Fiction: Uchiha no Sensô

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Les rumeurs sur les implications de Konoha dans le massacre des Uchiwa se répandirent très rapidement dans les contrées shinobis. Homura Mitokado et Koharu Utatane, les deux conseillers de Konoha, avaient avoué devant les Cinq Kages qu’ils étaient responsables avec Danzô Shimura du massacre des Uchiwa et qu’ils avaient utilisé Itachi Uchiwa pour accomplir cette lourde tâche. Les habitants des Cinq Grandes Nations connaissaient les Uchiwa car leur réputation était fameuse depuis les Temps Sombres. La nouvelle de leur alliance avec le clan Senjû avait parcouru le monde shinobi de long en large et avait marqué la fin de l’âge sombre des clans. De nombreux shinobis furent surpris par cette révélation. Personne n’aurait pensé que certains dirigeants de Konoha auraient comploté contre l’un de leurs propres clans fondateurs pour les mener à leur perte.

Certains citoyens du Pays du Feu n’y prêtaient aucune attention. Pour eux le plus important était de se protéger des menaces comme les brigands ou les mercenaires qui profitaient que les shinobis soient occupés à la guerre pour piller et incendier les villages. Lors des précédents conflits mondiaux, les civils allaient se réfugier dans les villages shinobis qui étaient alors les lieux les plus protégés et sûrs du continent. Mais lors des derniers événements, Konoha avait été détruit par Pain. Le village des feuilles avait été reconstruit mais la réputation de la sécurité de Konoha en fut dégradée. Les civils préférèrent se réfugier dans la ville principale du Pays du Feu, Akari, protégée par de grandes murailles et les troupes du Daimyô qui y résidaient habituellement.

Certains clans shinobis refusèrent de rejoindre le village de Konoha à la fin des temps sombres. Ils désiraient garder leur indépendance et leur autonomie malgré les rapports qu’ils avaient avec certains clans fondateurs du village. Malheureusement pour eux, les années furent dures pour ces clans. Les demandes de mission étaient redirigées vers Konoha et les petits clans se trouvèrent sans demande. Leur économie, qui reposait sur ce système, s’effondra et bon nombre d’entre eux furent contraints soit de se reconvertir soit de rejoindre Konoha. Leur reconversion ne les empêchait pas d’exercer les arts shinobis pour se défendre contre leurs ennemis et de perpétuer les traditions de leur ninjutsu. Ils bénéficiaient cependant de la protection du village qui gardait les personnes hostiles à l’écart des petits clans.

Le clan Hametsu vivait dans les montagnes, plus précisément dans l’ancien cratère d’un volcan éteint. Le soleil disparaissait peu à peu derrière les versants des monts alors que le village du clan semblait en pleine ébullition. Sur la place du village, ils étaient tous rassemblés autour d’une statue de pierre représentant un homme en armure aux longs cheveux noirs qui maniait un puissant éventail. Autour de la place, des étendards avec la feuille de Konoha virevoltaient sous la brise du soir. Les habitants murmuraient et piaillaient alors que leur chef sortit de la foule, se plaça devant la statue de pierre et demanda le silence. Au socle de la sculpture était accroché un drapeau rouge avec la feuille de Konoha.

- Mes frères ! s’écria leur chef.

C’était un homme nommé Gôhô, trapu et de moyenne taille. L’âge avait fait son œuvre sur lui et son front dégarni et ridé le prouvait. Il frotta sa moustache brune et commença à parler :

- Nous avons entendu de nombreuses choses, de nombreuses rumeurs ! Des révélations que nous avons longuement considérées mais aujourd’hui, il n’y a plus raison de douter !

Le silence se fit dans l’assistance.

- Le clan Uchiwa a été exterminé sur ordre des hauts dirigeants de Konoha !

Les gens attroupés se révoltèrent et s’indignèrent. Beaucoup soulevaient leurs armes mais leur chef leur demanda de nouveau le silence.

