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Fiction: Les possesseurs

Naruto fuit le village.Ses buts: REUNIR LES JINCHURIKIS et SE VENGER DE KONOHA. Dans sa quète, il devra faire face aux différents villages ninjas,il apprendra de sombres secrets,et il deviendra...
Classé: -16D | Spoil | Général / Action/Aventure | Mots: 367793 | Comments: 115 | Favs: 226
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Sarhtorian (Masculin), le 27/07/2013
Et voilà donc la suite directe du dernier chap.
J'espère que ça vous plaira.




Chapitre 49: Repos et tension à Otoramaya (P2)



Dans chaque village, qu’il fut à vocation guerrière ou à vocation touristique, il y avait invariablement un quartier où homme et femme pouvaient librement monnayer leur corps, et souvent, ce quartier était florissant, bien qu’étrangement, personne, parmi tous ceux qui y allaient, n’aurait avoué s’y être rendu. C’était comme un tabou… Et comme bon tabou qui se respecte, il y avait toujours des individus pour le transgresser, et parmi ces individus se trouvaient les trois membres de Némésis originaires de Kiri.

Yagura et Shogorai étaient probablement les seules personnes de sa génération qu’appréciait Utakata, et il n’avait bien évidemment pas refusé quand ces derniers lui avaient proposé de passer une nuit en charmante compagnie, après une discussion autour de quelques bouteilles d’alcool fort. Il les suivait, engoncé dans son kimono, un peu différent de celui qu’il portait habituellement, conscient que ses deux compères savaient déjà où se rendre, et réfléchissait un peu à la situation qu’il traversait.

Alors qu’à l’habituel, il se contentait d’être constamment exaspéré par tout ce qui l’entourait, il était cette fois-ci dans un état de fureur contenue, et dans cet état, il était très dangereux. Généralement, seul le gout du sang chassait ses idées de meurtre, ou disons, les apaisait. Seulement, en pleine ville, il ne pouvait massacrer qui bon lui semblait… du moins, pas sans causer du grabuge, et Némésis avait besoin de calme. Mais devait-il vraiment faire les affaires de Némésis ? Dès lors qu’il ne s’entendait pas avec le chef de l’organisation, ne devait-il pas considérer qu’il pouvait partir n’importe quand ? Utakata était convaincu, orgueilleux qu’il était, qu’il n’aurait aucun mal à survivre seul. Même s’il était poursuivi par Akatsuki, il saurait bien se cacher pour les éviter.

-Ne sois pas trop sur de toi, mon ami, fit Yagura.

Utakata sortit de ses pensées pour tomber nez à nez avec ses deux anciens camarades qui s’étaient arrêtés en l’entendant penser à voix haute. L’ancien Mizukage ne pouvant pas se déplacer visage découvert, il avait été contraint de porter un masque, chose qui l’avait, pour une raison qu’il n’avait pas voulu révéler, particulièrement rebuté. Le masque était sobre, complètement noir avec une visière qui ne laissait que voir les yeux améthyste du porteur de Sanbi.

-Je ne suis pas sur de moi, rétorqua le porteur de Rokubi. C’est quelque peu exaspérant que tu le suggères d’ailleurs. Je sais me cacher.

-J’en doute pas une seconde, néanmoins, selon nos informations, c’est la fine fleur des déserteurs qui constitue Akatsuki. Ils doivent avoir de puissants ninjas sensoriels.

-Je…

-Dites, les gars, intervint Shogorai. Ne pourrait-on pas parler de ça dans un bar plutôt qu’en pleine rue ? Ce serait plus confortable, et en plus, on est à deux pas de l’adresse que nous a passée le réceptionniste.

Ses deux camarades acquiescèrent, et emboitèrent le pas à l’épéiste du brouillard. Ce dernier avait raison. En quelques enjambées, les trois disciples de Mangetsu Hozuki arrivèrent devant une bâtisse à la devanture des plus explicites. A sa porte, deux jeunes femmes aux sourires charmeurs se rapprochèrent d’eux avec des sourires enjôleurs, comme cela était la coutume dans ce genre de commerce.

Le fonctionnement de ces maisons de loisirs était très simple. Celles-ci étaient ouvertes à quiconque avait les moyens d’y aller, et de ce fait, n’était pas uniquement voué à un public masculin. Il n’était pas rare que des femmes, principalement des kunoichis en mission, y passent pour se détendre, mais comme elles étaient tout de même moins nombreuses que les hommes à venir, c’était ces derniers que les propriétaires de ce genre de lieu essayaient d’attirer en premier lieu.

Les soirées suivaient une sorte d’ordre tacite et rituel. Après avoir tracé un planning précis avec le maitre des lieux, les clients commençaient leur soirée en s’asseyant sur les confortables canapés de velours disposés autour des tables. Ils pouvaient, s’ils le désiraient, faire venir près d’eux de la compagnie, masculine ou féminine en fonction de leur préférence. Quand ils avaient assez discuté, et assez bu, les clients pouvaient choisir autant de partenaires qu’ils le voulaient et ils passaient le reste de la nuit dans les chambres qui se trouvaient aux étages. Ces maisons de plaisirs étaient généralement gérées par des individus peu scrupuleux qui se souciaient peu de la légalité, et qui faisait tout pour proposer une large gamme de ce qu’ils appelaient des « produits ».

Quand ils entrèrent dans ce lieu de débauche, les trois ninjas de Kiri furent accueillis par un petit homme rougeaud avec une petite barbiche noire, qui se trouvait de l’autre coté d’un comptoir, et qui avait entre les mains un registre épais.

-Bonjour, messieurs, fit le petit homme d’un ton doucereux. Que puis-je faire pour vous ?

-Eh bien, fit Shogorai, nous sommes trois, et nous aimerions passer une nuit ici.

-Comme je ne vous ai jamais vu ici, je devine que vous êtes de passage dans notre belle cité d’Otoramaya. Vous avez fait le bon choix en venant ici. Mon établissement vous propose de l’alcool de la meilleure qualité ainsi que de charmantes partenaires qui sauront vous ravir, j’en suis sur. A moins que vous ne préfériez la compagnie d’homme.

