Fiction: Silent Screams

Naruto a 30 ans. Il est marié avec Sakura Haruno, il a deux filles, il est hokage. Il a tout pour être heureux direz vous ? Pourtant, son coeur souffre encore. Il y a 15 ans, une tragédie est arrivée. Et depuis ce jour, il cache ce lourd secret en lui. Depuis 15 ans, il n'a versé aucune larme pour la perte de celui qu'il aimait silencieusement...... Implique NaruSasu
Drame | Mots: 4691 | Comments: 7 | Favs: 10
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Angel Of Hell (Féminin), le 26/11/2009
Personnellement, je suis assez fier de ce OS et j'espère que vous l'aimerez ! Je vous préviens, préparez votre boîte de mouchoir, ça risque de vous être utile. =)

Une petite note: Sasuke n'est jamais parti vers Orochimaru.




Chapitre 1: Chapitre unique.



Silent screams



***


Les ténèbres m’entouraient depuis toujours. J’étais leur joujou préféré, une cible parfaite, une proie facile. Il n’y avait aucune façon de m’échapper, il n’y avait aucune porte de sortie. J’étais perdu dans le noir, perdu dans le vide depuis le tout premier jour de ma solitude. Ma vie était un néant total, sans queue ni tête. Je suffoquais. Je n’arrivais plus à respirer. Personne n’était là pour me sauver. Pourtant mon cœur battait encore. Il battait pour lui. Mais lui il ne s’était jamais occupé de moi. Il n’avait jamais montré un signe d’attention, il était si aveuglé quand il était question de moi. Je n’étais que le rival, que le modèle à suivre, qu’un meilleur ami. Rien d’autre. Et ça me rendait malade. Alors mon sang a commencé à couler. Le sol était sali. C’était tout rouge. Mes yeux ne voyaient plus rien. Tout tournait autour de moi, si vite, tout disparaissait silencieusement, comme dans un rêve. Je savais que ma vie s’en allait tranquillement, comme elle était venue. Je me retrouvais alors au sol, mon dos contre le planché froid du donjon, là où mes parents y avaient laissé l’âme, et mes yeux fixaient le ciel. Non. Ce n’était pas le ciel. C’était des yeux bleus. Ma couleur préféré. Il était là. La mort était si sereine. Un sourire se vit naître sur mon visage, alors que moi je perdais lentement conscience. Un je t’aime était sorti de ma bouche, mais je ne m’en étais pas rendu compte. Il était là, avec moi, mais c’était trop tard. Les ténèbres m’accueillirent. Mon enfer était enfin terminé.


***


Sur la terrasse d’une grande maison, se tenait un homme d’une trentaine d’années. Il était grand, assez robuste. Il avait de grands yeux tristes d’une couleur océan, qui fixaient le ciel orangé à l’horizon. Ses cheveux blonds étaient secoués par un vent doux et léger. Cette soirée de juillet était chaude et fraîche, Naruto ferma les yeux pour mieux laisser l’air lui caresser le visage.

« Naruto ? Tu viens manger, mon amour ? »

Une voix familière. Une voix douce et féminine. Il se retourna et sourit. Il se demandait parfois si elle était dupe ou si elle s’était un jour rendu compte que ses sourires étaient terriblement faux. Il s’approcha et embrassa sa femme.

« Je t’aime, Sakura » chuchota-t-il.

Ils s’embrassèrent un moment jusqu’à ce qu’ils se séparent pour aller manger. Ils se séparèrent une fois entrés à l’intérieur. Naruto monta chercher ses deux petits monstres pour le dîner. Eh oui, le blondinet de l’équipe 7 était devenu le père de deux futurs grands ninjas. Sakura et lui s’était mariés à l’âge de 20 ans, cinq ans après une tragédie qui avait changé leur vie à tout jamais. Après trois ans de vie de couple, un petit bout de chou avait fait son apparition – la petite Kumi, aujourd’hui âgée de sept ans. Puis la cadette arriva deux ans plus tard, elle âgée de cinq ans. Ses deux filles étaient magnifiques, et l’une d’elles – la plus jeune – lui faisait penser à quelqu’un qu’il avait connu auparavant, de par sa différence. Kumi avait les yeux et les cheveux de son père et sa mère, elle avait de magnifiques yeux verts émeraude et des cheveux blonds. Quant à Midori, elle avait des cheveux de jais. D’où cela venait-il ? Peut-être des générations et des générations derrière. Ses yeux étaient également noirs, sombres, et sa peau était blanche et claire, comme sa mère Sakura. Mais en regardant cette petite, Naruto y voyait quelqu’un d’autre.

