J'ai enfin terminé la suite ! Je m'excuse pour le temps que j'ai mis à écrire, manque de temps, d'inpiration, flemmingite très aigue (maladie très grave !!) et insatisfaction ont fait que...
Je ne suis absolument pas satisfaite de ce chapitre, malgré l'avoir remanié un nombre incalculable de fois T_T
M'enfin, j'espère tout de même ne pas trop vous décevoir.
Sinon, j'ai fait une grande découverte : comme vous pouvez le voir, j'ai enfin compris comment fonctionnaient les balises. Mon chapitre est donc plus joli, plus "in" *_*
Enfin, il n'y a que le début...
Je voulais aussi vous remercier pour tous vos commentaires si gentils et encourageants. Ca me motive beaucoup à continuer et à m'améliorer. Merci beaucoup, vraiment <3
-Parce que l’oiseau, il vole dans le ciel, il peut tout voir. »
Derrière de nobles valeurs je camoufle ma soif obsessionnelle de contrôle. Derrière de nobles actions, je soupçonne, j’espionne et je dénonce pour me venger de ceux qui ont échappé à ma vigilance. Je ne peux accepter l’ignorance et la surprise : je veux tout savoir.
Des volutes de fumée caressaient doucement le visage d’Hinata, tandis qu’elle serrait dans ses mains tremblantes sa tasse de thé bouillante. Elle souffla doucement sur la boisson avant de la porter à ses lèvres gercées. Elle avala une gorgée, laissant couler lentement le liquide brûlant dans sa gorge, comme une douce torture cathartique. Ses yeux, gonflés par la souffrance, n’osaient se fixer autre part que sur le bois vernis de la table, un peu plus brun par endroit, écaillé à d’autres ou encore entaillé de petites fentes presque invisibles. Dans son inspection minutieuse de cette pauvre table qui n’avait absolument rien d’exceptionnel, elle ne remarqua pas le regard plus qu’insistant de Karin, moqueur et inquiet à la fois.
Les paroles de la jeune rousse résonnaient en elle comme un lent leitmotiv, lui engourdissant de plus en plus l’esprit. Amoureuse… elle ne pouvait pas… non… impossible… jamais !
Elle reposa sa tasse en soupirant avec une impression douloureuse d’avoir tellement réfléchi que son cerveau allait exploser. La vie était-elle si dure pour tout le monde ? Ou était-ce elle qui était maudite, où qui avait fait l’erreur de naître, au choix…
En face d’elle, la petite fille rousse qui ressemblait bien trop à Karin buvait presque religieusement son verre de lait, ne le décollant de sa petite bouche que pour reprendre sa respiration, avant de replonger dans son verre. Karin déposa devant l’enfant deux tartines de pain beurrées. Hinata, qui l‘observait, vit ses yeux briller d’une joie démesurée face à quelque chose d’aussi simple que deux vulgaires tranches de pain. Elle en prit une et la dévora tout simplement, savourant chaque bouchée comme si c’était la dernière, un air de bonheur absolu collé au visage.
La jeune Hyûga se demanda alors quand elle avait arrêté de prendre autant de plaisir pour les choses de la vie si simples, si communes et pourtant si irremplaçables. Cette simple tartine de pain semblait procurer à la petite fille tellement de plaisir qu’Hinata avait du mal à s’en saisir, à le mesurer. Est-ce dû à son innocence, ou aux souffrances qu’elle n’avait pas vécues ? Ou encore simplement à son jeune âge ? Cette enfant ne devait avoir que trois ans, voire quatre tout au plus. Pourtant, la jeune-fille avait l’impression qu’elle lui donnait une leçon de vie… La vie n’était peut-être que difficile pour ceux qui ignoraient que les choses les plus simples étaient surement les plus merveilleuses, comme une tartine de pain beurrée au goûter, ou la chaleur d’une tasse de thé réchauffant le vide qu’elle ressentait… D’ailleurs, cette petite fille était-elle celle de Karin ? En tout cas, leur ressemblance était frappante. Les mêmes cheveux flamboyants, à la différence que ceux de l’enfant étaient plus épais et touffus, les mêmes yeux noisette, et la même bouche légèrement pincée. Si c’était bien sa fille, Karin devait l’avoir eu assez jeune, trop jeune même… Décidément, cette fille était pleine de mystère, tellement qu’elle en devenait incernable. Hinata posa son regard sur Karin, qui l’observait toujours, avec le même air moqueur.
