Fiction: Lune bleue (terminée)

France, XVII° siècle de notre ère. Dans une petite ville de campagne habite Temari, fille de couturière réputée, âgée d'une dizaine d'années. Sa vie se résumerait au nettoyage de la chambre de ses frères s'il n'y avait pas ce mystérieux hôtel du nom de Lune Bleue, qui concentre tous les plus sombres secrets de cette ville. Un après-midi qu'elle s'attarde devant l'entrée, un drôle d'homme s'approche d'elle et de son amie...
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Rahjenaimar (Féminin), le 19/08/2012
Voilà, je recommence une fiction, que j'avais commencé à écrire il y a un bon moment, et que j'ai entièrement revisitée pour en faire quelque chose de plus abouti. Un premier jet, c'est jamais terrible !
Alors voilà, en espérant que vous apprécierez ce chapitre ! :D




Chapitre 4: Dans la maison de Tsunade



Kiba, Hinata et Temari se retournèrent en même temps et se dressèrent sur les genoux pour regarder par dessus le dossier de la banquette, se heurtant les coudes entre eux. Mais ils étaient trop intrigués par le nouveau venu pour s'en soucier. En réalité ce serait plutôt « la nouvelle venue » car c'était une fille de leur âge, au visage ovale et à la mine effrontée, qui leur faisait face.
Elle était entrée par la porte de derrière, menant à une partie de la grande bâtisse qu'ils n'avaient pas encore vue. Ses grands yeux verts les fixaient avec méfiance et ses lèvres étaient pincées comme si elle était en train de réfléchir à quelque chose de compliqué. Elle portait uniquement une chemise de nuit et un bonnet vissé sur sa tête jusque sur ses sourcils.
Énervée par leur silence, elle reposa sa question avec une froideur encore plus palpable :

« Je vous ai demandé vos noms, espèces de malappris !
- Holà, mam'zelle, 'faut pas vous faire du mauvais sang comme ça ! s'exclama le seul garçon de la pièce. Moi c'est Kiba, c'est comme ça qu'on m'appelle. Et les deux personnes que j'accompagne sont mesd'moiselles Temari et Hinata. »

Apparemment, le ton de respect qu'il avait emprunté pour lui parler fit plaisir à la fillette car elle desserra les lèvres et son regard se fit moins menaçant. Elle les jaugea rapidement puis se détendit : sans doute avait-elle saisi qu'ils n'étaient pas une menace. Elle retira le bonnet de nuit qu'elle portait et ses cheveux tombèrent sur ses épaules.
Aussitôt un « Ooooh ! » de surprise s'échappa des trois bouches des invités de Tsunade. Leur surprise était des plus compréhensibles en réalité, puisque ses cheveux lisses étaient d'une couleur peu naturelle : rose.

« Ah, oui, fit-elle d'un air las. J'oublie tout le temps que mes cheveux sont un peu bizarre. Mais c'est comme ça. rassurez-vous, je ne suis pas un mauvais esprit comme beaucoup de gens le pensent. Je m'appelle Sakura, enchantée ! »

À présent que le froid entre eux était tombé, ils lui firent une place entre eux et firent connaissance. La sincérité naturelle des enfants aidant, ils se présentèrent sans cachotterie particulière et ainsi Kiba, Temari et Hinata purent en apprendre un peu plus sur l'origine de Sakura et de ses mystérieux cheveux :

« Je viens d'une très vieille famille noble, mais depuis que mes oncles et tantes ont été appelés à la cour, mes très chers parents qui voulaient faire de même ont jugé que ma décoloration capillaire, dont j'ai hérité à la naissance, les gênerait pour gravir les échelons de la cour royale. Ils ont donc demandé à ma lointaine tante - madame Tsunade - de me garder, et ils reviendraient me chercher quand mon père serait baron, ou compte, enfin un grade où je ne risquerais plus de les faire tomber en disgrâce à cause de mes cheveux. Mais ça va faire quatre ans maintenant et je ne me fais plus trop d'illusions... »

