Fiction: Les possesseurs

Version imprimable




***

La scène où le héros était dans les bains publics, seul, à proximité du bain des femmes, avec un trou dans la clôture pour pouvoir épier… C’était ce genre de passage, dont on sentait qu’il était issu du vécu de l’auteur, que préférait Thosvorn, qui, une fois n’était pas coutume, n’avait pas résisté à l’envie de lire la suite de son livre qu’il avait pourtant précédemment rangé. Tant que Yomika, sa sœur ô combien sévère à ce sujet, n’était pas impliqué dans un combat, le ninja du tourbillon avait du faire semblant de laisser tomber momentanément sa lecture, mais il n’en était rien. Dès que sa sœur avait commencé à se battre contre le drôle de type à deux têtes, Thosvorn n’avait pas hésité, et avait aussitôt ressortit son exemplaire dédicacé de la collection des « Stratégie du batifolage ». Un grand sourire s’étendait sur son visage pendant que ses yeux verts, brillant d’intelligence, luisaient d’impatience à l’idée d’avancer un peu plus dans le récit.

Kabuto Yakushi, pendant ce temps, ne l’attaquait pas. Il avait ouvert un parchemin, qui lui permettait d’invoquer des cadavres, et réfléchissait à un plan. Comme il n’était pas un ninja dont la spécialité était l’attaque, il n’aimait pas l’idée de se lancer à l’assaut sans stratégie, et comme son adversaire n’avait pas l’air de vouloir l’attaquer, il prenait le temps de songer à quoi faire pour l’éliminer rapidement. Le sous-fifre du sannin aux serpents n’était pas inquiet. Il avait tenu deux ans plus tôt les trois membres de la fratrie du tourbillon en échec… du moins, il n’avait pas eu trop de mal à leur résister alors qu’ils étaient à trois contre un… A quatre contre un, Naruto ayant aussi été de la partie. Aujourd’hui, il n’en avait qu’un face à lui, et probablement pas le plus sérieux au vu de son comportement. Néanmoins, en tant que personne froide et méfiante, il ne pouvait pas prendre le risque de le prendre à la légère.

L’éclat de rire de Thosvorn le fit se concentrer davantage sur lui. Spécimen de quinze à vingt ans, s’approchant plus de la quinzaine, cependant. Taille moyenne, croissance encore inachevée, poids acceptable, physiquement bien proportionné, yeux verts brillant d’intelligence et cheveux bruns coupés courts. Kabuto n’eut besoin que d’un coup d’œil pour remarquer tout cela, et constata en outre que son adversaire était en pleine santé, et en pleine forme… Un peu trop, peut-être. Pas le moindre signe de stress, pas la moindre preuve qu’il redoutait le combat à venir… Le ninja du tourbillon vêtu de noir ne semblait en rien préoccupé par la situation actuelle.

Le ninja médecin profita de l’inattention de son adversaire pour créer un clone, qui prit sa place d’une façon telle que peu de gens aurait pu remarquer la substitution, et utilisa une technique Doton pour s’enfoncer dans la terre. Après quoi, il n’eut qu’à progresser sous terre, jusqu’à se trouver exactement sous sa cible. Sa main sortit de terre, et agrippa la cheville du ninja du tourbillon, sectionnant net les tendons qui s’y trouvaient… Ou plutôt, tentant de sectionner les tendons. Car s’il était de notoriété publique que les être vivants avaient des tendons, le fait que certaines choses n’en avaient pas était aussi tout à fait connu… Des choses comme, par exemple, la statue de pierre qui avait pris la place du membre de Némésis. Celui-ci s’était décalé de quelques pas, en continuant de lire son bouquin, en attendant que Kabuto tombe dans son piège.

Le claquement caractéristique du livre qu’on referme d’un coup se fit entendre. Après l’avoir rangé, Thosvorn s’agenouilla, fit le mudra du serpent, et posa la main à terre. Un tremblement de terre s’ensuivit, alors qu’une onde de choc se diffusait dans le sol, et frappa le ninja médecin qui fut propulsé vers le haut, et fut rejeté hors de terre. Il se releva en essuyant le sang qui s’était échappé de sa bouche. Le ninja du tourbillon attendit qu’il se relève en dégainant une de ses petites épées. Il la fit tournoyer dans sa main, et la pointa vers l’homme aux lunettes. Il ne dit pas un mot, mais le léger sourire qu’il avait sur les lèvres parla pour lui. Ce sourire disait que le jeune homme était sur de sa victoire. Du chakra Raiton se concentra dans la lame, et s’allongea pour atteindre une certaine longueur