Pendant qu’il était à l’étage, Sakura, aujourd’hui âgée de trente ans, se dirigea vers la cuisine. Là, il y avait un petit bureau collé au mur. Elle y ouvrit un des tiroirs et en ressortit une grande photo encadrée. Sakura regarda un moment la photo.

« Qu’est-ce que tu me manque… Je t’aime très fort, si seulement tu pouvais m’entendre. »

Elle déposa un baiser, puis glissa ses doigts sur le visage du garçon qui figurait sur l’image. Une si vieille photo…

« Kaa-san ! »

Elle sursauta et se retourna, après avoir posé la photo face contre le bureau. Elle sourit et ouvrit les bras, s’agenouillant au sol, pour attraper sa fille. Kumi venait de descendre avec sa sœur et son père. Elle était la plus ouverte d’esprit, elle montrait ses sentiments, beaucoup plus que sa petite sœur, et c’était une autre chose qui plongeait Naruto dans une nostalgie douloureuse à chaque fois qu’il faisait la comparaison…

« Qu’est-ce qu’on mange ? » s’exclama Kumi en se hissant sur la pointe des pieds pour regarder les plats préparés sur le comptoir.

« Des onigiris, tu aimes ça ? » demanda Sakura en posant les assiettes sur la table.

« Ah oui ! C’est mon plat préféré ! »

Les deux fillettes s’installèrent pour manger, mais Midori, la plus petite, se retourna quand elle se rendit compte que son papa ne bougeait pas. Plus à part de sa famille, il avait les mains dans les poches, la tête tournée vers la photo cachée sur le bureau.

De sa petite voix aiguë, Midori monta sur sa chaise sans lâcher Naruto des yeux, elle dit :

« Tou-san ? »

Le papa en question ne répondit pas. Il avait l’air triste et Sakura comprit ce qu’il regardait avec autant de tristesse. Elle s’avança, sous le regard inquiet des deux gamines. Elles n’avaient jamais vu leur père comme ça. Sakura s’approcha et lui attrapa les épaules doucement.

« Naruto ? »

Naruto se retourna et sourit.

« Tu sais que ça sent très bon, mon amour ? »

Sakura resta surprise un moment, puis un sourire apparut sur son visage. Elle étreignit le blond et s’installa à table. Kumi et Midori souriaient aussi, contentes que Tou-san soit de retour parmi eux. La petite famille réunie, le dîner se déroula sans encombre.

Un peu plus tard dans la soirée, lorsque le temps de se mettre au lit – pour les petites, du moins – arriva, Naruto entra dans la chambre pour les border. Sakura était déjà là, assise au bord du lit de Midori. Elles dormaient dans la même chambre, mais avait chacune leur lit. Le blond s’agenouilla près de Kumi et déposa un baiser sur son front.

« Fais de beaux rêves, ma belle » chuchota-t-il.

Il passa ensuite une main dans ses cheveux blonds, le même blond que lui. Kumi se redressa et lança un regard brillant de malice à son père.

« Tou-san ! Raconte-nous une histoire ! »

« Oui ! » l’encouragea la cadette.

Les deux petites se mirent à sauter dans leur lit en criant de leur petite voix à leur père pour qu’il leur raconte une histoire. Sakura, aux côtés de Midori, échangea un regard avec Naruto, riant doucement. Le blond finit par céder.

« Bon d’accord, vous m’avez eu »

« Hourra ! » s’exclamèrent ensemble les deux sœurs.

« Quel genre d’histoire ? »

Kumi se leva et fouilla dans son tiroir. Elle en ressortit une photo, toute petite, qu’elle montra à Naruto.

« On veut que tu nous parle de lui »

Tout à coup, les yeux du blond se firent plus inquiets, il pencha doucement la tête pour regarder ladite photo. Son cœur bascula à sa vue, ses lèvres frémirent. Sakura s’approcha et posa une main sur l’épaule de son amant, et regarda la photo à son tour.

