Fiction: Lune bleue (terminée)

France, XVII° siècle de notre ère. Dans une petite ville de campagne habite Temari, fille de couturière réputée, âgée d'une dizaine d'années. Sa vie se résumerait au nettoyage de la chambre de ses frères s'il n'y avait pas ce mystérieux hôtel du nom de Lune Bleue, qui concentre tous les plus sombres secrets de cette ville. Un après-midi qu'elle s'attarde devant l'entrée, un drôle d'homme s'approche d'elle et de son amie...
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Rahjenaimar (Féminin), le 27/08/2012
Ah, ah, ah... salut tout le monde !
Je faisais du tri dans des vieux dossiers et... voilà que je tombe sur la suite d'une fiction que j'avais jamais publiée.
J'ai pas pris le temps de vraiment relire alors... C'est peut-être plein d'incohérences et tout ça, mais bon, je me suis dit que ce serait marrant de le publier quand même après plus de cinq ans de retard...
Oui, bon, bah la ponctualité, c'est pas mon truc.




Chapitre 7: Le garçon étrange et solitaire



Dans l'obscurité, la première chose que distingua Sakura fut le reflet de la lumière filtrant par la fenêtre dans des yeux bleu lagon. Puis elle commença à deviner la silhouette qui se cachait derrière la main posée sur sa bouche et ces yeux magnifiques. Quand elle s'aperçut que son visage était surmonté de mèches blondes en bataille, elle s'exclama d'une voix étouffée par la petite paume :

« Narumpfo ! »

Elle réveilla par son cri assourdi Temari qui se redressa sur son matelas, balbutiant des « Quoi qui s'passe ? » en se frottant les yeux. Sakura s'était assise et fixait, incrédule, le blondinet qui lui souriait innocemment. Puis sans prévenir, son visage se décomposa, et il se mit à pleurer :

« Tu m'as... laissé... tout seul... Sakura... »

Désarçonnée, la fillette aux cheveux roses le prit dans ses bras et calma ses pleurs en le berçant doucement. Temari n'arrivait pas à comprendre ce qui arrivait et posait des yeux égarés par le sommeil sur les deux autres à côté de son lit. Finalement elle trouva la force de murmurer :

« Il n'était pas chez madame Tsunade ? Qu'est-ce qu'il fait là ?
- Je sais pas, je crois qu'il nous a suivis, répondit Sakura. Comme la demeure de Tsunade n'est pas loin de la ville, je pense qu'il est venu à pieds. »

Elle regarda Naruto et se rendit compte qu'il était frigorifié : sa peau était d'une blancheur crayeuse et ses lèvres avait viré au violet tendre. Il tremblait. Sakura se leva et le coucha à sa place dans son lit, inquiète. Puis elle regarda Temari qui haussa les épaules en disant :

« Il peut bien rester là. Après tout, on aura bien besoin de lui si on veut sortir Hinata de là où elle est. Il faudra juste prévenir maman. Et maintenant, on peut dormir ? »

Elle agrémenta ces mots d'un bâillement à s'en décrocher la mâchoire et retomba sur son oreiller dans un bruit mat. Elle recommença à respirer lentement quelques minutes après. Sakura n'en revenait pas : une telle générosité et une telle franchise témoignait chez son amie d'une bonté naturelle qu'elle n'avait pas eu l'occasion de voir souvent. Temari faisait sans aucun doute partie de ces honnêtes gens au grand cœur qui le cachaient derrière une façade habituelle de dureté espiègle, afin de ne pas être la cible de tous les profiteurs des environs.
L'enfant s'enroula dans la couverture qui lui restait et s'étendit à côté de Naruton sourire sur les lèvres.

*****


Le matin, quand Temari ouvrit les yeux, elle mit du temps à se souvenir de tout ce qu'il lui était arrivé. Il n'y avait rien de changé, rien de différent de tous les autres matins où elle s'était réveillée et avait regardé son plafond en lambris dont les nœuds de bois se défaisaient et tombaient parfois sur son plancher. Les épais rideaux masquaient la luminosité matinale, bloquaient les mouches qui voulaient s'enfuir et laissaient encore un peu de répit à ses yeux fatigués. Ses meubles - une petite commode, un bac à jouets et une coiffeuse pour enfants - étaient à la même place, recouverts du même bric-à-brac que les jours passés.
Il y avait un hic dans ce tableau si normal, cependant : ses deux amis endormis près du lit. En les voyant, la petite blonde se remémora les derniers événements : Iruka, ce sale Orochimaru, Shizune... et la disparition d'Hinata. Un léger pincement au cœur arracha une grimace à Temari. Sa meilleure amie avait été enlevée. Elle devait se mettre à se recherche dès aujourd'hui.