Kabuto fit un bond en arrière. Il ne se souvenait pas vraiment des capacités de celui qu’il affrontait, mais ses souvenirs en ce qui concernaient Sasuke étaient eux particulièrement vivaces, et il savait que l’élève de son maître utilisait le même genre de technique avec son sabre. Mieux, il l’avait vu à l’œuvre, et avait prévu, juste au cas où, une tactique de combat pour la contrer. Car, si une longue épée était très pratique pour atteindre des ennemis à distance, ou lors de larges mouvements, elle était néanmoins un handicap au combat rapproché. Sortant un kunai à lame courbée, il se précipita sur Thosvorn qui réagit en sortant, de sa main libre, une autre de ses épées courtes qu’il imprégna de chakra de vent. Il eut à peine le temps d’utiliser le plat de la lame pour parer le kunai qui filait vers sa jugulaire. Les deux hommes se défièrent du regard quelques secondes, les yeux verts du shinobi du tourbillon rencontrant ceux, noirs, de son adversaire.

Le jeune homme fut comme englouti par la terre en une seconde, rompant tout contact avec le subordonné du sannin déserteur, et faisant presque perdre l’équilibre à celui-ci. Il fut surpris, surpris que son adversaire ait pu utiliser un jutsu Doton aussi soudainement en utilisant déjà, et en même temps, des techniques Futon et Raiton. Il n’eut pas le temps de s’émerveiller plus que ça sur les capacités de Thosvorn puisque ce dernier ressortit du sol derrière lui, et l’envoya à terre d’un coup de pied dans le dos.

-Pour quelqu’un à qui j’ai largement laissé le temps de mettre en place une stratégie, tu n’es pas très efficace, railla Thosvorn. Orochimaru devrait mieux choisir ses bras droits… Suis-je bête, ce vieux serpent a deux mains gauches… Ah mais non, c’est un serpent, il n’a pas de bras.

Le ninja du tourbillon pouffa à son propre calembour, et jeta un regard à son adversaire qui ne se relevait pas. Son humour, qu’il jugeait ravageur, était un des seuls moyens dont disposait le ninja aux yeux verts pour faire sortir Kabuto de ses gonds. Mais être resté pendant des années au service d’un hybride mi-homme mi-serpent avait du le rendre un peu indifférent aux moqueries… De toute façon, de ce qu’en savait le membre de Némésis, et il en savait long à ce sujet, les gens narquois résistaient à ses provocations. Il marmonna quelque chose, et s’approcha de son ennemi, qui restait à terre.

Arrivé à son niveau, il s’agenouilla et lui planta l’une de ses courtes lames dans le bras, s’attendant à une réaction. Il n’y en eut aucune. Le membre de Némésis haussa un sourcil, et posa la main au cou pour sentir son pouls… Il ne sentit pas le battement. Clignant les yeux d’incompréhension, il se releva lentement. Bien qu’il en donnât souvent l’air, Thosvorn n’était pas idiot, du moins pas au point de croire qu’il avait réussi à tuer un ninja d’un tel niveau en le poussant à terre. Il se rappela soudainement du parchemin qu’avait tenu le subordonné du Serpent juste avant que leur échange de coup commence. Très rapidement, il saisit la tête du corps étendu devant lui, et passa un doigt sous l’oreille. Il sentit automatiquement une aspérité minime, mais présente : la marque d’une chirurgie.

La main de Kabuto jaillit de terre, et toucha le ninja du tourbillon dans le dos, en plein milieu de la colonne vertébrale, tranchant net cette dernière. Le ninja aux yeux vert brillant d’intelligence s’écroula sur lui-même, paralysé. Le shinobi aux lunettes émergea complètement du sol, et remit ses verres en place avec le majeur. Son ennemi ne pourrait se relever d’une telle blessure. Il ne lui restait donc plus qu’à l’achever et à prendre son corps pour remplacer celui qu’il avait utilisé. Mieux valait remplacer les corps utilisés par des corps neufs, c’était bien plus pratique. Kunai à la main, il se prépara à éliminer le ninja du tourbillon… Celui-ci fit alors quelque chose qu’il n’aurait pas du être capable de faire, dans tous les sens du terme. Il leva ses deux mains et posa ses deux paumes l’une contre l’autre.

Une trainée de chakra se répandit sous son corps pour dessiner un étrange symbole. Un glyphe abscond que le subordonné d’Orochimaru n’avait jamais vu. Instinctivement, il recula d’un pas, alors qu’une lumineuse lumière dorée s’échappait du symbole et enveloppa Thosvorn. Ce dernier fut alors soulevé dans les airs pendant quelques secondes alors que la lumière devenait de plus en plus étincelante, obligeant Kabuto à se mettre la main devant les yeux pour ne pas être ébloui. Dans une détonation, la clarté se dissipa, révélant un Thosvorn debout et complètement rétabli de sa blessure, mais qui avait l’air passablement… gêné, comme s’il avait fait quelque chose qu’il n’aurait pas dû faire.