- Nous sommes les Hametsu ! Notre clan n’est plus ce qu’il était autrefois ! Nous avons survécu à la guerre et au temps. Nous sommes un clan fier et honorable. Nous n’avons pas oublié les anciens temps ! Nous n’oublions pas les vieilles alliances qui furent !

Il montra la statue devant laquelle il clama :

- Nous n’oublions pas ceux envers qui nous sommes redevables !

Il fut acclamé et applaudi par les membres de son clan. Il leva les mains au ciel.

- Que devons-nous à Konoha ?!

Une clameur répondit :

- Rien !!
- Ils disent qu’ils peuvent nous protéger ! Nous n’avons jamais voulu leur protection ! Comment pourrais-je me sentir protégé par eux alors qu’ils ordonnent l’éradication de tout un clan, hommes, femmes et enfants compris ! En les trahissant, ils nous ont trahis !

Les hurlements des Hametsu continuèrent et formèrent une gigantesque huée enragée. Les étendards sur lesquels était tracée la feuille de Konoha furent arrachés, piétinés et brûlés.

- Assassins ! Meurtriers ! s’écrièrent-ils.
- Nous sommes les Hametsu ! Nous sommes un clan fier et honorable ! Nous n’oublions pas à qui nous avons autrefois fait allégeance !

Gôhô se retourna, fit des mudras et cracha une gerbe de feu sur le drapeau de Konoha accroché au socle de la statue. Le tissu partit en fumée en quelques instants et dévoila, gravé à même la pierre, l’éventail du clan Uchiwa.



***



- Ton corps te fait défaut, il faut te reposer.

Un bandeau de tissu noir recouvrait les orbites vides d’Itachi Uchiwa. Son corps affaibli et amaigri avait été habillé et enveloppé dans de chaudes couvertures et allongé sur une couchette. Kujira se tenait à ses côtés et vérifiait l’état de l’assassin des Uchiwa.

Celui-ci avait très peu parlé depuis sa sortie du puits. La résurrection avait laissé son corps en stase et son esprit restait encore embué. Ses forces ne lui étaient toujours pas revenues, Kagami lui avait avoué qu’il lui faudrait du temps. Itachi avait alors acquiescé. Sortir du Puits des Âmes avait été une épreuve qui l’avait encore plus affaibli.

- Moins tu bougeras, plus tu recouvreras ta force, déclara Kujira en pliant un tissu pour faire un oreiller au jeune homme.

Itachi acquiesça de façon mécanique et Kujira retourna auprès de Kagami et Keiko.

Après être sortis du sanctuaire avec Itachi, ils étaient redescendus vers le village en ruines et s’étaient installés dans une habitation délabrée. Il avait fait un feu dont le panache de fumée s’échappait par une ouverture dans le toit. Le sol était de pierre et n’avait pas été recouvert par la mousse verte et humide. Le soleil était depuis longtemps descendu par-delà l’horizon pour laisser la lune s’élever. La lumière du feu de camp éclairait la pièce plongée dans l’obscurité ou s’était installé le groupe.

Keiko observa par-dessus son épaule Itachi qui reposait près du mur. Elle était à moitié curieuse et à moitié intimidée. Kagami gardait ses yeux sur le feu de camp plongé dans ses pensées. Kujira s’assit sur une pierre à la gauche du vieil Uchiwa et cela le fit sortir de sa transe.

- Je dois t’avouer, commença la grosse kunoichi aux cheveux auburn et raides, je ne t’avais pas cru au début mais maintenant je suis convaincue.

Kagami eut un rictus satisfait mais néanmoins nuancé.

- Je dois également t’avouer que je ne pensais pas que tout se passerait aussi bien, expliqua le vieil Uchiwa.
- Son corps est affaibli comme s’il avait été privé de nourriture ou d’eau pendant des jours, dit Kujira en regardant le corps du petit fils de Kagami. Mais il est en parfait état et sain hormis pour ses yeux.
- Ne t’en fais pas pour ça, coupa le vieil homme.

