Fiction: Les possesseurs

Version imprimable




***
Il faisait sombre, bien plus qu’à la surface, dans le gouffre que surplombait le pont de la terre et du ciel. Là, la lumière du jour n’arrivait pas à progresser. On pouvait encore voir, certes, mais distinguer des silhouettes distinctement était devenu une véritable épreuve. Debout sur le nuage de vapeur solide qui flottait paisiblement dans les airs, Han scrutait l’obscurité, cherchant à dénicher le ninja d’Akatsuki, sans grand succès. Il ne pouvait pas se fier au son car le fracas des combats qui se déroulaient un peu plus haut résonnait en écho, et l’empêchait de se concentrer. Il ne pouvait se fier à l’odeur, car d’une part, il n’avait jamais été un expert en filature par odorat, et d’autre part, il ne connaissait même pas l’odeur de Sasori. Sur ses cinq sens, il ne lui restait plus que deux, le goût, qui ne servait absolument à rien au niveau détection, et le toucher. S’il avait pu poser la main sur le sol , il aurait peut-être pu repérer son ennemi, mais celui-ci devait l’attendre, et il valait mieux rester hors de portée, d’autant que la réputation d’empoisonneur du déserteur de Suna n’était pas, mais alors pas du tout surfaite.

L’avantage qu’avait Han cependant était qu’il était actuellement inaccessible, et par ailleurs, il avait pu se renseigner sur les capacités du marionnettiste en discutant avec Gaara. De plus, Naruto ne lui avait pas ordonné de le capturer, mais de l’éliminer, ce qui était largement plus facile. Il n’avait pas besoin de retenir ses coups, et donc il n’allait pas le faire. En tout cas, il commença à concentrer son chakra autour de lui pour se préparer à lancer une technique de feu. Le feu était évidemment l’option idéale pour neutraliser Sasori. Ce dernier usait surtout de bois et de fer pour la fabrication de ses macabres œuvres, et le bois était particulièrement connu comme étant inflammable, d’autant que la lumière dégagée lui permettrait de le localiser précisément. Le choix de Han tombait donc sous le sens, et il s’apprêta à exécuter sa technique. Mais il fut interrompu dans la longue série de mudras qu’il avait commencé par un projectile… Non, par une nuée de projectile. Des dizaines d’aiguilles empoisonnées l’atteignirent en pleine poitrine. Il ne les avait pas vus venir, et ne put en parer aucune. S’il avait été quelqu’un d’autre, il aurait été empoisonné gravement et aurait perdu d’emblée l’affrontement et, à plus forte raison, la vie. Mais il était le détenteur de Gobi, le fameux démon à cinq queues, le bijuu qui lui permettait d’obtenir le contrôle des éléments. C’était à cela qu’il avait du sa capacité à maitriser le Futton et qui l’avait amené à se recouvrir d’une épaisse armure qui le protégeait de la chaleur… et des éventuels armes de jets.

Sur la totalité des Senbons empoisonnés lancés par Sasori, le trois-quarts ricocha sur l’armure rouge et le quart restant s’y planta, sans réussir à la percer. Han voulut reprendre sa série de mudra quand, en dessous de lui, une lueur éclatant se mit à briller, l’obligeant à se mettre les bras devant les yeux pour se protéger au mieux de l’éblouissement. La lueur était issue d’une boule qui s’éleva dans les airs à toute vitesse pour se placer au-dessus de lui et répandit, éclairant l’ensemble du gouffre. Le déserteur de Suna apparut à ses yeux. Il se trouvait à une vingtaine de mètres devant lui, et lui faisait face, ce qui était normal, puisqu’il avait du lui lancer ses aiguilles… Néanmoins, il sembla étrange à Han que ce fut Sasori qui ait lancé cette boule de lumière, d’une part car l’intérêt de ce dernier était de rester dans l’ombre, et d’autre part, parce qu’il n’y avait pas la moindre technique shinobi qui permettait de créer des boules de lumière. Se désintéressant momentanément de celui qu’il poursuivait, il regarda à l’endroit d’où il avait vu jaillir la boule de lumière et aperçut une silhouette. Aussitôt, il sauta de son nuage, alors qu’il était encore à cinq mètres du sol et atterrit à quelques pas de la silhouette. Le possesseur à l’armure rouge put alors la détailler précisément. La silhouette était, semblait-il, celle d’une femme. Il voulut s’en approcher, mais avant qu’il ait pu l’atteindre, ladite silhouette se dissipa.

Quelques secondes, Han fut troublé. Trouble partagé par le ninja marionnettiste qui n’avait pas compris non plus à quoi, ou plutôt à qui, était du la boule de lumière qui flottait paisiblement, et qui révélait par la même occasion les positions des deux ninjas. Le porteur du démon à cinq queues sut alors que sa situation était très avantageuse. Le seul souci de sa position, à savoir être capable de repérer son adversaire, n’était plus qu’un mauvais souvenir.

‘’On utilise le « gogyou gappei no shuhou » (NDA : littéralement : l’art de la fusion des cinq éléments), petit Han ?’’

Le porteur du démon à cinq queues jubila intérieurement en entendant la voix de son bijuu lui dire qu’il était « petit ». Il n’était peut-être pas aussi grand que les bêtes à queues, loin de là, mais il dépassait, et là encore de très loin, les standards shinobis. A cette jubilation succéa la perplexité. Utiliser le « gogyou gappei ni shuhou » était-il un bon choix ? Comme son nom l’indiquait, cette technique lui permettait d’utiliser des fusions d’éléments, mais comme on pouvait s’en douter, elle était à la fois très couteuse en chakra, ce qui constituait un souci assez mineur pour un réceptacle, et particulièrement difficile à exécuter, ce qui était un souci majeur pour tout le monde. Cette technique n’était, théoriquement, utilisable que par les jinchurikis de Gobi, selon ce dernier, car il fallait maîtriser les cinq éléments, et cela n’était pas à la portée d’un humain, mise à part quelques exceptions comme un pouvoir héréditaire, même si c’était d’une facilité déconcertante pour qui portait le démon aux cinq queues…

‘’Hm, non’’ répondit Han ‘’Hm, j’ai un avantage certain sur Sasori, gaspiller du chakra avec ça, ce n’est pas la meilleure chose à faire. Hm, les cinq éléments de bases suffiront largement’’

‘’A ta guise, Han, à ta guise’’ souffla d’un ton détaché Gobi.

