Fiction: Lune bleue (terminée)

France, XVII° siècle de notre ère. Dans une petite ville de campagne habite Temari, fille de couturière réputée, âgée d'une dizaine d'années. Sa vie se résumerait au nettoyage de la chambre de ses frères s'il n'y avait pas ce mystérieux hôtel du nom de Lune Bleue, qui concentre tous les plus sombres secrets de cette ville. Un après-midi qu'elle s'attarde devant l'entrée, un drôle d'homme s'approche d'elle et de son amie...
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Rahjenaimar (Féminin), le 06/06/2012
Voilà, je recommence une fiction, que j'avais commencé à écrire il y a un bon moment, et que j'ai entièrement revisitée pour en faire quelque chose de plus abouti. Un premier jet, c'est jamais terrible !
Alors voilà, en espérant que vous apprécierez ce chapitre ! :D




Chapitre 2: Une sale affaire !



Quelques heures plut tôt, marchant d'un pas vif dans les rues du village, la jeune vendeuse se nommant Shizune ressassait des pensées sordides après ce qu'elle avait vu à l'étage de la boutique de madame Bellamie : « Quelle sale histoire, vraiment... Cette pauvre fille n'a vraiment pas eu de chance... »

Après un rapide trajet, elle s'arrêta devant le bâtiment de la maréchaussée. C'était un grand cube de pierres grises situé devant la caserne, stricte et sobre. Sur le côté, il y avait une petite écurie, d'où provenait des relents de purin. Les pavés étaient souillés de paille et de crottin, sur lesquels on relevait de nombreuses et plus ou moins récentes traces de pas. Elle hésita un instant à l'entrée. Et si on lui demandait son nom ? Et si on regardait dans les archives des entrées et sorties du village ? Elle était arrivée en douce, camouflée à l'arrière d'une charrette avec sa petite sœur. Elle ne vivait pas officiellement ici...
Un sentiment de honte l'envahit soudain : il y avait une pauvre victime qui attendait qu'on vienne s'occuper d'elle et elle, elle jouait les poltronnes ! Son caractère frondeur prit le pas sur ses craintes. Elle serra les poings et pénétra la tête haute dans l'ombre des lieux.

La première pièce était occupée par deux tables, avec chacune deux chaises à côté ; elle était éclairée par de simples lanternes dont les flammes dansantes projetaient des ombres sur les murs. Shizune fut surprise par l'absence de fenêtres. Une mesure de sécurité sans doute, mais cela ajoutait à l'endroit une odeur de renfermé et de sueur. Elle s'aperçut alors qu'une lumière vacillante filtrait par dessous la porte du fond. Elle s'en approcha, frappa et entra.
Cette nouvelle salle était sensiblement identique à la première hormis le fait qu'elle était beaucoup plus éclairée. Plusieurs hommes, assis autour d'une table ronde, jouaient aux cartes et ne misaient apparemment pas que des heures de garde... L'un d'eux fit disparaître comme par enchantement les piles de pièces dans des bourses en toile et soupira :

« Mince, on dirait que le devoir nous appelle... C'est à toi de t'en occuper, Iruka...
- Quoi ?! Et pourquoi moi ? protesta vivement le concerné.
- Parce que t'es le plus jeune et que tu viens d'arriver. Allez, bouge ! La demoiselle attend. »

Le dénommé Iruka se leva et marcha vers la jeune femme en grommelant. Il tenta de masquer sa mauvaise humeur derrière un sourire faussement accueillant qui étira la cicatrice trônant sur son nez. Ses cheveux ramenés en queue de cheval à l'arrière de son crâne chatouillèrent le visage de Shizune quand il passa devant elle en se rendant dans la première pièce.
La porte se referma sur les autres hommes ; ils étaient seuls. Et il ne paraissait pas ravi d'être assigné à cette affaire.

« Bon alors, vous voulez quoi ? demanda-t-il sans préavis.
- Je... hésita la jeune femme. Euh...
- Hé, j'ai pas toute la journée, moi ! »

Sa brusquerie mit Shizune en colère. Il voulait que ça aille vite ? Très bien, ça irait vite.

« Il y a eu un vol, annonça-t-elle froidement, et un meurtre, chez ma patronne. »

Le jeune homme écarquilla les yeux, visiblement abasourdi par la nouvelle. Il se passa une main sur le front et s'assit sur le coin d'une table, les sourcils froncés.

