Fiction: Lune bleue (terminée)

France, XVII° siècle de notre ère. Dans une petite ville de campagne habite Temari, fille de couturière réputée, âgée d'une dizaine d'années. Sa vie se résumerait au nettoyage de la chambre de ses frères s'il n'y avait pas ce mystérieux hôtel du nom de Lune Bleue, qui concentre tous les plus sombres secrets de cette ville. Un après-midi qu'elle s'attarde devant l'entrée, un drôle d'homme s'approche d'elle et de son amie...
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Rahjenaimar (Féminin), le 24/09/2012
Ah, ah, ah... salut tout le monde !
Je faisais du tri dans des vieux dossiers et... voilà que je tombe sur la suite d'une fiction que j'avais jamais publiée.
J'ai pas pris le temps de vraiment relire alors... C'est peut-être plein d'incohérences et tout ça, mais bon, je me suis dit que ce serait marrant de le publier quand même après plus de cinq ans de retard...
Oui, bon, bah la ponctualité, c'est pas mon truc.




Chapitre 9: Shino risque sa peau



Temari et Shino d'un côté, Kiba, Sakura et Naruto de l'autre : c'était ce qu'ils avaient prévu. Le second groupe devait y aller en premier, et au bout de dix minutes il faudrait que l'autre le suive. Il fallait qu'ils se débrouillent pour revenir ici à la tombée de la nuit. Si ce n'était pas le cas, l'autre groupe devait quitter la propriété et amener un maximum de personnes en inventant une bonne histoire. Mais dans ce cas ils pourraient dire adieu à leur espoir de percer à jour l'Organisation. Et adieu à Hinata.

Les dix minutes s'écoulèrent dans le plus grand silence. La petite blonde inspira à fond et posa la main sur la poignée. La porte pivota sur ses gonds en grinçant et laissa filtrer à l'intérieur un rayon de soleil, ainsi qu'une affreuse odeur de purin... Fronçant le nez, Temari déboucha dans une arrière-cour envahie d'immondices au milieu de laquelle trônait un tas immense de crottes de chevaux. Ils devaient être à l'arrière des écuries. Sous le soleil, les relents d'excréments donnèrent la nausée aux deux enfants.
Shino remonta son col plus haut sur son visage et Temari se pinça le nez, dégoûtée. Veillant à ne pas écraser quoi que ce fût qui put imprégner leurs vêtements de l'odeur de pourriture ambiante, ils traversèrent les lieux et arrivèrent en face d'une allée couverte fermée par des barrières en bois. Le brun fit alors remarquer à la No Sabaku qu'un passage assez grand pour se faufiler avait été créé très peu de temps auparavant dans les barrières en écartant quelques planches. Kiba et les autres devaient être passés par là.

« Que fait-on ? demanda Shino. Va-t-on les suivre ou bien choisirons-nous un autre chemin ?
- Parle normalement, s'il te plaît, Shino... s'exaspéra la blonde. Mais puisque tu en parles, je pense que nous devrions chercher ailleurs... Tu crois que tu pourrais me porter sur tes épaules pour que j'atteigne ces branches, là ? demanda-t-elle en levant le nez. »

Shino eut un mouvement d'hésitation devant la hauteur des plus basses branches du marronnier qu'elle lui présentait. Elles devaient être à deux mètres au-dessus du sol, et pour leurs petites tailles c'était vraiment très haut. Il allait devoir faire un peu d'exercice, lui qui passait son temps à chercher des insectes...

« Je peux essayer, marmonna-t-il.
- Chouette. Bon, je vais monter sur ton dos, après tu vas devoir me soutenir à bout de bras, lui annonça Temari. »

Le garçon ne répondit rien et se baissa, laissant la petite blonde appuyer ses genoux sur ses vertèbres - ce qui était assez douloureux - et l'aida à se tenir assise sur ses épaules. Il se redressa péniblement et attrapa la main de Temari afin de lui éviter de se faire mal si elle venait à tomber, puis endura sans broncher la désagréable sensation qu'on a lorsqu'on vous piétine les épaules. Ah, que ne fallait-il pas faire pour être un héros...