« Oui, c’est ma fille, je l’ai eu à quinze ans. Elle s’appelle Luna, elle a trois ans et je vis avec elle et ma mère, révéla soudainement la jeune rousse.
-Euh… Je…
-Ah ! La coupa-t-elle, j’ai oublié, je ne te dirai pas qui est son père. Luna, ajouta-t-elle en se tournant vers l’enfant, va jouer dans le salon ma puce. »
La petite fille hocha la tête, et sortit de la petite cuisine aux murs verts pomme, sa dernière tartine en main. Karin se tourna alors vers la jeune Hyûga. Elle affichait à présent un air dur qui contrastait avec son expression moqueuse de tout à l’heure.
« Hinata, reprends-toi, tu vas devoir rentrer chez toi. Ma mère ne va pas tarder à arriver, je te ramènerai à ce moment là. En attendant, efface-moi cet air de martyr à l’agonie. D’un ça te rend laide, de deux ne montre jamais à un homme qu’il t’a blessé. Sois digne ! »
Hinata sourit timidement, elle était bien gentille mais c’était beaucoup plus facile à dire qu’à faire... Karin poussa un soupir à fendre l’âme avant d’attraper sa main et de la tirer brutalement vers le salon, où la petite Luna riait devant un dessin animé. Elle poussa la jeune-fille sur un fauteuil avant de prendre un DVD qui avait, de loin, l’air très… Nul ? Devant l’air plus que sceptique d’Hinata, la jeune rousse éclata de rire, vite rejointe par sa fille, avant d’insérer le disque dans lecteur. Des voix s’élevèrent du poste alors que des images trop colorées apparaissaient. La petite Luna poussa un cri de joie avant de prendre place dans les bras de Karin, une espèce de peluche brune sans véritable forme serrée contre elle. Hinata regarda sans le voir l’écran, elle aurait tant aimé que tout soit si simple…
Une voix grave et sourde, comme une vieille contrebasse dont les cordes se seraient usées avec le temps, raisonnait dans l’habitacle de la voiture que conduisait Itachi Uchiwa. Il se tenait droit et fier, le regard rivé sur la route, une main sur le volant, l’autre sur le levier de vitesse. La petite voiture bleue nuit prit un virage en tête d’épingle à une vitesse pour le moins assez supérieure à celle qui était conseillée. Il tourna le volant d’un mouvement parfaitement maitrisé, avant de changer de vitesse et appuyer sur l’accélérateur. La jeune femme à sa droite n’en était pas du tout affectée. Elle fixait le paysage défiler, le regard vide, comme ailleurs, se laissant bercer par la musique.
Itachi l’observa quelques instants, avant de reporter son attention sur la route. Il avait laissé sa moto aux soins de Kisame pour prendre la voiture de Konan, qui avait un peu trop bu, même si ça ne se voyait absolument pas. Il la conduisait chez les Hyûga, pour passer la soirée avec lui. Ca faisait longtemps qu’il ne l’avait pas vu, il voulait profiter un peu d’elle et retrouver l’entente qu’ils avaient avant et les souvenirs trop lointains du lycée. Il avait eu une aventure avec Konan, rien de bien sérieux, juste quelques baisers à une soirée et une semaine main dans la main. Car il la connaissait depuis le lycée. A la fin de sa terminale, ils étaient sortis ensemble sept jours, pas un de plus. Ensuite, Itachi avait dû partir pour ses études et Konan aussi. Ils s’étaient perdus de vue en quelques sorte, jusqu’à il y a quelques mois, grâce à Kisame qui était ami avec le nouveau petit copain de Konan, Nagato. Mais ce dernier était parti en vacances avec sa famille. Kisame avait donc tout simplement proposé à la jeune-fille des retrouvailles.