Keiko qui n’avait pas quitté Itachi des yeux se retourna vivement vers ses deux compagnons pour demander à voix basse :

- C’est bien beau tout ça mais qui-est-ce ?

Kujira prit ses distances avec Kagami pour signifier à la jeune fille qu’elle devait s’adresser à son aïeul. Celui-ci se gratta la fine barbe de son menton et commença calmement :

- Ton père avait un frère aîné nommé Fugaku. Et celui-ci a eu deux fils. Voici l’aîné Itachi, dit-il en montrant le jeune Uchiwa du menton.
- Revenu d’entre les morts, ajouta Kujira en bourrant sa pipe.

Keiko regarda de nouveau le corps étendu près du mur. Elle avait du mal à avaler le fait qu’il ait été ramené à la vie mais, elle fut troublée par l’apparition soudaine de ce cousin dont elle n’avait jamais entendu parler.

- Je croyais que nous étions les seuls survivants du clan ? dit-elle.

Le vieil homme dut ravaler sa salive. Voici l’un des moments qu’il redoutait le plus dans ce qui restait de sa longue vie.

- L’homme assis derrière toi est celui qui a massacré le Clan Uchiwa tout entier sous les ordres de Konoha.

L’annonce fut un couperet pour la jeune fille. Kujira, sa tutrice, avait toujours refusé de lui dire ce qu’il était advenu des autres membres de son clan. Elle avait laissé la question en suspens en déclarant qu’elle ne saurait pas lui donner complément une réponse satisfaisante. Mais ce n’était pas ce à quoi elle s’attendait. Médusée, elle plongea ses yeux noirs dans ceux de son grand-père.

- C’est lui… lui qui a tué…
- Je veux te dire la vérité, insista Kagami. Même si je sais qu’elle ne te plaira pas.

Kagami raconta alors tout ce qui touchait au massacre du Clan Uchiwa perpétré par Itachi, il y avait une dizaine d’années. Il expliqua le rôle de Konoha dans cette purge ainsi que le sacrifice d’Itachi. La jeune Uchiwa resta silencieuse durant tout le récit. Kujira avait déjà entendu l’histoire de la bouche du vieil homme et continuait de fumer sa pipe tout en jetant un coup d’œil au visage désemparé de la jeune fille. Kagami termina son récit d’un ton funeste :

- Tu aurais dû mourir ce jour-là.

Keiko sentit son cœur s’étreindre à l’entente de ses mots. Le visage éclairé par les flammes de Kagami était plein de tristesse tandis que Kujira tirait sur sa pipe, le regard dans le vide.

- Tu n’étais qu’un nourrisson lorsque le massacre a eu lieu. Itachi est celui qui t’a sauvée, poursuivit Kagami. Il t’a confiée à moi, il y a très longtemps.

Suite à cette révélation, la jeune fille ne sentit plus aucune animosité envers son cousin. Elle jeta un regard par-dessus son épaule pour voir le corps inerte presque assoupi d’Itachi.

- Pourquoi Konoha a-t-elle voulu notre mort ? Les Uchiwa ont toujours été les alliés de Konoha, non ? demanda la jeune fille.
- C’est une histoire plus compliquée encore, dit Kagami. Sache que ce sont certains dirigeants de Konoha qui ont ordonné cet ordre à Itachi. Cet ordre provenait d’une minorité et fut fort regrettable. Et je ne t’en dirai pas plus pour l’instant.

Keiko baissa la tête, déçue et troublée. Cette révélation arrivait au moment où elle s’y attendait le moins et l’avait bouleversée plus qu’elle ne l’aurait cru.

- Que ressens-tu ? demanda le vieil homme en voyant Keiko encore sous le choc.
- Je me sens mal, dit-elle. Mal pour mes parents et tous les autres membres de notre clan. Je devrais être en colère pour leur meurtrier mais…

La jeune fille déglutit et regarda par-dessus son épaule le cousin qu’elle n’avait jamais connu et auquel elle devait tout.

- … il est également mon sauveur. Ce que je ressens ? Je crois que je suis en colère. En colère envers Konoha.