Kabuto Yakushi se lança aussitôt à l’attaque… de front. Trop surpris par ce qu’il venait de voir, il n’avait pas pu garder la tête froide, et même s’il avait réussi, cela ne lu aurait de toute façon servi à rien, puisqu’il venait d’avoir la preuve que malgré sa stratégie, son ennemi pouvait soigner ses blessures aussi graves fussent-elles. Ledit ennemi para le coup, et tenta d’atteindre le cou de son adversaire avec l’une de ses lames. Il y parvint, mais au moment où il aurait du donner le coup final, il s’arrêta net, et rompit le contact. Après avoir mis quelques mètres de distance entre lui et le sous-fifre du sannin, son regard rencontra celui étonné de son adversaire. Ce dernier se demandait, à juste titre, pour quelle raison le membre de Némésis l’avait épargné.

Le shinobi du tourbillon tritura l’une de ses épées, visiblement très mal à l’aise. Etait-ce à cause d’un manque de chakra ? Son étrange technique de tout à l’heure avait l’air assez puissante pour demander une quantité faramineuse d’énergie, pourtant pas une goutte de sueur perlait à son front. Soudainement, le malaise sembla le quitter alors qu’une petite lueur s’alluma dans ses yeux. Un grand sourire aux lèvres, il pointa du doigt son adversaire, avec un air très satisfait de lui.

-Mon genjutsu t’a complètement bluffé, minable.

-…

-Oui, reste muet de terreur face au grand Thosvorn, continua l’adolescent d’un ton crâneur.

-Ce n’était pas du genjutsu, révéla Kabuto. Mon flux de chakra n’était pas perturbé, et surtout, si c’en avait été un, tu aurais du le lancer avant que je t’atteigne à la colonne. Et si tu avais fait ça…

-Je t’aurais attaqué plutôt que de me vanter, compléta le ninja du tourbillon semblant comprendre la logique de l’action. Tu as raison.

Le sourire narquois de Kabuto fut la seule réponse de ce dernier. Il savait qu’il n’y avait pas eu la moindre illusion. Le membre de Némésis opina du chef. Ca ne lui servait pas à grand-chose de le nier. Il s’en voulait d’avoir usé de la technique qui l’avait sauvé. C’était la preuve de son arrogance, et surtout, c’était de la triche. Même si on disait que, dans un affrontement, tous les coups étaient permis, le shinobi vêtu de noir avait cependant un certain sens de l’honneur et il s’était juré de ne pas faire appel à certaines forces qui n’avait pas leur place ici. Son adversaire avait gagné l’affrontement, et il ne pouvait pas le tuer sans perdre la face. Il était sur que Yomika et Thosbald savaient déjà qu’il avait exécuté ce qu’il ne devait en aucun cas utiliser… Il était trop tôt, bien trop tôt pour cela.

-Arrêtons-nous là, proposa-t-il. Je ne me sens plus le droit de t’éliminer.

Kabuto n’en crut pas ses oreilles. Son ennemi, qui ne semblait pas plus fort que lui, tenait un discours qui semblait faire état de sa supériorité. Le ninja aux lunettes grinça des dents, et concentra davantage de chakra dans sa paume. Le scalpel d’énergie ainsi formé s’allongea, et le subordonné du Serpent se prépara à sauter. Cette fois-ci, il atteindrait directement le cœur, ce qui entrainerait une mort immédiate. Il ne laisserait pas le temps une nouvelle fois à Thosvorn de lancer un jutsu bizarre. Le ninja du tourbillon, fébrile, vit arriver vers lui son ennemi. Lassé du combat, il n’avait plus envie d’affronter qui que ce soit, il avait juste envie de lire son livre préféré en buvant une tasse de thé. Il n’eut pas le temps de réagir, et le scalpel de chakra l’atteignit à l’endroit voulu. Ses organes furent lacérés, sans plus de jugement.

Le membre de Némésis ne sembla pas comprendre ce qui lui était arrivé, et il s’écroula par terre. Le subordonné d’Orochimaru exulta, mais prit tout de même le parti de vérifier si le jeune homme aux yeux vert brillant d’intelligence était mort. Il appuya sa main à l’emplacement du cœur, et fut surpris. Cet étonnement était du au fait que l’organe battait encore. Dans sa hâte, le ninja médecin avait visé quelques millimètres trop bas, ne tuant pas sur le coup son adversaire. Aussitôt, avant de l’achever, Kabuto trancha les muscles des bras de Thosvorn, lui interdisant l’utilisation de ses mains. Il ne restait plus qu’à porter un coup à la carotide et tout serait fini.