Konan n’était pas compliquée, elle ne vivait que pour une personne, Nagato. C’était son unique préoccupation et elle l’aimait comme elle n’avait jamais aimé personne. Depuis qu’ils étaient ensemble, jamais ils ne s’étaient séparés, même pour un weekend. Et c’était d’autan plus dur pour elle qu’Itachi, son premier amour, avait fait sa réapparition dans sa vie. Malgré tout ce dont elle essayait de se persuader, il avait toujours ce petit air inaccessible qui l’attirait tant, et qui lui faisait un peu trop d’effet à son goût. Et puis, elle avait bien vu, au bar, cette petite brune effacée, partir en pleurant... Elle avait aussi aperçu, quelques secondes, une lueur d’excuse briller dans le regard du jeune Uchiwa lorsque la petite jeune-fille s’était enfuie... Cette fille était bien plus importante pour lui qu’il le laissait croire…
A sa plus grande surprise, alors qu’elle était en pleine réflexion, Itachi se gara brutalement sur le bas côté de la route. Il posa ses mains sur le volant, fixant un point visible que de lui-même, droit devant lui. Konan tourna la tête vers lui, ses traits d’albâtre plissés en une mine interrogative. Qu’avait-il soudain ? Il soupira bruyamment, en se passant la main sur son front, comme s’il allait réussir à effacer toutes les pensées négatives qui l’assaillaient. Mais ça se saurait si c’était si facile. Il tourna doucement la tête vers Konan, l’air totalement perdu tandis qu’elle le fixait intensément, devinant aisément ce qu’il allait tenter. D’un geste hésitant, il passa son bras derrière l’accoudoir. Il n’avait décidément pas changé, pensa-t-elle, toujours aussi vulnérable lorsqu’il perdait le contrôle de sa vie. Il plongea son regard dans celui, cyan, de la jeune-fille. Qu’avait-il fait ?
Il avait entendu son cœur s’effondrer.
Il avait vu son regard, océan laiteux de souffrance.
Il avait vu ses larmes, poussières de trahison.
Il l’avait vu partir, l’âme déchirée.
Il avait tout vu… parce qu’il l’avait provoqué. Il l’avait fait exprès. Pas qu’il voulait lui faire du mal… Enfin si, mais… Tout était tellement confus… Il avança son visage vers celui de Konan, qui ne bougeait pas, comme si elle savait déjà ce qui le tourmentait. Il se stoppa à quelques centimètres de ses lèvres. Il était sans doute en train de commettre une énorme connerie, mais il avait fait bien pire la nuit dernière. Elle était si jeune, elle n’était pas de son monde. Pourtant, il avait succombé, il avait aimé. Son cœur cognait fort dans sa poitrine, pas d’excitation, non, mais de regret, comme une douce plainte naissant dans le plus profond de son cœur et se répandant tel un poison dans ses veines. Il ferma les yeux et posa ses lèvres contre celles, froides, de Konan. Trop froides, comparées à Hinata, qui était si douce, si rose, si elle en somme. Les souvenirs de la veille envahirent son esprit, l’agressant de toute part. Dans un sursaut de désespoir, Itachi embrassa violemment la jeune-fille, collant férocement ses lèvres contre les siennes, lui agrippant les épaules. Soudain, il sentit contre son torse une main le pousser fermement en arrière. Réalisant son geste, il se sépara d’elle, baissant la tête, honteux.
« Je ne sais pas à quoi tu joues, Itachi, mais ce n’est pas une bonne idée.
-Excuse-moi.
-Ce n’est pas grave.
-Si, j’ai cherché à l’oublier, je voulais lui faire mal pour qu’elle me fuit… Je ne suis pas celui qui lui faut…
-Tu es surtout trop vieux, déclara Konan, impitoyable.
-Aussi. »
Konan sourit doucement, posant un bras compatissant sur celui du jeune Uchiwa. Il souffla un grand coup, remit sa ceinture et démarra le véhicule. Quel con, pensa-t-il, et dire qu’on le prenait pour un génie…Quelle ironie !