« Mais... Mais comment... Mais qui êtes-vous, d'abord ? D'où vous venez ?
- Dites-moi, rétorqua-t-elle en espérant que son idée fonctionne, vous avez parié combien avec votre... ami pour être endetté au point de devoir lui obéir comme un serviteur ? »

La provocation contre l'oubli de sa question. Il se raidit immédiatement mais ne sembla pas se départir de son calme. Il reprit plus aimablement :

« Très bien, mademoiselle... ?
- Shizune.
- ... Shizune, pouvez-vous me guider jusqu'au lieu de cette agression, s'il vous plaît ?
- Bien sûr, venez. »

Il esquissa un hochement de tête rapide et fit signe à son interlocutrice qu'il la suivait. Shizune afficha un petit sourire satisfait mais n'ajouta rien. Après tout, sa petite provocation ne marcherait pas à chaque fois qu'elle devrait se sortir d'une situation embarrassante...

*****


La porte du magasin de madame Bellamie était restée ouverte suite au départ en trombe de Shizune. D'ailleurs, sa patronne, perchée sur la marche de l'entrée, avait ameuté tous les villageois du voisinage pour leur raconter comment elle avait découvert « cette pauvre fille ». Ses bras faisaient des grands moulinets et son chignon confectionné à la va-vite lui conférait un air de femme éprouvée. Cependant, son visage stoïque contestait l'état d'horreur qu'elle mimait pourtant à la perfection.
Shizune s'empêcha de pouffer quand Iruka, à ses côtés, eut un mouvement de recul en voyant cette grosse femme énervée se précipiter – en se dandinant – vers lui avec le visage rougi par l'effarement et l'effort. Elle lui saisit le bras vivement et s'exclama :

« Enfin cette enfant est revenue ! Shizune, tu aurais dû aller plus vite ! Et vous, suivez-moi ! ajouta-t-elle en regardant le jeune homme dans les yeux.
- Euh... Oui, madame ! fit le jeune homme avec courtoisie. »

Mais la lueur de repoussement dans ses yeux n'avait pas échappé à Shizune qui se proposa pour les accompagner.

« C'est sûr que tu seras plus utile en haut qu'ici ! caqueta la propriétaire. Referme bien la porte après nous !
- Bien, madame Bellamie. »

La brune suivit le jeune garde du village et sa patronne. Alors qu'elle refermait la porte, la grosse femme aboya une nouvelle fois, tapant du pied :

« Shizune, qu'est-ce que tu fabriques, encore ? Viens donc montrer la chambre à ce charmant monsieur qui doit être pressé ! Non mais je vous jure, quelle empotée !
- Mais... Je croyais que vous...
- Que je quoi ? J'ai des choses plus importantes à faire ! »

La jeune femme dissimula un sourire ironique. « Des choses plus importantes » ? C'est-à-dire se maquiller ? Raconter cette histoire et d'autres potins aux mégères du quartier ? Elle entreprit néanmoins sans rechigner de se diriger vers l'escalier.

Les marches de bois verni parfaitement entretenues grincèrent à peine sous leurs pieds quand ils montèrent à l'étage. Les murs étaient recouverts d'une mosaïque sensée représenter une scène de la Bible, avec un bateau, des animaux exotiques et de la pluie. La rambarde sculptée et polie ajoutait une touche d'élégance à cet ensemble chic.

« Je suis désolée... commença Shizune à l'intention du jeune homme.
- Non, ne vous excusez pas pour votre patronne, répondit-il J'ai l'habitude. Et puis ce genre d'événement secoue un peu, en principe. C'est normal qu'elle soit énervée. »

La jeune femme pensa très fort « Elle est tout le temps comme ça... » mais le garda pour elle.
Le couloir de l'étage était décoré dans le même style que l'escalier. Le sol était propre, des fleurs séchées s'alignaient sur des tables d'appoint. Les murs étaient couverts de drapés de couleurs différentes ; l'atmosphère n'en était que plus étouffante.
Les deux jeunes gens s'arrêtèrent devant la porte du bout du couloir.

« Voilà, c'est ici, dit Shizune. Comme madame Bellamie propose des chambres pour la nuit, il y a une salle de bain pour les clientes.
- Clientes ?
- Cet établissement est réservé aux femmes, monsieur. Mais vous, vous êtes une exception compréhensible... Bien, allons-y. »

Et elle poussa la porte qui s'ouvrit en grinçant. La première chose qu'aperçut le jeune officier fut le carrelage bleu et blanc disposé en quinconce. Ensuite l'on voyait une baignoire en grès blanc, lissé et recouvert d'une couche de grandes plaques de céramique aux couleurs de ciel. Une glace et quelques pots de poudre permettaient aux femmes de pouvoir se faire belle, et des peignoirs doux pendaient dans la penderie entrouverte tout au fond.
Mais pas de cadavre, pas de sang, pas de crime.