Le ninja à l’armure rouge fit une petite dizaine de mudra, et s’agenouilla. Il posa la main à terre, et en réponse à cela, un craquement se fit entendre alors que le sol se fissurait… Ce qui semblait être des lianes de pierre s’en extirpa. Lesdites lianes, au nombre de trois, se dirigèrent vers Sasori. Le membre d’Akatsuki, toujours bien à l’abri dans sa marionnette Hiruko ne bougea pas d’un poil… enfin presque. Le pantin ouvrit la bouche, et un tube en sortit. De ce tube jaillit un kunai auquel était accroché un parchemin explosif. Dans une détonation, la première liane tomba en miette. Les deux autres changèrent de direction. Alors qu’elles avaient d’abord progressé en ligne droite, l’une obliqua vers la gauche, tandis que l’autre allait vers la droite. Une fois qu’elles furent assez éloignées, elles foncèrent l’une vers l’autre, et leur point d’impact était exactement l’endroit où se trouvait Sasori. Une fois de plus, celui-ci ne chercha pas éviter, et se fit percuter de plein fouet par les lianes.

Han avait la chance d’être un homme d’une certaine intelligence. Il savait en outre que le marionnettiste maitrisait le Doton… Conclusion logique, le déserteur de Suna avait utilisé un clone, et il allait attaquer par le sol, et viser les yeux du porteur du démon à cinq queues. Si l’armure de Han était très solide, elle laissait une ouverture au niveau des yeux qu’elle ne recouvrait pas… Le seul endroit où le ninja d’Akatsuki pourrait viser pour l’empoisonner. Comme il s’y attendait, la queue de fer d’Hiruko, émergeant de terre, tenta de le frapper. Mais le membre de Némésis fit un impressionnant bond en arrière, d’environ cinq mètres, et atterrit sur un nuage de vapeur.

‘’Inutile de continuer comme ça’’ songea Sasori ‘’Il faut que je sorte la marionnette du Sandaime… Vu ce qu’il porte, je le vaincrai. Donc…’’

‘’Hm, si Gaara a dit vrai, ce type a une marionnette qui contrôle l’acier’’ pensa le possesseur à l’armure rouge au même instant. ‘’Hm… A Kusa, l’aura de Gobi m’avait protégé contre ce pouvoir, mais ce n’était pas un membre d’Akatsuki. Hm, il vaut mieux qu’il n’ait pas le temps de s’en équiper. Donc…’’

‘’…ce sera le plus rapide qui vaincra.’’ Conclurent-ils intérieurement au même moment.

Les deux ninjas se préparèrent à tout tenter pour prendre de vitesse l’autre, quand une voix retentit, tel un coup de tonnerre.

-Futon, hurlement céleste !

Le shinobi à l’armure rouge crut une seconde qu’un ouragan s’était abattu sur lui. Une trombe d’air le fit décoller de son nuage, et l’envoya s’écraser à terre. Le jinchuriki eut juste le temps de rassembler de vapeur pour s’en faire une sorte de coussin qui réussit amortit sa chute… un peu. La rencontre avec le sol fut rude, comme en témoigna le cratère qui apparut autour de lui lors de l’impact. Il se releva en grognant, et leva les yeux au ciel, cherchant son agresseur. Celui-ci se fit remarquer en atterrissant sans mal sur le sol… Pourtant, s’il avait sauté du haut du pont, comme eux, sa chute avait du être très rude à moins qu’il n’ait eu des capacités spéciales, comme eux.

Han se mit instinctivement en garde. Le chakra de son assaillant, la femme masquée qui avait accompagné Akuma et dont le clone avait combattu Fuu, lui était étrangement familier. Il aurait juré qu’il avait déjà combattu contre cette personne mais il n’aurait su dire où ni quand. Il jeta un regard à Sasori qui ne le regardait plus. Le membre d’Akatsuki avait les yeux rivés sur la personne qui avait attaqué le réceptacle, et il restait silencieux, et pensif. Lui aussi cherchait à se souvenir où il avait rencontré cette femme qu’il était certain de connaître.

La mystérieuse femme décida de lever le voile sur son identité, et d’un geste, elle arracha sa cape, révélant ses habits, et, surtout, son visage. Elle portait un gilet similaire à celui des jonins de Suna, mais de couleur noire et à une seule épaulière, celle de droite, et un pantalon couleur sable. Elle ne portait pas le bandeau de son village, mais sur sar paume gauche était tatoué le symbole de ce dernier. Ses cheveux bruns allaient jusqu’à ses épaules, son visage était emprunt d’une certaine douceur, qui était démentie par ses yeux qui lui donnait un air implacable… Un air qu’avait déjà vu Han, il y a bien longtemps. Il fut d’ailleurs si surpris sur le moment qu’il en oublia le petit tic de parole qu’il s’était imposé depuis des années.

-Kazuki Asazuna… Non… Tu es…

-Kasuga Asazuna, le coupa Sasori. Que fais-tu là ?

-Mes respects, senpai, fit la dénommée Kasuga. Plus de quinze ans, depuis notre dernière rencontre… Et voilà que vous êtes membre d’Akatsuki. Une erreur indigne de vous, senpai.

-Vraiment ? Qu’attends-tu donc pour me convaincre de revenir à Suna, alors ?

-Je le ferai, mais d’abord, j’ai une affaire à régler avec notre ami en armure. Alors, je vous prierai d’attendre sagement à l’intérieur, senpai.

Le marionnettiste ne comprit d’abord pas ce que voulait dire la femme en parlant d’intérieur. Ce fut en reconnaissant les sept mudras qu’elle composa qu’il se décida à réagir… mais trop tard. Une boule de chakra jaillit de la main de la femme, fonça en une seconde vers Sasori et grandit soudainement pour devenir un globe suffisamment grand pour contenir le ninja aux pantins. Ledit globe absorba le shinobi, et le chakra qui constituait sa paroi se changea en Futon, formant une frontière de vent tranchant empêchant quiconque d’entrer dans la boule… et d’en sortir. A l’intérieur, le ninja d’Akatsuki pesta contre sa propre négligence. Il connaissait ce jutsu, et il savait qu’il ne pouvait rien faire pour en sortir, si ce n’était attendre que la technique, dont la durée était limitée, s’arrête d’elle-même. Et Dieu, ou peut-être un dénommé Pain, savait à quel point il détestait attendre.