Ignorant ses muscles fatigués, elle se leva, et, essayant de marcher sans trop faire grincer les lattes du parquet, alla fouiller dans sa commode pour trouver de quoi s'habiller. Elle opta pour une jupe bleue légère et un chemisier à manches longues et des chaussettes en laine. Elle s'apprêtait à sortir de la chambre quand Sakura se secoua et se redressa. Temari la salua et lui chuchota de se servir dans sa commode si elle voulait des vêtements. Son amie la remercia et fit en sorte de ne pas déranger Naruto qui dormait paisiblement.
La matinée commença tranquillement, avec des viennoiseries dans le lait chaud et des biscuits au beurre, mais sans sa mère ni ses frères : sa mère était déjà à son atelier de couture, tandis que ses frères, qui bénéficiaient de leur statut de garçon, pouvaient suivre les cours de lecture latine dispensés par l'église. Un débarbouillage permit à Temari de retrouver de l'entrain et de la fraîcheur et elle se dépêcha de se préparer pour aller chercher Kiba. Le départ à la recherche d'Hinata n'avait que trop tardé.

Kiba les attendaient en chien de garde devant chez lui, bonnet enfoncé sur les yeux et chemise boutonnée de travers à l'intérieur du pantalon de toile. Pour la taquiner, il siffla d'un air admiratif la jupe de Temari – celle-ci s'aperçut avec horreur qu'il s'agissait de sa jolie jupe du dimanche – et resta muet et interrogatif devant Naruto.

« J'savais pas qu'on aurait une aide de camp, lança-t-il perplexe.
- Nous non plus, avoua Sakura. Il nous a rejointes pendant la nuit.
- Il est étonnamment doué pour la filature, appuya Temari devant l'hésitation de son ami. Il nous sera d'une grande aide !
- Si mam'zelle Temari l'dit, c'est qu'ça doit ben êt'vrai, non ? déclara-t-il alors dans un changement d'attitude express. Alors bienv'nue ici ! »

Il tendit la main vers Naruto, mais celui-ci ne fit que pousser un gémissement et se recroqueviller dans ses vêtements trop amples - il les avait empruntés à Kankurô, le petit frère de Temari.

« Hé là ! Je veux faire de mal à personne ! s'offusqua le garçon brun, vexé.
- Ne t'en occupe pas, il est... malade, expliqua Sakura en murmurant le dernier mot. Il vaut mieux que je sois la seule à lui parler.
- D'accord, d'accord... »

Kiba lança un dernier regard suspicieux à Naruto avant de se tourner vers Temari et de lui proposer de se rendre chez leur vieille connaissance.

« Bien sûr, répondit la fillette. Allons-y ! »

*****


L'ami en question vivait dans le quartier « intellectuel » de la cité. La plupart des érudits et savants qui y vivaient étaient réputés et reconnus pour leurs inventions géniales ou leurs capacités exceptionnelles. Les rares vrais médecins étaient d'ailleurs établis là-bas. Mais évidemment, les charlatans pullulaient dans ce genre de quartier, proposant à des prix exorbitants des soins inutiles aux personnes bien portantes. Ce quartier était également connu pour l'architecture moderne et éclairée qu'on y trouvait, ainsi que par les quelques personnalités de la haute société venues chercher un peu de tranquillité – la rumeur courait que la plus jeune concubine du Roi en personne avait de la famille dans les maisons privées du centre.

Temari et Kiba avaient rencontré leur compagnon par hasard, alors qu'ils exploraient cette partie de la ville trois années plus tôt, déjà aventureux et fourre-tout. C'était un rejeton d'un couple de scientifiques entomologiques, un peu bizarres et toujours fourrés chez eux ou bien à battre la campagne pour étudier les insectes dans leur milieu naturel. Ils avaient hérité de leur passion le surnom élogieux de « fous furieux ».
Lui et ses parents vivaient un peu à la sortie du quartier, leur simple métier de scientifiques de foire ne leur permettant pas de s'offrir une auberge entière. Ils vivaient dans une maison complètement renfermée sur elle-même, sans aucune fenêtre sur la façade extérieure, comme si le constructeur de cette maison avait voulu montrer que ceux qui viendraient y vivre étaient des marginaux étranges dont il ne fallait pas s'approcher. Le hic, c'était que c'était justement cela que attirait les esprits curieux comme ceux de Temari et Kiba, sans oublier Hinata qui se retrouvait toujours mêlée à leurs histoires. Néanmoins, comme l'habitation était déserte les trois quarts de l'année pour des recherches en extérieur, beaucoup pensaient que personne n'y vivait et un tas d'ordures était empilé devant.
Ce garçon s'appelait Shino Aburame, fils des chercheurs en entomologie les plus étranges de la région.