-Eloigne-toi de mon frère, ou je te tue, fit Thosbald en apparaissant soudainement à sa gauche.

Le triplé de Thosvorn avait couru comme un dératé pour être sur d’arriver à temps pour le sauver. Et force était d’admettre qu’il avait réussi. L’une de ses lames était pointée sur le ninja aux lunettes, qui eut un sourire narquois, et recula. Il avait accompli le rôle en éliminant son adversaire. Il ne lui restait donc plus qu’à aller apporter son soutien à son maître. Il commença dès lors à s’évaporer littéralement. Il prit néanmoins le temps d’adresser la parole au nouvel arrivant.

-Ne perd pas ton temps à sauver ton frère, dit-il. Il est trop tard pour lui.

Ces derniers mots prononcés, il disparut sous les yeux de Thosbald qui se désintéressa de lui pour se précipiter vers son frère. Il porta la main au niveau du cœur pour remarquer que le battement était assuré. Trop assuré au vu de l’état du blessé. Ce fut alors que le ninja du tourbillon, tout de blanc vêtu, comprit et qu’il enfonça sa lame dans la tête de Thosvorn, qui se changea en pierre. Quelques secondes plus tard, le véritable émergea du sol, l’air penaud. Les deux frères échangèrent un regard complice.

-Un clone élémentaire de troisième niveau, fit le triplé vêtu de blanc. J’aurais du m’en douter. Tu répugnais à tuer ce type.

-J’ai dépassé l’interdit avec la technique de tout à l’heure… Mais, comme je ne suis pas censé… Enfin, bref, tu me comprends.

-Oh, personnellement, je suis d’accord avec toi. Le masque ne doit pas tombé. Pas encore, je veux dire.

-Tout à fait, frérot, tout à fait… fit le triplé vêtu de noir en soupirant.

Quelque peu fatigué, il bailla et il fit jaillir de terre un banc pour s’asseoir dessus. Après quoi, il sortit son cher livre, et commença à lire, sous les yeux de Thosbald qui secoua la tête d’un air découragé, tout en ne pouvant s’empêcher de sourire.


***

Fuu et le clone de la mystérieuse femme masquée qui avait accompagnée Akuma se toisaient mutuellement. Elles marchaient toutes deux, en un cercle, ne réduisant jamais la distance entre elles. La jinchuriki de Shishibi ne savait pas à quoi s’attendre de son ennemi. Elle savait qu’elle vaincrait… N’affrontait-elle pas une simple copie ? Une copie dont la force devait varier entre le vingtième et la moitié de la puissance originelle de l’exécutrice de la technique. La kunoichi de Taki s’était d’abord sentie horriblement sous-estimée quand elle avait constaté que la mystérieuse femme ne lui envoyait qu’un simple et unique clone pour la stopper…

Le premier sentiment passé, la colère avait prédominé dans la palette d’émotion dont disposait la jeune femme. Ses yeux orange jetaient des éclairs, et si ses cheveux verts avaient été assez longs, ils auraient probablement volé au vent dégagé par son aura grandissante. Fuu était une personne très arrogante. Alors que les jinchurikis qui étaient haïs et méprisés développaient la misanthropie comme l’avaient autrefois fait Gaara, ou encore Utakata, même si le cas de ce dernier était quelque peu spécial, la porteuse du démon à sept queues, pour sa part, avait développé un égo surdimensionné. A force de s’entendre dire qu’elle possédait un démon en elle et toute la puissance qui en découlait, elle portait un regard supérieur sur la plupart des choses qui l’entourait.

Kageshiro, son maître, avait d’ailleurs eu le plus grand mal à asseoir son autorité quand il fut nommé son maître. Il n’avait du sa réussite sur ce point qu’à la présence des deux jumelles, les sœurs adoptives de Fuu, qui étaient parmi les seules personnes que cette dernière ne méprisait pas. Lui-même avait réussi à se faire respecter… au bout d’un certain temps.