Elle esquissa un faux sourire. Elle voulait paraître forte. Temari se sentit très affectée, de même qu'Hinata, et toutes deux la prirent dans leurs bras. Trop surprise pour réagir, Sakura attendit qu'elles la relâchent pour murmurer :

« Ça faisait longtemps qu'on ne m'avait pas prise dans ses bras... mais ne vous inquiétez pas, madame Tsunade est très gentille et envisage même de m'apprendre la médecine, afin de reprendre sa suite s'il lui arrivait des ennuis. Et puis il y a des patients ici, je ne suis pas seule au monde... »

Hinata bailla alors à s'en décrocher la mâchoire. La lourde pendule accrochée dans un coin de la pièce indiquait quatre heures du matin. Kiba se frotta les yeux et Temari lutta contre l'engourdissement de son corps pour se pas s'endormir directement. Sakura non plus ne pipait mot.

*****


Ils s'étaient tous endormis et sursautèrent quand la porte de la salle d'opération s'ouvrit pour laisser passer une Shizune toute pâle. Se redressant, ils virent que Tsunade la suivait de près, apparemment aux aguets au cas où la jeune femme montrerait des signes de faiblesse. Mais la jeune brune marcha dignement à travers la pièce et se laissa tomber dans un des grands fauteuils.

« Euh... dit Hinata d'une toute petite voix. Et... Et monsieur Iruka ?
- Il dort, il a besoin de repos, répondit la doctoresse. Et il s'en sortira. Par contre il y a une autre personne dont je dois m'occuper ici...  »

Elle se tourna vers l'autre type de l'Organisation dont les longs cheveux noirs poissés de sang collaient à son visage cireux. Elle sortit un petit pot diffusant une odeur très épicée de l'intérieur de sa veste et l'agita sous le nez du dormeur pendant quelques secondes. L'homme fronça les sourcils et toussa. Il se redressa d'un coup en éternuant et, au bout de quelques secondes, arrêta de s'étrangler.
Ses yeux devenus vitreux par les larmes dévisagèrent les personnes qui le détaillaient d'un œil froid. Son regard interrogateur fit comprendre à tout le monde qu'il avait oublié ce qu'il s'était passé la veille.

« Je vais vous rafraîchir la mémoire... dit Tsunade avec un sourire méchant. »

En un éclair elle était au dessus de lui et appuyait avec son pouce là où s'était enfoncée la lame du couteau d'Iruka. Il hurla de douleur et voulut se jeter sur son bourreau mais la douleur lancinante émanant de sa plaie l'empêchait de bouger ne fut-ce qu'un orteil.
En tout cas cette manœuvre eut l'air de fonctionner car le visage blanc marqué par la hargne et la douleur se figea le temps d'un instant. L'homme porta la main à sa nuque et caressa du bout des doigts le tatouage peint à l'encre noire. Il éclata d'un rire glacial et déclara, avec l'expression la plus cruelle que Temari n'avait jamais vu :

« Hé bien ! On dirait que ces enfants sont bien défendus ! Filles de duc ? Fils de marchands ? En tout cas, vu cette chouette maison, ils doivent avoir un sacré paquet de fric ! »

Il ne vit pas les jointures d'un poing s'écraser contre ses dents, par contre ils les sentit très bien. Sa bouche s'emplit de sang pendant qu'il s'écroulait sur le côté, les cheveux volant devant son visage. Il s'essuya les lèvres d'en revers de main et se redressa sur le coude. Il fixa son agresseur à travers ses mèches noires, qui brandissait maintenant son arme à feu dans sa direction.

« Tiens donc ! Je ne pensais pas te revoir un jour, Iruka. Hier soir je t'ai vu mais je n'en ai pas cru mes yeux. Je te croyais encore à Paris en train de dilapider ton argent sale en alcool et en femmes ! Mais on dirait que tu as décidé de passer à d'autres activités... Dommage pour toi.
- Orochimaru... souffla le jeune homme entre ses dents. »

Il avait le bras gauche en écharpe, et tremblait. Il devait avoir de la fièvre après son opération. Instinctivement, il porta la main à son omoplate et serra à s'en briser les phalanges la crosse de son pistolet. La paume de Shizune se posa alors sur le canon du pistolet et força Iruka à lâcher son revolver. Ce dernier chancela et se cramponna à la jeune femme pour ne pas tomber.