-Non, juste des femmes, répondit l’épéiste.

Comme l’idée de venir ici était la sienne, et comme il s’y connaissait en la matière, il avait été décidé que ce serait lui qui s’occuperait de la négociation du prix pour le service.

-Ah, alors vous êtes chanceux. J’ai eu un nouvel arrivage sensationnel. Mais avant que j’approfondisse, désirez-vous la présence de femme pendant que vous boirez, ou uniquement pour la nuit ?

-La nuit uniquement.

-Bien, fit le petit homme en griffonnant sur le registre. Avez-vous des préférences particulières ? Au niveau de l’âge, de la couleur de cheveux ou de peau ?

-Oui, si elles pouvaient avoir dans la vingtaine. Nous vous faisons confiance pour le reste.

-Bien sur, je comprends, c’est plus agréable quand elles sont jeunes… Je vous prépare ça, allez-vous installer à la « case » cinq, vos boissons vous seront apportées.

L’homme désigna une porte que les trois shinobis s’empressèrent d’emprunter. Cette porte donnait sur un couloir bordé par des compartiments numérotés, sans doute les « cases » auxquelles le réceptionniste faisait allusion. Shogorai avança dans le couloir, jusqu’à se retrouver devant un cinq rouge gravé sur une porte coulissante que l’épéiste ouvrit. Les élèves de Mangetsu purent chacun s’installer sur un divan en velours disposés autour d’une table. Ils s’apprêtaient à commencer à parler quand la porte s’ouvrit brusquement, et une jeune femme aux longs cheveux noirs et au visage fin pénétra dans la pièce en portant un plateau chargé de bouteilles de diverses tailles, ainsi que des verres et de coupes.

Dire qu’elle était légèrement vêtue était un pur euphémisme, car elle ne portait qu’’une simple bande de tissu pour cacher ses seins, et un pagne pour son intimité. Elle posa le plateau sur la table, et se prépara à repartir quand Shogorai la saisit par le bras, et l’attira vers lui, pour lui murmurer quelque chose à l’oreille. La jeune femme acquiesça et prit congé après que le cadet des Hozuki l’ait lâché en fermant la porte.

-Que lui as-tu dit ? demanda Yagura qui s’était étalé de tout son long sur le divan.

-Simplement, que nous ne devions pas être dérangé avant deux heures.

-Parfait, je peux donc enlever ce fichu masque, fit l’ancien Mizukage en joignant le geste à la parole.

-Il faudra que tu fasses attention, prévint Utakata. Tout à l’heure, il serait dommage que, suite à un moment de faiblesse, il tombe, et que l’on soit obligé de se débarrasser de la fille dont tu t’occuperas.

-Tu sais, intervint l’épéiste, dans ce genre d’établissement, on ne rencontre pas des gens très cultivés. Les hommes et les femmes dont on peut disposer ici ne sont rien d’autre que des marchandises, sans grande éducation. Donc, je ne pense pas qu’il connaisse la tête de Yagura.

-D’ailleurs, je me demande ce que vous trouvez à cet endroit, fit le Yondaime Mizukage. La déshumanisation de ces êtres pour en faire des objets sexuels, je trouve ça relativement peu… excitant.

-Je te l’ai dit, ce ne sont que des marchandises, insista Shogorai. Néanmoins, personnellement, avoir une marchandise de bonne qualité qui se plie à tes moindres désirs, je trouve ça largement suffisant en terme d’excitation.

-Une femme est une femme, statua le porteur de Rokubi en haussant les épaules. Qu’elle choisisse librement, ou qu’elle soit payée pour, elle ne perd pas sa capacité à donner du plaisir et c’est tout ce qu’on leur demande. Néanmoins, je conçois qu’il est plus agréable pour notre orgueil de conquérir une femme que de l’acheter. Par contre, je trouve exaspérant de ta part de tenir ce discours.

-Vraiment ? Et pourquoi ça ? demanda le détenteur du bijuu à trois queues.

-Allons, tu as fauché des dizaines de vies. Tu as fait exécuter les Kaguya jusqu’au dernier quand ils ont attaqué Kiri. Tu as fait passer des réformes qui ont donné la réputation à notre village d’être sanguinaire au possible. Ne me fais pas croire que tu es sensible au fait que l’on considère les filles de joies comme des objets.

Yagura eut un sourire en entendant cela, et ne répondit rien, ou plutôt, ne put rien répondre, car le possesseur du démon à six queues avait raison, il était assez mal placé pour défendre une cause où il était question du respect d’autrui. Shogorai profita de ce moment pour remplir trois coupes de saké et en tendre deux à ses amis. Il leva ensuite la sienne.

-Trinquons, les gars.

-Plutôt que d’essayer de m’enivrer, fit Utakata en reposant son verre sans boire. Si vous essayiez plutôt de me convaincre de me réconcilier avec cet exaspérant gamin qu’est Naruto Uzumaki, je sais que c’est pour ça qu’on est ici. Et entre nous, Shogi, je te rappelle que les femmes m’inspirent plus des envies de meurtres que de plaisir, donc ce n’est pas le meilleur choix.

-Moi, j’aime ce genre d’endroit, répliqua l’épéiste. Je te rappelle que j’ai été enfermé dix ans dans une cellule sans la moindre compagnie féminine, et sans même avoir le droit de trancher une personne ou deux pour passer le temps. Après, je ne nie pas qu’on est là pour te persuader de faire la paix avec Naruto. Je me disais juste qu’on pouvait joindre l’utile à l’agréable.

-Mouais, en tout cas, je n’ai pas l’intention de faire copain-copain avec ce môme mal éduqué. Admettez qu’il est insupportable. N’est-ce pas, Yagura ?

Le porteur de Rokubi se tourna vers celui de Sanbi, et le vit en train d’afficher un air de dégout prononcé. En détaillant son visage, il put voir que l’ancien Mizukage fixait quelque chose, et il ne fallut pas longtemps à Utakata pour constater que cette chose était la coupe que lui avait versée l’épéiste du brouillard, coupe qui était vide. La première pensée qu’eut le réceptacle du démon à six queues fut la théorie de l’empoisonnement, mais c’était illogique. Personne ne savait qu’ils étaient ici, et de toute façon, Yagura savait parfaitement détecter le poison, ce qu’il faisait à chaque fois qu’il goutait quelque chose.

