Fiction: Salle des archives, rangée 6 (terminée)

Comment une simple mission peut en cacher une autre... Comment des adolescents peuvent devenir des tueurs... Ou comment ceux que l'on aime restent toujours dans notre coeur. Très long One-Shot pour le concours, j'espère qu'il vous plaira.
Drame | Mots: 8375 | Comments: 13 | Favs: 16
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Liosalfar (Féminin), le 27/11/2006
Voici donc ma participation pour le concours de l'Espace Fic. Je remercie Anbu, qui m'a aidé à trouver quelques petites erreurs...
J'espère qu'il n'y en a plus, lol !

Enjoy !




Chapitre 1: Missive n° 6013



Salle des archives, rangée 6


Missive n° 6 013

Titre : Bataille de la vallée du Dragon de jade.


Période : guerre des Cinq grands pays.
Equipe envoyée : Team 13.
Juunin instructeur : Karasuguchi Tamiko.
Chuunins : Kokoro Aï et Koukishin Takumi
Genin : Kamitsuki Nana

Rapport de Karasuguchi Tamiko :
Le voyage préliminaire a duré trois jours...

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Souviens-toi... Trois jours...

Depuis trois jours déjà, la jeune équipe marchait entre les arbres. Ils ne pouvaient se permettre de courir, sauter d’une branche à l’autre car, d’une part, leur voyage était long… Très long, et, d’autre part…
“J’en ai marre…”, bougonna l’un des membres. “Il ne se passe jamais rien…
-Nous sommes encore loin, Aï… Et ce n’est qu’une C.”, sourit leur instructrice en rajustant d’un mouvement d’épaule les lanières de son sac.
-Ceci n’empêche pas que j’en ai marre.”, finit par grommeler la Chuunin en détournant la tête, boudant.
L’instructrice, nouvellement promue Juunin, sourit doucement devant le manque d’enthousiasme de son élève : il était vrai que ce type de mission était particulièrement ennuyeux… Et celle-ci promettait d'être la moins excitante de toute leur carrière. Que devait-elle dire, alors, pauvre Juunin qu’elle était ?
“Retour en enfance…”, pouffa-t-elle au creux de sa paume. Pour une première équipe, elle était bien tombée… Equipe exceptionnelle, d’ailleurs, car la première où les éléments féminins étaient plus nombreux que les masculins.
-Qu’y a-t-il, Tamiko-senseï ?”
La jeune femme au regard vert et chignons roux ralentit le pas pour venir à la hauteur de son interlocutrice, Kamitsuki Nana, petite sœur d’un adolescent venant de passer Chuunin, un certain Izumo. Légèrement rondelette sans être enrobée, d'une débordante joie de vivre, Nana arborait au sommet de son visage rond et rieur trois courtes queues de cheval, le reste de ses cheveux étant noué en une autre couette, décorée par un lourd anneau de jade. Ses yeux aussi noirs que ceux de son frère ne restaient jamais à la même place, curieux, et enregistraient toutes les informations qu’ils glanaient. Surtout les inutiles, d’ailleurs.
“Oh, pas grand-chose.”, sourit-elle, faisant plisser ses yeux. “Je m’amusais de la tête que fait notre mauvaise volonté ambulante…
-Senseeeeeeï…”, geignit l’adolescente. “Arrêtez de vous moquer de moi...”
Tamiko éclata de rire devant la figure de la boudeuse : Aï Kokoro était une jeune fille d’une grande beauté, aux longs cheveux noirs noués en une complexe coiffure sur le haut de son crâne. Son visage pâle, parsemé de petites taches roussâtres élégantes, toujours adorablement boudeur, était embelli par la paire d’yeux verts qui imploraient actuellement la pitié de son instructrice. Sur son front plissé, le bandeau de Konoha étincelait sous les rayons du soleil qui parvenaient à traverser les branches.
Oui, elle était vraiment très belle, ce qui lui valait d’ailleurs les faveurs de tous les garçons de sa promotion. Tous, sauf un.
“Aï, tu n’as pas à parler ainsi à la senseï.”
La voix morne qui venait de s’élever appartenait à Koukishin Takumi, le seul membre masculin de l’équipe. Un solitaire rêveur, qui n’ouvrait la bouche que pour réprimander très vaguement ses camarades sur une faute de correction. Comme il venait de le faire.
Visage doux, regard gris et songeur, cheveux auburn tressés en une longue natte, agrémentée de filaments dorés, qui descendait presque jusqu’à ses pieds. Tellement androgyne que l’on aurait pu croire que l’équipe était entièrement féminine. Ses traits nobles et fins étaient perpétuellement penchés sur l’une de ses créations. Et c'était bel et bien la seule chose qui l'empêchait de s'intéresser à “la plus belle fille des cinq dernières promotions de Chuunins, voir même de Genins” (dixit un ami de longue date, Hagane Kotetsu).
En effet, Takumi était un artisan-né, et même un artiste. Un artiste des odeurs. S’il était capable de créer de magnifiques objets dans tous les matériaux, aucun n’égalait la subtilité des arômes qu’il concevait. Piochant dans la lourde jarre qu’il portait à la hanche, il pouvait à sa guise créer le plus raffiné des parfums, ou faire fuir n’importe quel endurci par une exhalaison fétide au possible. Fort utile en cas de fuite, d’ailleurs… Il excellait pareillement en Kayaku jutsu, et ses poudres miroitantes s'avéraient parfois indispensables en cas de retraite précipitée. En ce moment, à l’aide d’un kunaï, il gravait minutieusement le petit morceau de bois qu’il venait de ramasser. Aï et Nana s’approchèrent aussitôt de lui en voyant son activité.
“Takumi, qu’est-ce que tu fais ?”, demanda Nana
-Je grave.
-Oui, certes.”, ironisa Aï, moqueuse. “Mais quoi ?
-Un pendentif.
-Qui représente ?”, continua Nana, cherchant à entrapercevoir l’objet, tellement pressée qu’elle en était collée à son équipier.
-Notre objectif.”, sourit-il doucement en arrêtant de graver et soufflant doucement sur la sciure de bois, afin qu’elle libère l’œuvre en cours.
Les deux jeunes filles ne retinrent pas le cri d’admiration qui monta en elle : l’objet, pourtant encore au stade d’ébauche et particulièrement grossier, était magnifique : un dragon.
“Takumi, c’est… woaoh !”, résuma Nana, ne pouvant détourner le regard de la chose.
-Je n’arrive pas à trouver de mots !”, complimenta Aï.
-Il vous plaît ?”, sourit l’adolescent en plissant les yeux.
Hochement de tête général.
“Alors, Nana, je te le donne…”
Aï esquissa une moue boudeuse : les créations de Takumi étaient tellement belles !
“Quand à toi, Aï, je t’en ferais un autre…”, promit doucement l’artisan en retournant à son travail. “Mais pas le même.”
Tamiko sourit en levant les yeux au ciel : toujours pareil. Takumi avait le cœur sur la main, et aimait que les gens prennent du plaisir à ses créations. Jamais il n’avait créé de tension au sein de l’équipe, et, au contraire, son calme, sa gentillesse et ses conseils avisés (lorsqu’il en donnait, chose rare…), apaisaient les rivalités naturelles existant entre les deux jeunes filles.
“Heureusement que je n’ai pas trois filles dans mon équipe…”, pouffa-t-elle en son fort intérieur. “La vraie bagarre générale… Crêpage de chignon matin, midi et soir !”
Mais son équipe, après quelques enseignements, se révélait très soudée : Nana, seule encore Genin, bénéficiait du soutien, de l’aide, et, lorsque cela était nécessaire, de la protection de ses amis, et, malgré une inimitié farouche à leur première rencontre, Aï n’était certainement pas en reste.
Toujours là lorsqu’il s’agissait de lui remonter le moral (après l’examen Chuunin, cela s’était traduit par une très longue séance de shopping…), la conseiller ou tout simplement bavarder avec elle. Ce qu’elle était consciencieusement en train de faire, d’ailleurs…

