Fiction: Les possesseurs

Version imprimable




Naruto 35 : Un hasard malencontreux.

Deux jours s’étaient écoulés depuis la rencontre avec les habitants de Gueryan, et Naruto n’avait rien dit de ce qui s’était passé aux autres membres de Némésis. Après tout, pourquoi rapporter un évènement totalement du au hasard alors que tous les esprits étaient tournés vers l’affrontement futur avec Orochimaru ? L’heure n’était pas encore à la recherche de réponse, mais à la préparation du combats. Naruto lui-même tremblait déjà d’excitation à l’idée de pouvoir se confronter à son ancien camarade Sasuke Uchiwa… Car à cette occasion, il pourrait lui poser une question… Une question très importante. Leur rencontre marquerai une transition dans l’histoire de Némésis, et à plus forte raison pour le ninja renard. Cela expliquait son impatience… Mais malgré son envie de se rendre au plus vite au lieu de rendez-vous, il avait ordonné aux shinobis de Némésis de se revêtir de cape, cachant leur visage, et donc leur identité, et de suivre les petits sentiers à pied. S’il avait pris cette décision, c’est bien parce qu’il n’avait aucune envie d’être dérangé par des gêneurs, or le village de Kusa allait bientôt accueillir la troisième épreuve de l’examen chunin, les deux premières s’étant déroulées durant leur voyage vers Taki et celui vers le village des déserteurs. Il apparaissait évident à Naruto que tout mouvement de groupe serait repéré, et même si Kusa était leur allié, il n’en était pas de même pour les autres villages participants, comme Suna ou Konoha. C’était avec ce raisonnement, en tête que le groupe des jinchurikis avançaient calmement sur un des sentiers de Kusa.

Ce sentier n’était pas comme tous les autres, car il traversait une forêt dense, délaissant les grandes prairies herbeuses qui avaient donné son nom au pays. De longues rangées d’arbres encadraient le petit chemin, ne laissant pas beaucoup de place pour s’étaler sur la route, qui n’avait en vérité que la largeur de deux petits chariots. Némésis avançait tranquillement, se rapprochant de plus en plus de leur objectif. Ce dernier n’était plus qu’à deux heures de marches, et le rendez-vous entre Sasori et son espion avait lieu, lui, dans deux heures et demie… Cela ne laissait qu’une poignée de minutes à l’organisation de Naruto pour préparer les lieux. Le retard qu’avait pris le groupe pouvait être intenté à la volonté de son chef de faire des haltes nombreuses, ou encore à la marche qu’il avait imposée. Quoiqu’il en fut, il n’était pas à exclure que ces décisions handicaperaient Némésis à l’avenir…

Néanmoins, le destin avait décidé de jouer avec les projets de Némésis, en lui mettant quelques bâtons dans les roues. Sur le sentier se dessinèrent deux silhouettes, dont la vitesse de marche n’avait rien à envier à celle de Némésis tant elle était tranquille. Les silhouettes appartenaient à deux hommes qui auraient pu être de simples voyageurs… Mais de simples voyageurs n’auraient sans doute pas été vêtus d’un manteau noir à motif de nuages rouges, comme c’était le cas des deux individus qui avançaient vers elles. Les membres de Némésis qui discutaient entre eux légèrement ne remarquèrent pas, dans un premier temps que des shinobis d’Akatsuki s’en allaient à leur rencontre. Ce fut Thosvorn qui donna une légère tape sur l’épaule de Naruto en lui désignant discrètement du doigt les hommes. Le ninja renard acquiesça, tout en ne faisant rien d’autre qu’avancer. Les deux ninjas d’Akatsukis ne semblaient pas être là pour les attaquer. Ils parlaient entre eux, sans se préoccuper des autres personnes qui eussent pu être là.

-Bravo, depuis que tu as tué ces types, fit l’un d’eux à haute voix de telle manière que chaque membre de Némésis l’entendit, nous avons Konoha aux trousses.

-Un mal pour un bien, Hidan, rétorqua l’autre. Cela nous a rapporté une centaine de millions de ryos…

Le premier, le dénommé Hidan, qui avait parlé avait les yeux violets, et les cheveux gris gominés vers l’arrière. Il était plutôt grand, et arborait un rictus désagréable… Sur son visage se trouvait une cicatrice sur la joue, une cicatrice étrange, comme si la joue avait été ouverte puis rafistolée à l’aide de fil noir. Dans son dos était accrochée une grande faux à trois lames. Quant à l’autre, il avait des yeux verts, mais des yeux dont la sclérotique, à défaut d’être blanche, était d’un noir profond. Il avait pour couvrir ses cheveux et sa bouche, une cagoule grise sur laquelle se trouvait une plaque d’acier portant le symbole barré de Taki. Un étrange duo qui ne sembla pas remarquer le groupe de Némésis, et qui continua son avancée sans faire attention à eux quand ils se croisèrent.

Tout aurait pu se terminer ainsi. Le destin aurait pu faire que les shinobis de Némésis et d’Akatsuki ne fassent que se croiser… Cette rencontre, dangereuse en elle-même, aurait pu se dérouler sans heurts s’il n’y avait pas eu ce détail, détail qui aurait pu être Sasori, mais celui-ci était bâillonné, entouré de tissu parcouru de chakra qui l’immobilisait, une innovation de Fuu, et porté par Han. Le ninja marionnettiste ne ressemblait de l’extérieur qu’à un paquetage comme tous les autres. Le détail en question fut en fait une petite…ombre qui jaillit de la forêt pour essayer de s’accrocher à celle de l’un des deux ninjas chasseurs de bijuu. Ces derniers sautèrent et l’ombre vint attacher celle de Thosbald, qui fut obligé de s’arrêter. Un kunai jaillit des bois et toucha le ninja d’Akatsuki à la mallette en pleine tête… Cependant, l’arme tomba à terre visiblement sans blesser sa cible. Ce fut alors qu’émergèrent de la forêt une unité de shinobi de Konoha.

Naruto ne laissa rien paraître quand il vit quels étaient les ninjas de la feuille qui venaient d’arriver. Ils étaient six, et parmi eux, pas moins de deux jonins… Choji Akimichi, Shikamaru Nara, Asuma Sarutobi, Kiba Inuzuka, Rock Lee, et enfin un homme que le ninja renard reconnu comme l’arbitre qu’il avait eu lors de la troisième épreuve de l’examen Chunin, voilà qui ils étaient. Le possesseur de Kyubi fronça les sourcils, s’interrogeant quant à la raison qui avait mené ses anciens compatriotes à être ici. Etait-ce à cause d’Akatsuki, ou à cause de Némésis ? Il eut la réponse instantanément quand l’ombre de Shikamaru, car c’était lui qui avait lancé sa technique de manipulation des ombres, se détacha de celle de Thosbald.