« Si c'est une blague, mademoiselle, je ne trouve pas ça drôle du tout... grinça Iruka entre ses dents.
- Je... Je ne comprends pas... Elle était ici... Je suis... je vais chercher madame. Veillez m'attendre. »

La brune descendit les escaliers en trombe et les remonta en compagnie de la propriétaire des lieux. Le jeune homme les entendit dans l'escalier :

« ... Empotée que vous êtes, mon enfant ! Évidemment que je l'ai changée d'endroit ! Il fallait que cette salle d'eau soit réutilisable immédiatement, j'aurais perdu de la clientèle ! Je l'ai mise dans la chambre inoccupée, à l'autre bout. Et faites vite ! J'ai des affaires à régler ! »

Shizune fit irruption sur le palier et Iruka se dirigea vers elle, les sourcils levés. La jeune femme fit une grimace et pointa le pouce vers l'opposée du couloir.

« C'est par ici... »

Elle se dirigea vers l'autre extrémité du corridor. Elle s'aperçut en jetant un coup d’œil par dessus son épaule que le regard du jeune homme s'attardait un peu trop sur ses hanches fines et ses longues jambes qu'on devinait sous sa jupe lui arrivant aux genoux.

« Quand vous aurez fini vos frivolités, lui lança-t-elle d'une voix blanche, vous viendrez peut-être voir cette pauvre fille.
- Oui, euh... balbutia Iruka. Excusez-moi. »

Il se dépêcha de rejoindre la jeune vendeuse et attendit sans un mot qu'elle fasse tourner la clé dans la serrure. Un déclic se fit entendre et la porte s'entrouvrit.

Sur le tapis vert de jade, étalée de tout son long, la victime semblait fixer le plafond. C'était une femme aux cheveux brun clair, avec de jolies courbes et des yeux noirs. Le teint métissé de sa peau permettait de comprendre qu'elle n'était arrivée en France que récemment, où la blancheur de la peau des femmes était bien connue. La jeunesse de son visage exprimait une infinie souffrance, que la mort elle-même n'avait su effacer. Sa main gauche ensanglantée, aux doigts contractés, était resserrée sur le haut de sa poitrine, à la base de son cou ; il y manquait l'annulaire. Du sang tachait le corsage bleu de la jeune femme, là ou sa main s'était agrippée. Elle avait la bouche ouverte et les yeux exorbités.

« C'est... très bizarre, commenta Iruka en s'avançant. Vous dites qu'il n'y a pas eu de bruit ?
- Non, monsieur, répondit Shizune, les yeux fixés sur ses mains. Pas un seul. »

L'air commençait à être envahi par l'odeur du cadavre. Tandis que la brune allait ouvrir la fenêtre, le jeune homme s'accroupit auprès du corps.

« On pourrait pourtant croire qu'elle criait juste avant de mourir... Mais s'il n'y a pas eu de bruit, c'est que ce n'était pas le cas. Dans ce cas, j'imagine que sa bouche ouverte signifie une souffrance interne, et une gorge trop brûlée pour crier...
- Du poison ? proposa, dans un souffle, Shizune qui l'avait rejoint. Mais... mais comment ça se fait ? Et pourquoi ?
- Je n'en sais rien. Mais c'est mon rôle de le découvrir. Oh, attendez... »

Iruka plongea la main sous le corsage de la victime. Shizune faillit lui balancer les pires insultes concernant les pervers irrespectueux en remarquant son manque de délicatesse. Il dut remarquer son indignation car il dit :

« Hé, on se calme. Regardez plutôt ça... »

Il lui tendit une fine chaîne argentée, au bout de laquelle pendait, scintillante, une étoile à six branches.

« Elle était juive... murmura la brune.
- Oui, on dirait bien. Je crois que cela pourrait être en lien avec... »

Il remarqua l'expression attentive de la jeune femme. Se ravisant, il pinça les lèvres et secoua la tête.

« ... J'en ai déjà trop dit. D'ailleurs, ces détails ne vous concernent pas. Euh... Par contre j'aimerais bien que vous me raccompagniez jusqu'au quartier militaire... Je suis un peu perdu dans cette partie de la ville. Mis à part ça, je vais devoir récupérer le corps et... Bref. »

Il se leva et se dirigea vers la porte.

