Fiction: Je ne t'ai pas oublié

On parle souvent de Konoha comme étant un parfait village avec une population irréprochable et souriante. Mais quand celle-ci pousse involontairement une ninja à bout, que peut-il en ressortir ? Anko va en faire les frais. Tellement raccrochée à sa vie passée avec le sanin, elle se met à haïr la chaleur humaine de Konoha et décide de partir retrouver son maître mais à quel prix ? Entre une tueuse sanguinaire et une ninja épanouie que choisirez-vous ?
Classé: -12D | Général / Drame | Mots: 6425 | Comments: 4 | Favs: 1
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Sondocane (Féminin), le 19/01/2010
Première fin ! Longue et détaillée
Bonne lecture !




Chapitre 2: Tu ne m'as rien laissé qu'un souvenir (1ère fin)




Il était là, au milieu de la salle.

Allongé par terre, dans une mare de sang dont l’odeur tiède et de ferraille occupait déjà l’espace.

Une odeur lourde qui pouvait prendre la tête et faire vomir.

Anko cessa de respirer mais pas pour cette raison. Ses yeux s’ouvrirent sous le choc. Itachi lui avait lancé un genjutsu. Ça ne pouvait se réaliser. Il ne pouvait mourir car il était immortel. Elle s’avança dans une marche macabre, comme désarticulée. Les yeux rivés sur le corps à terre elle fut prise de spasmes incontrôlables. Elle fut en l’espace de quelques secondes qui lui parurent bien plus à côté de son mentor. Ses longs et soyeux cheveux de jais étaient étalés autour de son visage ayant imbibés autant de sang qu’ils avaient pu. Ses yeux étaient ouverts et vides, il n’y avait plus cette petite étincelle qui y vacillait autrefois. Sa bouche se tordait comme pour y réprimer une vive douleur et son corps tout entier était tailladé et sanguinolent. Une longue et gigantesque traînée de mue blanche reposait froissée sur le sol. La vue aurait pu être insupportable mais pas pour Anko. Elle savait que ce corps pouvait supporter bien plus et avait déjà supporté maintes tortures. Elle détacha son regard du pâle cadavre et regarda lentement les alentours. Les murs de pierre étaient explosés, les fissures s’étant propagées jusqu’au dôme au-dessus d’elle. De gros blocs de rocs jonchaient dangereusement l’étendue de la pièce, pour certain calciné et pour d’autre laissant échapper un mince filet d’eau. Il y avait eu un combat. Sûrement titanesque. Sûrement évident.

Soudain, le souvenir des deux nukenins qu’elle avait croisé lui revint en mémoire et ces yeux s’ouvrirent en grand d’effroi. C’était eux les responsables, l’affinité du feu et de l’eau. Alors elle serra les poings jusqu'à s’en blanchir les jointures et à se faire saigner et hurla en arquant son corps. Ce cri n’avait rien d’humain, il venait du fond des entrailles, faisant vibrer les épaisses parois de pierre. Il dura, longtemps. Il était grave et puissant. Il était chargé de haine. D’une haine incommensurable. Ce hurlement prévoyait une vengeance dévastatrice. Une vengeance sans nom. Une vengeance qui resterait graver dans les esprits, dans les livres. Vidée de sa fulgurante colère, Anko se laissa choir au sol, à genoux devant son maître, la tête basse. Puis elle pleura. Elle pleura à n’en plus pouvoir, sa bouche laissant échapper des bribes de mots incompréhensibles. Secouée de ses violents et immaîtrisables sanglots, elle resta prostrée dans le liquide épais et bordeaux, presque noir en déversant tout ce qui se mélangeait d’indistinct en elle. Quant elle n’eut plus de force de se tenir à genoux ni de verser une larme de plus, elle s’accrocha désespérément au col de son mentor en s’allongeant à ses côtés, et essaya tant bien que mal à s’imprégner de son odeur, de reprendre pied avec la froideur éternelle de ce corps. L’effet se fit un instant après et elle s’endormit moitié apaisée par ce contact moitié souffrante par cette perte.