-Arrêtez-vous immédiatement, fit Asuma à l’intention des membres d’Akatsuki. Vous êtes des criminels de rang S, et de ce fait, vous êtes en état d’arrestation.

-Hey, vous, cria Kiba à l’adresse de Némésis, éloignez-vous. Ca va vite devenir dangereux.

-Sans blague ? fit Utakata. Dans ce cas, vous n’aviez qu’à attendre qu’on se soit éloigné pour commencer l’assaut. Vraiment exaspérant, cette incompétence.

Kiba grogna à la remarque du jinchuriki de Rokubi qu’il prit à tort pour un ignorant qui ne comprenait pas la situation actuelle. Avec une rapidité qui étonna Naruto, il sauta au-dessus des ninjas d’Akatsuki, et se retrouva nez à nez avec Némésis. Dans un aboiement, un gros chien blanc le rejoignit. Le rejeton des Inuzuka voulut dire quelque chose, mais il ne dit rien. Il renifla l’air, et sentit une odeur qu’il connaissait. Sa tête se tourna vers le leader de Némésis, qui comprit instantanément que son ancien compatriote l’avait reconnu grâce à son sens olfactif surdéveloppé. Le possesseur de Kyubi obliqua lentement la tête de droit à gauche pour intimer à Kiba de se taire, et de ne rien dire, mais cela ne servit à rien. Le ninja canin leva le bras vers lui en tremblant.

-Naruto… Naruto Uzumaki. Tu….

Il ne put jamais finir sa phrase. Shogorai dégaina rapidement sa lame noire, et d’un coup, il fendit l’air et trancha net le bras du shinobi de Konoha qui hurla de douleur. Son chien, Akamaru, jappa, et bondit vers le bras coupé de son maître. Il le saisit à pleine dent, et grogna en direction de l’épéiste de brouillard dont la joue était couverte du sang de sa victime, et qui dévoilait ses dents pointues d’un air effrayant. Kiba tituba, et tomba à genoux. Son animal de combat se mit sous lui, et disparut instantanément. Il réapparut à coté des quatre autres ninjas de Konoha…. Quatre ?

-J’ai l’impression qu’il en manque un, murmura l’épéiste des brumes.

Il ne croyait pas si bien dire. Une lame de chakra futon le transperça en plein cœur. Cette technique d’Asuma, car c’était bien le fils du Sandaime Hokage qui avait attaqué de front, ne fit absolument rien à Shogorai . Celui-ci se prépara à sortir sa deuxième lame, mais il fut interrompu par Yagura. L’ancien Mizukage saisit son bâton et fit un large mouvement avec, traversant le corps aqueux de son ami, et frappant le jonin de Konoha par la même occasion le renvoyant vers l’arbre où se situaient les autres ninjas de la feuille. Dans le même temps, il imprégna l’un de ses bras du chakra de Sanbi, le recouvrant ainsi de l’épiderme ultra-résistant du bijuu à trois queues, et para le coup du poing que le ninja d’Akatsuki à la mallette lui avait assené… Un coup de poing atypique puisque ce poing s’était décroché du bras de son propriétaire et n’y était plus relié qu’au moyen de filins noirs.

-Ce chakra, fit le shinobi chasseur de bijuu. C’est Sanbi… Cela fait longtemps que je n’y étais pas frotté. Mais plus important encore, voilà deux jinchurikis qui nous tombent dans les mains.

-Deux ? demanda Hidan. Le type que tu viens d’attaquer, et…

-Naruto Uzumaki, compléta le ninja d’Akatsuki à la mallette. C’est le jinchuriki de Kyubi… Et je soupçonne que leur groupe contient d’autres réceptacles. Et tout ce beau monde est primé... Décidément, Hidan, tu es un véritable aimant à monnaie.

-Encore cette rengaine vénale… Il n’est pas question que je retourne dans une autre morgue.

-C’est ça, tu n’auras qu’à m’aider à porter les cadavres.

Pendant ce temps, les ninjas de Konoha se préparaient à attaquer. Kiba, blessé, se préparait pour sa part à se retirer. Sa blessure était trop grave, et la quantité de sang qu’il avait perdu était trop importante. En combat, il ne serait pas efficace… Mais en revanche, s’il partait pour aller chercher des renforts, il serait bien plus utile. Les autres shinobis de la feuille, eux, comptaient rester pour, au moins, lui permettre de s’en aller sans problème, et pour, au mieux, éliminer les membres d’Akatsuki, voire même pour récupérer le démon renard à neuf queues. Le réceptacle de ce dernier avait du gagner en force, et s’entourer de redoutables individus… Mais s’ils arrivaient à les retarder jusqu’à ce que Kiba revienne avec des renforts, alors il serait possible de les capturer.

-Katon, nuées ardentes !

Asuma n’avait visiblement pas la moindre séquelle du coup qu’il avait reçu, et cracha un nuage de cendre qui se dirigea vers les ninjas d’Akatsuki. Ceux-ci évitèrent, laissant le champ libre à l’attaque pour atteindre les ninjas de Némésis. Utakata réagit automatiquement, et concentra son chakra, pendant que de son coté, Gaara fermait les yeux en levant un bras. Le possesseur de Rokubi souffla dans son appareil à faire des bulles pour en créer une largement plus grosse que celles qu’il avait l’habitude de générer. Cette bulle se dirigea vers la technique, et l’engloba. Le sable du porteur d’Ichibi créa un mur épais et résistant autour de tous les membres de Némésis.

En dehors de ce mur ne restaient plus que les ninjas d’Akatsuki et ceux de Konoha, ainsi que la bulle d’Utakata qui contenait la technique Katon d’Asuma, et qui commençait petit à petit à rétrécir pour ne n’atteindre finalement que la taille d’une balle de ping-pong. Protégé par le sable de son semblable, le possesseur de Rokubi, qui surveillait les fluctuations du chakra qu’il avait inséré dans cette bulle, eut un sourire, et ferma violemment le poing. La bulle éclata alors, libérant d’un seul coup la totalité de l’énergie qu’elle avait condensé et déclenchant par là même une explosion… Cette dernière n’atteignit pas Némésis, mais son souffle frappa le ninja à la mallette noire et le dénommé Hidan. Le premier lâcha son bagage pour joindre les mains et former le mudra du serpent, changeant alors la couleur de sa peau… et se protégeant ainsi. Quant au deuxième, il ne fit rien, et encaissa sans broncher.

Pour ce qui était des ninjas de Konoha, ils avaient prévu ce qui allait se passer et s’étaient réfugiés derrière les arbres de la forêt, tout en restant suffisamment proche pour ne pas perdre de vue leur cible. D’ailleurs, dès que l’explosion fut passée, ils jaillirent de nouveau sur le sentier… ou ce qu’il en restait, un gros cratère noir subsistant là où la bulle d’Utakata avait explosé. Les shinobis de la feuille n’hésitèrent pas un instant et attaquèrent les membres d’Akatsuki. Cétait à ce moment que du coté de Némésis, bien à l’abri derrière la protection de sable, des murmures s’élevaient et les paroles s’enchainaient à toute vitesse. Pour l’organisation des jinchurikis, le temps était un luxe qu’il ne pouvait pas vraiment se permettre et chacun avait sa solution pour résoudre le problème actuel :

-La situation est simple, fit Shogorai. On n’a qu’à tous les tuer.

