Fiction: L'espoir de le voir renaître... (terminée)

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Nous marchâmes pendant un peu plus de vingt-quatre heures. J'en appris davantage sur ceux que je poursuivais. Karin n'étant définitivement pas une personne discrète, je l'entendais souvent vociférer après son compagnon. J'appris ainsi qu'il se nommait Juugo. Ce nom ne me disait pas grand chose, peut-être l'avais-je déjà entendu, peut-être pas. En tout cas, Juugo était une personne calme et en accord avec la nature. C'est la conclusion à laquelle j'étais parvenue au bout de quelques heures de marche. Mais je changeai vite d'avis lorsque, le soir venu, je l'entendis, au loin, réclamer sa dose de sang et de meurtre. Des personnes atypiques, songeais-je, voilà qui allait à merveille avec Sasuke...

Nous avions abandonné les rocs pour la verdure et les arbres, les buissons se faisaient de plus en plus nombreux. Enfin, le lendemain de notre départ, en fin de journée, Karin et Juugo s'arrêtèrent. Je sautai sur les branches d'un arbre, précaution que je prenais à chacun de leurs arrêts, dans le cas où j'aurais été repérée, puis allai ainsi d'arbre en arbre avec la souplesse d'un chat.

Lorsque j'atteignis l'endroit où le duo avait stoppé je ne vis rien. Mais alors rien de rien ! J'étais bluffée. Était-il possible qu'ils m'aient effectivement repérée et qu'ils aient agi en conséquence ? Disparaître ? Où se cacher pour mieux me surprendre !

Je rejoignis d'un seul bond l'arbre le plus proche et me camouflai derrière ses feuilles. Je sortis un kunai de ma sacoche et contrôlai ma respiration afin de ne pas me trahir. J'attendais. Mais rien ne venait. Tout semblait calme autour de moi et je ne sentais aucune présence. L'astuce devait être ailleurs... Comme la nuit tombait, je m'assis sur une branche haute et épaisse, et me fit un lit de ses multiples rameaux.

J'attendrais ici, aussi longtemps qu'il le faudrait. J'étais proche. Je ne savais pas comment ces gens avaient disparu, mais j'étais convaincue qu'en restant à cet endroit, je le saurais bien assez tôt.
Et j'avais raison. Alors que la nuit était dans son plein épanouissement, un léger bruit me tira du sommeil. Je me laissai doucement tomber sur la branche d'en dessous et regardai avec un intérêt non dissimulé le petit cercle d'herbe au pied de l'arbre.

Un homme était là. Et cet homme, c'était le mien. Celui pour lequel j'étais venue. Sasuke. S'en suivit un long débat personnel durant lequel une partie de moi (A) me disait de l'attaquer tout de suite tandis qu'une autre (B) me conseillait d'attendre et de percer le secret de cet endroit. Mais aurais-je une autre occasion de le trouver seul, dans l'obscurité et visiblement occupé à... à quoi au fait?

Je laissai A et B de côté pour le moment et préférai observer celui qui avait été pendant longtemps l'objet de mes pensées. Il semblait réfléchir. Il était assis à même le sol et regardait droit devant lui. Se serait-il trouvé un nouvel intérêt pour la méditation? J'en doutais, ce n'était pas son genre. Dans le noir, je distinguais très mal ses traits. Je me demandais quelles émotions il ressentait à cet instant. Si tant est qu'il fut encore capable de ressentir quelque chose...

Soudain il se leva et se mit à faire les cents pas. Lentement, il fit le tour de mon arbre, puis il s'éloigna, et revint finalement sur ses pas. Je le voyais remuer les lèvres. Le si inébranlable Sasuke aurait-il lui aussi affaire à des controverses intérieures ? Je souris à cette pensée. Ce n'était pas du tout l'idée que je me faisais de lui, mais après tout il avait beau s'être toujours dissimulé derrière ses airs froids, il n'en restait pas moins humain. Mais alors que je le voyais se rassoir, un détail me gêna. Pourquoi restait-il ici ? S'il avait besoin de réfléchir, rien ne l'empêchait d'aller plus loin...Pourquoi rester à cet endroit où ses coéquipiers pourraient à tout instant le déranger. Lorsque je compris il était trop tard.

Je me sentis partir dans les airs, pour retomber brutalement sur le sol, un poids sur le dos.

- Qui es-tu ? Demanda une voix calme au dessus de moi. Parle, où je te tue.

- Pas avant que je ne t'étripe moi même! Clamai-je en faisant appel à la grande force que m'avait transmise Tsunade-sama et en inversant les rôles : lui couché et moi sur son dos. Je croisai brièvement son regard incandescent, le rouge de ses pupilles brillant à travers la pénombre. Je pris un kunai et le passait sous sa gorge, lui tirant la tête en arrière.

- Ici se termine ton histoire, mon cher Sasuke-kun, dis-je d'une voix tremblante en pressant ma lame sur sa peau.

Je devais le faire. Je serrai d'une main ferme mon kunai et fermai les yeux. D'un geste rapide, je tranchai sa gorge et me relevai instantanément. Je voyais son corps se vider sous mes yeux, il n'était plus rien, une enveloppe sans vie. Je tombai à genou, laissai choir mon kunai et ouvris de grands yeux. Mon corps se tétanisa et je me mis à trembler de toute part.

Peu à peu, mes larmes perlèrent, ma respiration se coupa et je portai mes mains à mon visage, dans l'espoir d'échapper à cette vision d'horreur. Je me blottis, prostrée contre mon arbre, et pleurai toutes les larmes de mon corps. Ces bruits allaient très probablement attirer les coéquipiers de Sasuke, mais peu m'importais. Je voulais mourir à mon tour.

Je sentais que je m'épuisais mais je ne pouvais arrêter le flot de ma souffrance. Tous les souvenirs, tant repoussés ces derniers mois, remontaient à la surface, me faisant l'effet de braises brûlantes sur le cœur.

Le premier jour où je le vis. L'amour. Mon désir de changer pour lui. La formation de l'équipe sept, les entraînements, les missions. Je revoyais Sasuke criblé d'aiguilles, ma douleur quand je l'avais cru mort. L'examen Chuunin, où toute cette histoire avait commencé. Mes bras autour de son corps lorsqu'il avait fallu l'arrêter, et lorsqu'il m'avait écoutée. La marque sur son cou qui le rongeait. Le jour de son départ, mes supplications, les pleurs comme aujourd'hui, le sentiment de déchirement. Le jour où Naruto me promit de le ramener. Cet instant où je le revis après tout ce temps passé dans l'angoisse. Sa froideur, sa cruauté. Orochimaru, mon désir de le tuer et la haine que j'avais ressentie à son égard.

Tout revenait. J'étais assaillie par un torrent d'images, interminable et atroce. Chacune d'elles était un nouveau souffle de vent sur le foyer ardent qui étreignait mon cœur, et je pleurais en songeant que je n'allai plus former qu'un tas de cendres au pied de cet arbre où j'avais mis fin à ses jours. Je plongeais dans l'obscurité, je ne voyais plus à travers mes yeux ouverts. Je n'entendais plus les chants nocturnes de la forêt. J'étais résolue à glisser dans l'abîme sans fond qui s'ouvrait devant moi, lorsque j'entendis une voix provenir d'un endroit lointain, inconnu.

- C'est un rêve, disait-elle.

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