« Si vous voulez bien attendre que je sois revenu pour emporter le corps...
- Où allez-vous ? lui demanda Shizune.
- Je vais poser quelques questions dans le voisinage. Ensuite je retournerai à la caserne. Oh, et je vais récupérer la...
- Tenez, l'interrompit la jeune femme. »

L'étoile argentée changea de main et partit rejoindre les quelques sous délaissés dans la poche du veston d'Iruka.

*****


Les deux jeunes gens marchaient lentement. Le jeune homme ne paraissait pas pressé de retourner au bâtiment de la maréchaussée, et Shizune de son côté n'avait pas très envie de repartir vaquer à ses occupations après ce qu'il s'était passé dans le journée.

« Alors, que pensez-vous de tout ça, monsieur ? demanda Shizune tandis qu'elle raccompagnait le garde.
- Il y a plusieurs possibilités, lui répondit-il. Mais vous comprenez bien que je ne peux rien vous dire, cela pourrait vous mettre en danger.
- Oui, j'imagine... »

Alors qu'ils approchaient de leur destination, Iruka porta un regard vers l'entrée du village et la pointa du pouce. Se tournant vers la brune, il dit d'un ton dégagé :

« On pourrait aller faire un tour un peu plus loin, ce serait dommage de se quitter sur une histoire aussi sordide... »

Shizune sourit et, baissant les yeux, elle hocha la tête. Le jeune homme eut un sourire énigmatique et prit le bras de la vendeuse, la tirant vers la campagne.
Le soir arriva rapidement, puis les premières étoiles, tandis qu'ils discutaient. En cette tardive fin d'hiver, le soleil se couchait vite, ils avaient donc tout intérêt à retourner rapidement au village s'ils ne voulaient pas se retrouver piégés par la nuit. Soudain, alors qu'ils retournaient sur leurs pas, plusieurs cris leur parvinrent. Ils se stoppèrent et tendirent l'oreille. Dans le calme plat de l'extérieur de la ville, on entendait distinctement des bruits de lutte un peu plus loin. Iruka se tendit, prêt à accourir.

« Excusez-moi, mademoiselle, il faut que j'aille voir ce qui se passe. Ne bougez pas, et ne faites pas de bruit. C'est dangereux pour une femme de se promener seule tard le soir. D'accord ?
- Euh... D'accord. Faites attention ! lui lança-t-elle tandis qu'il s'éloignait. »

Mais il s'était déjà enfoncé dans la nuit. Shizune attendit en rongeant son frein, anxieuse, pendant cinq bonnes minutes, puis craqua. Elle se mit à courir sur la route de terre, guidée par les cris étouffés qu'elle entendait de plus en plus distinctement.
Elle heurta quelque chose placé en travers de la route et s'écroula. Elle entendit des gémissements et des pleurs étouffés, et le « quelque chose » se transforma en « quelqu'un » : une fillette de dix ans aux longs cheveux noir de jais et à la peau très blanche gisait sur la terre humide. Elle se serra contre la jeune femme quand celle-ci s'accroupit auprès d'elle et agrippa sa jupe de toutes ses forces, comme si sa vie en dépendait.
Shizune, abasourdie, la releva doucement et la mit sur ses pieds. « Elle n'est pas plus âgée que ma petite sœur... » pensa-t-elle.

« Hé bien, qu'est-ce qui t'arrive pour que tu sois dans cet état ? lui dit-elle.
- C'est le monsieur... Le monsieur est venu... Temari... Le garçon nous a sauvé... Très peur... Autre monsieur... Bagarre...
- Hein ? »

Mais la petite était trop secouée pour expliquer autre chose. Elle put juste lui dire son nom – Hinata – quand la jeune femme le lui demanda.
Un coup de feu les fit sursauter toutes les deux. Les pleurs d'Hinata redoublèrent. Shizune recommanda à l'enfant de ne pas bouger de là et se remit à courir. Enfin elle aperçut, à une trentaine de mètres, deux silhouettes qui échangeaient des coups violents.
Il y eut un autre coup de feu et un cri de douleur. L'une des deux silhouettes tomba tandis que l'autre prenait la fuite en boitant.