Kagami vit une lumière passer dans le regard de sa petite fille. Il craignait qu’elle éprouve un profond ressentiment envers le village caché des Feuilles. Une rancune et une haine qui pourrait germer en son cœur et qui la dévorerait de l’intérieur. Il venait d’en distinguer les bribes naissantes dans les paroles de sa petite fille. Il toussa et dit d’une voix douce :

- Cet ordre a été donné par trois des dirigeants de Konoha. Même le Hokage était contre cette solution, la population n’est même pas au courant des vraies raisons de ce massacre. Les gens de Konoha ne sont pas responsables de cette horreur. Tu ne dois pas t’en préoccuper. Tu ne dois pas regarder vers le passé. Tu es jeune et tu dois te tourner vers l’avenir.

Keiko regarda son grand-père avec des yeux persistants comme pour espérer d’autres réponses. Mais Kagami se mura dans le silence. Elle alla donc porter son regard sur Kujira. Celle-ci haussa les sourcils, surprise :

- Pourquoi tu me regardes comme ça ? N’attends aucune réponse de moi. Je ne viens pas de Konoha… Je n’ai aucun rôle dans cette histoire.
- Ah… ah, mais je croyais… bégaya la jeune fille.

Keiko réalisa qu’elle n’avait jamais demandé d’où provenait sa tutrice. Et ce malgré les années qu’elles avaient passées ensemble dans la maison sur la montagne.

- Mais alors d’où viens-tu ? demanda la petite.
- Je viens de Suna, répondit sèchement Kujira en expirant de la fumée.

Kagami fut soulagé de voir que la conversation venait de prendre une tournure plus sereine. Parler du massacre de son clan le peinait tant il avait perdu d’amis et de proches. Il chassa ces pensées de son esprit et vit Itachi remuer légèrement le bras.

- Suna, c’est bien le village shinobi du Pays du Vent ?
- Ouais, un pays désertique et aride.
- Tu ne m’en avais jamais parlé.
- Tu n’as jamais demandé, grogna Kujira.
- De quel clan proviens-tu ?

La kunoichi de Suna expira de la fumée par son nez.

- Ma mère était une Sabaku, du clan du Désert. Et mon père était un simple marchand ambulant.
- Je n’ai jamais entendu parler de ce clan, dit Keiko en se grattant la tête.
- A croire que tu oublies tout ce que je t’enseigne, répondit la tutrice entre ses dents.

Le vieil homme ne pouvait s’empêcher de sourire en pensant à quel point l’éducation aux arts shinobis de sa petite fille par sa fidèle amie fut difficile. Comment avaient-elles pu vivre ensemble pendant si longtemps ? Elles s’appréciaient, sans se le dire. Kujira n’était pas maternelle et Keiko avait été élevée par une femme qu’elle n’avait jamais considérée comme sa mère. L’emprisonnement de Kagami avait laissé les deux femmes seules et il y avait surement eu des hauts et des bas. Peut-être que le plus dur serait à venir pour elles. Mais la petite gardait encore le sourire.

- Le clan Sabaku est un clan très important à Suna. Il est à l’origine de la construction du village caché, expliqua Kagami en se mêlant à la conversation.
- Racontez-moi, demanda vivement Keiko.

Kujira souffla de la fumée noire et ne répondit pas. Kagami comprit que c’était à lui de conter ce récit. Il se gratta la gorge et commença :

- C’était durant les Temps Sombres, les clans régnaient en maître sur le continent qui était en proie au chaos. Le désert du Pays du Vent était parcouru par de nombreux clans shinobis nomades qui pillaient les caravanes marchandes, les oasis et les villages. Les guerres entre ces différents clans et les attaques qu’ils menaient contre la population ont appauvri la région en richesses et en ressources. Les shinobis du désert s'entre-déchiraient. Jusqu’à ce qu’un chef de clan, seigneur de guerre, décida d’unifier tous les ninjas de la région sous sa bannière. Ce shinobi s’appelait Raion No Sabaku.