Dans l’entrée principale du manoir Hyûga, une vieille horloge trônait, toute de bois foncé, un gros pendule se balançant de droite à gauche, indiquant par un son discret et bref les secondes qui passaient. A dix-huit heures pile, six coups résonnèrent, réveillant brutalement la forme enfoncée dans un fauteuil. Jean-Eude le valeureux s’était en effet assoupi. Il poursuivait encore et toujours sa passionnante enquête qui, pour l’instant, n’avait mené à rien du tout, pour son plus grand dam. Il s’était alors posté dans le hall d’entrée à seize heures, pour attendre le retour du jeune professeur et de l’héritière. Selon ses sources, ils devaient rentrer à ce moment-là. Il s’était alors tenu debout, à côté du fauteuil, droit et digne, comme à son habitude. Malheureusement pour lui, la ponctualité et la véracité des informations ne devaient pas être une qualité naturelle chez tout le monde. Car il était tout de même resté debout une heure. Mais son vieil âge l’avait rappelé à l’ordre : ses jambes s’étaient faites douloureuses et ses articulations engourdies. Et malgré sa réticence à s’assoir, alors que l’héritière pouvait arriver à tout moment-ce serait honteux pour un domestique de son envergure d’être vu dans cette position-il avait tout de même cédé et s’était donc assis, l’oreille aux aguets du moindre bruit provenant de l’extérieur. Mais le sort en avait décidé autrement car le son des aiguilles l’avait bercé. Au début, il avait lutté contre l’engourdissement du sommeil et le poids de plus en plus lourd que prenaient ses paupières, mais là encore son âge assez avancé avait pris le dessus et c’était ainsi qu’il s’était assoupi dans un ronflement sonore pendant une heure.
Il se leva d’une traite, la joue rougie par la main qui la tenait, les yeux hagards, un filet de bave coulant de sa bouche. Il mit quelques secondes avant de se rappeler qu’il n’était pas dans son lit mais bien dans le hall, et quelques autres pour comprendre la raison de sa présence ici. Ce fut à ce moment précis que la porte d’entrée s’ouvrit, lui laissant juste le temps de se raidir et de prendre une position plus digne de son statut, dirons-nous. La jeune héritière pénétra dans le hall, et tout de suite son attitude frappa l’esprit d’analyse perçant de Jean-Eude : elle avait pleuré. Ce n’était certes pas du tout évidant à voir, mais pour quelqu’un comme lui, avec de si bon yeux et un sens de l’observation si fin, ça ne pouvait être autre chose. Il observa chacun de ses mouvements alors qu’elle refermait la porte derrière elle.
« Bienvenue Mademoiselle Hinata, s’exclama-t-il en s’inclinant respectueusement. »
La jeune-fille tourna la tête vers lui, lui sourit brièvement avant de partir comme elle était venue, vers sa chambre. Le sang de Jean-Eude ne fit qu’un tour. D’où cette gamine ne lui répondait pas ? Lui, quand même, avait le droit à plus de respect que ça. Si ça se savait, il perdrait toute l’estime de ses collègues qui le révéraient, bien évidemment. Il avait mis tellement de temps à se faire respecter, lui qui était si parfait comparé à ces paysans qui ne savaient rien à rien. Alors c’était comme ça, et bien elle allait voir cette petite. On n’ignore pas quelqu’un comme lui sans s’en mordre les doigts. Il prit dans la poche de son veston un carnet sur lequel il nota quelques mots dans un langage connu de lui seul. Cette idée avait d’ailleurs germé dans son esprit le jour où il avait soupçonné la femme de ménage, une certaine Conchita, de fouiller dans ses affaires. Il était évident qu’éprouver de l’intérêt pour sa modeste personne était chose naturelle, et il ne pouvait que le comprendre car lui aussi était fasciné par lui-même. Mais fouiller dans ses secrets était quelque chose qu’il ne pouvait tolérer. Il avait alors brillamment décidé de crypter tous ses écrits. Bref, l’heure n’était pas à cela-il en avait pour la journée s’il devait se rappeler toutes les idées géniales qu’il avait eues -mais à la découverte du pourquoi la jeune héritière avait pleuré. Et surtout, pourquoi le jeune Uchiwa n’était pas avec elle. Hum, le mystère s’épaississait, mais son esprit brillant ne pouvait être trompé aussi longtemps. Confiant en ses capacités, Jean-Eude se dirigea l’air de rien vers les appartements d’Hinata, espérant apprendre quelque chose en écoutant discrètement à la porte, comme il avait toujours si bien su le faire.