« Derrière c’est écrit Naruto et Sasuke, 12 ans. C’est toi, Tou-san ? »

Le blond ravala sa salive, ses yeux étant incapable de regarder ailleurs.

« Où l’as-tu trouvée ? » Demanda Naruto.

« Dans un de vos albums photos, l’autre jour avec Midori on les regardait… » Avoua la petite en rougissant.

« …Oui, c’est moi » dit-il d’une voix lointaine et basse.

Il y avait tellement longtemps qu’on avait prit cette photo. Il ferma les yeux et se voyait encore ce jour-là. « Mais pousse toi Baka tu prends toute la place ! », « Oï, dobe, j’suis pas un Baka ! ». Sa voix résonnait encore, tout comme il sentait ses mains froides sur ses épaules, le poussant pour qu’enfin Kakashi-senseï puisse immortaliser cette journée si innocente de leur enfance.

Naruto prit la photo des mains de sa fille et la regarda de plus près. Ils étaient sur le grand pont Naruto, après cette mission au pays des vagues. C’était si loin tout ça, l’époque où Sasuke était encore là, avec eux. L’époque où il respirait encore, les jours où Naruto et lui se chamaillaient pour un rien, les jours où ils étaient ensembles tout les trois et rien d’autre.

« Naruto ? » fit Sakura.

Les deux petites s’étaient installées sur le lit de Kumi, Naruto y était également, et Sakura aussi.

« Tou-san ? Tu vas nous raconter une histoire ? » Insista la plus jeune avec sa voix vraiment très aiguë.

Naruto sourit tristement. Un petit sourire au coin des lèvres. Il leva la tête et ébouriffa les cheveux d’ébène de sa petite dernière.

« Oui… »

« Naruto, t’es sûr ? » demanda Sakura, inquiète.

Elle savait combien c’était difficile d’évoquer Sasuke, car ça l’était autant pour elle. Kumi regarda ses parents, son père puis sa mère, son regard vagabondant de l’un à l’autre. Elle savait que quelque chose n’allait pas, qu’une longue histoire se cachait derrière ce garçon aux cheveux de jais sur la photo. Elle savait aussi qu’un passé lourd les unissait, lui, son père et sa mère. Kumi était rusée, mature et intelligente pour son âge. Midori, elle, ne remarqua rien. Elle était juste excitée à l’idée que son papa lui raconte une histoire. Elle était inconsciente qu’il s’agissait d’une vraie personne qui avait existé avant, et non d’un personnage inventé par ses parents. Elle était trop jeune pour savoir, et avec son imagination débordante d’enfant, elle s’attendait à tout.

Naruto se racla la gorge et posa la photo de côté. Il regarda Kumi dans les yeux, puis Midori.

« Il s’appelait Sasuke, et il est mort il y a environ 15 ans. » débuta Naruto en parlant à voix basse. Sakura lui massait les épaules en même temps, sentant qu’il était tendu. Il n’y avait rien qu’il ne ferait pas pour elles. « Il était mon meilleur ami, à l’époque de l’Académie, et il était notre coéquipier à votre mère et à moi. Nous étions… l’équipe 7. » Continua-t-il en fixant un point inexistant, le regard fier et empli de souvenirs. Le simple chiffre 7 lui rappelait tant de choses. Sakura souriait tendrement derrière lui, tandis que les deux petites écoutaient attentivement. « Tonton Kakashi était notre senseï, et tout les quatre étions inséparables. »

Le blond se mit à trembler discrètement, seule Sakura s’en rendit compte. Elle se pencha et lui chuchota à l’oreille :

« C’est bien… Continue. »

Naruto ferma les yeux et les rouvrit.

« Vous voulez savoir comment il était ? » lança-t-il.

Midori et Kumi acquiescèrent en secouant la tête de haut en bas. Naruto sourit.

« Il était chiant ! Un vrai frimeur de première ! »

Les fillettes se mirent à ricaner, Sakura lâcha un petit rire. Elle se rappelait très bien les premiers jours à l’académie, quand ces deux là se traitaient de tous les noms possibles. Malgré tout, ils formaient la meilleure équipe en mission.

