Fiction: Drôles de petites histoires...

Recueil de fictions à un seul chapitre, traitant d'un peu tous les sujets. Song-fics en général. Sources d'inspiration diverses.
Général | Mots: 9726 | Comments: 7 | Favs: 6
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shikacool (Féminin), le 07/04/2010
Hello hello chers visiteuteurs ! =)

Bon, je l'ai dit je le fais : voici un recueil de one-shot réunis en une seule et même fiction, même si les petites histoires n'ont à priori aucun rapport les unes avec les autres. Sources d'inspiration un peu plus personnelles peut être, bien qu'il y ait tjrs des supers livres, supers films, supers morceaux à l'origine ^^

Pour ce premier chapitre : "Chanson sur ma drôle de vie" de Véronique Sanson, que vous reconnaîtrez dans le OS et qui a inspiré le titre de ma fiction. J'ai pas mal hésité entre cette chanson et "Loin de Paname" qui est géniale aussi, c'est la BO du film Faubourg 36, film qui m'a énormément inspirée pour ce chap'.
Voilà, j'crois que vous savez tout. Bonne lecture !




Chapitre 1: ...à Paname.



Il l’avait déjà aperçue, juchée sur son vélo, traversant en sifflotant le pont Saint-Martin au dessus de la Seine. Non, pas aperçue : observée à la dérobée. Puis fixement, sans se soucier si elle le verrait ou non. Dévorée du regard.
Elle l’avait remarqué, bien entendu : elle lui avait souri, puis s’en était allée. Lui était resté quelques instants immobile, la bouche ouverte et les bras ballants, subjugué par cette… apparition.

Alors la rencontrer de nouveau ici, ça lui faisait un choc. Sur son propre territoire, qui plus est ! Que faisait-il assis à cette table nappée de bleu alors qu’elle était seule face à trois hommes impitoyables ? Il devait se lever, la rejoindre, lui parler, la soutenir ! Il ne fit rien. A sa droite, Shikamaru avait déjà commencé à la jauger du regard. Choji l’imita donc, même si pour lui c’était chose faite depuis longtemps.

Elle était grande et fine et se tenait très droite, le menton en l’air. Ses grands yeux pâles semblaient les défier ; son sourire, candide au premier coup d’œil, avait quelque chose de narquois. Traduction pour les lecteurs aguerris du langage du corps qu’ils étaient : une femme malicieuse, indépendante et sûre d’elle. Choji se tourna vers Shikamaru qui fronçait les sourcils à présent : son meilleur ami en était de toute évidence parvenu à la même conclusion. Ce n’était peut être pas une si bonne chose pour la candidate : le jeune Nara n’aimait pas qu’on lui résiste.
A gauche de Choji, un homme brun, aux pupilles étroites et au sourire ravageur, souriait justement : la donzelle était mignonne. Très mignonne, même. Des cheveux blonds comme les blés rassemblés en un chignon négligé, un teint de lys, des dents blanches à souhait et deux adorables fossettes sur les joues. Elle portait une robe rose à volants qui s’arrêtait aux genoux, cintrée à la taille, mettant en valeur ses formes gracieuses. Kiba sourit de plus belle : oui, il était rare de croiser des demoiselles aussi bien faites, parole de Don Juan. Il ne put résister et adressa un clin d’œil encourageant à la jeune femme.

Contrairement à Kiba, Shikamaru ne se départit pas de son scepticisme : il s’appuya nonchalamment sur le dossier de sa chaise, jeta un œil à ses collègues et apostropha la postulante :
- Montre-nous ce que tu sais faire.
- Vous ne voulez pas savoir mon nom ? jeta la femme avec insolence.
- Je n’en vois pas l’utilité maintenant, rétorqua Shikamaru. Il y a de fortes chances pour que tu ne sois pas prise, surtout si tu continues à jouer les princesses. On n’embauche pas n’importe qui, ici.
- Je sais chanter, jouer du piano et danser, lança-t-elle, piquée au vif.
- Ca, c’est toi qui le dis, ricana le Nara. Fais-nous donc une démonstration de tes talents, ajouta-t-il en désignant le piano dans un coin de la scène.