La jeune fille entra dans sa chambre, refermant la porte derrière elle. Elle se vautra de tout son long sur le lit, ne prenant même pas la peine d’enlever ses chaussures. Qu’allait-elle faire maintenant ? Aller voir ce sale prof et lui dire ses quatre vérités en pleine face ? Ou se morfondre bien comme il faut dans sa chambre ? Oui, l’option deux, quoiqu’un peu beaucoup lâche, lui convenait parfaitement. Elle regarda par la fenêtre le soleil mourir à l’horizon, laissant place au crépuscule, et les arbres bouger doucement au grès d’un petit vent d’été. Décidément, ces vacances étaient tout sauf ce qu’elle avait imaginé. Elle soupira bruyamment, callant sa tête dans ses bras. L’après-midi avec Karin lui avait changé temporairement les idées, mais là tout lui revenait en tête et ça n’annonçait rien de bon. Mais Karin avait raison, et Neji aussi. Et puis il fallait qu’elle se reprenne, qu’elle enfouisse ça bien au fond d’elle et surtout faire bonne figure pour le diner de ce soir. Surtout que son père serait présent, ainsi que… Itachi… Là, ça allait être bien problématique. Enfin, comme disait Karin, il fallait qu’elle soit digne. Elle se leva d’un coup, enleva ses chaussures sortit vivement de sa chambre.
Mais Jean-Eude était toujours devant la porte, l’oreille collée contre la serrure. Lorsqu’elle s’ouvrit brutalement, il ne s’y attendait pas et se la prit en pleine tête. Il jura tout bas, la main sur le front avant de lever les yeux et de rencontrer ceux, ahuris, de la jeune Hinata. Il rougit furieusement, pas de gêne non, mais de colère. Comment avait-il pu être si négligent ! Il était tranquillement en train d’écouter à la porte et, bien-sûr, au moment où il avait entendu un bruit provenant de l’autre bout du couloir, il s’était déconcentré quelques secondes pour se faire surprendre tant cette position plus que… gênante par la fille de son vénéré maitre. Il n’avait vraiment pas l’habitude d’être humilié de la sorte, la plupart du temps c’était lui qui humiliait les autres. Lui qui avait tant l’habitude de contrôler tout ce qui lui arrivait, voilà qu’il se faisait avoir comme un débutant. Furieux, il se redressa et fixa l’héritière méchamment.
« Je sais que vous cachez quelque chose, persifla-t-il, et vous pouvez me croire, je découvrirais ce que c’est !
-Mais…
-Il est futile de vous donner la peine de rétorquer, la coupa-t-il, j’œuvre pour le maître et il est évident que votre attitude lui causera du tort.
-Je ne comprends pas…
-Vous comprenez très bien, au contraire, susurra-t-il, vous devriez vous méfier ! Quoiqu’il arrive, je serais toujours dans votre ombre pour vous surveiller, rajouta-t-il en s’éloignant. »
Hinata le regarda s’éloigner, choquée. Ce maudit domestique allait lui créer plus de problèmes qu’elle n’en avait déjà. Son père avait le don de s’entourer de gens aussi ennuyant que chiants… Elle soupira en passant sa main dans ses cheveux, il n’avait rien du tout contre elle, ça c’était évident. Elle n’était pas idiote au point de n’avoir pas remarqué sa pathétique tentative de cacher ce qu’il était en train de faire. Elle le savait, il l’espionnait. Quel gros nul ! Il fallait tout de même qu’elle fasse plus attention, parce que vu l’humiliation qu’il avait subi, il allait tout faire pour se venger. Elle se dirigea, le pas trainant, vers la salle de bain. En tout cas, plus les jours passaient, plus elle était persuadée d’être maudite… D’ailleurs en parlant de ça, le couloir devait l’être aussi. Itachi Uchiwa dans toute sa splendeur, marchait dans sa direction, l’air fier comme à son habitude. Hinata sentit son cœur s’affoler et ses yeux la piquer. Il passa à côté d’elle sans même lui accorder un regard, alors qu’elle se figeait. Il osait l’ignorer, après tout ce qu’il lui avait fait subir ? Ca ne pouvait se passer comme ça. Les paroles de Karin résonnèrent à nouveau dans son esprit, « sois digne ! ». Oui, elle avait sa fierté, elle était l’héritière de la famille Hyûga, destinée à remplacer son père au poste de chef d’entreprise, elle ne pouvait se laisser piétiner, briser et détruire, comme cela sans réagir.