Quand elle s’éveilla, ce ne fut pas pour sortir d’un cauchemar dont elle avait espérée mais pour y retourner. Son senseï était toujours là. Sans vie. Froid. Elle le regarda simplement, sans expressions apparentes. Elle voulut mémoriser chacun de ses traits faciaux depuis qu’elle l’avait quittée (car bien sûr c’était elle qui l’avait quittée, lui n’aurait jamais pu l’abandonner). Mais s’étant figé dans le temps, elle se rendit compte qu’il n’avait pas changé. Il restait toujours aussi jeune, aussi beau. Elle l’effleura du bout des doigts ne voulant pas le souiller davantage. Ayant peur de l’abimer. Peur qu’il se désagrège à son contact. Il était temps de l’honorer. Elle sortit un parchemin qu’elle déroula et en mêlant son sang à celui de son maître, elle invoqua un jutsu qui renfermerait à jamais le corps blanc et quelle seule pourrait rouvrir. La formule de l’invocation prit une couleur violacée qui s’enroula tel un serpent autour du cadavre et il disparut lentement devenant invisible, devenant prisonnier d’un bout de papier. Mais pour Anko il reposait désormais en paix et à l’abri. Konoha et les autres ne pourraient jamais voler ce corps pour en extraire la puissance et les connaissances acquises. Elle se promit de le venger. Sur sa vie et son honneur elle promettait la mort. Ça lui faisait du monde à tuer et pas des moindre. Sasuke serait le dernier étant donné qu’il était revenu au village, Kisame et Itachi seraient plus faciles d’accès mais d’autant plus durs car ils restaient en binômes. Peu importe, elle avait le temps et l’énergie à présent.

Elle se releva plus forte que jamais. Une lueur sauvage et ô combien dangereuse flottant dans son regard parme. Oui elle promettait la mort. Elle serait la mort. La faucheuse universelle. Elle sortit des décombres et retrouva l’air frais et pur des montagnes. Elle rasa la surface désertique de ses yeux annonciateurs de mort et se mit en quête des deux cibles visées. Ils devaient avoir une bonne demi-journée de marche sur elle mais savaient-ils qu’elle leur courrait après ? Elle n’aurait certes pas l’avantage de la surprise dans ce cas et ils auraient le temps de mettre au point une stratégie. Mais quelque chose avait changé chez la jeune femme, elle qui avant avait très peu de tact pour la discrétion et la préservation sans trouva totalement dépourvue. Elle se fichait bien de trouver un plan d’attaque. Elle se sentait puissante et invincible, comme son maître. Mais peut-être était-ce là sa perte ? Elle ne voulut pas y croire. Elle attaquerait de front ou son honneur ne vaudrait rien à la promesse faite. Elle courut plus vite qu’elle était venu. Sa course n’était pas celle d’un animal qui recherche son gibier mais d’un animal qui traque sa proie. Plus impressionnant encore, elle se sentit animal. Ses pieds touchèrent à peine le sol, elle évita de justesse au dernier moment les gros blocs de pierre sur son chemin comme un serpent ondulant avec tactique et force.

Après des heures de course intense, elle se remit à une allure normale pour essayer de discerner la moindre odeur de chakra. Elle était arrivée au sud, à la frontière du pays de la Pluie. Elle se fit à son instinct qui lui prédit de continuer sa route dans cette direction. Elle dépassa donc la frontière en même temps qu’un petit crachin donnait au paysage une couleur terne et grise, sans âme qui vive. Elle se lança de nouveau, le flair sensible à la moindre parcelle odorante. Elle s’arrêta nette sur une branche quand elle sentit une légère effluve de chakra buter contre ses capteurs olfactifs. Elle dissimula son propre chakra et s’avança méticuleusement sans froisser de feuilles ou de branchages, ayant une respiration à peine perceptible. Elle arriva à la limite d’une clairière verdoyante et vit immédiatement ces deux cibles sur un rocher en tailleur, les yeux fermés. C’était une chance unique presque incertaine mais unique quand même. La puissance du katon d’Itachi ne l’effrayait pas, il ne pouvait pas modeler son affinité comme l’autre amphibien avec son eau qui plus est, serait gênante avec ce temps. Tant qu’elle ne croisait pas le regard de l’Uchiha il ne pouvait rien lui arriver. Elle prépara donc un clone et en même temps elles s’élevèrent dans les airs. La véritable Anko fit sortir des serpents de son bras pour immobiliser le requin tandis que l’autre, kunaï à la main fondit sur le brun qui l’évita de justesse, sharingans enclenchés. Elle le fit alors reculer par tous les moyens pour qu’il ne soit plus en contact avec son acolyte, créant une certaine distance entre eux.

