Fiction: Valeurs stupides d'une assassine

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J'entrai d'un pas solide rejoindre mon interlocuteur et observai l'ensemble de la pièce en quelques secondes d'un œil vif.

La pièce était moyennement grande. Le mur en bois supportait quelques cadres avec des têtes de vieux bonhommes barbus, un miroir ainsi qu'une chaine stéréo incrustée dedans dont seuls les boutons et le lecteur ressortaient. Trois confortable canapés étaient placés en demi-cercle autour d'une large table basse où étaient disposés un plateau avec des tasses fumantes ainsi que plusieurs documents soigneusement triés. Une commode, sur laquelle était posé un vase avec trois grandes fleurs blanches, se trouvait à ma droite, fait en bois sombre et brillant. Une horloge plus grande que moi à ses côtés tictaquais doucement en laissant osciller son pendule de droite à gauche.
A ma gauche, il y avais une large armoire, placée à côté d'un rideau qui cachais habilement une porte presque invisible. Les fenêtres derrière les canapés étaient très hautes et des rideaux étaient retenus par des cordes d'une chaude couleur orangée. Il me sembla même qu'elles menaient à un petit balcon et je su immédiatement où j'étais, ayant repéré celui-ci avant d'entrer dans la bâtisse.

Cinq hommes se tenaient devant moi, tous habillés de noir avec de longs manteaux ou portant une cape sur leurs épaules. A l'avant gauche de leur buste était dessiné un petit nuage rouge cerclé de blanc et je reconnus le sigle de l'Akatsuki. Deux d'entre eux étaient assis sur le même canapé, buvant un café à l'odeur forte; cheveux rouge, pétants, courts et blond platine, très longs avec une mèche lui cachant l'œil gauche. Un troisième était simplement assis, étalé de tout son long sur un canapé qu'il monopolisait, ses cheveux blancs remontés en arrière lui donnant un air crâneur.
Le quatrième larron avait des cheveux noirs, longs et soyeux qui étaient retenus en arrière en une sobre queue de cheval, tandis que quelques mèches sombres retombaient devant son visage aux cernes très appuyées.

Le dernier de la bande se tenait debout, les cheveux roux sombre et une multitude de piercings sur le nez. Près de la fenêtre, il semblait observer la rue et avait tourné la tête vers moi quand j'étais entrée.

- Bienvenue, Kyuubi.
- C'est Kyu ,assénais-je d'un ton sans appel en fixant l'homme aux cernes noires.

Mon ton n'étais pas agressif mais je détestais qu'on m'appelle par mon vrai prénom. Il était moche, laid, trop long et dévoilait mes origines de manière trop voyante. Les prénoms à connotation japonaise n'étaient utilisés que par les Assassins et les Navigateurs. Quand on travaille près d'un port ça passe, mais en plein milieu d'une ville et loin du Ciel comme maintenant ça ne passais plus du tout.

- Très bien, Kyu ,murmura l'homme avec un sourire sombre, bienvenue à toi dans une des principales résidences de l'Akatsuki.

J'aquiescai d'un geste de la tête et m'avançai de quelques pas en jetant un coup d'œil discret aux documents posés sur la table. Sur une des trois piles, je réussis à lire mon nom écrit à l'envers avant que l'homme aux cheveux noir ne range les documents dans une pochette opaque de la même couleur que ses yeux.

- Je suis Itachi.

Il se leva et me tendit une main avec un sourire qui, immédiatement, ne me plû pas du tout. Je la lui serrais d'une poigne que je voulu franche en lui rendant son sourire figé et il me désigna une chaise que le domestique apportait sur laquelle je m'asseya en épiant leurs moindres gestes le plus discrètement possible.
Je ne me sentais pas à l'aise ici. Ça ne ressemblait pas du tout à une résidence de Guilde, c'était bien trop chic et bien trop propre.

- Tu as fais bon voyage ?

Non seulement il s'était mis à me tutoyer, mais en plus il blablatait maintenant de choses totalement banales et inintéressantes. Et par-dessus tout, il me préparait un thé, dont l'odeur ne parvenait pas à s'imposer face à celle des cafés forts de ses acolytes. S'il continue comme ça, il va pas me voir calme très longtemps...

- Le voyage en bateau c'est sympa, mais au bout de deux semaines à manger des conserves,n'importe qui finit par devenir fou.
- Ah, ah ! Tu as raison petite. Moi non plus je n'ai jamais aimé les voyages en bateau.

Là, il voulait vraiment m'énerver. De une je ne vois absolument pas pourquoi il rit, rien de ce que je n'ai dit est drôle. De deux le 'petite' donné à mon égard me fait grincer les dents. Et de trois il tente de se trouver des points communs avec moi.
Genre.