Encore une autre journée de marche, et l’équipe arriva au voisinage d’un pont de pierre et de bois…
“Complètement détruit, super.”, grommela Aï, toujours d’aussi charmante humeur.
-Le gouffre est bien trop large pour que nous puissions sauter…”, murmura Nana en s’approchant du bord, avant de rougir doucement. “En tout cas, trop pour moi.
-S’il l’est pour toi, il l’est pour nous tous.”, rappela Takumi.
-C’est pour ça que je suis ici…”, sourit Tamiko en joignant les mains. “Dôton, la muraille de pierres.”
La paroi de la falaise sembla s’amollir, et, juste sous leurs pieds, une expansion s’avança timidement, puis plus franchement vers le milieu du ravin. Avant de s’arrêter.
“Je ne vais pas gaspiller trop de châkra, comme vous devriez tous le faire.”, rappela-t-elle en décroisant les doigts. “Même si notre mission est d'une banalité affligeante, gardez en mémoire que nous sommes censés…”
Un murmure dans les branchages la fit taire, et durcit son regard, mais il ne s’agissait que du vent mugissant entre les feuilles…
“Avançons.”, annonça-t-elle en invitant Aï à traverser la première.
Lorsque tous furent passés, elle se tourna, et brisa d’un geste le pont qui les avait soutenus, avant de s’enfoncer dans le bois voisin à la suite de ses élèves.
Une minute plus tard, une, trois, dix ombres noires bondissaient par-dessus le vide, semblant ne se soucier que de ne pas perdre la trace des quatre shinobis.
Sur leurs visages, dix masques.

“Tamiko-senseeeeeeï…”, se plaignit Nana. “Je crois que…
-Hmm…”, sourit doucement Takumi. “Moi aussi.
-Hem... Moi aussi, Tamiko-senseï…”, annonça le dernier membre, un sourire désolé sur les lèvres. “Oui, je crois bien que nous sommes tous fatigués et affamés…”
L’instructrice se retint d’éclater de rire, avant de pointer un doigt à la fois malicieux et accusateur vers ses affiliés.
“Entendu, mauvaises graines. La prochaine halte sera la dernière de la journée.
-Quand ?”, implora Aï.
-Hmm…”, réfléchit railleusement la jeune femme. “Je dirais d’ici un bon triplet d’heures !
Réponse générale :
“Oh nooooooooooon !”
Tamiko sourit doucement. L'humour, merveilleuse arme contre le stress qu'elle sentait monter dans l'équipe à l'approche de la zone de combat. Mais maintenant... Plus d'erreur possible.
“Bon.”, commença-t-elle. “C'est ici que l'on s'arrête.”
Etonnés par le changement de décision soudain, l'équipe s'exécuta pourtant. Leur senseï en titre se tourna vers eux, le visage grave :
“C'est ici que je dois en théorie vous donner plus d'informations sur la mission que l'on nous a confié. Vous vous souvenez être partis de Konoha avec pour seule consigne de marcher vers le Nord-Nord-Est pendant quatre jours exactement.”
Le hochement de tête de l'équipe lui permit de continuer.
“Savez vous où nous sommes ?”
Takumi réfléchit une demi seconde, avant de murmurer :
“La vallée du Dragon de Jade...
-Exact.”, le félicita l'instructrice. “Vous n'oubliez pas que nous sommes en guerre.”
Acquiescement.
“Et, dans cette zone, en large sous-effectifs.”
Nouvelle approbation.
“Je suis censée vous remettre ici un parchemin contenant la suite de nos instructions, mais... Je ne le ferais pas. Pour la réussite de la mission, il est à mes yeux important que vous ne sachiez rien.”
Les équipiers haussèrent un sourcil, mais, habitués aux ordres, hochèrent la tête.
“La seule chose que je peux vous dire, et qui devrait te ravir, Aï...”, termina-t-elle en se tournant vers la jeune fille, “C'est qu'il ne s'agit pas d'une mission C.”
Son regard se fit dur.
“Mais bel et bien une mission S.”
Un murmure de stupéfaction et d'excitation parcourut la troupe, qui, sur un signe de la jeune femme, se calma. Pourquoi confier du S à une équipe à peine sortie de l'examen Chuunin, dont un membre ne l'était pas encore ?
“L'armée doit vraiment être en sous-effectif phénoménal pour confier des missions aussi graves à des shinobis de notre acabit.”, songea Takumi en sentant presque l'adrénaline qui coulait dans ses veines à l'annonce du changement de mission. “Mais j'aimerais quand même savoir ce qui nous attend.”
“Nous approchons de la vallée du Dragon de jade.”, continua Tamiko. “Tenez-vous prêts.”
Au fond des regards à la fois étonnés et soupçonneux qui pesaient sur elle, elle décela pourtant une étincelle de confiance et de détermination.
“Nous passerons la nuit ici.”, annonça-t-elle, détournant rapidement le visage afin qu'ils ne voient pas la culpabilité qui rongeait ses traits.