« Sakura, dit Tsunade, emmène ce patient dans une chambre et veille à ce qu'il reste dans son lit.
- Oui, madame...
- Shizune, vous avez aussi besoin de repos. Suivez Sakura, aidez-la à mettre Iruka sous ses draps et prenez une autre chambre.
- Très bien, merci beaucoup. Mais...
- Les trois enfants sont libres de faire ce qu'ils veulent. Ils n'ont pas besoin de soins, alors ils peuvent partir s'ils en ont envie. Par contre je voudrais qu'ils restent au moins jusqu'au lever du jour.
- Bah... Pourquoi pas ? fit Temari.
- Avec plaisir ! annonça Kiba.
- Merci pour votre hospitalité... murmura Hinata. »

Temari se tourna vers son amie de toujours. Elle était très pâle, et son regard dérivait sans cesse vers le visage d'Orochimaru. Visiblement, il la terrifiait, et elle ne pouvait que la comprendre... Elle prit sa main dans la sienne et demanda où ils pouvaient finir leur nuit sans déranger.

« Vous n'avez qu'à vous installer dans le séjour. Pendant ce temps... »

La doctoresse jeta un regard à son patient qui se tenait la jambe en grimaçant.

« … Nous allons pratiquer les soins... »

Les trois enfants se dépêchèrent de se rendre dans le séjour. Ils n'avaient pas trop envie de voir ça.

*****


Sakura descendit des chambres en soupirant de soulagement. Elle avait mis un temps fou à faire rentrer Iruka dans son lit et Shizune avait tenu à rester avec lui, ce qui signifiait le dressage d'un lit de camp, avec les draps et les couvertures qui allaient avec, sans oublier les nombreux linges hygiéniques pour assurer la propreté de ce lieu de soins. Bref, elle était contente de s'être séparée d'eux.
Malgré tout, son sentiment de satisfaction laissa vite place à l'impatience de découvrir pourquoi tout ce monde était réuni chez elle, et elle déboula dans le séjour en dégommant la porte. Hinata poussa un petit cri, Temari fit volte-face et Kiba se dressa, les poings serrés.

« Oups ! On dirait que je vous ai fait peur ! s'exclama-t-elle sur un ton d'excuse.
- Ça tu peux le dire... dit la blonde en expirant l'air qu'elle avait retenu. »

Kiba relâcha ses épaules et s'éloigna d'Hinata près de laquelle il avait bondi pour la protéger quand la porte s'était ouverte.

« Oui, bon, désolée, dit-elle, mais en fait je voudrais savoir... Comment vous êtes arrivés ici ? »

Et Temari comprit qu'elle était repartie pour raconter comment elle et Hinata avaient failli se faire enlever par un inconnu, le sauvetage, l'arrivée dans cette immense maison-hôpital, le récit d'Iruka... Sakura était pendue à ses lèvres. On lisait dans ses yeux l'envie et le goût de l'aventure. Cela se voyait d'ailleurs tellement que Hinata se sentit presque dans l'obligation de lui demander :

« Tu voudrais venir avec nous pour la suite ? Apparemment maintenant qu'on est au courant de l'histoire, on n'a plus le droit de revenir en arrière et il va falloir participer jusqu'à ce que tout ça s'arrête. »

Le regard vert de la fillette s'éclaira et un immense sourire découvrit ses dents blanches soigneusement entretenues.

