Fiction: Lune bleue (terminée)

France, XVII° siècle de notre ère. Dans une petite ville de campagne habite Temari, fille de couturière réputée, âgée d'une dizaine d'années. Sa vie se résumerait au nettoyage de la chambre de ses frères s'il n'y avait pas ce mystérieux hôtel du nom de Lune Bleue, qui concentre tous les plus sombres secrets de cette ville. Un après-midi qu'elle s'attarde devant l'entrée, un drôle d'homme s'approche d'elle et de son amie...
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Rahjenaimar (Féminin), le 24/09/2012
Ah, ah, ah... salut tout le monde !
Je faisais du tri dans des vieux dossiers et... voilà que je tombe sur la suite d'une fiction que j'avais jamais publiée.
J'ai pas pris le temps de vraiment relire alors... C'est peut-être plein d'incohérences et tout ça, mais bon, je me suis dit que ce serait marrant de le publier quand même après plus de cinq ans de retard...
Oui, bon, bah la ponctualité, c'est pas mon truc.




Chapitre 10: Combattons, mortecouille !



Le front de Temari devint humide de sueur. Elle se rappelait très bien que Mizuki était ce sale type faisant partie de l'Organisation, et qu'il n'aurait absolument aucun scrupule à faire du mal à Shino. Et Shino, lui, l'ignorait. Elle tenta de regarder discrètement et aperçut le garçon, planté à six mètres de deux hommes dont l'un était cet homme aux cheveux gris et aux petits yeux méchants comme ceux d'un sanglier. La petite fille dut bien se l'avouer : il lui faisait peur.
Elle pensa à Shino qui ne savait pas à quel danger il s'était exposé en jouant les héros. Celui-ci ne semblait pas échevelé pour un écu et se tenait bien droit, presque nonchalant, face aux menaces venimeuses des deux chiens de l'Organisation.

« Bon, sale mioche, on n'a pas toute la journée à te consacrer, lança Mizuki au brun. Tu viens là et je t'assure qu'on te fera pas de mal...
- Vos paroles ne sont pas crédibles, mon bon monsieur, rétorqua Shino. Vos entrailles sont dévorées par l'envie de me rosser. Je le vois à votre manière de serrer les doigts. Mais peut-être votre ami sera plus enclin à respecter les règles de bienséance ? »

Les regards portèrent sur le deuxième homme, plus grand et plus imposant, avec les cheveux couleur citrouille étrangement coiffés : c'étaient trois rangées de cheveux hirsutes - une sur le sommet du crâne et une sur chaque côté au-dessus des oreilles - qui lui donnaient l'air d'un moine corrompu par l'avarice. Ses vêtements marron amples appuyaient cette théorie, et Shino avait décidé de tester la morale d'homme d'église qui pouvait rester à ce gros bonhomme.

L'homme roux regarda le garçon, puis Mizuki, l'air de demander ce qu'il convenait de faire. Mizuki secoua la tête et posa la main sur l'épaule de son compagnon, une expression consternée sur la figure :

« Ah, Jirôbô, tu me fais de la peine... Tu es aussi stupide que tu es gros. Je comprends que tes parents t'aient abandonné devant la porte d'une église de campagne. T'y as subi un lavage de cerveau, mon gros, mais heureusement, on a fait le ménage là-bas. Sinon ces sacristains ramollis auraient fait de la bouillie du peu d'intelligence que tu as. En plus, comme t'es abruti et surtout musclé t'es vachement pratique pour faire le sale boulot à ma place. Maintenant, exécute la voix de Dieu et débarrasse-nous de ce mouflet !
- Mais... Mais notre Père condamne la violence sous toutes ses formes... balbutia le gros moine avec des yeux hagards. »

Mizuki poussa un long soupir exaspéré. Il regarda Shino de ses yeux cruels et froids et parut sur le point de se jeter sur lui. Mais il ne devait pas avoir pas envie d'entacher sa réputation pour cause de violence sur un enfant car il regarda avec insistance Jirôbô qui se tordait les mains sur un crucifix imaginaire, psalmodiant des récitals latins.