Il échangea un regard avec l’épéiste du brouillard qui s’étonnait de la réaction de leur ami commun. Le ninja aux yeux améthyste se mit alors à tousser fortement, manquant de s’étouffer. Après d’une bonne minute, sa toux s’arrêta, et Yagura tendit sa main devant lui, paume vers le ciel. L’eau de l’atmosphère se concentra au-dessus jusqu’à ce qu’il y ait une boule aqueuse de trente centimètres de diamètre se forme. Le détenteur de la bête à trois queues n’hésita pas un instant, et plongea sa tête dans l’eau. Il resta dans cette position quelques secondes avant de claquer des doigts, dissipant instantanément la sphère aquatique.

-Qu’est-ce que tu as mis dans ce verre, Shogorai ? demanda-t-il d’un ton étouffé alors que de l’eau dégoulinait de ses cheveux.

-Du saké, évidemment. Ce sont des coupes prévues pour cette boisson, je te signale.

-Du saké ? Mais je ne supporte pas le saké… Je n’ai jamais supporté aucun alcool.

-Le puissant Yagura, jinchuriki parfait devant l’éternel, et élève du plus puissant des ninjas a failli mourir en buvant de l’alcool servi par Shogorai Hozuki, dont le seul désir était d’avoir une femme de plus dans son lit, railla Utakata un léger sourire aux lèvres. Je pense qu’on trouvera difficilement plus scabreux comme affaire.

-Bref, fit l’ancienne ombre de l’eau en secouant la tête pour faire partir l’eau de sa chevelure. Utakata, tu dois te réconcilier avec Naruto . Je veux bien reconnaitre qu’il est exaspérant, mais à sa décharge, n’oublie pas qu’il essaye de se faire respecter.

-Il n’est pas question que je me soumette à ce…

-Qui parle de soumission ? demanda Shogorai. On te demande pas d’être son larbin, on veut juste que tu restes calme en sa présence.

Le jinchuriki de Rokubi prit la coupe qu’il avait précédemment posée et la porta à ses lèvres, buvant cul-sec le breuvage alcoolisé qu’elle contenait. Ledit breuvage ne lui fit absolument rien, comme s’il n’avait été que de l’eau, mais il lui accorda tout de même un petit répit pour réfléchir. Utakata était un homme intelligent, et il savait parfaitement comment il devait agir. S’il était trop obstiné, cela pouvait le mettre en froid avec le reste du groupe, ce dont il se fichait, ainsi qu’avec Shogorai et Yagura, ce dont il se fichait moins. Il décida donc de faire un effort.

Il reposa avec force sa coupe vide sur la table, et ses yeux orangés croisèrent les prunelles rouges et améthystes de ses deux amis qui attendaient tranquillement sa réponse. Il sembla lutter contre lui-même quelques instants, arrivant à peine à croire qu’il allait accepter un compromis.

-Très bien, fit-il d’un ton énervé. Très bien, j’accepte de tenter de me réconcilier avec Naruto.

-Tu deviens raisonnable, remarqua Shogorai.

-Cependant, j’y pose une condition. Si cet exaspérant gamin veut que je le considère comme le chef, et que le respecte un tant soit peu, qu’il agisse en chef. En tant que tel, c’est à lui de faire le premier pas. S’il le fait, je m’engage à prendre sur moi et à serrer la main qu’il tendra.

-Et… sinon ? fit Yagura.

-Sinon, qu’il aille au diable. S’il ne remplit pas la condition que j’impose, soit la situation continue telle qu’elle est actuellement, soit je me barre du groupe.

Le jinchuriki de Sanbi et l’épéiste du brouillard acquiescèrent. La proposition était honnête, et somme toute logique. Il ne restait plus qu’à espérer que la fratrie du tourbillon ait réussi à convaincre le ninja renard de faire le premier pas. Les ninjas de Kiri ne pouvaient pas savoir que c’était précisément le cas. Cependant, ils considéraient leur mission comme accomplie, puisqu’ils avaient plus ou moins persuadé le porteur de Rokubi, et de ce fait, ils décidèrent de ne pas continuer à parler de ce sujet, conscients que cela risquait plus d’énerver Utakata qu’autre chose.

Bien que cela se fit inconsciemment, l’ambiance fut bien plus détendue après avoir « résolu » le problème de la mésentente entre les possesseurs des bêtes à six et neuf queues, et les trois amis purent profiter pleinement du reste des deux heures qu’ils s’étaient octroyés pour discuter. Au bout d’un certain temps, les trois hommes abordèrent un sujet qu’ils n’avaient jamais vraiment évoqué entre eux : le village de la brume.

-Au fait, Yagura, tu as vu qui t’avait succédé à la tête de Kiri ? demanda Utakata

-Ce n’est pas le maître ? fit l’intéressé. Vu qu’il a du revenir après ma destitution, il me semblait évident que ce serait lui. Il n’existe pas de ninja plus puissant que lui, et en plus, il est adoré par toute la population de Kiri.

-Non, ce n’est pas lui. Il a refusé le poste, qu’on lui a évidemment proposé, car il savait qu’on pourrait tôt ou tard lui reprocher ta dictature, comme on l’a, en partie, reproché à Kusa. Néanmoins, il a formé lui-même le nouveau Mizukage.

-Il a eu beaucoup d’élève à part nous ? demanda Shogorai.

-Pourquoi tu me demandes ça à moi ?

-Tu es le seul de nous trois qui était libre durant les dix ans qui ont suivis la chute de Yagura. Tu es donc le plus renseigné de nous trois.

-C’est exaspérant, cela fait deux ans que vous êtes sortis, et vous n’avez pas pensé à apprendre des choses sur notre village ?

- Notre village ? répéta l’épéiste. Comment veux-tu que je considère comme mon village un village qui m’a enfermé pendant dix ans ?