« Il était doué dans tout les domaines, en Taijutsu, en Genjutsu et en Ninjutsu, il n’y avait pas moyen de le faire descendre de son trône ! Il était toujours premier, partout, que ce soit en mission ou avec les filles ! »

« Mais il était si beau ! » s’exclama Sakura en s’esclaffant. « J’ai même été amoureuse de lui, pendant des années ! »

« Enfin » poursuivit le blond. « Lui il n’aimait personne »

Naruto fit une pause. Cette phrase était sortie toute seule, automatiquement, comme si elle était vraie. Pourtant, elle ne l’était pas. Sasuke aimait si fort qu’il en souffrait. C’était ça qui l’avait mené à sa perte. Il ferma les yeux et Sakura comprit que ce silence n’était pas prévu. Elle se mordit les lèvres, puis continua de masser son amant. Il avait besoin d’elle, elle le savait, mais elle savait aussi que Sasuke était irremplaçable, que même après 15 ans, il était encore si présent dans leur vie. Il était partout… jamais il ne s’en irait vraiment… Et ça, c’était plus que jamais douloureux, plus les jours avançaient.

« Comment il est mort ? » demanda soudainement Kumi, tenant sa petite sœur dans ses bras.

Naruto n’ouvrit pas les yeux. La question qu’il attendait. Il savait qu’en acceptant de leur raconter sa vie d’avant, de leur parler de Sasuke, il allait devoir passer par là. Il ravala sa salive et derrière lui, Sakura affichait un air triste et nostalgique.

« Ça va, Naruto ? » s’enquit-elle quand le silence devint trop long.

« Il s’est suicidé. »

Kumi et Midori ouvrirent de grands yeux surpris. Sakura arrêta son massage et retint un hoquet. Le silence qui suivit ces trois petits mots fut si cruel que personne n’osa parler. Kumi baissa la tête. Ce bout là, elle l’ignorait, et cette douleur qu’elle voyait sur le visage de son père lui fit mal, à elle aussi.

« Tou-san, ça veut dire quoi ? » demanda soudainement Midori.

Naruto lâcha un petit rire. L’innocence de cette petite lui faisait un bien si énorme qu’il rouvrit les yeux, se leva et la prit dans ses bras, l’asseyant sur ses genoux. Sakura bougea aussi et s’installa aux côtés de Kumi, passant un bras autour des épaules de sa fille.

« Il s’est enlevé la vie, ma chérie, c’est ce que ça veut dire » dit-il doucement en lui caressant ses boucles noires.

« Il s’est tué lui-même ? »

« …Oui » chuchota Naruto en posant son menton sur le sommet de la tête de sa petite fille.

« Mais pourquoi ? » demanda-t-elle d’une petite voix toute triste.

Derechef, Naruto marqua une pause. Sakura le regardait toujours prévenante, guettant un malaise ou une difficulté à continuer. Mais le blond serrait sa petite dans ses bras, un bras protecteur autour d’elle. Il avait tout pour être heureux. Il était Hokage, il avait une femme, deux enfants… Mais pourtant il lui manquait quelque chose. Il lui manquait quelqu’un, et cette personne avait laissé un trou béant dans leur poitrine à tout les deux. Une blessure qui ne guérira jamais.

Naruto respira à fond puis rouvrit les yeux.

« Sasuke souffrait énormément… Et personne n’a su le voir. Il n’était pas quelqu’un d’ouvert… il ne montrait jamais ses sentiments. Il allait très mal et il ne le disait à personne. Mais un jour, ça a commencé à se voir. »

Sakura ferma les yeux, essuyant une petite larme qui glissait sur sa joue.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Kumi.

« Il ne venait plus aux entraînements. Et quand il venait… il ressemblait à un mort vivant. Il avait des cernes immenses sous les yeux, il maigrissait à vu d’œil… Il mourrait à petit feu et je n’ai pas su l’entendre crier à l’aide… »

Après cette phrase, Naruto lâcha un sanglot. Sakura s’affola.

« Naruto ! Ce n’est pas de ta faute, je t’en pris, calme toi ! »

Midori se redressa sur les genoux de son papa et lui essuya une larme.

« Je ne veux pas voir Tou-san pleurer ! Ça me rend triste aussi ! »

« Naruto, tu veux arrêter ? » fit Sakura, posant une main sur son épaule.

