Fiction: Le Seigneur des Corbeaux

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Dix minutes plus tôt :


Karasu composa une longue série de signes, et hurla :
- Katon : Higure no jutsu !! (le coucher de l’astre enflammé)


En entendant la voix de Karasu, la centaine de ninjas qui faisaient face à Shisui se retourna.
Tous les ninjas avaient les yeux rivés sur la création de Karasu : Un immense globe incandescent, d’environ vingt mètres de diamètre se trouvait au-dessus de leurs têtes. La boule de feu se trouvait à plusieurs dizaines de mètres, mais la chaleur qui se dégageait de ce deuxième Soleil était déjà épouvantable. Soudain, l’astre sembla gagner en intensité, et les shinobis qui le regardaient durent fermer les yeux, aveuglés. Le Soleil miniature commença à descendre, puis s’arrêta à trois mètres du sol. Karasu, les mains jointes tout en regardant vers le sol, se dirigea vers Shisui, qui semblait évanoui à l’instar des autres ninjas qui gisaient tous sur le sol. Karasu, lui, était protégé de la chaleur par une enveloppe de chakra rougeâtre.

Karasu s’empara du corps de Shisui, et s’éloigna de l’orbe incandescent. Après avoir parcouru vingt mètres, il déposa Shisui sur le sol, regarda son œuvre et commença à exécuter les signes qui feraient tomber le soleil sur les Fils du Vent. Alors qu’il s’apprêtait à effectuer le dernier, il s’arrêta. Karasu pensa à tout ce qu’il avait vécu pendant deux ans, aux liens qui s’étaient noués entre ces shinobis et lui. Malgré leur trahison, il ne pouvait s’empêcher d’éprouver une certaine pitié pour eux.
« Ils ont tué mon sensei » pensa-t-il férocement, alors qu’il recommençait la série de mudras.
- Karasu…
Ce dernier se retourna subitement. C’était la voix de Shisui.
- Karasu… Arrête. Tu n’es pas un assassin, parvint à dire Shisui d’une voix fatiguée.
- Shisui ! Ces enfoirés ont tué Abdul ! Je…
- Itachi.
-…
- C’est ce que tu es, non ? Celui qui s’est sacrifié pour son frère, et qui, en dépit de tout ce que Konoha lui a fait, n’a jamais cherché à se venger, dit Shisui dans un sourire triste.
Karasu, tu n’es pas comme les autres Uchiha. Tu n’es pas condamné à la haine et à la vengeance. Tu es un type bien.

Sur ces paroles, Karasu prit enfin conscience de ce qu’il s’apprêtait à faire. Sous le choc, il tomba à genoux, alors que les larmes coulaient sur son visage.
- Je suis désolé Shisui, je ne sais pas ce qui m’a prit.
- Tu es un homme, Karasu. Tous les hommes sont faillibles et commettent des erreurs, lui répondit lentement Shisui en se levant. Et tu n’as pas à t’excuser. Tu m’as sauvé la vie, et je te remercie.

Shisui aida Karasu à se lever, et les deux Fils du Vent commencèrent à marcher, une fois que Karasu eut annulé son jutsu.
- Ce jutsu est vraiment balèze. Quand est-ce que tu l’as inventé ? demanda un Shisui curieux.
- Il y a quelques mois, je…
Karasu s’arrêta soudain, en proie à une forte panique.
- Merde ! lâcha-t-il. J’avais oublié.
- Quoi ?
- Shisui, le Général Yashimoto est actuellement à la grotte en train de combattre Madara. Nous devons l’aider ! Vite !
- Madara ? Mais…
Karasu, le coupant lui résuma assez rapidement la situation.

***

- Donc en gros, si j’ai bien compris… commença Shisui
- … Ce qui serait une première, dit Karasu en souriant.
- … Miyamoto est en réalité Madara et lui et tous les autres Fils du Vent ont trahi le Général, qui est la réincarnation de Fugaku. Tu avoueras que ça fait pas mal d’infos d’un coup.
- Mais c’est vrai, et le Général est seul contre un ninja surpuissant. On se grouille !!
Sans un mot de plus, Shisui disparut dans un nuage de fumée. Karasu se retourna un instant, regardant le corps inerte d’Abdul, alias Uchiha Inabi.
- Je reviendrai t’enterrer, sensei, je te le promets, murmura Karasu, avant de disparaître dans une volée de corbeaux.