Quand Temari se hissa enfin sur une grosse branche, Shino poussa un léger soupir de soulagement et attendit qu'elle regarde autour d'elle en se massant le cou. Finalement elle l'appela discrètement, l'air impatient :

« Psitt, Shino ! Il y a une fenêtre ouverte par là ! On peut entrer en grimpant plus haut.
- Je ne veux pas gâcher ton plaisir, Temari, mais moi je me trouve en bas, rétorqua le garçon. Pas moyen de monter sans aide.
- Ah, oui, c'est vrai... J'y avais pas pensé. Attends, je vais entrer et t'envoyer quelque chose pour que tu montes.
- Nous ne devrions pas nous séparer, l'avertit Shino, en vain. »

La petite No Sabaku s'essouffla un peu sur les ramures de l'arbre imposant et atteignit tant bien que mal le rebord de la fenêtre. Les rideaux étaient tirés, elle pouvait donc entrer sans craindre d'être vue. Elle se glissa entre les deux battants de la fenêtre et atterrit dans un bruit sourd sur le revêtement confortable de la pièce.

Elle tendit l'oreille. Aucun bruit. Elle osa un regard et conclut que son ouïe ne l'avait pas trompée : l'endroit était désert. Elle entreprit de retirer les anneaux des rideaux de leurs tringles et noua les deux longs morceaux de tissu entre eux. Puis elle lança la corde de fortune par la fenêtre et attendit que Shino tire dessus, lui montrant qu'elle pouvait le hisser - non sans mal.
Finalement le garçon montra sa tête brune et se laissa tomber sur la moquette, inspirant avec plaisir l'odeur parfumée de la pièce qui contrastait agréablement avec la puanteur nauséabonde du dehors.

Pendant que Shino reprenait son souffle, Temari faisait le tour de ce qui ressemblait à un petit salon, avec deux larges banquettes recouvertes de laine de mouton et une table basse, une large cheminée en pierres surmontée d'un écu et d'une longue épée décoratifs et un petit bureau d'appoint sur lequel traînaient une liasse de papier à lettres, un flacon d'encre et une plume d'oie ébouriffée.
Temari se raidit : elle venait de ramasser une lettre en cours de rédaction, et l'encre n'était pas encore tout à fait sèche. Il y avait quelqu'un dans cette pièce peu de temps auparavant, et sans doute comptait-il y revenir avant longtemps car un manteau de fourrure blanche trônait sur le dossier de la chaise.

Soudain la porte s'ouvrit et une femme apparut, en peignoir, sa poitrine largement découverte par l'encolure du vêtement de bain. Elle avait de longs cheveux roux coiffés avec un curieux chignon plat sur le dessus de la tête, et des yeux d'une déroutante couleur turquoise. Temari se sentit violemment poussée sur le côté et fit un roulé-boulé jusque derrière l'une des deux banquettes. Elle sentit son sang se glacer lorsqu'elle s'aperçut que Shino l'avait bousculée en omettant de se mettre lui-même hors de vue. Il attendait sans bouger, debout près de la table basse, que la femme fasse un mouvement. Mais celle-ci paraissait trop occupée à se dévêtir pour prêter attention à lui et retira la totalité de ses vêtements avant de se diriger vers un voile léger qui masquait une ouverture d'où s'échappait une délicate odeur de savon. Elle allait prendre son bain.

À peine avait-elle disparu que Temari se précipita sur Shino et le secoua par les épaules pour le faire réagir avant de se précipiter vers la porte par laquelle était entrée la femme.

