Fiction: Les possesseurs

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Naruto 37 : L’héritier et le banni.

Enormément de jeunes shinobis rêvaient d’atteindre un jour le rang envié de Jonin, sans s’imaginer ce qu’il impliquait. Pour ces enfants dont l’esprit était rempli de récits d’aventures, ce grade était le signe ostentatoire qu’on faisait partie de l’élite, et qu’on était reconnu… Et il était tellement plus accessible que le statut de chef de village, qui n’était décerné qu’à un seul ninja qui pouvait alors le rester pendant des décennies entières. C’était pourquoi devenir un ninja de rang supérieur était la volonté première de beaucoup de genins inexpérimentés… Et cela, c’était quelque chose que Kageshiro détestait.

Kageshiro Mukai était un jonin, malgré son âge. Il avait quatorze ans, et était le plus jeune membre de Némésis… Pour avoir atteint ce stade de la hiérarchie, il pouvait dire que ce n’était pas du tout pareil à l’idée qu’on s’en faisait. Peut-être était-ce du au fait qu’il était plus jeune encore quand il l’avait atteint, mais il n’avait pas reçu le respect auquel il s’attendait. Partout de l’admiration, certes, tout le monde était impressionné par ses dons, mais tous ses pairs étaient plus vieux que lui, et ne voyaient encore qu’un gamin en lui. Il fallait dire qu’il était né dans une génération qui n’avait rien connu de la guerre, période qui avait été la plus difficile pour les petits villages ninjas comme Taki ou Kusa… et donc sa génération était considérée comme encore trop verte et pas assez endurcie.

Malgré cela, il avait réussi à se faire une place. Le chef de son village, Horyu, lui avait fait confiance en faisant de lui le maitre de ses trois filles… Les deux jumelles, et Fuu… Fuu, la jinchuriki de Shishibi : la seule porteuse de démon qui ne faisait pas partie d’un des cinq grands villages. Une jeune fille intrépide, talentueuse, et avec un sacré caractère. Kageshiro avait eu énormément de mal avec elle d’ailleurs. Il était plus jeune qu’elle et ça n’avait pas aidé pour asseoir son autorité. Petit à petit, il avait pourtant réussi, et elle le considérait en tant que tel aujourd’hui… Et c’était en cet honneur qu’il l’avait accompagnée quand elle avait rejoint le groupuscule qui allait devenir Némésis un peu plus tard.

Pourtant, le jeune shinobi de Taki ne se sentait pas à sa place dans cette organisation. Il était entouré de ninjas exceptionnellement puissants. Que ce soit un ancien dictateur, un vétéran de guerre ou encore un rappeur invétéré, il y avait toutes sortes de puissants combattants… Et lui faisait pâle figure par rapport à eux. Certes, il était plus puissant que certains membres de l’organisation, du moins le pensait-il, mais il n’avait pas la même marge de progression, et surtout, il ne disposait pas de la même volonté de mener un combat sans merci contre des ennemis qui n’avaient rien à envier aux plus forts de Némésis… C’était pour cette raison qu’en l’instant actuel, alors qu’il se trouvait avec Killer Bee, le jinchuriki parfait du démon à huit queues, face à un membre d’Akatsuki, dont le regard lui faisait froid dans le dos, il ne pensait plus qu’à s’enfuir. Son épée sans lame tremblait légèrement, et sa respiration s’était accélérée par rapport à d’habitude. Il savait qu’il n’était pas de taille, et que s’il se battait, il mourrait sans doute.

L’homme qui se trouvait à ses cotés était un grand basané aux cheveux blonds avec des lunettes de soleil. Il portait à son front le bandeau de Kumo, et portait la tenue des jonins de ce village. Malgré son départ de son lieu de naissance, Killer Bee n’avait pas désiré changer de tenue. Le jinchuriki parfait d’Hachibi sentit le stress s’emparer de son jeune camarade, et avec un grand sourire, il lui donna une tape amicale dans le dos… Un peu trop fortement peut-être, puisque Kageshiro manqua d’être jeté à terre.

-Je me charge de cet homme, même s’il semble dur comme la pierre, fit Bee. C’est pour ma pomme, alors reste en arrière.

Le jeune ninja de Taki le regarda, et souffla de soulagement. Les shinobis avaient le devoir de bloquer toutes leurs émotions, sous peine de risquer de ne pas atteindre leurs objectifs… Cependant, le contrôle de soi-même avait des limites, et celui du maître de Fuu avait atteint les siennes. L’adolescent recula donc d’un bond, et se mit à l’écart des deux adversaires qui se faisaient face. Etonnamment, le ninja d’Akatsuki n’avait absolument rien fait. Il ne les avait pas attaqué pendant qu’ils parlaient…Non, à la place, il avait sorti d’une des poches intérieurs du manteau aux couleurs de son organisation un livre. Pas n’importe quel livre, car il s’agissait du fameux Bingo Book, celui-là même qui contenait les informations, et surtout les primes, des ninjas réputés des différents villages. L’homme à la mallette noire parcourut quelques pages avant de s’arrêter devant l’une d’elle.

-Vingt-cinq millions de ryos pour toi, Kageshiro Mukai, fit-il en montrant une page où il y avait une photo de l’adolescent avant de chercher une autre page. Et trois cents cinquante millions de ryos pour toi, Killer Bee. Vos cadavres me rapporteront beaucoup d’argent.

-Tu veux nous tuer pour mon bijuu et du fric ? demanda Bee. Mais, mon cher petit sapajou, il y a un hic.

Le ninja d’Akatsuki ne répondit pas, et recula de quelques pas pour déposer sa mallette dans un coin. Puis il reporta son attention sur le ninja rappeur, en faisant craquer ses jointures pendant que Bee, lui, dégainait l’une de ses épées. Les deux ninjas restèrent sans voix quelques secondes avant que la gangue d’Hachibi ne recouvre complètement Bee. Il n’en fallut pas tellement plus pour que les deux ennemis s’élancent l’un vers l’autre. Leurs deux poings se rencontrèrent violemment, celui du ninja de l’Akatsuki ayant pris une teinte marron. Une onde de choc se dégagea de la collision, et vint presque frapper Kageshiro qui la détourna en utilisant une lame de chakra. Le ninja de Taki sortit son Bingo Book personnel, car en tant que jonin, il en avait un, et se mit à tourner les pages nerveusement. Il avait le sentiment que le membre d’Akatsuki qui était un déserteur de son village ne lui était pas inconnu, et il cherchait à savoir où il l’avait déjà vu. Mais il ne trouva rien dans son livre de prime… Ce fut alors qu’il se rappela d’un médaillon qu’il avait autour du cou.