Le blond secoua la tête, renifla et continua. Kumi avait les sourcils froncés, le visage crispé de douleur. Elle n’aimait pas voir son père comme ça, et elle comprit que ce garçon n’était pas n’importe qui. Elle sentait toute cette douleur qui pesait sur le cœur de ses parents. Elle aurait voulut faire quelque chose, mais elle était impuissante… Tellement impuissante. Midori reprit sa place contre le torse de son père, elle y posa sa tête et ferma les yeux.

« Continue, Tou-san… » S’enquit Kumi doucement.

« Non… En faite j’ai ignoré ses appels au secours. » Affirma le blond en fixant quelque chose devant lui.

« C’est faux ! » S’écria Sakura, horrifié que Naruto se blâme pour ce qui était arrivé. « Naruto, ce n’est pas de ta faute ! Voyons, tu aurais tout fait pour lui, jamais tu ne l’aurais laissé tomber ! »

« Tu ne comprends pas, Sakura ! »

Kumi tourna la tête, suivant son père et sa mère. La conversation devenait trop lourde et elle sentait que ça allait finir en dispute entre ses parents. Elle se cacha sous ses couvertures tandis que Midori s’était endormie. Sakura et Naruto se regardèrent un long moment, les yeux grands ouverts, complètement plongés 15 ans en arrière. Sakura finit par soupirer. Elle passa une main dans ses cheveux en tremblant.

« Bonne nuit, ma chérie » dit-elle en embrassant le front de Kumi.

Naruto déposa Midori dans son lit et l’embrassa avant de sortir de la pièce, rejoindre Sakura qui se dirigeait vers leur chambre. Il entra. Sakura, de dos, se retourna et lui lança un regard désemparé, triste et douloureux.

« Dis-moi ce que je ne comprends pas ! »

Naruto demeura silencieux. Son silence la troublait, elle allait péter les plombs s’il continuait de la fixer ainsi ! Elle lâcha une plainte et s’approcha de lui.

« Naruto, je t’en pris, parle ! »

L’Uzumaki baissa la tête. Il ferma les yeux et se prit la tête entre les mains. Sa voix était si forte dans sa tête. Naruto se rappelait trop bien de ses cris de douleur. Il se revoyait dans cette vieille maison, le manoir Uchiha. Il y était allé pour voir si tout allait bien, si Sasuke prenait du mieux – il l’avait espéré, en tout cas. Mais c’était tout le contraire. Il revoyait ses larmes, ses pleurs qui ne finissaient plus. C’était à ce moment là que le cœur du blond s’était déchiré, brisé en mille morceaux. C’était à partir de ce jour là que Naruto avait su que Sasuke allait mal, et que ce n’était pas qu’une petite grippe passagère. Mais jamais il n’aurait osé penser qu’il allait mettre fin à ses jours…

« Naruto, je t’en pris, dis quelque chose… » Continua Sakura doucement.

Elle s’était momentanément calmée.

« Il y a quelque chose que je ne t’ai jamais dis, Sakura… »

« Quoi ? »

« À propos de Sasuke »

« Mais raconte ! » S’écria-t-elle, tremblante, comme si elle allait pleurer.

Le blond marqua une pause, tenta de ne pas céder à sa douleur et à ne pas pleurer lui non plus. Il devait être fort, pour Sakura, pour ses deux petites filles, pour lui.

Il releva la tête et ancra ses pupilles azurs dans ceux de Sakura.

« Il m’aimait. »

« P-Pardon ? »

« Il était amoureux de moi… » Affirma le blond alors que son visage se crispait de douleur.

« Je n’y crois pas… Explique… »

Le blond sentit son cœur se serrer. Son cœur aussi se rappelait de cette journée là. Une belle journée, cela dit. Le soleil brillait de mille feux, Naruto ferma les yeux et se voyait marcher en direction du domaine Uchiha. C’était flou, c’était si loin, mais c’était encore bien inscrit dans sa mémoire et ça ne s’effacera jamais, comme si c’était gravé dans la pierre.

Naruto parla à voix basse.

« On venait à peine d’être promu Chunin, tu te souviens… ? »

Sakura acquiesça, inquiète de la suite.