En arrivant devant la porte en bois cloutée agrémentée d'une grosse poignée en fer, les quatre enfants se stoppèrent, ne sachant trop comment se comporter. Tous se regardèrent et décidèrent d'en désigner un pour aller signaler leur présence. Le choix se porta sur Sakura, en raison de son appartenance avec le milieu de la noblesse et donc de ses bonnes manières, qui avait remis son bonnet dissimulant ses mèches roses.
La fillette avança timidement, lissant, nerveuse, les plis de sa jupe et remettant son bonnet en place. Elle s'empara de la corde qui pendait à côté de la poignée et tira un coup sec. Un son de cloche lointain lui répondit, mais il n'y avait pas le moindre signe de vie à l'intérieur. Sakura réessaya mais le résultat fut le même. Dépitée, elle revint vers ses amis en secouant la tête.

« Y a personne, lâcha-t-elle.
- Zut, alors ! fit Temari en tapant du pied sur le pavé. »

Kiba s'éloigna de quelques pas et, profitant d'être plus grand que les autres, regarda par dessus le rebord de la seule fenêtre. Il déclara :

« J'crois ben qu'il y a plus grand monde ici d'puis un moment. Y a un sacré tas d'poussière sous les meubles !
- Mince, on va faire comment ? s'inquiéta Sakura.
- Vous cherchez les Aburame ? demanda posément une voix derrière eux.
- Oui ! Vous savez où ils sont ? s'écria Temari avec ravissement en se retournant vers le nouveau venu. »

Elle aperçut un garçon qui jouait avec une coccinelle sur le bout de son doigt, la faisant galoper sur ses phalanges. Elle le reconnut tout de suite, étant donné... que c'était lui qu'ils cherchaient. La blonde ainsi que Kiba étouffèrent une exclamation de surprise, eux qui ne s'attendaient pas du tout à le trouver là, installé tranquillement à l'ombre. Il leur sourit d'un air narquois, dissimulé derrière un grand vêtement gris-vert et des loupes sombres sur les yeux. Temari avait toujours pensé qu'il les portait pour faire comme les papillons de nuit, ou tout simplement parce que lui donnait un genre.

« Toi ! Qu'est-ce que tu fabrique là ? s'exclama Kiba.
- Bonjour, pour commencer, maugréa-t-il. Je m'appelle Aburame Shino, lança-t-il à la cantonade en faisant mine de tirer un chapeau qu'il n'avait pas. Ravi de vous rencontrer, tous autant que vous êtes. »

Son message s'adressait explicitement à Sakura qu'il fixait sans retenue – afin, avec ses lunettes, rien n'était moins sûr. Celle-ci détourna le regard et Naruto, sentant le malaise chez la fillette, sa plaça entre elle et le regard inquisiteur de celui qu'il voyait comme un pur et simple gêneur. Le garçon ne parut pas dérouté le moins du monde et se campa sur ses deux pieds, les bras croisés, avant de les toiser de derrière les deux cercles de verre qui masquaient ses yeux.

« Bien, maintenant que je vous ai salués comme il se doit, je vais pouvoir vous expliquer ce que je fais là alors que ma maison est vide. »

Temari et Kiba échangèrent un regard consterné : il ne changeait pas d'un pouce en grandissant. Il avait toujours cette manie de déballer tout ce qu'il pensait, même si on ne lui avait pas demandé son avis.

« Mes parents sont partis il y a cinq jours, sans raison précise, annonça-t-il d'une voix grave qui pouvait déranger venant d'un enfant aussi jeune. Je pense que le couple qu'ils forment ne voulait pas que leur fils soit menacé par les nouveaux parasites qui installent leurs nids un peu partout. Cependant ils ont oublié de m'emmener en partant, mais ils devraient s'en rendre compte assez vite maintenant et revenir me chercher. C'est pour ça que j'attends ici. Un oisillon ne sort pas du nid sans ses parents, n'est-ce pas ? Ils sont donc absolument introuvables pour le moment. Mais je crois comprendre que ce n'est pas eux que vous cherchez... »

Cette déclaration déconcerta les quatre enfants qui haussèrent un sourcil. Ce garçon, ils ne parvenaient pas à déterminer si c'était la victime d'une éducation à laquelle l'affection des parents faisait défaut, à cause de la froideur et le ton d'égale indifférence qu'il employait pour parler. Enfin, cela n'était pas une nouvelle pour Kiba et Temari qui le connaissaient depuis longtemps, mais il continuait d'être surprenant même pour de « vieilles » connaissances.
Naruto, ne comprenant pas grand-chose à la scène, continuait de fusiller Shino du regard. Celui-ci retourna s'asseoir sur la caisse de bois d'où il s'était levé et ramassa la coccinelle qui – la pauvre – pensait pourtant avoir enfin la paix. Finalement il s'éclaircit la voix pour avoir le silence, et, faisant mine d'être totalement désintéressé de la situation, annonça très distinctement :