A l’extérieur, le jinchuriki de Gobi avait suivi le dialogue, et observé Sasori se faire capturer. Il s’y connaissait assez en art élémentaire pour voir à quel point la femme maitrisait bien le Futon. Lancé ce sort, c’était une chose, le faire aussi rapidement, c’en était une autre. Il serra le poing… Combattre le ninja d’Akatsuki, il pouvait le faire, il connaissait ses capacités… Affronter cette femme, Kasuga Asazuna, il ne savait pas s’il en était capable. Il était troublé par elle, et cela, c’était peut-être parce qu’il la connaissait depuis qu’il était enfant.

-Dix minutes, c’est le temps que dure « La prison de vent », fit la kunoichi. C’est plus qu’il ne m’en faudra pour t’éliminer, Han.

-Hm, mesure tes paroles. Hm, n’oublie pas que Gobi est en moi…

-Le fait d’avoir un bijuu ne fait pas de toi quelqu’un de fort… Si c’était le cas, tu aurais pu le venger.

-Hm, à l’époque, comment aurais-je pu vaincre Orochimaru ?

-Ce n’est pas Orochimaru qui a tué Kazuki, si je ne m’abuse.

-Hm, il nous poursuivait. Hm, toi plus que quiconque devrait savoir que je ne pouvais me permettre de tenter de le venger

-La femme d’état comprend bien tes paroles et t’approuve sur ce point, mais la sœur jumelle ne peut te pardonner.

-Hm, je n’ai rien à me faire pardonner, et encore moins de choses à te justifier. Hm, pour toi qui étais bien planquée à Suna, il est facile de tenir ce discours.

-J’ai été envoyée à Suna pour prendre les rênes de sa maison mère… C’est le jeu de la politique, Han.

-Hm, et ça a bien fonctionné, n’est-ce pas ? Hm… Dis-moi ce que ça fait d’être la première femme à obtenir le titre de Kazekage.

Kasuga Asazuna ne répondit pas. Ses yeux bruns lançaient des éclairs à Han, dont le regard était sombre. Depuis leur enfance, depuis leur première rencontre, les deux s’étaient détestés. Et leurs rares rencontres au fil des années n’avaient rien amélioré. Baigné dans les affaires de son village, la sœur de Kazuki Asazuna avait été élevée pour atteindre le sommet, et on lui avait enseigné comment gérer des troupes et tout un clan, tout en lui rappelant que les réceptacles n’étaient rien de plus que des instruments de pouvoir et de puissance, principale raison de l’inimitié de Han qu’elle voyait quand elle rendait visite à son père et à son frère.

Après l’attaque de Konoha par Suna et Oto, elle n’avait eu aucun mal à faire valoir ses arguments dans la course au poste de Kazekage, libéré par la mort du quatrième du nom. Elle était alors déjà la leader du plus puissant clan du village de Suna, et en outre une jonin d’une rare puissance. Elle ne connaissait pourtant que deux éléments, et n’avait pas de pouvoir héréditaire, mais elle possédait le Hijutsu de sa famille… Et surtout, elle maîtrisait l’élément vent avec un tel génie qu’elle l’avait élevé au rang pur, une prouesse que seul le fondateur du village avait réussi, jusqu’alors, à accomplir. Certains avaient essayé de faire valoir le fait qu’elle était une femme pour l’écarter, mais l’exemple de Kiri, qui était déjà dirigé par une femme, servait en sa faveur, et de plus, chez les shinobis, ce n’était pas le sexe qui déterminait la puissance du combattant. Enfin, les liens de parenté qui la reliait à la maison mère du clan Asazuna d’Iwa garantissaient une alliance solide avec le village des roches à un moment où Suna était encore très faible.

Depuis qu’elle avait accédé au poste de Kage, elle avait entamé des mesures drastiques. Elle avait été voir le seigneur du pays du vent, qui lui avait vertement reproché la conduite de Suna lors de l’examen de sélection de chunin. Elle était alors entrer dans une rage folle, et elle avait expliqué, à sa manière, toutes les raisons pour lesquelles le village du sable avait agi ainsi. Elle avait rappelé que le désarmement et l’affaiblissement du village, première force militaire du pays du vent, était dû au ordre du daimyo et que ce dernier ne devait s’en prendre qu’à lui-même si Suna essayait de restaurer son panache. Ledit daimyo, révolté mais conscient qu’il avait aussi sa part de responsabilité dans ce qui s’était passé, avait alors réfléchi pendant plus d’une semaine. Il avait pesé le pour et le contre, et remarqué que le village n’avait plus aucun des bijuus des trois qu’il possédait à sa création, bien des décennies auparavant. Par ailleurs, avec la menace que constituaient les autres grands pays, avec celle que serait Akatsuki, et avec l’envie de revanche qu’avaient les petits pays, dévastés par les grandes guerres, si un nouveau conflit éclatait, il n’y aurait jamais assez de shinobi pour résister, sans compter qu’il ne savait pas encore à l’époque qu’il y aurait Némésis dans le jeu des puissance,.

Tout alors avait changé dans le pays du vent. Les fonds, énormes, originellement réservé aux fêtes du palais du daimyo avaient été amputés de plus du trois quarts, et avaient été redirigés vers Suna. Le village avait alors enfin pu se lancer dans des projets que son manque de moyen lui avait toujours interdits. Il avait pu mener une véritable campagne de redressement. Paradoxalement, même s’il avait perdu des hommes, son chef et son dernier démon, le village avait vécu un véritable renouveau. De nombreux marchands étaient revenus vers ce lieu qu’ils avaient quitté auparavant, de nombreuses personnes venaient des quatre coins du pays du vent pour suivre son enseignement et devenir des shinobis. Au cours des deux années qui avaient suivi, le regain de force du village fut tellement visible que les bandes de pillards qui s’aventuraient autrefois dans le désert sans en craindre les ninjas du sable, disparurent. Et tout cela, ce fut grâce au Godaime Kazekage, Kasuga Asazuna, une kunoichi dévouée à sa patrie.

-Mon mérite personnel n’est pas à prendre en compte. J’ai été celle qui pour la première fois depuis la perte de Shishibi, il y a plus de quinze ans, a redonné un élan à mon village. Toutes ces années où Suna a peiné face aux afflictions issues de notre culture sont derrières nous, et nous nous élèverons au plus haut niveau.

-Hm… J’ai le sentiment que tu me vois comme un obstacle dans ta course vers le sommet.

-Un jinchuriki libre qui n’a prêté allégeance à aucun village n’est qu’une nuisance qui doit mourir.

-Hm, finalement, la haine reste en place envers ceux qui abritent les démons. Hm, c’est à cause de votre pensée arriérée à notre égard que nous ne nous soumettons plus.