-Dans ce cas, comment peux-tu considérer comme ton frère un frère qui t’a laissé moisir dans une geôle pendant dix ans ? intervint l’ancien Mizukage en rappelant que l’enfant de Kusa n’avait pas fait libéré son frère alors que sa notoriété et sa puissance lui donnaient ce droit.

-Chez les Hozuki, la famille est sacrée, ânonna le cadet de ladite famille. Tant que Mangetsu ne m’aura pas expliqué, je ne le condamnerai pas. Il avait peut-être mille bonnes raisons, et je lui demanderai quand nous le verrons.

-Et toi, Yagura ? revint à la charge Utakata. Pourquoi ne t’es-tu pas rens…

-Pour me réserver la surprise de mes futurs adversaires, fit avec un sourire cruel Yagura. Et je t’interdis de me révéler quoi que ce soit sur l’identité du Godaime Mizukage.

Ses deux interlocuteurs perçurent la gravité de ces paroles, mais seul Utakata remarqua un détail, un détail qui l’étonna. Yagura avait parlé d’adversaire, et non pas d’ennemi. Cela pouvait sembler anodin, mais c’était les mots d’un homme qui avait été Kage, et qui, de ce fait, utilisait souvent des termes caractérisant précisément ce dont il parlait. A croire qu’il ne considérait pas ce village qui l’avait enfermé pendant une décennie comme un ennemi. La question était… Pourquoi ?

Le possesseur reporta la résolution à cette énigme à plus tard. On venait effectivement de frapper à la porte, et celle-ci se mit à coulisser. Shogorai fronça les sourcils de désapprobation. Pour lui, il s’agissait d’un manquement aux règles de ce genre d’établissement. Le client était censé être roi, et donc, lui demander sa permission avant d’entrer était le minimum à faire pour tenir une réputation. De son coté, Yagura eut juste le temps de remettre son masque, ne voulant pas tester la culture générale des filles de joies.

Le petit homme apparut, en se frottant les mains, et en souriant à pleines dents. Il s’avança en s’inclinant à moitié.

-Messieurs, je vous présente nos spécimens, fit-il d’un ton obséquieux en désignant la porte.

De celle-ci arrivèrent trois jeunes femmes d’une vingtaine d’années. Elles étaient vêtues de manière similaire à la serveuse, à ceci près que rien ne cachait leurs seins, et que ce qui cachait leur intimité semblait prêt à tomber à tout moment, invitant le client à l’arracher au plus vite. Leurs corps semblaient faits pour répondre aux désirs des hommes, mais leurs yeux étaient inexpressifs ce qui arracha presque une grimace à Yagura derrière son masque. Il n’avait pas le sentiment d’avoir des personnes devant lui, mais bien des objets sans intelligence et sans saveur. Des êtres qu’on ne pourrait qu’apprécier pour leur corps, et qu’on ne pourrait en aucun cas aimer pour leur personnalité. Il trouvait ça à la fois triste et répugnant.

Visiblement, Shogorai ne pensait pas du tout la même chose, puisqu’il fit un hochement de tête appréciateur, et fit un signe d’assentiment au petit homme qui attendait le verdict de ses clients.

-Si vous êtes satisfaits, elles vous conduiront aux chambres, renseigna celui-ci en s’inclinant derechef, et en sortant de la pièce.

Les jeunes femmes s’approchèrent alors chacune de celui qui leur était dévolu. Leur démarche lascive en aurait excité plus d’un, mais pas l’ancienne ombre de l’eau qui se leva. La femme qui était le plus proche de lui crut y voir un ordre tacite, et s’agenouilla. Elle voulut abaisser le pantalon de Yagura qui eut le réflexe d’attraper les poignets de la femme, sachant parfaitement ce qui allait suivre sinon.

-Désolé, souffla-t-il, mais ça ne m’intéresse pas. Je vais y aller.

La jeune femme se releva et recula d’un pas. Dans ses yeux, le membre de Némésis crut lire de la peur, ce qu’il ne comprit pas. Ce fut l’épéiste des brumes qui s’occupa de le renseigner.

-Normal qu’elle ait peur. Si le client dont elle a la charge s’en va avant qu’elle ait pu jouer de ses charmes, cela sous-entend qu’elle n’est pas attirante, et donc, qu’elle n’est pas commercialisable, et dans ce genre de milieu, tu sais bien ce qui arrive aux produits défectueux.

-Dans ce cas, tu n’as qu’à la prendre en plus de la tienne, fit Yagura. En tout cas, moi, ça ne me tente pas.

-Pas de problème, je me dévoue, fit Shogorai en se levant et en attrapant par la taille les deux femmes. Mais tu es sur de ne pas vouloir…

-Sur et certain, fit le possesseur en faisant un mudra, disparaissant ce faisant dans un nuage de fumée.

-Il ne sait pas s’amuser, dit l’épéiste en secouant la tête d’un air découragé.

-Ce serait exaspérant si tu te plaignais, le contra Utakata. T’en a deux pour toi tout seul.

Le cadet des Hozuki acquiesça avec un sourire féroce en se laissant, comme son ami, entrainer par les deux jeunes femmes avec qui il allait passer la nuit.


***


Pendant qu’Utakata et Shogoraï profitaient des plaisirs de la chair, Yagura était sorti se promener dans la rue. Même s’il appréciait ce genre de rapports, il n’aimait pas l’acheter ou l’obliger. Du temps où il était Mizukage, il n’avait connu qu’une aventure, une aventure qu’il n’avait pas forcé, et où il avait été aimé autant qu’il avait aimé, même si cette passion avait peu à peu disparue au fil des années où il avait été enfermé. Cette idylle avait brusquement interrompu par la fin de son règne, mais il ne voulait pas renouer avec une autre femme avant d’avoir vu celle qu’il avait aimée autrefois. Il avait du respect pour ces choses-là, plus qu’il n’en avait, en vérité, pour la vie humaine. D’autant qu’il ne se sentait pas à l’aise dans les vêtements qu’il portait.

