Et si le clan Kaguya ne s'était pas éteint à la mort de Kimimaro? Et si ce dernier avait eu un fils?
Kazuma a quatorze ans. Genin du village de Konoha, il est bien décidé à savoir ce qu'a accompli son père avant de mourir...
Kumiko_Kikawa (Féminin), le 22/08/2010 Bonsoir...
Je suis désolée de ma longue longue absence... Pardon, pardon... ._.
Enfin, mieux vaut tard que jamais, hein...
Enjoy!
Chapitre 3: Combats
Trois mois passèrent, pendant lesquels je m’exilais fréquemment dans un coin reculé de la forêt, la lettre de mon père à la main. Dans ces moments qui n’appartenaient qu’à moi, je pleurais et rêvais tour à tour. Durant ces heures solitaires entre mes missions, j’appris bien plus que je n’aurais pu en apprendre dans une salle de classe, et pas une fois je ne regrettai être né Kaguya. Je pensais parfois que je commençais à comprendre qui j’étais, et ce sentiment valait toutes les corvées des missions de classe D.
L’équipe progressa aussi. Nous apprîmes à contrôler nos chakras suffisamment bien pour grimper aux arbres et marcher sur l’eau, tant d’actes qui nous émerveillaient autrefois et qui maintenant nous semblaient naturels. Raino-sensei était fier de nous et nous imposait toujours des défis plus difficiles pour nous entraîner. À trois, nous réussissions, notre cohésion était toujours meilleure.
Pourtant, ce calme relatif était voué à disparaître, comme sous le coup d’une implacable fatalité, et il se volatilisa un soir glacial de décembre, après l’un des entraînements communs à l’équipe 5.
Raino-sensei se planta devant nous, droit comme un i, son visage étrangement figé.
« Les enfants. » Commença-t-il, plus solennel que je ne l’avais jamais connu.
Nous l’écoutions, notre curiosité vivement piquée, nous attendant à ce qu’il annonce que notre équipe avait une mission palpitante ou qu’il allait nous apprendre une nouvelle technique, mais dans ce domaine-là, il dépassa toutes nos espérances. Il fondit soudain en larmes, s’appuyant sur l’épaule de Teru qu’il mouillait copieusement.
« Je suis fier de vous ! Sanglota-t-il, vous êtes devenus de vrais ninjas tous les trois ! »
Il se redressa un peu, sortit un mouchoir de sa poche et souffla vigoureusement dedans, produisant un bruit semblable à celui d’un saxophone rouillé.
« Peut-être savez-vous, reprit-il en s’essuyant les yeux, que notre cher village de Konoha sera cette année le théâtre d’évènements de grande envergure ! »
À cette phrase ampoulée, je fronçai imperceptiblement les sourcils. Je n’avais jamais entendu mon sensei réciter ce genre de discours qu’il avait sûrement appris par cœur et répété devant le miroir. Je décidai de le couper tout de suite avant d’avoir à subir un discours digne du Troisième Hokage, mais je m’attendais au pire…
« Sensei, qu’est-ce qui va se passer de si important ? Questionnai-je simplement.
-Dans sept jours… »
Une nouvelle crise de larmes l’empêcha de poursuivre. D’agacement, je grinçai des dents, m’exhortant à la patience.
« La semaine prochaine, réussit-il enfin à dire, se tiendra l’examen de sélection des Chûnin ! Et je vous ai recommandés tous les trois aux examinateurs ! »
Je restai bouche bée, aussi assommé que mes camarades par l’annonce du Jônin. Aucun de nous n’osa ouvrir la bouche, mais nos pensées étaient similaires à cet instant : Raino-sensei était complètement fou, ou alors un psychopathe extrêmement doué pour cacher son jeu. Vouloir faire passer l’examen à une équipe aussi jeune que la nôtre, c’était l’envoyer à la mort. Même en comptant que nous ayons une chance formidable, c’était peine perdue.
Le shinobi se remit à pleurer. Était-ce de l’émotion ou une comédie bien jouée ? Je ne parvins pas à le déterminer mais en rentrant chez moi ce soir, j’en voulus énormément à Raino-sensei. Par sa faute, je n’avais probablement plus qu’une semaine à vivre alors que j’avais échappé à la mort de justesse un peu plus de trois mois auparavant. C’était dans ces moments-là que je me laissais aller à penser que oui, la vie était injuste.
Je n’eus pas le temps de m’apitoyer sur mon sort, car cette semaine fut sans doute la plus courte de ma vie. En ce qui me parut à peine plus d’une journée, ce fut la veille de l’examen.
J’avais passé tout mon temps libre dans ma chambre, à revoir la théorie du genjutsu que j’étais toujours aussi incapable de maîtriser. Fatigué de mes échecs en me rendant compte de la date, je me laissai tomber par terre, vraiment désespéré. J’avais essayé de trouver un moyen d’éviter l’examen mais une fois engagé, ma participation était entre les mains de l’Hokage. Connaissant la Godaime, je n’avais rien à espérer de ce côté-là.