-Je reconnais que la méthode de mon prédécesseur n’était pas la bonne, et nous en avons payé le prix puisque nous avons perdu Ichibi. Mais… Aujourd’hui, ce n’est pas par haine que je vais te tuer. Dès lors que tu n’es plus chez aucun de mes alliés, tu menaces mon village, et c’est pour le protéger que tu vas mourir.

-Hm, arrête de bavasser, et viens te battre. Hm, toi seule peux faire bouillir mon sang comme il le fait actuellement.

L’incertitude de Han quant à sa victoire s’était envolée, remplacée par sa colère. Bien qu’il fût de nature réfléchie, il commençait véritablement à ne plus supporter tous ces gens qui, parce qu’ils avaient un tant soit peu d’importance, s’autorisaient à décider de qui avait le droit de mourir ou de survivre. Certes, il n’avait pas le moindre remord à tuer, il n’avait jamais épargné ne serait-ce que le moindre ennemi qui était venu l’assassiner quand il était à Iwa. Pourtant, il était plus enclin à épargner quand il avait face à lui des adversaires honorables. Il haïssait les gens du village des roches, mais il ne les avait jamais attaqués volontairement. Il s’était volontairement isolé pour contrôler ses pulsions, car il ne voulait pas donner raison aux rumeurs qui prétendaient qu’il était un monstre… Pourtant, en cet instant, Han se fichait bien des rumeurs, et du qu’en dira-t-on, on avait réussi à le mettre en colère… Et c’était suffisamment rare pour le dire.

‘’Ne t’emballe pas’’ tempéra Gobi ‘’Elle est forte, et tu le sais’’

‘’Hm, alors, on passe au « gogyou gappei no shuhou »’’

‘’A ta guise, petit Han, mais il me faut un peu de temps’’

‘’Hm, je m’en occupe’’

-Futton, brume acide !

De la vapeur sortit de l’appareil de Han. Un nuage s’aggloméra au-dessus de lui, et quand il désigna son adversaire du doigt, la matière vaporeuse se dirigea vers elle. Celle-ci fit un geste de main, le même que chacun utilise pour chasser une mouche, et dissipa le nuage. Le porteur du démon à cinq queues écarquilla les yeux. Il fit quelques mudras, et au moment où il faisait le mudra du tigre pour lancer une technique Katon, il vit son ennemi disparaitre devant lui, et apparaître juste à coté de lui. Elle avait utilisé un clone de vent et l’avait dissipé après s’être suffisamment approché, donnant l’illusion au jinchuriki de Gobi qu’elle s’était déplacée en se téléportant.

-Futon, paume de la bourrasque !

La femme posa sa paume sur l’armure du ninja d’Iwa. Un jutsu de ce rang lancé par un shinobi lambda n’aurait rien du faire à Han, mais exécuté par Kasuga Asazuna, la technique fut assez puissante pour le propulser contre la paroi. Il s’y encastra violemment, et réprima un grognement de douleur. Il devait se reprendre. Le danger avec la kunoichi qu’il combattait était qu’elle lançait des jutsus dévastateurs, mais couteux en chakra. Avec l’aide de Gobi, il devait jouer la carte de l’épuisement, et esquiver du mieux possible jusqu’à ce que celle qui portait le titre de Kazekage soit exsangue et donc vulnérable.

‘’Bon sang’’ fit Gobi.

‘’Hm, un problème ? ‘’ demanda Han, qui avait un mauvais pressentiment.

‘’Un sceau, elle a posé un sceau, je ne peux plus malaxer mon chakra et…’’

‘’Hm, et donc, tu ne peux plus m’en passer’’

‘’Exact, mais son sceau est faible, je peux le briser’’

‘’Hm, combien de temps te faudra-t-il ?’’

‘’Je dirais… Quinze minutes, peut-être moins’’

‘’Hm, ça doit être jouable’’

Oui, pour Han, s’enfuir pendant quinze minutes était largement possible. S’il se concentrait assez sur son adversaire, elle ne pourrait pas le surprendre. Dès lors, il pourrait l’esquiver, et une fois que Gobi serait libre de l’approvisionner en énergie, il pourrait utiliser la stratégie qu’il avait prévu. Il s’extirpa de la paroi où il s’était encastré, et essaya d’avancer, mais le vent se leva et se colla à lui au sens propre du terme, le paralysant complètement. Une surprise de plus. Contrôler le vent pour qu’il cible une personne en particulier, ça relevait du grand art. Même si ce n’était pas bon pour lui, il devait reconnaître que la réputation de maîtresse incontestée du Futon n’était pas usurpée. Il ne pouvait absolument rien bouger, même pas son petit doigt, et devant lui, Kasuga recommençait à faire une longue série de mudra.

Alors que le possesseur du démon à cinq queues n’attendait qu’une nouvelle attaque, son ennemi s’arrêta soudainement, et sembla comprendre quelque chose. Elle regarda vers le haut, en direction du pont du ciel et de la terre, et eut un sourire.

-Intéressant, j’ignorais que vous aviez recruté Yugito Nii et Killer Bee de Kumo. Ils sont censés toujours y être…

-Hm, comment sais-tu ?

-Peu importe, dès que j’en aurai fini avec toi, et avec Sasori, j’en parlerai au Yondaime Raikage, je suis à peu près sure qu’il serait prêt à donner beaucoup pour savoir ça.

-Hm, ton Futon pur est très impressionnant. Hm, mais il ne saurait vaincre Gobi, et je peux m’arranger pour survivre le temps qu’il rompe ton sceau.

-Quel Futon pur ? La technique que j’ai utilisée n’est pas du Futon pur. D’ailleurs, je n’ai jamais eu l’intention d’utiliser du Futon pur contre toi. En revanche, je vais en finir avec toi, avec l’un des plus puissants jutsu de vent qui existent.

-Hm, eh bien, vas-y, tue-moi !

-Te tuer ? Je ne suis pas stupide. Il faut que je te garde en vie pour que Suna puisse obtenir Gobi, Han. Mais, je peux te garantir que ça va être très douloureux.

Elle reprit sa longue série de mudra. Han grinça des dents. Il aurait mille fois préféré mourir maintenant en un seul coup, plutôt que son démon lui soit pris, et soit retourné contre ses compagnons. Hélas, il ne pouvait rien faire. S’il avait été moins négligent, et s’il avait mieux connu les techniques de son adversaire, il aurait pu s’en sortir… Non, même ça, ce n’était pas complètement vrai. Qui pouvait dire quelles étaient les capacités du Futon pur ? Quand elle eut terminé ses signes, Han eut, pour la première fois depuis longtemps, peur en entendant le nom de la technique.

