil ne se lève. Sa bêtise me faisait rire, redonnait un peu de chaleur au cadavre ambulant que j'étais alors. Et j'étouffais mes rires lorsque le temps de dormir arrivait. Je voulais rire à gorge déployée. Mais c'était trop bizarre. Un rire sortant de ma bouche, c'était étrange, et je ne voulais pas réveiller mon compagnon. Alors je m'endormais, avec un sourire aux lèvres.

Rest your head and go to sleep
Because my child, this is not our farewell

Kakashi, ça fait déjà deux ans. C'est fou, à bien y penser. Deux ans. Vingt-quatre mois. Cent quatre semaines. Sept cent trente jours. Je ne sais pas comment j'ai pu passer à travers tout ça. Je ne savais pas que j'étais si fort. Où sont passées les larmes ? Les cris ? Les cauchemars ?

Je regarde encore le ciel. Le soleil tape ses pleins rayons. Et je souris. Je le sais maintenant. Tout ça a disparu. Ma douleur a perdu le combat. J'ai gagné. Je ressens cette victoire dans tous les membres de mon corps. Je suis enfin libéré, je peux voler, déployer mes ailes, et partir survoler l'océan. Maintenant, je peux carrier le monde entier sur mes épaules. Je me sens fort, je me sens renaître, la vie m'appartient.

Assis dans l'herbe, appuyé sur une main et la tête penchée vers l'arrière, je ne cesse d'admirer les cieux. Aujourd'hui – encore –, le ciel est comme moi. Il est heureux. Je peux presque voir un sourire, mais le ciel ne sourit pas. Le ciel n'a pas de bouche, ni d'yeux. Mais s'il en avait, ils seraient bleus. Un sourire s'étend sur mes lèvres, alors que je sens les brindilles d'herbes virevolter entre mes doigts au gré du vent. « Tu n'auras qu'à regarder là-haut. » Le sourire sur mon visage s'agrandit, et je ferme les yeux. J'arrive presque à sentir ses doigts sur ma joue, qui glissent vers mon cou et ses lèvres qui se posent sur le miennes.

- Hé, Sasuke ! S'écrie une voix et je tourne la tête, rouvrant des yeux fiévreux.

Je vois arriver Naruto, en courant, suivi de Sakura. Quand ils arrivent enfin à moi, ils se penchent tous les deux et s'appuient sur leurs genoux, essoufflés. Je leur souris doucement.

- Mais qu'est-ce que tu fous ici, dis-moi ? Grogne Naruto, énervé.
- Roh, laisse-le tranquille, l'interrompt Sakura en mettant une main sur son épaule.

Elle s'approche de moi et s'agenouille à mes côtés. Elle pose un baiser sur mon front.

- Tu as l'air serein, dit-elle.
- Je suis comme le ciel, chuchote-je.

Elle me regarde bizarrement et échange un regard avec Naruto. Ce dernier arbore une mine confuse et vraiment adorable. Sakura lui ébouriffe les cheveux et se tourne ensuite vers moi.

- Tu viens ? Hinata va bientôt accoucher.

Comme s'il a oublié, l'espace d'une seconde, le fait que sa femme est sur le point de mettre au monde un enfant, Naruto se met à sauter partout, énervé, excité, puis il se remet à courir. Je me lève et Sakura part à la suite de Naruto. Quant à moi, je me tourne une dernière fois. En plein milieu de la clairière, une fleur est debout, pointe fièrement le paradis. Mes yeux ne peuvent s'empêcher de se lever une dernière fois vers l'étendu azuréen. Et mon sourire n'a de cesse de grandir. Comme une fleur un 14 mai. Deux ans. Ça ne fait que deux ans.

Je ne me demande plus où est Kakashi maintenant. J'ai beau le chercher, parmi les nuages, il n'est pas là. J'ai compris où il est, et en posant ma main sur mon cœur, je sens cet organe battre doucement, avec confiance et vivacité. Mon amour est là. Il est caché, en moi, il me fait vivre. Il avait raison. Je suis debout de nouveau. Je ne tomberai plus. Je regarderai le ciel à chaque fois que j'aurai envie de pleurer. J'écouterai le son de sa voix, enterré dans mes souvenirs. Ce ne sont pas des adieux. Ce ne sera jamais des adieux.

Après la pluie le beau temps, comme on dit.

This is not our farewell



Fin





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