Mais cette supériorité que la réceptacle jugeait acquise avait été sérieusement remise en question lors d’un évènement qui avait influencé de manière déterminante son destin, à savoir l’arrivée dans le village des cascades trois jeunes garçons qu’elle avait considérée en ces termes : un blondinet à l’air excité avec un projet particulièrement improbable en tête, un rouquin aux yeux cerclés de noir qui commandait au sable, et une espèce de limace lubrique toujours plongé dans un livre écrit par un pervers pour les pervers. Ce dernier l’avait affrontée, et même, elle détestait ce souvenir, l’avait vaincue. Cela lui avait fait un véritable choc. Elle savait, certes, qu’il existait des ninjas bien plus forts qu’elle, des shinobis qui étaient plus âgés et plus expérimentés qu’elle, et qui, de ce fait, avaient une chance de la battre. Mais qu’un individu de son âge, inconnu de tous, puisse sortir de nulle part, et la vaincre, elle ne l’aurait jamais envisagée, ou tout du moins, ne l’aurait vu que comme « une aberration inacceptable ».

C’était, en vérité, pour pouvoir, tôt ou tard, prendre sa revanche qu’elle avait finalement décidée de suivre le groupe. Bien évidemment, officiellement, c’était pour protéger son cher village de la menace que constituait Akatsuki, mais, malgré la défaite qu’elle avait subie face à Thosvorn, elle s’estimait alors assez forte pour résister à ladite menace… Elle se trompait… Elle n’avait encore aucune idée de la puissance dont disposaient les membres chasseurs de jinchuriki.

Depuis qu’elle avait rejoint le groupe, elle avait alors vu que ses capacités, même si ces dernières étaient exceptionnelles, étaient dérisoires par rapport à celles de ses pairs. Roshi, Han, Yagura, Utakata,Yugito, Bee… Elle se sentait bien plus faible qu’eux… Et les deux années d’entrainement qu’elle avait passé n’avaient, lui semblait-il, pas réduit cet écart. Depuis la réunion de Némésis, elle n’avait pas remporté un combat. Que ce fut à Kusa où elle avait été éjectée de la tour, ou face à Sasori, où elle avait été assommée, elle n’avait finalement été qu’un véritable boulet pour les autres. Tout cela lui était insupportable, car au final, elle ne pouvait pas adopter un caractère plus humble, et si cela continuait ainsi, elle finirait fatalement par passer pour une orgueilleuse à qui on ne peut pas faire confiance.

Pour ces raisons, elle avait attendu avec une certaine impatience l’affrontement pour pouvoir enfin revenir au score, si l’on peut dire. Et voilà que son adversaire prévue se contentait d’un clone… Les ailes qu’elle avait créées à l’aide de son chakra battirent furieusement l’air, déclenchant une bourrasque qui se dirigea droit sur ledit clone. Celui-ci fit un mouvement transversal de la main. Une lame de vent en jaillit, trancha en deux la bourrasque et manqua d’atteindre Fuu qui l’esquiva de justesse.

La capacité de vol qu’elle avait acquise grâce à Shishibi était très pratique, mais elle la rendait particulièrement vulnérable aux techniques de vent… C’était pour cette raison que la kunoichi avait appris à utiliser l’élément parfait contre les adeptes du Futon. Elle fit quelques mudras, et termina sa série par le signe du tigre.

-Katon, le souffle de la salamandre !

Une langue de feu s’échappa de la bouche de la jeune fille, et se dirigea, rougeoyante, vers le clone qui sauta dans les airs. Fuu sourit. Dans cette position, son adversaire ne pourrait pas esquiver le jutsu qui allait suivre.

-Katon, la spirale incandescente !

Le souffle de feu que lança la kunoichi aux cheveux couleur émeraude ne suivit pas une ligne droite, mais se mit à tournoyer pour coller au mieux à son nom. Cette technique avait une portée assez large pour pouvoir toucher tout ce qui se trouvait dans un rayon de dix mètres. Le clone joignit les mains, et souffla vers le sol. Il prit aussitôt plus de hauteur, propulsé par l’air qu’il avait expiré. La porteuse du démon à sept queues ne se formalisa pas d’avoir raté son coup. Elle savait que son ennemi ne pourrait pas éternellement rester en l’air, et au moment où ce dernier retomberait, elle pourrait profiter de sa vulnérabilité.

Elle pensa d’abord à l’attaquer avec une autre technique Katon. Cela aurait pu fonctionner, mais Fuu était assez intelligente pour savoir qu’elle n’avait pas besoin de gâcher du chakra dans des techniques élémentaires, même si elle disposait d’une réserve d’énergie plus que satisfaisante. Grâce à ses ailes, elle pouvait évoluer dans les airs comme bon lui semblait, et il ne lui faudrait sans doute pas longtemps pour atteindre son adversaire au corps à corps et, à ce moment, comme elle affrontait un clone, le combat serait terminé au premier coup donné. Un sourire se dessina sur le visage de la jinchuriki, alors que le chakra qui alimentait les deux ailes de chakra s’accrut. Les ailes se subdivisèrent alors et passèrent au nombre de quatre.