Le ton dans la voix de Kagami avait changé dès qu’il avait prononcé le nom du seigneur de guerre. Keiko sentit un frisson remonter du bas de son dos jusqu’à ses épaules. Elle prit une couverture qu’elle enroula autour d’elle et attendit la suite du récit.

- En quelques mois, il écrasa tous les autres chefs de clan et les rallia tous à sa cause. Son ardeur, sa force et sa sauvagerie au combat lui valurent le nom de Lion du Désert. Et c’est encore ainsi qu’il est nommé par les chroniqueurs et les anciens. C’était un colosse à la chevelure rouge tel un fauve et à la cruauté bestiale. Il excellait dans l’art de la guerre. Et selon la légende, il alla jusqu’à se battre avec le démon tanuki, Shukaku, l’esprit du sable. On raconte également qu’il réussit à tuer la bête, qu’il la dévora pendant dix jours et dix nuits et que grâce à cela, il put imposer au sable sa propre volonté.

Keiko ne ratait aucun détail de l’histoire tandis que Kujira écoutait indifférente comme si elle avait entendu cette histoire un nombre incalculable de fois.

- L’histoire ne l’a peut-être pas retenu mais le Pays du Vent fut la première contrée où fut construit un village shinobi. Raion No Sabaku décida d’installer une forteresse au centre du désert pour maintenir son emprise sur toute la région. Avec son Dôton, il créa un gigantesque mur de roc en pour protéger le village du sable traître porté par le vent ainsi que de l’envahisseur. Il expulsa le sable à l’intérieur des murailles qu’il avait édifiées et ainsi il creusa dans la roche les premières habitations du village. Les habitants du Pays du Vent se rassemblèrent en cette nouvelle cité qu’ils nommèrent Suna, le Sable, et prospérèrent sous l’égide de Raion.

Kagami marqua la fin de son histoire alors que Kujira toussa de sa voix grave.

- Mais si tu dis que Suna a été le premier village shinobi, pourquoi tout le monde raconte que Konoha fut le premier construit ? demanda Keiko.

Un vent glacial passa par l’ouverture de la maison qui fit trembler les flammes du brasier. Kujira vida les cendres de sa pipe sur le sol tandis que Kagami remit son manteau sur ses épaules pour se réchauffer.

- La période qui vient après la construction du village de Suna est trouble que ce soit pour Suna ou le monde Shinobi. Nombreux Suniens comme Kujira préférerait oublier ce qui s’est déroulé car ce furent des heures sombres.

La kunoichi de Suna fit la moue. Ses yeux papillonnèrent et elle regarda au loin dans le vide.

- Raion No Sabaku était un homme ambitieux, poursuivit-il. Il voulait étendre sa domination à tous les autres grands clans. Et son plus proche et redoutable rival était le clan Uchiwa. Notre clan était parmi les plus puissants à cette époque. Madara le dirigeait, avec à ses côtés son frère Izuna. Ils s’étaient établis dans une vallée cachée, tenue secrète où avait été construite une gigantesque forteresse où nous pouvions garder en sécurité les femmes et les enfants pendant que les autres partaient au combat. Notre clan vivait une longue période paisible depuis le dernier combat qu’il avait mené. Un âge où notre clan put prospérer sans penser aux dangers qui les menaçaient.
Mais Raion en avait décidé autrement. Il se jura qu’il éradiquerait la lignée des Uchiwa et conspira contre nous.
Usant de ruses et de stratagèmes, il parvint à découvrir l’emplacement de la vallée cachée. Il attendit que Madara et Izuna partent avec la plupart des membres du clan pour servir de mercenaires dans la guerre entre deux seigneurs. Puis il attaqua la forteresse des Uchiwa avec la force de ses alliés. Il prit par surprise, le peu d’Uchiwa qui étaient restés de garde ainsi que les femmes et les jeunes enfants. Raion massacra tous les Uchiwa qui croisèrent sa route, qu’ils soient armés ou non. Les portes de la forteresse furent abattues et les shinobis du désert poursuivirent leur carnage dans nos murs. Le salut de notre clan vint grâce à l’intervention de courageux Uchiwa qui cachèrent des innocents dans les nombreux souterrains sous la forteresse pour leur permettre d’échapper à une mort funeste.
Cependant, Raion ne comptait pas en finir ainsi. Après avoir tué plus de la moitié des Uchiwa qui se trouvaient dans la vallée cachée et dans la forteresse, il sonna la retraite et ses troupes abandonnèrent les lieux pour retourner au Pays du Vent. Il voulait ouvertement déstabiliser et provoquer les Uchiwa par son infamie.
L’histoire nous révèle qu’il a bel et bien réussi. Lorsque Madara et Izuna revinrent victorieux avec leur armée, ils découvrirent avec horreur et effroi leur foyer saccagé et les cadavres de leurs frères et leurs sœurs. Les corps des jeunes Uchiwa baignaient dans leur propre sang alors qu’ils étaient la proie des charognards.

