Fiction: L'espoir de le voir renaître... (terminée)

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Lorsque je frappai à la porte de la chambre de Sasuke, personne ne me répondit. J'appuyai sur la poignée et risquai un regard à l'intérieur. Je découvris Sasuke sur son lit, le visage face au mur, me tournant le dos. Je refermai avec précaution la porte derrière moi et me plantai au milieu de la pièce.

- Qu'est-ce que tu veux?, me demanda la voix dure de Sasuke.

- Parler, dis-je simplement.

- Il n'y a pas grand chose à dire, répondit-il, amer.

- Tu le penses vraiment ?

Je me contentai de rester debout à le regarder, attendant patiemment qu'il daigne se tourner vers moi. Mais ce n'était pas aussi simple avec lui. J'avançai d'un pas et immédiatement il dit :

- N'approche pas.

Je me raidis. Bien que je sache qu'il ne me menaçait nullement en disant cela, son ton m'avait fait l'effet d'une douche froide. Je me ressaisis rapidement.

- Très bien je n'approcherai pas, mais ne compte pas sur moi pour quitter cette pièce, dis-je.

Et je m'assis par terre, bras croisés, bien décidée à attendre une réaction de sa part.

- Si cela te convient, grogna-t-il sans esquisser un seul mouvement.

Le temps passa sans que ni lui ni moi ne bougions, tous deux enfermés dans un silence entêté. Au bout d'un temps qui me sembla infini, Sasuke s'assit sur son lit. Un faible sourire étira ses lèvres lorsqu'il me regarda, mais il n'avait rien de joyeux.

- Tu ne bougeras pas d'ici, n'est-ce pas?, remarqua-t-il.

- Bien deviné, répondis-je.

- Je vois, soupira-t-il.

- Écoute, commençai-je, ce qu'il s'est passé, c'est...

- Grave, dit-il. Et que tu ne l'admettes pas me met hors de moi. Alors s'il te plait, ne cherche pas à effacer tout ça, ça ne fera qu'empirer les choses.

- Mais...

- Il n'aura pas fallu longtemps pour que j’aie la preuve que je suis un danger pour vous, ricana-t-il en détournant la tête.

- Tu n'es pas...

- Je le suis!, s'énerva-t-il. A chaque seconde je pourrais vous tuer !

- Mais tu ne le feras pas, décrétai-je.

- Tais-toi, tu ne sais pas de quoi tu parles, cracha-t-il.

Mon cœur se serra. Je n'aimais pas la tournure que prenait la conversation car je ne voyais que trop bien ce que pouvait en être l'issue. Et je n'y survivrais pas, pas après ce qu'il s'était passé entre nous, ces courts moments de tendresse que nous avions vécus à peine quelques instants plus tôt. Mais j'aurais dû savoir que tout n'irait pas aussi bien, ni aussi vite. Tout ceci avait permis à mon esprit de se reposer dans un doux rêve après les obstacles que j'avais dû traverser. Peut-être que cela avait été l'intention de Sasuke. Mais l'homme que j'avais en face de moi était plus froid, plus amer et à la fois beaucoup plus réel. Sasuke était capable de s'abandonner un instant dans mes bras, mais il ne le ferait jamais pleinement tant qu'il serait convaincu que j'étais en danger avec lui. Tant qu'il ne serait pas sûr de lui même, il resterait brisé, déchiré entre l'envie de retrouver sa vie passée à Konoha et la peur de tout détruire en quelques secondes.

- Détrompe-toi, murmurai-je, je comprends ce que tu ressens.

Il me regarda avec ce regard méfiant que la vie lui avait donné et rétorqua que c'était une chose que je ne pouvais pas comprendre, faute d'être dans la même situation que lui.

- Dans ce cas, dis-moi où tu veux en venir, le priai-je, ne me ménage plus comme tu le fais.

Il poussa un profond soupir et m'annonça ce que je redoutais d'entendre.

- Peut-être que je ne reviendrai pas. Si à l'issue de mon combat contre l'Akatsuki je considère que je suis toujours incapable de me contrôler, je ne rentrerai pas à Konoha.

Je ne le quittai pas des yeux pendant quelques secondes puis je finis par baisser la tête. Je serrai les dents pour contenir mon chagrin, désirant faire preuve d'aplomb pour une fois dans ma vie. C'était sa décision, et je savais que rien de ce que je pouvais dire ne le ferait changer d'avis.

- Je comprends, répétai-je lorsque je fus sûre que ma voix ne déraillerait pas.

Mon compagnon garda le silence. Mes mains se mirent à trembler et je serai les poings pour les en empêcher. Je me relevai brusquement et pivotai vers la porte. C'est alors que Sasuke m'interpella d'une voix radoucie :

- Attends, ne pars pas.

- Tu as tout dit il me semble, dis-je sans me retourner. Tu as quelque chose à rajouter ?

- J'aurai voulu que les choses soient plus faciles entre nous. Et j'espère qu'elles pourront le devenir, un jour. Sincèrement.