Là était la principale différence entre la gangue de chakra de Shishibi et des huit autres bijuus. Alors que ces derniers dotaient leur possesseur respectif d’un moyen de protection chaque fois différent, la défense de sable d’Ichibi ou la visquosité de Rokubi étant de bons exemples, le démon à sept queues fournissait, à la place, dans un premier temps des ailes de chakra, pouvant atteindre le nombre de six, qui ouvrait au jinchuriki, dans le cas présent à Fuu, la voie des airs… Et puis, dans un second temps, il fournissait une autre capacité d’une utilité qui n’était plus à prouver.

Mais pour l’heure, seule la vitesse que lui fournissaient les appendices de chakra importait à la kunoichi de Taki. Elle alla très vite, et n’eut aucun mal à atteindre son adversaire. Ce dernier avait recommencé à chuter, et avait commencé à composer une longue série de mudras. Le clone tendit sa main devant lui en direction du membre de Némésis, et sembla contracter ses muscles… Aussitôt, Fuu pila net et stoppa son mouvement, mais cela n’était pas volontaire. Une multitude de fils de chakra avait jailli de la paume du clone de la femme qui avait accompagné Akuma, et avait entouré la réceptacle de manière à ce qu’elle ne puisse plus bouger, et pourtant, ce n’était pas faute d’essayer. Fuu se débattait, car elle avait bien compris que cette immobilisation n’était que la première étape du plan qui consistait à lui envoyer la technique pour laquelle le clone avait exécuté des signes.

-Futon, la naissance de Shina-Tsu-Hiko !

Fuu frémit en entendant cela. Shina-Tsu-Hiko était le dieu du vent, issu du souffle du dieu Izanagi, et quand son nom était associé à une technique, cela n’augurait généralement rien de bon. D’autant que la jinchuriki connaissait de nom ce jutsu. De tous ceux appartenant au répertoire du vent, il était réputé pour être l’un des puissants… Elle n’aurait jamais imaginé croiser quelqu’un le connaissant. D’ailleurs, elle ne savait même pas que quelqu’un pouvait l’utiliser, tant la maitrise du Futon qu’il fallait était avancée.

La vérité s’imposa à la jeune fille. Si elle ne s’échappait pas, elle y passait à coup sur, et elle devait trouver au plus vite une solution Au-dessus du clone, une gigantesque créature à forme humanoïde apparut, entièrement constitué de chakra Futon. Ladite créature émit une sorte de sifflement, et sa bouche s’ouvrit en grand… De cette gueule béante jaillit un souffle très violent qui, au fur et à mesure qu’il se rapprochait de la jeune, prenait la forme d’un grand guerrier, au visage complètement brouillé, le rendant plus terrifiant encore, chevauchant un nuage et brandissant une lourde épée presque aussi grande que lui.

‘’VITE, FUU, LAISSE-MOI LE CONTRÔLE’’ beugla Shishibi. ‘’SI TU ME PASSES TON CORPS, JE POURRAIS…’’

‘’Pas question’’ l’interrompit aussi sec la kunoichi.

‘’IL LE FAUT CAR SINON…’

‘’Oublie, je ne suis pas assez stupide pour prendre le risque’’

‘’TU ES COMPLETEMENT MALADE OU QUOI ? A TON AVIS, TU RISQUES QUOI SI JE NE T’AIDE PAS ? LA MORT… OUI, LA MORT’’

‘’Rappelle-moi, Shishi-kun. Toi, tu ne peux pas mourir ?’’

‘’EXACT…JE TE L’AI DEJA DIT, SI JE NE M’ABU…’’

‘’Tu ne peux pas mourir, donc que je meure ou pas, t’en as rien à faire. Conclusion : tu me laisses tranquille, et tu viens plus me déranger avant que je t’ai sonné’’

Après ce bref échange de parole, Fuu coupa tout dialogue qu’elle aurait pu avoir avec son démon, et tenta d’utiliser les quelques quatre à cinq secondes qui lui restaient avant l’impact. Un ninja normal n’aurait bien évidemment pas pu esquiver l’attaque, cependant elle n’était un shinobi normal… Mais dans la situation présente, son anormalité ne lui servit absolument à rien, et le guerrier de vent arriva à sa hauteur. Aussitôt, les vents se levèrent autour du membre de Némésis, et elle reçut à bout portant une décharge d’air comprimé qui l’envoya avec une violence extrême vers le sol. Elle était dans l’incapacité de se rétablir, car ses ailes de chakra avait été tranchées net par le vent. Mais… Elle fut sauvée. A sa grande surprise, elle sentit sous ailes se constituer petit à petit une sorte de coussin… de sable.