Choji soupira. Shikamaru avait beau être son meilleur ami depuis son enfance, il n’avait jamais compris et jamais accepté sa manière de traiter les femmes. C’était leur seul et unique point de désaccord, et pourtant les deux garçons venaient de deux milieux très différents : Choji était le cadet d’une fratrie de quatre garçons, et avait été élevé dans la rude atmosphère des cuisines du restaurant que tenaient ses parents. Très tôt, il avait appris que l’argent ne tombait pas du ciel et, qu’à l’exemple de ses parents, il fallait travailler dur si on voulait en recueillir un tant soit peu et se faire un nom dans la société.

Au contraire de Choji, Shikamaru était le fils unique de l’illustre couple Nara, actuels propriétaires du plus grand cabaret de Paris, de France et peut être du monde entier : Le Moulin Rouge. Il avait grandi dans l’aisance et la profusion. Etant l’héritier du cabaret, il s’était résigné il y avait peu à s’intéresser à l’endroit qui faisait la richesse de ses parents, dévoilant au monde son sens aigu des affaires et son habileté à gérer une aussi grosse entreprise que le Moulin Rouge.
Choji, lucide, savait très bien que sa place au cabaret avait été en grande partie due aux relations fraternelles qu’il entretenait avec le jeune Nara : il ne se connaissait pas d’aptitude artistique particulière et ne possédait pas un physique très avantageux, au contraire de ses collègues qui n’avaient pas peur, comme lui, de se montrer au public. Néanmoins il faisait ce qu’il pouvait pour aider, comme par exemple, faire partie du jury qui recrutait les artistes qui faisaient la renommée de l’établissement.

- Tu n’es pas obligée de danser en même temps que tu joues du piano, rassure toi, sourit Choji à l’adresse de la candidate.

Celle-ci s’esclaffa et s’installa devant le piano, tandis que Choji ignorait superbement le haussement de sourcils de Shikamaru, sous le rire rauque de Kiba.
Un air entraînant s’éleva du piano et la voix claire de la blonde ne se fit pas attendre. Les trois hommes remarquèrent derechef qu’elle posait ses doigts n’importe comment sur les touches, ce qui montrait qu’elle n’avait aucune méthode malgré la justesse de la musique émanant de son toucher. « Une autodidacte » devina Choji avec une moue impressionnée. Cette fille ne cessait de le surprendre, et quelque chose lui disait qu’il n’avait pas fini d’être étonné.

Tu m'as dit que j'étais faite pour une drôle de vie
J'ai des idées dans la tête et je fais c'que j'ai envie
Je t'emmène faire le tour de ma drôle de vie
Je te verrais tous les jours dis, si j'te pose des questions
Qu'est-ce que tu diras et si je te réponds
Qu'est-ce que tu diras si on parle d'amour
Qu'est-ce que tu diras ?

Tandis qu’elle fredonnait d’un ton léger et qu’elle appuyait sur les touches avec énergie, la blonde agitait la tête doucement, comme si elle battait la mesure. On aurait dit un rossignol déclamant son chant au petit matin. Son chant réveillait, son chant entraînait. Donnait l’espoir de se voir pousser des ailes et de s’envoler.

Si je sais que tu mènes la vie que tu aimes
Au fond de moi me donne tous tes emblèmes
Me touche quand même du bout de tes doigts
Même si tu as des problèmes
Tu sais que je t'aime ça t'aidera
Laisse les autres te faire des drôles de poèmes
Et viens avec moi

Au fur et à mesure que la prestation avançait, Choji voyait un sourire purement angélique s’étirer sur les lèvres de la jeune femme. Tournant la tête vers ses compagnons, il constata que Shikamaru, fait rare, se déridait, et Kiba se trémoussait sur sa chaise en claquant des doigts. Il aperçut aussi Temari, l’épouse de Shikamaru et la seule femme, en dehors de sa mère, qui à sa connaissance l’incitait au respect. Ses yeux verts allaient de la jolie blonde assise devant le piano à son mari, et un sourire satisfait illumina son visage.