« Quand je disais qu’on se reverrait, je ne pensais pas de sitôt, nargua le brun.
_ Tu as tué mon maître, tu pensais que j’allais faire quoi ? répliqua-t-elle en colère en fixant le bas de son corps.
_ Tu es bien sûr de toi, s’amusa-t-il.
_ Tu vas payer ton arrogance et ton crime Uchiha ! »

Et elle fondit de nouveau sur lui tel un faucon sur une gerbille, déployant ses bras d’où jaillir une multitude effrayante de serpents gueule ouverte qui formaient un rempart assourdissant désormais. Le clone forçait Itachi à reculer davantage en faisant passer sa tactique d’éloignement par de la hargne. Elle utilisait des techniques impressionnantes mais pas les plus puissantes. Le porteur de sharingans se laissa abuser de cette feinte reportant toute son attention sur son combat. De l’autre côté de la clairière les choses semblaient moins évidentes. La ninja avait réussi à emprisonner Kisame dans son étreinte empoisonnée mais d’un coup d’épée il la trancha comme du papier. Il se moquait d’elle en lui prouvant que ses techniques ne valaient rien et l’envoyait valser au sol à chaque fois malgré les esquives rapides de la kunoichi qui se relevait plus tenace que jamais. Elle devait avouer que son adversaire était redoutable et maîtrisait toutes les ficelles de son élément. Elle esquiva cette fois des shurikens derrière elle mais ne put éviter une attaque aquatique du requin qui la fit s’écraser littéralement à terre. Itachi avait réussi à se débarrasser de son clone et rejoignit son collègue faisant face à Anko. Elle était sur les nerfs, ça devait faire près d’une heure qu’elle se battait pour n’avoir aucun résultat. Allongée sur le ventre, elle essaya de se redresser sur ses bras, s’appuyant sur un genou. Elle était essoufflée et commençait à perdre espoir de pouvoir les vaincre. En même temps que pouvait-elle contre Akatsuki ? Son manque de chakra se fit ressentir et quand elle voulut se lever, un puissant jet d’eau concentré la projeta quelques mètres encore plus loin. Il jouait avec elle sauf qu’elle était censée être le prédateur. Elle n’avait plus aucune force s’étant trop déchaînée précédemment.

« J’ai bien rigolé pour ma part, avoua Kisame.
_ Une perte de temps simplement. Le boss n’aime pas être interrompu pendant les réunions.
_ C’est quand même plus distrayant qu’une réunion.
_ Allez on y va. »

Ils ne voulaient même pas la tuer. Faisait-elle pitié à ce point ? Elle était toujours allongée, le corps endolori et le coeur meurtri. Il n’en n’était pas question, elle les tuerait, elle l’avait promis sur sa vie. Elle revit Orochimaru sanglant, revit le doute et la peur dans le regard des gens de Konoha à son égard, revit son misérable passé, se vit, maintenant, faiblarde la face dans l’herbe. Et elle se redressa lentement, tremblante de rage. Une force inconnue la pénétra, lui redonnant un souffle suffisant. Cette même force se changea en un puissant chakra qui alimenta tout son corps et qui, trop concentré, l’engloba entièrement dans un nuage mauve électrique faisant ployer les arbres derrière elle, faisant coucher l’herbe en un somptueux tapis vert, faisant se retourner les deux nukenins surpris de cette soudaine sinistre atmosphère. Les nuages se firent plus lourds et plus noirs, l’air plus vif et plus froid. Le crachin continu se transforma en une pluie drue et glacée. Et ils la virent debout sous la pluie battante, le regard plus vengeur que jamais et le corps ne pouvant retenir le trop plein de chakra. C’était un chakra à l’aura sombre presque paralysante malgré sa flamboyante couleur. Il essayait de se mouvoir comme des serpents voulant se démêler d’un même nœud.

Anko leva son bras dans leur direction et une armée de reptiles voraces grondant de haine se prolongèrent du flux de l’imposante énergie et plongèrent sur les deux cibles étonnées mais maîtresses d’elles-mêmes. Ils esquivèrent mais les serpents se firent plus nombreux, plus grands, plongeant du ciel, jaillissant de la terre. Bientôt ils furent encerclés ne pouvant fuir nulle part, leurs attaques de plus inefficaces. Kisame se fit le premier « dévorer » par le chakra reptilien, finissant en une mare d’acide et d’eau qui se mélangea à la pluie. Itachi se fit transpercer immédiatement après par le bras d’Anko qui s’était déplacée devant lui. Les derniers mots qu’il entendit furent « ton frère souffrira plus encore que toi ». Il rejoignit le monde des morts avec non pas la peur de quitter la vie mais la peur de savoir ce qu’il adviendrait de Sasuke face ce monstre inqualifiable. La jeune femme ne voulut même pas de ces fameux sharingans, elle désagrégea le corps sans sentiment autre que sa haine, et, rassasié de cet inévitable combat, elle dispersa le divin chakra et regarda le ciel tendrement. Elle reprit sa route apaisée et enveloppée d’une douce chaleur de confiance malgré son corps froid.