Aucun des deux shinobis qui s’affrontaient n’avait bronché face au choc. Ils étaient poing contre poing à se toiser mutuellement… Enfin, le ninja d’Akatsuki toisait Bee, mais vu que les yeux de ce dernier étaient cachés par ses lunettes de soleil, personne n’aurait pu dire ce que disait le regard du réceptacle. De son autre main, celle qui tenait son arme, il frappa. Mais son épée ne pénétra pas la chair qui aurait pourtant être déchirée… Bee comprit que la teinte marron que prenait le corps de son ennemi était probablement la cause de la dureté de son épiderme. Avec un sourire, il imprégna son arme de chakra raiton, et redonna un coup, que son adversaire voulut esquiver en sautant en arrière. Malheureusement pour lui, l’une de ses jambes avait été entourée par un tentacule, qui sortait du flanc de Bee. Alors, un battement se fit entendre… Et dans un craquement sinistre, une décharge de chakra futon jaillit de l’épaule du ninja d’Akatsuki, déchirant son manteau et réduisant l’épée qui fonçait dessus en miette. L’ancien ninja de Kumo regarda quelques secondes ce qui restait de son arme en relâchant son attention, et l’étreinte de son tentacule. Profitant de cet instant de faiblesse, le membre d’Akatsuki envoya son poing dans le plexus de Bee qui réussit à éviter en s’éloignant.

-Hun, hun, fit le ninja chasseur de jinchuriki. Cela faisait longtemps que je n’avais pas affronté un réceptacle d’Hachibi.

-Hachibi est en moi depuis trente ans, renseigna Bee. Et je ne t’ai jamais vu avant.

-On ne s’est jamais affronté… C’est d’un précédent jinchuriki dont je parle.

-Qui es-tu ? Un simple m’as-tu-vu ? En tout cas, tu dois être plutôt vieux… Mais tant mieux pour toi, tu dois faire des envieux.

-Je me nomme Kakuzu, répondit le ninja d’Akatsuki à la mallette. Et je…

Il fut interrompu dans sa phrase par Kageshiro qui arriva à coté de son camarade. Le jeune jonin de Taki faisait une drôle de tête… Comme s’il avait appris quelque chose d’incroyable. Il tenait à la main son Bingo Book d’une main tremblante. Il contempla le nommé Kakuzu, comme s’il essayait de reconnaître en lui quelqu’un qu’il connaissait. Pendant quelques secondes, il le regarda fixement, jusqu’à ce que l’observé lève sa main devant lui, en pointant le jeunot du doigt.

-Il n’est pas très poli de détailler un ainé ainsi, petit.

-Mais…Je…Tu …Vous… Etes Kakuzu.

-Il vient de le dire, ta mémoire empire, souligna Bee

-Incroyable, murmura le jonin de Taki. Juste incroyable. Vous êtes LE Kakuzu, enfin… c’est impossible, complètement impossible. Mais vous lui ressemblez comme deux gouttes d’eau.

Le ninja d’Akatsuki restait impassible en extérieur. Mais intérieurement, il se demandait pourquoi agissait ainsi ce jeune ninja. Etait-ce un piège ? Mais il ne sentait aucune animosité en ce garçon, et même, il sentait une sorte d’admiration qu’il n’arrivait pas à justifier …Jusqu’à ce qu’un vieux, un très vieux souvenir lui revienne en mémoire. Un souvenir qui datait de plusieurs décennies, d’une période révolue.

-Mukai, répéta-t-il plus pour lui-même que pour ses ennemis qui n’en étaient pas tant que ça.

-Oui, approuva Kageshiro. Vous vous en souvenez, non ? Du nom de l’un de vos meilleurs amis.

-Je ne comprends rien à cette affaire, intervint Killer Bee. Je ne voudrais pas paraître réfractaire, mais donne moi mon du en me disant qui est cet individu.

-Eh bien, c’est une longue histoire, révéla le jeune ninja de Taki. Il y a soixante-dix ans, quelques clans, trois exactement, s’allièrent pour sortirent d’un engrenage infernal, celui de l’insécurité et de l’instabilité géopolitique qui régnait à l’époque. Les chefs de ces trois clans se nommaient Mashiro Mukai, Kakuzu Kin’yoku et enfin Nusutto Natsubate. Le premier était… enfin, est, puisque, même s’il a quatre-vingt quinze ans, il est toujours vivant, mon arrière grand-père. Ces trois hommes firent d’abord un pacte de non-agression, avant d’évoluer bien vite vers l’établissement d’un lieu où ils pourraient tous cohabiter, et résister face aux autres clans, comme l’étaient les clans Uchiwa, Senju, Hasu, Jou ou encore Fuma. C’est ainsi que naquit le village caché des cascades, et comme tout village, il devait avoir un chef. Mon aïeul, qui n’avait pas la stature d’un dirigeant, laissa les deux autres se disputer le trône de premier chef de Taki. Tout le monde sait que Nusutto Natsubate voulut ce titre, mais ce qui est certain, c’est que ce fut finalement Kakuzu qui l’obtint, et c’était normal. Même s’il ne faisait pas partie d’un des plus grands clans ninjas, il était un shinobi d’exception. Il avait réussi à survivre à des affrontements qui l’avaient opposé à Hashirama Senju, ou même à Onwa Jou.

-Il a survécu au premier Hokage et au premier Raikage ? fit Bee.

-Exact, fit Kageshiro ravi d’avoir quelqu’un à qui dispenser son savoir sur la période précédant la création des villages. Et c’est bien pour ça qu’il fut nommé chef de Taki. Il avait le prestige qu’il fallait pour. Pendant près de dix ans, il tint sans mal les rênes du village, mais au bout d’un temps, des rumeurs commencèrent à se répandre dans le village. On disait que, motivé par sa propre avidité, il avait effectué des transactions avec des villages ennemis en échange de grandes quantités d’argent et d’artefacts. Mais Kakuzu négligea ces rumeurs qu’il savait erronées, sans se douter qu’on allait lui tendre un piège. Il dut partir à un moment pour signer un traité secret… Au même instant, sous les ordres de Nusutto Natsubate, des ninjas de Taki fouillèrent la résidence du chef de leur village, et découvrirent des sommes d’argents faramineuses et des rouleaux contenant des jutsus interdits qui n’auraient pas du être en possession de Kakuzu. Nusutto n’eut aucun mal à convaincre la foule indignée des villageois de Taki que cela était le résultat de tractation avec des villages ennemis. Si bien qu’à son retour, Kakuzu fut mis aux arrêts et jugé. Il eut beau nié sa trahison, arguant que l’on avait placé volontairement les rouleaux à son insu, tout en soutenant que l’argent était le résultat d’une épargne efficace et personnelle. Dans cette période de trouble, la présomption d’innocence n’existait pas… Et Kakuzu fut finalement considéré comme traitre et condamné à mort.