« Viens, on se sauve, lui lança-t-elle à mi-voix.
- J'arrive, j'arrive ! répondit le brun en cachant précipitamment les rideaux noués sous l'une des deux banquettes. »

Ils débarquèrent dans un couloir, probablement celui du premier étage de l'hôtel, et entreprirent de reprendre leur souffle en silence, guettant le moindre signe de danger. Temari s'efforça de calmer son cœur emballé par la peur et dit dans un murmure :

« C'est gentil d'avoir risqué de te faire attraper pour qu'elle ne me voit pas.
- Je n'ai pas réellement réfléchi, et je ne pouvais certes pas laisser une demoiselle affronter le danger à ma place !
- Ah, je vois. C'est Kiba qui t'a demandé de me protéger ?
- … Tu peux voir la chose comme cela, effectivement.
- Je m'en doutais, répondit Temari dans un sourire. Ah, Shino... Prends ça. »

Elle lui tendit un mouchoir propre et pointa son visage du doigt.

« Tu saignes du nez, expliqua-t-elle avec une moue rieuse. »

Rouge et confus, Shino se détourna et épongea son nez comme il le pouvait. Pendant ce temps, Temari réfléchissait à ce qu'ils allaient faire ensuite. Ils avaient réussi à entrer dans l'hôtel, elle n'avait presque aucun doute là-dessus. Leur priorité consistait à retrouver Hinata, et ils n'avaient déjà que trop tardé. Mais par où commencer ? La petite No Sabaku se remémora les histoires que sa mère lui racontait pour lui faire peur quand elle était plus petite et qu'elle faisait des bêtises : Tu ne sais donc pas que les méchants enfants sont enfermés dans les caves pour que personne ne les entende crier ? Je suis sûre que ça te ferait du bien d'être au calme pendant quelques temps !
Temari sourit. Il fallait qu'ils trouvent un escalier ou n'importe quoi d'autre qui pût les faire descendre. Elle fit part de son idée à Shino qui ne put que hocher la tête, tant sa bouche était prise d'assaut par le flot de sang de son nez.

Ils s'élancèrent dans le couloir, courbés en deux afin que nulle présence ne les voit par les fenêtres et tournèrent à gauche une fois au bout avant de se jeter sur le côté. Une pièce tout en longueur les séparait d'un escalier descendant. Ils auraient sauté de joie si la pièce n'avait été envahie de femmes en robes qui ne les couvraient qu'à demi, laissant leurs cuisses et toute la partie supérieure de leur poitrine dénudées. Shino sentit malgré lui le sang affluer à son nez. Pas très loin d'eux, une jeune femme aux cheveux noirs relevés sur sa nuque en épines rebelles était vêtue d'une combinaison quasi-transparente qui soulignait joliment ses rondeurs. Elle s'évertuait à s'entourer d'atours de violine élégante et attirante qui lui attribuaient une attirance sensuelle.

Derrière la jeune femme, une autre avait un air comique, portant une robe bleue bien trop grande pour elle. Rembourrée au possible pour qu'elle ne nage pas dedans, la robe gonflait au niveau des cuisses comme une montgolfière, et son corset tombait plus bas que la poitrine de celle qui la portait. La jeune fille était grande et maigre, et la robe était destinée à une petite femme forte. Elle paraissait prête à s'en débarrasser quand une femme montée sur un marchepied annonça :

« Numéro vingt-sept, on vous demande dans la chambre six. »

La jeune fille se redressa vivement et, son empressement prenant le pas sur son inquiétude, elle abandonna l'idée de se changer et se dirigea vers l'escalier. Temari eut alors une idée folle : elle attrapa un ruban de velours qui pendait d'une poignée de tiroir et banda les yeux de Shino avant de se jeter en avant et de s'engouffrer sous la robe rembourrée. Il y avait juste assez d'espace et de froufrous en dentelle pour qu'ils puissent passer inaperçus tous les deux sous le faux-cul imposant. Rendu aveugle par le ruban, Shino butait sur tout ce qui traînait par terre et manqua plusieurs fois de se heurter aux jambes de la demoiselle.
Le plus dur fut de suivre le balancement de son corps dans les escaliers, puis de se retirer discrètement. Par chance, la jeune fille était trop préoccupée par la quelconque tâche qui l'attendait pour prêter attention à sa robe. Les deux enfants purent ainsi descendre au niveau inférieur de l'hôtel sans se faire remarquer. Shino retira le ruban qui obstruait sa vue et maugréa quelque chose comme quoi les filles étaient des personnes très impulsives.