« Jirôbô, tu te dépêches ? lui lança-t-il.
- Seigneur... souffla le gros moine, transpirant à grosses gouttes, j'espère suivre vos divines directives en m'occupant de cet enfant...
- Mais oui, grosse bedaine, soupira Mizuki. Allez, il sera content, notre Seigneur. »

Il administra une grande claque sur le postérieur de l'homme de foi pour précipiter un peu son action. L'homme aux cheveux orange se redressa aussitôt et domina Shino de toute sa hauteur. Le garçon n'avait visiblement pas pensé qu'il devrait échapper à un homme si imposant dans un si petit couloir et il se dit qu'il avait intérêt à agir, vite.
Jirôbô avait l'air d'essuyer une puissante tempête mentale et, même s'il leva le poing pour frapper Shino, il ne porta pas son coup immédiatement, laissant au petit brun, pendant un instant, une échappatoire. Un espace entre les jambes où il pouvait se glisser avec de l'élan.
Il fit un pas en arrière et se jeta en avant. Son mouvement soudain réveilla le moine qui abattit ses doigts sur lui. Trop tard. Il s'écrasa la main par terre et poussa un mugissement de douleur. Shino avait déjà détalé plus loin et pris soin de heurter la jambe droite de Mizuki au passage, afin de l'échauffer sérieusement. Un fois rendu à une dizaine de mètres derrière les deux hommes, il leur fit un joli pied-de-nez et recula encore, si bien que Temari ne le voyait plus. En revanche elle l'entendit très bien fanfaronner :

« Hum, il se trouve que je suis plus malin, plus agile et bien plus fort que deux hommes qui pourtant, je n'en doute pas, doivent être habitués à la castagne. Voilà qui est fort complaisant ! Sur ce, messieurs, je vous tire ma révérence. Au revoir ! »

Puis elle l'entendit partir sur la gauche en sifflotant. Éberlués, les deux hommes restèrent un instant immobiles, tandis que Jirôbô soufflait par le nez comme un taureau, massant ses phalanges. Alors, Mizuki s'exclama :

« Ne le laisse pas partir comme ça ! Rattrape-le, gros plein de soupe !
- Oh, euh, oui ! »

Et ils s'élancèrent à la suite du garçon.

Une fois que le bruit de leurs pas se fut évanoui, Temari souffla et se laissa glisser contre le mur. Elle relâcha son souffle qu'elle avait beaucoup retenu pour ne pas signaler sa présence aux deux hommes. Elle pensa à Shino et espéra de toutes ses forces qu'il ne se ferait pas capturer par ces deux affreux bonshommes. Après les avoir provoqués de la sorte, elle était certaine qu'ils n'hésiteraient pas à lui faire du mal. La petite blonde ressentit un pincement au cœur. Il avait pris de gros risques, pour elle.
Une petite voix se glissa dans sa tête : « Et maintenant ? » Maintenant, elle allait devoir retrouver Hinata, sans l'aide de personne, et puis les autres aussi. Et le plus vite possible, parce que Shino avait également un temps limité devant lui. Elle repensa à la porte. Qui n'était désormais plus gardée. Il fallait qu'elle y aille. Tout de suite, pendant que la voie était libre. Elle tira sur ses jambes tremblantes pour se relever, s'appuya contre le mur et inspira à fond. C'est reparti. Puis elle s'élança dans le couloir vide.

Lorsqu'elle arriva au bout, elle glissa sa tête à l'angle du mur et regarda des deux côtés, puis se focalisa sur la porte, très loin au fond. Elle s'avança, et la profondeur du couloir la surprit. Elle ne pensait pas que l'hôtel était si long. Peut-être qu'il s'étendait sur toutes les maisons de la rue ? Ce serait étrange. Un murmure sinistre provenait de derrière la porte, et elle perçut un souffle humide sur ses joues roses et dans ses cheveux. Il y avait un courant d'air, ça devait donc déboucher.
Seul l'espoir de se retrouver à l'air libre put forcer les pieds de la fillette à la faire s'approcher de la porte qui menaçait de s'ouvrir et de la happer. Elle posa la main sur la poignée puis l'actionna. Des relents de mousse et d'égouts lui chatouillèrent le nez et lui emplirent la bouche.

« Beurk, ça pue, fit-elle en se pinçant les narines. »

Cette phrase n'avait absolument rien de nécessaire, mais ça la rassura de s'entendre. Dans ce silence pesant, elle se sentait toute petite et avait l'impression de ne plus exister. Elle attrapa les bords de sa robe, comme toujours quand elle était stressée, rentra la tête dans les épaules et avança.