-La situation presse et on ne peut pas perdre de temps, répondit Naruto. Je crains qu’il ne faille de nouveau nous séparer en plusieurs groupes.

-Bonne idée, fit ironiquement Thosbald, la dernière fois, on s’est un peu fait laminer suite à cette décision. Tu t’en souviens ?

-Oui, je sais. Mais d’un coté, on ne peut rater cette chance en or d’avoir Orochimaru, et de l’autre, on ne peut se permettre de laisser autant de témoin derrière nous.

-Dans ce cas, intervint Killer Bee, t’inquiète pas. Je vais rester, pour mieux les dévaster.

-Moi de même, fit Gaara. J’ai encore en travers de la gorge cette victoire de Sasori.

-De toute façon, il n’y a qu’une seule façon de savoir si c’est une bonne idée, fit Eiji en tirant une pièce de poche.

Fidèle à son habitude de tirer les choses à pile ou face, il lança la pièce qui fit quelques tours sur elle-même tandis qu’elle montait puis redescendait. D’un geste précis, le ninja aux cheveux bleus la rattrapa dans son poing droit et la plaqua sur le dos de sa main gauche. Souriant, il reprit la parole.

-Face, le groupe se divise, et pile, on reste tous ensemble pour les dégommer, fit-il avant d’enlever sa main… Face, on se divise.

-… Bien, acquiesça Naruto après être resté perplexe quelques secondes. Je vous fais confiance pour rester en vie. Mais Bee… Gaara… A vous deux, vous ne suffirez pas. Yugito, Kageshiro, et Utakata resteront aussi.

-Ne puis-je pas… commença Shogorai.

-Non, lui répondit le ninja renard. Je préfère que tu restes avec nous pour combattre Orochimaru. Je suis sur qu’il y a toute une tripotée de shinobi qui le protège, et parmi eux, il devrait y avoir de sabreurs… Et personne d’autre que toi ne pourra les battre efficacement.

Le ninja aux trois lames acquiesça, un sourire se dessinant sur son visage. La patience n’était pas son fort, mais l’idée que des dizaines de personnes à trancher viendraient se mettre sur sa route était une raison bien suffisante d’attendre encore un peu.

-Hm, tu veux réduire à ce point nos effectifs ? demanda Han. Hm, n’oublie pas que c’est…

-Je sais, l’interrompit Naruto. Je sais qu’on va affronter l’un des sannins tôt ou tard. Je sais qu’il est très fort, et je sais qu’on a besoin de monde pour l’abattre. C’est pour ça que ceux qui restent devront impérativement nous rejoindre dès qu’ils auront vaincu, est-ce clair ?

Il s’interrompit avant de reprendre de plus belle.

-Je sais aussi que vous ne vous entendez pas tous. Mais, je vous demande…Non… Je vous ordonne de collaborer.

-Nous ordonner ? répéta Utakata. De quel droit…

-DU DROIT DU CHEF, lui cria dessus Naruto en s’emportant un peu. J’ai décidé de créer Némésis, et je vous ai rassemblé. Depuis le début, vous suivez mes instructions. Je suis le chef de Némésis… Je ne suis pas le plus expérimenté, ni le plus fort d’entre nous. Néanmoins, depuis que nous sommes réunis, vous m’avez suivi, et par là même, m’avez reconnu comme meneur. Si aujourd’hui, mes décisions ne vous plaisent pas, alors partez.

Utakata réagit à cette réplique. Il devint blanc de rage. Il ne supportait pas du tout qu’on lui parle ainsi. Il voulut sortir son appareil à faire des bulles, mais fut interrompu dans son geste par le bâton de Yagura qui se mit sous sa gorge.

-Calme-toi, mon ami, fit l’ancien Mizukage avant de s’adresser au ninja renard. Naruto, j’avoue t’avoir autrefois considéré comme un gamin qui avait de trop grandes ambitions… Mais, je t’avoue aussi être rassuré sur un point. Tu sais te conduire comme un chef. Tu as fait un beau discours.

-Et c’est sur ce seul discours que tu vas aller dans son sens ? demanda sarcastiquement Utakata.

-Pour l’instant…oui.

Naruto resta bouche bée devant la réplique de Yagura. Celui-ci avait complètement mis son orgueil, et son caractère habituel de coté pour permettre à l’organisation des jinchurikis de ne pas se perdre en tergiversation dans un moment critique et urgent. Le ninja renard ne laissa pas longtemps sa surprise le dominer et sans dire un mot de plus, reprit la route qu’il avait du interrompre à cause d’un destin capricieux, suivi par ceux qui ne devaient pas rester en arrière. Le groupe ainsi constitué laissa tomber sa vitesse de marche ridiculement basse qu’elle avait en suivant le chemin pour en revenir à un mode de déplacement largement plus ninja : c'est-à-dire sauter d’arbre en arbre, en s’enfonçant dans la forêt. Le ninja renard, lui, perdit toute autre notion de prudence, et, bien décidé à faire en sorte que ses camarades ne soient pas restés en arrière pour rien, accéléra le rythme, distançant un peu ses compagnons. Ces derniers accélèrent de même leur vitesse, notamment Thosvorn qui, dans un fol élan d’enthousiasme, se permit même de dépasser son ami. Malheureusement, le ninja du tourbillon, qui s’était retourné vers l’Uzumaki pour le narguer d’un sourire bravache, ne vit pas une des branches d’un arbre devant lui. Le chef de Némésis eut un soupire de découragement en le voyant se cogner contre elle. Thosvorn tomba mais réussit à poser pied sur une autre branche, et ainsi, put recommencer sa course. Conscient de son manque d’attention certain, il décida cette fois de se mettre au même niveau que Naruto, à la gauche de ce dernier.

-Hé bien, mon vieux Thosvorn, fit celui-ci. Fais attention.

-Peuh, rétorqua le ninja du tourbillon. Ils ne pouvaient pas mettre cet arbre autre part qu’en pleine forêt ?

-Faut vraiment que tu m’expliques pourquoi tu agis de manière aussi…

-Enthousiaste ?

-Non… Ridicule, rectifia le ninja renard.

-Tu es si dur avec moi, fit Thosvorn en faisant semblant de pleurnicher, arrachant ainsi un sourire à Naruto. Non, plus sérieusement, il faut bien que je m’investisse pour te dérider un peu. Tu as l’air tendu depuis que tu as décidé de nous mener vers Orochimaru.