“Ils dorment ?”
Tamiko remua pensivement les braises du maigre feu qu'ils avaient allumé pour réchauffer leur dîner.
“Profondément.”, murmura-t-elle au vide, les yeux perdus dans le vague.
-Pourquoi n'as-tu rien dit ?
-Ne me juge pas sur mes actes, Kakashi.”, demanda-t-elle. “Ce sont mes élèves. Ne me demande pas de leur dire...”
Sa voix mourut alors qu'elle sentait une énorme boule qui ressemblait fort à un sanglot remonter dans sa gorge.
“Les shinobis ne pleurent pas.
-Tu vois une larme sur mes joues ?”, rétorqua-t-elle ironiquement.
-Je vois les larmes au fond de tes yeux.”
Le jeune homme quitta la protection des branches et vint s'asseoir près d'elle. Il ôta la protection de bois, masque de chien fraîchement acquis, et, posant son regard sur les jeunes paisiblement endormis, reprit :
“C'est la guerre, Tamiko-sempaï...
-Et arrête donc de m'appeler comme ça.”, bougonna l'instructrice en profitant de l'obscurité pour essuyer le brouillard naissant dans ses yeux. “C'est à mon tour de te valoir le respect, je n'ai rien d'un Anbu.
-Mais tu es mon aînée...”, dit-il doucement. “Onee-chan.”
Tamiko soupira doucement en sentant le bras de Kakashi se poser sur son épaule.
“Pourquoi faut-il toujours...”, commença-t-elle en retenant ses sanglots.
-Ils devraient savoir ce qui les attend...”, murmura l'adolescent à son oreille. “Qu'ils soient fiers demain... Et non pas apeurés en nous voyant débarquer... Onee-chan, tu as eu tort de leur cacher ça... Dis-leur demain...
-Quoi ?”, rétorqua-t-elle en essuyant d'un geste vif la goutte salée qui avait malgré tous ses efforts réussi à passer la barrière de ses cils. “Qu'ils vont...
-Pas la nuit, Onee-chan.”, rappela Kakashi. “Pas la nuit. Les paroles s'envolent, Tamiko... Et vont toujours bien plus loin que l'on ne le veut.
-Ce sont mes élèves, Kakashi...”, dit-elle doucement. “Mes élèves...
-Et c'est aussi ton village...”, soupira son interlocuteur en se levant. “Je ne suis pas aussi doué que toi pour réconforter les gens et leur apporter des conseils, Onee-chan, mais je te demande, en tant que shinobi de Konoha, de respecter l'engagement que tu as pris avec Hokage-sama...
-Ah, parce que tu as une autre opinion ?”, sourit-elle doucement.
La faible lueur des braises révéla une petite auréole, larme tombée, mais pas de ses yeux, qui disparut aussitôt, soufflée par la chaleur encore vive.
“Oui, j'en ai une autre...”, dit-il, et elle se rendit compte que sa voix tremblait. “J'ai mon avis de frère reconnaissant... Tamiko... Après... Après que mon père se soit suicidé, j'ai rejeté l'aide que tu m'apportais... Tu n'étais pour moi qu'une étrangère qui n'avait rien à voir avec mes histoires de famille, et je n'en avais rien à faire d'être seul... Tu ne m'en as jamais voulu... Et puis... Après la mort d'Obito.. Tu as encore été là...
-Et c'est vraiment à partir de ce moment que tu as accepté mon aide...”, murmura-t-elle.
-Onee-chan... Tu m'as prise chez toi, et tu m'as rappelé qu'être seul n'apporte rien de bon... Tu... m'as traité comme ton frère...
-Ca fait deux ans, maintenant, non ?”, continua-t-elle en fermant les yeux.
-Je... ne veux pas... que tu meures...”
Tamiko leva les yeux, et, par delà les lueurs mourantes du feu, croisa le regard mouillé de larmes de Kakashi.
“Je ne veux pas que tu meures.”, répéta-t-il doucement. “S'il te plaît. J'ai vu trop de personnes que j'aime mourir... Ne me laisse pas... tout seul...”
La Juunin soupira doucement, et se leva :
“Tu es la dernière personne dont je crois les promesses...”, murmura Kakashi. “Alors promets-moi de ne pas mourir.”
Tamiko haussa les épaules, et sourit en désignant les larmes :
“Je croyais que les shinobis ne pleuraient pas...
-Les shinobis ne pleurent pas...”, termina Kakashi en passant sa manche sur ses yeux, faisant disparaître les larmes traîtresses. “Mais les hommes, eux, pleurent tous un jour ou l'autre. Promets.”, s'obstina-t-il. “Promets de revenir.”
Tamiko esquissa un geste d'impuissance, avant de conclure :
“Les dieux seuls en décideront.”
Kakashi, retenant une nouvelle fois ses larmes, pures de droite, rouges de gauche, reprit son masque.
“Onee-chan...”, murmura-t-il en le reposant sur ses traits, sa voix redevenant immédiatement plus sûre et déterminée, “Sois prudente.”
Tamiko ne répondit pas, et entendit à peine le jeune homme retourner vers son campement.

“Tamiko-senseï...”, bâilla Aï en s'étirant. “Vous n'avez pas dormi...
-Oh, tu sais, cela n'a aucune espèce d'importance.”, sourit la Juunin aux yeux verts. “Allez, bande de feignasses, à partir de maintenant...”
La discussion avec Kakashi repassa rapidement dans sa mémoire et elle stoppa d'un geste les préparatifs de départ.
“J'ai bien réfléchi cette nuit.”, commença-t-elle en leur jetant un regard franc. “Et j'ai décidé de vous révéler ce qui nous attend tous les quatre.”

Après son exposé, elle soupira :
“J'espérais vous épargner ce genre de choses...”, murmura-t-elle en passant ses doigts fins dans ses cheveux, “mais je n'ai pas réussi à convaincre Hokage-sama de prendre des shinobis plus expérimentés.
-Tamiko-senseï...”, commença Nana.
La Juunin croisa les prunelles déterminées.
“Nous sommes prêts.”, dirent les trois shinobis d'une même voix.
Dans les feuillages, protégé par un masque canin, un sourire se dessina doucement...
De fiers combattants.

Approchant de la vallée du Dragon de jade, l'équipe ne dialoguait plus que par signes. Il était hors de question de se faire repérer par un quelconque sentinelle. Chacun avançait dissimulé le plus précautionneusement possible, Takumi par ses poudres illusoires, Aï glissant d'une ombre à l'autre, Nana profitant de chaque cachette potentielle. Leurs membres tremblaient à la fois de frayeur, mais aussi d'excitation contenue : jamais encore pareille mission ne leur avait été confiée. Chacun
se ressassait encore et encore les révélations qui avaient précédé leur départ...

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“Avant toute chose,”, commença leur instructrice rousse en déroulant rapidement un makimono, “il est nécessaire que je vous fasse un récapitulatif de la situation.”
Elle le déposa au sol, et les invita à s'agenouiller. Une carte détaillée des cinq grands pays et leurs voisins, apparu sous leurs yeux.
“Ceci,”, poursuivit-elle en cerclant une zone bien précise, “correspond à la vallée du Dragon de jade, notre destination. Mais avant de continuer...”
Elle joignit les mains, vérifiant qu'aucun ennemi n'était dans les parages, et enchaîna une longue suite de signes, murmurant à intervalles réguliers.
A peine termina-t-elle qu'une large zone, au niveau de leur visage, s'éclaira d'une lueur bleuâtre, avant de constituer un hologramme, qu'elle commenta.
“Une représentation de la vallée où nous nous rendons, contenant plusieurs informations connues uniquement des troupes d'élite. Ici, ici, et là,”, expliqua-t-elle en désignant des points verts, “la position de nos troupes. Et tout autour...”
Une large bande rouge se dessina, cerclant la vallée.
“Les campements ennemis repérés.”
Chacun se rendit alors compte de la périlleuse situation des soldats : encerclés par leurs ennemis, sans approvisionnement de soins, d'armes, plus basiquement de nourriture, ou d'eau potable, ils étaient morts.
“L'un des stratèges a suggéré d'abandonner la position,”, continua Tamiko, “Mais Yondaime-sama a refusé cette éventualité : il tient trop à chaque vie pour en perdre ne serait-ce qu'une seule, d'autant plus que les shinobis pris au piège dans la cuvette sont des combattants de grande valeur.”
Elle marqua une pause, avant de passer la main dans l'hologramme, ce qui révéla de nouveaux points, mobiles.
“Deux autres équipes, une à l'ouest, une autre au Nord-est, accomplissent la même mission que nous. Les soldats enfermés ici ont un besoin urgent de nourriture et d'eau, d'autant que, d'après nos informateurs, les shinobis de Kusa ont empoisonné le seul cours d'eau qu'ils avaient à leur disposition. Depuis deux mois qu'ils sont ici, la nourriture se fait rare, et les fréquentes escarmouches les forcent à maintenir une vigilance constante, donc les Médics qui les accompagnaient n'ont plus le temps de récupérer leurs capacités.”
Elle jeta un regard vers ses affiliés, avant de continuer dans ses explications.
“Nous sommes actuellement suivis par une troupe d'Anbus de Konoha. Parmi eux, cinq Médics de talent, trois porteurs de nourriture et de barils d'eau...
-Et les deux derniers ?”, demanda Aï.
-Ils sont là en cas de gros grabuge.”, répondit-elle dans un faible sourire.
-Et notre rôle, dans tout ça ?”, murmura Nana.
-Votre rôle... Enfin, notre rôle...”