Kagami marqua une pause alors que Keiko restait, pétrifiée, sans voix, accrochée aux paroles de son grand-père.

- Cette tragédie a marqué notre clan à jamais et nous avons souvent été terrifiés par les histoires que nos aïeuls racontaient à propos de Raion, monstre de Suna. Au point que certains avaient peur qu’il vienne les dévorer dans leur sommeil.

Keiko déglutit. A l’écoute du récit, elle avait l’impression que Raion de Suna attendait dehors dans l’obscurité, prêt à fondre sur la maison et ses occupants. Elle resserra la couverture autour de ses épaules et écouta Kagami poursuivre le récit :

- Madara réclama vengeance pour tous les Uchiwa massacrés lors de l’attaque sournoise du maître de Suna. Le Sabaku avait laissé sa marque en traçant le sablier, signe de Suna, avec du sang sur les portes défoncées de la forteresse. Madara rassembla alors ses alliés et il partit en guerre avec une grande armée à l’assaut du village caché de Suna. Mais tout ceci faisait partie du plan du Sabaku. Ce dernier plaça ses troupes devant l’entrée principale de Suna, prêt à accueillir l’armée des Uchiwa.
Madara et ses alliés marchèrent sur Suna avec célérité, animés par la haine et le désir de vengeance. Alors que le soleil descendait vers l’ouest, ils arrivèrent enfin au village de Suna où les attendaient les armées de shinobis du désert. La bataille s’engagea alors entre les deux armées menées par Raion No Sabaku et Madara Uchiwa. Le fracas des armes se mêla au sable ensanglanté du désert. Le feu et l’eau s’entrechoquèrent sur les grondements de la terre et sous les bourrasques du vent. La bataille se poursuivit jusqu’au crépuscule. Madara était apparu sur le champ de bataille et se frayait un chemin entre les shinobis de Suna. Son Mangekyô Sharingan paralysait sur place tous ceux qui croisaient son regard dans la mêlée. Il faisait chanter son katana, faisait danser son gigantesque éventail et envoya de puissantes rafales sur les rangs ennemis. Sa défense reposait sur une armure fantomatique aux reflets bleus qu’il invoquait grâce à ses yeux pour se protéger. En plein champ de bataille, Madara était invincible et terrifiait ses adversaires par sa force. Il perça les rangs de Suna pour arriver jusqu’aux portes de la cité. Les Uchiwa et leurs alliés avaient pris l’avantage sur les shinobis de Suna et la victoire était proche.
Et c’est là que Madara le vit. Raion sortit du fin ravin servant d’entrée du village. Il était fort, très grand et sa stature était terrible. Alors que Madara arborait une lourde armure en plaques rouges, Raion présentait son torse musclé à toute lame qui voudrait l’écorcher. Sa barbe et sa crinière avaient la même couleur que le sang. Ses yeux verts étaient sévères et orgueilleux. D’un simple hurlement, il attira l’attention de toute la bataille sur lui et le silence régna sur le désert durant quelques instants. Raion et Madara croisèrent le regard, s’élancèrent l’un vers l’autre et la bataille reprit.
Depuis l’arrivée de leur leader, les shinobis de Suna avaient repris du terrain, exaltés par l’apparition du redoutable shinobi qu’était Raion. Madara esquivait toute charge du Lion du Désert que ce soit des blocs de rocs ou des vagues de sables. Le shinobi de Suna était impétueux et ne reculait devant rien pour arriver à tuer l’Uchiwa. Sa force et sa vitesse, conjuguée à sa maitrise du Dôton et du Sable, rendaient Raion redoutable. Cependant la haine de Madara pour cet homme le rendait sans pitié. Il le bombardait de techniques Katon, ne prenant pas compte d’éventuelles victimes collatérales, et des rafales de Vent qui déchiquetaient les ninjas de Suna. Le Mangekyô Sharingan de Madara le sauva à maintes reprises. Le duel entre les deux adversaires avait presque atteint son paroxysme et Madara avait lentement repris le dessus. Alors qu’il allait porter un coup fatal à Raion, l’Uchiwa sentit une intense douleur parcourir ses yeux. Il lâcha son katana et profitant de cette occasion, Raion s’empressa pour le frapper avec son propre sabre. Le colosse brisa l’armure rouge, fendit son adversaire de l’épaule à l’aine et son sang se répandit sur le sable.
A cet instant, tous les combattants virent Madara Uchiwa chuter à terre. Raion contempla de haut son ennemi qui était au seuil de la mort, et les Uchiwa tremblent encore aujourd’hui en repensant à cet instant. Le Sabaku allait écraser l’Uchiwa mais c’était sans compter l’intervention inespérée du jeune frère de Madara.
Rapide comme l’éclair, Izuna s’interposa entre les deux adversaires et planta sa lance Yari dans l’abdomen du colosse de Suna. Raion hurla de douleur. Son cri secoua les montagnes et fut entendu dans tout le Pays du Vent. Le Lion du Désert comprit alors qu’il ne lui serait pas si facile d’exterminer le clan Uchiwa.
Le colosse chancela alors qu’Izuna remit le corps meurtri de Madara à des membres de leur clan pour qu’ils l’éloignent du champ de bataille. Les shinobis de Suna firent de même avec le corps agonisant de Raion qu’ils ramenèrent à l’intérieur des murs du village sous les cris de rage des Uchiwa.
Izuna brandit l’éventail de son frère et mena la charge contre les troupes désorganisées de Suna. Hurlant vengeance, répandant la mort, il parvint à repousser les troupes ennemies jusqu’aux murailles où elles furent massacrées. Les portes de Suna se renfermèrent devant l’armée des Uchiwa, et Izuna préféra donc mettre fin à la bataille plutôt que de risquer une attaque trop couteuse en hommes. De plus, ils avaient essuyé de nombreuses pertes et l’état de son frère l’intriguait. La douleur que ressentait Madara provenait de ses yeux, une douleur telle qu’il dût être ramené jusqu’à la vallée cachée pour y recevoir des soins. Izuna décida alors de faire le siège de Suna afin d’affamer leurs ennemis et de les obliger à se rendre.
Pendant ce temps, à l’intérieur des murs, les shinobis de Suna s’entre-déchiraient au lieu de se préparer à repousser leurs assaillants. Raion No Sabaku était entre la vie et la mort et les anciens chefs de clan sentirent que le vent avait tourné pour lui. Profitant que le Lion du Désert fût vulnérable, les chefs de clan soumis se rebellèrent et chassèrent Raion et les siens de la cité pour les laisser mourir hors des murs dans le désert aride.
Étrangement aucun Uchiwa ne comprit comment les Sabaku purent s’échapper de Suna. Mais Izuna maintint le siège pendant des semaines empêchant toute sortie et entrée dans le village. A l’intérieur des murs, les chefs de clan du désert s’affrontèrent pour déterminer qui serait le futur maître de Suna. Et leur folie du pouvoir les poussa à commettre les pires atrocités laissant la famine, la misère et la mort envahir la cité.
Après un mois de siège, les chefs de clan survivants aux luttes intestines du village, décidèrent de se rendre à leurs assaillants. Izuna réalisa trop tard que Raion n’était plus dans la cité et qu’il ne pourrait réclamer vengeance pour les Uchiwa que le Lion du Désert avait assassinés. Les clans du désert se soumirent aux Uchiwa et Izuna céda Suna au clan Wabuchi, un des clans vassaux des Uchiwa, en récompense de leurs hauts faits pendant la bataille. L’armée d’Izuna retourna victorieuse à leur Forteresse où son frère se remit difficilement de ses blessures.
- Et Raion ? Coupa Keiko. Qu’est-il advenu de lui ?
- Il est mort depuis longtemps, grogna Kujira en rangeant sa pipe. Enterré dans le sable au fin fond du désert.
- Et les Sabaku ? demanda la petite.

