Fiction: Rendez-moi mes jambes ! (terminée)

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A quatre kilomètres au nord de Konoha, Naruto regardait le campement de fortune et toutes les vies qu'il avait à surveiller.
Lourde responsabilité.

Chaque seconde qui passait autour de ce feu l'oppressait un peu plus, comprimant son cœur et son esprit, les réduisant à une seule question : ''Qu'est-ce que tu fous encore là alors que tu devrais combattre à Konoha ?''.
Le blond ignorait les appels de sa conscience. Rien que le fait d'avoir Tenten à côté de lui le dissuadait de partir à toutes jambes. Il avait promis à Lee qu'il emmènerait la brune en sécurité, bien qu'elle soit singulièrement opposée à cette idée.
D'accord ce n'était pas vraiment une promesse. Mais un sourire vaut bien tous les mots du monde. Et il avait lu dans le regard de ''gros sourcils'' sa détermination. C'était son choix, un point c'est tout.

La brune ne dormait pas. Les yeux rivés sur les nuages, protégée de la pluie par les branches basses des arbres, elle murmurait. Mais ce n'était ni des excuses, ni des supplications, ni des prières, ni même des bribes de souvenirs.
Des mots, sans suite, vides de sens.
Tout comme sa vie à présent.

Inquiet, le blond posa ses grands yeux bleus innocents sur le visage sans expression de Tenten qui continuait de ''parler'' dans le vide.
Naruto sursauta quand la jeune fille tourna ses yeux noisettes vers lui et lui demanda :

« Dis-moi, Naruto. Si tu te trouvais dans l'incapacité d'utiliser tes bras, ou de respirer tout seul, est-ce que tu abandonnerais l'idée d'être Hokage ?
- Bien sûr que non, quelle question ! s'insurgea le garçon.
- Et... comment tu ferais ?
- Je montrerais aux autres que même en étant invalide, je peux me battre. Il suffit d'y mettre du cœur ! Je prouverais au monde que...»

Il ne s'était même pas rendu compte que la brune avait fermé les yeux et dormait le sourire aux lèvres.
Bah oui, Naruto a cette faculté de redonner le moral à n'importe qui, n'importe quand, quelle que soit la raison de son malaise.

*****

« Sakura ! Viens me donner un coup de main ! supplia Shizune, débordée.
- Deux minutes ! Je ne vais pas laisser ce vieil homme baigner dans son sang !
- VIENS C'EST URGENT ! rugit la jeune femme.
- DEUX MINUTEUH !»

Sakura acheva de fermer la plaie sanguinolente du vieux monsieur qu'elle avait extirpé d'un maison détruite.
Ils s'étaient tous rassemblés dans les locaux du Hokage. Alors que la tempête prenait encore de l'importance, les blessés ne cessaient d'arriver. Et les ninjas d'Oto parcouraient le village sans aucune gêne. le village de Konoha avait rarement été aussi facilement envahissable.
C'est d'ailleurs ce que faisaient remarquer les deux anciens du village à Tsunade, dans le hall d'entrée.

« Tsunade, tu n'as vraiment pas réfléchi. Tu t'es lancée sur une voie irresponsable et a mené le village à son chaos.
- Tss... Je le sais bien ! Ce n'est vraiment pas le moment !
- Tu n'es pas calme comme devrait l'être un Hokage. Tu n'as jamais été à la hauteur de tes responsabilités. Et...
- FERMEZ-LA ! IL FAUT QUE J'AILLE VOIR LES BLESSES !»

Godaime fit irruption dans la salle, suivie par les deux vieux qui secouaient la tête. Son kimono trempé, elle s'agenouilla auprès de la première victime qu'elle vit et utilisa son jutsu médical.

Hinata évalua le nombre des victimes à huit cents, le nombre de morts à... elle n'avait pas compté, et le nombre de valides à une centaine.
Elle faisait partie de cette dernière catégorie et distribuait pain et eau à toutes les personnes allongées sur des brancards.

Elle ne voyait Naruto nulle part. Il devaient être parti avec les patients de l'hôpital. Et elle vit aussi son cousin arriver en portant Lee dans ses bras.
Elle se lança à leur rencontre tout sourire avant de s'apercevoir du liquide pourpre qui poissait les vêtements du Hyuga. Elle hurla à l'aide.
Lee tendit la main et agrippa les cheveux noirs bleutés de la princesse qui dut se pencher pour ne pas qu'ils soient arrachés de son cuir chevelu.

« Les sensei... ils rentrent enfin... murmura-t-il faiblement.»

Et derrière les deux jeunes garçons, cinq silhouettes se détachèrent de la tempête, tirant les corps inanimés des ninjas du son derrière eux.