*****

Tandis que la fillette de dix ans s'enfonçait de plus en plus dans le noir, il se passait quelque chose à l'extérieur de l'hôtel, qui avait attiré les badauds, formant un cercle autour des protagonistes de la scène. Au milieu du cercle de regards indiscrets, deux hommes se faisaient face, la haine sur le visage, et s'envoyaient au visage ce qu'ils _:

« Alors, pauvre chien, tu n'es finalement pas si lâche que ça !
- Iruka, espèce d'abruti, tu te livres de toi-même à la potence ! Je me ferai un plaisir de te traîner dans la boue comme un porc !
- Tu es un enfoiré, Orochimaru ! Tout juste bon à la débrisure des pucelles !
- Et toi tu n'es bon à rien du tout, hormis finir avec la tête tranchée !
- Lâche !
- Sale petit fouineur... Je te vomis.
- Tu es peureux ! Stupide ! Immonde, repoussant, et atroce ! Et
- Ça suffit ! J'en ai assez entendu ! s'exclama alors Orochimaru, le visage rougi de s'être tant égosillé. Je vais te trancher la gorge moi-même ! »

Il se saisit du pommeau doré de son arme, rangée dans un fourreau pendant de sa ceinture. Il la tira violemment avec un grand bruit de frottement métallique. Iruka recula d'un pas, louchant sur la pointe de la lame ciselée tendue vers lui, qui lui semblait étonnamment longue. Il y eut plusieurs cris de frayeur dans le public mais personne ne s'avança pour lui sauver la mise, ce qui lui donna la nausée : dès qu'il s'agissait d'aider quelqu'un, il n'y avait plus personne...
Il remarqua dans la foule plusieurs escrocs qui murmuraient sournoisement à l'oreille des spectateurs improvisés : « Hé, il y a une mise de trente-quatre contre six en faveur du grand type à l'épée, combien tu mets ? », et comprit que la foule elle-même était d'accord sur le fait qu'il n'avait aucune chance dans un combat comme celui-ci si son adversaire était armé. Mais il savait que de toute façon Orochimaru ne serait pas d'avis de faire un duel à la régulière, étant donné qu'il avait juré de le tuer. Et comme il s'était mis Mizuki à dos et qu'il était traqué pour divers motifs, inutile de compter sur les gardes du village.
Non, il allait devoir vaincre son ennemi seul. Mais comment ?

Alors que les réflexions d'Iruka faisaient leur bonhomme de chemin, une jeune femme masquée par un manteau gris fixait Iruka comme s'il risquait de se volatiliser en un clignement d'œil. Elle avait été d'accord pour qu'ils partent à la recherche d'Orochimaru, ne supportant plus de rester enfermée dans la demeure de Tsunade, en se déplaçant dans le village au hasard. Après s'être introduits dans la ville grâce à un chargement de foin dans lequel ils s'étaient glissés, ils avaient erré dans les rues, se rendant dans tous les endroits louches qu'ils connaissaient, là où un homme honnête ne viendrait pas mettre les pieds. Ils avaient très peu de chance de le rencontrer de cette manière mais, par un coup du sort incroyable, ils tombèrent nez à nez avec lui devant... la maréchaussée. Il s'était enfui dès qu'il les avait reconnus, sans doute plus par surprise qu'après une vraie réflexion.
Iruka et Shizune l'avaient rattrapé juste avant qu'il ne se cache dans l'hôtel Lune Bleue. Le jeune homme s'était tourné vers elle, lui avait demandé de ne pas s'en mêler et, comme elle le suppliait du regard, il lui avait soufflé :

« Ce serait trop dur de te voir tomber devant moi, Shizune. »

Il l'avait dit tout bas, tellement bas que Shizune pensait qu'il ne le lui avait pas vraiment dit et qu'il l'avait simplement pensé et transmis par son regard. Son regard... si intense et profond, cachant mal ses vrais sentiments. Elle l'avait embrassé. Il avait souri. Puis il s'était retourné vers Orochimaru à qui il barrait l'entrée de l'hôtel et avait engagé l'affrontement, verbalement d'abord.
Désormais Shizune n'avait plus qu'à prier de toutes ses forces qu'il ne se fasse pas transpercer par la lame de cet homme dont tout en lui lui inspirait du dégoût. Elle joignit les mains devant sa poitrine et adressa ses supplications les plus sincères à celui qui devait veiller là-haut.

Iruka aurait bien aimé adresser une prière à Celui d'en haut aussi, mais Orochimaru ne lui en lassa pas vraiment le temps. Il dut se baisser très rapidement pour éviter d'avoir le torse découpé sur toute sa largeur, avant de rouler sur le côté, la lame effilée se dirigeant dangereusement vers sa poitrine. Il se retourna mais resta au sol un peu plus loin. Orochimaru avait le visage atrocement déformé, sa bouche tordue dans un rictus cruel et ses yeux grand ouverts. Iruka remarqua quelque chose qui lui glaça le sang : il se léchait les lèvres comme s'il voulait le mettre en pièce et le dévorer ensuite. Il allait le saigner comme un animal.
Orochimaru tendit le bras vers son visage, l'épée dardée sur son cou. Iruka déglutit. Son adversaire éclata d'un rire froid, faisant voltiger ses longs cheveux noirs autour de sa tête, et lui cracha :

« Voilà donc tout ce que tu peux faire ! Me fuir la queue entre les jambes ! Tu n'as aucun honneur, Iruka Umino ? Je devrais te percer la panse et te regarder agoniser afin de te rendre ta dignité ! Mais... »

Il lui sourit, presque gentiment, et Iruka le trouva encore plus effrayant que précédemment. Il s'aperçut que son adversaire ne le regardait plus mais scrutait la foule. Puis son regard revint sur lui, et il vit y sommeiller une envie cruelle de vengeance.