-Tu sais, j’ai un bandeau et un masque pour qu’on ne voit que mes yeux, renseigna Naruto. Comment peux-tu savoir que je suis tendu ?

-Allez, tu sais bien comment je suis. Changeant comme l’air, divisé par le temps, et joyeux comme le plus gai des pinsons.

-Encore cette phrase, qui n’a par ailleurs, aucun rapport avec ma question, remarqua Naruto. Tu dis ça souvent…. Enfin, tu disais ça souvent avant que Némésis ne se reforme. Mais maintenant… tu ne le répètes plus. Remarque, tu te dévoiles un peu plus aux yeux des autres.

-Crois-tu ? demanda le ninja du tourbillon.

-Tu crois que je n’ai pas remarqué que tu adoptais plusieurs caractères. Avec moi, tu es le joyeux luron aux lectures perverses et peu recommandables. Avec les ninjas d’Iwa, tu es un homme cruel qui se veut menaçant. J’imagine que c’est ça que tu veux dire par « Changeant comme l’air ». Reste à savoir ce que veux dire le reste… C’est un jeu pour toi, non ?

-Hé bien… Ouais ! s’exclama bien distinctement Thosvorn. Mais je peux changer si tu veux.

Dès que ce mot fut dit, une immense silhouette apparut à droite de Naruto qui obliqua son regard vers celle-ci. Han, à l’aise dans sa lourde armure rouge sang, les avait rejoints, tenant son couvre-chef d’une main. Le ninja d’Iwa croisa le regard de Naruto et lui fit un signe de tête. Puis ses yeux, qui ne dévoilaient aucun de ses sentiments, rencontrèrent ceux, verts et pétillants d’intelligence, de Thosvorn, qui pour l’occasion se mit à loucher. Le jinchuriki de Gobi soupira, pendant que le ninja renard levait les yeux au ciel, avant de se re-concentrer sur le possesseur du démon à cinq queues, qui semblait désireux de lui demander quelque chose.

-Oui ? l’encouragea Naruto.

-Hm, Naruto, puis-je te poser une question ? fit Han.

-Vas-y, fit Thosvorn.

-Hm, donc…

-Hey, je n’ai pas dit oui, moi, intervint Naruto.

-Qu’allais-tu répondre, alors ? demanda celui qui se trouvait à sa gauche.

-Ben…oui, évidemment, fit le ninja renard.

-Hm, donc, répéta Han sans prendre en compte la digression. Où est passé ton oiseau ?

-Ca m’intéressait aussi, fit la voix d’Eiji derrière eux. Pourquoi, des fois, t’as ce foutu piaf avec toi, et d’autre fois pas ?

Naruto s’arrêta net. Han l’imita, mais Thosvorn, lui, avait momentanément relâché son attention et continua à avancer tout seul. Roshi, voyant ça, secoua la tête et, grâce à son raiton, décupla sa propre vitesse pour le rejoindre et le stopper avant qu’il eut pu aller plus loin. Les autres membres de Némésis se positionnèrent de telle sorte qu’ils entouraient tous leur chef. Celui-ci fit un tout sur lui-même, comme pour vérifier qu’il ne manquait personne, et semblant prendre son courage à deux mains, il commença à parler.

-Bien, il est temps que je vous renseigne un peu sur l’oiseau qui est avec moi de temps à autre.

-Euh… Il nous avait fait promettre, intervint Thosbald.

-Oui, répondit Naruto, et tenir mes promesses est une partie de mon nindô. Néanmoins, il nous avait dit : « de ne le répéter à personne, à moins que le besoin ne se fasse vraiment sentir ». Et j’imagine que je ne peux pas cacher plus de choses tout en déclarant que la confiance doit régner dans Némésis.

-Certes, mais…

-Laisse Thosbald, l’interrompit Yomika. Naruto a raison. Il faut le dire.

-Arrêtez de tourner autour du pot, fit Yagura.

-Hm, il a raison, fit Han. Hm, qui est ce ‘’il’’ dont vous parlez ?

-Si je vous dis Franck Nyvas, fit le ninja renard, ça vous évoque quoi ?

Roshi, Fuu et Han semblèrent chercher dans leur mémoire quelques secondes avant de faire un mouvement de tête de dénégation. Eiji, lui, leva les mains en bougeant la tête de droite à gauche pour bien signifier qu’il n’avait pas la moindre idée de qui le possesseur de Kyubi parlait. Mais Yagura sembla, lui, se souvenir de ce nom, il leva un bras en claquant des doigts, comme s’il avait quelque chose à dire sans pouvoir vraiment sans rappeler. Ce fut Shogoraï qui prit la parole sans la moindre hésitation.

-Le type qu’on a vu avant de rencontre Michael, le trancheur d’âme, révéla-t¬-il.

-Qui ? demanda Eiji qui ne comprenait toujours pas à qui l’épéiste faisait allusion.

-Tu nous a rejoint après cet évènement, Eiji, fit Thosbald.

-Hm, d’accord, dit Han. Hm, je vois, ton oiseau te sert de messager pour communiquer avec Franck.

-Eh bien, en fait, voulut dire Naruto avant de se faire interrompre.

-C’est tout à fait ça, acquiesça Thosvorn.

Les deux amis échangèrent un regard. Ils n’étaient pas d’accord sur ce qu’il fallait dire. Pour Naruto, la confiance se devait de régner dans le groupe en toute circonstance. Pour Thosvorn, en revanche, si la confiance était bonne un temps, elle ne devait pas être omniprésente, étouffant alors celui qui voulait garder pour lui certaines choses. Le contact visuel ne dura qu’un instant, bien trop peu de temps pour que quiconque le remarque… Le ninja renard cligna des yeux et fit un très discret oui de la tête à l’intention de son camarade.

-Exact, fit le chef de Némésis. C’est aussi simple que ça. Bon, maintenant, en route. On doit arriver là-bas au plus vite.

Le groupe repartit. Thosvorn fit signe à Naruto d’accélérer un peu, ce que fit le ninja renard. Les deux amis se retrouvèrent donc légèrement un peu à l’écart du groupe. Le ninja du tourbillon voulait expliquer son comportement à son camarade, et c’était pour cette raison qu’il avait décidé de prendre un peu de distance par rapport au groupe, au sens propre du terme.

-Mieux vaut ne pas trop en dire, mon ami, fit Thosvorn.

-Ca me gène tout de même, répondit Naruto. Nous…

-Nous connaissons des choses qu’ils n’ont pas besoin de savoir, acheva le ninja du tourbillon. Préoccupe-toi plutôt de ce qui nous attend… Ca, c’est important. Surtout pour toi qui va pouvoir revoir ton vieux camarade, non ?

-Oh, pour ça, tu n’imagines pas à quel point tu as raison.

Sur ces paroles, Naruto, rapidement imité par ses compagnons présents, prit d’avantage de vitesse.
* * *
Quant à Utakata, Killer Bee, Kageshiro, Gaara et Yugito, ils restèrent, puisqu’on le leur avait ordonné, et se préparèrent à se battre. Les cinq ninjas se répartirent les taches et par là même les ennemis, et seulement alors, ils se commencèrent à agir. Le déserteur de Suna dispersa le sable qui constituait son mur de protection et permit ainsi aux ennemis de Némésis de voir qu’une partie de l’organisation avait disparu... Le membre d’Akatsuki à la valise noire était en train d’esquiver un coup de Rock Lee qui avait décidé de le combattre, quand il vit justement qu’une une partie de Némésis venait de partir.

-Et vous croyez vraiment que je vais laisser s’échapper autant d’argent et de bijuu? cria-t-il en parant un autre coup, et en repoussant Lee.

Le ninja à la mallette se mit alors à courir vers ceux qui restaient. Le chakra se concentra autour de Yugito alors que l’air semblait s’être figé. Le chakra d’abord en petite quantité commença à devenir de plus en plus dense au fil de secondes qui passaient, créant une atmosphère très lourde autour du réceptacle de Nibi. Ce chakra finit par prendre la forme de flammes bleues qui entourèrent l’ancienne kunoichi de Kumo en une colonne. Les arbres commençaient à être affectés par cette décharge d’énergie dans l’atmosphère, et semblaient grincer sous la pression… L’écorce des grands végétaux les plus près vola littéralement en éclat sous la pression tandis que se matérialisait le grand démon chat. Un miaulement monstrueux, à moins que ce ne fût un rugissement se fit entendre. Le vent dégagé par la transformation de la Kunoichi des nuages obligea le ninja d’Akatsuki au bandeau de Taki à arrêter son mouvement. Pour bien commencer son entrée en matière, le démon chat voulut abattre sa patte sur lui, mais un tentacule s’interposa… Un tentacule qui appartenait à Killer Bee.

-Laisse-moi m’en occuper, Yugito, fit-il. Je vais le saper aussitôt.

Le ninja rappeur courut vers le membre d’Akatsuki au bandeau de Taki, et donna un coup de paume dans l’air en direction de son ennemi. De la paume jaillit un autre tentacule qui prit quelque peu au dépourvu l’ancien ninja du village de Taki. Le tentacule le frappa dans le ventre et l’envoya valser. Killer Bee continua sa course, suivi par Kageshiro qui sortit son épée sans garde. Les deux hommes de Némésis avancèrent un peu avant d’entendre le bruit significatif du mur qui jaillissait de terre. Et en effet, un rempart sortit du sol pour les séparer, eux et le ninja d’Akatsuki, du reste des personnes qui étaient présentes. Mais, loin d’être un simple rempart, ce fut une véritable muraille qui entoura les trois ninjas, les laissant tout à leur aise pour s’affronter sans se préoccuper des autres personnes présentes. C’était là la preuve que le ninja d’Akatsuki avait pleinement confiance dans ses capacités pour provoquer ainsi un duel entre lui et deux autres shinobis qui étaient loin d’être faible. Sans s’en préoccuper, Killer Bee et Kageshiro regardèrent le shinobi d’Akatsuki marcher calmement vers eux, le manteau de son organisation déchiré là où le tentacule avait frappé, dévoilant la peau de l’ennemi de Némésis. Dans les yeux verts de ce dernier, une lueur malveillante s’était allumée. Le ninja rappeur de Kumo prit ses armes, et se prépara au combat en se mettant dans une pose quelque peu incongrue, celle où il arrivait à porter de manière grotesque mais efficace ses sabres en les plaçant sous ses bras, dans sa bouche, dans ses mains, et sur le genou. Kageshiro haussa un sourcil en secouant la tête en voyant ça et se prépara de même à se battre.

Le gigantesque félin sembla acquiescer à la remarque que lui fit le ninja rappeur, et le regarda courir quelques secondes avant de diriger son attention sur les autres personnes qui se trouvaient là. Le monstre aux deux queues courba les pattes pour faire un bond prodigieux dans les airs, s’élevant dans les cieux avec une grâce inégalable. Il ouvrit la gueule et commença à accumuler du chakra à l’intérieur, mais se ravisa en remarquant que Gaara, et Utakata n’étaient pas en train de se protéger. Yugito pesta intérieurement. Comment pouvait-elle mener un combat tranquille si ses soi-disant alliés ne faisaient rien pour l’aider ? L’ancienne kunoichi de Kumo interrompit donc sa charge de chakra et, pour rentabiliser le peu de force qu’elle avait dépensé pour sauter, décida d’atterrir sur la cible qu’elle avait choisie, à savoir les ninjas de Konoha. Ceux-ci avaient reculé de stupeur quand ils avaient vu apparaître un bijuu face à eux… Ils avaient écarquillé les yeux quand il avait bondit, et maintenant qu’il commençait à retomber vers la terre, ils prirent le parti de s’écarter. C’était le bon réflexe qu’ils avaient eu puisque ils réussirent à esquiver le démon, mais l’impact de l’atterrissage fut tel qu’ils furent obligés d’avoir recours à des sorts dotons pour se protéger. Enfin, ils l’auraient fait s’ils avaient maîtrisé le doton… Ce qui n’était le cas d’aucun d’entre eux. Et ce fut donc grâce à leur agilité qui leur permit d’esquiver sans mal les éclats de rocs qui s’étaient détachés du sol.

-Ha ha ha ha, quelle joie, cria Hidan sans se préoccuper des égratignures que l’explosion et les éclats de pierre lui avait causé. Ô grand Jashin, regarde-moi, et admire l’œuvre de ton…

La tirade du ninja d’Akatsuki s’étouffa dans sa gorge. Le pied du possesseur de Rokubi le frappa en plein ventre, avant que l’ancien ninja de Kiri ne lance un regard derrière lui. Gaara s’attaquait aux ninjas de Konoha, et en reconnaissait certains… Notamment Rock Lee qu’il avait affronté plus de deux ans auparavant. Mais le ninja du sable n’était pas motivé par un quelconque sentiment de nostalgie… Juste par l’envie d’éliminer ses ennemis. Et ce fut pour cette raison qu’il accumula au-dessus de lui une immense boule de sable qu’il toucha de sa paume, la métamorphosant en une immense boule de verre, qu’il envoya sur les shinobis du pays du feu. Ceux-ci ne purent encore une fois qu’éviter. Asuma eut un sourire en regardant le fils du Yondaime Kazekage.

-Gaara du désert, fit-il. Ton sable couplé au katon te permet d’utiliser le verre.

Le susnommé écarquilla les yeux à ces mots, et jeta un regard à la boule de verre créée par ses soins quelques secondes plus tôt avant de se concentrer sur le fils de l’ancien Hokage.

-Mais… comment l’as-tu deviné ? demanda-t-il d’un air exagérément surpris.