J’en vins à souhaiter tomber gravement malade, bien que j’aie terriblement peur que mon père m’ait transmis son mal. Là aussi, je fus plus ou moins déçu car j’étais en excellente santé malgré l’hiver.
Je finis par me relever, luttant contre les larmes qui me piquaient les yeux. Je ne m’autorisais pas à pleurer comme un enfant. Mon père, j’en étais sûr, n’aurait pas versé une seule larme. Il aurait affronté la situation avec calme et courage, m’imaginais-je, le propulsant au rang de héros.
Une lumière orange embrasa la pièce tout à coup, faisant resplendir ma petite chambre. Par la fenêtre, je vis un coucher de soleil flamboyant illuminer les bois. L’astre du jour était rouge, couleur de sang et se reflétait dans mes yeux pâles, tel un mauvais présage. Mais malgré ce qui était peut-être un funeste avertissement, ce soleil était magnifique, défiant hardiment la nuit.
Je réalisai que je voulais être comme ce soleil, redonner courage à Teru et Michiko pour tenir l’obscurité à distance encore un peu, jusqu’à ce que les nuages recouvrent entièrement le ciel…
C’est ainsi que, le lendemain, je me retrouvai dans la tristement célèbre Forêt de la Mort de Konoha sans avoir eu à aucun moment mon mot à dire, avec pour objectif d’atteindre la non moins célèbre tour en cinq jours avec chacun des parchemins « ciel » et « terre » aux mains de l’équipe. Une promenade de santé selon notre examinateur, un ninja à peine Jônin appelé Konohamaru Sarutobi. La seconde épreuve avait commencé depuis deux bonnes heures et mon équipe était déjà en difficulté. Ce n’étaient ni la végétation traître ni les bêtes féroces qui nous posaient problème, mais bien pire que ces deux là réunis : une équipe adverse.
Elles portaient toutes les trois le bandeau d’Iwa et nous traquaient. Une brève altercation avait déjà eu lieu, une attaque ultra-rapide. Résultat : Michiko nouait péniblement un bandage autour de son épaule droite et la vaillante équipe 5 se terrait dans les buissons.
« Kazuma, ça va ? Chuchota Teru à ma droite.
-Ça pourrait aller mieux, grommelai-je, agacé par cet échec cuisant. »
Mon équipier ne répondit pas. Quelque part devant moi, une branche se brisa dans un craquement sec et je me raidis aussitôt, m’appliquant à ralentir mon souffle pour le rendre inaudible.
Le kunai qui avait blessé Michiko tout à l’heure n’avait pas été lancé pour toucher son épaule et celle qui l’avait jeté avait visé la gorge. Encore heureux que Teru ait eu un bon réflexe.
Ce combat, c’était un combat à mort.
C’était comme cette mission à Suna il y avait presque quatre mois… Je fis un effort de volonté pour chasser ce souvenir de mon esprit et me concentrer pleinement sur l’affrontement.
« J’y vais, déclara subitement le garçon blond.
-Pourquoi toi ? Chuchota immédiatement Michiko.
-Parce que tu es déjà blessée et que si nos ennemies pensent que Kazuma est hors-combat, elles vont nous sous-estimer et donc nous faciliter la tâche. Est-ce que tu comprends mon raisonnement ?
-Oui, soupira la jeune fille. De toute façon, je ne pourrai pas t’empêcher de prendre une revanche au nom de l’équipe…
-Non, en effet, confirma-t-il en souriant. En plus, vous connaissez tous les deux mes jutsus ; je ne voudrais pas vous blesser par inadvertance… »
Nous acquiesçâmes en silence. Ses arguments étaient imparables. Même en étant parfaitement coordonnés, ce qui n’était pas notre cas, un travail d’équipe serait plus une gêne qu’autre chose. J’eus envie de protester, d’empêcher Teru de se lever et de s’exposer au danger mais je me tus, soucieux d’épargner sa fierté. Je ne pouvais que lui faire confiance et attendre.
Quelques minutes s’écoulèrent qui me semblèrent des heures. Je n’entendais que les bruits lointains de la forêt et ceux de nos souffles, à Michiko et moi. J’entendais mon cœur battre derrière mes côtes et je comptais ses pulsations qui paraissaient un compte à rebours. Et puis tout à coup, un énorme bruit déchira le calme. Un nuage de poussière s’éleva, provoqué par le glissement de terrain qui venait d’avoir lieu tout près. Malgré moi, je bondis sur mes pieds.
Dans la clairière qui s’offrait à mes yeux, un écran de fumée se dissipait, révélant un énorme tas de terre et de rochers. Devant l’effondrement, une silhouette indistincte avançait vers moi. Michiko me rejoignit, la main droite serrée sur son épaule abîmée.
« C’est Teru, souffla-t-elle. »
Le Genin blond tituba vers nous, gauche. Je m’élançai à sa rencontre, juste à temps pour l’attraper alors qu’il s’écroulait.
« Teru ? Teru, ça va ? M’inquiétai-je en voyant sa pâleur inhabituelle.
-T’en fais pas…j’ai utilisé trop de chakra, c’est tout, dit-il à mi-voix.