Elle mit un jour à revenir au pays du Feu tranquillement, en ayant débarrassée la Terre de quelques insectes insignifiants aux capacités absurdes et aux idéaux démesurés. Elle retrouva trop rapidement à son goût le soleil et la chaleur étouffante du pays responsable de sa captivité. Elle dissimula son effroyable chakra et attendit à quelques kilomètres du village. Il fallait être patient et précis. Elle envoya de petits reptiles à proximité des murs recueillir des informations mais ce n’est qu’après trois jours d’attente que la chance tiqua, un beau petit matin. Un serpent lui rapporta que sa cible devait partir en mission seul dans un autre village du pays. Par un jutsu subtil, elle prit l’apparence d’une adorable adolescente aux longs cheveux bruns bouclés, aux grands yeux bleus, aux lèvres rosées et charnues et au teint de porcelaine. Habillée d’une simple et courte robe bleue, elle se mutila le corps en de longues et profondes trainées de chair déchiquetées et se mit sur la route que son espion lui indiqua. Elle se laissa aller à la dite agonie complétant le macabre tableau qu’elle devait former quand elle sentit un chakra envoutant et bien que moins sombre par le passé approcher à toute vitesse. Il devait l’avoir senti.

Il s’accroupit promptement près d’elle lui appliquant les premiers soins en lui murmurant de tenir le coup. Anko le sentit calme mais troublé par la vue de son corps juvénile et parfait mais horriblement torturé. Elle l’observa discrètement entre deux râles de souffrance, toujours aussi impassible et sûr de lui mais quelque chose avait changé. Konoha avait parfaitement réussi à faire de lui un innocent agneau. Plus aucune once de violence gratuite et de désintérêt total de son entourage. Alors qu’il était occupé à raccommoder le sublime corps d’empreint, Anko agrippa derechef sa nuque et découvrit deux crochets pointus et luisants qu’elle enfonça subitement à la base de son cou dans un sifflement terrifiant. Il sentit la paire de crocs s’enfoncer profondément et déverser un liquide qui le brûla fortement. Elle échangea les positions en étant à califourchon sur lui et devant son expression terrifiée et décontenancée, elle quitta le doux visage enfantin au sourire diabolique pour retrouver son propre corps et ses propres vêtements. Il en devient que plus abasourdi en repensant à sa dernière rencontre avec elle. Il sentit son corps convulser et eut du mal à respirer.

« Tu es devenu trop bon Sasuke. Tellement naïf…s’en est touchant, minauda-t-elle souriante. »

Voyant que sa victime ne pouvait parler sans douleurs, elle continua le visage illuminé.

« Par où commencer dis-moi. Ça fait tellement longtemps que j’ai attendu ce moment. Tu sais, la vengeance que tu avais envers ton frère ? J’ai la même envers toi. Tu veux savoir pourquoi ? Parce que tu as profité d’Orochimaru alors qu’il croyait en toi et qu’il avait besoin de toi, tu as voulu le tuer et ça c’est impardonnable, lâcha-t-elle d’une voix neutre. J’étais son élève et ça a toujours été mon maître même ici à Konoha. Il faut que je te dise aussi, j’ai tué ton frère. Tu veux savoir pourquoi ? Parce qu’il a assassiné mon senseï. Itachi est mort rapidement ne t’en fais pas, sourit-elle faussement. Et maintenant c’est ton tour, loin de tes amis, loin de tout, seul avec moi. Je t’ai injecté un venin très puissant mais tu ne mourras que dans quelques heures d’une morte lente et douloureuse. C’est d’ailleurs ce que j’ai promis à ton frère. Je voulais avoir le temps de discuter avec toi aussi, après avoir humilié Orochimaru de la sorte, c’était le moins que je puisse faire non ? Le venin va d’abord éliminer toute trace de chakra, il va ensuite te paralyser progressivement, puis il brûlera ton organisme interne et calcinera tes neurones et tu mourras bêtement. »