-Futon, la mort de Fujin !

Fujin, le yôkai du vent qui s’était entretué avec Raijin son jumeau ! Une technique connue pour ne laisser quasiment aucune chance à sa cible. Si Han était touché, il survivrait sans doute, puisque telle était l’intention de son ennemi, mais tous ses membres seraient fracassés, et il ne pourrait plus jamais faire le moindre geste. Il déglutit, et il eut la tentation de fermer les yeux en voyant l’air se rassembler dans les mains de Kasuga. Mais, il fit face, courageux, et il vit l’image du yôkai se dessiner avant de se diriger vers lui… Alors, avec l’énergie du désespoir, il essaya de se soustraire à l’étreinte des vents qui le paralysait… Mais ce fut peine perdue.

Pourtant, il ne reçut aucun dommage. Une force supérieur à celle des vents l’attira soudainement, et lui permit d’esquiver le jutsu qui rencontra la paroi et causa une explosion fracassante, dégageant de la poussière qui le cacha de la vue de Kasuga. Han vola quelques secondes avant de tomber à terre, aux pieds de celui qui l’avait sauvé. C’était un jeune homme roux, aux yeux verts, au visage allongé et à la carrure relativement peu impressionnante. Il portait les habits inhérents à ceux qui faisaient partie d’Akuma. Il se pencha sur Han, et l’aida à se relever.

-Allez-vous bien, Han-sama ?

-Hm, oui, grâce à toi… Hm, tu es… ce type de Kusa, si je ne m’abuse.

-Hanzo Kozaji pour vous servir, fit le rouquin en faisant une légère courbette. Vous m’avez épargné là-bas, je me devais de vous rendre la pareille.

-Hm, n’es-tu pas du coté de Kasuga ?

-Officiellement, sans doute, mais je vous étais redevable, et…

Han se releva brusquement et se mit devant Hanzo, en lui tournant le dos, qui resta muet de surprise. La poussière qui avait résulté de l’explosion se dissipa, soufflée par le vent de Kazekage le cinquième. Celle-ci avait été très étonnée de voir le jinchuriki éviter son jutsu, et comme elle n’était pas de type sensoriel, elle n’avait pas senti la présence du membre d’Akuma. Et elle ne le vit pas puisque le porteur de bijuu était devant lui. Elle croyait donc que c’était uniquement Han qui avait réussi à éviter, sans qu’elle sache comment.

De son coté, le ninja à l’armure rouge, trop satisfait de sa chance, avait eu une idée pour abréger le combat, et c’était aussi pour cela qu’il avait caché son sauveur. Il déclara d’un ton péremptoire au Kage qui lui faisait face :

-Hm, j’ai pu échapper à ta technique. Hm, grâce à mon… Jinton.

Kasuga eut pendant une seconde une expression de totale stupeur. Elle ignorait que Han maitrisât la plus puissante des fusions d’éléments connues à ce jour, et elle devait avouer qu’elle l’avait clairement sous-estimé. De son coté, Hanzo jubila intérieurement, il savait exactement ce qu’attendait Han de lui, et il serait ravi de le faire, ne serait-ce que pour voir la tête étonnée de cette femme qui avait accompagné, et rabaissé Akuma depuis au moins le temps qu’il y était.

-Hm, oui, le Jinton… Hm, ton ignorance va causer ta perte.

-Tu mens, rétorqua Kasuga. Tu ne peux pas le maîtriser.

-Hm, vraiment… Alors, vois !

Hanzo s’accrocha au gilet de Han et utilisa son pouvoir pour faire léviter le membre de Némésis de plus en plus haut, et pas simplement léviter. Il le faisait même voler. La différence était que les membres d’Akuma connaissaient une technique pour se tenir sur les airs, mais que seuls les possesseurs de Jinton pouvaient aisément voler comme un oiseau sans support aucun. Han pointa le doigt vers la femme, effarée.

-Hm, aujourd’hui, je t’épargne, mais, souviens-toi que j’aurai pu t’éliminer.

-Il ment, il a un utilisateur de Kinton accroché dans son dos, fit Sasori.

Les dix minutes de la prison d’air s’était écoulées, et le ninja marionnettiste avait été libéré. Il avait concocté, avec l’aide du chef d’Akatsuki qui l’avait contacté au bon moment pour lui dire ce qu’il était advenu de Kakuzu, pendant sa captivité temporaire un petit plan dont il était très satisfait et il ne restait plus qu’à le mettre en œuvre. Lui avait senti aussitôt la présence du rouquin derrière Han, sans doute car il était habitué à manier lui-même un utilisateur de Kinton, le Sandaime Kazekage.

Kasuga le regarda une seconde avant de jeter un regard à Han, qui ne perdit pas contenance pour autant. Il utilisa son propre chakra pour utiliser de la vapeur et remonter le plus vite possible vers la surface, aidé par le pouvoir magnétique du membre d’Akuma. Le porteur de démon savait qu’une fois arriver, il trouverait Bee et Yugito, qui avaient du arriver puisque la femme de l’Asazuna avait perçu leur présence grâce à un clone. Avec eux, il n’aurait rien à craindre, mais il devait se dépêcher. Celle qui portait le titre de Kazekage ne tenta pas de les atteindre avec un Futon. Elle avait déjà obtenu de très bonnes informations. Sa priorité était donc de survivre pour les rapporter à Suna. Sans compter qu’elle devait conserver du chakra pour combattre Sasori et, peut-être, le capturer. Elle se retourna donc vers lui, et pointa deux doigts dans sa direction.

-J’attends des explications de votre part, senpaï.

-Et je suis prêt à t’en donner, fit le ninja d’Akatsuki d’un ton las.

-Bien, mais pas ici… Vous allez me suivre à Kusa, et là, vous me direz tout ce que je veux savoir sur vous, et sur Akatsuki.

-A Kusa ?

-Là où se déroule l’examen chunin. C’est pour cela que je suis venu dans ce pays, à l’origine.

-Très bien, je te dirai tout… Mais en échange, réintègre-moi à Suna, et donne-moi l’autorisation d’exercer à la morgue.

-Nous verrons cela, fit Kasuga d’un ton qui signifiait que la conversation était terminée.

Les deux ninjas se regardèrent quelques secondes, puis ils partirent. Chacun d’eux était perdu dans ses pensées, s’adressant l’un à l’autre sans le savoir.