- J'espère tout de même que tu ne m'as pas fais faire tout ce chemin pour me parler voyage...

Le tutoiement mêlé à l'ironie et la colère sourde de ma voix les alertent et l'homme de la fenêtre a un mouvement vers sa ceinture qui me fait me tendre instinctivement. Certainement une arme, plutôt arme à feu vu comment sa ceinture penche, mais je vois mal avec la haute veste noire qui descend jusqu'à ses genoux.
Les autres se redressent sur leurs canapés et celui aux cheveux plaqués en arrière me jette un regard mauvais.
Itachi lève la main en me fixant avec un soudain réel intérêt, un petit sourire engageant au coin des lèvres.

- Du calme. Je ne faisais que démarrer la conversation avec les civilités habituelles.

Il empoigna un dossier à la couverture rouge sang sur la table et le posa sur ses genoux.

- Passons aux choses sérieuses alors.

Il ouvrit la couverture et tourna quelques pages en murmurant.

- Kyu... tout court, donc. Jeune femme de dix-neuf ans sans histoires, cheveux brun/roux, yeux dorés, 1m70 pour 55 kilos.

Et mon groupe sanguin tant que t'y es ?

- Mère et frère aîné tués à l'âge de cinq ans par un clan rival, vit seule avec son père dans un bateau de pêche jusqu'à ses onze ans où il achètera une maison sur l'île du Calamar dans une petite bourgade de deux cents habitants. Le père reprendra quelques activités au sein de la Guilde pour pouvoir survivre avec sa fille.

Il reposa les feuilles sur ses jambes et releva la tête vers moi, m'adressant un air inquiétant mêlé de curiosité.

- Aucune données sur les capacités de celle-ci. Aucun rapport, aucune découverte, aucune histoire, rien. Blanche comme une colombe.

Je le fixais sans rien dire, retenant le flot d'injure que je sentais arriver, prudente. Mieux valait ne rien dire et voir ce qu'ils attendaient de moi.

- Tu as déjà tué ?
- Oui.
- Combien de personnes ?
- Plusieurs.
- Il y a combien de temps ?
- Un moment.
- Où ?
- Quelque-part.

Itachi garda le silence pendant quelques instants, songeur, avant de se tourner vers ses collègues. Un échange silencieux dont je perçus l'interrogation général -me diraient-ils enfin pourquoi ils m'avaient fait venir ?- se déroula devant mes yeux et le rouquin finit par avoir un petit rire qui ressemblait plus à un ricanement qu'autre chose.

- Discrète, intelligente, audacieuse et qui plus est très mignonne. Moi je l'aime bien cette petite.

Ah non, il va pas s'y mettre avec les "petite" lui aussi !

- Moi aussi ,approuva le blond à la mèche, elle a entreprit un long voyage seule et semble s'en être sortie comme un charme.

Itachi approuva du regard et se tourna vers moi en me tendant une liasse de documents que je pris lentement.

- Bien. Dans les dossiers que je viens de te transmettre, tu auras toutes les informations disponibles pour localiser, repérer et tuer tes cibles en toute tranquillité. Tu dois en avoir une vingtaine là-dedans. Nous aimerions connaître un peu ton potentiel pour savoir dans quelle catégorie te classer.

Tandis qu'il parlait, je tournais les pages en examinant les inscriptions, les noms et les photos de chaque fiche. Je fronçais les sourcils en apercevant un jeune d'à peu près mon âge sur l'une des pages.

- Lui aussi ?
- De quoi ? ,me demanda Itachi coupé dans sa lancée.
- Ce mec, là... Et tous les autres d'ailleurs. En quoi sont-ils dangereux ? Il n'y a là que des boulangers, des commerçants et des travailleurs.
- Je te l'ai dis, c'est pour mesurer ton potentiel.
- Quoi ? Mais ils n'ont rien fait !
- Il n'y a qu'en faisant naître la terreur et la peur que l'on peut régner sur une ville. Comment l'Akatsuki aurait-il fait pour devenir un des meilleurs clan de la Guilde sans avoir un minimum de respect de la part des habitants de la ville la plus puissante de la planète ?

Je repousse doucement le classeur, commençant enfin à comprendre pourquoi on m'avais fait venir ici.

- En gros, vous me demandez de tuer des gens pour... asseoir votre pouvoir ?
- Exactement ! Et aussi pour évaluer ton niveau.

Le sourire d'Itachi me fit froid dans le dos et je sus à cet instant précis que jamais je ne pourrai travailler pour lui.

- Je refuse.