Le cœur battant, la brune surgit auprès du corps laissé-pour-compte de Iruka et s'agenouilla. Son sang se glaça lorsqu'elle s'aperçut qu'il perdait beaucoup de sang par l'omoplate gauche. Le jeune homme lui dit dans un murmure rendu rauque par la douleur :

« Rattrapez-le, il est blessé, il ne pourra pas vous faire de mal... Mais n'alertez surtout pas le village... Les deux gosses sont dans les buissons, l'un d'eux a été touché, je crois.. »

Et il sombra dans l'inconscience. Shizune battit des paupières deux fois et se releva. L'autre homme avait déjà disparu dans le noir mais elle pouvait voir grâce à la lune les sombres gouttes de sang sur le sol. Elle n'eut pas à chercher longtemps, et le trouva évanoui également sur le bord de la route. On aurait dit qu'il avait tenté de traverser le fossé pour atteindre un champ de maïs. Elle le tira à grand peine par les aisselles pour le ramener près du jeune homme brun, après s'être assurée qu'il n'était pas mortellement blessé. Néanmoins, les deux hommes avaient besoin de soins, et le plus tôt serait le mieux.
Angoissée et dépassée par les événements, elle décida de commencer par appeler Hinata, qui courut se réfugier contre elle, et incita les deux autres à se montrer. Un petit garçon brun-roux avec un air campagnard une petite blonde à quatre couettes sortirent prudemment d'un bosquet de buis, couverts d'éraflures. Elle vit les yeux de la fillettes s'arrondir tandis qu'elle la reconnaissait :

« Mademoiselle Shizune !
- C'est la petite Temari ! s'exclama la jeune femme en écho. Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
- C'est le monsieur, là, lui dit-elle en désignant l'homme inconnu. Il voulait nous kidnapper, Hina et moi ! Mais Kiba est arrivé et lui a sauté dessus. Sauf qu'il était un peu trop fort pour nous... ajouta-t-elle avec une grimace. Il nous a frappés, et en sautant pour l'éviter, Kiba s'est tordu la cheville. On pensait que c'était fichu quand l'autre monsieur est arrivé, et il lui a collé son poing dans la figure ! »

Sans savoir pourquoi, Shizune éprouvait de la fierté à ces mots.

« ... Mais l'autre il avait un pistolet, poursuivit Temari plus sombrement, et il lui a tiré dessus. Heureusement qu'il l'a manqué, parce qu'il le visait en pleine tête... Du coup le jeune monsieur en a profité pour lui planter son couteau dans la cuisse !
- Ouais, en plein sur son vieux cuissard crotté ! ponctua le petit garçon.
- Comme il était blessé à la jambe, il a dû savoir qu'il n'aurait plus le dessus. Le problème, c'est que le gentil monsieur aussi ! Il a pas fait attention et il s'est retourné vers Kiba et moi pour nous dire de décamper, ce que Hinata avait déjà fait... mais on savait pas où aller, et puis, de toute façon, Kiba ne peut pas marcher. On s'est précipités dans les buissons, et c'est à ce moment qu'il s'est pris une balle dans le dos. Il a commencé a fuir... Et là vous êtes arrivée, et vous avez rattrapé cet horrible bonhomme en quelques minutes ! »

Elle la regarda avec admiration et Shizune comprit que le simple fait d'avoir ramené le corps inanimé de l'homme lui avait valu la loyauté de la fillette. Puis un éclair de malice passa dans les regard impressionnée de la petite blonde et elle lui demanda :

« D'ailleurs comment ça se fait que vous ayez débarqué aussi vite ? Vous étiez avec le jeune monsieur ? Vous êtes amoureux ? »

Ces trois questions mirent la brune profondément mal à l'aise. Elle se mit à bafouiller qu'ils passaient pas hasard, tout en se maudissant intérieurement d'être troublée à ce point par de simples questions posée par une enfant un peu trop curieuse.

Elle s'interrompit soudainement en entendant un râle rauque ; il venait d'Iruka. Inquiète, elle s'approcha de lui et regarda l'état de sa plaie. Il perdait toujours autant de sang, et la chair meurtrie autour de la perforation prenait une affreuse couleur violette. Elle retira sa veste et la déchira pour en faire un bandage qu'elle serra autour de la plaie sanglante tout en priant pour que ça cesse de saigner. Mais ça ne s'arrêtait pas. Il lui fallait de l'aide, de l'aide...
Les trois enfants avaient froid. Ils tremblaient en silence les uns contre les autres. Shizune les entoura du reste de sa veste et les serra contre elle. Elle ne pouvait pas partir et les laisser seuls... Elle ne pouvait pas non plus rester là sans rien faire...

Un bruit de roue dérapant sur une pierre lui provint, puis un hennissement de cheval et un fouet qui claque. Elle leva les yeux, et une calèche s'arrêta à sa hauteur, comme un miracle. Devant ses yeux écarquillés, la porte s'ouvrit et une voix de femme résonna :

« Vous avez l'air d'avoir froid ! Montez donc et prenez vos blessés avec vous ! »




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