« Je n'ai guère l'envie de tremper dans une quelconque histoire sordide, qui ne me concerne par ailleurs en aucune façon. Néanmoins, si on me disait de quelle affaire il s'agit, je pourrais peut-être envisager d'apporter mon aide. Encore que pour cela il faudrait me convaincre que ça en vaut la peine. »

Temari s'arrêta au beau milieu d'un coup de pied lancé contre une motte de terre humide et regarda le garçon, méfiante. Elle savait parfaitement ce qui pourrait arriver s'ils lui disaient tout en espérant son aide : il irait tout rapporter à quelques personnes mal intentionnées dans le simple but d'attirer l'attention et toute leur enquête tomberait à l'eau. Elle choisit d'abattre son meilleur atout : elle connaissait le point faible du jeune Aburame. En effet, souffrant d'un grave manque affectif, le garçon avait habituellement tendance à feindre la maturité insensible afin qu'on ne s'en doute pas, mais de ce fait, il ne reculait devant aucune opportunité de recevoir des louanges.
Elle allait donc donner à Shino l'illusion qu'il pouvait être le sauveur qui allait tous les sortir du pétrin – ce qui, pour le moment, était tout simplement la solution la plus viable – et s'assurer ainsi qu'il ne ferait pas tout capoter. Elle s'approcha, la tête basse, et fit mine de renifler. Au passage, elle saisit Sakura par le poignet pour qu'elle l'accompagne et fit signe à Kiba et Naruto de rester derrière.

« Tu penses que tu pourrais nous aider ? demanda-t-elle timidement en utilisant la « méthode douce » employée d'ordinaire par Hinata.
- Je n'en sais rien, répondit Shino en la regardant. Il faudrait que je sache ce que vous arrive d'abord...
- OK, alors écoute bien. »


Et Temari lui fit un récit accéléré de toute l'histoire, en survolant très rapidement le rôle d'Iruka et de Tsunade, et passant sous silence tout ce qui avait trait à l'Organisation, laissant croire que Orochimaru était un immonde kidnappeur de petites filles qui agissait pour son unique intérêt – ce qui était sans doute la vérité.

« Oh, là, là ! Vous avez besoin de moi, on dirait ! s'exclama Shino une fois que la blonde se fût tue. Et sauver une amie aussi chère que Hinata me couvrirait d'honneurs ! »

Il se leva et prit la pose du conquérant, le menton levé vers le ciel et la main droite sur la poitrine.

« Euh... c'est bon, tu as fini ? demanda Temari, une pointe d'ironie dans la voix.
- C'est quand vous voulez. En tout cas, moi, je commencerais par aller à l'hôtel, puisque c'est de là que sortait cet Orochimaru...
- Tu sais quoi ? On l'avait deviné. Il faudrait juste que nous puissions rentrer. Et on espérait que tu nous filerait un coup de main.
- Je vois, et avez-vous pensé à aller rencontrer son cousin et sa petite sœur ? Ils pourraient très certainement éclairer votre lanterne auprès de laquelle voleront quelques papillons d'espoir... »

Sans s'attarder sur la métaphore de qualité douteuse qu'il venait de formuler, Temari dut avouer que Shino avait vu juste. Qui pourrait les faire rentrer plus facilement que des membres de la famille qui tient l'hôtel Lune Bleue ? Elle se traita intérieurement d'idiote et se retourna vers Kiba pour s'assurer qu'il ait tout entendu. Ce dernier hocha la tête d'un air grave et concentré qui n'allait pas sur son visage d'enfant du grand air. Sakura s'éloigna d'une manière désinvolte de Shino, mais il était évident que son regard scrutateur la gênait énormément.

« On est vraiment trop stupides ! lança Temari, rageuse. On a perdu beaucoup de temps, en plus ! Cette fois il va falloir mettre le paquet pour retrouver Hinata ! Kiba, Sakura, Naruto ! On y va ! »

Shino s'éclaircit bruyamment la gorge. Il avait l'ai assez mécontent d'être aussi soudainement oublié. Temari fit volte-face et se pencha vers lui, jusqu'à ce que ses yeux perçants pussent distinguer deux iris noirs derrière les loupes sombres qui cerclaient les yeux du garçon. Elle le força à battre en retraite d'un petit pas, puis d'un autre, et finalement il détourna les yeux. Alors le visage de la petite blonde s'éclaira et elle s'écria :

« Bien sûr que tu viens aussi, et merci ! »

Elle l'étreignit avec force puis le laissa à moitié sonné pour courir en direction de cet hôtel si mystérieux.
La véritable poursuite commençait maintenant.




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