L’extrait du morceau mourut dans une note pure et aigue, et la candidate se leva vivement. Elle rejoignit fièrement le centre de la scène, la tête haute et le pas aérien, les yeux brillants et la bouch…
Elle tomba. De tout son long.
La chute avait été si rapide que personne dans l’assistance n’avait pu la prévoir ou l’empêcher. Le cœur de Choji rata un battement, en un bond il fut debout.
C’est alors que la chute brutale de la jeune femme se transforma en un gracieux grand écart.
Parfait. Il était parfait.
Son buste était exactement perpendiculaire à ses jambes tendues, et les volants de sa robe recouvraient le haut de ses mollets.
Choji, comme Shikamaru, ouvrit des yeux ronds. La chute qui s’avérait burlesque s’était changée, aussi vite qu’elle était apparue, en un grand écart digne d’une danseuse étoile.
Grand écart qui se métamorphosa à son tour en une élégante révérence.
Kiba siffla entre ses dents : « Bigre, elle en a dans le ventre ! »
Les trois amis observèrent la postulante, toujours face à eux, la tête légèrement penchée et un bras courbée devant elle, pendant quelques secondes, silencieux.
Puis Shikamaru se racla la gorge.
Aucun n’arrivait à parler.

Ce fut donc Temari qui, s’avançant, déclara :
- Quel coup de théâtre ! Tu as du cran, ma mignonne, et je suis certaine que ces hommes n’affirmeront pas le contraire !

Shikamaru sembla reprendre ses esprits.

- Oui, bon… c’était surprenant, je dois le reconnaître.
- C’était génial, tu veux dire ! s’exclama Kiba. Du début à la fin !
- Ne nous enthousiasmons pas trop vite… fit le Nara en fusillant Kiba de ses yeux sombres.
- Comment t’appelles-tu ? demandai-je à la blonde.

Celle-ci se releva, épousseta sa robe et répondit :
- Je m’appelle Ino Yamanaka.
- Pour moi ce sera juste Ino, lança Kiba avec un sourire en coin.
- Elle n’est pas encore… s’offusqua Shikamaru.
- Allons Shikamaru, intervint Temari en croisant les bras. Cette fille a bien mérité sa place, ne fais pas ton rabat-joie ! Viens plutôt m’aider à concocter les cocktails au lieu de râler, flemmard !

La dénommée Ino sur scène ne retint pas son éclat de rire. Elle laissa échapper un rire frais, franc, nature. Un rire qu’on avait envie d’entendre encore et encore. L’héritier du Moulin Rouge se tourna son meilleur ami, en quête de soutien.

- Choji, tu ne pourrais pas préparer les cok…
- Bien sûr que non il ne peut pas, l’interrompit vivement Temari. Sinon qui pourrait faire visiter les coulisses à notre nouvelle artiste ?
- Pas moi ! s’écria Kiba en se levant. C’est l’heure de ma virée dans les bars de Paname, les enfants !

Sur ces entrefaites, Kiba, briquet et cigarettes en main, sortit à grands pas du cabaret, tandis que Temari traînait un Shikamaru dépité vers les cuisines, sous le regard ébahie d’Ino, l’air bien étonnée de se retrouver au sein d’une pareille compagnie. Choji, prenant son courage à deux mains et priant pour ne pas rougir, grimpa sur scène et désigna la porte menant aux coulisses :

- Si mademoiselle veut bien se donner la peine…
- Après vous, monsieur ! fit la blonde en tirant la langue.

Choji ouvrit maladroitement la porte en ayant l’impression d’être un pachyderme empoté, impression désagréable et déstabilisante. Si seulement il n’était pas si timide !
Ino passa devant lui en lui adressant un sourire radieux et poussa une exclamation en découvrant la pièce. Choji entra à son tour. Il avait bien fait de commencer la visite par cette salle : c’était sans doute la plus grandiose. Ino, émerveillée, fit un tour sur elle-même pour embrasser du regard le contenu des immenses étagères de bois verni.

A même le sol, accrochés un peu partout, au plafond, sur de quelconques clous plantés dans les murs, posés en piles désordonnées sur les planches en hauteur, bayant sur de vieux cintres, des dizaines, non, des centaines de costumes tous plus beaux les uns que les autres brillaient de mille feux sous la lumière de l’unique ampoule éclairant la pièce. Paillettes, soie, satin, cachemire, plumes, fourrure, clair ou foncé, tout était réuni dans ce joyeux bazar. Avec un rire nerveux, Choji lança :

- Nous voici dans l’antre des costumes !
- C’est magnifique ! s’extasia Ino, les yeux brillants.