Sasuke demeura complètement terrifié face à ce discours. Ses convulsions agitèrent son corps plus violemment encore et il ne pouvait que voir ce visage de marbre qui le fixait, se délectant de sa souffrance, attendant sa mort comme un charognard. Il ne savait plus quoi penser, il était puissant, maîtrisait bon nombre de techniques, détenait un don héréditaire et il s’était fait avoir, stupidement. Elle avait raison dans un sens, Konoha l’avait fait redevenir inoffensif en quelque sorte mais il avait retrouvé ses amis et une chaleur humaine trop longtemps oubliée, de la joie, de l’émerveillement, un besoin insatiable de profiter de la vie et du temps. Il allait mourir bêtement oui mais il ne regrettait pas d’avoir fini sa vie en compagnie de ceux qu’il aimait. Il sentit ses muscles chauffés et se contractés douloureusement, un hurlement muet sorti de sa gorge anesthésiée et sa fulgurante agonie débuta. Anko resta dessus lui, le voyant mourir à petit feu, le voyant souffrir comme aucun être ne l’avait jamais été (à part chez les cobayes de son maître) et assista à sa fin deux heures et trente minutes plus tard. Curieusement elle ne ressentit aucune satisfaction particulière à cette mort, comme si elle eut été naturelle. Alors elle lui arracha les yeux ayant pris une couleur de sang et les réduisit à l’état de poussière dans sa paume. Elle abandonna le corps noirci qui dégageait une odeur de cramé et d’acide, le laissant seul et aveugle comme elle l’avait été longtemps avant.

C’est Naruto et Sakura qui donnèrent l’alerte du non retour de Sasuke quelques jours après, ils avaient peur qu’il rebascule dans les ténèbres de son passé, et de ce fait une escouade d’anbus fut envoyé. Quand ils revinrent avec le corps ce fut le coup de grâce pour tout le monde. Mais derrière cette perte se dressait quelque chose de plus tragique encore. Qui avait bien assez de puissance et d’aisance pour tuer un Uchiha ? De plus sur la zone du meurtre aucune trace de lutte n’avait été relevée. Ce fut la panique chez les ninjas. Tsunade examina le corps torturé pour n’en trouver aucune substance suspecte, le venin ayant eu le temps de se dissiper. Les quelques éléments concernant l’organisme comme les brûlures, les déchirures, ou même les fontes elle ne put les identifier. De même, les yeux manquants l’inquiétaient beaucoup, si on avait tué Sasuke pour son dôjutsu il fallait s’attendre à pire. Konoha se mit en alerte envoyant régulièrement des anbus aux alentours et dans tout le pays du Feu.

Au même moment sur ordre de Pein, Zetsu ratissait les zones dans lesquelles le binôme disparu aurait pu se trouver. Il chercha des jours, attentif à la moindre odeur, au moindre bruit et c’est au village de la Pluie qu’il capta un mince filet de chakra. Pour qu’après cette disparition de près d’un mois déjà il y ait encore des traces de chakra c’est que soit un combat avait eu lieu, soit un recours à un puissant chakra ou une puissante technique. Mais ça, seul Zetsu pouvait le sentir grâce à des vibrations - un peu comme un écran radar - étant en symbiose avec la nature, avec la terre. Il étudia la surface de la clairière et sentit des particules humaines encore imbibées légèrement de chakra profondément enfouies dans le sol blindé de minéraux en tout genre. Il mit longtemps avant de déterminer la source même du flux d’énergie éteint mais y parvint quand même. Il les avait trouvés. Ce qui l’étonnait c’est qu’en plus des particules des deux membres, se mélangeait de l’acide que le sol n’avait pas réussi à filtrer et qui rongeait le sous-sol rocailleux. C’était peut-être l’œuvre d’Orochimaru mais aux dernières nouvelles, Itachi et Kisame avaient pour mission de l’éliminer au pays de la Terre. Il devait en référer à Pein immédiatement.

Loin de tout ce bordel et de ces interrogations, Anko poursuivait sa route nonchalante, massacrant en un éclair des hommes un peu trop entreprenants ou tuant ceux qui l’insultait. Jamais elle ne reçut une giclée de sang, ces crimes étaient sanglants mais toujours rapides. Elle allait de village en village, de forêt en forêt et de pays en pays, suivant son irrémédiable flair. Après quelques mois, elle s’était faite une renommée avec les rares personnes qui l’avait vu à l’œuvre dans ces actes de barbaries. Selon les villages ou les pays on la nommait « la femme serpent », « le diable » ou bien encore « la Faucheuse ». Elle en était fière, elle pourrait avoir sa place dans le grand livre de l’Histoire ou dans le chapitre Celle qui tua les deux derniers Uchiha. Elle rigola allègrement en se sentant vivante et sereine pour la première fois. Mais sa petite jouissance se fit plus courte que prévue quand elle sentit derrière elle des ninjas et quand elle vit un grand oiseau blanc tournoyer haut au-dessus d’elle. Elle se retrouva confronter à une troupe d’anbus, des chiens et un volatile d’encre. Pathétique. Elle les voyait jaloux de son statut comme ils l’avaient été avec son maître.