« Itachi, le héla-elle en se tournant vers lui. »
Etonné, le jeune Uchiwa se retourna et baissa les yeux vers elle. Il semblait totalement surpris de la voir ici, comme s’il était resté perdu dans ses pensées tout ce temps. Pendant une seconde, elle crut distinguer sur ses traits de la tristesse, mais elle n’en était absolument pas sûre. A présent, il la regardait avec indifférence, attendant patiemment qu’elle prenne la parole.
« Je… Ton après-midi c’est bien passé ? Demanda-t-elle, troublée.
-Oui, et la tienne ?
-Tu n’as pas l’impression d’avoir oublié quelque chose, éluda-t-elle, ou plutôt quelqu’un ? »
Il la fixa intensément, plongeant son regard ébène dans le sien hésitant, comme s’il essayait de lui transmettre un message. Mais elle était bien trop meurtrie pour comprendre, c’est pourquoi lorsqu’il lui souffla, dans un murmure à peine audible, en lui caressant la joue, « non », elle le gifla avant de s’enfuir dans la salle de bain.
Mais ce qu’ils ne savaient pas, c’était que Jean-Eude n’était pas parti. En effet, il s’était caché dans un placard à balai et les espionnait discrètement cette fois, la porte entrebâillée. Et il avait tout vu. Leur visage était si près, ça sentait le sexe à plein nez ! Le maître n’allait pas aimer ça du tout, le fils de son associé fleurtait avec sa propre fille, mineure qui plus est ! Là, il y avait du dossier. Jean-Eude sortit de sa cachette, telle un ombre, avant de se diriger vers le bureau d’Hiashi Hyûga, notant frénétiquement tout ce qu’il venait d’entendre-comprendre-analyser. Si avec ça il n’était pas félicité et promu, que devrait-il faire ?
La salle à manger était sublime. La longue table était fièrement dressée, toute blanche et noire avec de la jolie- et surtout excessivement chère- vaisselle en porcelaine. Les plats étaient servis, allant de la simple salade aux mets les plus raffinés, et les domestiques se tenaient au quatre coins de la salle, immobiles, afin de répondre plus facilement aux demandes de leurs employés. Hiashi Hyûga se tenait en bout de table, comme il convenait au chef de la famille, puis Hinata à sa gauche et Neji à sa droite. Tenten et Itachi était également présents et, pour le plus grand malheur de la jeune Hinata, Konan. Tout à l’heure, en sortant de la salle de bain, le couloir lui avait bien fait comprendre qu’il était sponsorisé par Satan, juste pour elle. En effet, elle avait évidemment croisé Itachi qui plus est accompagné de Konan. Il était vraiment vite passé à autre chose cet abruti, pensait-elle en mastiquant avec hargne le pauvre bout de viande qu’elle mangeait. Elle observa discrètement les autres, se rendant compte avec une pointe d’amertume que chacun avait l’air préoccupé, et au vu de nombreux coups d’œil dans sa direction, sa petite personne avait l’air de prendre de la place dans leur cerveau, surement même un peu trop.
Le nez dans leur assiette, ils « dinaient » joyeusement, dans un silence de plus en plus pesant et insupportable. On entendait juste le bruit des couverts d’entrechoquant. A chacun de ses mouvements, la jeune Hinata sentait le regard d’Itachi peser sur elle, étudiant le moindre de ses gestes. C’était très désagréable comme sensation. Elle sentait aussi celui de son père qui la dévisageait la mine soucieuse, ce qui ne présageait rien de bon, ainsi que celui, inquiet, de Tenten.