*****

« Tenten...
- Hum ?
- Debout, on lève le camp. Direction le temple du feu...»

Le ton de Naruto n'était pas vraiment enthousiaste. En ouvrant les yeux, la brune constata que la tempête avait cessé. Le soleil se levait à peine.

La jeune fille tenta de se lever, oubliant les incidents précédents. Mais ses jambes restèrent totalement inertes. Le visage fermé, elle se tourna vers le blond et attendit son aide. Celui-ci se pencha sans un mot et la souleva sans peine. Était-ce lui ou bien elle était de plus en plus légère ? C'est vrai qu'il ne l'avait pas vue manger depuis son accident...

Tenten avait d'autres soucis. Elle avait vu Lee se faire abattre sous ses yeux, la poitrine en sang, complètement hébété. Et Naruto l'avait emmenée loin de lui...
Pourquoi, mais POURQUOI, se rendait-elle compte maintenant que ce garçon l'attirait ?
Et si elle avait répondu positivement à ses sentiments, il serait resté dans sa chambre ?
Si elle avait accepté, il aurait eu le temps de s'enfuir avec elle et les autres ?
Pas de réponse ; et cela la faisait entrer dans un état rageur avancé.

Naruto sentit la maîtresse d'arme glisser le long de son dos. Il la remonta d'un petit saut. Décidément, elle était devenue très légère. Il s'apprêta à lui en toucher deux mots quand un gémissement suivit du bruit d'un chute survint derrière lui. Il se retourna et s'aperçut qu'un vieillard maladif s'était écroulé, à bout de force. Il déposa Tenten et s'approcha du vieil homme. Il était tremblant et brûlant. Le blond se cassa la voix à appeler une infirmière.

Une sage-femme arriva en hâte. Elle saisit le corps à présent immobile de cet homme âgé, l'examina rapidement et baissa les yeux. Trop tard. La longue file de malades respectèrent le silence une petite minute pour cet ex-shinobi puis laissèrent son corps à l'abri d'un sapin épais.
C'est en silence qu'ils repartirent.

Ils durent abandonner encore cinq autres personnes sur le chemin.

*****

Le temple du feu avait accueillit les rescapés les bras ouverts. Tout au fond d'une pièce de cet édifice religieux, Tenten se morfondait sur elle-même.

« Jamais je n'aurais du faire ninja, se dit-elle. Je me suis dit que j'avais besoin d'un métier dangereux pour vaincre ma flemme habituelle et ma difficulté à communiquer avec les humains. Au départ j'étais effrayée en voyant Gaï sense. Je me rappelle encore de mon appréhension à devenir une kunoichi lorsque je me suis retrouvée dans l'équipe d'un glaçon et de deux tarés. Mais ils sont tout pour moi. Et voilà qu'on me demande d'abandonner cette voie ? Ça c'est pas possible. Mais j'ai mon nindô, moi. Je veux réaliser mon rêve. Et je le ferais. Mais plus personne ne voudra de moi à présent... Je ne suis plus qu'un poids.»

Elle sentit un bras s'enrouler autour de ses épaules. Elle retira la tête de ses bras et regarda à sa droite.
Son cœur manqua un battement.

« Salut, trésor ! Dis, tu voudrais pas nous aider à rencontrer ton Hokage ?»

Ces enfoirés... Ils avaient même réussi à entrer dans le temple.
Ninjas du son, bandes de connards...

Le ''musicien'' se releva et saisit le bras de la brune. Il tira vers le haut. L'épaule de Tenten faillit s'arracher, et, bien entendu, les jambes ne suivirent pas et pendirent mollement dans le vide. L'homme grogna et passa un bras sous les bras de la brune pour la tenir contre lui. Il sortit à grands pas.

Les autres étaient là, bien sûr. Ils sourirent en la voyant immobile, presque... résignée.
En vérité elle était surtout très lasse et désirait plus que tout dormir un peu.

Chienne de vie.

*****

« Lee ! appela une voix.»

Le garçon ouvrit péniblement les yeux. Bon sang mais qu'est-ce que sa poitrine le faisait souffrir ! Il se retint à grand peine de grimacer de douleur et se dressant sur son séant.
Neji et Gaï se tenaient face à lui.

« Lee, nous partons chercher les rescapés au temple du feu. Nous en aurons pour une petite journée. Mais on sera rentrés avant le levé du soleil demain matin, juré.»

Le garçon hocha la tête et s'interrompit aussitôt tellement cela lui faisait mal.
Neji et Gaï, les deux personnes en qui il avait le plus confiance, partaient à la recherche de sa meilleure amie. Il pouvait dormir tranquille.

Quoiqu'il dormirait plus tard.
Sakura venait de pénétrer dans la pièce des blessés graves, et il devait savoir si ce que lui a révélé Tenten était vrai.

*****

« Pourquoi ? Pourquoi tu me fais ça, Tenten ? Et comment t'as fait pour sortir du temple ?»

Naruto était paniqué. Tenten était introuvable. Et lui qui avait juré à Lee de veiller sur elle ! Il refit tout le domaine en courant une quatrième fois avant de conclure qu'elle n'était plus dans l'enceinte du temple.

« C'est pas sympa, Tenten. En plus, tu n'aurais pas du sortir comme ça. Comment t'as fait ?»

Il aperçut un moine non loin de lui. Ce dernier observait les derniers camélias en fleur le long de l'enceinte du temple. Il discuta un instant avec lui, le temps de s'assurer que les malades dont il avait la garde était en sécurité et l'informa de son départ.
Il franchit la grille du temple du feu, rongé entre l'inquiétude et le désespoir de ne pas avoir respecté sa promesse.
Perdu dans ses pensées alors qu'il marchait le long de la route ensablée, il n'entendit pas le nouveau venu s'approcher. Il fit un bond en arrière et atterrit sur le derrière quand cette personne s'imposa devant lui pour lui montrer sa présence. En le reconnaissant, Naruto crut avoir eu une hallucination. Mais sa "vision" lui tendit une main amicale pour le relever et dit simplement :

« Tu vas avoir besoin d'aide pour la retrouver, ta disparue.»

Naruto acquiesça et il partirent sans un mot, à la recherche de la brune.

*****

« Seule, perdue, inoffensive et triste. Je m'étais toujours juré de ne plus jamais ressentir ces sentiments. Et voilà qu'ils ressurgissent. Décidément je ne sert pas à grand-chose, et je complique la vie de mes amis... C'est donc tout ce que peux offrir à ceux qui me sont chers ? De l'inquiétude, de la gêne et du remord ? Pourquoi est-ce que je subis tout ça ? Gaï sensei... Quand vous m'avez rencontrée, ce jour-là, vous m'avez promis que ça n'arriverait jamais plus. Est-ce pour cela que vous ne m'avez pas rendu visite ? Parce que vous vous sentiez coupable ? Si vous saviez comme je voudrais que vous soyez là... et à quel point cette vieille promesse me parait stupide... Une personne comme moi, de toute façon, ne connaîtra jamais le bonheur. Tout ça parce que je suis une...»

Un bruit arracha Tenten à ses lamentations. Dans la toile de tente dissimulée par les feuillages de branches basses, un ninja du son entra, un léger sourire au lèvres. Il tendit à sa captive un bol de riz qu'elle refusa d'un signe de mépris. L'homme secoua la tête plus amusé qu'autre chose, surtout parce que le ventre de la brune faisait un boucan du diable.
L'air confus de la jeune fille le fit éclater de rire. Sans plus de conversation, il laissa le bol devant elle et sortit.

Quand il revint un peu plus tard, il ne restait plus que deux ou trois grains de riz au fond du récipient. Tenten somnolait, exténuée. Il la regarda tristement et voulut lui dire un mot d'encouragement, attendri par cette gamine qui avait pratiquement le même âge que sa fille et qui affrontait la réalité avec courage et dignité.
Mais les mots ne franchirent pas ses lèvres et, silencieux, il releva le pan de toile masqua l'entrée et quitta la tente, le bol à la main.

Le soir venu, un deuxième homme entra et voulut la porter au dehors. La jeune fille ne se laissa pas faire : elle vociféra, gueula, mordit, griffa et arracha presque l'œil du gars avant de s'avouer vaincue et de se laisser conduire au dehors. Le shinobi était quand même pas mal amoché.
Il la porta auprès du feu et Tenten fut touchée par cette considération. Il est vrai que dans la tente elle commençait à avoir froid. La brune se laissa donc envelopper de la chaleur des flammes et oublia tout rattachement au domaine terrestre, laissant son esprit vagabonder au milieu des nuages couvrant la lune.

Elle fut tirée de sa torpeur par des voix. Apparemment, c'était le dîner pour les ninjas d'Oto. Les quelques hommes dont certains de ceux qu'elle avait vu à l'hôpital discutaient autour d'une grande marmite de fondue. Mine de rien, Tenten écouta la conversation :

« … pas réussi à rester à Konoha. On a pourtant essayé de faire vite, mais les juunins sont revenus et face à eux ont a rien pu faire. C'est rageant de le dire mais ils sont plus fort que nous. On a du faire face à quelques pièges complexes pour pénétrer dans le village. Comme s'ils s'attendaient à ce qu'on vienne lancer une attaque sur Konoha. On a perdu deux hommes dans certains de ces traquenards. Mais on a réussi à récupérer certains renseignements cruciaux...
- Parfait, montre-moi ça.»

Celui qui avait le résumé du raid sur Konoha donna un parchemin au ''chef'' sur un air de confidence. L'homme se saisit du rouleau et lut avidement son contenu. Un sourire sournois étira son visage.

« Bien... dit-il. On peut se détendre jusqu'à demain. Avec ça on pénètrera dans le village caché des feuilles sans trop de problèmes... Et même si on se fait surprendre, il nous reste un dernier atout...»

La kunoichi sentit tous les regards dévier vers sa colonne vertébrale. Elle fit semblant de ne rien laisser transparaître mais était en réalité morte d'inquiétude.
Le premier homme dit alors :

« Pas la peine de faire semblant, minette. Je sais bien que tes facultés auditives sont tournées vers nous depuis le début de la conversation. Viens plutôt te joindre à nous, tu nous en diras un peu plus sur ces fameux souterrains dont nous avons désormais le plan...»

La brune tordit au maximum son dos pour pouvoir faire face au groupe d'homme. Elle frappa le sol de la paume et les défia tous :

« Vous pouvez crever !
- Charmante demoiselle... dit l'un deux en attrapant son visage par le menton pour la regarder dans les yeux. Tu n'es pas vraiment en position de force ici. Alors comment dire... sois un peu plus souple, d'accord ?»

Et pour appuyer ses paroles, il souleva Tenten d'un bloc pour avoir son visage au niveau du sien. La jeune fille comprit avec horreur qu'il allait l'embrasser et, dans un hoquet de dégout, appuya de toutes ses forces ses bras sur sa poitrine pour s'éloigner de lui. Les quelques ninjas restés près du feu ricanèrent.

« Laisse tomber, vieux. Elle veut pas de toi !»

Mais l'homme ne l'écouta pas. Vexé et furieux, il assena une claque retentissante à la kunoichi qui resta sonnée un instant, juste assez pour permettre à cet horrible type de glisser ses mains sous sa chemise de nuit d'hôpital. Elle poussa des cris de protestation et le frappa, alors qu'il se faisait plus intime, beaucoup plus intime.

« Lâche-moi ! hurla-t-elle, des larmes dans les yeux. Je ne veux pas... STOP !
- Hé bien, hé bien... tu n'as plus la même ardeur, susurra l'homme. Mais laisse-toi faire un peu...
- JAMAIS ! Espèce de lâche, enfoiré, TOCARD !
- Mais si, tu vas voir... c'est très agréable...
- Non, non, NON ! Plutôt mourir !»

L'homme s'arrêta net. Derrière lui, plusieurs shinobis s'étaient levés pour arrêter leur compagnon qui avait tendance à un peu trop aimer les jeunes filles... Il sourire étira son visage, cruel, sans joie. I

« Ça peut s'arranger...»

Il sortit un kunai de sa sacoche et le planta dans le sol, devant la brune sanglotante. Il dit dédaigneusement :

« Alors voilà : soit tu coopères un peu plus, soit tu en finis comme tu l'as dit.
- Arrête, fit un de ses compagnons. Laisse-la un peu tranquille. Tu lui as déjà porté une grande offense.
- La ferme ! C'est ça où elle m... *PLAF*
- Désolé, vieux. Voilà, tu peux être tranquille, dit-il à l'intention de Tenten.»

La pauvre jeune fille tremblait de tout ses membres. Elle s'était juré... elle s'était juré que plus jamais elle n'aurait à subir ça une deuxième fois... Gaï sense le lui avait promis. Il lui avait promis de veiller sur elle pour que ça ne se reproduise plus jamais.

L'homme qui l'avait sortie de ce ''mauvais pas'' se rendit compte du coup dur qu'elle venait d'encaisser. Il la souleva et la porta à la tente où il lui apporta de l'eau pour qu'elle puisse se laver du contact de ces mains terriblement intimes.
Elle voulut dormir mais à l'intérieur de ses paupières se collaient les images de ses souvenirs...

La cave noire.
Les cris de sa mère battue.
La cave noire.
Les hurlements sauvages de son père ivre.
La cave noire.
Les marques sur son corps.
La cave noire.
Les souillures laissées sur elle.
La cave noire.
Sa virginité effacée...

Et son nindô à elle, c'était de ne plus jamais connaître ces souffrances. Elle était devenue femme ninja pour ça. Elle ne voulait plus jamais revivre cette enfer...
Jamais.



Hyaahaa ! Chapitre déchirant ! Très glauque sur la fond mais tellement réaliiiste ! Oui je sais je fais une auto-évaluation mais sincèrement je préfère ce chapitre au précédent.
Et voilà ! xD
Oui je sais on a pas trop envie de sourire après avoir lu ce chap' mais... Enjoy !

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