Ce qui les entourait était différent de tout ce qu'ils avaient vu jusqu'à présent dans le domaine Hyuuga. Plutôt qu'un lieu à l'atmosphère feutrée et luxueusement décoré, ils étaient dans un corridor vide aux murs nus. Aucune fenêtre n'invitait la la lumière du jour, pas la moindre fioriture ne venait embellir l'endroit. C'était tellement silencieux et austère qu'ils se seraient crus dans un cimetière.

« Par où est-ce qu'on va, maintenant ? chuchota Temari à Shino.
- Comment pourrais-je le savoir ? demanda le garçon, surpris qu'elle lui demande son avis.
- Bah je sais pas, c'est juste que je sais pas du tout de quel côté aller...
- Je propose que nous avancions. Nous verrons bien ce que nous trouverons quand nous arriverons au bout du couloir. »

Ne trouvant pas de proposition plus perspicace, Temari opta pour cette solution. Ils avancèrent prudemment le long du mur en priant de toutes leurs forces que personne n'ait envie de sortir d'une pièce. Mais quelque chose d'autre préoccupait la blonde : elle n'avait pas la moindre idée de l'heure qu'il était. Et là où ils se trouvaient, impossible de calculer en fonction du soleil. Elle pensait que deux bonnes heures s'étaient écoulées, mais elle se souvenait très bien de toutes les fois où elle avait été disputée parce qu'elle rentrait bien trop tard le soir, faute de ne pas faire attention au temps qui s'était écoulé...

La No Sabaku ne s'était pas rendue compte que son compagnon avait pris les devants et s'était immobilisé au bout du couloir. Comme elle réfléchissait, elle lui rentra dedans sans faire attention et ils tombèrent à la renverse.

« Aïe ! geignit Temari en se frottant le genou. Tu pourrais prévenir ! »

Shino ne prit même pas la peine de répondre et se releva d'un coup, ignorant sa lèvre coupée. Sans prévenir, il saisit la main de Temari et la tira violemment pour forcer la blonde à se lever. La fillette n'eut même pas le temps de réagir qu'il la poussa derrière lui jusqu'à la base de l'escalier et la fit tomber derrière le premier angle de mur de manière à ce qu'elle ne soit pas vue depuis le bout du corridor.

« Mais qu'est-ce qui te prend ? protesta-t-elle à voix basse.
- Il y a des hommes qui gardent une porte au bout du couloir de droite, répondit le garçon. »

Il hésita un instant, puis ses épaules s'affaissèrent comme s'il soupirait en lui-même. Il se tourna vers Temari et lui sourit tristement :

« Ils m'ont vu.
- Mais, attends...
- Quoi qu'il arrive, ne sors pas de là avant qu'ils soient partis, coupa Shino. Il y a quelqu'un qui m'en voudrait beaucoup, autrement. »

Puis il tendit l'oreille. Des bruits de pas leur parvenaient. Il ajusta ses loupes noires sur son nez et serra les poings, espérant se donner du courage.

« Je vais faire diversion. Surtout n'interviens pas. Après tout, je dois te protéger. »

Il ne lui laissa pas le temps de protester et se lança dans le long couloir. Temari l'entendit se stopper puis saluer à sa manière largement chevaleresque :

« Messieurs, c'est un honneur de vous rencontrer. Si nous discutions de mon intrusion autour d'une boisson ?
- Tiens donc ! répondit une voix d'homme, moqueuse. Une vermine de plus ! Tu sais que tu es le quatrième que l'on attrape aujourd'hui ? Ça pullule, on dirait ! »

Temari sentit son sang se glacer. Ses trois amis avaient été attrapés. Étaient-ils saufs, au moins ? Impossible de le savoir. Mais si l'inquiétude la prenait atrocement à la gorge à ce moment-là, c'était parce qu'elle avait reconnu la voix de l'homme.
C'était celle, chargée de mépris et de supériorité, de Mizuki.



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