« Anko Mitarashi tu es en état d’arrestation, clama un masque d’aigle.
_ Vraiment ?
_ Pour tous les crimes commis dans les pays et villages voisins et pour le meurtre de Sasuke Uchiha.
_ Vous pouvez aussi rajouter pour les meurtres d’Uchiha Itachi et d’Hoshigaki Kisame. »

Ils restèrent sans voix pendant quelques secondes finissant de mémoriser l’information assez surprenante. Kakashi s’avança lentement captant son intention. Il avait le visage grave et les yeux empreints de douleur. Le soleil était à son paroxysme faisant flotter une douce chaleur qui stagnait au-dessus du sol, une brise tiède se heurtait aux corps immobiles et les contournait en une langoureuse caresse, cette même brise apportait la douceur de senteurs sauvages. Le ciel était dégagé, bleu et clair, c’était un temps radieux. L’argenté avançait toujours vers Anko qui le scrutait d’un œil perçant.

« Je te conseille de t’arrêter Hatake, trancha-t-elle froidement.
_ Anko arrête tout ça on va trouver une solution.
_ Une solution à quoi ?
_ C’est Orochimaru qui t’oblige à ça.
_ Tu n’y es pas. Orochimaru-sama a été assassiné. J’ai décidé de reprendre son flambeau en sa mémoire.
_ Pourquoi ça ?
_ Parce qu’il est le seul qui n’ait jamais cessé de croire en moi. »

Kakashi s’arrêta un peu choqué par ses paroles sincères, pendant ce temps les anbus derrière lancèrent une attaque qu’Anko para aisément. Elle n’avait pas envie de se battre aujourd’hui, elle voulait profiter un temps soit peu pour une fois. Elle concentra son inépuisable chakra en un seul point de son corps et immédiatement il se forma une boule mauve qui grossit et lui engloba le torse, elle joignit ses mains en un mudra et violemment le chakra se détacha d’elle pour plonger vers le sol en une explosion qui couvrit entièrement la surface de l’endroit où ils se trouvaient. Ça avait duré trois secondes tout au plus et ils étaient tous à terre, sans vie. Sa technique avait pour but de toucher l’organisme interne en y injectant une puissante dose de venin qui détruisait toutes les cellules. La rapidité de ce jutsu avait l’avantage pour ses adversaires d’être pratiquement indolore. Elle s’occupa de suite après de Saï resté dans les airs. Il n’eut aucune chance. Elle allait partir quand une odeur de sang séché la retint. Elle serpenta entre les ninjas et se posta devant l’unique sharingan. Elle s’abaissa en humant la senteur âcre et écarta brusquement dans un crissement de tissu son gilet et son sous-pull. Elle eut la surprise de voir qu’il avait gravé son prénom à elle à l’emplacement de son cœur. Ça devait faire quelques jours tout au plus vu la cicatrisation. Elle souffla exaspérée et se redressa.

Finalement Orochimaru ne lui avait pas laissé qu’un souvenir. Il lui avait cédé ses incroyables et puissantes techniques et sa légendaire puissance. Son immortalité peut-être. A elle son élève, sa fille, son amour. Ils ne faisaient qu’un à présent. Elle pourrait perdurer à travers le temps pour raconter à tous la légende que son maître avait été. Et s’ils ne la croyaient pas ils le verraient en elle car ils s’étaient retrouvés et vivaient en parfaite osmose se partageant corps et âme. L’une chez les vivants, l’autre chez les morts. Elle était enfin devenue son hôte et il lui faisait enfin confiance. Car le lien entre un professeur et son élève est un lien sacré, un fil d’or qu’on ne peut rompre étant subjugué par sa beauté et sa pureté. Anko avait menée sa promesse à terme mais elle devait maintenant se trouver d’autres objectifs que tous ces meurtres tant souhaités. Car un ninja sans objectif n’est rien. Elle se dit que la destruction de Konoha serait terriblement une délicieuse idée.



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