Alors qu’elle allait mettre en bouche un petit morceau de tournedos braisé, elle sentit une légère caresse sur sa cuisse. Elle eut un sursaut à peine maitrisé, s’étouffant à moitié, avant de réaliser que celui qui avait l’audace de la tripoter en public, devant son père en plus, n’était autre que ce salaud d’Itachi Uchiwa. Elle ne put s’empêcher de rougir furieusement, lorsqu’elle croisa son regard. Et à sa plus grande surprise, il affichait un petit sourire honteusement charmeur. Que se passait-il là, avait-elle une hallucination ? Elle avala sa bouchée, les sourcils froncés, avant de porter son verre d’eau à ses lèvres. Mais au moment où elle allait avaler, elle sentit la caresse remonter un peu plus haut… Trop haut sur sa cuisse ! Tout se passa en quelques secondes : elle recracha l’eau dans son assiette, surprenant tous les convives et les domestiques qui se précipitèrent vers elle pour l’essuyer. Bafouillant des excuses à demi-mot, Hinata frappa discrètement la main de jeune professeur, qu’il ne retira pas pour autant.
« Tout va bien Hinata, demanda Hiashi soupçonneux.
-Ou…Oui père, tout… tout va bien…
-Tu sembles fatiguée, couche-toi tôt ce soir.
-Oui père.
-En parlant de cela, demain j’aimerais parler avec toi. Viens dans mon bureau vers huit heures s’il te plait.
-Oui père, j’y serais.
-Très bien, reprenez vos postes, ordonna-t-il en s’adressant aux domestiques. Vous pouvez continuer, ajouta-t-il aux convives. »
Sur ces mots, le silence se réinstalla dans la pièce, et les regards convergèrent vers les assiettes. Hinata jeta un regard noir à son cher professeur qui affichait toujours le même air charmeur. Elle fit semblant de manger une bouchée, alors qu’elle l’observait caresser sa cuisse. Elle allait pour la frapper encore une fois, mais il lui prit discrètement la main, la serra un instant, avant de se détourner d’elle et d’engager la conversation avec Tenten, l’air de rien. Hinata ouvrit sa main pour y découvrir un petit bout de papier plié. Elle posa sa fourchette et l’ouvrit sous la table. Il y était inscrit :
« Ce soir, dix heures, dans ma chambre. »
Hiashi Hyûga était confortablement installé dans le fauteuil en cuir sombre de son magnifique bureau d’acajou, les notes de Jean-Eude posées devant lui. Il se prit la tête dans les mains, encore un problème et il ne savait absolument pas comment le résoudre… Plus il y réfléchissait et plus l’impression d’un brouillard s’épaississant dans son cerveau s’accentuait. Son visage avait perdu l’air arrogant et fier qu’il arborait continuellement, il avait l’air plus… humain ? Et surtout plus vieux. Il semblait épuisé, la pâle lueur de la lampe de bureau ombrageait son visage, creusant plus ses rides et accentuant son air fatigué. Il n’avait jamais parut aussi soucieux, ni aussi vieillissant.
Hiashi n’était pas un homme d’émotion, ni un père attentionné et encore moins quelqu’un de gentil. Non, il était froid, méfiant, puissant, attaché aux valeurs de sa famille et un véritable surdoué. Tel un roi arctique, il régnait sur son petit monde, évoluant avec classe et intelligence dans le monde des affaires comme jamais aucun n’autre en l’aurait espéré. En gros c’était un homme qui ne fallait pas mettre en colère et qu’il fallait respecter. D’ailleurs, un simple de ses regards pouvait refroidir une assemblée entière et lorsqu’il ouvrait la bouche un silence quasi religieux l’entourait. Sa parole était d’or et ses conseils plus que précieux. En résumé, Hiashi était une personne importante, influente et crainte.