« … Malheureusement pour toi, je suis très loin d'être un gentilhomme. »

Il se précipita sans prévenir vers la foule qui recula, apeurée. Il se dirigeait vers une personne bien précise. Iruka comprit son intention en un éclair et se releva d'un bond. Trop tard. Orochimaru s'empara de Shizune, la saisissant violemment par le bras, et l'enserra contre son torse, dos à lui. Il passa un bras sous sa gorge, et de l'autre il menaçait Iruka de son épée.
Iruka demeura silencieux tandis que Shizune lançait du regard tous les appels au secours du monde. Elle se débattit, ce qui ne parut pas plaire à son agresseur qui la prit par les cheveux et lui tira violemment la tête en arrière.

« Aah ! s'écria Shizune.
- Reste tranquille, ma donzelle... susurra-t-il dans un sifflement de serpent. Et maintenant, Iruka, que vas-tu faire ? Tu vas tenter de sauver ta putain ? A moins que ce ne soit pas la tienne ? Tu l'as volée à quelqu'un d'autre ? C'est vrai qu'elle a la peau douce... Elle est de bonne famille ? »

Il pencha son visage vers le cou de la jeune femme et huma ses cheveux avant de déposer un baiser juste en dessous de son oreille. Shizune frémit d'horreur, et Iruka ne tenait plus.

« Ôte tes sales pattes de ma femme ! s'écria-t-il, hors de lui.
- Hum... Ainsi tu l'as faite tienne... fit Orochimaru, paraissant apprécier cette nouvelle. Elle est encore plus intéressante comme ça... »

Avant même que quiconque ait esquissé un geste ou murmuré un mot, il appuya brusquement ses lèvres poisseuses sur celles de Shizune et parut lui dévorer le visage, sous les yeux horrifiés du jeune homme. Mais il n'eut pas le temps de se jeter sur Orochimaru pour le forcer à la lâcher car Shizune, révoltée, lui mordit la lèvre aussi fort qu'elle put, jusqu'au sang. L'homme recula aussitôt.

« Sale garce ! rugit Orochimaru en la jetant à terre. Tu vas me payer ça ! »

Il s'approcha d'elle qui reprenait à peine ses esprits et lui balança son pied dans la figure. Shizune roula sur elle-même en étouffant un cri. Orochimaru alla se planter à côté d'elle, puis il pointa son sabre vers sa poitrine et regarda son ennemi, le visage déformé par la rage. Quand il vit que Iruka allait s'élancer vers lui, il le prévint :

« Si jamais tu t'approches, je taillade son doux visage si cher à ton cœur...
- Arrête, Orochimaru, lui lança Iruka qui commençait à paniquer, ne t'en prends pas à une femme !
- C'est elle qui s'en est prise à moi ! rétorqua le concerné. Je vais la tuer, et ensuite ce sera ton tour !
- Mais elle n'y est pour rien ! s'exclama le jeune homme sur un ton désespéré. Laisse-la partir ! Je... »

Iruka tomba à genoux et regarda son ennemi.

« Je suis prêt à mourir à sa place... »

Orochimaru feignit d'être apitoyé mais il paraissait surtout lassé par cette effusion de sentiments. Il sembla réfléchir un instant et répondit posément :

« D'accord. »

Puis il sourit :

« Mais à une condition... Sa vie m'appartient, vois-tu, et je me fais vieux... J'ai envie d'une descendance, alors... Si je ne peux prendre sa vie, au moins serai-je dédommagé en la faisant devenir ma femme... Qu'en dis-tu ? »

Shizune ne laissa pas le temps de répondre à Iruka et lança avec dégoût :

« Jamais je ne serai votre femme, immonde porc puant ! »

Orochimaru se rembrunit aussitôt.

« Elle a parlé pour toi, je crois... cracha-t-il. Iruka Umino, regarde donc ta femme crever comme une chienne !
- Fais pas ça, Orochimaru, supplia Iruka impuissant. »

Mais l'homme ne l'écoutait déjà plus, jubilant à l'idée qu'il allait punir tous ceux qui avaient osé s'en prendre à lui.
Il abattit son sabre, et le sang jaillit.



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