-Tu as l’air calé sur le sujet, remarqua Bee. Et comment fit Kakuzu pour échapper aux enragés ?

-En fait, c’est mon aïeul, Mashiro Mukai, qui ne croyait pas en la culpabilité de son ami qui le libéra et l’aida à s’enfuir, renseigna le ninja de Taki. Quand Nusutto, nommé chef du village en récompense de ses faits, se rendit compte de la disparition de son ennemi, il entra dans une rage folle et le condamna à l’exil. Alors, les ninjas de notre village utilisèrent un sort de Genjutsu réservé pour cette peine. Ce sort empêcha à jamais à Kakuzu de retrouver le chemin de Taki… Mais, l’histoire ne s’achève pas ici. Près de trente ans plus tard, Nusutto, blessé mortellement lors d’une bataille, fut amené à mon aïeul pour que celui-ci le soigne. Hélas, il ne put rien faire pour le soigner… Alors, Nusutto, conscient qu’il allait mourir, avoua la vérité sur Kakuzu. Dans son ambition dévorante, il avait fait accuser un innocent, pire, un ami, pour prendre sa place, mais le remord l’avait dévoré pendant des années, et alors que la vie le quittait, il voulait avouer son crime. Après quoi, il rendit l’âme… Mon aïeul réunit à ce moment le conseil de Taki et leur révéla ce qu’il avait appris. Aussitôt fut prise la décision d’annuler le sort qui tenait notre ancien chef éloigné du village et certains eurent l’espoir qu’il reviendrait… Mais il était trop tard. Jamais Kakuzu ne revint à Taki… L’histoire telle qu’elle nous est racontée dans nos livres dit qu’il est probablement décédé puisqu’il serait âgé aujourd’hui de quatre-vingt onze ans. Et voilà que je découvre qu’il est vivant.

Bee avait écouté l’histoire de Kageshiro en entier, à l’instar de Kakuzu. Le ninja d’Akatsuki aurait pu attaquer ses ennemis, mais il avait néanmoins attendu, et, à sa propre surprise, il ressentit de la satisfaction en se sachant réhabilité auprès d’un village qu’il n’avait jamais cessé d’aimer, malgré lui. Même s’il n’avait pas apprécié d’être chassé comme un malpropre, Kakuzu s’était fait une raison, convenant qu’il aurait agi de la même manière qu’on l’avait traité s’il avait eu des doutes quant à la fiabilité de l’un de ses compatriotes. Il avait donc concentré sa rancœur sur le responsable, Nusutto Natsubate, car même s’il n’avait aucune preuve, il se doutait bien qu’il y était pour quelque chose. Il avait fini par s’éloigner de ce village qu’il avait fait naître et à tenter tant bien que mal de s’en désintéresser… En tant que shinobi, il avait réussi à faire taire tous ses sentiments quand il avait du éliminer les habitants de Taki qui se trouvaient sur sa route, mais jamais il n’avait volontairement attaqué un de ses anciens compatriotes. Il avait continué à défendre à sa façon son village, en éliminant parfois des ninjas qui voulaient l’assaillir, tout en justifiant ses actes par son avidité et sa vénalité.

-De son identité, as-tu la preuve ? fit Bee. Après tant d’années, et tant d’épreuves… Est-ce bien le même homme ? Ou faut-il que je l’assomme ?

-Tes rimes commencent à laisser à désirer, remarqua Kageshiro. Mais, effectivement, j’ai la preuve.

Le jeune ninja porta la main à son cou et attrapa une fine chaine d’or à laquelle était accroché un médaillon. Il le brandit devant le possesseur d’Hachibi, et appuya légèrement sur le médaillon, en l’imprégnant de chakra par la même occasion. Aussitôt ledit médaillon s’ouvrit révélant une vieille photo, qui avait commencé à jaunir sous l’effet du temps. On y voyait trois hommes qui souriaient tous. A gauche, l’œil volontaire, les yeux bleus d’un bleu si clair qu’on aurait pu le croire blanc, et des cheveux noirs en pagaille, se trouvait Mashiro Mukai. Il portait, à l’instar des deux autres, la tenue des jonins de Taki, et arborait fièrement le symbole du village de la cascade gravé sur un bandeau. A droite, un homme à l’air sévère, mais dont le sourire était bienveillant, avec des cheveux verts pommes et des yeux oranges, et dont la peau était mât se tenait droit comme un i. Et enfin, au centre, il y avait celui qui avait l’air d’être le plus jeune des trois. Il semblait être en train de rire, malgré la solennité qui devait régner au moment de la prise de la photo. Ses pupilles vertes resplendissaient au milieu du noir de sa sclérotique. Ses cheveux étaient cachés par une cagoule qui entourait son visage. Ses mains étaient posé sur les épaules de ses camarades…

Bee hocha la tête en voyant la ressemblance entre le jeune homme sur la photo et le shinobi d’Akatsuki. Il ne pouvait que convenir qu’il s’agissait de la même personne, même si techniquement, il ne pouvait s’agir de la même personne. Trop de temps s’était écoulé entre la prise de cette photographie et l’heure actuelle.

‘’Peut-être est-ce là le résultat d’un ninjutsu ?’’ suggéra la voix d’Hachibi dans son esprit.

‘’Sur que c’est ça’’ approuva Bee ‘’Mais c’est le gars de droite qui est intéressant’’

‘’Oh, tu m’as fait grâce de ton rap ? Ce doit être rudement intéressant alors’’

‘’Pour le rap, je tourne pas la page, ce serait trop dommage’’

‘’Mouais’’ grommela le démon à huit queues.

Bee revint à la réalité et pointa du doigt l’homme à droite sur la photographie.

-Cet individu… Il me semble l’avoir déjà vu.

-Ce n’est pas étonnant, répondit Kageshiro. Tu as du remarquer sa ressemblance avec Fuu… C’est Nusutto Natsubate, son arrière-grand père. Mais, ce n’est pas le plus important. Tu as vu que l’homme au milieu est le même qui est avec nous.

-Il est encore trop vert, pour être le bon hère, remarqua Bee. Il pourrait être un de ses enfants, il a du en avoir, depuis le temps.

-Oui, mais non. Sa sclérotique est noire, or, c’est un signe que seul avait Kakuzu Kin’yoku. Même les enfants qu’il a laissés à Taki quand il a été banni n’avaient pas ce signe. Pas plus que le reste de sa descendance… Enfin, la dernière fois que j’ai croisé le regard d’Horyu-sama, notre chef, je n’ai rien vu de noir dans le blanc de son œil.