Gaara se tenait sur un socle flottant de verre, et avait l’air globalement indemne, à ceci près que ses deux yeux étaient bandés par du tissu noir. Fuu se mordit la lèvre. Comment le possesseur d’Ichibi avait-il pu être blessé ? Car, pour elle, seule une blessure pouvait justifier le fait que le ninja du sable cachait ses organes oculaires. Ce dernier s’était approché discrètement du lieu de l’affrontement, et était intervenu au moment propice, un comportement normal pour l’ancien ninja de Suna qui ressentait certains sentiments envers la jeune fille aux cheveux verts, mais plutôt étonnant quand on savait que c’était Shukaku qui était aux commandes du corps.

Le bijuu à une queue, si ça n’avait tenu qu’à lui, aurait probablement décidé de laisser la jeune fille se débrouiller sans lui. Mais, il se trouvait avec Bee, Yugito et Utakata, qui s’étaient retrouvés en allant vers le même endroit, c'est-à-dire le pont de la terre et du ciel, et les trois jinchurikis auraient trouvé étrange que Gaara n’intervienne pas pour sauver Fuu. Contraint d’agir pour ne pas se faire démasquer par ses pairs, Ichibi avait agi en conséquence. Ses compagnons, ou plutôt ceux de son hôte, étaient juste en dessous de lui, et commençaient déjà à se préparer. L’être élémentaire, incarnation de la divinité des Vents, dépourvu de sentiment, s’était dirigé vers le nouvel arrivant. Ce dernier fit quelques mudras, et cracha une simple boule de feu. Dans son orgueil de démon, le tanuki malfaisant avait cru que la supériorité que possédait le Katon sur le Futon, d’autant plus qu’il s’agissait de son Katon à lui, ferait tout le travail. Mais si cette supériorité était incontestée quand les techniques étaient de niveau équivalent, elle ne servait à rien dans le cas de techniques de puissances trop différentes. Et pour rivaliser avec le « La naissance de Shina-Tsu-Hiko », il fallait au moins à faire appel à son équivalent dans le répertoire Katon, à savoir « La naissance de Kagutsuchi », où un avatar enflammé apparaissait, jaillissant du ventre d’une femme, tel le dieu du feu, Kagutsuchi, consumant sa mère, Izanami, en venant au monde.

La boule de feu fut balayée par le guerrier de vent, et s’approcha du jeune garçon. Ce fut alors qu’il fut stoppé. Un feu, bleu foncé, plus puissant encore que le vent dont était constitué l’être élémentaire avait jailli soudainement, telle une longue queue et l’avait enserré. Le guerrier n’eut pas le temps de se débattre car il se fit broyer entre les deux pattes, constituées de feu bleuté, d’un énorme chat à deux queues… Le NIbi. Yugito avait réussi à se transformer suffisamment rapidement pour arrêter le combattant de Futon. Elle bondit sur le clone, qui avait commencé à retomber au sol, de la mystérieuse femme et l’attrapa dans une de ses pattes avant que celui-ci ait pu faire quoi que ce soit.

Après quoi, Yugito reprit sa forme originelle, laissant à Bee le soin d’emprisonner le clone à l’aide d’un tentacule. Gaarichibi redescendit en ramenant Fuu grâce à son sable, et les cinq porteurs de démons entourèrent le clone. La kunoichi de Taki fit d’ailleurs part de ce détail à ses compagnons.

-Un clone ? fit Yugito. Un simple clone peut utiliser une technique aussi puissante que « La naissance de Shina-Tsu-Hiko » ?

-J’ai utilisé la totalité du chakra que l’original m’a donné, et je vais disparaître d’un instant à l’autre, renseigna le clone. Mais peu importe, je dois vous remercier… Vous m’avez appris que vous avez déserté, jinchuriki de Kumo. C’est une information…. Très précieuse.

Bee et Yugito restèrent silencieux. Tous deux ayant été remplacés par leurs clones spéciaux, la nouvelle de leur désertion restait un secret bien gardé, et ils n’avaient pas prévu de tomber sur un clone qui ne tarderait pas à apporter l’information à l’original. C’était donc de la place de celui-ci dans la hiérarchie shinobi qui déterminerait la conséquence de la révélation.

-Alors, qui es-tu ? fit Utakata, abruptement, ayant fait ce raisonnement dans sa tête.

-Je suis le vent qui parcoure le village, je suis la tempête qui repousse l’assaillant, je suis la brise qui efface la chaleur… Demandez donc au petit Gaara. Il vous répondra.

