Fiction: La Guerre du Sang - Ecrits de Ninjas

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Arf, encore le mauvais temps. Et dire que je m'étais levé tôt, en me disant que tout ce passerait bien ce matin. Mais évidemment, le mauvais temps, ça déprime tout le monde, et c'est pas cette foutue guerre qui va arranger les choses. Ils sont malins, eux, les "grandes têtes". Les dirigeants. Ceux qui décident qu'on doit se battre ou non. Le Pays du Feu a longtemps été notre allié, c'est trop bête. Doko en a trop fait cette fois-ci. Ce gars veut trop de pouvoir. Il en a bien inventé des choses, celui-là !

Il est allé dire à tout le monde que nous n'avions plus assez de ressources, et que les autres du Feu en avaient plein. Je suis sur qu'il en a dans ses réserves, dans la cave du batiment Kage. Tout ce qu'il veut, c'est prendre le contrôle du pays du Feu. Et je crois bien être le seul à m'en être rendu compte, de tout notre bon vieux Pays de la Terre.

Enfin bon, les ordres sont les ordres. Je vais pas aller chercher des noises aux "grandes têtes". Après tout, on va se battre, on va prendre Konoha, et là, notre bon vieux Doko voudra encore plus de pouvoir, jusqu'a ce que, au final, on rencontre un adversaire trop fort... C'est la loi de la nature. Bon, je vais descendre au bureau, faut que j'aille marquer les noms de ceux qui, probablement, ne reverront jamais leur famille... Ah, dans quelle époque on vit...


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Ah, tiens, j'y suis enfin. La route est si longue, de chez moi jusqu'à ici ? Non, c'est surement que j'ai tellement pas envie de venir que j'ai du trainer. Voilà le premier... Une belle tête de vainqueur...

-Votre nom ?

-Shuishu. Zan Shuishu, me réponds-t-il.

Je gratte sur ma feuille toutes ses indications. 19 ans seulement ? Ahlalala, si c'est pas malheureux tout ça. Enfin bon, avec un peu de chance, il lui restera un bras. Bon, allez au suivant. Lui parcontre, je lui donne pas moins de 30 piges ! Et encore, je suis sympa !

-Liam Vega.

Pressé, dis donc... Même pas eu le temps de lui demander. Tiens, j'avais raison, 38 ans. Qu'est ce qu'on va faire avec un mec de 38 ans ? Un vieillard, par rapport à un soldat, bien entendu. Oups, j'ai dit soldat. Non, non, les ninjas ne sont pas des soldats. Ca se saurait. En attendant, on fait la guerre. Donc, je suppose qu'on est des soldats.

En voilà déja un nouveau ! J'étais perdu dans mes pensées. Makurô Hadan. Un tout juste sorti de l'académie ! C'est une plaisanterie, c'est pas possible ! Ce gars à quoi, 12 ans ? 15 ? Ah non, 21. Je me fais vieux dis donc... Il arbore fièrement son bandeau... J'ai été comme ça, moi aussi. Maintenant, j'irais presque jusqu'à me demander pourquoi je suis né dans ce village. J'aurais aimé naître à Iwa. On raconte que c'est bien mieux qu'ici. J'en saurais jamais rien, vu que je vais mourir dans cette fichue guerre. On va tous y passer. Je vais peut-être me couper la main, alors peut-être qu'ils m'enverront pas au front... Etre un lâche en vie ou un brave mort ? Je préfère la première solution. On peut ne pas m'aimer, je n'en ai rien à faire. Je suis un Fudo, et un Fudo est un lâche de naissance.

Je les entends, de là-bas. Des têtes à claque, ces gens-là. "On va aller prendre ce qui nous revient au Pays du Feu !" Tout ce qui nous attends là-bas, c'est la mort ! Même Doko le sait. J'ai toujours dit qu'il serait un mauvais chef. Je crois être le seul de l'assemblée à avoir voté contre lui. Au final, je suis sur qu'ils se rendent compte de leur erreurs. Ils regrettent maintenant de m'avoir retrogradé. De ne pas avoir eu confiance en moi. De m'avoir rejeté. A présent, plus personne ne me reconnaît. Même ceux que je croyaient mes amis. Ils ont tous fuit comme des lâches quand tout le village était contre moi.

C'était le dernier ? Tant mieux, je commence à avoir mal à la main. J'en ai marre d'écrire. J'en ai marre d'être inutile... Je vais me rajouter tiens ! Fu...Do... Han....Seki. Voilà, j'ai pas mal écrit en plus. Je la ferait, cette guerre. Je montrerais que j'ai toujours été utile au village.