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L'arrivée en visuel des premières lignes de shinobis adverses interrompit leurs réflexions. Le temps n'était plus à la rêverie, il fallait désormais d'accomplir ce pourquoi ils avaient toujours été formés.
Pour l'instant, ils n'avaient pas été repérés. D'un geste, Tamiko entraîna Aï dans son sillage, abandonnant les deux autres membres à l'arrière. Nana se mordit les doigts nerveusement, tirant un kunaï, prête à intervenir en cas de besoin. D'un geste calme, Takumi la rassura : Aï provenait d'une très longue lignée d'assassins célèbres, la dissimulation était son sport favori... Quant à leur senseï, elle n'était pas Juunin pour rien... Cependant, leur cachette, ainsi que celle des Anbus dont ils ressentaient désormais la présence près d'eux, vibrait presque d'excitation, tellement chacun était concentré sur ce qui se passait devant eux. C'était la guerre, certes, mais au final, tout ce qu'ils faisaient ici n'était qu'une gigantesque partie de cache-cache...
A ceci près qu'ils risquaient leur vie, ce qui ajoutait du piment à la chose.
La tension entre chacun des membres était palpable, et les muscles bandés se tenaient prêts à intervenir au moindre bruit.
Trois fois, ils entendirent les branches craquer faiblement, comme un quelconque déplacement tout à fait normal... Une fois, Nana avait capté Aï à découvert, pendue par les genoux à une branche basse... D'un geste, elle avait bâillonné et égorgé son adversaire.
Cependant, l'assassinat ne leur permettait pas d'avancer rapidement. Et, de plus, au bout de cinq victimes en tout...
“ALERTE !”, entendirent-ils. “ALERTE, INTRUS ! INTRUS AU SUD !”
En une demi-seconde, la zone était infestée de shinobis de Kusa. Dans un cri de rage, chacun bondit de sa cachette, prêt à en découdre.
“KONOHAAAAAAA !”
Le signal.
Bondissant des branches voisines, les Anbus s'élancèrent, passant près de leurs compatriotes...
Sans faire un geste pour les aider. Et Nana se souvint.

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“Notre rôle...”, expliqua Tamiko-senseï, “est d'une importance vitale. Cette zone est en large sous effectif, d'autant plus qu'il a fallu diviser nos forces en autant de bataillons que de fronts. Konoha est pris entre de nombreux feux... Et les bons combattants se font de plus en plus rares.”
Chacun hocha la tête, commençant à comprendre.
“Yondaime-sama aurait aimé ne pas avoir recours à ce genre de pratiques, mais il n'a pas le choix : contre celle d'un Anbu, votre expérience n'a aucune valeur, tout comme la mienne. Nous sommes tous quatre destinés à leur ouvrir une brèche dans les lignes ennemies, afin qu'ils subissent le moins de pertes et de dépenses possibles à l'arrivée. Leurs compétences et ce qu'ils transportent est vital pour les assiégés, nous nous devons de les protéger.”
Elle ferma les yeux, reprenant :
“Il est fort probable, et même quasiment certain, que nous allons perdre la vie dans cette opération. Nous sommes respectivement un Juunin, deux Chuunins, et un Genin. Nous avons marché, certes lentement, mais pendant cinq jours. Face à nous, des dizaines de Juunins frais et dispos.”
Takumi retint vaguement un déglutissement : cela s'annonçait sous de très mauvais auspices.
“Vous devrez donner le meilleur de vous-même.”, avait-elle innocemment souri. “Battez-vous pour ceux qui attendent, là-bas, d'être sauvés. Battez-vous pour les Etudiants et les Genins qui vous suivent dans l'enseignement, pour leur offrir un horizon plus sécurisé. Battez-vous pour épargner à vos familles une attaque directe... Enfin... Battez-vous pour votre village... Pour Hokage-sama... Et pour tous ceux que vous aimez.”
Sa tirade se termina par un long regard dans les branches voisines, et tous devinèrent qu'il y avait parmi les Anbus une personne qui lui était chère. Tamiko se battrait pour elle.

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“Et toi, grosse...”, songea Nana en tirant sa première arme, parant un kunaï qui filait vers un Anbu. “Pour qui vas-tu te battre, mis à part pour Hokage-sama ?”
Le visage et le sourire de son frère aîné, son réconfort lorsqu'elle avait échoué à l'examen...
“Izumo. Je me battrais pour Izumo.”

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Tamiko, deux shakens entre les doigts, parait et attaquait violemment toute ombre se présentant à elle.
“Kakashi-kun...”, songea-t-elle en captant de son regard vif un autel abandonné au milieu des ronces. “Oui, les dieux décideront si je dois vivre ou pas... Mais je ferais de mon mieux... De mon mieux...”

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Aï filait devant les Anbus portant les citernes d'eau potable et les Médics, se servant de ses longues et larges armes pour leur faciliter la progression. Shuriken et kunaïs, à peine invoqués par le déroulement d'une large bande de tissu, filaient entre ses doigts, et atteignaient, fort heureusement pour eux, leur cible, les points vitaux.
“Nous profitons encore de l'effet de surprise.”, songea-t-elle rapidement, analysant la configuration du terrain devant elle, “Et nous avançons aussi vite que leurs messagers, si ce n'est plus. Nous avons nos chances.”
Les deux Anbus derrière elle, affectés au combat, montèrent à son niveau, et, d'un geste, elle leur lança d'énormes shuriken :
“Redescendez surveiller au milieu !”, leur suggéra-t-elle, “La progression est suffisamment rapide ici pour profiter de l'effet de surprise, les assiégés auront l'eau !”
D'un regard, les masqués se consultèrent, avant d'inverser brutalement leur propulsion, et protéger les porteurs d'armes.
Cependant, Aï voyait avec consternation son stock d'armes diminuer dangereusement. Il ne lui restait plus que cinq makimono contenant chacun quinze kunaï et autant de shuriken, et un autre invoquant un Shuriken Fûma, pour les cas de force majeure...
“Si ça n'est pas un cas de force majeure”, ironisa-t-elle en pivotant souplement et envoyant ad patres un anonyme adversaire, “je ne vois pas ce qui le sera !”
Reste quatre rouleaux, sept adversaires à terre.
Trois rouleaux, vingt.
Deux rouleaux, dix.
Un rouleau, douze.
“Dernier rouleau...”, songea-t-elle en plaçant ses doigts par automatisme pour attraper les kunaïs. “Dernière chance...”
Trente adversaires.
“Je pouvais pas faire mieux...”, sourit-elle en attrapant le rouleau du Shuriken Fûma. “Je n'ai plus d'armes de jet !”, cria-t-elle aux Anbus qu'elle escortait. “Les assiégés ne doivent plus être loin, maintenant, je ne peux pas faire beaucoup plus pour vous !”
D'un hochement de tête, les Anbus la remercièrent avant de l'abandonner à son sort.
“Maintenant... Il s'agit de voir si je suis capable de sauver ma propre vie...”, songea la shinobi en attrapant le shuriken géant qui apparaissait dans un nuage de fumée.
Elle ferma les yeux, et sentit la masse d'ennemis se condenser autour d'elle, gardant une distance respectueuse d'une dizaine de mètres. D'un mouvement sec, elle dévoila les seize lames de son shuriken, faisant naître une grimace mécontente sur les visages les plus proches. Voyant que l'assaut tardait, elle choisit un combattant au hasard...
“Et maintenant, mes charmes naturels, à vous de jouer !”
Portant le bout de ses doigts à ses lèvres, elle cligna de l’œil en prenant une pose séductrice, et envoya un petit baiser. Le jeune homme, à peine plus âgé qu'elle, rougit violemment, alors que ses camarades, avides de la moindre distraction, riaient devant la situation, et, frustré, brandit un long sabre en se jetant sur elle dans un cri de rage.
Il était bien moins expérimenté qu'elle. Sans cela il ne se serait pas jeté dans un piège aussi grossier... D'un geste vif, jouant de son arme, elle lui entailla l'abdomen. Et le shinobi s'effondra, vidé de toute vie.
“Et c'est maintenant que ça va commencer...”, s'effara Aï en voyant les autres soldats perdre leur masque joyeux, sortir leurs armes et foncer sur elle.
Elle se concentra, et tourbillonna allègrement, d'un adversaire à l'autre. Les pointes de ses lames, empoisonnées, effleuraient la peau des adversaires, et suffisaient à leur mort, ce qui lui facilitait grandement la tâche.
Cependant, tout comme son stock d'armes, la quantité de poison n'était pas éternelle... Pas plus que son extraordinaire souplesse. Il était déjà miraculeux qu'elle n'ait pas été touchée lors de sa course. Plus l'assaut durait, plus elle sentait de nombreuses armes s'enfoncer dans ses membres, gênant ses mouvements, ralentissant ses gestes... Au bout d'un temps indéfinissable, elle ne put plus tenir son arme, et la lâcha.
“Reculez !”, entendit-elle monter.
Son souffle rauque s'éleva dans l'air, alors qu'elle peinait à reprendre sa respiration. Recul des adversaires, cela ne pouvait signifier qu'une seule chose.
“Ninjutsu...De puissance...”, songea-t-elle vaguement, son esprit commençant à s'embrouiller. “Et je... ne peux rien faire... Mes bras... sont si lourds...”
Réflexion faite, pendant que l'autre composait, elle trouva une excellente alternative, lui offrant un échappatoire certes incertain, mais au moins temporaire...
Elle chuta à genoux, son esprit s'envolant vers les brumes de l'inconscience, alors qu'elle sentait une vague de chaleur lui frôler le dos.

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Takumi soupira de soulagement : la première vague, escortée par Aï, avait disparu, et il pouvait faire confiance à la jeune fille pour donner tout ce qu'elle avait. Lui accompagnait les porteurs d'armes, plus lents. Ses compétences dans le domaine des poudres et des explosifs leur permettait d'avancer en quasi sécurité, mais il ne possédait pas énormément de charges prêtes...
“Et préparer les bombes me prend du temps...”, soupira-t-il intérieurement en attrapant une volée de billes explosives au fond de sa cruche. “Je ne peux pas me permettre d'utiliser les armes, ils en auront besoin...”
Heureusement pour lui, le travail que son équipière effectuait sur le front principal lui facilitait la tâche, mais les shinobis désormais avertis de la présence d'intrus, se faisaient plus précis et menaçants.
“Aouch !”, grimaça-t-il en portant sa main à son épaule en y sentant un shaken s'enfoncer, fermant instinctivement les yeux.
Ce micro-instant d'absence faillit lui coûter cher, et il ne dut son salut qu'à l'arrivée soudaine des deux Anbus affectés au combat, portant chacun un shuriken géant qu'il reconnut appartenir à son équipière.
“On a encore besoin de toi.”, grinça celui qui avait renvoyé d'un geste le jutsu meurtrier. “Accomplis ton rôle.”
Takumi hocha la tête en attrapant une nouvelle poignée d'explosifs, alors que les Anbus filaient à l'arrière. Il changeait fréquemment de côtés afin qu'une prise sur le flanc dépourvu ne vienne briser leur élan, anticipant leur trajectoire en dégageant la voie.
Ils avançaient régulièrement, constatant qu'Aï avait bien dégagé le terrain devant eux... Alors qu'il cherchait une nouvelle volée d'aveuglants, explosifs, n'importe quoi d'efficace... Ses ongles raclèrent la terre de la cruche.
“Je n'ai plus rien !”, s'alarma-t-il, et lui, toujours aussi distant et flegmatique, se surprit à paniquer. “Les odeurs, les parfums...”
Il décida, malgré l'éventualité d'un cuisant échec, de tenter la chose.
“Protégez vos narines !”, prévint-il en attrapant une fiole noirâtre et la lançant au devant.
Tous plaquèrent leur manche sur leurs nez...
“Arrrrrrh !”
Et bien leur en prit.
Les ennemis, écœurés par l'odeur fétide, nauséabonde au possible, libérée par l'explosion du conteneur de verre... Reculaient par réflexe, livrant le passage aux Anbus qui, malgré avoir pris leur précautions, devaient vraiment se retenir pour ne pas vomir...
Takumi se réjouit de la tournure que prenaient les évènements, lorsque...
“Humpf !”
Il sentit ses chevilles s'approcher violemment l'une de l'autre, et chuta rudement, éraflant sa joue sur la caillasse du sol. En se rétablissant, il vit, qu'une longue ficelle, stabilisée par deux poids, lancée par un ennemi, s'était enroulée autour de ses pieds, stoppant brutalement sa course. Les Anbus qu'il accompagnait ne lui jetèrent même pas un regard, et continuèrent sur leur lancée... Ils disparurent bientôt, happés par la foule d'ennemis...
Un soudain jutsu le fit se tordre sur le sol, hurlant de douleur. L'autre groupe d'Anbu, beaucoup plus lent, car plus chargé et plus nombreux, était loin derrière, il ne pouvait compter sur aucune aide...
“INTRUS ! INTRUS A L'OUEST !
-INTRUS AU NORD !”
Mais sur une intervention favorable du destin, peut-être... Les deux autres équipes venaient de se faire remarquer.
En une milliseconde, les nombre de shinobis autour de lui diminua de moitié quasiment, mais il ne faisait toujours pas le poids. D'un geste vif, un combattant fut sur lui... Et le frappa violemment.
“Combat rapproché, je n'ai jamais su...”, s'alarma-t-il en laissant une large tranchée dans le sol, se relevant doucement.
Il décida de retenter le coup du parfum, mais les shinobis furent aussi rapides que lui, et protégèrent leurs nez.
“Une fois, pas deux.”, annonça un autre en cognant l'adolescent. Un second coup vint briser sa jarre, un troisième l'envoya au sol... Et, juste avant qu'il ne s'évanouisse, il eût le temps de penser, une dernière fois, à un visage rond et rieur, aussi jovial que lui était taciturne, qui lui fonçait dessus à chaque fois qu'il poussait la porte de son chez-lui... :
“Kimiko...”
Sa toute petite sœur... Qui avait fêté son troisième anniversaire juste avant leur départ.
“Je... vais... mourir...”
Une larme roula sur sa joue.
“Kimiko...”