« C'est vrai ? Vous me laisseriez venir avec vous ?
- Bien sûr, mam'zelle ! assura Kiba. On est tous de la famille, ici !
- Alors c'est enten... »

Un cri, à glacer le sang, empêcha Sakura de poursuivre. Immédiatement, l'enfant aux cheveux roses se leva et sortit de la pièce, fonçant à l'étage de la demeure.
Après un petit temps de surprise, Temari se lança dans les escaliers à sa suite mais l'apprentie médecin avait disparu. Elle regarda autour d'elle, agitant ses couettes blondes au fur et à mesure qu'elle tournait la tête dans toutes les directions. Rien. Le silence et la nuit. Le couloir n'était pas long, peut-être quatre portes de chaque côté du couloir, et elle n'avait tout de même pas pu disparaître. Une fois que ses yeux furent habitués à la pénombre du couloir, la fillette distingua une lueur sous une porte voisine et elle saisit un murmure dans le calme oppressant des lieux.
Elle tendit la main vers la poignée.
Une petite chambre, et dans cette chambre, juste sous la fenêtre condamnée par des barreaux, un lit en fer.
Sakura était agenouillée devant le lit et parlait à voix basse à quelqu'un que Temari ne voyait pas. En se déplaçant silencieusement sur la droite, la blonde devina un corps d'enfant sous les draps, surmontée d'une petite tête blonde. Elle s'approcha à pas de loup et tapota l'épaule de la petite rose qui porta son index à ses lèvres avant de caresser le front de l'enfant blond. Elle murmura encore deux ou trois mots apaisants et sortit doucement de la pièce et soufflant sur la bougie.
Une fois la porte de la chambre refermée, elle poussa un long soupir.

« Celui-là est l'un des deux seuls que madame Tsunade n'ait jamais réussi à guérir, alors elle le garde en observation et le soigne petit à petit. Il souffre de crises de démence, causées par un traumatisme lié à un événement survenu dans son enfance. Mais ce domaine est celui de l'esprit et malheureusement madame Tsunade n'a jamais été formée aux soins dans ce domaine. Tout ce que nous pouvons faire pour lui c'est de l'accompagner et de le soutenir dans sa souffrance...
- Comment il s'appelle ?
- Naruto. C'est la seule chose qu'on sait de lui. Il y a une autre jeune fille également, mais elle a été catégorisée comme folle et enfermée quasiment nue dans un asile où les autres passaient leur temps à la martyriser. »

Tout ça rappelait à Temari son petit frère Gaara qui présentait les mêmes symptômes. Le blonde se rendit compte alors à quel point sa famille lui manquait. Elle surprit une larme au coin de son œil et l'essuya du dos de la main. Sakura fit passer ça sur le compte de la fatigue et la ramena vite fait bien fait dans le séjour où Hinata et Kiba s'étaient endormis. En se couchant à côté d'eux, elle s'aperçut combien elle était fatiguée et s'endormit aussitôt.

*****


Elle se réveilla quelques heures plus tard avec un sentiment de culpabilité : il fallait qu'elle rentre à la maison. Ses petits frères et sa mère devaient beaucoup s'inquiéter, elle n'était pas rentrée de la nuit. Et sa mère ne plaisantait pas avec sa sécurité. Est-ce que Gaara, le plus jeune des deux, avait refait une crise ? Elle était la seule à pouvoir le calmer. Ils lui manquaient, tous les trois.

Hinata et Kiba dormaient paisiblement à côté d'elle, visiblement bien moins soucieux qu'elle à cet instant précis. La petite blonde sourit ; il y avait longtemps qu'ils n'avaient pas été seuls tous les trois, tranquillement, isolés de tout. Hormis leurs respirations régulières, il n'y avait pas un bruit. Sauf peut-être le clip clop caractéristique des sabots d'un cheval qui piétinait devant la maison. Puis, après réflexion, elle se dit qu'il n'y avait pas qu'un cheval parce qu'elle pouvait entendre les cliquetis de nombreux étriers sonner comme des grelots.
Elle ouvrit la fenêtre sans se soucier du confort des enfants derrière elle et regarda un groupe de cavaliers se masser devant la maison. D'aussi bonne heure le matin, c'était assez surprenant pour ça vaille le coup de descendre voir ce qui se passe, mais avant même qu'elle n'ait eu le temps de refermer la fenêtre, le cavalier de tête, qui avait les cheveux gris et un sourire désagréable collé aux lèvres, lança d'une voix forte :

« Iruka Umino ! Vous êtes recherché pour enlèvement d'enfants, violences et agression ! Sortez de là ou nous devrons entrer de force ! »



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