‘’Le plan commence bien’’ pensait Sasori ‘’Une fois que je serai dans Suna, je pourrai récupérer les infos dont j’ai besoin… Dont Akatsuki a besoin, et je pourrai récupérer quelques dizaines de nouveaux corps pour améliorer ma collection. Néanmoins… Qui sait combien de temps je pourrai assurer ma sécurité. Kasuga, je sais de quel bois tu es faite. Je sais bien que si tu m’as semble-t-il fait confiance, il n’en est rien… Je vais tenter de me servir de toi, tu vas tenter de te servir de moi… A ton avis, qui aura l’ascendant l’un sur l’autre ?’’

‘’Sasori’’ songeait pour sa part Kasuga Asazuna ‘’Je te respecte pour le maître marionnettiste que tu es, et je te vouvoie quand je te parle parce que tu es mon senpai… Mais me crois-tu stupide au point de t’accepter après tant d’années d’absence ? Et crois-tu que je vais te laisser avoir accès aux cadavres de nos compatriotes, morts aux combats ? Je ne suis pas l’un de tes pantins, Sasori… Alors, fais attention à tes agissements. Car si tu t’écartes du chemin que je t’ordonnerai de suivre, je ne donnerai pas cher de ta peau’’

Sur ces sombres pensées, les deux shinobis s’éloignèrent de l’endroit où avait eu lieu l’affrontement. Cet endroit encore illuminé par la boule de lumière issu de nulle part fut ainsi déserté… Enfin presque, car apparut la personne qui avait fait apparaître la boule de lumière. C’était une femme vêtu d’une armure de métal noire léger, et dont la tête n’était pas visible, cachée par un casque ouvert par une seule visière qui révélait des yeux verts, pétillant d’intelligence. Ladite femme prit son arme, une lance, et la pointa vers la boule de lumière qui fut comme absorbée et disparue, laissant les ténèbres envelopper la mystérieuse femme.

Un peu plus haut, Han et Hanzo étaient tous deux remontés jusqu’en haut, jusqu’au trou qui avait permit à Sasori de sortir. Ils le traversèrent, et arrivèrent à la surface. Après quoi, ils se posèrent sur la plateforme de pierre créée par Han et Thosvorn. Le rouquin d’Akuma se laissa tomber par terre, en souriant.

-Dites donc. Que d’émotion. !

-Hm, je dois te remercier, Hanzo. Hm, non seulement tu m’as sauvé, mais en plus, tu as empêché Suna de capturer Gobi.

-Ne m’en parlez pas. Je suis sur que Sanmen va me passer un savon.

Han eut un sourire, et s’assit en tailleurs. Il avait lui aussi besoin de se reposer. Un cri attira cependant son attention, et le porteur de Gobi vit Fuu, Gaara, Utakata, Bee et Yugito se diriger vers lui, en vociférant entre eux. Visiblement, ils se disputaient. il soupira, en prenant soudainement conscience que sa défaite allait handicaper Némésis, puisque le chef de Suna savait que les réceptacles de Nibi et Hachibi n’étaient plus à Kumo. Plus encore, il avait perdu, il avait rencontré plus fort que lui, et cela l’énervait.

‘’On trouve toujours son maître, Han’’ fit son démon.

Han ne répondit pas, et jeta un coup d’œil du coté du lieu où se battaient Roshi et Orochimaru… Quand, en descendant, il avait senti le chakra de Yonbi en telle quantité, il n’y avait pas cru, et puis, il avait compris… Compris que son maître était un jinchuriki parfait, et que grâce à ça, il pouvait vaincre le sannin.
***

L’image de l’improbable affrontement entre un énorme singe à quatre queues et un immense serpent violet était visible à des kilomètres à la ronde. Orochimaru était juché sur la tête du reptile dont la langue fourche fouettait violemment l’air. L’animal n’avait visiblement pas apprécié d’être invoqué, et, à plus forte raison, d’être obligé de faire face à un tel adversaire. Rien de moins que le bijuu à quatre queues, le Yonbi, dont la capacité à contrôler la lave était bien connue, ce qui n’était pas plaisant pour un animal à sang froid. Ce n’était pourtant pas le démon qui se trouvait là, mais son hôte. Car, si c’était bien le corps du singe qui était présent, tous ses mouvements étaient contrôlés par l’esprit de Roshi.

Celui-ci avait l’expérience de dizaines d’années d’affrontement, et savait gérer son chakra pour décupler sa vitesse. Il l’avait montré de nombreuses fois par le passé, et le faisait encore aujourd’hui… Mais s’il pouvait faire cela, il ne l’avait jamais fait qu’avec son propre corps, sous sa forme humaine… Soit une forme largement moins redoutable que celle qu’il avait actuellement. Il ne savait pas quelle quantité il devait doser pour les muscles du Yonbi, car il ne pouvait se permettre de faire trop de ravage, risquant sinon d’atteindre ses propres camarades. Il libéra le Raiton dans chacune des quatre queues du singe, les poils se hérissant au passage de l’électricité, et celles-ci fendirent l’air.

Les queues s’abattirent sur la tête du reptile. Précisément à l’endroit où se trouvait la cible n°1 du ninja de la lave. Manda fut néanmoins assez vif pour en esquiver trois. La quatrième le frappa de plein fouet, lui faisant l’effet d’une puissante gifle. Le ninja de la légende avait sauté dans les airs, et ouvert la bouche, laissant apparaître une pointe d’épée. La lame s’allongea soudainement, et quand elle eut atteint une dizaine de mètres, elle faillit atteindre l’œil du singe géant. Ce dernier dévia le coup grâce à son poing avec lequel il frappa le plat du sabre.

Le bijuu ouvrit sa bouche, à moins que ne fut une gueule, et planta ses crocs dans la peau du serpent, qui émit un sifflement de douleur. En réponse à cette agression, Manda cracha un liquide qui atteignit le démon à quatre queues sur le bras. Le venin, car c’en était, brula les poils et attaqua la peau. Roshi souffla sur le poison… Le souffle de Yonbi n’était pas constitué d’air, mais de lave. La matière incandescente élimina le poison et ne fit rien du tout au démon qui ne craignait pas cet élément qu’il contrôlait. De ses deux poings, semblables à de gigantesques masses, il repoussa le serpent, et commença à concentrer du chakra, au-dessus de sa tête, préparant à lancer une attaque tout simplement dévastatrice. Il ne put cependant pas arriver au bout de sa préparation, car Manda lui sauta à la gorge, gueule grande ouverte, ses crochets suintant du poison des reptiles.