Comme tous les autres membres de Némésis, il avait du opter pour un kimono, dont les manches étaient trop longues. Même si la chaleur du soir n’avait rien de caniculaire, c’était une autre affaire sous le masque qu’il portait pour préserver son identité secrète. Aux yeux du monde, il était mort et bien mort, et pour le moment, il ne servait à rien de contredire ce qui était une vérité pour beaucoup… Et à cause de cela, il ne pouvait pas non plus s’éponger le front, et il devait ainsi laisser les gouttes de sueur qui perlaient à son front dégouliner sur son visage, chose qu’il détestait. De plus, il ne savait pas quoi faire et il marchait sans but précis, ce qui augmentait sa frustration de minute en minute.

Ce fut pour cela qu’au bout de quelques instants, il décida de quitter les rues éclairées et festives, pour s’enfoncer dans les ruelles, bien plus sombres et humides. De cette façon, il allait pouvoir n’être vu de personne, et enfin retirer ce satané masque… Le seul risque qu’il courait était de se faire agresser par des voyous qui devaient attendre que des touristes un peu trop ivres se perdent dans le dédale des petites ruelles pour les détrousser, mais était-ce vraiment un risque ? Sans doute pas pour lui, mais davantage pour les voleurs éventuels qui tomberaient sur lui. Il n’aurait aucun mal à s’en débarrasser, surtout qu’il ne risquait pas d’y avoir de témoins dans ces sombres allées.

Dès qu’il se fut enfoncé dans la pénombre, où il ne pouvait rien voir à plus de deux mètres, il retira enfin son masque, et passa une des manches de son habit sur le visage, essuyant la sueur qui le parcourait, et il s’adossa au mur le plus proche, profitant de sa fraicheur. Il s’apprêta à s’en décoller pour reprendre sa route, quand il crut sentir un chakra familier. Il se concentra davantage, et effectivement reconnut le chakra d’un homme qu’il avait rencontré quand Némésis était à Kusa, l’un des pseudo-jinchurikis de son village.

L’ancien Mizukage haussa les épaules. Si ce type dont il avait ressenti la présence était là, c’était sans doute pour porter un message à Némésis, et donc, plus particulièrement, à son chef, Naruto Uzumaki. Il n’avait à se sentir concerné plus que ça, donc. Il se prépara donc à repartir quand quelqu’un intervint pour le faire changer d’avis.

‘’Yagura, attends un peu’’ fit Sanbi.

‘’Qu’y-a-t-il ? Ne me dis pas que tu penses qu’il est nécessaire que j’aille à la rencontre de ce type. Il n’a qu’à chercher un peu mieux, s’il veut trouver Naruto’’

‘’Tu n’as pas senti ? Il n’est pas seul, et le chakra qui est avec lui, tu le connais’’

Restant silencieux, le porteur de la bête à trois queues se concentra davantage sur le chakra de l’homme, et sur ce qui l’entourait, et constata qu’effectivement, il y avait quelqu’un d’autre. Et qu’effectivement, cet autre chakra lui était aussi familier, mais il n’arrivait pas du tout à mettre un nom sur la personne à qui il appartenait. Ce fut encore le bijuu à trois queues qui intervint.

‘’Tu ne te souviens pas ? Il faut dire que ça fait bien…. Treize ans.’’

‘’Treize ans ? C’est donc quelqu’un qui était là lorsque j’étais encore chef de Kiri.’’

‘’Si je me souviens bien, c’était un ninja de Suna, qui était venu en tant qu’espion et qui avait tenté d’assassiner Utakata’’

‘’Hmmm, oui, maintenant que tu en parles, je crois me rappeler. Et si mes souvenirs sont bons, son nom, c’était… euh… Bref, ils sont un peu en dehors de la ville, je devrais y être en cinq minutes’’

‘’Oui, mais remets ton masque, on ne sait jamais qui pourrait te voir’’

‘’Je sais, je sais’’

Pendant ce temps, à une trentaine de mètres de la porte d’Otoramaya, se terminait un affrontement opposant deux hommes, affrontement qui aurait été vu le jour mais que l’obscurité, bien que percée par la clarté de la lune, de la nuit avait soustrait au regard des villageois. Le premier des deux individus, genoux à terre et en sueur, avait des yeux bleus, et portait un pantalon marron, ainsi qu’un gilet en cuir de la même couleur. Il avait une caractéristique physique qui le rendait atypique, il avait des cheveux violets, qui recouvraient presque son front, mais laissaient voir, entre deux mèches, le symbole du village de Kusa. Le second, debout et ayant l’air à peine fatigué, portait la veste des jonins de Suna, une épée dans la main, et le bandeau frontal de son village. Ses cheveux étaient noirs, une longue mèche cachant la majeure partie du coté droit de son visage, et il portait une barbiche taillé en pointe. Le reste de ses cheveux était caché par le turban qu’affectionnait les membres du village du sable.

Un air sévère était peint sur le visage du jonin qui regardait d’un œil impérieux son adversaire. Le fait était que le jonin du sable avait dominé l’affrontement, tout du long… Et il s’apprêtait d’ailleurs à finir le travail. Il avait commencé à concentrer son chakra dans sa lame, mais avant qu’il ait pu frapper son adversaire, celui-ci se mit à parler

-Pourquoi m’avoir suivi ? Demanda-t-il à son adversaire. Nos villages sont alliés, non ?

-D’après ce que je sais, tu as été envoyé ici pour porter un message à cette organisation qu’on appelle Némésis. Organisation constituée des jinchurikis, des traitres qui n’ont juré allégeance à aucun village et donc une menace pour celui de Suna. C’est pour cela que Kazekage le cinquième m’a envoyé ici, pour intercepter ton message. Quant au fait que nos villages soient alliés, dès que j’aurai la preuve que Kusa communique avec Némésis, cela ne comptera plus.

-Et si tu te trompes, que je ne suis pas envoyé pour voir Némésis et qu’il n’y a pas de preuve ? Tu vas faire quoi ?

-Dans ce cas… Eh bien, tu te seras fait attaquer par des ninjas d’un village inconnu et je serai arrivé trop tard pour te sauver. Mais, tu peux aussi me donner ton message maintenant, et me suivre à Suna. Je peux garantir ta survie si tu fais ce choix.

-Va crever, espèce de…

-J’aurais au moins essayé de t’aider. Futon, l’épée de vent !

Contrairement à ce à quoi s’attendait le ninja de Kusa, aucun chakra vent ne se concentra dans la lame du shinobi du vent, sur laquelle il s’était focalisé. Il comprit son erreur, et porta son regard sur l’autre main du subordonné du Kazekage. Ladite main brillait d’une faible lueur, englobée par une aura, caractéristique des sorts futon, qui lui donnait l’air d’être acérée, et particulièrement tranchante. Le jutsu partit, filant à toute vitesse sur la victime visée. Celle-ci commença à exécuter une série de mudra mais il était trop lent. La lame de vent arriva sur lui, et… s’arrêta nette. Ou plutôt, fut arrêtée nette.

Une silhouette, vêtue d’un kimono à manche longue et masquée, s’était interposée. Son bras droit avait encaissé la technique qui avait déchiré la manche, mais n’avait même pas égratigné le bras. Ce dernier ne ressemblait en rien à un membre humain. Il était plus épais et surtout bien plus dur… C’était le bras d’un bijuu, celui de Sanbi, et il appartenait à Yagura. Le ninja de Kusa profita de ce sauvetage inopiné pour reculer un peu tandis qu’au contraire, le shinobi de Suna se rapprocha et tandis la lame de son katana droit sur le masque du possesseur du démon à trois queues.

-Qui es-tu, inconnu ? demanda le ninja de Suna.

Il attendit quelques secondes une réponse qui ne vint pas. Alors, dans un sursaut d’impatience, il brandit son sabre et frappa, fendant le masque dans le sens de la longueur. Le visage de Yagura apparut alors, éclairé par la lueur lunaire, et quand il le vit, le ninja du pays du vent ne put s’empêcher de blêmir, et de reculer d’un pas.

-Tu me reconnais ? fit l’ancien Mizukage, s’amusant de la terreur qu’il inspirait au ninja de Suna, et ne se préoccupant pas du fait d’être reconnu. Bel effort de mémoire, et j’ai fait le même, je sais qui tu es, mon cher Yuura.

-Je serais mal avisé de ne pas connaitre ton identité, fit le dénommé Yuura en reprenant contenance. Mais… Tu es mort, il y a bien longtemps.

-Pour un mort, j’ai l’air bien portant, non ?

-Plus pour longtemps.

-Tu penses pouvoir me battre ? demanda le porteur du démon à trois queues. Sérieusement ?

-Tu vas pouvoir admirer mon ninjutsu incandescent !

Yuura lissa sa barbe une seconde, avant de se mordre le doigt et d’apposer sa paume sur le sol, créant un nuage de fumée d’une bonne dizaine de mètres. Yagura regardait la scène d’un œil amusé, les bras croisés. Il avait toute confiance en sa capacité à vaincre le ninja de Suna, même si celui-ci invoquait une créature gigantesque. Quelle ne fut pas sa surprise quand la fumée disparut, ne laissant apparaitre, non pas une créature menaçante, mais une simple pancarte sur laquelle était écrite l’inscription « Il vaut mieux fuir et vivre, que combattre et mourir ».

Le jinchuriki resta bouché bée quelques secondes, ne croyant pas ce qu’il voyait. Il s’était attendu à ce que le ninja de Suna, conscient qu’il n’avait pas la moindre chance, se lance dans un combat aussi violent que désespéré que révélateur de son courage. Néanmoins, il n’avait droit qu’à une fuite lâche, et à un panneau qui encourageait cette lâcheté. Grinçant des dents, il frappa le panneau et le réduisit en miette pour faire passer sa frustration, avant de se retourner et de s’approcher vers le shinobi de Kusa. Quand il arriva à son niveau, il le détailla, et réussit à le reconnaitre.

-Tu es Jukyoku du village des herbes, le pseudo-jinchuriki, fit-il.

Ce n’était pas une question, mais le susnommé hocha, tout de même, la tête en guise d’assentiment.

-Que fais-tu ici ? demanda le membre de Némésis.

Jukyoku avait un air hagard. Maintenant qu’il était hors de danger, la fatigue et le stress qu’il avait accumulé face à la peur de la mort arrivaient au galop, néanmoins, il réussit à parler.

-Je… Merci de m’avoir sauvé. Contre Yuura et son Shakuton, je…

-Réponds à ma question plutôt que de me remercier vainement.

-Je… Je suis venu porter un message à Naruto Uzumaki de la part de Taichi-sama.

-Taichi ? répéta Yagura. C’est qui, ce type ?

-Le chef de Kusa, rétorqua le pseudo-jinchuriki en fronçant les sourcils. Tu l’as rencontré quand Némésis a sauvé notre village.

-Ces derniers temps, on croise tellement de gens que ma mémoire n’arrive pas à suivre.

-Peu… Peu importe, je suis pressé. Je vais te confier le message. Porte-le à Naruto, s’il te plait. Il… Il faut que je reparte.

-Attends un peu. Explique-moi ce qui se passe. Que fais-tu ici ? Et pourquoi partir aussi rapidem….

-Tout est là, l’interrompit Jukyoku en sortant un parchemin scellé d’une de ses poches et en le mettant dans les mains de l’ancienne ombre de l’eau. Il y a toutes les raisons de ma venue. Maintenant, il faut que je parte… Je n’ai pas le temps de rester, j’ai d’autres messages à remettre.

-QUE SE PASSE-T-IL ? tonna le jinchuriki parfait en développant son aura.

Jukyoku trembla. Une lueur de terreur s’alluma dans ses yeux fatigués, et il déglutit. Il recula d’un pas sous l’effet de la peur.

-D’après certains de nos informateurs… commença Jukyoku en se trémoussant et en parlant très vite. Eh bien, tout est dans le parchemin. Il faut vraiment que je parte. Je dois prévenir Taichi-sama que le ninja de Suna va révéler au Kazekage les liens qui unissent mon village et ton organisation. Et si on n’agit pas au plus vite, Suna va attaquer Kusa, ce qui…

-Non, le coupa Yagura.

-Pardon ?

-Kusa n’a jamais rien eu à craindre d’une attaque. Ton village est protégé par quelqu’un dont personne ne veut se faire un ennemi.

Le pseudo-jinchuriki regarda le véritable avec incompréhension. Il était trop fatigué pour penser à cet homme qui, bien des années plus tôt, avait juré de protéger Kusa des menaces extérieurs en remerciement…

***

Dans la nuit, courant entre les arbres, Yuura jubilait. Certes, il avait du fuir, mais au moins, il avait la preuve que Kusa agissait de concert avec Némésis, et, plus encore, il avait appris que le Yondaime Mizukage était vivant. Deux informations que le Godaime Kazekage récompenserait grassement quand il lui aurait livré. L’excitation qu’il ressentait à cette pensée était telle que sa fatigue s’était envolée et qu’il se dirigeait directement vers le village des herbes.

Sa course aurait pu être tranquille, d’autant qu’il n’avait aucun ennemi à proximité… Mais il était certains êtres à qui l’on ne pouvait pas échapper, et l’un d’eux avait remarqué Yuura. Le ninja du sable ne le sut qu’au moment où il vit apparaitre devant lui une silhouette. Emporté par son élan, il ne réussit pas à stopper sa course, et fut violemment stoppé par la main de l’inconnu qui posa sa main sur son épaule, et qui le força à se mettre à genoux.

-Salut à toi, ninja de Suna, fit l’inconnu.

-Qui es-tu ?

-Ne le sais-tu pas déjà ?

-Je sais, en tout cas, que vous êtes bien menaçant, et qu’en tant que menace, je dois t’éliminer.

Yuura se dégagea de l’emprise de l’inconnu et recula de trois pas en exécutant une série de mudra.

-Shakuton, meurtre par l’évaporation.

Entre les mains du shinobi de Suna, un orbe enflammé apparut. Ledit orbe dégageait une température exceptionnellement élevée, suffisante pour assécher n’importe quel corps vivant, et au vu du nom de la technique, il était évident que c’était le but. Yuura tendit les mains droit devant lui, et son attaque se dirigea vers l’individu.

-Le Shakuton, une technique créée par Pakura de Suna. Visiblement, elle a transmis son art à un autre avant de mourir. Impressionnant…mais inutile.

L’inconnu leva la main, et, juste avant que la boule incandescente ne le touche, utilisa à son tour une technique.

-Hyoton, l’égide glaciaire !

Yuura ne savait pas quelle sorte de jutsu se cachait derrière ce nom, néanmoins, il vit, à sa surprise, que son orbe enflammé disparut quand il toucha la paume de l’inconnu, chose d’autant plus surprenante que ça n’était jamais arrivé avant. Un rayon de lune choisit ce moment pour éclairer l’endroit où se trouvaient les deux individus, éclairant la figure de l’inconnu. En la voyant, le jonin du pays du vent pâlit. L’inconnu avait les cheveux blancs, des yeux violets et des dents en pointes. Tout haut gradé qui se respectait connaissait ce visage.

-Mangetsu Hozuki, murmura-t-il.

-Ah, tu me reconnais, fit l’enfant de Kusa en dodelinant de la tête. C’est bien, c’est très bien.

-Que me veux-tu ?

-Rien de spécial… Quoiqu’en y repensant, il s’avère que je sais que tu retournes à Kusa pour livrer quelques informations à cette chère Kasuga, et je sais également que suite à ces informations, Suna pourrait éventuellement attaquer le village des herbes.

-Et où veux-tu en venir ?

-Ne te fais pas plus bête que tu n’es. On m’appelle l’enfant de Kusa, non ? Je tiens à ce village, et le menacer reviendrait à s’attirer… mon mécontentement.

-Est-ce une menace ?

-Disons, un conseil qu’il serait dommage de ne pas suivre. Je suis sur que le village de Suna ne veut pas déjà avoir un Rokudaime Kazekage.

-Si vous pensez que Kasuga-sama va se laisser intimider.

-Il n’est pas question d’intimidation. Je vous ordonne, à ma façon, de laisser Kusa tranquille, et on ne discute pas mes ordres. Transmets bien le message à ton chef.

Sur ces mots, l’enfant de Kusa disparut, comme s’il n’avait été rien de plus qu’une projection holographique qui s’éteignait. Il savait que, puisqu’il l’avait averti, l’héritière des Asazuna n’oserait pas s’attaquer au village des herbes, mais il allait quand même la surveiller de loin. Après tout, la cheftaine de Suna devait savoir qu’il n’était pas intervenu lorsque Kusa avait été occupé par ce qu’il appelait « les ninjas des tours ». Mais il avait eu ses raisons de ne pas agir à ce moment.

Yuura, quant à lui, resta immobile quelques secondes en voyant s’évaporer dans la nature son interlocuteur, puis il s’assit, et s’essuya la sueur, due à la peur, présente sur son visage. Il se traina jusqu’à un arbre et s’y adossa avant de regarder vers le ciel. Décidément, la rumeur ne mentait pas… Il était vraiment terrifiant, ce Mangetsu Hozuki.

***

Le calme s’était jeté sur la suite où logeait Némésis. Il fallait dire que tous les ninjas étaient sortis faire ce qu’il devait faire, à l’exception de Roshi, qui préférait donc se ménager, et Eiji qui avait voulu lui tenir compagnie. Aucun des deux hommes n’avait estimé avoir un rôle à jouer dans la réconciliation entre Utakata et Naruto. Le doyen de l’organisation était assez d’accord avec le premier dans le sens où il n’aimait pas vraiment qu’on lui donne des ordres, surtout quand celui qui le faisait était un gamin de quarante-deux ans plus jeune de lui, mais son expérience faisait qu’il connaissait la juste mesure de la force de l’unité, et c’était pour cela qu’il n’avait pas voulu prendre ouvertement parti. Pour sa part, Eiji, lui, était sensiblement du coté de Naruto. Il estimait que lorsqu’on désignait un chef, il fallait se tenir à ce chef, et lui obéir. Si Utakata avait critiqué la manière de diriger de Naruto dans une situation de calme ou de repos, le ninja au « pile ou face » n’aurait rien dit, mais le fait que le possesseur de Rokubi décide de contester un ordre du ninja renard en présence d’un des shinobis les plus dangereux qui soit ressemblait trop à de l’insubordination gratuite pour qu’Eiji le soutienne. Néanmoins, il n’avait rien dit, ne se jurant d’intervenir que si les autres membres de Némésis s’en mêlaient eux aussi.

Les deux ninjas étaient attablés, assis l’un en face de l’autre. Le doyen des jinchurikis lisait un livre, ses yeux noirs parcourant tranquillement les lignes, tandis que l’homme aux cheveux bleus écrivait quelque chose sur un carnet… Ses yeux bandés ne semblaient pas le gêner dans sa tâche, tant il écrivait avec célérité et sureté, à croire qu’il voyait parfaitement.

Parfois, Eiji s’arrêtait d’écrire, prenait sa pièce, et la lançait en l’air. Après avoir consulté le résultat, il reprenait son travail. Le ninja de la lave, au bout du quatrième lancer, posa son regard sur le carnet puis sur le ninja aux cheveux bleus qui ne sembla pas remarquer l’attention qui s’était portée sur lui. Inlassablement, il continuait son œuvre, et ne s’arrêta que quand le porteur de Yonbi posa un doigt sur son carnet. Alors, l’écrivain leva la tête, et la tourna vers le doyen de Némésis.

-Que veux-tu ? Demanda-t-il, d’un ton qui semblait signifier qu’il n’appréciait pas cette interruption.

-Pure curiosité, fit Roshi. Je me demandais ce que tu faisais.

-Eh bien, comment te dire ça ? Je suis en train d’écrire.

-Merci, je l’avais compris. Ma question, c’est : qu’écris-tu ?

- Mes vies, rien de moins, rien de plus, déclara Eiji laconique.

Roshi hocha la tête, et se prépara à replonger dans son livre. Eiji lui paraissait nettement plus jeune que lui, mais s’il voulait déjà écrire son autobiographie, il pouvait. Lui-même était bien placé pour savoir que la vie était courte chez les shinobis, même si dans le même temps, il avait décidé d’atteindre ce que son maître Kora avait appelé l’âge des sages pour commencer à écrire ses propres mémoires, c’est-à-dire cent dix ans.

Alors qu’il allait rouvrir son livre, il stoppa son geste. Un élément de la phrase d’Eiji était étrange… Il avait bien parlé de « ses vies » ? Pourquoi ce pluriel ? S’il y avait bien une règle que personne n’avait été en mesure de contourner, c’était qu’on ne pouvait vivre qu’une fois. On pouvait, par divers moyens plus ou moins abjects, rallonger sa durée de vie, mais pas en avoir une deuxième. Il y avait la possibilité, et, après réflexion, elle apparaissait évidente, que le ninja aux cheveux bleus faisait allusion à plusieurs exploits et qu’il avait utilisé une expression spéciale pour désigner cela, mais le vétéran d’Iwa voulait en avoir le cœur nette.

-« Tes vies » ? répéta-t-il.

-Décidément, rien ne t’échappe, fit son interlocuteur en souriant malicieusement. J’ai effectivement parlé de « mes vies », et j’écris justement pour me souvenir.

-Qu’est-ce que c’est censé signifier ?

-Tout simplement que j’ai vécu plusieurs fois, et qu’à chaque vie est associée un livre. Ma première vie dura quinze ans, mais je mourus en mission. Ma deuxième s’étala sur deux ans, mais je mourus face à Kyubi quand il attaqua Konoha. Ma troisième, pour sa part, s’écoula pendant dix ans, mais je mourus quand…. Bref, je suis en plein dans ma quatrième existence.

-Et pourquoi ce découpage morbide ?

-A chaque vie est associé un nom, une identité… Les gens que je connaissais durant mes trois précédentes vies me croient mort, et c’est pour le mieux. Après tout, on n’a jamais retrouvé mon corps.

-Donc, si je suis ta logique, Eiji n’est pas ton véritable nom.

-Il l’est pour ma quatrième existence, mais il ne l’a pas été pour mes précédentes, et il ne le sera pas pour ma cinquième. Comme la plupart de mes habitudes.

-Comme ton exécrable habitude de tout décider à pile ou face.

-J’ai dit la plupart, pas toute, fit en riant à moitié Eiji. Celle-là me suit depuis ma deuxième vie et je compte bien la garder encore deux ou trois vies. Après quoi, je l’abandonnerai.

Il tira de sa poche la pièce qu’il avait l’habitude de lancer et la fit tournoyer entre ses doigts.

-D’ailleurs, il me vient une bonne idée. Voilà ce que je te propose, je tire à pile ou face, et si je fais pile, je te raconte l’une de mes vies, celle que tu veux.

Roshi haussa un sourcil. Au fur et à mesure que la conversation avait avancé, il avait pris conscience d’une chose : Eiji ne pouvait pas être considéré comme digne de confiance. Il cachait trop de choses… Et pourtant, il avait en lui quelque chose en lui qui le faisait apparaitre très sympathique et difficilement détestable. D’autant qu’il n’avait rien, visiblement, à cacher puisqu’il proposait de raconter sa vie si le sort en décidait, sans oublier qu’il venait de révéler de lui-même qu’il avait plusieurs identités… Certes, il pouvait mentir, mais le ninja de la lave savait reconnaître le mensonge quand il l’entendait.

-Et si ça tombe sur face ? demanda le doyen de Némésis.

-Dans ce cas, tu me racontes ta vie, tu as du en vivre une passionnante. Qu’en dis-tu ?

-Ca me va.

Le sourire malicieux d’Eiji s’agrandit alors qu’il lançait la pièce dans les airs. Le bout de métal tournoya dans les airs, et retomba au bout d’un temps qui parut bien plus long qu’il ne le fut en réalité dans sa paume ouverte. Le ninja aux cheveux bleus leva la tête d’un air triomphant.

-Face, fit-il. J’ai gagné.

Roshi hocha la tête, et respira un bon coup, se préparant à raconter à Eiji ce qu’il avait raconté quelques temps auparavant à Thosvorn, Han et Sanshiryu… L’histoire d’Iwa telle qu’il l’avait vécu.




J'espère que vous avez aimé.
A la prochaine^^.







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