« C’était quelques jours avant que Sasuke ne passe à l’acte… J’avais décidé d’aller voir s’il allait bien. J’ai frappé à la porte mais il n’y avait aucune réponse. Alors je suis entré. J’entendais du bruit en haut, je savais qu’il était là… je suis monté. »

Sakura écoutait attentivement, les yeux brillants de larmes. La voix du blond était tremblante, il regardait par terre, perdu dans ses souvenirs. Elle aurait tellement voulut le prendre dans ses bras et le bercer comme un enfant jusqu’à ce que la douleur parte, mais elle voulait savoir ce qui s’était réellement passé, ce que Sasuke avait enduré. Elle l’avait aimé, après tout, et elle l’aimait encore aujourd’hui.

« Sasuke était dans la salle de bain. Il pleurait si fort… Tu aurais dû voir… toutes ces larmes… ses pleurs étaient incontrôlables, je ne l’avais jamais vu aussi vulnérable… Il tremblait sans s’arrêter… »

Il s’arrêta. Puis recommença quelques secondes plus tard.

« Il avait entre les mains un petit récipient… dans lequel il y avait des pilules blanches… Je me souviens, c’est comme si c’était hier… Je le lui ai pris des mains… C’était des somnifères… Il m’a crié de partir quand il m’a vu. Il m’a poussé, sans résultat, il était si faible…

Je l’ai attrapé par les épaules et lui ai dis de se calmer, que j’étais là, que tout allait bien… Il se débattait, comme si j’étais son pire ennemi… ses larmes coulaient comme une chute, ça n’arrêtait pas… Je pouvais presque entendre son cœur battre à une vitesse folle… je croyais rêver… je voulais que ce ne soit qu’un cauchemar… »

« C’est horrible… » Sanglota Sakura.

Elle n’avait jamais imaginé une telle souffrance. Naruto retint un sanglot avec difficulté. Il détourna le regard, comme s’il venait de voir un fantôme. Ses lèvres tremblaient et sa voix aussi, quand il reprit.

« Je lui ai demandé pourquoi il se droguait aux somnifères, et il m’a dit que ce n’était pas de mes affaires, que ça ne me regardait pas… Puis il m’a crié de m’en aller encore une fois… J’ai pris mon courage à deux mains et lui ai dis fermement que je n’allais pas partir. Mais il ne m’écoutait pas, il pleurait… encore… »

Sakura était complètement bouche bée. Naruto retenait sanglot sur sanglot, il ne voulait pas pleurer. Il ne voulait pas laissé cette douleur partir parce que pour lui c’était comme s’il laissait Sasuke partir aussi. Il ne voulait pas l’oublier. Il ne voulait pas…

« Que c’est-il passé ensuite ? » Demanda Sakura après un long silence.

« J’ai essayé de le consoler, de lui demander ce qui n’allait pas… Il m’a crié insulte sur insulte, me disant que j’étais le pire des salauds ou quelque chose comme ça. Puis il m’a dit que je n’étais jamais là pour lui. Il avait complètement perdu la tête, il souffrait beaucoup trop c’était… impensable… Alors je me suis approché et lui ai dis que tout allait bien encore une fois, qu’il devait dormir un peu… Mais il continuait de me frapper le torse en hurlant de m’en aller… Je me rappelle… lui avoir attrapé les poignets… Je lui ai fais promettre de dormir si je m’en allais… Je ne sais pas s’il a tenu sa promesse, mais je suis parti. »

« C-Comment as-tu su qu’il était amoureux de toi …? »

« Je suis retourné chez lui deux jours plus tard… J’ai vu… Il… il… »

Sakura pleurait maintenant. Elle s’approcha de Naruto et entoura son visage avec ses mains.

« Qu’est-ce que tu as vu, Naruto, dis moi le… »

« Sa souffrance le rendait complètement fou… Il avait tout détruit dans sa maison… Quand je suis arrivé il lançait des objets en hurlant… Puis il est tombé à genoux… je le regardais, j’étais bouleversé… il… il… »

Naruto étouffa un sanglot. Sakura serra l’étreinte de ses mains autour des poignets du blond. Elle l’aidait physiquement à tenir le coup, elle lui donnait de sa force pour terminé son récit. Il fallait que cette vérité sorte, après 15 ans… Il le fallait…

« Sasuke… il… il a sorti un kunaï et se l’est enfoncé dans le ventre… c’est là que j’ai réagis… Il ne m’avait pas vu avant ça… Je me suis jeté sur lui en criant son nom… Je ne me souviens pas si je pleurais ou non… Je l’ai pris dans mes bras et il me regardait. Sa vie s’en allait de son corps, il était si léger… Je murmurais des non à répétitions, lui il souriait… puis il a dit… je ne suis pas fou, je sais que j’ai entendu ça… il a dit je t’aime, Sakura… il l’a dit… »

Il pleurait. Voilà. Sa peine et sa douleur s’évadait enfin de son corps. Jamais en 15 ans Naruto n’avait pleuré. Jamais. Pas une seule fois.

« Chute, ça va, je suis là » le rassura Sakura, même si elle-même pleurait.

Naruto s’écarta de Sakura et la regarda dans les yeux.

« Le pire dans tout ça c’est que… que… que je l’aimais moi aussi ! »

« Quoi ? »

« Moi aussi j’étais amoureux de lui ! J’étais éperdument amoureux, et je l’aime encore aujourd’hui, si fort ! Si seulement il peut m’entendre, si seulement je lui avais dis avant ! J’étais un lâche et j’avais peur de comment il aurait pu réagir… Tu comprends maintenant ? C’est ma faute… la mienne… c’est à cause de moi qu’il a disparu aujourd’hui… sinon il serait ici… Oh Sakura, je m’en veux… Je l’ai tué, c’est ma faute… je l’ai tué… »

Naruto s’effondra au sol, en larmes. Sakura s’empressa de le prendre et le serrer tout contre elle. Il s’accrocha à ses vêtements, et pleura, pleura encore. Sakura caressa son dos, ses cheveux.

Au cadre de la porte, Kumi et Midori se tenaient la main, la mine triste.

« Retournez vous couchez, mes amours, papa n’a rien, c’est rien… » Sanglota Sakura.

Les deux petites vinrent rejoindre leurs parents. Midori se blottit dans les bras de Naruto, qui la serra contre lui, pleurant toutes les larmes qu’il avait enfouies depuis la mort de celui qu’il aimerait toute sa vie. Oui il aimait Sakura, mais jamais il n’aimerait quelqu’un autant qu’il aimait Sasuke, et elle comprenait parfaitement cela. Kumi étreignit sa mère, tandis que la plus petite embrassait les joues de son papa, pensant qu’ainsi, il irait mieux, qu’il arrêterait de pleurer. Mais rien n’y faisait, il était inconsolable.


***


Je n’ai fais que me voiler la face. Toute ma vie j’ai nié mes sentiments. J’ai nié mes propres sentiments, n’est-ce pas pathétique ? Oh oui, tu peux le dire, Sasuke, tu peux rire de moi, parce que j’ai fais la pire bêtise de ma vie. Une erreur grave et irréparable. Une erreur qui m’a coûté cher. Ta vie. C’est ta vie que j’ai perdu. Tu n’es plus là et je commence à comprendre à quel point chaque jour était un enfer pour toi. Je ne l’ai pas vu. Je n’ai pas entendu tes cris. J’aurais dû. J’aurais dû voir que tu allais mal, que tu souffrais au point de vouloir en finir… Je m’excuse. Je m’excuse de t’avoir ignoré, d’avoir fait comme si je n’avais pas de sentiments pour toi, alors que c’était tout le contraire. Je t’aimais tellement que chaque jour ça me rendait malade. L’idée que tu puisses me rejeter me hantait jour et nuit, et pendant ce temps là, toi tu mourrais lentement. Ton cœur saignait. Je me sens si misérable, si tu savais. Tu sais… quand je t’ai pris dans mes bras ce jour-là, j’ai vraiment cru entendre je t’aime. Mais il m’arrive de me demander si je n’ai pas rêver. Si, juste avant ta mort, je me serais imaginé entendre ce que j’avais toujours voulu entendre. Je sais que tu me l’as dis. Je ne suis pas fou, je m’en souviens très bien. Si seulement tu étais là pour me le redire…

Sakura t’aime. Elle t’envoie mille baisers.

Je sais que cette lettre ne sera jamais lue. Par personne et encore moins par toi. Mais je me sens déjà mieux. Je préfère me sentir vide que rempli de remords. Tu sais quoi, Sasuke ?

Je t’aime.

Naruto posa le parchemin devant la pierre, là où il y avait quelques fleurs séchées.

« Puisses-tu reposer en paix, maintenant. »


***



FIN





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