Dès que Karasu arriva devant la grotte, il vit Shisui qui s’y engouffrait. Il courut sa suite, et les deux shinobis pénétrèrent dans l’antichambre où avait eu lieu le conflit. En voyant le corps du Général transpercé, le cœur de Karasu manqua un battement. Madara retira son katana et s’éloigna du corps, sans un regard pour la dépouille.
Karasu coura en direction de son mentor et s’agenouilla devant lui, alors que Shisui et Madara s’échangeaient des regards haineux.
- Maître ! Général-sama ! Réveillez-vous, je vous en prie ! Vous n’êtes pas mort ! S’écria Karasu, en s’efforçant d’endiguer le flot du sang qui s’écoulait de la blessure du Général.
Le vieux Fugaku ne sembla pas comprendre les paroles de Karasu, mais les yeux embrumés, il parvint à articuler quelques mots.
- Karasu, c’est toi ?
Karasu se contenta d’acquiescer, la gorge nouée. Un coup d’œil sur la blessure lui avait fait comprendre qu’ils arrivaient trop tard.
- Miyamoto possède le Mangekyou Eternel…
Karasu cilla, puis invita le shinobi mourant à continuer.
- Karasu, j’ai… confiance en toi, reprit Fugaku. Tu battras Miyamoto, et ensuite… continue à rechercher l’élu, s’il te plaît. C’est notre dernière chance, conclut-il en crachant du sang.
- Maître ! Je… Je vous le promets, dit Karasu en acquiesçant derechef.
- L’œil du Dragon rouge te donnera les moyens de continuer. Un tour puis un-deux-zéro-neuf. Bonne chance, Karasu.
Sur ses paroles énigmatiques, le Général lâcha son dernier souffle, alors que Shisui, les yeux embués de larmes, avait rejoint Karasu.

- Quel vieillard pathétique… Vous ne trouvez pas, les enfants ? retentit la voix nasillarde de Madara.
- Toi ! s’exclama Shisui, les yeux flamboyants. Je vais te tuer !
- Shisui, Shisui, Shisui… Toujours aussi impétueux… Malheureusement, je ne pense pas que tu vas pouvoir me tuer immédiatement. Tu as un autre combat à mener, dit Madara en désignant un point derrière Shisui.
Ce dernier se retourna, et vit Arashi, un rictus méprisant dur le visage, accompagné de Budi.
Karasu ne marqua aucun signe de surprise. Il les avaient vu arriver depuis un certain temps déjà.
Shisui dégaina son katana et se dirigea vers Arashi, une lueur féroce dans les yeux.
- Ainsi soit-il…
Mais alors qu’il s’approchait, Budi s’exclama :
- Non, Shisui, ne fais pas ça ! Arashi n’est pas quelqu’un de mauvais, il…
- Budi, tu me déçois, dis Shisui, une lueur de tristesse dans les yeux. Je pensais que tu arriverais à discerner ses projets maléfiques ! Il s’est allié à Madara.
- Shisui, s’allier à Madara était notre seule chance. Il dispose d’un pouvoir dont tu n’as pas idée. C’était le suivre ou mourir, répondit Budi, la tête baissée.

- Non, Budi, c’était mourir ou mourir… dit tristement Shisui. Je suis désolé, mais si tu persistes à suivre Madara, je serais obligé de te tuer.
- Tu ne ferais pas ça ! s’exclama cette dernière.
Shisui ne répondit rien. Serait-il capable de tuer celle qu’il aimait secrètement depuis bientôt deux ans ?
Arashi prit la parole :
- Budi, laisse-le. Il a choisi de mourir, tant pis pour lui, dit Arashi en dégainant son sabre.
Uchiha Obito est infiniment supérieur à Uchiha Shisui. Ma victoire ne fait aucun doute.
- Toi, Obito ? répondit Shisui, interloqué. Sans dec’ ? Enfin, je veux dire… Je m'imaginais Obito beaucoup plus sympa, beaucoup plus humain… J’aurais jamais cru qu’il s’incarnerait en un connard comme toi. Il est vraiment tombé très mal sur ce coup-là. Le pauvre… Il doit s’en mordre les doigts.
- La ferme ! cria Arashi-Obito. Prépare-toi à mourir.
- Toujours aussi terre-à-terre celui-là… je suis prêt ! dit Shisui en souriant.

Les deux ninjas se jetèrent l’un contre l’autre, à la grande horreur de Budi, déchirée entre son amour et son coéquipier et ami. Mais elle savait que si elle devait choisir, ce serait Arashi.

Au même moment, Madara, qui faisait face à Karasu, rompit le silence.
- Bien… Que dirais-tu de conclure une petit paix, mon petit Karasu ?
- … ?
- Oh… rien de définitif. Je sais très bien que tu resteras toujours loyal au vieux Fugaku, même dans la mort. Juste un petit armistice le temps de regarder le combat de ton ami Shisui. Ce combat m’intéresse beaucoup. Ensuite, nous conclurons nos petits différents.
- Hn…
- Je prends ça pour un oui, conclut Madara en s’asseyant pour regarder le combat.
Karasu fit de même, inquiet pour son ami. Réussirait-il à vaincre Arashi une nouvelle fois ?

Alors qu’il arrivait au contact de son adversaire, Obito porta un coup de katana en diagonale qui manqua Shisui de peu. Puis il enchaîna une série de bottes que Shisui n’évita qu’avec difficulté.
« C’est moi où il est plus fort qu’avant », se demanda Shisui.
- Tu trouves que je suis meilleur que tout à l’heure n’est-ce pas, dit Arashi tout en portant un coup latéral droit qui trancha une des mèches de Shisui.
- Ouais, possible… Tu t’es dopé ?
- Non, baka… C’est juste que jusqu’à présent, je ne donnais pas la pleine mesure de mes moyens. Il faut toujours garder des atouts dans sa manche, Shisui. C’est ce qui va provoquer ta perte !

Obito composa des signes et s’exclama :
- Katon : Gouryuuka no jutsu ! (le grand dragon de feu)
Un dragon de flammes s’échappa de la bouche d’Obito, et fonça sur Shisui.
- Et merde, marmonna ce dernier.
Shisui sauta sur le côté, évitant le dragon de peu.

Puis il composa à son tour les mudras d’un jutsu :
- Katon : Haisekishou ! (nuage de cendres)
Aussitôt, un nuage de cendres enveloppa Obito, tandis que Shisui s’éloignait du nuage.
Soudain, Shisui claqua des dents, et le nuage de cendres s’enflamma.
Une fois les flammes dispersées, Shisui constata sans surprise que son adversaire avait évité l’attaque.
- Qu’est-ce que c’est que ce jutsu complètement naze ? le railla Arashi. Puissance, zéro, rapidité, zéro. Au moins, tu es régulier Shisui !
- Tu fais de l’humour, maintenant Arashi ? Arrête ça, j’ai des gerçures…

Sur ces entrefaites, Shisui marmonna :
- Fuuton : Kaze no Yaiba. (lame de vent)
Puis il s’élança vers Obito, son katana à la main droite, tandis qu’il gardait la paume de sa main gauche ouverte.
En le regardant venir vers lui, Obito eut un petit rire.
- Tu pensais que je ne verrais pas ta lame de vent ? Tu oublies qu’avec mon sharingan, je peux voir le chakra. Ce qui fait que je distingue nettement le chakra Fuuton que tu as sur la main gauche.
- Et ça rit maintenant ! s’exclama Shisui tout en courant. T’es sûr que t’es Arashi ?
Et pour ce qui est de ma Kaze no Yaiba…
Shisui sauta en l’air à une vitesse impressionnante et descendit en piqué sur Arashi.
- … C’est pas tout de la voir, il faut aussi l’éviter dit-il en portant un coup de sa main gauche sur Arashi. Alors que la main allait toucher Obito, ce dernier se jeta en arrière, l’évitant avec adresse.
- T’oublies pas quelque chose, ducon ? se moqua Shisui alors que son katana se dirigeait à pleine vitesse vers le cou d’Obito.
Ce dernier, un sourire sur le visage, resta de marbre jusqu’au dernier moment, avant de placer son propre katana devant celui de son adversaire, et de parer le coup. Ou du moins d’essayer.
Car à la grande surprise d’Obito, le katana de Shisui sectionna son arme et continua vers sa nuque.
« Du chakra Fuuton », pensa Obito. « Il en a aussi enveloppé son sabre… »

Obito ferma les yeux, attendant la mort, qui ne vient jamais. Shisui s’était arrêté, et tremblait de tous ses membres. Il ne pouvait se résigner à tuer Arashi. Il restèrent ainsi une quinzaine de secondes, puis Shisui releva sa lame, et la planta dans le sol.
Puis Budi, livide, s’élança vers Arashi. Elle l’enlaça, puis tourna la tête vers Shisui, qui la regardait.
- Merci, Shisui. Merci de ne pas l’avoir tué.
- Pas de quoi… Vraiment. Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça.
Soudain, Arashi s’arracha à l’étreinte de sa dulcinée, et bondit sur le katana de Shisui, qu’il arracha du sol, donnant du même coup un coup de pied à Shisui sui l’envoya au sol.
Karasu, en voyant cela, serra les poings. Ce maudit…
- Espèce de lâche… Enfoiré… articula Shisui qui se relevait.

Obito se rapprocha de Shisui et leva son sabre.
- Tu as eu pitié de moi… Tu n’aurais pas dû. Je n’en aurais aucune pour toi.
Alors qu’il s’apprêtait à embrocher Shisui, Budi se précipita entre les deux shinobis.
- Arashi, arrête. Tu ne gagneras rien en faisant cela. Il t’a laissé la vie… le supplia-t-elle.

Obito l’écarta sans ménagement et releva sa lame, mais une fois de plus, Budi vint se mettre devant. Ce fut Obito qui prit la parole.
- Shisui… Aussi incroyable que ça puisse paraître, tu avais raison.
Shisui ouvrit grand ses yeux. Qu’est-ce qu’il racontait ?
- Pour Budi… C’était mourir, ou mourir.
Le katana traversa la poitrine de Budi, s’enfonçant du même coup dans l’épaule de Shisui.
Karasu et Shisui crièrent d’une même voix lorsque le sabre trancha la chair de leur équipière.
Obito retira sa lame sans dire un mot, et fit un pas en arrière.
L’incompréhension et la douleur se lisaient dans les yeux de Budi lorsqu’elle s’effondra sur Shisui, immobile.
Ce dernier, les yeux vides ne ressentait plus rien. Son cœur s’était brisé. Il tomba à terre et caressa les cheveux de Budi.
- Je n’ai jamais pu te le dire… dit Shisui, la voix entrecoupée de sanglots. Je t’aime… Ne meurs pas…
Budi, la bouche ensanglantée, ne prononça qu’un seul mot.
- Pardon…
Puis elle rendit l’âme, et ce ne fut pas un mais deux cœurs qui cessèrent de battre.
Shisui resta longtemps par-terre, prostré, jusqu’à ce qu’il entende Karasu.
- Shisui ! Bouge !

Par réflexe, Shisui roula sur le côté, évitant ainsi le coup de katana d’Obito, qui s’enfonça dans le sol. Obito arborait désormais le Mangekyou sharingan, en forme de shuriken aux extrémités très recourbées (celui de Kakashi), et sa vitesse avait radicalement augmenté.
Shisui rampa vers le corps de Budi, et déplia les doigts serrés de la main de la jeune fille. La main agrippait un kunai.
Au même moment, Obito retira la lame du sol et se dirigea vers Shisui.
Obito leva haut le katana, se préparant à l’abattre sur la tête de Shisui, de dos.
Mais soudain, ce dernier se retourna et lui planta le kunai dans le cœur. Sans comprendre, Obito vit le sang couler de sa poitrine. Sans comprendre, il vit ses jambes fléchir, et le sol se rapprocher de plus en plus vite. Sans comprendre, il vit le brouillard de la mort obscurcir ses yeux. Il mourut sans comprendre, tout comme il avait vécu sans comprendre, enfermé dans les illusions de Madara.



Et un chapitre de plus, un !!! Pas mal d'action dans celui-ci, le prochain sera encore mieux ! (ou pas).
A +, j'attends vos coms !

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