Mais malgré toutes ses qualités qui lui donnaient cette réputation qu’il avait acquise au fil des années, il y avait bien un domaine dans lequel il n’y comprenait rien : les sentiments. Certes il avait aimé, c’était sûr, il se souvenait encore de la rencontre avec sa femme, cette douce jeune-fille qui était tout l’inverse de lui et qui lui était promise. Car oui, c’était un mariage arrangé. Ses parents avaient choisi la future épouse de leur fils, celle qui enfanterait la succession de la noble famille, celle qui se tiendrait à ses côtés pour le restant de sa vie, devant le chérir, lui obéir. D’après ce qu’il savait, cette jeune-fille avait été choisie pas à cause de sa personnalité, mais à cause d’un ancien accord passé entre feu le père d’Hiashi et le père de la promise en question. Il se souvenait très bien, sa mère n’aimait pas cette fille, elle était bien trop rêveuse et émotive, elle n’avait pas le profil exigé pour la femme de l’héritier du clan Hyûga. Mais elle n’avait pu s’opposer au mariage. Hiashi, lui, l’avait détesté au début. Il était jaloux de cette fille, qui avait eu une jolie enfance, des parents présents et aimants ainsi qu’une vie douce et tranquille. Mais ça n’avait pas duré. Il se souvenait parfaitement, de cette soirée où tout avait basculé. C’était en hivers, il neigeait et le jardin de la demeure Hyûga était recouvert d’une grosse couche de neige. Hiashi rentrait des cours passablement énervé à cause de la neige, des gens, de sa fac et des gens. Oui, il était de mauvaise humeur, et il ne fallait surtout pas le provoquer dans ces moments-là. Il marchait donc dans l’allée, avant de se prendre une boule de neige en pleine figure. Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Il se retourna, furieux, dégoulinant de neige, et insultant le pauvre lanceur de boule de neige qui s’avérait être sa fiancée. Au fur et à mesure qu’il lui hurlait dessus, la jeune fille perdit son sourire, et s’enfuit vers la maison, les larmes débordant de ses yeux.
Hiashi était resté bête, au milieu du jardin, de la neige encore sur le visage et dans les cheveux. Il s’en était voulu toute la soirée, sans savoir vraiment pourquoi. Toujours est-il qu’il avait été s’excuser, mettant son orgueil miraculeusement de côté, et depuis ce jour-là leur relation passa d’« ennemis jurés », à « amitié solide », pour enfin aboutir à une relation d'amour passionnée, qui ne dura que très peu de temps à son goût. Ces années dont il affectionnait précieusement les souvenirs, lui avaient permis d’être un homme aimant, de s’ouvrir au monde, et d’apprécier la vie tout simplement. Malheureusement, à sa mort, il s’était de nouveau renfermé sur lui-même, devenant un homme glacial et autoritaire, sans aucune pitié. Et aujourd’hui il s’en voulait, un peu. Il n’avait aucune idée de qui étaient ses filles, de ce qu’elles pouvaient bien ressentir, et pourtant il savait pertinemment que ce n’était pas que du bonheur. Il avait bien vu la souffrance de son ainée, mais c’était tellement plus facile de fermer les yeux et de tout faire sauf se remettre en question. Oui, Hiashi Hyûga avait un ego surdimensionné, en même temps il était dur pour un membre de la prestigieuse famille de ne pas en avoir au vu de l’éducation en quelque sorte gâtée et très valorisante, va-t-on dire, qu’il avait reçu.
C’est pourquoi il ne comprenait pas… Ce qu’il avait appris le rendait furieux. Il se posait une question : devait-il agir en temps que père ou chef de la famille Hyûga ? Un mal de tête lancinant le prit rien qu’à penser à envisager l’hypothèse d’y répondre… Il se leva de son fauteuil et se dirigea vers une grande armoire en bois qu’il ouvrit. Il y prit un verre et une bouteille de saké, avant de repartir s’assoir à son bureau. Il se servit un verre qu’il but d’une traite.
Etre père était vraiment bien complexe, pensa-t-il en se servant consciencieusement un autre verre….
Bon, qu'en pensez-vous ? Etes-vous satifait, ou pas ? Trouvez-vous que l'histoire devient fade ?
J'espère tout de même que vous avez apprécié...
Pour la suite, les choses vont se compliquer pour le couple, d'une part à cause d'Hiashi, d'autre part par l'arrivée d'un nouveau personnage ^^
Et non, ce n'est pas Naruto XD