Je me retournai, les yeux remplis des larmes que je ne pouvais désormais plus retenir. Avant qu'il ait le temps de s'en rendre compte, je m'étais précipitée vers lui et le serrai de toutes mes forces contre moi. Je me mis à pleurer dans son cou et, au bout d'un court instant, il m'enlaça à son tour.

- S'il te plait, Sasuke, l'implorai-je entre deux sanglots, laisse-moi rester près de toi cette nuit. Même si tu ne trouves pas ça bien. Je t'en prie...

- C'est trop dangereux, dit-il d'un ton ferme.

- Je t'en supplie, pleurai-je.

Je desserrai mon étreinte et m'emparai de ses lèvres. Surpris, il mit un certain temps à répondre à mon baiser mais lorsqu'il le fit, ce fut bref. Il se détacha rapidement de moi, mais je gardai malgré tout mes mains serrées sur ses poignets en répétant « S'il te plait, s'il te plait ».

- Arrête, disait-il tandis que je sanglotais en maintenant mon front appuyé sur son torse.

Au bout de plusieurs minutes ainsi, il finit par libérer ses mains et releva mon menton de façon à me regarder. Je lus dans ses yeux à quel point il était indécis. Alors je le suppliai une dernière fois en caressant ses pupilles noires de mon regard.

- Tsss, fit-il en détournant la tête.

Lorsqu'il recroisa mon regard, il approcha mon visage du sien et m'embrassa à son tour, longuement. Je m'agrippai à sa nuque et à ses cheveux, mes larmes ruisselant désormais sur son visage, et m'accrochai à ce baiser comme s'il eut été le dernier. Il me repoussa une nouvelle fois en marmonnant :

- Tu peux rester, mais tu dormiras dans mon lit et moi par terre. Hors de question que je prenne le risque de t'étrangler pendant la nuit.

Je soupirai de soulagement. Même si nous ne dormions pas ensemble, il serait néanmoins présent. Je le remerciai en séchant mes larmes. Il me répondit par un grognement. Je n'étais pas fière de moi, je l'avais plus ou moins pris par les sentiments, mais j'avais décidé d'être égoïste ce soir. Je serrai ses mains dans les miennes et étirai mes lèvres en un sourire timide, signe d'excuse implicite.

Je sortis annoncer à Naruto que je dormirais dans la chambre de Sasuke et il me contempla avec une expression bizarre. Enfin il secoua la tête, comme si ses pensées le dérangeaient et me souhaita bonne nuit. Je n'osais imaginer ce que son esprit avait inventé, de crainte de défaillir.

Lorsque je regagnai la chambre, Sasuke s'était préparé une couche rudimentaire avec quelques couvertures.

- Tu vas mal dormir là dessus, signifiai-je.

- J'ai connu pire, m'informa-t-il.

- Tout de même c'est ton lit, insistai-je, c'est moi qui dormirai par terre.

- Ça ne me dérange pas de dormir là, je te dis.

- Oui mais...

- Couche-toi et lâche-moi un peu, d'accord?, s'énerva-t-il.

- Oh, très bien, si tu le prends comme ça, le récriminai-je.

Je pris place sur le lit et jetai la couverture sur moi, ne sachant pas trop si j'étais censée me déshabiller devant lui ou pas. Finalement, j'optai pour la solution la plus pratique : j'attendrais que la lumière soit éteinte. Je contemplai le plafond quand un bruit de tissu attira mon attention. Je jetai un regard vers Sasuke et immédiatement mon cœur s'affola. Il avait ôté tous ses vêtements sauf son pantalon et la vue de son torse, de ses épaules et de son dos musclés et parcouru de cicatrices éveilla chez moi un sentiment que je préférai résorber. Il éteignit la lumière et gagna sa déplorable couche sans un mot. L'obscurité soudaine rafraichit mon esprit égaré et je me mis plus à mon aise.

Au bout de quelques minutes, je constatai que malgré sa proximité, je n'étais toujours pas rassurée par la présence de Sasuke. J'avais peur qu'il s'envole sous mon nez, sans que je m'en aperçoive. Je ne cessai de me retourner pour chasser cette idée de mon esprit quand, n'y pouvant plus, je me risquai à parler :

-Sasuke ?

- Mmh ?

- Est ce que je pourrais, hésitai-je, enfin, tu veux bien que je te prenne la main ?

Il poussa un soupir à fendre l'âme et je m'empourprai, ayant soudain l'impression d'agir comme une gamine.

- C'est pas grave, oublie, bredouillai-je.

- Donne, dit-il néanmoins.

Je tâtonnai dans le vide et rencontrai soudain une surface chaude qui se referma sur ma main. Mon cœur entama de nouveau sa course endiablée, mais je le sommai de se taire.

- Merci, soufflai-je.

Ma respiration se calma et, réconfortée par la main qui enserrait la mienne, je plongeai rapidement dans le sommeil.

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