Sur ces mots, le peu de chakra qui restait dans le double disparut, et ce dernier retourna à son créateur. Tous se tournèrent vers le porteur d’Ichibi pour qu’il donne les informations qu’il était censé détenir. Ils ignoraient tous qu’à l’intérieur l’adolescent aux yeux cerclés de noir était atteint de félicité suprême.

‘’Maintenant, Shukaku, dis-moi comment tu vas faire pour répondre’’ fit-il ‘’Tu n’as pas la même voix. On va découvrir que tu m’as pris mon corps, et…’’

‘’ET RIEN DU TOUT. ADMIRE LE TRAVAIL’’

-Bon, tu te décides à répondre, foutu gosse ? demanda Utakata, exaspéré par le silence de son camarade.

-Cette phrase, fit Ichibi à travers la bouche de Gaara et, à la grande horreur de ce dernier, avec sa voix, était répété par… mon père.

‘’Mais… la voix grave de tout à l’heure’’ balbutia le réceptacle. ‘’Quand tu me parlais à moi, elle était beaucoup plus sourde’’

‘’PITIE, JE SUIS UN BIJUU, J’AI DES POUVOIRS QUE TU N’IMAGINES MEME PAS. MODIFIER MA VOIX QUAND JE PARLE PAR TA BOUCHE, C’EST D’UNE FACILITE DECONCERTANTE’’

‘’Effectivement, je suis déconcerté ’’railla Gaara.

‘’GWAHAHAHAHA, TU AURAIS DU T’INTERESSER UN PEU PLUS A MES CAPACITES PLUTÔT QUE COURIR APRES CETTE GAMINE OU EST ENFERME NANABI’’

‘Shishibi’’

‘’C’EST LA MÊME CHOSE. VIENS PAS PINAILLER SUR DES DETAILS’’

Ce qu’avait dit Ichibi n’avait pas été bien accueilli. Tous savaient qui était le paternel de son porteur. Fuu serra le poing avant de rediriger son attention vers les yeux bandés de Gaara. Elle leva sa main pour enlever le tissu mais son poignet fut attrapé par la main de l’adolescent aux yeux cerclés de noirs. Celui-ci avait eu juste le temps de réagir. Si le bandana noir tombait, tous verraient les pupilles couleur sable de Shukaku au lieu de celles vert pâle du ninja du sable, et il ne faudrait pas longtemps pour que Hachibi, ou Nibi, voire les deux ensembles, l’obligent à redonner sa liberté corporelle à son hôte.

-Une légère blessure entre les deux yeux, souffla le bijuu. Ca va cicatriser mais c’est un peu disgracieux donc… je cache.

Fuu haussa un sourcil. Elle savait que Gaara avait relativement peu d’affinité avec l’esthétisme, et qu’il se fichait bien de son apparence. Cela lui parut donc étrange qu’il se préoccupe de cacher une blessure. Elle resta cependant silencieuse et n’insista pas, décidant de faire part de cela à ses compagnons quand le ninja du sable aurait le dos tourné. Ce fut à ce moment qu’Utakata hurla de rage.

-Bon sang, fit-il. On s’est fait avoir comme une bande d’imbécile.

-Tant de passion dans ta colère, tant de tension dans l’air, intervint Bee. Notre secret est révélé, nous serons pourchassés par des ninjas zélés, qui veulent nous effacer.

-En effet, si cette femme a dit la vérité, et qu’elle est ce qu’elle a déclaré être, nous nous dirigeons vers des ennuis de taille, statua Yugito d’une voix morne.

-A moins… fit Fuu. A moins que Han, que l’original a poursuivi, réussisse à l’éliminer.

Son regard alla se perdre en direction du gouffre, à l’instar de ceux des autres jinchurikis qui l’entouraient. Puis, elle se retourna brusquement vers eux, et mit ses poings sur ses hanches, ses yeux lançant des éclairs.

-Maintenant, dites-moi. Qu’est-ce qui vous a autorisé à interférer dans MON combat ?

Un léger silence s’ensuivit avant qu’Utakata ne fasse remarquer que sans eux, Fuu serait déjà morte. La porteuse de Shishibi s’empourpra, et murmura quelque chose que seul le détenteur de Rokubi entendit, et qui sembla lui déplaire fortement puisque ces yeux se plissèrent jusqu’à ce qu’il ne soit plus que deux fentes. Les deux jinchurikis se défièrent du regard pendant que les trois autres les regardaient silencieusement, ne voulant pas intervenir, sachant que cela ne ferait qu’accélérer l’arrivée de l’inéluctable dispute…





J'espère que ça vous a plu.

A la prochaine fois.

Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: