Fiction: L'espoir de le voir renaître... (terminée)

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Amour et haine, parents consanguins?


La question me désarçonna. Il voulait savoir pourquoi je venais perturber sa douce vie de renégat, c'était légitime. Mais je ne me serais pas attendue à ce qu'il me pose la question directement. Eh bien, mon cher, je n'ai aucunement l'intention de te répondre ! Je durcis mes traits et lui jetai un regard peu amène.

- Tu sais que je finirais par connaître la réponse en utilisant certains moyens en ma possession, dit-il. Libre à toi de choisir ou non la facilité.

Il prit un air cruel et je compris tout de suite de quelle nature étaient ces « certains moyens ». J'avais eu ma dose de souffrance pour cette nuit, mais l'idée d'abandonner si facilement ne me plaisait pas du tout. Pourtant, je savais très bien qu'il ne bluffait pas. Il réussirait très certainement à me faire parler. A la seule pensée du Genjutsu que j'avais subi un peu plus tôt, j'étais déjà prête à tout lui avouer. Tout, plutôt que revivre ça.

Conscient du dilemme auquel je faisais face, et voyant probablement mes yeux passer de la détermination au doute, Sasuke attendait patiemment que je me décide. Je lisais sur ses traits qu'il ne se faisait aucun doute quand à la décision que j'allais prendre. Il était lui même perdu dans ses pensées, le regard encore plus vide que d'habitude. A force de l'observer, j'en oubliai la décision que je devais prendre, et profitai de cet instant où je pouvais enfin le voir de façon précise, pour la première fois depuis des années. Il était plus beau que jamais. Son air froid et mystérieux le rendait irrésistible. Son visage avait muri, définitivement débarrassé des dernières rondeurs enfantines. Sa peau épousait parfaitement les angles harmonieux de sa mâchoire et de ses pommettes. Son regard semblait pénétrer toute chose. Mais celui-ci me rendait triste. Ses yeux avait perdu toute trace de la haine qui y était si longtemps demeurée ardente. On ne voyait plus de tristesse ni de sentiment de solitude dans ses pupilles. On n'y voyait plus rien du tout. Tout ce qui l'avait rendu humain autrefois n'était plus. Mon cœur se serra à nouveau. Je baissai la tête, ne voulant pas montrer mon accès de faiblesse à mon ancien compagnon.

Je finis par reposer mon regard sur lui et dis d'une voix claire :

- Vas-y, pose ta question.

- Sage décision, assura-t-il sans sourciller. Mais je te l'ai déjà posée. Je n'aime pas me répéter.

Touchée.

- Je suis venue ici dans l'espoir de te trouver..., dis-je vaguement.

Il allait être difficile d'avouer la vraie raison de ma venue. Mais il avait bien dû s'en rendre compte lui même...Il désirait simplement l'entendre de ma bouche. Bourreau. Il ne dit rien, attendant que je continue.

- ...et de te tuer, terminai-je sur un ton qui ne laissait aucun doute sur ma motivation originelle.

- J'avais cru comprendre ça, affirma mon interlocuteur. Tu saisis que je ne peux pas te renvoyer dans ton village, maintenant que tu connais cet endroit.

J'acquiesçai. C'était évident. Ce qui l'était moins en revanche c'était...

- Pourquoi tu ne me tues pas?

- Encore une fois, je n'aime pas me répéter, déclara-t-il.

- Ne compte pas sur moi pour t'aider à faire du tort à Konoha, Sasuke, annonçai-je simplement en le voyant se lever.

Il ne réagit pas. Il repoussa la chaise contre le mur, et sortit en verrouillant la porte derrière lui. Je me laissai tomber en arrière sur le matelas rapiécé du lit. Ce petit séjour n'allait pas être joyeux...

Je m'interrogeai sur ce pour quoi Sasuke comptait m'utiliser, j'étais certaine que c'était en rapport avec Konoha. Après tout, à quoi d'autre pouvais-je lui être utile ? Les soins ? J'avais entendu dire que sa coéquipière avait déjà des capacités médicales. De plus, je n'étais même pas certaine qu'il connaisse ma pratique de la médecine. Ce devait être une toute autre raison.

Alors que je restais là à attendre depuis des heures, je me demandais vaguement quelle heure il pouvait être. Déjà le matin? Je n'avais que très peu dormi sur mon arbre, mais je n'avais absolument pas sommeil. Mon cerveau paraissait certain qu'il y avait d'autres problèmes beaucoup plus urgents à régler. A commencer par le tri qui s'imposait dans ma tête. Je ne faisais plus la distinction entre haine et amour, entre passé et présent, entre réalité et illusion. Les quelques minutes que j'avais passé en la présence de Sasuke avait suffit à faire tomber toutes les colonnes de mon édifice mental, que je croyais si solide...

J'avais souvent entendu dire que haine et amour ne pouvaient exister l'un sans l'autre. Comme la partie Yin et la partie Yang, deux composants d'un mêmes morceau. Jamais je n'avais été aussi certaine que c'était vrai. Je détestais cet homme pour ce qu'il nous avait fait, pour ce qu'il comptait faire et pour ce qu'il s'était fait à lui même. Tout mon être ne voulait que hurler cette rage. Je comprenais ma volonté de le tuer. Je ne voulais plus qu'il nuise à qui que ce soit. Mais cette haine engendrait une passion dévorante...Je souffrais lorsque je le voyais mourir, et j'avais bien compris que sa mort signerait la mienne. Il était ma raison de vivre. Les souvenirs passés que j'avais de lui n'arrangeaient rien, car ils essayaient de me convaincre qu'il y avait un espoir le concernant. Je l'avais vu gêné, souriant, taquin, et le plus important, je l'avais vu se sacrifier pour ses amis. J'avais du mal à me dire que ce bloc de glace cruel et sans pitié était cet enfant d'autrefois, certes distant et fermé, mais entier.

J'étais tourmentée, rien n'allait plus. Une partie de moi voulait que je fasse revivre cette partie de lui. Elle devait bien encore exister quelque part. Plus j'essayais de faire taire cette part de moi-même, qui ne m'apporterait que des souffrances, plus elle grossissait. Je voulais avoir cet espoir.

Je n'eus pas le temps de réfléchir plus longtemps car j'entendis une clef pénétrer dans la serrure. Trois secondes plus tard, la porte de la chambre s'ouvrait.




Ce chapitre est peut être un peu plus long que les autres... Peut être? :D Allez...
Bon, je vous laisse sur cette note certes possiblement illusoire, mais néanmoins positive!
A très bientôt!

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