Fiction: Réalité Cauchemardesque (terminée)

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Plus qu'un pas. Plus qu'un seul petit pas et tout finirait. Un seul petit pas et tout disparaîtrait … Du haut de cet immeuble, Sasuke Uchiwa contemple le soleil disparaître à l'horizon, derrière les immenses gratte-ciel qui prolifèrent comme des champignons dans toute la ville. Son corps entier se met à trembler alors qu'il ose jeter un coup d'oeil vers le bas de l'édifice. Le passé est destiné, par nature, à être oublié mais, les séquelles qu'il engendre ne peuvent que s'estomper au fil du temps ... jamais s'effacer totalement. Si il était possible de revenir en arrière, les gens seraient-ils plus heureux ? Pouvoir réécrire le passé à sa guise, vivre et revivre le même instant ... pouvoir ressuciter un être cher ... serait-ce la seule solution pour vivre à jamais heureux, sans aucun remord ni regret ? Est-ce ainsi ? Si la réalité est telle, mourir semble la seule issue possible car jamais, jamais le passé ne pourra être changé et les morts ne quitteront jamais le royaume des âmes.

L'Uchiwa avance lentement son pied gauche et grimpe agilement sur le rebord du toit. Son corps se contorsionne difficilement pour trouver une position correcte, en équilibre précaire sur le petit monticule de pierre. Il renifle, passe sa main en dessous de son nez pour l'essuyer brièvement puis lève son visage vers le ciel étoilé. Belle nuit pour dire adieu à la vie.


*Flash Back*
- Sasuke-chan ? Appela tendrement un jeune femme aux longs cheveux bruns et au sourire radieux, réveille-toi mon ange, nous sommes bientôt arrivés. ITACHI ! Essaye de réveiller la marmotte à côté de toi, s'il te plaît mon ange.

Ledit Itachi soupira bruyamment puis tourna son visage vers son petit-frère, endormis sur le siège voisin. Il posa sa main sur son épaule, le secoua quelques instants puis, constatant que sa stratégie ne fonctionnait pas, décida d'y aller à la manière forte. Rapidement, il déposa ses doigts sur le joli museau de son cadet et lui pinça jusqu'à ce que celui-ci, manquant d'air ne se réveille en sursaut pour éloigner la main démoniaque de lui. Cependant, dans la manoeuvre, il s'écarta de son siège et fut violemment repoussé contre lui par la ceinture qui enserrait sa taille. Le souffle coupé, il arbora une moue attristée et regarda sa mère avec des yeux embués de larmes. Celle-ci lui sourit gentiment avant de s'énerver contre son fils aîné.

- ITACHI ! La prochaine fois que tu n'entendras pas ton réveil sonner, j'userai de la même méthode pour te faire aller en cours !

Le sermonné avala difficilement sa salive, imaginant déjà la scène.

- Chérie, arrête de te retourner comme ça, tu vas finir par avoir envie de vomir.

Mme Uchiwa s'exécuta en se retournant vers l'avant, face au pare-brise. Sasuke, vexé, fit dos à son frère pour admirer le paysage qui défilait derrière sa vitre. Itachi, lui, ricana avant de faire de même.

- Qu'est-ce qu'il fiche cet imbécile ? Maugréa le père de famille, assis à l'avant du véhicule, le volant entre les mains.

- Qui, papa ? Demanda Sasuke en se redressant.

Ledit "papa" désigna d'un signe de tête, un homme qui enjambait lentement la rambarde de sécurité séparant l'autoroute de la forêt. Brusquement, il se mit à courir vers la voie centrale, traversant, les yeux fermés, l'autoroute. Pour l'éviter, une voiture dévia sa trajectoire, pivotant sur elle-même. Voyant cela, le père Uchiwa appuya le plus fort qu'il pu sur la pédale de frein alors qu'à l'arrière ses enfants hurlaient de peur. Cependant, malgré ses efforts, la capot avant de son véhicule heurta celui de la voiture arrêtée en travers de la route, et, par effet domino, une autre automobile percuta de plein fouet la voiture des Uchiwa, l'éjectant vers le ravin qui longeait l'autoroute. Sans qu'il ne puisse l'empêcher, le titulaire du véhicule sentit celui-ci se retourner sur lui-même et dégringoler vers le fond de la fausse ...

*Fin du Flash Back*



On ne peut revenir en arrière. Jamais.

Et pourtant, il ne peut s'empêcher, la nuit, dans ses rêves les plus intimes, d'en fantasmer. Mais, dès que les rayons du soleil traversent les épais rideaux de sa chambre, tout disparaît. Ne reste plus que l'implacable réalité. Et il en souffre, dieu seul sait à quel point. Chaque jour. Chaque heure. Chaque minute. Chaque seconde. Et il en meurt. Le petit garçon souriant innocemment a disparu. Il est mort dans cet accident. Avec sa famille. Seule persiste une coquille vide qui erre sans but. Sans volonté. Ses sentiments sont factices, il joue la comédie car il sait, il sait au fond de lui que la seule chose qu'il lui reste aujourd'hui est le désespoir. La solitude le retient captif. Elle le poursuit, l'isole. Au fil du temps, il s'est même habitué à sa présence. Elle est sa seule alliée, une partie de lui et ce malgré la présence et les efforts répétés de son tuteur. La joie, le bonheur, l'amour, toutes ces sensations, il les a oublié depuis longtemps. Son coeur est fané. Même si Kakashi refuse de l'admettre telle est l'implacable réalité. La cocaïne, l'extasy, il en a assez. Elles ne lui apportent qu'un moment de répit éphémère et le retour à la vraie vie se fait de jour en jour plus douloureux. Et, à l'heure actuelle, il n'a plus la force nécessaire pour se relever à nouveau. La vie l'empoisonne.

Alors qu'il s'apprête à sauter, il entend, derrière lui, la porte du toit claquer bruyamment. Intrigué, il se retourne. Son regard croise instantanément celui noir de tristesse d'une jeune fille épuisée, se tenant comme elle le peut sur l'une de ses jambes, l'autre pendant négligemment. Son oeil gauche est couvert par un cache-oeil rose et sa respiration semble difficile. Le long de ses joues coulent librement un flot interminable de larmes.
Les deux adolescents s'observent en chiens de faïence, tout deux ayant compris l'intention de l'autre. Nul besoin de mots pour se comprendre, un échange de regard suffit. Le désespoir, chacun peut le lire dans le regard fatigué de l'autre.

L'un a vécu l'enfer de la solitude, l'autre ne veut pas le vivre.

A cet instant, ces deux adolescents ne veulent que croire en la folie appelée "maintenant".
Ils veulent détruire la vérité, voler vers un monde moins sombre, vers un monde où la vie aurait un sens.
Sacrifier son futur pour le présent, telle est leur décision.

La fillette s'approche de lui et monte à son tour sur le rebord du toit.
Une boule se fait sentir au creux de l'estomac de l'Uchiwa. Elle grossit à mesure que sa tête se penche vers l'avant. La peur ? Il jette une oeillade en direction de la jeune fille à ses côtés. Non, l'excitation. Le peu de peur qu'il ressentait s'est envolé à l'arrivée de la jeune fille. Il n'est pas seul. Et ce constat fait naître en lui une douce chaleur.

Ils ne se connaissent pas mais la présence de l'autre leur est réconfortante. Et, à cet instant, c'est la seule chose qui leur porte.

Ils lèvent tout deux leurs bras à la verticale, ferment leurs yeux et, bercés par le son de leurs respirations chaotiques, avancent leurs pieds tremblants vers le vide ....

THE END ~

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