-Tu es blessé ? S’enquit la jeune fille.
-Moins que les filles d’Iwa en tout cas…Je les ai écrabouillées…
-Waouh, fit Michiko.
-Il faut qu’on trouve un endroit sécurisé pour reprendre des forces, exposai-je, retrouvant mon calme. Vu que tu as écrasé le trio des roches, Teru, on aura du mal à récupérer leur parchemin…
-Désolé…
-Ce n’était pas un reproche. »
Je souris. Le mangeur d’onigris voulut m’imiter mais ne réussit qu’à faire une grimace. Mon sourire disparut, effacé par les évènements de la journée. La seconde épreuve avait à peine commencé et il y avait peut-être déjà des morts…ou des mortes.
Nous trouvâmes une petite cavité rocheuse pas très loin d’un ruisseau. C’était une position exposée du fait de la proximité de l’eau mais les roches dérobaient notre cachette aux regards. Je pris le premier tout de garde tandis que Teru s’offrait une sieste bien méritée. Je me surpris à songer combien j’avais grandi depuis que je portais le bandeau de Konoha, combien j’avais gagné en maturité. Je ne m’en étais même pas rendu compte.
Trois heures plus tard, Michiko décida que nous devions « bouger de là ». Nous étions trop exposés de son point de vue. Comme j’étais plutôt d’accord avec elle, je réveillai Teru et nous levâmes le camp discrètement. Le garçon blond, les yeux encore embués de sommeil, se chargea de nous guider à travers la sylve obscure. De nous trois, il était le seul capable d’utiliser correctement une boussole. Pensant ça, j’avais un peu honte de moi tout de même…
Nous cheminâmes tout le reste de la journée et une partie de la nuit vers la tour, ayant décidé de nous y rendre puis d’improviser ensuite. Vers une heure du matin, quand nous nous sentîmes incapables de mettre encore un pied devant l’autre, nous nous écroulâmes au pied d’un gigantesque arbre. Teru, qui n’avait pas encore tout à fait récupéré, se lova entre les racines et s’endormit aussitôt. Ni Michiko ni moi n’eûmes le cœur de le réveiller et je me dévouai pour prendre le premier tour de garde.
Vers cinq heures du matin, il commença à neiger. Nous nous remîmes en chemin, décidant qu’il faisait trop froid pour dormir encore. Piétinant le sol recouvert de cristaux blancs qui reflétaient la lumière d’une lune presque pleine, nous nous rapprochions lentement de la tour. Le jour se levait à peine quand nous fûmes forcés de nous arrêter, ou plutôt quand nous fûmes arrêtés.
Un kunai vint se planter dans le sol couvert de neige, à deux mètres de moi.
« Qui est là ? Montrez-vous ! Ordonna Michiko d’une voix tranchante.
-Tiens, tiens, dit une voix mielleuse, quelle joie de vous voir ici, Michiko, Kazuma, Teru. Vous rendez cette forêt un peu moins sinistre. »
Dans un bruissement de feuilles, une jeune femme se laissa tomber d’un arbre. Elle était grande, de longs cheveux châtains qui cachaient la moitié de son visage ovale et portait un katana dans le dos. Elle eut un magnifique sourire, découvrant des dents blanches et régulières.
« Ne me dites pas que vous êtes ici pour passer l’examen, reprit-elle. Vous êtes bien trop jeunes.
-Et qu’est-ce qu’on ferait d’autre dans cette forêt, d’après toi ?» Rétorqua ironiquement ma coéquipière.
Je fis la grimace. J’avais sans peine reconnu Nozomi Saruwatari, qui était avec moi à l’académie ninja, deux classes au-dessus de notre équipe. À cette époque, elle s’était débrouillée pour décrocher le titre de « fille la plus populaire de l’académie » et Michiko avait envers elle une vieille rancune dont j’ignorais l’origine.
« Où est le reste de ton équipe ? Lança Teru.
-Jamais très loin de moi, comme tu peux le voir. »
Un garçon sortit du couvert des arbres à sa suite. Comme Nozomi, il portait le bandeau de Konoha au front. Son physique était assez peu commun pour un apprenti shinobi ; il ressemblait plus ou moins à un long bout de ficelle. Ses cheveux étaient roux, ses yeux d’une teinte brun doré proche d’yeux de chat. Il portait au moins douze étuis à kunai à sa ceinture et arborait également un sourire charmeur.
« Sachi Tadayoshi, le reconnus-je. Certains étudiants ninjas racontent que tu appartiens au clan Senju, c’est vrai ?
-Pourquoi te le dirais-je ? Répliqua-t-il vivement. Tu n’as aucun besoin de le savoir, d’ailleurs nous ne sommes pas là pour discuter.
-Nous savons que vous avez un rouleau « terre » en votre possession, continua Nozomi, et c’est précisément celui que nous cherchons. Remettez-le-moi calmement et tout ira bien pour chacune de nos équipes, d’accord ?
-Jamais ! Cracha Michiko, exprimant notre opinion commune.
-Quel dommage, soupira Sachi, du moins pour vous… »