Kagami toussa et reprit :

- Les clans du désert ne supportèrent pas la domination des Wabuchi et bientôt ils se révoltèrent aussi contre eux. Les Sabaku en profitèrent pour revenir dans le village de Suna et reprendre leur place dans la politique de la cité. Les Wabuchi furent persécutés et chassés par les armes du Pays du Vent. Suna et ses clans s’unirent alors contre leurs anciens ennemis et participèrent à la Grande Bataille où ils furent de nouveau vaincus.
Ils retournèrent dans leur pays et on leur imposa un nouveau chef choisi parmi les clans du désert : Heiwa Mizuhebi. C’était un homme pacifique et influençable qui prit le nom de Shodaime Kazekage, peu de temps après. Mais depuis le retour des Sabaku au pouvoir, les shinobis de Suna ont honoré Raion No Sabaku comme leur Premier Kazekage bien qu’il n’ait jamais été nommé ainsi, et que ses crimes furent nombreux. Heiwa Mizuhebi ne fut considéré que comme le Second Kazekage, car nombre de ses contemporains furent en grand désaccord avec sa politique.

Kagami ferma les yeux et soupira. Le récit venait de se terminer et Keiko restait encore accrochée à ses paroles comme si elle avait oubliée tout ce qui s’était déroulé auparavant sur la révélation du massacre des Uchiwa. Un long silence passa où ils entendirent le feu crépiter. Kujira décida de briser le silence.

- Il se fait tard et demain nous avons une longue route devant nous, dit-elle. Bonne nuit à vous deux.

Kagami se tourna vers sa petite fille et l’invita à faire de même. Celle-ci fit la moue mais alla dérouler sa couchette dans un coin et s’y allongea. Keiko et Kujira s’endormirent plus rapidement que le vieil Uchiwa l’aurait pensé. Il resta quelques instants à regarder la flamme du brasier perde peu à peu en intensité jusqu’à disparaître dans les bûches fumantes. Il entendit le ronflement rauque de Kujira et la faible respiration de Keiko puis alla se placer aux côtés d’Itachi.

- Pourquoi… murmura le jeune homme d’une voix tremblante. Pourquoi… m’as-tu ramené ?
- Économise tes paroles, répondit Kagami à mi-voix. Tu es encore trop faible.

Itachi inspira profondément alors que les bûches du feu de camp se craquelèrent dans un bruit creux.

- Sache que je n’ai pas fait ça à la légère, continua l’aïeul. Je t’ai ramené pour des raisons que je t’expliquerai bientôt. J’ai besoin de toi, avec toute ta force. Alors nous allons mettre en exécution le plan que nous avions envisagé, il y a bien longtemps. J’ai prévenu Kujira, elle est prête. Demain dès l’aube, nous débuterons la greffe de tes nouveaux yeux.





TO BE CONTINUED



Un petit chapitre, certes. Mais un chapitre qui annonce de grandes choses ! On se retrouve pour le prochain chapitre centré sur Naruto.
En tout cas, j'espère que cela vous a plu !

A la prochaine tout le monde !!

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