-Ce n’est pas étonnant, c’est une tare génétique qui n’apparait que rarement même au sein d’une lignée, intervint le membre d’Akatsuki qui prenait pour la première fois la parole depuis que Kageshiro avait commencé à raconter son histoire. Tu es vraiment l’arrière petit-fils de Mashiro ? Et tu as dit la vérité ?

Kageshiro acquiesça. Kakuzu s’avança un peu plus dans sa direction, avant de s’arrêter devant une épée tendue par Bee. L’ancien ninja de Kumo savait que cette affaire ne le concernait pas, et il ne comptait pas s’en mêler, néanmoins, il y avait toujours la possibilité que le shinobi chasseur de jinchuriki mente pour l’attaquer en traitre… D’autant qu’en dépit de l’enthousiasme du jeune jonin de Taki, rien ne prouvait qu’il s’agissait vraiment du Kakuzu qui avait créé le village de la cascade. L’âge ne correspondait de toute manière pas. Kakuzu jeta un regard à celui qui l’empêchait de faire un pas de plus, et il hocha la tête d’un air entendu, sans faire le moindre commentaire. Son bras se teinta de la même couleur marron que précédemment, et il assena un coup à la lame, en la brisant net.

-Deux épées que tu me casses, remarqua Bee. Plus jamais elles ne seront efficaces.

-Tu l’as un peu cherché, déclara Kageshiro.

-Dis-moi pourquoi tu es si vieux, raconte-moi ce secret qui doit faire des envieux, demanda le possesseur d’Hachibi au ninja d’Akatsuki en espérant qu’il ne remarquerait pas qu’il avait déjà utilisé la même rime peu de temps auparavant.

Le susnommé ne réagit pas en entendant la rime et pointa l’emplacement de son cœur du pouce, et sembla sourire. C’était bien la première fois qu’il révélait ce secret à quelqu’un qu’il n’allait pas tuer. Depuis longtemps, il avait pris l’habitude de répéter son refrain à ses victimes, pour voir s’éteindre en elle toutes lueurs d’espoir. Ce refrain qui signifiait qu’il ne laissait aucun de ses ennemis s’enfuir. Même le plus aguerri des shinobis perdait ses moyens après un combat épuisant face à un adversaire qui ne faiblissait pas et qui déclarait d’un ton spectral : « Je vais arracher ton cœur encore battant ».

-Le cœur, souffla Kakuzu. Je prends les cœurs de mes opposants vaincus, et je remplace ceux trop anciens. J’ai effectivement quatre-vingt-onze ans, et j’ai effectivement affronté les premiers Hokage et Raikage… Mais depuis l’époque où j’ai mis ma technique au point, je n’ai pas vieilli.

-Ceci explique cela, fit Kageshiro. Accepteriez-vous de quitter Akatsuki pour revenir à Taki ? Mon aïeul a longtemps espéré vous revoir un jour…

La réplique laissa un petit silence. Bee ne se manifesta pas, même s’il jugeait imprudent de faire revenir à Taki, allié de Némésis, un homme d’Akatsuki, qui s’opposait justement à Némésis. Il était néanmoins vrai que cet homme n’était pas n’importe qui. S’il avait dit la vérité, il méritait de retourner dans ce village dont il avait été privé pendant des décennies. De son coté, Kakuzu, qui avait inconsciemment espéré cette proposition, ne fit rien. Il croisa les bras et dodelina la tête. Il se décida finalement à répondre après une minute de réflexion.

-Accorde-moi quelques minutes de plus, déclara-t-il d’un ton morne. Après quoi, je te donnerais ma réponse.

‘’Et si elle est négative’’ songea Bee ‘’ Je devrai être comme le vent qui souffle sur l’ive’’

‘’C’est-à-dire ?’’ demanda Hachibi.

‘’Etre plus rapide que l’éclair et lui faire mordre la poussière.’’ répondit d’un ton enjoué son réceptacle.

Kakuzu s’éloigna de quelques pas et alla s’adosser à un arbre en fermant les yeux. Chassant les souvenirs de l’époque où il vivait encore dans son village qui avaient tendance à remonter depuis qu’il avait écouté ce jeune jonin, il se concentra, visualisant les différents visages des membres de son organisation dans sa tête. Quand il en arriva à celui qu’il voulait, il se le représenta en entier. C’était un homme entre vingt-cinq et trente ans de taille moyenne aux cheveux orange. Il arborait le bandeau d’Ame, dont le symbole était barré d’un trait, au front, et avait de multiples piercings sur son visage. Au bout d’un moment, il sembla s’animer et ouvrit la bouche.

‘’Ce n’est pas souvent que tu me contactes, Kakuzu’’ fit l’homme. ‘’D’ordinaire, c’est à moi de le faire. Avez-vous capturé un démon à queue ? Si oui, lequel ? ‘’

‘’La situation est un peu plus compliquée que ça’’ répondit Kakuzu’’ Nous sommes tombés sur l’ensemble des jinchurikis.’’

‘’Donne-moi ta position, je vous envoie tous nos membres’’

‘’Malheureusement, tu te doutes qu’ils sont déjà partis. L’un d’eux affronte Hidan, je pense. Quant aux autres, ils avaient à faire autre part. Mais ce n’est pas pour ça que je dois te parler. Figure-toi que j’ai l’occasion de retourner dans mon village d’origine’’

‘’N’avais-tu pas été banni ?’’ rappela l’homme aux cheveux orange.

‘’J’ai été réhabilité’’ rétorqua Kakuzu d’un ton sec ‘’ Mais là n’est pas la question, comme tu le sais, il s’agit de Taki, qui est allié à cette organisation de réceptacle. Je vais donc y aller pour récolter toutes les informations dont nous avons besoin.’’

‘’Bien, je vais prévenir Hidan qu’il n’est pas nécessaire qu’il te retrouve. Il ne s’en plaindra pas. Si j’ai besoin de toi, nous procéderons comme d’habitude’’

‘’Une dernière chose, le ninja que j’ai commencé à affronter se nomme Killer Bee et est le réceptacle d’Hachibi.’’

‘’N’était-il pas censé être à Kumo ?’’

‘’Censé, oui. Mais, ce n’est pas le cas. Quoiqu’il en soit, je te rappelle que je vais à Taki, et qu’il n’est donc pas nécessaire d’envoyer des shinobis pour les attaquer.’’

‘’Si tu fais référence à Sabishii, rassure-toi’’ fit le ninja aux cheveux oranges’’ Je l’ai consigné à Ame pour quelques temps. Selon notre espion, Némésis devrait venir au pays de la pluie, et j’ai besoin de lui pour les y attendre’’

‘’Bien’’

‘’Je vais tout de même envoyer Zetsu. Il doit récupérer l’argent que tu as obtenu’’

‘’...’’

‘’Un problème ?’’

‘’A ceci près qu’il s’agit de mon argent, aucun’’

‘’Peut-être, mais n’oublie pas que tu t’es voué à notre cause, Kakuzu’’ répondit l’homme aux cheveux oranges en rompant le contact.

Le ninja d’Akatsuki grogna de mécontentement. Les années n’avaient pas diminué son besoin constant d’amasser de l’argent, qu’il avait depuis l’âge de quinze ans, et il n’aimait pas se séparer des biens qu’il possédait. D’un autre coté, il était bien obligé de laisser sa valise là où Zetsu, un autre membre d’Akatsuki pourrait la trouver. Quoiqu’il en fut, il allait retourner dans son village natal, et…pouvoir trouver des informations intéressantes sur les jinchurikis. Ordinairement, il n’aurait pas voulu affaiblir son village, mais ce n’était qu’un juste retour des choses, et si cela lui permettait d’éliminer une descendante de Nusutto Natsubate, puisque l’actuel réceptacle de Shishibi en était une, ce n’était pas plus mal. Il se leva, quittant sa position de réflexion, et s’approcha de Kageshiro qui leva des yeux pleins d’espoir vers le premier chef de Taki.

-J’accepte, déclara ce dernier. Je veux bien revenir dans notre village.

-Formidable, s’exclama le jonin de Taki. Alors, allons-y.

-Tu vas un peu vite, intervint Bee. Autant qu’un cœur qui palpite. Tu me vois dépité de te voir nous quitter.

-Bah, je ne manquerai pas à Némésis… Et puis, à l’origine, je devais accompagner Fuu pour veiller sur elle. Mais maintenant, cela n’a plus vraiment de sens. Elle est bien entourée.

‘’Et elle aura toujours quelqu’un pour la protéger’’ songea Kageshiro en pensant au possesseur d’Ichibi qu’il n’appréciait pas mais dont la relation avec la porteuse du démon à sept queues avait évolué favorablement.

Le ninja de Taki salua une dernière fois le possesseur d’Hachibi d’un hochement de tête avant de s’enfoncer dans la forêt, suivi par Kakuzu qui, pour sa part, ne jeta pas un regard au réceptacle, et partit à la suite du jeune homme. Une fois les deux partis, Killer Bee réfléchit quelques secondes avant d’esquisser un grand sourire. Il avait pris un peu de temps pour se souvenir que la liberté qu’il avait espéré en désertant Kumo et en suivant Némésis était bien là et qu’il avait la possibilité de faire ce qu’il voulait. Lui aussi aurait pu s’en aller, partir loin de cette organisation de jinchurikis qui tôt ou tard, il en était persuadé, le mènerait sur un chemin où il devrait affronter son propre frère… Mais cela l’amusait tellement de faire partie de ce groupe que l’idée ne lui effleura même pas l’esprit. Il prit la route qui menait vers le pont de la terre et du ciel en sifflotant, ne remarquant pas qu’un être mi-humain, mi-végétal récupérait la mallette de Kakuzu et sans se dire que de l’autre coté du mur doton qu’avait érigé un peu plus tôt le ninja d’Akatsuki, Utakata et Yugito eurent pu avoir besoin d’un peu d’aide.

***
-Et ne t’inquiète pas, si nous sommes en danger, Bee le sentira et viendra nous aider, fit Yugito à Utakata pour rassurer ce dernier qui n’était pourtant pas inquiet.

-Oh, tu me vois ravi, répondit ironiquement le possesseur de Rokubi. En tout cas, tu as l’air de tenir en haute estime Bee… Personnellement, je ne le vois que comme un exaspérant mauvais rappeur.

Les deux jinchurikis discutaient tranquillement en se contentant d’esquiver les assauts des ninjas de Konoha qui les affrontaient. Ils étaient tous les deux des shinobis expérimentés, certes pas autant que le doyen de Némésis qui avait vécu deux guerres, mais suffisamment pour ne pas être inquiétés par une simple escouade de ninjas. S’ils avaient été de simples humains, ils auraient sans doute été en difficulté, mais les deux se servaient assez bien du pouvoir de leur bijuu respectif pour garder confiance et se permettre de narguer ouvertement leurs opposants en ne s’intéressant pas à eux.

-En ce qui te concerne, il me semble que tu es particulièrement dans l’ombre de Yagura… Tu suis ses décisions et préfère son avis. J’ai remarqué ça quand on était au village des déserteurs.

Utakata jeta un regard en biais à Yugito et plongea ses yeux oranges dans le regard de celle-ci. Il sauta pour éviter un poing gigantesque qui lui fonçait dessus. Il atterrit sur le dos de la main immense et courut sur le bras pour atteindre son propriétaire, à savoir Choji Akimichi. Arrivé au niveau du coude, le bras reprenait sa taille normale et ne permettait donc pas au possesseur de Rokubi d’avancer davantage. Celui-ci fit un bond en arrière et souffla dans son appareil à faire des bulles, créant quatre de ces dernières. L’une d’elle fonça vers le ninja au bras surdimensionné, mais Utakata s’était déjà désintéressé d’elle et guettait le mouvement des ombres sur le sol, notamment de l’une d’entre elle qui appartenait à Shikamaru et qui s’approchait dangereusement de la sienne. Alors, le porteur du démon à six queues sauta sur les bulles qu’il avait créées et s’éloigna pendant que celle qui s’était approchée de Choji explosait. Satisfait de son action, Utakata retourna à coté de Yugito d’un bond et tourna la tête vers elle, en consentant à enfin lui répondre.

-Depuis que ma conscience s’est éveillée, commença l’homme aux yeux oranges, j’ai le désir d’être quelqu’un d’exceptionnel… Je ne sais pas si j’y suis arrivé ou si j’y arriverais. Mais Yagura incarne cet idéal d’être hors-du-commun que je souhaite devenir.

-Ah, vraiment ? demanda, étonnée, Yugito. Pourtant, même s’il est très puissant, il est pétri de défaut. Et d’ailleurs, l’Histoire l’a retenu comme tel. Un tyran, martyrisant son peuple, prêt à tout pour augmenter la puissance de son village, et toujours avide de choses dont il ne disposait pas.

-C’est exaspérant de voir à quelle point l’Histoire ne retient que la partie émergée de l’iceberg, grogna Utakata en esquivant un Senbon lancé par Genma. Qui sait aujourd’hui que Yagura est né prématuré, et que ses deux premières années de vie auraient du être les dernières si on n’avait pas scellé Sanbi en lui, la force du démon lui permettant de survivre ? Qui sait que dès qu’il eut l’usage de la parole, il alla parler à son bijuu et lui voua un véritable culte, tant il lui était reconnaissant, devenant le premier humain ami avec un démon ? Qui sait que c’est ainsi qu’il put, avec l’aide de notre maître cependant, devenir un jinchuriki parfait à l’âge de onze ans ? Qui sait qu’après cela, il changea du tout au tout et devint l’être cruel et borné dont on se souvient ? QUI SAIT CELA ?

Utakata avait crié les derniers mots. Ses yeux n’étaient plus que deux fentes, où brillait une lueur de colère proprement effrayantes. Quand un autre poing gigantesque lui arriva dessus, l’explosion de sa bulle n’ayant que partiellement atteint l’Akimichi, il ne réagit pas de la même manière que la première fois. Déployant le chakra de Rokubi, Utakata s’entoura d’une sorte d’aura gluante qui stoppa l’attaque. Il créa une nouvelle bulle qui engloba le poing géant, et ferma les yeux. Dans la bulle, de l’électricité courait, frappant le poing, grillant la chair et contractant les muscles qui se déchirèrent sous la pression. Le sang rouge inonda la bulle pendant que les cris de douleurs de Choji résonnaient. Quand enfin la bulle éclata, révélant le moignon qui restait de la main du ninja de Konoha, l’ancien shinobi de Kiri consentit à ouvrir ses yeux et posa son regard, toujours aussi terrible, sur la porteuse du démon à deux queues.

Yugito ne fut pas effrayée… Elle était détentrice du pouvoir de Nibi, le bijuu qu’on assimilait à la mort elle-même. Elle s’était bien des fois réfugiées dans les souvenirs de son démon, qui le lui permettait depuis qu’elle était devenue un jinchuriki parfait. Dedans, elle avait vu bien des choses. Depuis l’époque où son démon n’avait encore que l’apparence d’un chaton jusqu’à celle où était mort celui qui l’avait précédé en tant que réceptacles. Elle avait observé des choses mille fois plus terrifiantes que le regard d’Utakata… Néanmoins, elle ressentit au plus profond de son être tout le mépris et toute la haine que ressentait son semblable à l’encontre de ceux qui n’étaient pas des jinchurikis. Même s’il refuserait toujours de l’avouer, même s’il restait très critique à ce sujet, il avait du accueillir le plan qu’avait Naruto de créer Némésis avec une joie dissimulée mais totale.

-Je comprends ta colère, répondit-elle calmement. Tu sais ce qu’ont vécu les générations de jinchuriki qui nous ont précédées, et tu enrages de ne pas voir les opinions des gens changer. N’est-ce pas le rôle de Némésis d’opérer ce changement ?

La colère disparut des yeux du jeune homme, tandis qu’il esquissait un sourire. Il sembla rêveur quelques secondes avant de revenir brutalement à la réalité quand la chaleur d’une technique Katon du à Asuma Sarutobi arriva vers lui. Il eut juste le temps de réagir en exécutant un sort Suiton, qui bloqua le jutsu adverse. Dans la vapeur qui se dégagea du contact entre les deux éléments et qui se dissipa quasi-instantanément, la voix d’Utakata parvint aux oreilles de Yugito.

-Notre discussion m’intéresse, cela fait longtemps que je n’ai pas pris autant plaisir à parler avec quelqu’un…Non, disons plutôt que pour une fois, une conversation ne m’ennuie pas. Mais nous devons d’abord nous débarrasser de ces gêneurs, qui sont particulièrement exaspérants.

-N’es tu pas assez fort pour discourir tout en te battant ? murmura d’un ton amusé la possesseur de Nibi.

Sa voix sembla atteindre son camarade qui répondit par un grognement, même s’il sembla percevoir une nuance d’amusement derrière celui-ci. Elle concentra le chakra de Nibi dans ses mains, et elle sourit en entendant le ton doucereux qu’employait toujours le démon à deux queues.

‘’Tu sais ce qu’on dit, Yugito ?’’ demanda Nibi ‘’Il parait qu’un chat qui griffe un humain est toujours pardonné. Ca te dit de vérifier cette croyance ?’’

‘’On l’a déjà vérifié à de nombreuses reprises’’ répondit Yugito

‘’On n’est jamais sur de rien’’ feula Nibi

L’ancienne kunoichi de Kumo tendit deux doigts devant elle, et y concentra son chakra. Aussitôt, ses ongles se transformèrent en griffes. Celles-ci s’allongèrent sous la volonté de Yugito, et se dirigèrent vers les ninjas de Konoha. Asuma s’interposa quand l’une d’elle faillit atteindre Shikamaru.

-Vous avez déjà fait assez de mal, gronda-t-il alors qu’une lame de chakra Futon apparaissait autour de ses armes, des poings américains agrémentés de couteaux.

-Entre nous, c’est vous qui causez du mal, rétorqua Yugito. Nous ne faisons qu’égaliser dans ce jeu de tourmente.

Elle fit un mouvement de poignet, et aussitôt, ses longues griffes frappèrent au flanc le ninja supérieur de Konoha, qui grimaça. Les griffes se rétractèrent lentement à la surprise d’Asuma… Il n’avait pas senti la présence d’Utakata derrière lui. Ce dernier, kunai à la main, s’apprêta à lui enfoncer son arme dans le cou avant de se retrouver immobilisé. L’ombre de Shikamaru avait finalement rejoint la sienne, malgré ses efforts pour échapper à ce scénario. Le possesseur de Rokubi ferma les yeux et attendit. L’ombre à ses pieds se détacha du sol et forma des pointes qui dardèrent vers lui. Il fut transpercé par toutes, mais alors qu’elle s’enfonçait dans sa chair, cette chair devint eau, et il tomba en une flaque d’eau. Il réapparut alors juste à coté du Nara avec un air triomphant. Mais Genma lui envoya un senbon qui l’atteignit en pleine joue. Il tomba à nouveau en eau… Alors, Yugito déploya le chakra de Nibi, captant à elle l’attention de tous ses adversaires. Fatale erreure. Utakata émergea de l’eau provenant de son dernier clone. Et cette fois-ci, rien ne l’empêcha d’enfoncer un kunai dans le cou du manipulateur d’ombre, endroit du corps qu’il affectionnait de trancher.

Le sang jaillit à flot, mais le ninja aux ombres n’était pas mort, c’eut été trop facile, et de toute façon, la lame n’avait fait que s’enfoncer avant de rencontrer un os…Pour avoir la chance de ne pas mourir sur le coup d’une blessure à la gorge, il fallait que l’arme causant la blessure fasse un trajet précis, et c’était justement celui-là qu’avait effectué le kunai. Cela exaspéra Utakata qui soupira de rage et se détourna du blessé qui n’était plus une menace pour lui et qu’il n’avait pas envie d’achever… Bien au contraire, si Shikamaru devait mourir autant que ce fut dans d’atroces souffrances. A cette pensée, le possesseur de Rokubi fit un bond et se trouva à coté de Yugito.

-Que de cruauté, murmura celle-ci. Ta haine des hommes te vient-elle de ta condition de jinchuriki ?

Elle s’attendait à un « Evidemment » mi-agressif de la part de son camarade, mais ce dernier eut un sourire féroce avant de lui répondre.

-Détrompe-toi, répliqua-t-il. C’est exactement l’inverse. C’est parce que je hais les hommes que je suis devenu jinchuriki.

-Pardon ? fit étonnée la possesseur de Nibi. J’avoue ne pas du tout comprendre ce que tu racontes.

-J’ai appris à lire très jeune, à quatre ans, révéla Utakata comme s’il s’agissait d’une information de première importance. Et un livre racontant les exploits des créateurs du village de Kiri me passionnait. Parmi eux, il y avait un personnage que j’affectionnais, un jinchuriki. Il me fascinait de par son abnégation et la force de son démon. Emballé, j’ai demandé à mes parents, de hauts dignitaires du village de la brume, des renseignements sur celui que j’appelais un héros. Le résultat fut probant : une gifle et une privation de diner, pour m’apprendre à ne pas glorifier «les engeances du mal ». Que ça m’a exaspéré.

Le soupir rageur d’Utakata fit sourire Yugito qui s’amusait de la situation et de la mimique de son compagnon. Elle aimait en savoir plus que les autres et ne négligeait jamais aucune source d’information, de sorte à ne jamais être prise au dépourvu. Et cette occasion d’un peu mieux connaître son énigmatique et rageur camarade la contentait. Elle le laissa continuer son récit, ravie d’en apprendre un peu plus.

-J’ai, à partir de ce jour, toujours voulu en apprendre un peu plus à ce sujet, reprit Utakata les traits emprunt de nostalgie. Et je me demandais qui était le porteur de Rokubi… Un ami de ma famille, qui était le père de celui qui allait devenir mon maître, constata mon intérêt et me donna un livre qui relatait l’histoire de mon prédécesseur, de sa naissance à sa mort, survenue un peu de temps plus tôt.

-Et tu as adoré ce livre, compléta Yugito.

-Du tout, je l’ai détesté tant il décrivait le jinchuriki comme un monstre sans âme, et donc, je…

Le possesseur de Rokubi s’interrompit en regardant l’escouade de Konoha. Celle-ci n’avait réussi à infliger aucun dommage significatif, et même aucun dommage tout court, aux deux jinchurikis. En revanche, elle avait subi de sévères dégâts. L’un de ses membres avait perdu sa main, un autre avait la gorge transpercée et un troisième avait été blessé au flanc. Quant aux autres, même s’ils n’avaient rien eu, ils ne se sentaient pas d’aller affronter de redoutables et dangereux réceptacles qui avaient montré leur efficacité à l’instant. Les deux membres de Némésis se regardèrent quelques secondes, échangeant tacitement leurs idées par là même.

Et les deux shinobis tombèrent d’accord sur un point. L’équipe du village des feuilles avait à l’origine six ninjas. Celui au chien, faisant partie du clan Inuzuka, avait du se replier, et depuis tout à l’heure ils se battaient avec quatre ninjas… Soit exactement un de moins que prévu. Où était passé le dernier ? La réponse vint d’elle-même quand un coup de pied fit décoller le jinchuriki de Rokubi du sol. Recevant le coup au menton, le possesseur du démon à six queues fut propulsé dans le ciel et se cogna violemment contre un arbre. Le choc lui coupa le souffle, et il sentit à peine l’arbre se disloquer dans son dos. Avant qu’il ait eu le temps de récupérer, il reçut un coup dans le plexus qui lui fit atrocement mal… Les quelques secondes qui suivirent ne furent qu’un déluge de coup pour Utakata qui poussa finalement un hurlement de rage avant de faire appel au chakra de son bijuu. Aussitôt, une sorte d’aura gluante l’entoura qui stoppa net le shinobi qui l’attaquait. Le terme de fureur n’aurait pas suffi à décrire l’état dans lequel était l’ancien ninja de Kiri. Non content de lui faire mal, le ninja de Konoha, Rock Lee, avait pu enchaîner ses attaques sans qu’il puisse rien faire pour les parer. D’aucun aurait considéré ça comme la preuve que l’adversaire était de taille, Utakata, tout à son orgueil, considéra cela comme une véritable humiliation.

Rock Lee était complètement immobilisé. Peu habitué à affronter des jinchurikis, ce qui était normal puisque les neufs ne s’étaient pas encore confronté à Konoha depuis leur association, il n’avait pas prévu la portée de la gangue de chakra d’Utakata. Il était donc englué dans une matière horriblement visqueuse et tout à fait à la merci de son ennemi qui lui jetait un regard noir. Le village de Kiri était réputé pour le coté quelque peu violent de ses ninjas et le porteur du démon à six queues allaient se faire une joie de faire honneur à cette réputation. Ses mouvements n’étant pas entravé pas le chakra de son démon, il put saisir sa victime à la tête, et enfonça ses doigts dans sa chair, perçant les joues et déchaussant les dents. Puis, il tira violemment vers lui sa main, arrachant toute la chair qu’il pouvait du visage de son adversaire. Un sourire sinistre illumina son visage quand l’odeur du sang l’entoura, et son rire, encore plus sinistre, se mit à résonner dans les bois.

‘’Un vrai psychopathe’’ songea Yugito ‘’Il est plutôt mignon, mais aussi terriblement dangereux’’

‘’Allons, allons’’ intervint Nibi d’un ton qui se voulait peut-être rassurant ‘’Tu es tellement plus forte que lui… En tout cas, lui ne maîtrise pas Rokubi comme tu me maîtrises, moi’’

‘’Je ne suis pas inquiète’’ renseigna l’ancienne kunoichi de Kumo ‘’ Mais je peux constater que le village du brouillard sanglant enfantait, comme de juste, des ninjas bien sanguinaires’’

Utakata soupira d’aise en voyant la face déchiquetée de Rock Lee, et le saisit à la gorge, avant de le lancer en direction du reste de la troupe de Konoha, qui était trop surprise par la soudaineté de l’action pour esquisser ne serait-ce qu’un seul geste. Comprenant qu’ils n’auraient pas la moindre chance de gagner s’ils reprenaient le combat, les shinobis du village de la feuille choisirent de fuir pour essayer, au moins, de sauver les blessés. Le duo de jinchurikis les regarda partir d’un œil méprisant. Ils ne les poursuivirent pas, jugeant inutile de perdre du temps à anéantir une unité démoralisée… Oubliant l’instruction de Naruto : « On ne peut pas laisser autant de témoin derrière nous », les porteurs de démon ne firent donc rien pour les rattraper et se contentèrent de vérifier qu’ils ne revenaient pas.

Yugito obliqua son regard vers son compagnon qui s’essuyait le visage, couvert de sang, avec une serviette qu’il avait tiré d’on ne sait où. Visiblement, ce n’était pas la première fois que le torchon servait, signe que le possesseur de Rokubi avait l’habitude de faire jaillir des fontaines de sang. Le sourire qu’il continuait d’arborer aurait fait frissonner n’importe qui, mais pas la porteuse du démon chat à deux queues qui restait flegmatique dans la plupart des situations. Le savoir et le calme, tels étaient ses deux mots d’ordre. Et elle s’y tenait. Elle s’approcha de son camarade qui finissait de nettoyer sa joue, et dont les deux yeux orange étaient teintés d’une fureur latente, attendant une autre occasion d’exploser.

-Alors, commença l’ex kunoichi de Kumo. Explique-moi plus en détail ton parcours.

Utakata acquiesça, cachant sa surprise intérieure. Quand il se battait, il se plaisait à voir la souffrance et le sang de ses adversaires, ainsi que les mines choquées ou horrifiées de ses compagnons d’arme. Or, Yugito ne manifestait pas ce sentiment, comme si elle n’avait pas remarqué que le porteur du démon à six queues avait causé un massacre, et cela le surprenait, autant que cela lui plaisait. Il sentit un frisson d’excitation lui remonter l’échine, mais il le contint, et dodelina de la tête, comme pour mieux se souvenir.

-Comme je te le disais, fit-il, je n’appréciais pas ce livre, et partout où j’allais, l’on me disait que les jinchurikis n’étaient que des monstres. Mais… ceux qui me disaient ça n’étaient que des êtres assoiffés de sang, les shinobis du village sanglant de Kiri.

-Attends, l’interrompit Yugito. Le village du brouillard sanglant, c’est l’époque de Yagura, pas avant.

-Oh, mais cela, c’est ce qu’on croit. En vérité, l’ère sanglante, si elle a bien pris fin après la destitution de mon cher ami aux cheveux gris, a commencé quelques années avant lui… Mais c’est à lui qu’on lui a attribué, et vu ce qu’il a fait, ce n’est pas surprenant. Enfin, bref, ces hommes qui reprochaient aux jinchurikis des horreurs qui n’avaient rien à envier à ce qu’ils faisaient eux-mêmes m’exaspéraient et me dégoutaient. Ce dégout commença là et finit par se généraliser à l’ensemble des humains. Tout en ces abjects humains me débectait.

-Donc, tu as décidé de t’éloigner de manière la plus radicale de ce qu’est un être humain. En devenant un jinchuriki.

-Exact, approuva Utakata. C’est ainsi que je devins un porteur de démon. Pour moi, ça n’a jamais été un poids, mais toujours une fierté. En revanche, j’ai reçu toute la haine du village… Pas comme Yagura, mais lui est un cas à part. Tout le monde me haïssait et je haïssais tout le monde.

-Je vois, mais comment as-tu fait pour obtenir un bijuu ? demanda Yugito. Ce n’est pas si facile que ça.

Utakata ne répondit pas directement. Il se rapprocha de son interlocutrice, et lui fit face. Il était un peu plus grand qu’elle, il la dépassait même de presque une tête. Prenant le menton de Yugito entre deux doigts, il approcha ses lèvres des siennes, et susurra d’un ton charmeur :

-Ce secret est mien… Et je ne désire de toi qu’une chose. Alors, peut-être daignerai-je te le révéler.

Le possesseur de Nibi resta, malgré la situation, tout à fait calme. Elle attrapa le poignet de son camarade, et le força à la lâcher. Elle sourit quand elle vit le visage du possesseur de Rokubi se tordre de colère. Il n’aimait visiblement pas qu’on lui résiste. Elle recula d’un pas en ricanant.

-Ne vas-tu pas un peu vite en besogne ? demanda-t-elle. Penses-tu que je suis le genre de femme que tu imagines ?

-Peut-être me suis-je laissé emporter, reconnut Utakata. J’ai du t’exaspérer. Mais peu importe, si tu veux connaître la suite, tu sais ce qu’il faut me donner.

-Hun, hun, hun, ricana Yugito. Tu es vraiment quelqu’un qui ne recule devant rien.

-Cela t’étonne-t-il vraiment ?

-A vrai dire, non, répondit l’ancienne kunoichi du village des nuages. Et entre nous, cela me plait plus que tu ne peux l’imaginer. Mais…

L’un des ongles de Yugito devint griffe et s’allongea jusqu’à la gorge d’Utakata qui ne broncha pas sous la menace. D’un geste, elle pouvait le tuer, mais il ne se défendit pas. Ce n’était pas une question de confiance ou de peur. Il voulait juste voir jusqu’où elle pouvait aller, elle sur qui il avait jeté son dévolu, elle, la seule femme qui ne lui inspirait pas une envie de meurtre quand il la contemplait… ce qu’inspirait en général toutes les autres femmes.

-Entre nous, c’est moi qui choisi mes hommes… Pas le contraire, feula la réceptacle. Libre à toi de me convoiter, mais fais attention, car la route est longue pour arriver à ton but… et le chemin est rempli de danger.

A l’évocation d’un tel défi, la colère d’Utakata disparut pour laisser place à une furieuse ambition. Celle de conquérir sa camarade, peu importe le prix à payer. Le désir et l’envie avait pris le pas sur les autres sentiments qu’il pouvait éprouver en ce moment. Il n’’était pas amoureux, il savait qu’il n’éprouverait jamais d’amour pour quelqu’un, mais il avait envie d’elle. Il s’approcha de Yugito qui soutenait son regard avant de se figer sur place. Les deux ninjas avaient senti une présence inquiétante pour ne pas dire oppressante. Ils regardèrent dans la direction d’où émanait cette présence pour voir Gaara, ou plutôt Ichibi mais ils ignoraient ce détail, qui les regardait… Enfin, qui semblait car ses yeux étaient bandés. Un sourire énigmatique se dessina sur les lèvres du ninja des sables et il disparut, rejoignant probablement le reste de Némésis. Utakata grogna tandis que Yugito ricana, avant d’à son tour disparaître, s’en allant elle aussi dans la direction voulue. Le possesseur de Rokubi, resté seul, ne bougea pas pendant quelques secondes. Puis, il respira un grand coup, humant l’odeur du sang encore présente… Alors, il partit vers le reste de l’organisation à laquelle il appartenait, son esprit rempli de pensées troubles qu’il était le seul à pouvoir déchiffrer.





Ah, l'amour... Ah mais non, c'est vrai, il n'y a pas d'amour, juste du désir chez notre cher Utakata.

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