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Il fait presque nuit... Et zut, il commence à pleuvoir en plus. On est combien ? ...Environ une centaine. C'est ridicule. Cents ninjas qui vont venir s'ajouter à de milliers d'autres venants d'Iwa. J'ai préparé mon équipement. J'ai le coeur qui bat... Peut-être qu'aujourd'hui, je vais enfin me rendre utile... Aux yeux du monde entier ! Je vais prouver que j'ai quelque chose dans les bras, dans la tête. Je vais être sans pitié... Tiens, on commence à partir.

Je suis trempé... C'est à peine si j'arrive à voir l'uniforme vert de celui de devant. Ils vont trop vite, je perds le fil ! Je deviens vraiment vieux... Si ça se trouve, je vais mourir d'un coup de Shuriken dans le dos, et personne ne se souviendra de moi. Il n'y aura pas de larmes, on se dira : "C'était qui, lui ?" "Je sais pas... Pas besoin de l'enterrer." Et je vais rester là, et mourir lentement. Déja une pause ? Heuresement, ils commençaient à aller trop vite pour moi. A 26 ans, je suis même pas capable de les rattraper.

Je commence vraiment à avoir froid. Pourquoi on reste là ? Ah tiens, celui que je suivais depuis tout à l'heure, c'était le jeunot, là... Zan. Un mioche à la guerre, on aura tout vu. Et voilà Hadan, à sa droite. Il avait été mon élève, il y a bien longtemps. Je ne crois pas qu'il se souvienne de moi. C'est bien la preuve que je suis complétement inutile. Habiki, notre chef de troupe vient de se lever. Il parle fort, j'ai pas envie d'écouter. J'entends que des brides de ce qu'il dit. Pays du Feu... Tous les tuer... Gloire... Doko... Courage à tous... Son "En avant" me perce les oreilles, et on repart.

Hadan se retourne de temps en temps pour me regarder. Peut-être qu'il commence à se souvenir de qui je suis. La pluie s'est arreté depuis belle lurette, mais la nuit est tombée. J'y vois rien, je suis prêt à parier qu'on aura perdu au moins un ninja avant d'arriver à Kaï. Oula, j'ai failli glisser. Les arbres sont trop nombreux par ici. Habiki se tourne de temps en temps, pour voir si je suis le rang. J'ai l'impression d'être un boulet pour l'équipe entière. Je dépasse les deux jeunes. Voilà, je suis plus dernier... Je ne sais pas si je suis sensé en être satisfait...

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Le jour s'est levé. On est arrivés à Kaï très tôt dans la matinée. Habiki est allé voir le chef du village, et à recommencé à parler de sa grande voix. Il doit bien faire deux mètres, ce gars là. Pas éttonant qu'il soit chef de troupe avec un physique pareil. Je n'ai parlé à personne, je n'ai bousculé personne, je suis resté en fond de rang durant tout le voyage. Habiki m'a dit que j'assurais les arrières de l'équipe. Je crois qu'il a dit ça pour me réconforter. De temps en temps, les plus jeunes de la troupe me regardent puis se retournent vite fait et parlent à leur coéquipier. Ils disent des choses derrière mon dos, je déteste ça. Je me contente de les regarder d'un air fade, mon regard habituel en gros.

Kaï est une belle ville. Rien à voir avec le bled ou nous vivons. De hautes montagnes entourent le village, dont les sommets semblent trancher le ciel. Voilà que je fais de la poésie à présent. C'est ce que j'aurais du faire, au lieu de m'engager dans l'armée. Ils disent que nous serons à Konoha dans deux semaines. Il faudrait déja réussir à franchir les murs du Pays du Feu, gardés par des milliers d'hommes. On va rejoindre Iwa et attaquer le Pays du Feu par le Nord, en traversant le village de Kusa. Cela fait bien deux heures qu'on attends là, sans nouvelles de Habiki. J'ai bien envie de me joindre à la conversation de Hadan et Zan, mais ils le prendrait mal et me lanceraient leur regard tranchant en plein visage. Je n'ai pas envie d'être haï. Je ne sais même pas si j'ai envie d'être aimé. Au final, je veut juste qu'on me laisse tout seul... Comme je l'ai toujours été.

Habiki vient enfin de sortir. D'un air triomphant, il se met à nous parler :

-Ecoutez moi bien ! Le chef de ce village nous a donné des informations importantes sur le village de Kusa. Il y aurait un passage secret pour passer de Gokaï, la ville la plus au Sud du Pays de la Terre, jusqu'à Hakaï, la ville la plus au nord du Pays du Feu sans se faire repérer par les ninjas de Kusa. Ces informations seront très utiles... Une fois arrivés à Iwa, je les feraient transmettre.

Je doute qu'il y ait un tel "passage secret" dans le pays de Kusa, mais on ne sait jamais. La troupe reprends son allure, la pluie recommence à tomber. Je n'ai vraiment pas de chance.



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