-Très drôle, grommela Shikamaru. Tu étais un psychopathe, il y a deux ans… Tu ne vas pas me faire croire que tu es devenu comique en si peu de temps.

-Je me souviens de toi, fit le possesseur d’Ichibi. La dernière fois, je ne t’ai pas tué, mais rassure-toi, je vais réparer cet oubli.

-Tu as du utiliser beaucoup de ton sable pour cette boule de verre, suggéra le rejeton du clan Nara. Il ne doit pas t’en rester pour la défense que tu utilisais la dernière fois.

-Si tu veux dire que je ne verrai pas vos attaques, et que je ne pourrai les éviter…

-Tu pourras sans doute les éviter… Les nôtres, bien sur.

Gaara haussa un de ses sourcils inexistants en se demandant ce que le ninja aux ombres voulait dire par là. Il eut la réponse en entendant le sifflement d’une lame fendant l’air. La faux à trois lames de Hidan se dirigeait vers lui, mais fut stoppée avant de l’atteindre par une bulle de savon qui éclata au contact de l’acier, en arrêtant net le mouvement de l’arme. Utakata apparut au coté du ninja des sables.

-Je suppose que je suis sensé m’excuser, fit le possesseur de Rokubi.

-Pour ne pas être capable d’empêcher ton adversaire de m’attaquer ? compléta l’ancien ninja de Suna. Oui… Mais entre nous, je m’en fiche.

-Parfait, parce que je n’avais pas l’intention de t’en faire.

-Je m’en fiche, parce que je vais m’occuper personnellement de ce type.

-Comme tu veux, soupira Utakata. C’est exaspérant de voir les petits jeunots vouloir briller… Mais, de toute façon, j’ai juste envie de tuer. Et j’aurai plus de cible avec Konoha qu’avec l’autre gus.

-Parfait, répondit le ninja du sable en faisant disparaître sa boule de verre en la faisant redevenir sable.

Gaara plaqua les mains à terre, et diffusa son chakra dans le sol. Dans un grondement, les arbres derrière Hidan se mirent à trembler avant de se faire littéralement aspirer par le sol, ou plutôt par le sable qui se trouvait dedans en quantité largement supérieur à celle que Gaara transportait sur lui. Sur près d’une cinquantaine de mètres, la partie de la forêt, à laquelle le ninja d’Akatsuki à la faux faisait dos, fut donc engloutie… Le shinobi du sable se précipita sur l’homme à la faux et lui assena un coup de poing qui se fit bloquer par le manche de l’arme de son adversaire. L’ancien ninja de Suna profita de cette occasion pour inspirer profondément et pour souffler avec force.

-Futon, la déferlante de sable !

L’homme aux cheveux gris dut encaisser la bourrasque à bout portant. Celle-ci était tellement puissante qu’elle le fit décoller du sol, l’envoya dans la direction où la forêt avait été aspirée par le sable. Gaara courut à sa suite, et alors qu’il avançait, les arbres ressurgissaient de terre à sa suite comme pour fermer le passage. Force était d’admettre que lorsque le possesseur d’Ichibi voulait quelque chose, et à plus forte raison affronter un adversaire en combat singulier, il mettait les moyens les plus exagérés pour arriver à ses fins.

Ne restaient plus, face aux shinobis de Konoha, qu’Utakata et Yugito Nii. Le possesseur de Rokubi avait fait instantanément ses calculs quand il avait compris qu’il allait devoir se passer de trois de ses camarades. En toute connaissance de ses propres capacités, et au vu de ce qu’il savait des différents clans de Konoha qui avait un représentant en ces lieux, il s’estimait capable d’en vaincre au moins deux. Par ailleurs, il se savait accompagné d’un jinchuriki parfait en la personne de la possesseur de Nibi, qui pourrait sans doute se débarrasser sans trop de problème de ceux qui restaient. C’était donc confiant, et assez en colère contre Naruto dont les ordres commençaient à l’énerver sérieusement, qu’il détailla les shinobis de la feuille, qui s’étaient rassemblés, probablement pour trouver un plan, avant d’obliquer son regard vers l’immense chat de flammes bleues aux yeux vairons, l’un vert, l’autre jaune, dont il s’était rapproché. Le feu bleu disparu dans un souffle, et l’ancienne kunoichi des nuages prit la place du démon.

-Ils ne sont que cinq, souffla Utakata sans se préoccuper de la dé-transformation de sa camarade. Et le type nouvellement manchot avec le chien va mettre du temps à revenir… Même si on a le temps, finissons-en rapidement.

-Enervé par l’attitude de notre cher chef ? demanda Yugito.

-Je ne suis pas du genre à me fâcher à cause du comportement d’un sale gosse qui se prend pour ce qu’il n’est pas et que je tuerai s’il ne se montre pas plus digne des individus qui l’entourent.

-Ca se voit, déclara ironiquement la kunoichi. Tu sais qu’il est peut-être très fort ?

-Tant qu’il ne m’a pas battu, il n’est pas question que je le considère comme plus puissant que moi, rétorqua en haussant le ton le possesseur de Rokubi.

-Si tu veux passer ta frustration sur quelqu’un, tu as cinq ninjas à tuer, alors ne viens pas me crier dessus.

-Pas de pitié, donc ? fit Utakata avec un micro-sourire aux lèvres.

-Tu comptais en avoir ? demanda incrédule Yugito.

-Pas spécialement, non.

-Pourquoi me poser la question alors ? soupira la possesseur de Nibi. Tu devrais être plus content que ça. Tu sais combien de shinobi aimerait combattre à mes cotés ?

-Surement plus que ceux qui voudraient être à la place de nos adversaires, murmura Utakata avant de voir un énorme poing se diriger vers lui.

* * *

Alors que se déroulaient tous ces évènements, une certaine agitation régnait bien plus loin, à Iwa. La population civile du village des roches se pressait aux alentours de la porte principale, accablant de mille questions les ninjas présents, et plus particulièrement ceux dont on connaissait la capacité à repérer les chakras, les fameux ninjas sensitifs. Ceux-ci en venaient d’ailleurs presque à maudire leur capacité, épuisé de devoir maintenir à la fois leur technique et de supporter le brouhaha continuel de la foule ambiante. La rumeur enflait depuis déjà trois heures, comme quoi le troisième Tsuchikage, en personne, aurait repéré une présence familière qui se dirigeait vers le village des roches, et que c’était pour cette raison qu’autant de ninjas capteurs avaient été rassemblés. D’après les bruits qui couraient, Sanshiryu, le petit-fils du Nidaime et du Sandaime Tsuchikage s’avançait en direction de son lieu de naissance, et chose étonnante, il venait seul.

Sa désertion avait fait beaucoup de bruit à l’époque, et le fait qu’il ait mis K.O près de trente shinobis du village en partant n’avait rien fait pour arrêter les folles paroles qui passaient de bouche en bouche et arrivaient dans toutes les oreilles. Certains parlaient d’une croisade entrepris pour venger son père disparu, dont on ne savait pas ce qu’il était advenu après une mission, ou pour aider le jinchuriki de Gobi à tirer de l’emprise d’Akatsuki le ninja aux bombes, Deidara, rejeton du fameux Keibaro Bakushou. D’autres optaient pour la trahison pure et dure pour se venger de ne pas avoir eu un poste de conseiller qu’il aurait soi-disant convoité. Quelques-uns avaient pensé que Sanshiryu voulait sauver une femme, l’amour de sa vie, qui aurait été enlevé par des jinchurikis, menés par Han, qui profitait honteusement de la crédulité de son ami. C’était dire si tout et n’importe quoi avait été suggéré pour cette fuite. Et c’était maintenant l’étonnement qui régnait, et la question présente dans tous les esprits était « Pourquoi revenait-il maintenant ?»

C’était aussi ce que se demandait le troisième Tsuchikage, Oonoki qui attendait son petit-fils en compagnie de l’élite du village, autant civil que militaire, et même du seigneur du pays de la terre, qui avait été averti de la nouvelle et qui avait été amené ici. La présence d’un homme d’une telle importance était surtout due au fait qu’il fallait un juge suprême pour s’occuper de cette affaire. Même si le vieil homme buté qui occupait la place hiérarchique la plus élevé au sein d’Iwa n’aimait pas faire intervenir un homme qui n’avait jamais bien côtoyé les affaires des ninjas, il s’agissait d’un cas sans précédent. Le petit-fils déserteur de deux Tsuchikage revenait de lui-même à son village. Ce n’était même pas une capture, mais bien visiblement une reddition. Néanmoins, les intentions de Sanshiryu étant encore inconnues, il n’y avait pas lieu de se réjouir. Peut-être venait-il en fait apporter un acte de déclaration de guerre, ce que personne ne souhaitait.

Soudain, les voix des gardes de la porte se firent entendre. Ces deux gardiens n’étaient pas habituels, il s’agissait là de jonins, exceptionnellement placés là pour parer à tous les cas de figures. Le déserteur était visiblement seul mais il s’agissait du plus puissant des jonins d’Iwa ou presque. Il était reconnu comme plus fort que Han, comme son père était reconnu plus fort que Roshi, et son plus grand défaut, et pratiquement l’un des seuls, était un manque certain de confiance en soi, d’ordinaire bien dissimulé. Si par exemple un adversaire était suffisamment rapide pour se retrouver derrière lui, Sanshiryu était plus enclin à abandonner le match plutôt que d’essayer de se battre, alors qu’il aurait pu vaincre d’un seul coup ou de deux l’ennemi.

-Halte ! Qui va là ? fit la voix de l’un des deux gardiens.

-Vous le savez parfaitement, je pense, fit la voix de Sanshiryu.

-Répondez à la question, ordonna l’autre gardien.

-Bien, bien, je suis Sanshiryu, jonin d’Iwa, et je dois m’entretenir au plus vite avec le Sandaime Tsuchikage. Aussi je vous somme de me laisser passer.

Un silence suivi ces mots. La porte s’ouvrit pour laisser apparaître un homme d’une trentaine d’année, aux yeux verrons, l’un bleu et l’autre rouge, aux cheveux noirs en bataille et au regard exceptionnellement déterminé. Sanshiryu s’avança, encadré par les deux gardes qui étaient visiblement abasourdi par le charisme que dégageait en ce moment l’héritier de deux Kages des roches. En ne semblant pas remarquer la foule qui chuchotait bruyamment en y allant de son commentaire, il se dirigea directement vers Oonoki, qui crut une seconde voir arriver vers lui son ancien disciple Sentaro tant la ressemblance entre les silhouettes du père et du fils était frappante. Arrivé à hauteur de son grand-père, qui était protégé par sa garde personnelle, qui, elle, n’avait pas fait un geste, attendant le moment propice pour frapper, le déserteur s’agenouilla et sortit un carnet de sa poche.

-Maître Tsuchikage, Jonin Sanshiryu au rapport. Voici toutes les informations que j’ai pu récolter sur le traître Han et son équipe qui se fait appeler Némésis. Conformément aux instructions que vous m’aviez données, je reviens puisque le laps de temps que vous m’aviez indiqué s’est écoulé. Je suis à votre disposition si vous voulez me poser des questions afin d’obtenir des précisions.

Cette déclaration fit taire toutes les voix. Mais le silence ne dura pas. Un brouhaha du aux réactions de tous se fit entendre. C’était un véritable coup de théâtre dans cette affaire. Sanshiryu aurait été en fait un espion pour le compte d’Oonoki. Cela expliquait pourquoi aucun des shinobis d’Iwa qui les avaient rencontrés n’avaient pas été tué. Tout cela faisait parti d’un plan. La prime mise sur la tête du déserteur l’empêchait en outre d’être soupçonné par les autres membres de l’organisation infiltrée. La foule était très enthousiaste, et la réponse d’Oonoki à son petit-fils ne freina pas d’un poil cet enthousiasme.

-Tu arrives à point nommé, puisque le seigneur du pays de la Terre est là pour apprécier tes résultats. Va te reposer pendant que lui, le grand conseil et moi-même allons discuter de tout cela.

Cette réponse du Sandaime Tsuchikage fut accueillie par des applaudissements de toutes parts. Tous les shinobis quittèrent leur poste pour aller féliciter le petit-fils de son retour chez lui après une mission qui avait du être d’une dangerosité extrême, et pour l’escorter là où il pourrait se reposer. Sanshiryu dut serrer beaucoup de mains, résister à de nombreuses tapes amicales dans le dos, et protéger ses oreilles des « Félicitations » hurlés à bout portant. La liesse l’emporta vers le palais du Tsuchikage en scandant son nom.

Une heure plus tard, le Tsuchikage, le seigneur du pays de la terre et le conseil s’était réuni dans la salle prévue à cet effet. La salle n’était équipée que d’une table circulaire en son centre et était complètement vide sans décoration aucune à l’exception des bustes des précédents Tsuchikage, sur un secrétaire à coté. Le premier à prendre la parole fut l’un des membres civils du conseil, chargé du commerce.

-Mes félicitations, Seigneur Oonoki, commença-t-il d’une voix chantante. Vous avez réussi à tous nous berner.

-Mais, intervint le seigneur du pays de la terre, j’avoue ne pas bien comprendre l’intérêt de tout nous cacher. Me mettre dans la confidence…

-Aurait été une erreur, fit un des shinobis du nom de Kitsuchi, le fils même du Tsuchikage. Pardonnez mon insolence, mais moins le nombre de personnes étant au courant était élevé, moins le danger que courait l’espion était grand. Et vous conviendrez que celui qui a été envoyé est d’une telle valeur que le perdre par manque de discrétion aurait été un grand gâchis.