Elle sautilla comme une chèvre un moment puis se précipita sur un boa de plumes bleues turquoise, qu’elle enroula autour de son cou. Bientôt un chapeau melon couvrit sa chevelure blonde, puis une ceinture de perles orna sa taille. Choji, amusé, n’osait pas signaler à son invitée que seule Temari, la costumière en chef, avait le droit de toucher aux vêtements. La joie d’Ino, comme celle d’une petite fille qu’on aurait fait entrer dans un palais de merveilles, était palpable et bien trop belle à voir pour qu’on songe à l’en priver. Même lorsqu’elle l’affubla d’un veston rouge vif et d’un chapeau haut de forme, Choji ne broncha pas, se contentant de rire gaiement et de la contempler. Si Shikamaru avait été là, il aurait frôlé la syncope : bien que son meilleur ami ait toujours été trop gentil et trop indulgent, jamais il n’aurait laissé une nouvelle employée fouiller à son aise dans les costumes appartenant au cabaret. Mais Ino n’était pas qu’une simple soubrette du Moulin Rouge pour Choji, et celui-ci le constatait avec un peu d’effarement : il ne la connaissait pas, il l’avait vue deux fois dans sa vie, et pourtant…

Au bout de quelques minutes, Ino entraîna Choji dans la pièce adjacente, découvrant la salle où les artistes se maquillaient, comprenant une coiffeuse et un important nécessaire de produits de beauté, ainsi que toutes sortes d’accessoires insolites : des cerceaux, des foulards, des tremplins, des tapis… Puis les deux jeunes gens montèrent un tortueux escalier en colimaçon, pour arriver dans une mansarde, munie d’un parquet poussiéreux et d’une immense glace qui s’étendait sur les quatre murs. Pour seul meuble, une vague commode où une vieille radio reposait.

- Les artistes viennent souvent répéter leur numéro une dernière fois ici, avant leur représentation, expliqua Choji.
- J’aime bien cette salle, murmura Ino, soudain plus calme.
- C’est ma préférée, confia Choji. Sa simplicité est reposante. Et puis, elle me fait l’effet d’être coupé du monde. Elle est loin des lumières, du vacarme… Idéal pour se débarrasser de ce fichu trac avant de monter sur scène.
- Je n’ai jamais su vraiment ce que c’était que le trac, répliqua Ino en se dévisageant dans le miroir mural. Toute petite déjà, je faisais des spectacles de rue, je me débrouillais pour gagner un peu de sous… Je n’ai jamais eu droit au trac. Je devais foncer, c’est tout. C’est ça, de vivre au jour le jour.
- Tu n’as jamais pris de cours de musique ou de chant ? s’étonna l’Akimichi.
- Non. J’ai tout appris par moi-même, ou en regardant les autres comédiens à l’œuvre.
- Tu es vraiment douée. Intégrer le Moulin Rouge rien que par l’expérience et le talent, vu l’exigence de l’établissement, c’est une prouesse. Quand Shikamaru saura ça…
- Shikamaru, c’est le grand avec la queue de cheval ? Il ne me plaît pas beaucoup, avec son air supérieur ; on voit qu’il n’a pas grandi dans la rue et qu’il n’a jamais eu à se dépatouiller tout seul… L’autre, Kiba, il a l’air gentil, mais j’aime pas qu’on me regarde avec les yeux qu’il a : comme s’il allait m’avaler toute crue… Ils me prennent tous les deux pour une de ces innombrables filles faciles et fraudeuses !
- Ils ne savent pas ce que c’est que gagner sa vie à la sueur de son front, fit Choji en hochant la tête, se rappelant des discours que sa mère lui tenait. Mais ce ne sont pas de mauvais bougres…
- Mais toi, tu es différent, assura Ino en triturant le bouton de la radio. Tu ne m’as pas jugée à ma condition ou à mon physique…

Choji se dandina d’un pied sur l’autre, mal à l’aise. Des grésillements survinrent dans la pièce, puis un air monta du poste.

On est partis tous les deux pour une drôle de vie
On est toujours amoureux et on fait ce qu'on a envie
Tu as sûrement fait le tour de ma drôle de vie
Je te demanderai toujours si je te pose des questions
Qu'est-ce que tu diras et si je te réponds
Qu'est-ce que tu diras si on parle d'amour
Qu'est-ce que tu diras ?

Le pétillement malicieux dans les prunelles de la belle se raviva alors. Chantonnant en même temps que la radio, Ino prit les mains de Choji et le tira au centre de la salle. Le jeune homme balbutia :

- Je ne sais pas très bien danser…
- Alors je mènerai la danse !

Une fois encore, Choji ne put lui dire non. Tous deux se rapprochèrent donc, entamant sans dissimuler leur entrain les pas d’une valse. Puis ils reprirent la chanson en cœur et à tue-tête, en tournant de plus en plus vite. Toute timidité envolée, Choji en oubliait de modérer son ton lorsqu’il chantait et multipliait les mimiques comiques.
Si quelqu’un était entré à ce moment là, il aurait vu un garçon bien bâti, corpulent même, déguisé d’un veston éclatant et d’un chapeau noir posé de travers sur ses cheveux fins ; il aurait vu, dans ses bras, une frêle jeune fille moulée d’une coquette robe rose, emmitouflée d’un boa qui semait ses plumes aux quatre coins de la pièce, et elle aurait eu les yeux à moitié caché d’un chapeau melon vert pomme. Il aurait entendu la musique, il aurait vu ce couple valser, rire, valser, échanger des coups d’œil complices, et valser encore.

La musique faiblit, le rythme de la danse aussi.
Un pas de travers, une maladresse ? Volontaire ou pas ?
Ino trébucha et tomba littéralement dans les bras de Choji. Tous deux se retrouvèrent alors nez à nez, et la première chose qui frappa l’Akimichi c’était la proximité de leurs deux visages. Et puis le bleu des yeux de sa cavalière, un bleu si profond, qu’on s’y noyait sans prendre garde… et ses lèvres roses et ourlées… et…
Plus rien. Plus rien de descriptible. Elle s’était approchée encore. Il avait fermé les yeux.
Leurs lèvres s’étaient rencontrées, ne se séparaient pas. Leurs cœurs battant à l’unisson.

Si quelqu’un était entré à ce moment là…
La porte s’ouvrit à la volée.
Shikamaru entra en trombe.
Choji et Ino se redressèrent précipitamment.

- Finie la rigolade, lança froidement le Nara à l’adresse de la blonde. Je savais qu’il y avait quelque chose de pas net chez toi, demoiselle. Tu vires. Maintenant !
- Quoi ? Mais… commença Choji.
- Elle travaillait dans une maison close, « le 10 bis ». Mais ça rapportait pas assez, c’est ça ? T’as voulu plus ? Je t’avais prévenu, ici on n’accepte pas les catins !
- Ce n’est pas vrai ! s’écria Ino, dont le visage avait pris une couleur pivoine et une expression éperdue. Et comment savez-vous cela, d’abord ?
- J’ai mes sources. Tu croyais que je t’embaucherai sans me renseigner sur toi ? T’en as roulé pas mal, au 10 bis, à ce qu’il paraît ! Tu nous avais caché ce talent !
- La ferme ! cracha la jeune femme, apparemment hors d’elle. De quel droit tu fouines dans ma vie privée, connard ?! C’est du passé, je n’ai plus de liens avec ce monde là ! Et je n’ai jamais fréquenté ces endroits de mon plein gré !
- C’est ça, fous toi de moi. Retourne faire le trottoir et que je ne te revois plus dans les parages, compris ?
- Shikamaru… tenta Choji.
- Tu le vois aussi bien que moi, Cho. Ai-je rêvé ou cette garce ne te faisait elle pas plus que du charme il n’y a pas cinq minutes ? Elle voulait sûrement assurer son avenir au Moulin Rouge !
- C’est faux ! se défendit Ino, au bord des larmes. Je n’ai jamais manipulé personne, et je n’ai jamais voulu ruiner ma vie à travailler en maison de passe ! Mon père m’a vendue. Voilà, t’es content maintenant ? Sûr que toi, comment tu pourrais avoir la moindre idée de ce que c’est que d’être pauvre et de crever de faim, alors que t’es qu’un gosse de riches ?

Shikamaru eut un instant d’hésitation. Ino se tourna vers Choji :

- Toi, tu me crois, Choji, hein ?
- Je…
- Dégage, coupa Shikamaru d’un ton inflexible. Ou c’est moi qui te descends.

Elle n’avait plus le choix. Après un dernier regard implorant à Choji, Ino baissa la tête et quitta lentement le cabaret.
Choji se sentait lâche. Il n’avait rien fait. Strictement rien. Rien fait pour la défendre, pour sauver sa place et sa face. Rien.

Shikamaru scruta longtemps son ami. Puis, sans ajouter un mot, il s’en alla à son tour. L’Akimichi entendit ses pas s’éloigner dans l’escalier en colimaçon.
Et puis, le déclic. Le déni. La foi. Le « non » qu’il n’avait jamais su dire.

Choji rattrapa Shikamaru en courant.

- Laisse-lui une autre chance.
- Une fille dont la réputation ternit le cabaret n’a pas sa place ici, Cho. Tu le sais.
- Elle a un potentiel énorme. Ce n’est pas sa faute ce qu’il lui est arrivé. Donne-lui sa chance.
- Au risque de faire couler le Moulin ?
- Oui.
- Quand ?
- Ce soir.
- Elle est partie. Tu ne la trouveras jamais avant le spectacle. Elle n’aura peut être même pas envie de revenir.
- Je la ramènerai. Et elle chantera.

L’assurance dans l’attitude de Choji n’était guère coutumière à observer. C’est peut être pour ça que Shikamaru se contenta de le fixer sans émettre un son. Choji le dépassa et s’aventura dans les rues de Paname sans attendre. Où la trouver ? Il n’en avait aucune idée. Mais il savait qui pourrait l’aider.
A quelques mètres, Kiba badinait avec une jolie fille, clope au bec et sourire aux lèvres.

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Derrière le rideau rouge sang, elle pouvait entendre le brouhaha des spectateurs. Elle passa nerveusement une main dans ses cheveux soigneusement coiffés. Pour la première fois de sa vie, elle se sentait intimidée : son ventre se crispait douloureusement, elle sentait des perles de sueur couler de ses tempes et ses mains tremblaient malgré elle.
Une main chaude se posa sur son épaule. Elle n’eut pas besoin de se retourner pour reconnaître celui à qui elle appartenait. Elle sourit.

- Bonne chance, murmura-t-il avant de disparaître.

Elle entendit la voix tonitruante de Kiba, le présentateur, qui annonçait sa représentation. Il y eut un silence. Elle ferma les yeux, écouta un instant son cœur cogner contre ses côtes. Les rouvrit.
Le rideau s’effaça.

Les spectateurs émirent un seul et même « ho » enchanté.
Une véritable fée se tenait sur le bois de la scène. Une fée avec de longs cheveux blonds détachés, surmontés d’un chapeau melon vert clair. Une robe blanche comme la neige, éblouissante de simplicité, drapait son corps fin, et un boa turquoise entourait son cou et masquait son menton.
La fée inspira une grande goulée d’air. Elle semblait légère comme une plume.
Sa voix s’envola tandis qu’un air de piano se faisait entendre des coulisses.

Si je sais que tu mènes la vie que tu aimes
Au fond de moi me donne tous tes emblèmes
Me touche quand même du bout de tes doigts
Même si tu as des problèmes
Tu sais que je t'aime ça t'aidera
Laisse les autres te faire des drôles de poèmes
Et viens avec moi
Et si je sais que tu mènes la vie que tu aimes
Au fond de moi…

Le public s’était tu, subjugué par cette drôle de fille.
Quelque part en coulisses, Shikamaru écoutait, tandis que la tête de Temari reposait sur son épaule.

- Elle chante bien quand même, fit Temari.
- Il faut bien l’avouer. Drôle de chanson, par contre.

Dans la plus haute salle des coulisses, Choji écoutait la voix lointaine de sa belle, assis en tailleur sur le parquet. Dès qu’elle aurait fini de chanter, ils partiraient tous les deux sur son vélo. Vivre Paname nocturne. Une première pour l’Akimichi.
Drôle de soirée qui s’annonçait.

Da da da da, da da da da da…




Holala, chey guimauve chey guimauve, hein... :S
J'avais envie de faire un truc sur Choji. Mais quand je relis mon chapitre, je trouve que je l'explicite pas assez... comme d'hab', je dérive sur l'histoire d'amour >< Baffez moi !
Bref, à vous de me dire si vous avez aimé ou pas :) vous savez que vos commentaires sont accueillis à coeur joie !
Zibouuuilles <3




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