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Nana bataillait comme une folle pour protéger l'arrière du dernier peloton. Contrairement à ses camarades, elle n'avait pas de véritable compétences : sa famille ne possédait ni technique héréditaire, ni technique secrète... La seule chose qu'elle savait à peu près faire, c'était les techniques de base... Et encore. Devant elle, sans aucun doute il y avait des dizaines de shinobis plus expérimentés, qui connaissaient beaucoup de techniques...
Elle ne faisait tout simplement pas le poids.
Devant le peloton, c'était leur senseï qui ouvrait la voie : les deux autres groupes avaient disparu à toute vitesse, ce qui, pour eux, était une bonne chose, mais en ce qui concernait les traînards qu'ils étaient... Ils se trouvaient donc face à une masse compacte de soldats, et ne bénéficiaient plus de l'effet de surprise.
Nana sourit, essayant de se rassurer : leur vitesse leur permettait tout de même de pouvoir avancer dans les lignes. D'ici peu, si tout se passait bien, les Médics auraient rejoint les assiégés, et pourraient lancer une contre-attaque, leur permettant de terminer leur traversée. Mais, pour le moment... Elle devait faire de son mieux. Et ce n'était pas la terreur grandissant au fond de ses tripes, chassant l'adrénaline et l'excitation insouciante qu'elle apportait, qui allait l'aider. Une idée lui effleura l'esprit... Converser, imaginairement avec son frère, l'aiderait peut-être... La rassurerait sinon... En tout cas, empêcherait la peur de s'installer définitivement...
“Izumo...”, pensa-t-elle en déviant un kunaï. “Comment... as-tu fait ?”
Comment s'était-il illustré à l'examen, alors qu'elle avait perdu dès le premier tour ? Pourquoi lui avait réussi, et pas elle ? Ils n'avaient qu'un an de différence...
[i]“Pourquoi ?
-L'examen... Comment as-tu fais ?
-Oh, ça !”[/i], sourit-il imaginairement, un peu gêné. [i]“Je ne sais pas... J'ai fait de mon mieux, je pense...
-C'est ce que j'ai fait aussi !”[/i], s'exclama-t-elle en coupant court à la tentative d'assaut sur le côté droit. [i]“Mais j'ai échoué...
-Vraiment ?”[/i], s'étonna-t-il. [i]“Tu n'as pourtant pas tout donné, il me semble.
-Hein ?
-Regarde-toi, maintenant... Tu arrives à bloquer les attaques de Juunins... Et tu me dis que tu as tout donné à l'examen ? Je ne te crois pas.”[/i]
C'était vrai. Maintenant qu'elle y regardait de plus près... Elle se rendait compte qu'elle n'exploitait que très peu ses véritables capacités...
“T'es douée en Gen', frangine !”, l'encouragea Izumo. “Et bien fait du Gen', au lieu de continuer à batailler bêtement avec ton couteau !”
Le regard de la jeune fille se durcit, alors qu'elle joignait les mains.
“Genjutsu !”
Son jutsu était assez réussi : dix copies illusoires du groupe s'égaillèrent, déstabilisant les shinobis n'ayant pas eu le temps de contrer.
“Bravo, frangine !”, sourit Izumo. “Te voilà avec la moitié de moins. Courage, car, pour ceux-ci, l'illusion ne t'aidera pas !”
Pendant les vingt minutes qui suivirent, elle se battit comme une lionne, à tel point... Qu'elle ne se rendit pas compte qu'elle avait abandonné le groupe. Elle se trouvait seule, blessée, brûlée par un jutsu et loin des lignes alliées.
“T'as bien bataillé, Nana...”, sourit son imaginaire frère. [i]“Et tu as permis au groupe de s'enfuir en retenant les shinobis assez longtemps... Je suis très fier de toi.
-Merci, Izumo...”[/i], murmura-t-elle en croisant les bras, attrapant ses dernières armes et se préparant à mourir. [i]“Mais maintenant, laisse-moi, s'il te plaît...
-Pourquoi ?
-Je ne veux pas te parler juste avant de mourir.”[/i]
Et elle se jeta avec rage sur ses assaillants, tourbillonnant, jouant des kunaïs. L'anneau de jade attachant ses cheveux, entraîné par sa ronde folle, montait horizontalement... Frappant les shinobis au niveau de la tempe, les assommant rudement.
“J'ai bien fait d'être coquette au départ...”, sourit-elle intérieurement en stabilisant sa course. Cependant, elle ne sentit pas le jutsu de foudre arriver, et se cambra violemment sous la douleur.
Lorsque sa souffrance se calma, elle tomba à genoux, avant de distinguer les shinobis s'approchant d'elle.
“Au revoir, Izumo.”, murmura-t-elle alors qu'elle encaissait un violent coup d'épée.
-Laissez-la !”, entendit-elle. “Elle a son compte, filez plutôt devant, ils sont presque passés !”
Presque passés...
“On a réussi...”, sourit-elle en tombant au sol. “La mission va réussir...”
La mission...

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Tamiko remarqua à peine qu'un à un, ses affiliés disparaissaient de son champ de vision. En premier lieu, Aï, partie au devant... Puis Takumi... Et, pour terminer, Nana. Les deux Anbus chargés du combat les avaient rejoints, et bataillaient ferme pour maintenir les shinobis à distance. Depuis l'ouverture des hostilités, elle avait encaissé plusieurs lourdes attaques. Cependant, son esprit n'était pas concentré sur la bataille.
“Alors...”, songea-t-elle vaguement. “Dis-moi, Dragon de jade... Puisque tu commandes ce qui se passe dans cette vallée... Dis-moi si je... Si nous allons vivre...”
L'image de l'autel abandonné, enregistrée en début de combat, revenait encore et toujours dans son esprit... L'autel, le Dragon...
“Dis-moi...”
Un coup violent l'envoya au sol, à moitié assomée.
“TAMIKO !”
Ah... Kakashi-kun devait être dans les parages...
Une explosion de fumée obscurcit légèrement sa vue.
“Hime-chan, ramène-la !”
Un énorme molosse au collier clouté apparut dans son champ de vision, se jetant, mâchoire grande ouverte, sur le combattant adverse. Dans un gargouillement, celui-ci passa de vie à trépas, alors que l'énorme chienne, les bajoues couvertes de sang, attrapais beaucoup plus délicatement le bras de la Juunin. D'un mouvement vif, elle la hissa sur son dos, et, en un bond, rejoignit son maître.
“Kakashi-kun...”, siffla Tamiko en reprenant ses esprits, tirant un kunaï et entaillant le visage d'un assaillant trop proche, descendant de sa monture improvisée, “La prochaine fois, laisse-moi. Le chargement est plus important.
-Tamiko-chan...”, murmura l'adolescent.
-Je suis toujours là, non ?”, sourit-elle vaguement. “Occupe-toi plutôt de l'arrière, Nana est restée pour en retenir, mais ce n'est pas suffisant...”
L'Anbu acquiesça en soupirant, et prit la place assignée.
“Garde Hime-chan avec toi.”
L'acquiescement distrait qu'elle lui offrit ne le rassura pas.
“Toi qui veilles sur la vallée...”, se surprit-il à prier. “S'il te plaît... Je t'en prie. Ne la laisse pas mourir...”
Un cri de rage et de soutien monta du creux de la vallée...
“Ils ont réussi !”, se réjouit-il. “Les premiers sont passés !”
Droit devant, une vague de combattants de Konoha montait vigoureusement la pente, encouragement les instigateurs de la percée. Ils n'étaient plus les victimes d'attaques ciblées... Puisqu'une vingtaine de shinobis était venu leur prêter main forte. Enfin, ils coururent sur l'herbe verte, à peine poursuivis par les shinobis de Kusa...
“Nous sommes passés...”, soupira Kakashi. “Tous...”

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“Aï ! Aï !”
La jeune fille nommée eût du mal à reconnaître la voix.
“Nana !”
Les deux adolescentes tombèrent dans les bras l'une de l'autre...
“Et moi ?”, réclama ironiquement une voix masculine.
-Takumi !”
Les trois équipiers savourèrent leur chance d'être encore en vie... Et se racontèrent leurs mésaventures.
“J'ai été ramassée par l'un des Médics.”, raconta Aï en massant ses bras encore endoloris. “Il m'a porté jusqu'au camp, où les soigneurs ont pu me guérir tranquillement...
-D'après ce que je sais...”, murmura Takumi, “C'est un des Anbus qui m'a sauvé... Il m'a récupéré en descendant vers le campement, les shinobis de Konoha étaient déjà presque tous à l'assaut, il a pu s'occuper de moi... Et toi, Nana ?
-Et bien...”, rosit la jeune fille, “Je ne sais pas trop...
-C'est Hime-chan qui t'a trouvée et ramenée.”, sourit leur instructrice en s'agenouillant près de ses élèves, accompagnée par l'énorme molosse qu'elle présenta, toute heureuse de les voir en vie. “Je dois dire que tu m'as fait une belle peur, tu étais bien amochée...
-Ils étaient tous bien amochés.”, rectifia un Médic qui passait par là... “Ils ont bien fait leur boulot !”
-Aujourd'hui, vous êtes tous en vie.”, annonça un homme au masque canin en posant la main sur l'épaule de la Juunin. “Remerciez le gardien de la vallée, tout c'est bien passé.
-Nous le remercierons en remontant vers Konoha.”, sourit Tamiko en se levant. “Mais, en attendant...”
Elle fit craquer les jointures de ses articulations
“Nous avons du shinobi de Kusa à bouter hors de chez nous...”

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Autres notes :
La bataille de la vallée du Dragon de Jade, de moins grande envergure que celle du col de Kikiyo, n’est pas développée dans les archives. D'autant plus que les pertes en ces quelques jours sont véritablement minimes pour Konoha, et la victoire presque aisée après le réapprovisionnement des troupes, le moral remonté à bloc.
Lors du retour vers Konoha, les shinobis ont remis en état l'autel du Dragon de Jade, , remarqué par Karasuguchi Tamiko, de coordonnées 103° Nord, 27° Ouest, point de référence Konoha.

Fin de la missive

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Souviens-toi... Encore...

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“IZUMO !”
Nana poussa la porte de leur maison, et trouva son aîné agenouillé dans le patio.
“Nana-chan ?”, s'exclama-t-il joyeusement en se retournant. “Te voilà enfin de retour !”
L'adolescente s'était jetée sur le dos du grand frère, passant ses bras autour de son cou en une affectueuse accolade, lui arrachant un “Ouf !” de surprise.
“Hey, j'tai manqué tant que ça ?”, ironisa-t-il en se dégageant et la serrant contre lui.
-Et plus encore !”, avoua-t-elle.
-Alors, cette mission ?
-Eprouvante, mais... C'est la plus excitante que je n'ai jamais eue ! Merci pour ton aide...
-Uh ?”, s'étonna l'aîné en s'écartant, se grattant le crâne, perplexe. “Mon aide ?
-T'es tout de même plus futé en imaginaire...”, rit joyeusement Nana en le voyant.
-Nana-chaaaaan...”, se plaignit-il. “Mais de quoi tu parles ?
-J'te l'dirais pas-euh, j'te l'dirais pas !”, rit-elle en s'enfuyant.
-Nana-chaaaaaaan !”, cria-t-il en la poursuivant. “Reviens ici tout de suite !”
Les hurlements de rire du frère et de la sœur résonnèrent entre les murs. Que c'était bon de rentrer chez soi...

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“Takumi !”
Là... Juste devant lui... Juste devant la porte...
“Takumi !”
La petite bouille rieuse de sa sœur se jeta sur lui, et il la souleva gaillardement, la faisant voler.
“Kimiko-chaaaan !”, rit-il en stoppant sa toupie. “Qu'est-ce que tu m'as manqué...
-Où t'étais ?”, demanda-t-elle, une brochette de dangos à la main. “Vilain. T'étais pas là.
-Hey !”, bougonna l'aîné. “Dis donc, Kimiko-chan... Tu pourrais au moins me donner un dango...
-Nan.”, répondit sobrement la fillette en enfournant les boulettes de riz. “Nan, les vilains y z'ont pas l'droit aux dangos de môman...
-Parce que c'est maman qui les a fait ?”, s'exclama-t-il brusquement. “Tu m'en as laissé, j'espère...
-'er'ier, 'er'ier !”, rit malicieusement la petite en désignant ses joues gonflées par la friandise. “A pu !”
-Espèce de petite chipie...” l'attrapa-t-il.
-T'as été vilain...
-Comment ça, vilain ?”, demanda-t-il.
-T'étais pas avec moi...”, bouda doucement Kimiko.
L'adolescent la prit tendrement contre lui, et l'embrassa.
“Tu sais, j'ai fait plein de choses... Une mission !
-Une grosse ?
-Ouais, une très grosse !,” sourit-il. “Même que j'ai pensé à toi.
-Ah ?”, sourit affectueusement la petite fille. “Pourquoi ?
-Parce que c'était très excitant, et que tu aurais aimé être là...
-T'es gentil...”, murmura-t-elle en se blottissant contre lui.
-Alors j'ai droit au dango que tu as caché dans ta poche ?
-Tiens...”, sourit-elle en lui tendant la brochette.

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“Aï-chan ?”
La jeune fille se retourna brusquement dans la rue, surprise qu'on l'appelle ainsi au dehors de sa maison.
“Hem, désolé !”, s'excusa pauvrement le concerné, “c'est parti tout seul.
-Kotetsu ?”
La jeune Chuunin sourit doucement.
“Vous venez de rentrer ?”, demanda-t-il.
-Tout juste, on passe voir nos familles avant d'aller faire notre rapport avec Tamiko-senseï...”, soupira-t-elle.
-J'ai pas l'impression que les rapports, ce soit ton truc...”, ironisa-t-il.
-En effet, c'est pas mon truc.”, sourit-elle. “J'ai même plutôt tendance à détester ça.
-Pareil...”, grommela Kotetsu. “Bon, faut aussi que j'aille au bureau...”
Discrètement, Aï leva les yeux au ciel : vu sa trajectoire, il en venait.
“On y va ensemble ?”
Elle laissa planer quelques secondes d'incertitude...
“Pourquoi pas ?”

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Dans le bureau de l'Hokage, quelques jours plus tard...
“La réussite de votre mission m'ôte un énorme poids du cœur.”, sourit le Yondaime en se levant. “Je suis à la fois ravi que tout ce soit passé selon les plans, et soulagé de vous savoir tous en vie.
-En effet...”, sourit le Sandaime. “Je dois dire que tu as été un peu comme le lion en cage pendant cette semaine d'absence...
-Sandaime-dono...”, réprimanda faussement le Yondaime, un peu gêné. “Pas tant que ça... Bon, si, un peu, quand même...”, finit-il par bougonner, sous les rires des occupants du bureau.
-Merci, Yondaime-sama...”, sourit Tamiko, “de vous être inquiété.
-Ne nous réjouissons pas trop.”, rappela le Sandaime. “La guerre n'est pas finie...”

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Quelques années ont passé...

Izumo s'éveilla avec les premières lueurs de l'aurore. Il s'étira longuement, avant de se laver et se préparer. En pénétrant dans le salon, il tomba sur le visage de sa petite sœur.
“Bonjour, Nana !”, commença-t-il en souriant. “Je suis désolé, je suis un peu en retard, aujourd'hui, je surveille l'examen Chuunin, ne m'en veux pas trop si je ne peux pas rester... On se voit ce soir ?”, termina-t-il en suivant du doigt la courbe de la joue de l'adolescente.

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“Bonjour, Takumi nii-san !”, lança joyeusement Kimiko en s'asseyant à la table de sa cuisine, se versant un grand verre de lait. “Tu sais, aujourd'hui, je passe l'examen Chuunin... Tu me souhaite bonne chance, hein ? J'aurais dû demander à Kotetsu de me filer des tuyaux... Eh, ce soir, je te donne le résultat, okay ? Prends soin de toi, Nii-san !”
Elle posa la vaisselle de son petit déjeuner dans l'évier, noua son bandeau, et agita la main en un joyeux au revoir, avant de claquer la porte d'entrée.

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“Oups...”, marmonna Kotetsu en bondissant hors du lit. “Je suis en retard...”
Il se prépara rapidement, puis se tourna vers la frimousse souriante d'Aï Kokoro, sa petite amie.
“Désolé, Aï-chan...”, sourit-il en l'embrassant. “Je suis vraiment trop en retard... Et en plus, aujourd'hui, c'est l'examen Chuunin... Je te raconterais tout ce soir, si tu veux...”

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“Bonjour, Onee-chan...”, murmura Kakashi. “Aujourd'hui, je suis venu exprès pour toi...”
Il tira de sa poche une petite photo, où la Juunin, tirant la langue à l'objectif, lui tirait sur les joues pour le forcer à afficher, sous son masque bleu qui ne le quittait jamais, un semblant de sourire. Il pouffa doucement au souvenir, avant de la poser devant lui.
“Comment vas-tu, Onee-chan ?”, commença-t-il maladroitement en allumant un bâton d'encens. “Tu sais, aujourd'hui, il y a un examen Chuunin... Je sais comme tu adorais ça...”, sourit-il doucement, murmurant presque. “Cette année, pour la première fois, il y a trois crétins de l'Académie qui ont su comprendre ce que je voulais pour le Sabaibaru Enshuu... Ils sont sympas, tu te serais bien entendue avec eux... Le premier s'appelle Uchiwa Sasuke. Oui, oui, c'est bien le petit frère d'Itachi...”, concéda-t-il en hochant la tête. “Un peu spécial, mais doué... Très doué... Pour ta gouverne, il a réussi à m'empêcher de lire le Paradis du Batifolage pendant le Sabaibaru... Costaud, non ? La fille s'appelle Haruno Sakura. On ne peut pas dire qu'elle soit très originale, elle est amoureuse folle de Sasuke, comme toutes les filles de sa promo, d'ailleurs... Mais, ce qui est plus intéressant chez elle, c'est une extraordinaire maîtrise du châkra... Son timing et son dosage sont parfaits, qu'en penses-tu ?”, demanda-t-il vaguement. “Quand au dernier, il s'appelle Naruto Uzumaki. Ah, celui-là... Un vrai larron de foire, tu devrais le voir... Toujours à faire une bêtise s'il en a l'occasion... Mais c'est un petit gars qui a du potentiel et de la suite dans les idées... Généreux et amical comme personne, ça ne te rappelle pas quelqu'un ?”, sourit-il. “Yondaime-sama.”, répondit-il à la muette question. “Bref. Je disais que j'allais les présenter à l'examen. A mon avis, ils ont tous les trois les capacités pour réussir, qu'est-ce que t'en dis ?”
Il sortit de la poche de sa veste une large montre à gousset, qu'il consulta rapidement.
“Oulah... Je n'ai que ¾ d'heure de retard... J'aimerais bien rester avec toi, Onee-chan, mais je dois aussi passer voir Obito... J'espère que tu ne m'en veux pas trop !”
Kakashi ramassa précautionneusement la photographie, avant de quitter le petit temple dans lequel il était entré pour prier. Soudain.
“HAHA ! Kakashi, mon éternel rival...
-Oh, non, c'est r'parti...”, grommela le concerné en sortant son livre.
-Un dernier petit défi avant l'examen !
-Okay, Gaï, mais c'est moi qui choisis, et on fait ça au Janken.
-Encore ?!”, s'exclama l'adversaire.
-A chaque fois que c'est toi, on fait ça au Taï, alors ne pose pas de questions en ce qui me concerne !”, grommela Kakashi en plaçant son poing serré au centre.
-Bon... Attention... Jan... Ken... PON !”
Gaï : pierre.
Kakashi : papier.
“RHHHHAAAAA, Kakashi, tu as encore gagné !”, se lamenta Gaï en disparaissant.
Le Juunin aux cheveux argentés jeta un coup d’œil distrait aux alentours du temple, et remarqua une statue de dragon verte... Eclairée par un rayon de soleil.
“Ah, c'était donc toi qui l'a fait perdre ?”, sourit-il doucement en reprenant sa lecture. “Merci, Onee-chan...”

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Chez Izumo Kamitsuki, la plaque de verre d'une montre oubliée refléta doucement les rayons du soleil, éclairant pendant quelques secondes la photo posée à l'entrée du salon, placée telle qu'on ne pouvait pas la rater, d'où que l'on vienne. Sur cette photo, Nana obtenait enfin le grade de Chuunin tant désiré, et arborait pour la première fois sa nouvelle tenue, avant d'assister à ses premiers enseignements de Médic, affichant le plus beau de ses sourires et sa joie la plus sincère à l'objectif en sautant sur le dos de son frère surpris et affichant le V de la victoire. C'était il y avait huit ans, déjà...

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Le cadre bleu pastel que Kimiko Koukishin avait elle même fabriqué pour accueillir la photographie de son frère, posé juste au dessus de la table de la cuisine, s'intégrait parfaitement à l'appartement. Sur cette photo, Takumi Koukishin lui gravait quelque chose dans une pierre, son propre visage rond et farceur curieusement passé au dessus de l'épaule. Le regard doux et les traits indulgents de son aîné rendaient la photographie tellement belle, qu'on en oubliait ce qui avait suivi.

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La buée laissée par le baiser de Kotetsu sur la plaque de verre s'était évaporée bien avant qu'il ne claque la porte. Cette photo, c'était la préférée d'Aï. Prise environ trois ans après qu'il lui ait avoué qu'il l'adorait. C'était le jour de son anniversaire, et il lui avait fait la surprise d'une sortie exceptionnelle. On les voyait tous deux, dans les bras l'un de l'autre, complices, riant joyeusement... Malgré une évidente jalousie masculine envers lui lorsqu'il avait débuté son histoire avec elle, beaucoup de leurs camarades avaient franchement avoué qu'ils formaient un très beau couple.
Oui, mais voilà...

Cela faisait maintenant cinq ans qu'Aï était morte.
Tout comme Takumi.
Comme Nana.
Et comme Tamiko.
Les quatre dernières vies payées en tribut à la Guerre des Cinq grands Pays.




Hmm... Bon, voilà, c'était trèèèèèèès long... Et le passage à partir de "Quelques années ont passé..." n'est pas obligatoire du tout, mais j'imagine vraiment très mal la fic sans... Même, disons le carrément, je ne l'imagine pas sans...
J'espère que ça vous a plu...




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