-Ah, ça, vous semblez bien renseigné, fit un autre membre du conseil, un jonin du nom de Kushou Asazuna, vous étiez donc dans le secret, messire Kitsuchi ?

-A vrai dire, non ! répondit l’interpellé. Mais je ne donne que mon avis sur la question.

-Il n’y avait que deux personnes dans la confidence, renseigna Oonoki. Sanshiryu, et moi-même. Plus aurait été trop dangereux, comme l’a souligné mon fils.

-Mais pourquoi avoir envoyé votre petit-fils, plutôt qu’un autre shinobi, certes moins efficace, mais moins important ? demanda le seigneur.

-Car il était le compagnon de Han, ce dernier lui faisait confiance. Le choix s’imposait de lui-même. De plus, lui confier cette mission de rang S était la dernière épreuve que j’ai décidé de lui faire passer.

-Attendez, fit Kushou qui comprit instantanément ce que sous-entendait ces mots, vous ne voulez quand même pas dire que…

-Oh si, je le dis, répondit le vieil homme avec un sourire. Mais pour cela, il faut un vote, comme vous le savez tous. Vous connaissez les capacités de Sanshiryu, il est en outre d’une lignée sans faille, puisque comptant deux Kages, dont moi. Et de plus, vu qu’il a voyagé avec eux, il saura au mieux parer à cette organisation qui sera l’ennemi de demain. Je pense que vous voyez où je veux en venir.

Toutes les personnes présentes acquiescèrent. Pendant ce temps, Sanshiryu paressait sur un canapé d’une salle voisine à celle du conseil. Elle était insonorisée et on ne pouvait pas voir à l’intérieur quelque soit les moyens utilisés. Bien qu’en apparence détendue, il attendait le verdict de cette affaire, et ça n’allait pas tarder. La porte s’ouvrit laissant place aux membres du conseil qui passèrent sans le regarder, le saluant à la limite d’un simple mouvement de tête, puis vint le tour du seigneur du pays de la terre qui eut un hochement de tête très enthousiaste et un sourire chaleureux à son égard. Enfin arriva celui que Sanshiryu craignait énormément, son propre grand-père. Celui-ci le regarda d’un air implacablement sévère et attendit que tous soient sortis pour fermer les portes. Une fois ceci fait, plus rien, ni personne ne pouvait les déranger ou les espionner.

-Sanshiryu, je ne sais pas si tu tiens ça de moi ou de Muu-sama, mais tu as un culot monstrueux.

-De toi, papy, sans aucun doute. Sinon tes hanches, ça va ?

-Ce n’est pas le sujet, mes hanches vont très bien, et …

*Crack*

-Aaargh, mes hanches.

Le Tsuchikage troisième du nom tomba à genoux, sous le regard amusé de Sanshiryu, habitué aux problèmes de hanches que son aïeul avait depuis plus de quinze ans. Depuis sa tendre enfance, il avait toujours été très proche de son grand-père, bien qu’il n’eut pas souvent l’occasion de le voir. Il était d’ailleurs la seule personne à laquelle le Sandaime Tsuchikage, dont la réputation de vieux grincheux était bien connue, ne faisait que peu de reproche. Un privilège qu’il devait cependant plus à sa compétence qu’au simple fait d’être le petit fils du chef d’Iwa.

- Bref, revenons à ton mensonge plutôt, fit celui-ci.

-Tu parles de la mission que j’ai inventée ? demanda Sanshiryu en connaissant très bien la réponse. Avouons que c’était bien trouvé, et ça a rassuré la population.

-Trop risqué, tu mettais ton sort entre mes mains. Si j’avais voulu, j’aurai pu te faire exécuter.

-Mais tu ne l’as pas fait, papy… Je savais que tu ne me ferais pas de mal.
!
-Tout en toi me rappelle les êtres que j’ai le plus apprécié au monde. Ma femme et ma fille, mon maître, et deux de mes élèves. Quand bien même ma vie en aurait dépendu, je n’aurais pu te dénoncer, effectivement. C’est inacceptable pour un shinobi tel que moi, d’ailleurs. Tu peux te vanter d’être ma plus grande faiblesse, Sanshiryu.

-Alors, merci. Puis-je y aller ?

-Non, maintenant, tu comprendras que tu dois être surveillé et que tu dois être cloisonné au village, pour ce que tu as fait. Je me chargerai d’ailleurs moi-même de te garder.

-Quelle excuse vas-tu donner pour ça ? Et où vas-tu trouver le temps de me surveiller ?

-J’ai dit au conseil que cette mission était le dernier test avant ta nomination à un nouveau poste. Ce poste, en tant que Tsuchikage troisième du nom, m’obligera à te surveiller pour vérifier que tu le fais bien. Ta nomination a d’ailleurs été votée à l’unanimité. Toutes mes félicitations.

-Un poste qui m’oblige à rester au village, qui m’oblige d’être surveillé par un Kage, qui doit être le résultat d’un vote pour être donné. Ca me dit quelque chose, mais je ne me souviens plus de…

Sanshiryu s’interrompit soudain. Il venait de comprendre à quoi le destinait son grand-père. Mais vu qu’il le connaissait bien, il ne pouvait qu’être effaré par ce sous-entendu. Après tout, il avait déserté le village pendant deux années, et le mettre à ce poste était une marque de confiance qui allait à l’encontre des actions qu’il avait précédemment menées. Il baissa la tête d’un air ahuri. On ne pouvait pas le nommer lui… Il n’était plus digne de confiance…

- Non, ça ne peut pas être ça. Je…C’est impossible !

-Je vois que tu as bien deviné. Prépare-toi Sanshiryu, car demain, tu seras le quatrième grand rempart d’Iwa, comme aurait du l’être ton père.

Sanshiryu eut un sourire triste en entendant cela.

-C’est amusant que tu parles de lui, fit-il. Roshi a raconté son histoire à l’organisation Némésies, enfin à l’un de ses membres… Et c’est en me souvenant des convictions de mon père que je suis revenu. Comment pourrais-je être digne de lui et de ce poste que tu me proposes alors que j’ai déserté ?

-Sentaro a disparu voilà dix ans, rappela le vieux Tsuchikage. Mais où qu’il soit aujourd’hui, je suis sur qu’il est fier de toi… Il l’a toujours été de son vivant. Pour ce qui est de ta désertion, moi seul suis aujourd’hui au courant. Maintenant que tu es revenu, j’ai fourni l’explication la plus probable qui pouvait justifier qu’on mette en danger un homme tel que toi… Et la décision qui a été prise est ta récompense pour avoir rempli cette mission.

-…

-Ne reste pas là à te morfondre, mon petit, et prépare-toi… Car dans quelques heures, tu seras le Yondaime Tsuchikage.






Un petit com?

Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: