Fiction: Colouring

Noir, gris, blanc... Ne trouvez-vous pas ces teintes de la nature superbe ? Dans notre ville immense où nous avons réussi à bannir la maladie appelée 'couleur' nous vivons heureux. Enfin... Je pense. (note de l'auteur : fiction abandonnée)
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lowena (Féminin), le 28/12/2009
La raison peut nous avertir de ce qu'il faut éviter, le cœur seul nous dit ce qu'il faut faire.
J.Joubert




Chapitre 5: Une larme pour une toile



Je me jette dans l'espace sombre et cogne ma tête -une seconde fois- cette fois-ci contre un mur. La pièce doit faire moins d'un mètre de large mais occupe toute la longueur du quatrième étage. Une véritable pièce secrète.
J'entends des cris en bas tandis que je vois la lumière disparaître en moins d'une seconde alors que Naruto referme le meuble sur l'entrée d'un coup.
Je tends l'oreille malgré moi et l'entends s'éloigner avant de dégringoler de l'échelle -un bruit métallique, ça ne peut être que ça vu que tout le reste de la maison est fait dans une matière douce qui ne fait pas de bruit et qui a une odeur apaisante- avant qu'un léger 'boum' nous annonce qu'il avait refermé le carré pour arriver jusqu'ici.

Un violent frisson d'excitation me prend alors et je sens ma colonne vertébrale vibrer ainsi que mon ventre et mon cœur semblant s'affoler tandis que je continue de tenter d'entendre ce qui se passe en bas. Beaucoup de bruits montent mais à part des éclats de voix avec cet accent étrange, je n'arrive pas à les définir. Que se passe-t-il ?

- Sa... Sasuke ? murmure Sakura quelque-part en face de moi.
- Je suis là, lui chuchotais-je.

Je tends les mains autour de moi pour toucher les murs et tente de me rapprocher d'elle au son du bruit. C'est vraiment très étrange cette façon d'être, de ne rien voir. Encore quelque-chose que je découvre... Quand je m'installe pour dormir, un capteur le détecte et programme la lumière pour être plus douce, toujours existante mais qui me permet de fermer les yeux. Là, c'est totalement différent, c'est comme si je fermais les yeux. Tout est noir.
Ma main butte contre un obstacle et tandis que Sakura pousse un petit cri, je me rends compte que j'ai touché sa tête.

- Désolé, lui murmurais-je en retirant ma main de sa tête et m'asseyant sur le sol à ses côtés.
- Sasuke, j'ai peur, chuchota-t-elle.
- Ne t'inquiète pas, ça va aller.

Je n'ai jamais été très doué pour réconforter les gens. En même temps, qu'est-ce qu'il y avait à réconforter ? Avant maintenant je n'ai jamais connu la vraie peur, celle qui prend aux tripes et qui nous tient en haleine.

- Qu'est-ce qui se passe en bas ? Et Temari qu'est-ce qu'elle va devenir ?
- Je ne sais pas, on doit faire confiance à Naruto. Jusqu'ici il nous a aidés alors on doit continuer à croire en lui.
- J'ai peur de mourir...

Un trémolo étrange se mêle à sa voix et je comprends un peu en retard qu'elle est en train de se retenir de pleurer. Déstabilisant quand on ne voit rien, on doit se repérer uniquement avec ses oreilles et ses mains. Je cherche la sienne en butant contre le mur et le sol et la serre maladroitement quand je la trouve.

- Ne t'inquiète pas, on va pas mourir. On ne peut pas mourir, ça va aller.

Des bruits de pas qui courent dans les marches se font entendre de plus en plus fort et je me tais en tendant l'oreille. Sakura s'agrippe à ma chemise et se rapproche de moi, au point que je sens la chaleur de son corps à travers mes vêtements encore un peu humides. Je frissonne malgré moi. Jamais nous n'avons eu de tels rapprochement en ville. Jamais encore nous n'avons été aussi proches, mentalement et surtout physiquement. A part les étreintes de ma mère quand j'étais petit et les tapes sur le front de mon grand frère, je ne touchais jamais les gens volontairement. C'est gênant.

Des bruits de voix se font entendre et je commence à percevoir des mots et des phrases. La voix de Naruto qui se mêle à celle d'hommes aux voix graves, qui crient, hurlent et rigolent comme des fous.

- ...épêche ! Tu voudrais peut-êtr... avec elle, hein ? Ah, ah !
- Non ! Je... tendez juste une minute.
- Grouille le môme ! On a pas que ça à foutre !!

Encore les rires gras de tout à l'heure. Sakura et moi frissonnons tandis que nous nous collons un peu plus l'un contre l'autre instinctivement. Si je ne me trompe pas, ils sont au troisième étage. Juste en-dessous nous... La sensation d'être cachés me semble totalement irréelle et ça me donne des frissons partout. Nous ne devons pas faire le moindre bruit....

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Saleté... Il faut forcément qu'au moment où je récupère trois paumés chez moi y'ai la milice qui débarque. J'ai trop la poisse, y'a qu'à moi que ça arrive les trucs de ce genre...

- Putain tu vas te grouiller oui ?

Comme de par hasard mes potes sont pas là et il va falloir que j'explique pourquoi ils ne sont pas dans leurs chambres respectives. Enfin chambres... Je devrais plutôt dire étages respectifs. Je tourne rapidement la clé dans la serrure de la chambre du dessinateur de la bande et me pousse directement sur le côté alors qu'ils rentrent dans la pièce comme des brutes.
L'un d'eux reste dans le couloir avec moi et pose un couteau sur ma gorge en ricanant tandis que je reste tendu à l'idée que les deux autres sont enfermés là-haut. Espérons que les cinq lourdeaux qu'ils ont envoyés ici n'ont pas remarqué le quatrième étage, sinon...

- Et c'est tout ? Y'a plus rien à voir ?
- ...
- Réponds gamin, pour ton propre bien...
- Y'a ma salle.
- Ben vas-y, montre-là-nous !
- ...
- Qu'est-ce que t'attends le môme, gronda un des hommes en s'approchant d'un air menaçant.

Je sens mon ventre se tordre encore plus et ma respiration s'accélérer tandis que j'appréhende de leur montrer mes trésors. Je tourne les talons et en me dégageant de l'étreinte de celui qui me posait un couteau sur la gorge, les emmène à ma suite devant une pièce avec une simple porte en bois.

- S'il vous plaît... n'abîmez rien.

J'ouvre la porte sans me retourner et entre en me posant sur le côté pour les laisser passer. Ils entrent en riant de mes paroles avant qu'un léger silence s'installe, coupé par le sifflement de celui qui est entré en premier.

- Dis donc gamin, c'est toi qui fais ça ?

Je ne réponds pas et me tords les mains nerveusement en surveillant chacun de leurs moindres gestes. Ils tournent autour des chevalets, regardent un peu les toiles et finissent par tomber sur la couverture par terre. L'un d'entre eux soulève la couverture et appelle les autres. Tout les quatre s'approchent en m'oubliant et des exclamations se font entendre. Le nœud qui me tord le ventre se serre encore plus et je me sens à la limite de la panique quand ils commencent à attraper les toiles cachées en-dessous de la couverture à pleines mains.

- S'il vous plaît, évitez d'y toucher...

Ma demande se perd tandis qu'ils commentent les toiles avec leurs grosses voix et soudain je sursaute quand l'un d'entre eux lâche celle qu'il tenait dans la main au-dessus de la pile que j'avais soigneusement rangé. Ils rigolent, continuent de toucher aux toiles, en font n'importe quoi...
Ma gorge est sèche et je sens une douleur sourde palpiter dans mes entrailles au rythme de mon cœur affolé. J'ai mal.

Et puis ils se retournent, souriants et l'air contents d'eux. L'un d'eux tient une de mes toiles dans les mains et ils me passent devant sans un regard. Je sens l'air de leur passage faire doucement voler mes cheveux et je refoule tant bien que mal mes larmes et mon envie terrible de posséder une arme en ce moment.

Leurs rires résonnent dans le couloir tandis que mes poings serrés tremblent de rage et je quitte la pièce sans me retourner, des lueurs de meurtre dans les yeux en essayant de les rattraper. Ils sont déjà rendus au rez-de chaussée quand j'arrive enfin à les rattraper. J'ai juste envie de sortir de mes gonds, les frapper, les tabasser, les tuer, les réduire en une bouillie tellement compacte que même les chiens ne voudront pas manger ça.
L'un d'eux doit voir mon regard un peu fou car il se tourne et me demande de reculer en pointant son fusil vers moi. Je sens mes poings trembler et n'arrive tout simplement plus à bouger, que ce soit pour aller vers l'avant ou vers l'arrière.

- Recule je t'ai dis, gronde l'homme en se rapprochant de moi.
- Naruto !

Le cri d'Hinata me ramène à la réalité et je recule soudain d'un pas en contenant de moins en moins bien mes larmes. Incapable de dire un mot, je ne peux même pas protester quand les cinq hommes quittent la maison et regarde mon tableau passer devant moi sans pouvoir faire un mouvement.
La porte d'entrée qu'ils ont explosée en entrant pend tristement sur ses gonds, et tandis que le silence recouvre de nouveau la maison une larme se décroche de mes paupières pour rouler sur mes joues malgré mes yeux grands ouverts. Hinata se rapproche de moi et m'attrape doucement l'épaule en me murmurant des paroles de réconfort que je n'entends pas.
Un des mots qu'elle prononce me fait sortir de ma léthargie et je tente de me vider entièrement la tête pour me reprendre.

- Sasuke et Sakura ? Ils vont bien ?
- Je... Oui. Ils n'ont pas vu le quatrième, ils sont toujours là-haut.
- Tu vas les chercher ?
- Ne bouge pas, reste avec Temari. Et donne-lui les comprimés pour la fièvre.
- D'accord. Je vais préparer à manger, montre-leur leurs lits et descendez vite.
- Oui...

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Après les rires et un bruit de cavalcade monstre qui semblait venir des escalier, ça avait été le calme plat autour de nous. Un gros silence que nous ne voulions surtout pas briser. Et puis soudain, un bruit nous fait tout deux sursauter. J'ai l'impression que la trappe a bougé, quelque-part dans l'autre pièce.
Des bruits de pas se font entendre et Sakura s'agrippe à ma veste tandis que j'essaie de me rassurer en me disant que la personne qui s'approche n'est pas aussi bruyante que les autres qu'on entendait tout à l'heure.

Un bruit de raclement se fait entendre et le carré en face de moi devient lumineux. Le meuble a été déplacé et je frissonne malgré moi en me rassurant comme je peux.
Il s'accroupit en face de l'entrée et murmure doucement.

- Vous pouvez sortir, ils sont partis.

Sakura me lance un regard et je lui serre la main un bref instant avant de me mettre à bouger pour sortir. Je me mets à quatre pattes pour sortir et rampe comme je peux hors de la toute petite pièce avant de me mettre debout rapidement et de regarder Naruto, voulant le remercier.
Mes yeux se sont habitués au noir et je remarque immédiatement que quelque-chose ne vas pas. Il n'a plus ni sourire, ni inquiétude dans ses yeux. Dans la semi-pénombre, je ne vois pas clairement la maladie aussi j'ai l'impression que quelque-chose se débloque et que je peux enfin pouvoir le considérer comme une personne normale mais quand Sakura arrive à mes côtés il se détourne et marche vers la trappe sans que j'ai pu prononcer un mot.
Il nous aide à descendre de l'étage par l'échelle doucement dans un silence calme et tendu. Son visage est fermé, il ne parle pas, ne sourit pas, semble si calme.
Il s'est forcément passé quelque-chose.

Une fois descendus, il remet la trappe en place, repose l'échelle derrière une sorte de meuble très étrange qui fait 'tic' toutes les secondes et nous fait un signe de la main en entrant dans le couloir du troisième étage sans se retourner. Je regarde Sakura qui semble elle aussi ne pas comprendre son signe et on décide de le suivre.
Tout autour de nous est malade et il y a comme des bouts de murs tout fins qui s'en détachent avec des taches plus sombres à certains endroits. Ces pans de murs fins sont rayés, mi-blanc sale mi-couleur. Le sol n'est pas recouvert de moquette, il est dur et il a la même odeur que la maison, celle de tout les meubles ici. Tous recouverts de la même maladie.
Je ne savais pas que la maladie pouvait avoir une odeur, mais j'aime bien...

Naruto s'arrête devant une porte, l'ouvre en poussant un bout de métal vers le bas, allume la lumière en appuyant sur un bouton dans l'entrée et se tourne vers nous avec un petit sourire bizarre.

- Sakura, annonce-t-il en se tournant vers elle, ce sera ta chambre pour l'instant. Saï n'est pas là et je pense qu'il ne rentrera que demain, donc prends son lit pour ce soir. Ça ne te dérange pas ?
- Heu... Non...
- Bien. Tu peux regarder un peu et t'installer comme tu peux, on va bientôt manger. Descends quand t'es prête.

Il referme doucement la porte sans que j'ai eu le temps de voir la pièce et me passe devant sans un regard en m'entraînant vers une chambre à l'opposé total de celle-ci dans le couloir. Il ouvre la porte, allume la lumière et la première chose qui son odeur me frappe au nez en entrant. Elle est omniprésente et forte, mais étrangement ça n'est pas si désagréable que ça.
Partout par terre dans sa chambre, des fringues, des feuilles remplies de traits noirs qui ne ressemble pas à des écritures, des livres, des pochettes immenses, du carton, des clous...
C'est un vrai bordel.

Il y a un bureau dans un coin, avec des tâches de couleur sur un plateau fait dans la même matière que la maison me semble-t-il, avec des sortes de crayons au bout lisse, comme des cheveux. Eux aussi ont des tâches.
Son lit est défait, les draps ouverts, la fenêtre ouverte elle aussi, il fait presque froid. Ses murs sont d'un bel anthracite neutre et le sol est toujours fait de cette même matière qui m'intrigue. Elle a beau être un peu malade, je l'aime bien. Je n'ai pas peur d'elle. Pas comme tout ce qu'il y a sur son bureau.

Tandis que je regarde autour de moi la pièce un peu étrange avec curiosité, Naruto se rapproche de son lit et commence à déblayer les quelques feuilles qui étaient dessus. Il les pose sur une pile de livres/feuilles/cartons qui s'élève à quelques centimètres du sol, secoue rapidement les draps d'un geste de la main et récupère une couette cachée dans un tiroir sous son lit. Il déblaye du pied une grande surface et tandis que je reste muet en le regardant, pose par terre une seconde couette, celle-ci un peu malade, avant de rajouter un oreiller sur ce qui forme un tas de tissu. Ce n'est qu'alors qu'il me regarde et m'annonce en me désignant le lit ;

- Tu vas dormir là. Si tu vois de la couleur essaie de pas trop paniquer.
- Et... toi ?

Il lâche un rire bref et fatigué, sans joie, en me désignant les couvertures par terre et je ne peux m'empêcher d'entrouvrir la bouche de surprise. Là ? Par terre ?

- T'inquiète, ce sera pas la première fois. Demain, Saï viendra sûrement dormir avec nous, la plupart des pièces sont inoccupées et les seules où on met le chauffage c'est les chambres et le salon.

Je hoche la tête sans répondre en le détaillant. Il y a un truc que j'ai envie de faire, j'ai envie de... je ne sais pas, le voir comme tout à l'heure. Souriant. Il a beau passer pour un gamin à sourire tout le temps, son sourire a réellement quelque-chose de magique. C'est beau à voir. Et j'ai envie de revoir ses yeux pétiller. Sauf que... Comment faire ?

Il s'approche de la fenêtre en enjambant un tas de feuilles/cartons/livres/vêtements et d'un coup sec du poignet fit glisser un morceau de tissu avec de la couleur devant la fenêtre pour ne plus voir l'extérieur. La lumière d'une unique ampoule illumine la pièce. Sait-il que c'est dangereux de la laisser comme ça ? Ce n'est pas ce qui me préoccupe en ce moment.

- Bon. On va manger ?

Il tente de sourire mais ça ressemble plus à une grimace qu'autre chose, je sais qu'il souffre mais je ne sais pas de quoi.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Rien.

Il me regarde et sans qu'il ne bouge, je vois une larme rouler sur sa joue. Je sens une tension en lui, comme s'il était en train de craquer... de faire craquer quelque-chose. Je n'ai jamais pleuré moi, on m'a toujours dit que c'était mal, mais là, le voir comme ça... Je m'approche de lui, j'ai envie de faire quelque-chose pour l'aider.
Je n'ai encore vu quelqu'un avec une telle tristesse dans les yeux. J'ai l'impression de pouvoir réellement m'y perdre et c'est ce que je manque de faire avant de le serrer maladroitement dans mes bras.

Je ne sais pas trop ce qui m'a pris à vrai dire.

Ma mère me faisait ça quand j'étais petit et que j'étais triste. Comme quand grand-père est parti. Je savais bien qu'il fallait que ça arrive, mais je me rappelle avoir été très triste, à la limite de pleurer, alors elle m'avait pris dans ses bras et m'avait murmuré des paroles de réconfort.

- Ça va aller.

Grandement gêné de cette proximité que je me suis forcé d'avoir parce que je sentais qu'il en avait besoin, je veux me reculer mais je sens soudain ses bras se refermer sur mon dos et je tressaillis en me sentant encore plus mal à l'aise.
Sa tête tombe sur mon épaule gauche et il lâche un bruit bizarre, la respiration devenant hachée. Je lui tapote maladroitement le dos sans pouvoir empêcher la grimace de gêne se former sur mon visage et je comprends enfin qu'il ne crie pas, mais que ce qu'il lâche c'est des sanglots incontrôlés. Il pleure en s'agrippant à ma veste et je reste là, comme ça, tout gêné en attendant qu'il me lâche.
C'est la première fois que je quelqu'un pleure devant moi.

Je me sens bizarre.




Que vois-je ?
Sasuke qui distribue deux free hughs dans la même journée ? Mais qu'est-ce que c'est que cette fiction o___O

Désolée pour l'attente et désolé de faire traîner cette journée en longueur (on est déjà au chapitre 5 et elle n'est toujours pas terminée !) mais c'est quand même la journée la plus importante de la vie de nos trois Colouringuiens.
Promis, les suivantes seront moins longues !




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