Le Yonbi changea alors de plan et transforma le chakra qu’il avait accumulé en lave, déclenchant une formidable vague de chaleur qui fit hésiter le serpent une seconde. Le temps qu’il fallut pour Roshi de lui donner un uppercut… qui ne l’atteignit pas. Le serpent géant s’enroula autour du bras du démon, et lui donna un coup de tête dans la poitrine. La bête à queue en eut le souffle coupé, et recula un peu, laissant à Manda une ouverture pour le mordre. Orochimaru ne lui laissa, en outre, pas le temps de souffler un peu, et réussit à l’atteindre avec Kusanagi. La pointe de l’épée traversa la cuisse du singe qui dut mettre un genou à terre. Yonbi émit un formidable rugissement, et attrapa à pleine main la lave qu’il avait générée pour augmenter la chaleur. Il lança ce projectile rougeoyant qui atteignit les yeux du serpent. Aveuglé, le reptile donna des coups de queues sans voir, et l’un d’eux frappa le bijuu à la mâchoire. Roshi avait fait une erreur. Si le fait de pouvoir se transformer en son démon était un véritable avantage, il manquait d’entrainement dans le contrôle de son corps. Aux yeux du ninja de la lave, il était certain que Bee ou Yagura aurait bien mieux combattu sous leur forme de démon que lui-même. Il aurait mieux fait de s’asseoir un peu sur son orgueil et de mettre l’un ou l’autre dans la confidence. Il était un peu tard, maintenant, et il était désavantagé face à Manda.

Ce dernier, les yeux calcinés par le magma, était entré dans un état de fureur indescriptible. Il siffla rageusement, et chercha à atteindre celui qui l’avait blessé. Il était aveugle désormais, mais il pouvait toujours entendre son ennemi, qui, en sa condition de grand singe à quatre queues, ne pouvait être discret. Il plongea littéralement sous terre, pouvant mieux ressentir dans le sol les vibrations causées par le pas pesant du bijuu. Celui-ci restait immobile, attendant le moment où le serpent violet surgirait de terre.

Quelle ne fut pas sa surprise quand il sentit le sol céder sous son poids. Manda avait tourné en rond sous le singe pour créer une grotte séparée de la surface par une fine pellicule de terre, bien trop fine pour supporter le poids d’un démon. Perdant l’équilibre, ce dernier chuta dans la cavité nouvellement creusée, et atterrit sur le dos. Orochimaru profita de la position de son adversaire pour l’immobiliser. Le sannin ouvrit la bouche et un serpent en sortit. Le reptile s’allongea d’un mètre, et ouvrit à son tour la gueule, mais cette fois, ce furent dix serpents qui en sortirent, et le phénomène se répéta, chacun des dix reptiles donna naissance à dix semblables, et ainsi de suite. Ce fut finalement des milliers de bêtes rampantes qui s’abattirent sur Yonbi. Sous le choc, il cracha du sang, et poussa un cri de douleur avec la voix de celui qui contrôlait le corps, donc Roshi… Il était toujours étrange phénomène de voir un immense démon parler, et encore plus quand il avait une voix d’humain. Et tout ce qui était étrange avait une chance, si infime soit-elle, d’intéresser le ninja légendaire… Ce dernier se promit de capturer un jour un jinchuriki parfait et de le disséquer pour mieux comprendre ce phénomène.

Les milliers de reptiles qui s’étaient répandus sur le corps du démon décidèrent de se mettre à table, et de commencer par le déchiqueter de leurs crocs acérés. Le singe à quatre queues ne leur laissa pas le temps de passer à l’action, car il se mit à rougeoyer et les malheureux serpents se mirent à bruler… Quelques secondes, ils ne restaient des bêtes rampantes que des restes calcinés. Le Yonbi se redressa, et une fontaine de lave jaillit du sommet de son crâne, et de cette lave, jaillit Roshi. Le ninja de la lave avait récupéré, semblait-il sa forme humaine, mais Yonbi se trouvait toujours là. Alors que Gaara avait constitué un Shukaku de sable deux ans auparavant, le vétéran d’Iwa avait créé un Yonbi entier de lave … Une prouesse qui lui coutait tout de même une certaine quantité d’énergie.

A tous ceux qui étaient extérieurs au combat, l’affrontement était celui entre le singe et le serpent. Mais celui-là n’était en fait qu’annexe. Le seul véritable qui comptait était celui entre les deux minuscules silhouettes au sommet de Manda. Deux silhouettes qui avaient fort à faire pour réussi à ne pas tomber à la renverse, vu comment bougeait le serpent. Roshi sortit un kunai, tandis qu’Orochimaru tenait le pommeau de Kusanagi dans sa main. Le ninja de la lave lança son couteau ninja, et utilisa sa vitesse pour le rattraper alors qu’il passait à deux centimètres du ninja de la légende. Celui-ci fit un mouvement et para avec son arme. Ce fut à ce moment que le ninja de la lave put remarquer à quel point l’épée du sannin était spéciale. Malgré le Raiton qui parcourait le kunaï, ce dernier n’avait percé la lame du déserteur de Konoha. Ce dernier rompit le contact, et tendit son bras en direction de son ennemi. De ce bras, jaillirent des serpents qui s’enroulèrent autour de Roshi.

-La poigne du serpent spectral ! fit le ninja à la peau de craie.

-Yoton, armure magmatique ! fut la réponse du vétéran d’Iwa.

Les reptiles qui l’avaient entouré se consumèrent automatiquement, tandis que la peau du possesseur rougeoyait, faisant un vrai contraste avec celle, totalement blanche, du maître de Sasuke. Les deux shinobis se préparèrent à repartir au corps à corps, mais le poing du Yonbi de la lave s’écrasa entre eux deux, causant un souffle qui les fit décoller. Ils se rattrapèrent grâce à leur contrôle du chakra… Et faillirent de nouveau tomber quand un deuxième coup de la créature du ninja de la lave atteignit Manda. Paradoxalement, si le serpent géant pouvait résister à Roshi sous forme démoniaque, il ne pouvait pas faire grand-chose contre une créature constituée de lave, chacun de ses propres coups lui causant autant de dommage qu’à son adversaire. Orochimaru avait bien saisi la nature du problème, et songeait à une stratégie soit pour se débarrasser du singe de lave, soit pour obliger le membre de Némésis à réintégrer le démon, pour que ce dernier ne soit pas une créature de lave. Et il avait déjà une idée.