Itachi perdit son sourire et dans un sifflement d'air, je fis rencontrer mon couteau caché dans ma botte gauche avec celui lancé par l'homme à la fenêtre. Immédiatement, je plongeai ma main droite dans mon dos pour attraper dans ma sacoche une petite boule de couleur verte, retint ma respiration et la balança par terre.
Une fumée blanche envahit immédiatement la salle et je couru vers la fenêtre la plus proche en me protégeant la tête avec les bras.

Traversant celle-ci en la brisant en mille morceaux, j'arrivai sur le balcon que j'avais repéré tout à l'heure et poussée par mon élan, posai mon pied gauche sur la balustrade pour me propulser vers le toit en face de moi. Les passants qui levèrent la tête, alertés par les bruits de verre brisé, eurent juste le temps de voir le bout de ma cape voler derrière moi que j'étais déjà arrivée sur le toit de la maison d'en face et me mettai à courir en zigzaguant entre les cheminées.

- Rattrapez-la !! Immédiatement !!, hurla une voix derrière moi que je reconnus comme étant celle d'Itachi.

Sautant par-dessus une rue en passant d'un toit à un autre, je me réceptionna en position accroupie, faisant glisser une tuile par mégarde sous mon pied et entendis distinctement une balle siffler juste au-dessus de ma tête. Mes mains allèrent immédiatement chercher les trois petits couteaux fins que je cachais dans ma ceinture et je les lançai sur mes agresseurs sans me retourner, cherchant à les retarder.
Un hurlement me répondit alors que je sautai encore par-dessus une rue marchande pour atterrir sur un balcon où un vieux monsieur fumant la pipe, assis tranquillement sur sa chaise, faillit avoir une crise cardiaque en me voyant arriver.

J'eus un petit sourire et posa un doigt sur mes lèvres avant de sauter du balcon pour m'agripper à une gouttière et me laisser glisser jusqu'en bas de la rue. Des cris retentirent au-dessus de ma tête et je m'abritai immédiatement en-dessous du store d'un magasin d'armes, faisant mine de regarder les couteaux tandis que la marchande me regardait d'un drôle d'air, m'ayant vue descendre de la gouttière.
Je lui souris et chercha dans ma bourse une pièce d'argent que je lui lança avant d'embarquer cinq petits couteaux de la même taille que ceux que j'avais lancé tout à l'heure.
Elle attrapa la pièce et son air bourru la quitta pour un petit sourire complice que je lui rendis avant de m'éloigner pour me fondre dans la rue.

Cheveux brun, noir, bleu, gris, rouge... Peu de vêtements sombre et aucun d'entre eux ne portant le petit nuage rouge qui m'indiquerait qu'ils m'ont retrouvé.
Bon. J'ai l'impression de leur avoir échappé.

Je lâcha un soupir et me détendis doucement, tout en continuant à surveiller les environs sans pour autant m'arrêter. Du coin de l'œil, je repéra un endroit où louer un cheval et songeai que j'aurais bien besoin de m'en acheter un pour pouvoir me déplacer dans la ville.
Parce que oui, j'avais beau n'être venue que parce que la lettre d'Itachi m'avait intriguée, ce n'étais certainement pas parce que son travail ne m'intéressais pas que j'allais retourner dans le bled paumé d'où je venais -désolée papa- ...

J'avais décidé que ma vie, bien que démarrée un peu cahotiquement par un refus pour le plus grand clan de ma Guilde -aïl !- , commencerait ici. Dans cette ville. Et ce n'était pas un clan, aussi puissant soit-il, qui allait m'en empêcher, la ville était assez grande pour que nous puissions tous y vivre sans nous y croiser.

Ayant retrouvé un semblant de sourire, je me dirigeais vers un atelier qui sentais bon l'avoine et les caca de chevaux quand je repéra une tignasse blonde déjà à l'intérieur. Cela me fit l'effet d'un choc électrique et je me stoppais net avant de filer me cacher contre un mur, le cœur battant à toute allure.

Pas lui... par pitié, faites que ce ne soit pas lui...

Je tournai la tête doucement et me rapprochai à petits pas léger de l'entrée de l'atelier et un rire franc et clair retentit, m'empêchant d'avancer plus loin. Une tristesse sans nom me tomba dessus en reconnaissant son timbre si mélodieux et je ne put m'empêcher de sentir mon ventre se tordre de douleur.
Les souvenirs m'assaillirent un instant et je dû me faire violence pour revenir dans le monde réel.

Je sentis avec un léger étonnement deux larmes rouler sur mes joues et je les essuyai d'un geste rageur avec ma manche.

Son nom ne cessait de résonner dans ma tête.


Naruto, Naruto, Naruto, Naruto... me répétait ma conscience sans relâche...



Bhou ! Que c'est dur de trouver des fin accrocheuses...

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