Il tapa du pied. Aussitôt, Manda comprit le message, et disparut. Pour une fois, il ne rechignait pas à obéir aux ordres de son invocateur. Cet affrontement l’avait complètement épuisé, et il espérait ne pas avoir à en refaire un de ce calibre aussitôt. Orochimaru et Roshi, n’ayant plus rien sous leur pied, tombèrent tous deux. Mais, le ninja de la légende n’attendit pas que le sol soit près pour réagir. Il joignit les mains, et fit apparaitre un serpent de taille respectable sous lui, arrêtant sa chute, tandis que le membre de Némésis atterrissait dans la paume ouverte du singe géant.

Les deux hommes se toisèrent. Les deux se haïssaient, et ils ne prenaient aucun plaisir à se battre l’un contre l’autre, comme cela arrivait parfois entre ennemis. Ils cherchaient tous deux le moyen d’en finir le plus vite possible, et cela était surtout vrai pour Roshi, dont le front était couvert de sueur. Même s’il avait toute la puissance d’un bijuu à son service, son chakra n’était pas illimité, et le fait de s’être transformer en Yonbi, d’avoir utilisé un certain nombre de technique, dont la création d’un clone de lave à l’image de son démon, lui avait couté énormément d’énergie, sans doute trop. C’était là une autre preuve du fait qu’il aurait du s’entrainer sous sa forme démoniaque. Le jinchuriki mit aussi son état au compte de son âge puisqu’il approchait de la soixantaine, et au rythme éreintant auquel s’était soumis Némésis ces dernières semaines l’avait plus épuisé qu’il ne le pensait. Tout ceci faisait que ce serait l’ancien élève du Sandaime Hokage qui aurait l’avantage tôt ou tard l’avantage si l’affrontement durait. Il y avait une autre raison qui expliquait la faiblesse du doyen des possesseurs… Une raison qu’il avait négligée… Manda l’avait mordu au début de l’affrontement, et le serpent violet suintait un poison violent qui pouvait tuer n’importe qui, à l’exception des bijuus. Sous sa forme de démon, le poison n’avait pas été fatal, mais il avait entamé grandement les réserves de chakra du maître de Han.

Le Yonbi de lave déposa le vétéran à terre, et se prépara à attaquer le serpent sur lequel se trouvait l’ennemi à abattra. Le ninja d’Iwa recula pour observer le combat à distance. Il ne pouvait plus prendre le risque de trop s’approcher. Un corps à corps face à la lame de Kusanagi n’était pas raisonnable dans les conditions actuelles, d’autant que sa jambe le faisait souffrir. Pendant qu’il s’éloignait, Orochimaru se lança à l’assaut de l’énorme bête à queues. Il sauta de son serpent, et atterrit sur l’animal de lave. Il évita les brulures, en utilisant une technique Doton qui recouvrit ses pieds d’une épaisse couche de terre ne laissant pas passer la chaleur. Il était certes un peu ralenti, mais il était encore trop rapide pour que la créature ne réussisse à l’atteindre avec l’une de ses énormes mains.

Remarquant ça, le bijuu changea de stratégie et créa sur lui une multitude de clone de Roshi , qui essayèrent d’entraver la course de l’ancien shinobi de Konoha qui se dirigeait vers la gueule du démon. La lame de Kusanagi ne frappait qu’une fois chaque double, et chaque fois, le double disparaissait, incapable de se défendre. L’ascension du maître de Sasuke était impossible à arrêter, et il arriva finalement à la gueule du démon. Là, il tendit le bras et trois serpents en sortirent pour foncer entre les dents pour rejoindre le plus vite l’intérieur du monstre à quatre queues. Celui-ci ne sentit même pas les reptiles, tant ils étaient petits. Il claqua des dents espérant atteindre son adversaire qui sauta dans les airs. La créature essaya alors de l’attraper dans l’une de ses mains, mais le serpent précédemment appelé par Orochimaru avala ce dernier à la surprise du singe. Ce dernier n’entendit pas les paroles prononcées par le ninja de la légende. Des paroles qui prouvaient que le serpent l’avait avalé pour le mettre à l’abri.

-Multiclonage serpentin !

Les serpents, qui s’étaient insinués dans le corps de la créature, se multiplièrent, et le Yonbi de lave gonfla, gonfla et gonfla encore jusqu’à exploser littéralement, expulsant de la lave dans toutes les directions. Roshi, qui n’avait pu que constater impuissant à la scène, fut quant à lui touché par un éclat de lave, et, s’il ne fut pas blessé par le magma, fut projeté contre le tronc d’un arbre. Il s’en trouva étourdi quelques instants, et quand il reprit complètement conscience, il remarqua qu’il se trouvait contre le seul arbre non calciné à dix mètres à la ronde. Il était assis, son dos contre le tronc de l’arbre, et en face de lui se tenait Orochimaru, debout sur un serpent bleuté entouré de deux autres reptiles, qui venaient d’être invoqués, tous grands d’une dizaine de mètres. Le ninja de la lave essaya de se relever, mais la blessure qu’il avait subie à la jambe sous sa forme de Yonbi l’en empêcha. Le sannin profita de la situation, et de la faiblesse du vétéran d’Iwa. Il pointa sur lui l’épée de Kusanagi, et serra la poignée. La lame s’allongea en direction du doyen de Némésis. Ce dernier avait pris un kunai qu’il avait chargé en Raiton, et attendait le bon moment. Soit il était assez vif au bon moment, et il réussirait à dévier la lame, voire à la parer, soit il ne l’était pas assez, et il devrait alors surmonter la douleur de sa jambe ET être plus rapide que l’épée… Ce qui était loin d’être gagné, vu son état.

Il vit le fer s’avancer de plus en plus, vers lui, et, alors qu’il n’était plus qu’à un mètre de lui, il donna un coup de son kunai. A la vitesse de l’étirement de l’épée, il aurait du la dévier… Mais la lame cessa son avancée une seconde, et Roshi rata sa parade. Le sabre reprit son avancée, plus rapidement cette fois, et se dirigea vers le cœur du ninja d’Iwa… Ce dernier voulut jouer sa dernière carte. Utiliser le chakra de Yonbi pour stopper ne serait-ce qu’une demi-seconde la menace et ainsi réussir à la dévier pour qu’elle n’atteigne pas son cœur. Néanmoins, il ne le fit pas… Il n’en eut pas besoin car la lame de Kusanagi fut stoppée. Une main l’avait attrapée et arrêtée. La main appartenait à un homme que le membre de Némésis reconnut instantanément.

-Toi… fit-il.

-Je crois ne te devoir maintenant plus qu’une vie, Roshi Shuuso, répondit l’inconnu.




J'espère que ça vous a plu.

N'hésitez pas à laisser un commentaire, et à la prochaine fois.

Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: